http://www.cnt-f.org/spip.php?article1496
Un mauvais film à la Cinémathèque…
Soutien à Valérie, DS CNT licenciée à la Cinémathèque !
Au mépris de toutes les règles et procédures en vigueur, passant outre les instances représentatives du personnel, la direction de la Cinémathèque Française a procédé au licenciement de Valérie, déléguée syndicale CNT et élue au comité d’entreprise.
Alors qu’elle avait saisi le CHSCT relativement au harcèlement dont elle faisait l’objet, elle se retrouve, au terme d’une enquête unilatérale de la direction, accusée d’exercer elle même un harcèlement moral sur ses collègues et supérieurs hiérarchique. Avant la clôture de l’enquête, Valérie n’a fait l’objet d’aucun rappel à l’ordre, d’aucune sanction préalable, ni même de mise à pied. Le licenciement n’a été prononcé ni pour faute lourde, ni pour faute grave…
L’enquête de direction ne sera jamais transmise ni au CHSCT, ni même à Valérie ou à son avocat. Le droit le plus élémentaire à la défense lui a été refusé alors même qu’elle devait être entendue par l’inspection du travail dans le cadre de la contre enquête relative au licenciement d’une salariée protégée. Le CHSCT a été totalement tenu en dehors de la procédure et toute expertise extérieure a été écartée a priori par la direction de la Cinémathèque. Ceci alors même que la Cour d’Appel de Paris ordonnait la mise en place d’une expertise pour risque psycho-sociaux au sein de l’entreprise (expertise obtenue par le CHSCT après plus d’un an et demi de procédure juridique). Le cabinet en charge de cette expertise ne parviendra pas non plus à obtenir les éléments de cette enquête, ni à entendre les collègues de Valérie qui se refusent à tout entretien (soutenus en cela par la direction).
Parallèlement, depuis 20 mois la direction a sanctionné de façon répétée les représentants du personnel (Délégués du personnel, élus au Comité d’entreprise, CHSCT), la plupart également militants syndicaux CNT (8 avertissements répartis sur 6 personnes). La CNT est majoritaire à la Cinémathèque depuis les dernières élections professionnelles de 2009 (10 élus sur 22 sièges ). Elle est extrêmement active. Elle a été l’un des acteurs principaux des négociations de la convention collective consécutive à la fusion absorption Cinémathèque française/Bibliothèque du film. Elle a dénoncé les entraves aux instances représentatives du personnel exercées par la direction. Elle a également assigné la direction de la Cinémathèque française au Tribunal de Grande Instance pour non-respect des accords signés et signature illicite d’une convention d’harmonisation du régime mutuelle de l’entreprise avec les anciens secrétaires au Comité d’entreprise. Ce procès est actuellement en cours. Ce licenciement est donc une bénédiction pour une direction entravée dans ses agissements par la vigilance de la CNT.
La Cinémathèque française, opérateur de l’état jusqu’à présent rattachée au programme 175 "Patrimoines", dépend désormais du contrat de performance 180 « Presse, livre et industries culturelles ». Cette institution qui a toujours eu pour vocation première la conservation du patrimoine se voit maintenant associée à une industrie. On comprend mieux alors que le ministère de la Culture vienne tout juste de nommer "Personnalité Qualifiée" au conseil d’administration de la Cinémathèque française, d’une part le directeur général de France Télécom, Stéphane Richard, et d’autre part Bertrand Méheut PDG « PSE » de Canal +. Au même moment, ces personnalités qualifiées signent un accord entre leur sociétés respectives (Canal + /Orange) dont l’un des axes concerne directement les chaînes cinéma. En dehors du conflit d’intérêt évident, ces nominations interviennent dans un contexte de restrictions budgétaires sévères dont le maître mot est la réduction des effectifs, conséquence directe de l’application de la RGPP.
Vu l’ensemble de ces éléments, il est légitime de trouver le licenciement de Valérie plus que suspect. Comment ne pas faire le lien entre le licenciement d’une déléguée syndicale et représentante du personnel dont le syndicat dénonce les orientations mercantiles imposées par le gouvernement, obtient des victoires sociales et électorales, et les récentes évolutions de la Cinémathèque française ?
Suspect également le refus du ministère de la Culture de se mêler de cette affaire, ce dernier prétendant que la Cinémathèque française n’est pas une institution sous sa tutelle (lettre de Frédéric Mitterrand à la CNT en date du 24 septembre 2010).
Etrange enfin, le silence d’un certain nombre de réalisateurs « militants » et dits « progressistes » membres du conseil d’administration de la Cinémathèque... Témoignage de la volonté politique d’éliminer toute forme de résistance, ce licenciement laisse la direction de la Cinémathèque française libre de mener une politique dont on peut par avance imaginer les conséquences dramatiques pour le personnel et pour l’essence même de ce qu’à été cette institution culturelle.
Ce licenciement illustre la généralisation de pratiques visant à éradiquer le syndicalisme français (PTT, FR3, Canal +, etc.).
Le 24 janvier, le ministère du Travail confirmait le licenciement de Valérie !!
Pour sa part la CNT considère que le droit et la liberté syndicale ne sont pas négociables, et aspire à une culture libre et non marchande. Soutien à Valérie !
Comité contre la répression anti-syndicale à la Cinémathèque
Contact : cinema@autrefutur.org site : http://www.autrefutur.org/cinematheque