Publié le 29 juin 2017 sur le blog de Jean-Jacques Birgé et sur
Squat!net avec trois photos:
https://fr.squat.net/2017/06/29/bagnole ... e-alazard/https://blogs.mediapart.fr/jean-jacques ... i-bagnolet> Bagnolet (93): expulsion du squat du collectif Baras, rue René Alazard
200 Baras expulsés manu militari à Bagnolet
Ce matin les CRS ont expulsé les 200 travailleurs sans papiers du
Collectif des Baras qui squattaient depuis près de 3 ans [le 72 rue René
Alazard était occupé par le collectif Baras depuis début août 2014] un
bâtiment inoccupé de Bagnolet en attendant que les tractations
aboutissent entre le nouveau propriétaire (Natixis lui avait vendu entre
temps), la Mairie, les associations comme RESF et la Ligue des Droits de
l’Homme et ceux que l’armée française a chassés de Libye suite à la
guerre contre Khadafi. La plupart de ces Africains sont maliens, mais
sept autres pays d’Afrique centrale sont représentés.
Ils en ont lourd sur le cœur. Ils croyaient ce qu’on leur avait appris,
que la France était la patrie des Droits de l’Homme, mais ils savent
maintenant que la colonisation continue sous un autre visage. Sans
papiers français, puisqu’ils ont ceux de leurs pays respectifs et même
des papiers européens reconnus en Italie mais pas chez nous, ils sont
exploités par des entrepreneurs peu scrupuleux qui les payent au noir
largement en dessous du SMIC. Eux ne rêvent que d’une chose, qu’on leur
donne ces papiers qui leur permettraient de travailler légalement, de
louer un logement, de vivre comme nous en avons le loisir. On va les
regretter dans le quartier. On n’a rarement eu de voisins aussi
tranquilles et charmants !
Je n’avais encore jamais vu un policier arborant une écharpe tricolore.
On me dit que c’est la loi et qu’il représente le Commissariat des
Lilas. Cette fois le Maire socialiste de cette ville, Daniel Guiraud, ne
pourra pas prétendre que sa police n’a pas participé à l’expulsion
musclée de ce matin. Ils y étaient dès 6h30. Tony di Martino, Maire
socialiste de Bagnolet, avait promis de nous prévenir dès qu’il serait
averti de l’intervention. Il n’en a rien fait non plus. Pourtant il le
savait en amont, c’est la loi, même si c’était au plus tard à 5h. Comme
nous n’étions que deux au petit jour avec une jeune fille à jouer les
témoins pour éviter des débordements des Robocops, je lui faisais
remarquer que certains gradés avaient une tête de facho, ils me menacent
de garde-à-vue. Je ne les avais pas insultés directement, c’était une
messe-basse. Ils répétaient comme des machines : « Vous ne connaissez
pas mes origines ». C’est vrai, mais je sais ce qu’ils sont devenus.
C’est triste de voir ces prolos endosser l’uniforme pour cogner sur les
plus démunis.
Un des Baras à qui ils refusaient de récupérer leurs affaires et les
documents officiels dont ils ont cruellement besoin s’est énervé. Ils
vont lui coller un rapport monstrueusement exagéré. Je les ai entendus
en parler en se frottant les mains. Les Baras qui étaient à l’intérieur
du bâtiment ont pris ce qu’on peut tirer avec deux mains, mais une
dizaine des travailleurs de nuit qui rentraient n’ont rien eu le droit
de récupérer. Les policiers leur avaient pourtant promis. Ils ont argué
qu’il y avait eu violence et qu’il faudrait revenir dans les jours
suivants avec huissier. En attendant, les parpaings montent devant les
vitres de l’ancienne antenne Pôle Emploi désaffectée où ils logeaient
tant bien que mal depuis [près de 3 ans]. Comme s’il n’y avait pas assez
de SDF dans la rue, la police de Macron en a rajouté 200.
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- Le collectif Baras sur Squat!net
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