ARTICLE SUR LES BARAS DANS LE PARISIEN http://www.leparisien.fr/bagnolet-93170 ... 161204.phpDepuis leur expulsion du local rue Alazard à Bagnolet, les « Baras », des sans-papiers africains arrivés en France depuis 2013, squattent sous le pont de l’autoroute A3, porte de Bagnolet. Ils espèrent retrouver un jour une situation stable.
En 2013, ils étaient arrivés en France plein d’espoir. Les « Baras », un nom qui pour eux signifie « travailleurs », sont aujourd’hui toujours contraints de squatter où ils le peuvent. Ils ont d’abord occupé un local à Montreuil avant d’en être expulsés. Ils se sont alors installés dans un bâtiment vide rue Alazard à Bagnolet. Le 29 juin dernier, ils en ont également été expulsés par les forces de l’ordre.
Actuellement repliés sous le pont de l’autoroute A3, ils sont entre 100 et 200 à attendre un signe de leur régularisation pour pouvoir reprendre un travail. Principalement d’origine malienne, camerounaise ou ivoirienne, ces « Baras » vivaient en Lybie.
Contraints de fuir ce pays, ils sont arrivés en France. « Depuis, on lutte pour avoir un logement et des papiers » explique Bagayoko, porte-parole du collectif. Les « Baras » reçoivent l’aide bénévole de leurs anciens voisins de la rue Alazard et de riverains qui leur apportent de quoi manger ou du matériel.
« On nous demande de justifier un travail avec des fiches de paye »
« Ici, nous sommes tous capables de travailler, mais sans papiers c’est impossible », explique Boubakar Keita. D’origine malienne, Boubakar s’était installé en Lybie où il exerçait le métier de boulanger. Là-bas, il avait tout : « Une maison, un travail. J’ai tout quitté. En France, je pensais que je pourrais recommencer facilement. Malheureusement, ça ne se passe pas comme ça ».
En quittant la Lybie, il est d’abord passé par l’Italie. L’apprentissage de la langue ne lui a pas permis de s’y intégrer. « C’était mieux pour moi de venir en France, au Mali on parle français. Je n’avais pas à tout réapprendre » explique-t-il. Maîtriser la langue et avoir une formation n’a pas suffi. « On nous demande de justifier un travail avec des fiches de paye, mais on ne peut pas leur en donner si on ne peut pas travailler ». Pour reprendre son métier ou pour n’importe quel travail légal, « il faut que l’on soit régularisé ».
« Je n’ai peut-être pas le physique mais j’ai le coeur français »
« J’ai toujours considéré la France comme mon pays de rêve », raconte à son tour Amagana Guindo. Egalement malien et installé en Lybie avant de fuir, il est arrivé en France après un passage par l’Espagne. « Je travaillais comme ouvrier en Lybie, comme tout le monde ici je suis prêt à travailler à nouveau pour pouvoir vraiment m’intégrer », explique-t-il.
S’il n’en a pas la nationalité, Amagana Guindo se sent français. « Je parle français, le Mali était une colonie française, les Français y sont accueillis quand ils viennent, c’est comme si on était de la même famille. Je n’ai peut-être pas le physique mais j’ai le cœur français. Pour moi la France était le seul pays où je pensais pouvoir me sentir chez moi ».
Amagana Guindo ne manque pas de le rappeler : « notre communauté est jeune, nous avons tous des capacités pour travailler comme tout le monde. Nous ne sommes pas venus ici pour détruire le pays, mais pour y être actif, avoir un logement et être un citoyen comme les autres ».
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COLLECTIF BARAS