Précarité. En France, en 2017, de plus en plus de familles dorment dehors
Les moins de 24 ans et les femmes seules avec enfants affluent dans les centres cet été alors que les places pour les accueillir sont réduites à la portion congrue. Les structures d’accueil sont saturées à des niveaux jamais atteints et en appellent au gouvernement.
En été, les mises à l’abri, à l’hôtel ou dans des centres d’urgence, sont de très courte durée : 47 % des solutions d’hébergement proposées aux familles ne sont que pour une seule nuit. Winnie se réjouit chaque soir de ne pas dormir dehors : « Quand je pose ma tête sur l’oreiller, je n’ai plus de souci. Simon, lui, ne réalise pas encore notre situation. »
Chaque soir, à Paris, 400 personnes en familles ne sont pas hébergées
En un an, selon le baromètre du 115 réalisé par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) entre le 10 juin et le 10 juillet sur 41 départements et Paris, le nombre de familles demandeuses d’un hébergement d’urgence a explosé de 39 %. Les structures sont dépassées. Au point que le 115 enregistre des « niveaux jamais atteints » : « Chaque soir, ce sont entre 300 et 400 personnes en famille que nous n’arrivons pas à héberger, regrette Emmanuelle Guyavarch, directrice de la régulation au Samu social de Paris. Dans le même temps, nous n’avons jamais accueilli autant de familles dans nos structures : 14 000 personnes actuellement. » Concrètement, cela signifie qu’une famille à la rue aujourd’hui à Paris a seulement une chance sur dix de se voir proposer un hébergement lorsqu’elle appelle le 115. « On est obligé de mettre en place des critères de vulnérabilité de plus en plus drastiques », explique Emmanuelle Guyavarch. L’âge des enfants, le temps d’errance et l’état sanitaire des membres de la famille sont ainsi pris en compte.
Au niveau national, le nombre de familles sans aucune solution d’hébergement a augmenté de 8 % en un an. « L’homme seul, isolé et vieillissant n’est plus le modèle majoritaire, explique Florent Gueguen, directeur de la FAS. Aujourd’hui, la moitié des personnes qui appellent le 115 sont des familles. Cela correspond à une évolution structurelle de la pauvreté, avec une augmentation du nombre de femmes seules avec enfants, auquel s’ajoute l’impact de la crise migratoire. Faute d’être prises en charge comme demandeuses d’asile, les familles migrantes appellent le 115. » Enfin, les structures d’accueil des sans-abri construites dans les années 1980 restent inadaptées à l’accueil des familles avec enfants. 60 % d’entre elles sont donc logées à l’hôtel, « dans des conditions très précaires », regrette Florent Gueguen. Parmi ces familles, le 115 a comptabilisé en juin 5 328 mineurs.
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