Mélenchon, la rafle du Vel’ d’Hiv’, le coup de gueule du chef des armées… problème !
Je mets, à la suite de ces premières lignes d’introduction, ce que m’ont inspiré sur FB les deux évènements mentionnés en titre.
Dans le débat qu’il faut avoir avec ceux et celles qui se reconnaissent, en tout ou partie, dans la France Insoumise, il n’est pas possible, selon moi, d’esquiver ce qui n’apparaît que par intermittence dans les positionnements de Jean-Luc Mélenchon : son rapport à l’Etat, à la République, à la France… Sur ces questions-là, il est de bon ton, chez les insoumis-es qui s’en offusquent (je ne parle pas de ceux/celles qui se refusent à toute prise de distance un minimum critique vis-à-vis des paroles de « l’Insoumis intouchable »), de les relativiser, en fait, de les décrocher de ce qui serait le coeur de la démarche insoumise, à savoir les mesures antiaustérité qui affectent immédiatement la vie quotidienne de chacun-e. Le reste, ces thèmes tournant autour de la question de l’Etat, serait marginal, de l’ordre de maniaqueries de quelqu’un qui n’aurait pas encore muté pleinement vers une orientation à part entière populaire. Par où la République, la France, seraient l’indice résiduel d’une rhétorique désuète ou folklorique, anodine en tout cas en regard du reste… essentiel, le social antiaustéritaire. Or, ma position est qu’en réalité l’Etat est le référent problématique qui oeuvre comme en souterrain derrière les invocations mélenchoniennes de la République et de la France, qui oeuvre en retrait, délibérément posé en latence, derrière le discours social qui porte les campagnes électorales mélenchoniennes. Un Etat dont on voit pourtant comment, dans son décentrage plus marqué que jamais vers le sécuritaire et dont l’état d’urgence est l’emblème, il est devenu l’outil majeur du traitement politique par les élites au pouvoir justement des questions sociales.
L’Etat, que je qualifie très clairement comme capitaliste car défendant la logique du capital de faire payer sa crise à la population, est étroitement imbriqué, impliqué, dans les réponses politiques aux contestations que suscitent la réforme du code du travail et en fait l’ensemble de la politique sociale des gouvernements successifs. L’objection insoumise que la 6e république permettrait de recentrer l’Etat dans sa supposée mission première (un Etat de tous/toutes pour tous/toutes) se trouve précisément très affaiblie par les déclarations en pointillé, resurgissant au coup par coup, de Jean-Luc Mélenchon, hier sur les policiers qu descendent dans la rue, aujourd’hui sur la responsabilité (ou pas) de la France dans la rafle du Vel d’Hiv’ ou sur les déclarations du Chef des armées (dont on apprend qu’il vient de démissionner) contre les restrictions budgétaires que Macron veut imposer à celles-ci. Dans ces déclarations s’exprime une conception de l’Etat qui, une fois portée au gouvernement par une victoire de la FI, pourrait devenir une épée de Damoclès suspendue au-dessus de luttes sociales susceptibles à tout moment d’être postulé-es hermétiques à la logique de l’intérêt général, la seule qui vaille pour…la République, pour la France. Intérêt général qu’aucune revendication particulière ne saurait entraver. Magie de concevoir qu’un Etat, seulement investi de l’intérieur par une opération électorale, pourrait s’émanciper du tissu social qui le nourrit depuis des décennies, voire quelques siècles, je veux parler d’un pouvoir patronal qu’aucune mesure programmatique de la France Insoumise n’attaque à la racine, l’extraction de plus-value et le mécanisme d’exploitation induit.
... http://www.anti-k.org/2017/07/21/melenc ... -probleme/