Rennes
violences policières du 1er mai
voir ici : viewtopic.php?f=95&t=1793&start=195#p281570
Le 30 avril 2018, Ismaël Deh, 58 ans et père de 8 enfants, vend des goodies pour touristes à l’effigie de la Tour Eiffel près du château de Versailles quand une patrouille de police s’approche pour le contrôler. Présent en France depuis 18 ans, il a travaillé 17 ans à la plonge dans un restaurant à Cannes, sans pour autant être régularisé. Il avait été placé en rétention en 2008, mais avait échappé à l’expulsion.
A la vue de la police, il s’enfuit et se fait percuter par le fourgon de police alors qu’il est poursuivi de près et tente de traverser la rue Carnot pour leur échapper. Il heurte violemment le capot du véhicule, occasionnant un traumatisme crânien, ainsi que des fractures de la jambe et des côtes.
Il décède dans l’après-midi du 1er mai à l’hôpital Pompidou (Paris 15 ème).
Une enquête de l’IGPN est ouverte.
Alors que la presse sénégalaise confirme l’identité de la victime, la presse française ne la nomme pas, la qualifiant seulement de “vendeur à la sauvette”. Le processus habituel de déshumanisation consistant à qualifier les faits d’accident, à ne pas mettre un nom sur la victime, puis à lui faire porter la responsabilité de sa mort, est déjà en route…
Pour Ismaël Bokar Deh (ou Ismaëla Deh), ni oubli ni pardon.
Suite à l’évacuation de l’université du Mirail, une seconde intervention policière a eu lieu à l’encontre des étudiant.e.s expulsé.e.s, dans le quartier Matabiau.
A cette occasion, Guilhem a été interpellé.
Selon les termes de la Dépêche du Midi une bousculade a suivi durant laquelle "le dispositif de désencerclement du fonctionnaire a explosé accidentellement sur sa tenue". Les autorités précisant au journal "L’individu et deux fonctionnaires de police ont été légèrement blessés, ils ont été tous les trois pris en charge par les secours".
Nous savons que la garde à vue de Guilhem a été levée à 13 heures 20 ce jour, probablement en raison de son état de santé.
Après avoir été pris en charge par les sqervices d’urgence de Purpan, il est actuellement sous surveillance à l’hôpital Larrey et souffrirait d’un hémopneumothorax avec plaies au thorax.
Les policiers blessés seraient, quant à eux, sortis de l’hôpital.
Nous, famille et avocates de Guilhem, demandons à ce que toute la lumière soit faite, au besoin par l’ouverture d’une mesure d’instruction judiciaire, sur :
- les conditions d’interpellation de Guilhem,
- les conditions d’intervention des "forces de l’ordre" avec des armes et notamment ce qui pourrait être une grenade de désencerclement.
Nous nous indignons de l’usage d’armes par la police, particulièrement dans le cadre d’un mouvement social et à l’encontre des civils.
Nous rappelons que la grenade de désencerclement a déjà mutilé notamment à Bure et Sivens et qu’une opération de maintien de l’ordre avec des armes a déjà causé la mort d’un manifestant à Sivens.
Nous appelons, face à la gravité de la situation, à garder la tête froide et ne pas perturber les enquêtes à venir par des rumeurs non vérifiées, précision étant faite que Guilhem pourrait toujours être poursuivi.
Maitres Claire DUJARDIN et Sara KHOURY, avocates à la Cour
La famille de Guilhem
Les facteurs en grève ne rencontrant aucun interlocuteur avaient décidé de manifester en permanence devant la plate-forme industrielle courrier (PIC) de Rennes Armorique.
Les facteurs ont été évacués par plus de 60 gendarmes mobiles dans l’après-midi.
Le soir à partir du 21h les facteurs se sont retrouvés pour un pique-nique devant la plate forme colis du Rheu.
Vers 23 heures, la compagnie départementale d’intervention a chargé les facteurs devant la PFC alors que Le Rheu ne rentre pas dans le périmètre d’opération de ce corps de policiers de la police nationale.
La CDI (ex-Section d’intervention rapide) est intervenue violemment, brisant du matériel, cassant des couverts des postiers qui étaient en train de diner et matraquant finalement la soixantaine de participants à ce pique-nique.
De la même façon, les pouvoirs publics et les politiques macroneux qui n’ont pas bougé le petit doigt pour trouver une solution acceptable à ce conflit, ont clairement montré qu’ils sont du côté des patrons de La Poste et contre les salariés.
Il ne nous semble pas qu’avoir comme seul interlocuteur des policiers armés jusqu’aux dents soit de nature à améliorer le dialogue social.
Le syndicat SUD sollicite une audience auprès de la direction tous les jours. Il n’y a aucune réponse.
Soutien à notre collègue chercheur et aux étudiant.e.s victimes de violences policières à l’EHESS le 1er mai
L’IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux) Paris, le 14 mai 2018
Le 1er mai 2018 vers 20h30, notre collègue Nicolas Jaoul, chercheur au CNRS (IRIS), ainsi que des étudiant.e.s, ont été victimes de violences policières attestées par différents témoignages écrits et audiovisuels. Elles/ils se trouvaient à l’EHESS au 96 boulevard Raspail, occupée depuis la veille par les étudiant.e.s, lorsque des manifestant.e.s poursuivi.e.s par des policiers se sont réfugié.e.s sur le site, aussitôt fermé par ses occupants et encerclé par la police. Nicolas Jaoul, qui cherchait une voie de sortie à l’arrière du bâtiment, s’est fait rouer de coups et mettre à terre par cinq agents de la police nationale en équipement anti-émeute. Alors qu’il n’opposait aucune résistance et déclinait son identité et sa fonction d’enseignant-chercheur, il a été insulté et a reçu des coups de pieds dans la tête. Les policiers l’ont menacé, lui disant qu’après ce qu’ils s’apprêtaient à lui faire subir, il « ne pourrait plus jamais se relever » et qu’ils allaient le « faire payer pour les étudiants », qui « font ça à cause de toutes les merdes » qu’il leur apprenait. Par ailleurs, une quinzaine de policiers, dans un état de rage manifeste, tentaient de forcer la porte cochère, bloquée de l’intérieur par les étudiants, qui ont reçu des coups de bâton-tonfa et des jets de gaz lacrymogène à quelques centimètres du visage. Les policiers se sont retirés après l’intervention sur place du Président et du bureau de l’EHESS, qui ont accepté de raccompagner jusqu’au métro les étudiant.e.s souhaitant sortir du site et inquiets de possibles représailles dans le quartier.
De nombreux témoignages, y compris au sein du bureau de l’EHESS, soulignent l’état d’excitation des policiers, s’accordant à considérer que la résistance des étudiant.e.s empêchant l’accès du site à la police, puis l’intervention du Président ont évité ce soir-là des faits de violence dramatiques – une petite centaine d’étudiants étant encerclés, avec pour seule « échappatoire » l’échafaudage de chantier sur un bâtiment voisin.
De nombreux membres de l’IRIS étudient et dénoncent depuis longtemps les mésusages de la force et le climat de violence discrétionnaire auxquels sont souvent confrontés les habitant.e.s des quartiers populaires, les migrant.e.s et les minorités racisées. A présent, cette violence s’exerce aussi dans nos universités. D’ailleurs, les répressions de manifestations ou d’occupations dans les universités de Grenoble, Strasbourg, Nanterre, Paris 1 ou encore Toulouse ces dernières semaines indiquent une routinisation de l’usage disproportionné de la force en première instance, sans préavis de dispersion ni aménagement de voie de retrait.
La mission première de l’université est l’enseignement et la recherche, et cette mission s’est construite historiquement dans une perspective de liberté de pensée, de gratuité et d’ouverture sociale. Nous sommes aujourd’hui concernés par la remise en cause de ces principes, par les atteintes souvent violentes aux franchises universitaires, par la paupérisation de l’université et le tri social à l’entrée comme mode de gestion de l’insuffisance chronique de ressources.
Dès lors, nous personnels, étudiant.e.s, chercheur.e.s, et enseignant.e.s-chercheur.e.s de l’IRIS, condamnons la politique de répression violente des mobilisations étudiantes et réaffirmons notre soutien entier à celles et ceux qui, au sein des universités et institutions de recherche, et en solidarité avec d’autres secteurs du service public, se mobilisent contre les réformes en cours, et notamment le projet de loi ORE.
Nous tenons à souligner que les faits qui se sont déroulés le 1er mai à l’intérieur et à la sortie de l’EHESS 96 bd Raspail sont graves. Nous soutenons notre collègue, les étudiant.e.s agressé.e.s et blessé.e.s, et d’une façon générale les étudiant.e.s mobilisé.e.s, dont nous saluons le courage et l’engagement.
Nous regrettons fortement l’état d’indifférence qui s’installe au sein de nos institutions vis-à-vis des luttes en cours et de leur traitement policier et tenons à nous en démarquer activement. Nous saluons l’attachement de la présidence de l’EHESS aux franchises universitaires et son engagement à les défendre. Aussi, nous appelons les présidences de l’EHESS, du CNRS, de l’INSERM, et de l’Université de Paris 13 à condamner fermement et publiquement ces violences policières injustifiables dans les locaux de l’EHESS et à leur sortie, rétablissant par là-même auprès du personnel et des étudiant.e.s mobilisé.e.s un climat de confiance et de sécurité.
Signataires :
L’IRIS
Julie Ancian
Aurélie Audeval
Christelle Avril
Anne-Claire Baratault
Adèle Blazquez
Etienne Bard
Véronique Bayer
Benoit Belloni
Elisabeth Belmas
Pierre Benetti
Abdel-Halim Berretima
Thierry Bonnot
Véronique Bontemps
Stefano Bory
Elsa Boulet
Michel Bozon
Hélène Bretin
Aurélien Cadet
Pénélope Calmejane
Julie Castro
Chiara Calzolaio
Mona Claro
Guigone Camus
Lisa Carayon
Gaëlle Chartier
Antoinette Chauvenet
Isabelle Clair
Natacha Collomb
Pamela Colombo
Emilie Counil
Christel Cournil
Christophe Coutanceau
Sébastien Dalgalarrondo
Gisèle Dambuyant
Blandine Destremeau
Helena Devillers
Antonella Di Trani
Antonin Dubois
Marie Ducellier
Emmanuelle Durand
Franck Enjolras
Didier Fassin
Camille Foubert
Tristan Fournier
Marcos Garcia de Teresa
Nolwenn Gauthier
Jérémie Gauthier
Maziyar Ghiabi
Sabine Guez
Déborah Guy
Pascale Haag
Benoit Hachet
Ratiba Hadj-Moussa
Boris Hauray
Thomas Huet
Moritz Hunsmann
Daniele Inda
Gaelle Krikorian
Anouche Kunth
Rose-Marie Lagrave
Flavienne Lanna
Corinne Lanzarini
Eliane de Latour
Michèle Leclerc-Olive
Clémence Léobal
Chowra Makaremi
Hadrien Malier
Audrey Marcillat
Pascal Marichalar
Marion Maudet
Ali Mekki
Franck Mermier
Anne-Charlotte Millepied
Danielle Moyse
Julia Monge
Bernard Müller
Michel Naepels
Magnifique Neza
Barbara Niederer
Gérard Noiriel
Cécile Offroy
Shahnaz Ojaghi
Julie Pagis
Michel Peraldi
Constance Perrin-Joly
Luisa Piart
Anna Pomaro
Giovanni Prete
Luigigiovanni Quarta
Paco Rapin
Zoe Rollin
Sahar Saeidnia
Monique de Saint Martin
Caroline de Saint Pierre
Claire Salem
Sarah Sandré
Sara Scata
Mohammed Sharqawi
Constance Schuller
Regis Schlagdenhauffen
Nathanaëlle Soler
Alexis Spire
Annie Thébaud- Mony
Cécile Thomé
Mathieu Trachman
Benoit Trépied
Anne-Sophie Vozari
Hugo Wainsztok
Eric Wittersheim
Le mardi 1er mai, je rentre d’un week-end en Normandie où je viens de fêter mes 60 ans en famille. 14H15. Il n’est pas trop tard pour la manif du 1er ... Une vieille tradition pour moi. C’est un peu ma messe de Minuit. Je m’y rends souvent seul, histoire de ne pas oublier mes origines ouvrières et espagnoles. Je me souviens avec émotion d’un 1er mai à Grenade. Après s’être rassemblés Plaza Nueva, quelques dizaines d’ouvriers agricoles aux couleurs de leur syndicat, foulard rouge et noir noué au cou... Assis par petits groupes d’amitié, à l’ombre de la cathédrale, se restaurant de pain et de fèves fraîches.
J’arrive à la Bastille vers 15h30. Le cortège syndical fait du sur place. Je fais un petit tour, et décide de rentrer tranquillement chez moi. De profiter du soleil. J’habite près du Jardin des Plantes, en face de la Grande Mosquée de Paris.
Je descends la manif : vendeurs de muguet, de sandwichs, ballons syndicaux, buvettes mobiles, des syndicalistes, des kurdes, des républicains espagnols avec tambours, des jeunes, des vieux, des familles... le folklore du 1er mai. Sur le pont d’Austerlitz, j’entends les sirènes de deux camions de pompiers qui se fraient un chemin dans la manif. Nous arriverons ensemble rue Buffon. Plus haut, sur le boulevard de l’hôpital, je distingue ce qui ressemble à des affrontements. Le MacDo à l’angle de la rue Buffon vient d’être vandalisé. Je décide de quitter la manif et m’engage dans la rue Buffon pour rentrer chez moi. Elle est calme mais bloquée au niveau du N° 11 par un cordon de CRS. Pour ma sécurité, je me rapproche des CRS et j’attends. Au moment où les CRS décident d’avancer je suis immédiatement à leur contact. Je me retiens fermement à un des barreaux carrés de la grille du jardin des plantes pour essayer de me protéger - à la suite d’un grave accident, j’ai une cheville fragile, par conséquent un mauvais équilibre et je ne peux pas courir. Je reçois un coup de matraque sur la base du pouce, qui est pris entre le barreau et la matraque. Sous le choc, l’os se brise en miettes. Hébété, et incrédule, je reste sur place. Les policiers me disent de « dégager ». Je leur répond, joignant de ma main valide le geste à la parole, que « j’habite juste là, je veux seulement rentrer chez moi ». La réponse ne se fait pas attendre. C’est No Limit dans la cour de récréation. Une bastonnade en règle : deux coups sur le crâne. Un coup sur l’épaule. Un autre sur la cuisse. Je perds l’équilibre, tombe. Un - ou plusieurs-, me saisissent à bras le corps, mon blouson glisse sur moi et m’est arraché. L’un me tire par ma main broyée, je hurle de douleur pendant plusieurs secondes. Alors, j’entends un ordre mécanique : « ouvrez devant », et je suis violemment projeté en avant.
Je comprends que je suis un ennemi.
Deux gamins viennent me ramasser. J’ai une main broyée, deux entailles sur le crâne, le visage maculé de sang. Aidé de ces jeunes qui sont venus à mon secours, je veux me diriger vers les pompiers qui stationnent toujours devant le MacDo. Mais les CRS nous rabattent dans le Jardin des Plantes qu’ils ont fait ouvrir pour la circonstance.
Nous nous posons sur l’un des premiers bancs du jardin. L’un des gamins a une trousse de secours et commence à m’examiner plus sérieusement que durant notre très court périple.
Un photojournaliste, avec son brassard presse, nous propose d’immortaliser la scène. Un petit vieux assis en bout de banc avec sa détresse, son visage taché de sang, et deux jeunes, très beaux, accroupis devant lui, apportant soin et réconfort, une belle lumière de mai, les frondaisons du Jardin des plantes en arrière-plan, la douceur de ce lieu que j’aime ... J’aurais dû lui dire « oui » ... Il aurait dû prendre cette photo sans s’inquiéter d’être respectueux de notre tranquillité d’un instant ...
Un peu plus haut, vingt à trente policiers en civil commencent à se déployer. J’attire l’attention de leur commandant qui évalue rapidement mon état. Il détachera trois fonctionnaires de police qui, une fois revenus sur terre, m’accompagneront aimablement : d’abord à récupérer mon blouson et ensuite aux urgences de la Salpêtrière, deux kilomètres à pied plus loin.
En sortant du jardin, avec mes nouveaux anges gardiens, nous dépassons une escouade de CRS qui se rangeaient deux par deux. Manifestement, la récréation était terminée.
Résultat de la ballade du 1er mai : une opération, quelques cachetons pour la douleur, ma main de droitier inutilisable pendant plusieurs mois, probablement des séquelles irrémédiables. Je suis artisan indépendant de mon métier - la main comme principal outil de travail... -donc pas d’argent non plus pendant plusieurs mois. Et j’imagine que les deux bons gamins ont fini au violon.
Restons positif : la bastonnade au moins était gratuite, elle !
Pierre
P.-S.
Un grand merci aux « gamins » medics !
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