Critique des médias

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Messagede bipbip » 04 Jan 2018, 20:25

Désinformation sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes : les médias au garde-à-vous

Le 13 décembre 2017, trois médiateurs désignés par le Premier ministre remettaient leur rapport sur la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Une question attire particulièrement l’attention des médias : celle de l’évacuation de la « zone à défendre » (ZAD) – la zone d’aménagement occupée par des opposants au projet d’aéroport. On assiste à cette occasion au pire du journalisme de maintien de l’ordre : reprises de sources militaires sans contradiction ni recul, manipulation d’images hors contexte, fausses exclusivités présentant les zadistes comme armés jusqu’aux dents… Ou comment certains journalistes se sont faits les chargés de communication de la gendarmerie.

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Messagede bipbip » 06 Jan 2018, 18:26

Météo des neiges, télévision de riches

Nous publions ci-dessous sous forme de tribune et en accord avec son auteur une enquête publiée par Frustration, revue de « critique sociale indépendante pour le grand public », initialement publiée le 12 mars 2017. (Acrimed)

Chaque hiver, à partir de début décembre, la « météo des neiges » succède à la météo normale. Celle-ci est un incontournable des télés et radios, et sans doute la séquence où les spectateurs sont le plus attentifs. Quel temps fera-t-il demain chez nous, mais aussi la température la plus basse à Aurillac et le soleil en Corse, évidemment ! Ce programme, instructif sur le plan géographique, est aussi le plus égalitaire qui soit : même si nous n’avons pas tous un quotidien soumis aux aléas de la météo, tout le monde cherche à savoir quel temps il fera. Rien de tel avec la météo des neiges : tout aussi présente que le programme conventionnel, elle renseigne sur le niveau d’enneigement des pistes de ski en montagne, ciblant quatre à six stations par massif montagneux. Le raisonnement qui sous-tend la mise en place de ce programme doit sans doute être le suivant : c’est l’hiver, les vacances scolaires de Noël et de février, donc « les gens » partent au ski. L’été à la plage, l’hiver au ski, le printemps en Bretagne, non ? Eh bien non. Deux tiers des Français ne partent pas du tout en vacances l’hiver et seulement 8 % d’entre eux vont skier au moins une fois tous les deux ans. Et la moitié des effectifs de ces vacances sont cadres ou professions intellectuelles supérieures [1].

Alors pourquoi la météo des neiges est-elle programmée à une heure de grande écoute ? C’est parce que la télévision montre beaucoup plus de membres de la classe supérieure que de gens des classes populaires. On entend souvent dire que la télévision serait un organe de propagande du gouvernement ou le temple de la bêtise ou du consumérisme. Mais ce qui saute aux yeux d’abord c’est qu’elle fait des membres de la classe supérieure la référence obligée de tous les autres. Cette surreprésentation a des conséquences sur nos perceptions de la société – elles contribuent par exemple à notre méconnaissance des inégalités : ces couples de cadres avec trois enfants et une grande maison comme ceux du programme court « Parents mode d’emploi » sur France 2 deviennent la norme du « Français moyen » alors qu’ils font de fait partie des classes supérieures.

Mais cela a aussi des conséquences politiques : sur chaque sujet, ce sont d’abord des membres de la petite ou moyenne bourgeoisie qui s’expriment, donnant leur point de vue comme valant pour tous les autres et contribuant à valider certaines réformes et décrédibiliser certains mouvements sociaux. On interroge ainsi beaucoup plus souvent des entrepreneurs que des salariés pour parler des vertus d’un rétrécissement du code du Travail. Pourquoi cette domination des classes supérieures à la télévision et comment en sortir ?

... http://www.acrimed.org/Meteo-des-neiges ... -de-riches
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Messagede bipbip » 11 Jan 2018, 16:58

Jean-Robert Pitte membre du « Comité d’éthique » de Radio France : provocation ou bras d’honneur au service public ?

Le 3 avril 2017, le médiateur de Radio France nous apprenait la « création du Comité d’éthique de Radio France » et nous expliquait que « le Comité relatif à l’honnêteté, à l’indépendance et au pluralisme de l’information et des programmes de Radio France – c’est son nom officiel – a été créé en application de la loi du 14 novembre 2016 [1] et de son décret d’application du 21 mars 2017. Il vise à renforcer la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias. […] Ce comité est composé de cinq personnalités indépendantes nommées pour trois ans, et dont le mandat est renouvelable. »

Or nous relevions récemment que parmi ces cinq « personnalités indépendantes » [2] figurent Noëlle Lenoir, une familière de tous les cercles de pouvoirs, ainsi qu’Isabelle Giordano et Gilles Leclerc, des journalistes réputés pour leurs « ménages » [3] – pratique fort rémunératrice et déontologiquement plus que discutable.

Mais à Radio France, l’indécence n’a visiblement aucune limite. Comment ne pas s’attarder, en effet, sur Jean-Robert Pitte, quatrième membre de ce bien étrange « Comité d’éthique ». Cet homo academicus à la retraite se distingue surtout par des prises de positions politiques (très à droite) et des activités et accointances extra-universitaires pour le moins incompatibles avec une quelconque forme d’indépendance (vis-à-vis des pouvoirs) et d’éthique.

... http://www.acrimed.org/Jean-Robert-Pitt ... ethique-de
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Messagede Pïérô » 13 Jan 2018, 21:28

La fange radicale du journalisme réactionnaire

Christophe Cornevin, le journaliste réactionnaire a encore frappé dans un article du figaro aussi médiocre qu’approximatif intitulé « 50 projets d’aménagement dans le collimateur des zadistes ».

Nominé aux Big Brother Awards de 2013 3, dans la catégorie « exécuteur des basses oeuvres » après un article déjà mensonger et sensationnaliste sur Notre-Dame-des-Landes, notre ami a une plume bilieuse et bien pendue lorsqu’il s’agit de servir un discours sécuritaire. Migrants, zadistes, islamistes en font régulièrement les frais. Quand monsieur Cornevin 3 ne joue pas les voisins vigilants en louant chaque nouveau joujou législatif ou nouveau dispositif policier qui transforme chaque jour davantage nos rues en casernes à ciel ouvert, il traque l’ennemi intérieur derrière son écran.

Pas besoin de bouger ses fesses, le journalisme d‘aujourd’hui se contente de débiter des âneries à longueur de colonnes, bien calé dans des bureaux parisiens. Encore un qui jouit (intensément) de ce privilège si spécial d’un cartel de scribouillards bombardés « chroniqueurs police », autorisés à se prendre régulièrement un petit café avec Bob du renseignement, à la cafette de Levallois-Perret ou du 36 rue du Bastion, nouveau lieu d’élection de la PJ.

Comme d’habitude, monsieur Cornevin ne s’encombre pas de sources, il jette vite fait en vrac un méli-mélo d’informations glanées dans un moteur de recherche et passées au filtre d’une analyse grossière, subjective et indigne d’un travail journalistique de qualité. On pond en pleine page une énième cartographie de 50 lieux en lutte réduite à quatre exemples récurrents et caricaturés parmi lesquels la lutte anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes, celle contre l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure, contre le transformateur électrique de St Victor ou le grand contournement ouest de Strasbourg. On y ajoute un brin de dramaturgie avec 75 analystes de la SDAO qui compilent la « masse d’informations » collectée par « 130000 militaires en bleu qui quadrillent le pays ». On saupoudre par-dessus tout ça quelques qualificatifs sensationnalistes du type « frange radicale », « tribus zadistes », « insurgés professionnels », « vétérans de notre-dame-des-landes », « vrais casseurs », « gentils écolos », etc. Il n’en faut pas plus pour agiter le spectre de l’ennemi intérieur zadiste qui projetterait son ombre sur l’ensemble du territoire en vue de le « coloniser », dixit un « fonctionnaire de haut-rang ».

Le plus délirant restera ce plan de bataille zadiste complètement caricatural de colonisation du territoire qui serait mis en œuvre dans les différentes zones en lutte selon un schéma récurent. En « phase 1 » une communauté de lutte s’agglomère sur une colère locale nimby (« je n’ai rien contre ce genre de projet dans l’absolu, mais pas chez moi »). Jusque là c’est plutôt vrai en général mais pas toujours : les réalités locales changent considérablement d’un endroit à l’autre, et les réactions diffèrent parfois beaucoup selon si des associations pré-existantes ou des individus déjà mobilisés sur un terrain politique initient un premier cercle d’opposition ou si des riverains en colère se mobilisent. Les moyens d’actions eux-mêmes varient beaucoup selon les couleurs de la lutte qui émerge.

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Messagede bipbip » 17 Jan 2018, 14:49

Violences faites aux femmes : le festival des éditocrates réactionnaires

Dans un précédent article de notre série sur le traitement médiatique de l’affaire Weinstein et du hashtag « BalanceTonPorc », nous évoquions la manière dont certains commentateurs et éditocrates ont occulté la question de la libération de la parole de femmes victimes de violences. À ce sujet de fond, ils ont substitué de vaines polémiques sur les termes employés, qui renverraient à la délation ou seraient trop insultants pour la gent masculine… voire pour les porcs.

Dans ce nouvel article, nous revenons plus particulièrement sur des formes plus radicales de détournement voire de déni du phénomène, et sur la large audience médiatique dont elles ont bénéficié. Un nombre significatif d’éditocrates et de polémistes réactionnaires aux positions parfois édifiantes ont en effet joui d’une exposition médiatique considérable, au-delà des médias de parti-pris dans lesquels ils interviennent quotidiennement.

Avec les hashtags #BalanceTonPorc et #MeToo, la question des violences faites aux femmes est en partie sortie des rubriques de « faits divers », comme nous l’écrivions dans notre précédent article, pour devenir un fait politique majeur, et même un phénomène de société [1]. Mais cela n’a, semble-t-il, pas plu à tout le monde, et l’œuvre de « diversion » a échu à quelques commentateurs présentés comme éditorialistes, « intellectuels » ou « polémistes » qui, s’ils forment une galaxie restreinte numériquement, ne se sont pas moins bruyamment manifesté dans les médias, à la faveur de maintes invitations.

Notre association n’a pas vocation à contester que des opinions réactionnaires puissent s’exprimer publiquement. Mais force est de constater que l’avalanche des prises de position de cet ordre ne s’est pas cantonnée aux médias de parti-pris, sur lesquels nous revenons dans un premier temps, mais qu’elles ont également occupé une place disproportionnée dans les médias généralistes, sans que leurs auteurs soient jamais présentés comme ce qu’ils sont, à savoir des polémistes de la droite extrême.

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Messagede Lila » 20 Jan 2018, 19:56

Raréfaction des féministes sur les chaînes d’info en continu

Tremblement sur les réseaux sociaux, après la tribune de 100 femmes dans Le Monde en faveur d’une “liberté d’importuner”, selon la titraille du quotidien. Il fallait absolument en parler sur les chaînes d’info en continu. Et pour en parler, qui faut-il inviter? Peut-être des militantes féministes? Visiblement, pas pour BFM, Cnews et LCI, qui préfèrent interroger…des hommes.

à lire : https://medium.com/@arretsurimages/pénurie-de-féministes-sur-les-chaînes-dinfo-en-continu-e9cf737b8ead
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 25 Jan 2018, 18:01

« L’interview éco » de France Info : service public ou service patronal ?

Diffusée sur France Info du lundi au vendredi à 18 h 51 et 22 h 21, « L’interview économique » est dotée d’une orientation éditoriale très clairement et très étroitement délimitée : « Chaque jour, au micro de Jean Leymarie, journaliste de franceinfo, un grand acteur de l’économie française ou internationale commente les enjeux majeurs de l’actualité économique. Chefs d’entreprises, décideurs, hommes politiques... les invités de l’interview éco apportent leur regard sur l’information économique. »

Et il s’avère que Jean Leymarie s’applique à ne jamais déroger à cette ligne éditoriale. Dans son émission, en dehors des « grands acteurs », des « chefs d’entreprises », des « décideurs », et des « hommes politiques » nul autre n’a le droit de « commenter » et d’« apporter son regard » sur l’actualité économique…

... http://www.acrimed.org/L-interview-eco- ... -public-ou
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 04 Fév 2018, 17:11

Météo des neiges et représentation de classes à la télé

Article repris du site de la revue Frustration qui parle de la météo des neiges, ou comment la télé présente et façonne les modèles des classes dominantes qu’elle veut que les classes populaires adoptent.

« Chaque hiver, à partir de début décembre, la « météo des neiges » succède à la météo normale. Celle-ci est un incontournable des télés et radios, et sans doute la séquence où les spectateurs sont le plus attentifs. [...] Le raisonnement qui sous-tend la mise en place de ce programme doit sans doute être le suivant : c’est l’hiver, les vacances scolaires de Noël et de février, donc « les gens » partent au ski. L’été à la plage, l’hiver au ski, le printemps en Bretagne, non ? Eh bien non. Deux tiers des Français ne partent pas du tout en vacances l’hiver et seulement 8 % d’entre eux vont skier au moins une fois tous les deux ans. Et la moitié des effectifs de ces vacances sont cadres ou professions intellectuelles supérieures.

Alors pourquoi la météo des neiges est-elle programmée à une heure de grande écoute ? C’est parce que la télévision montre beaucoup plus de membres de la classe supérieure que de gens des classes populaires. On entend souvent dire que la télévision serait un organe de propagande du gouvernement ou le temple de la bêtise ou du consumérisme. Mais ce qui saute aux yeux d’abord c’est qu’elle fait des membres de la classe supérieure la référence obligée de tous les autres.

[...]

« Mais cela a aussi des conséquences politiques : sur chaque sujet, ce sont d’abord des membres de la petite ou moyenne bourgeoisie qui s’expriment, donnant leur point de vue comme valant pour tous les autres et contribuant à valider certaines réformes et décrédibiliser certains mouvements sociaux. On interroge ainsi beaucoup plus souvent des entrepreneurs que des salariés pour parler des vertus d’un rétrécissement du code du Travail. Pourquoi cette domination des classes supérieures à la télévision et comment en sortir ?

[...]

« Depuis 2009, les résultats sont assez nets : tous programmes confondus, ce sont les classes supérieures qui occupent le temps d’antenne le plus important : entre 60 et 70 % !

[...]

« En fait, c’est comme si, pour chaque sujet d’actualité, 11 % de la population parvenait à multiplier l’expression de son point de vue par six tout en rendant invisibles les autres points de vue. La grève des pilotes et du personnel d’Air France ? C’est l’exaspération des passagers qui ont vu leur vol annulé et les images tournent en boucle là-dessus, alors que ceux qui prennent l’avion régulièrement sont avant tout des membres des classes supérieures. Et même si parmi tous ces gens qui subissent ces grèves il y a quelques familles qui s’étaient privées pour se payer des vacances à l’étranger, notre télé nous fait d’abord nous apitoyer sur des gens qui ont l’habitude de voyager et qui pourront donc rattraper ce contretemps.

[...]

« Comment expliquer cette surreprésentation des classes supérieures à la télé ? Il y a d’abord des choses qui semblent assez logiques : les experts de plateaux et autres hommes blancs à cravate qui commentent l’actualité sont issus des grandes écoles comme Sciences Po, qui sont très majoritairement monopolisées par des enfants de classes supérieures.

[...]

« Une étude de 2005 montrait que 52 % des étudiants en école de journalisme étaient enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures, contre seulement 16 % enfants d’ouvriers ou d’employés (catégories qui représentent la moitié de la population active), c’est-à-dire à peu près la même homogénéité sociale que les très élitistes classes préparatoires aux grandes écoles. Ce recrutement bourgeois de la profession de journaliste fait d’eux des gens issus d’une classe sociale supérieure.

https://lepressoir-info.org/spip.php?article1133
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 09 Fév 2018, 01:11

Quand la presse régionale traque les réfugiés et leurs soutiens dans les Cévennes...

Comment en moins de 10 lignes faire passer des réfugiés pour des terroristes ? C’est la question qu’a récemment tenté de résoudre le journal Midi Libre en publiant un article aussi creux qu’abject sur des familles accueillies dans un village des Cévennes. Au delà du contexte local, ce type d’amalgame est précisément le reflet des politiques actuelles de criminalisation de l’immigration et du mouvement de solidarité avec les exilé.e.s.

... https://mars-infos.org/quand-la-presse- ... raque-2849
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 10 Fév 2018, 20:10

Il y a près de 30 ans, la télévision publique (déjà) au pied du mur

l’heure où l’audiovisuel public est plus que jamais dans le collimateur du gouvernement [1], il n’est sans doute pas inutile de revenir en arrière sur la longue histoire de l’asphyxie de la télévision publique [2].

Au crépuscule des années 1980, en effet, des figures du monde de la culture telles que Ange Casta, Max Gallo ou encore Pierre Bourdieu écrivent au président de la République, au Premier ministre et au ministre de la Culture et de la Communication afin d’enrayer la « logique de décadence » qui menace l’avenir des chaînes publiques [3]. Dénonçant notamment l’emprise de la publicité sur l’audiovisuel public, ils déplorent que « le modèle de la télévision commerciale » se soit progressivement imposé à tous et font des propositions pour permettre aux chaînes publiques de mieux remplir ses missions au service du plus grand nombre.

C’est peu de dire que trois décennies plus tard, le constat reste d’une brûlante actualité tant le pouvoir actuel semble avoir opté pour la démolition plutôt que pour le sauvetage de la télévision publique. Pour mémoire, voici donc le texte adressé à l’exécutif en mars 1989, qui préfigurait le combat que mène Acrimed pour un service public audiovisuel digne de ce nom.

... http://www.acrimed.org/Il-y-a-pres-de-3 ... lique-deja
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 11 Fév 2018, 17:00

Neige et médias : de la poudreuse aux yeux !

Les médias dominants découvrent qu’il neige en hiver. Cette sur-couverture médiatique sur une fausse-info est salutaire pour le président des riches puisqu’elle invisibilise ses contre-réformes, et les mobilisations présentes et à venir. Dans ce contexte, comment arrêter les attaques anti-sociales incessantes de Macron ?

Quand les marronniers, en l’occurrence la neige en hiver, font le jeu du gouvernement…

Alors qu’Emmanuel Macron poursuit frénétiquement le passage en force de contre-réformes profondément anti-sociales, la neige qui paralyse la région parisienne est une alliée précieuse pour Jupiter. Sujet simple à traiter pour les médias, la neige cristallise les préoccupations des conférences de rédaction. Hier, 11 minutes étaient consacrées aux flocons dans le JT de 20h sur France 2. Et pendant ce temps-là, les sujets plus sensibles autour des contre-réformes d’Emmanuel Macron, ne sont pas abordés ou simplement mentionnés. Quand bien même selon l’institut Odoxa, 87% des français soutiennent les mouvements de mobilisation dans les EHPAD, les hôpitaux ou le pénitentiaire, et 70% ne font pas confiance à Macron. L’actualité brûlante autour de la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires ? Aux oubliettes. Celle autour de la mobilisation pour le retrait du plan Vidal ? Cette autre sur les grèves des personnels hospitaliers et des EHPAD ? Recouverte par 20 centimètres de poudreuse… de perlimpinpin.

... http://www.revolutionpermanente.fr/Neig ... e-aux-yeux
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 13 Fév 2018, 20:59

Lire : La pensée en otage. S’armer intellectuellement contre les médias dominants, d’Aude Lancelin

L’ouvrage d’Aude Lancelin – La pensée en otage. S’armer intellectuellement contre les médias dominants [1] – se présente comme « une version retravaillée et augmentée d’une conférence », prononcée le 13 septembre 2017 au colloque « Penser l’émancipation ». Dans ce court essai qui est aussi un pamphlet, Aude Lancelin analyse et pourfend la « rhétorique bien rodée pour se garder de toute critique » mobilisée par les journalistes (et quelques autres) qui montent la garde des médias dominants.

Image

Au risque de mutiler l’argumentation d’Aude Lancelin (et de se priver d’une discussion nécessaire), on se bornera ici à un résumé destiné à donner un simple aperçu : un sommaire illustré par quelques citations, en quelque sorte.

L’auteure passe en revue sept idées fausses qui, écrit-elle, « empêchent le public de prendre conscience de la nécessité de s’emparer de la question des médias, et d’en faire une question politique prioritaire ».

- « Première idée fausse : les actionnaires de médias “n’interviennent” pas ». À quoi il est aisé de répliquer, comme le fait l’auteure, en multipliant les exemples d’intervention directe des actionnaires ainsi que d’anticipation de leurs désirs et d’autocensure préventive.

- « Deuxième idée fausse : on ne peut pas se passer de ces grands capitaux privés. » Cet argument qui se prévaut d’un grand réalisme économique, sert surtout à « justifier l’injustifiable, à savoir la prise de contrôle intégrale de l’espace public par de grands conglomérats ». Une prise de contrôle à laquelle il ne suffit pas de répondre, souligne l’auteure, par l’existence de médias alternatifs, au risque de « rester cantonnés à un public de niche », alors que « le but est la reconquête de l’espace public ».

- « Troisième idée fausse : critiquer les médias, c’est attaquer les personnes. » S’en prendre aux médias ce serait s’en prendre directement à ceux qui travaillent en leur sein (et qui font de leur mieux), au risque même de compromettre leur sécurité. Une « forme de chantage grossier » qui vise à désamorcer toute critique du système médiatique.

- « Quatrième idée fausse : il y a de la diversité, “les médias” ça n’existe pas ». Couramment invoquée dans « les rangs journalistiques cramponnés aux petites différences qui permettent de se regarder encore dans une glace », cette diversité est très largement illusoire, comme le montre, par exemple, le « macronisme » ambiant. Cette illusion est renforcée par une autre : l’illusion de profusion que donnent les réseaux sociaux qui pourtant, « n’offrent pas une alternative » au système de production de l’information réellement existant.

- « Cinquième idée fausse : les journalistes doivent être neutres. » Et s’en tenir à la vérification des faits ? « Ce dont il faut se persuader, au contraire, c’est que l’on peut à la fois respecter scrupuleusement les faits et avoir des combats véritables. On met dans la tête du public et des journalistes que c’est incompatible, mais c’est ce verrou mental là qu’il faut faire sauter justement. »

- « Sixième idée fausse : les journaux sont par définition des forces démocratiques, à défendre quoi qu’il arrive. » « Par définition » et « quoi qu’il arrive ». Or pris en tenaille entre la puissance publique et les entreprises privées, les médias ne jouent pas pleinement et toujours le rôle démocratique auquel ils prétendent. Et pour le dire, comme le dit et le montre Aude Lancelin, « on peut éteindre peu à peu le caractère authentiquement démocratique d’un système médiatique sans toucher aux apparences ».

- « Septième et dernière idée fausse : les médias ne peuvent pas grand-chose. » Cet argument, souligne l’auteure, est « la dernière cartouche » que tirent les journalistes qui plaident pour l’innocuité des médias en invoquant le « libre arbitre » des usagers. Mais il en est au moins un pouvoir qui mérite qu’on s’y arrête : « Les médias peuvent beaucoup, et même tout en réalité quand il s’agit de décourager les gens ».

Bien des points soulevés par Aude Lancelin méritent discussion. Mais on ne cèdera pas ici aux facilités qui consistent à discuter un ouvrage en dressant la liste des questions qu’il n’aborde pas ou à déplorer l’absence de ces nuances que, précisément, les gardiens de l’ordre médiatique invoquent à profusion pour masquer l’essentiel. On se réjouira plutôt de lire une critique qui converge avec celle que nous pratiquons depuis longtemps.

Henri Maler


http://www.acrimed.org/Lire-La-pensee-en-otage-S-armer
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 17 Fév 2018, 16:00

« La grogne » : dans le bestiaire des mobilisations sociales

Depuis le 1er janvier 2018, le terme de « grogne » a le vent en poupe. Certains journalistes n’hésitent pas à l’utiliser pour décrire n’importe quelle lutte sociale. Des gardiens de prison aux aides soignantes, tous « grognent » comme des bêtes. Tour d’horizon de ce petit vocable qui, tout en prétendant rendre compte d’un « mécontentement », dépolitise et ridiculise les mobilisations sociales. Julien Brygo pointait déjà quelques articles le 29 janvier dernier sur Twitter, accompagnés d’un commentaire de son cru : « Groin \ɡʁwɛ̃\ masculin – (Zoologie) Museau du cochon, du sanglier. “Des porcs assoupis enfonçaient en terre leur groins.” — (Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1867) ».

Quel est le point commun entre les personnels soignants des EHPAD qui dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail, les professeurs et les étudiants opposés au Plan Étudiants du gouvernement et les gardiens de l’administration pénitentiaire mobilisés suite aux attaques physiques que certains d’entre eux ont subies ces dernières semaines dans l’exercice de leur travail ?

De nombreux médias ont trouvé la solution : tous « grognent ». Nous posions déjà la question en 2003 : « manifestants et grévistes sont-ils des animaux » ? Nous relevions à l’époque combien l’usage à outrance du terme « grogne », et ses connotations péjoratives, contribuaient non seulement à atténuer, dans l’imaginaire des lecteurs, l’ampleur des mobilisations sociales, mais également à les dépolitiser.

... http://www.acrimed.org/La-grogne-dans-l ... ilisations
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Re: Critique des médias

Messagede Pïérô » 18 Fév 2018, 16:01

Blanquer, France 2 et la télévision d'Etat

C'était l'ORTF mais avec de la couleur. L'Emission politique, jeudi soir sur France 2, a déroulé un interminable tapis rouge au ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer au terme d'une opération de communication à grande échelle. Et si Emmanuel Macron avait raison de décrire l'audiovisuel public comme «la honte de la République»?

C'est le charme vintage de la monarchie républicaine française. Pouvoir en 2018, sur une télévision publique transformée en chaîne d'Etat, produire d'invraisemblables émissions tout entières dédiées à la gloire d'un ministre. L'éducation est pour cela un terrain de jeu idéal. Les questions sont complexes, parfois très techniques, l'écart entre le discours public et les réalités de terrain est abyssal, les effets de la moindre mesure se font attendre des années. Tout responsable politique peut ainsi s'en tenir à un discours hors-sol, prétendre une chose et faire son contraire, être assuré ou presque de ne pas être rattrapé par la réalité et ses faits têtus.

Jean-Michel Blanquer l'a compris, en vieux routier de l'éducation nationale. L'homme annonce réforme sur réforme, engage des mesures sans attendre que les lois soient votées et se démultiplie en interviews tonitruantes. L'émission de ce jeudi soir en a été une parfaite illustration. Un questionnement journalistique indigent, une méconnaissance stupéfiante des dossiers par ses différents interlocuteurs, et un méta-discours ministériel où la science des experts est régulièrement convoquée pour légitimer un charabia où tout est dans tout et inversement. Aimable et savant discours donc, qui enveloppe pourtant un projet politique clairement marqué et profondément inégalitaire (lire ici ce portrait «Jean-Michel Blanquer, «un conservateur 2.0» à l’Education nationale» https://www.mediapart.fr/journal/france ... -nationale).

Mais de ce décryptage politique il ne fut pas question, ou presque. Et nous avions presque de la peine pour ces deux lycéens de terminale, l'un dans le privé et l'autre dans le public comme il se doit, bien proprets et tentant timidement d'émettre critiques et inquiétudes. Tonton Blanquer leur répondit poliment en brandissant des graphiques, cette bien vieille ficelle utilisée par Giscard dans les années 1970. Vintage toujours, ces critiques de Jack Lang, éphémère et immobile ministre de l'éducation il y a un quart de siècle... Il ne manquait qu'Alain Peyrefitte, le ministre Grandes Zoreilles de l'ORTF sous de Gaulle, pour nous confirmer qu'il ne s'agissait là ni de pédagogie ni d'information mais d'un long clip publicitaire.

... https://blogs.mediapart.fr/francois-bon ... tor=CS3-67
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Re: Critique des médias

Messagede bipbip » 21 Fév 2018, 21:51

Quand la « mondialisation heureuse » de Macron fait le bonheur de Raphaël Kahane (France 24)

L’émission « Le débat » animée par Raphaël Kahane sur la chaine du service public France 24 (information internationale) a offert, le 24 janvier 2018, au lendemain du discours du président français au Forum économique mondial [1], un véritable récital de propagande pro-Macron. Sous le titre « Emmanuel Macron à Davos : le retour de la France ? », son animateur et ses invités, tous à l’unisson, se sont livrés à un concert d’éloges de la politique présidentielle à faire rougir d’envie un Laurent Delahousse que l’on croyait pourtant hors d’atteinte dans ce domaine.

... http://www.acrimed.org/Quand-la-mondial ... acron-fait
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