Howard Zinn

Howard Zinn

Messagede Pïérô » 28 Jan 2010, 16:17

décès d'Howard Zinn, ce qui fait rentrer ce sujet dans cette rubrique.

sur Article XI :

Décès d’Howard Zinn : l’Amérique perd sa boussole

. . . . . . . . . . . . . Image

Sale nouvelle. Howard Zinn est mort hier à l’âge de 87 ans. On l’aurait voulu immortel, voire plus. On y croyait presque d’ailleurs. De l’avoir vu il y a quelques mois prendre la parole lors d’une passionnante conférence parisienne (retranscrite ci-dessous), clair et didactique, impressionnant de pédagogie et d’intelligence, mais aussi de gentillesse et d’attention, on pensait que le temps ne pouvait s’attaquer à quelqu’un comme lui. Trop d’énergie, de dignité et de volonté étaient contenues dans cet homme. Un vieux, lui ? Pff, il en aurait remontré à n’importe lequel de nos énergumènes médiatiques d’un simple claquement de doigt. Alors, mourir... Non, ce n’était pas à l’ordre du jour. Impossible.

Mais voilà, l’évidence est là, difficile de la nier : l’un des intellectuels le plus indispensable de notre époque est mort. Il faut s’y faire.
Il y aurait tant à dire pour saluer son œuvre. Évoquer ses livres, surtout. D’abord le plus personnel, De l’Impossible neutralité, autobiographie militante dont le titre disait tout et qui revenait sur ses innombrables combats politiques. Une Histoire populaire des États-Unis, ensuite, ouvrage ayant réussi le tour de force de réconcilier approche historique critique et succès en librairie. La pièce de théâtre En Suivant Emma, vibrant hommage à la militante anarchiste Emma Goldman se lisant d’une traite. Ou bien...
Passer en revue l’ensemble de ses écrits fondamentaux et de ses interventions publiques ne suffiraient pas à faire le tour du personnage. Toujours, on sera loin du compte. Récemment encore, sur le blog de son éditeur français, Agone, il démontait vigoureusement le choix de décerner le prix Nobel de la paix à Obama : Le prix nobel de la paix, c’est la guerre ! », s’offusquait-il, rare voix à publiquement souligner l’évidence. C’est ainsi qu’il continuait dans la voie qu’il s’était choisie, sans jamais dévier d’un pouce.

On va éviter le pathos. Mais, bordel, un monde sans Howard Zinn ?


suite, avec la retranscription de la conférence qu’Howard Zinn avait donné en juin 2009 à la librairie Quilombo : http://www.article11.info/spip/spip.php?article684

.


vidéo in mémory of Howard Zinn :




.

Publications en français :

. Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Agone, 2002. (ISBN 2-910846-79-2) (page consacrée au livre sur le site de l'éditeur). Ce livre a fait l'objet d'une adaptation en BD sous le titre Une histoire populaire de l'empire américain par Mike Konopacki et Paul Buhle (éditions Vertige Graphic, 2009, ISBN 978-2-84999-076-6).
. Karl Marx, le retour, Agone, 2002. (ISBN 2-910846-80-6) (page consacrée au livre sur le site de l'éditeur).
. Le Vingtième Siècle américain. Une histoire populaire de 1890 à nos jours, Agone, 2003. (ISBN 2-7489-0001-4) [Extrait de Le Vingtième Siècle américain. Une histoire populaire de 1890 à nos jours] (page consacrée au livre sur le site de l'éditeur)
. « Nous, le Peuple des États-Unis… » Essais sur la liberté d’expression et l’anticommunisme, le gouvernement représentatif et la justice économique, les guerres justes, la violence et la nature humaine, Agone, 2004. (ISBN 2-7489-0029-4) (page consacrée au livre sur le site de l'éditeur)
. L’Impossible Neutralité. Autobiographie d’un historien et militant, Agone, 2006. (ISBN 2-7489-0047-
. En suivant Emma, Agone, 2007. (ISBN 978-2-7489-0057-6). (page consacrée au livre sur le site de l'éditeur)
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Re: Howard Zinn

Messagede Pïérô » 07 Mai 2015, 17:02

Paris, samedi 9 mai 2015

Projection débat
« Howard Zinn : une histoire populaire américaine »
Film d'Olivier Azam & Daniel Mermet

à 18h, Cinéma Espace Saint Michel, 7 place Saint-Michel, Paris 5e

Image

« Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs. »

Au début du 20 ème siècle, les parents de Howard Zinn débarquent d'Europe de l'Est à Ellis Island, comme des millions de migrants qui rêvent de la terre promise, qui rêvent de fortune, qui rêvent simplement d'une vie meilleure... Ils découvrent l'Amérique.

"Du pain et des roses" est le premier long métrage d'une trilogie qui va parcourir l'histoire populaire des États-Unis de Christophe Colomb à nos jours, à travers l'histoire personnelle extraordinaire de Howard Zinn, historien des lapins.

Film avec Howard Zinn, Noam Chomsky, Chris Hedges, Tim Yeager, Matt Muchowski, Jim Beauchesne

Une autre Amérique

Une autre Amérique dévoilée par Howard Zinn défile sous nos yeux. Des histoires peu connues, comme celles du 1er Mai, surgissent du montage d'Olivier Azam et Daniel Mermet. Des personnages de légende comme Emma Goldman et Mother Jones, leur musique, leurs photos et même leurs films nous racontent une autre histoire de l'Amérique. Celle des pauvres immigrés quittant l'Europe pour la terre promise de la liberté. Avec Chaplin-Charlot, le cinéma a déjà l'Homère de cette Amérique. Comme l'auteur de l'Histoire populaire des Etats-Unis, les réalisateurs du film retrouvent la grande dépossession des Indiens d'Amérique, le pillage colonial, la spéculation sur les terres, les fortunes colossales issues de cette rapine.

La violence de l'esclavage au Sud confrontée à la violence de l'esclavage salarié du Nord dressent un portrait sans complaisance du capitalisme américain du début du XXème siècle et de sa frénésie de profit. Les images de cette guerre, les traces de ces luttes encore vivantes dans les mémoires des syndicalistes se superposent aux images du grand récit hollywoodien. Lieux de mémoire, interviews de syndicalistes et de chercheurs, photos, chansons, films issus de très nombreux fonds d'archives contribuent à une construction originale inspirée par l'histoire américaine et sa grande œuvre sans être une adaptation. Essai d'histoire par le cinéma, Zinn, une histoire populaire américaine n'en est qu'au premier chapitre : Le pain et les roses. Découvrir cette fin du XIXème siècle jusqu'à la Première Guerre mondiale, c'est se hâter de réclamer la suite.

https://paris.demosphere.eu/rv/39838
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Re: Howard Zinn

Messagede Pïérô » 13 Juin 2015, 16:53

Film
Howard Zinn - Une histoire populaire américaine

LE PROJET

Avec l’énorme succès de son livre Une histoire populaire des Etats-Unis, Howard Zinn a changé le regard des Américains sur eux-mêmes. Zinn parle de ceux qui ne parlent pas dans l’histoire officielle, les esclaves, les Indiens, les déserteurs, les ouvrières du textile, les syndicalistes et tous les inaperçus en lutte pour briser leurs chaînes. A Paris et à Boston nous avons eu la chance de rencontrer Howard Zinn et de le filmer, toujours stimulant et fraternel. À la fin Zinn disait « Je veux qu’on se souvienne de moi comme quelqu’un qui a donné aux gens des sentiments d’espoir et de pouvoir qu’ils n’avaient pas avant ».
Voilà exactement ce qui nous a donné envie de réaliser ce projet.



Au total, trois films sont prévus au fil de la vie et de l'oeuvre de Howard Zinn, à travers laquelle on se balade dans Une histoire populaire des Etats-Unis. La suite est en construction :

Dans le deuxième volet, on reviendra au début d'Une histoire populaire des Etats-Unis avec l'arrivée de Christophe Colomb qui commence par le massacre des Indiens... et se poursuivra par la conquête permanente de nouveaux territoires et de nouveaux marchés. Howard Zinn naît dans les années folles où explose la société de consommation, la grande dépression, les luttes partout dans le pays, le New Deal. Ses copains plus âgés s'engagent dans les brigades internationales en Espagne. Volontaire dans l'US Navy, le jeune lieutenant Zinn découvre la ségrégation que subissent les soldats noirs, participe au bombardement de Royan. Avec Hiroshima et Nagasaki, sa vision du monde va changer : "Si l'ennemi est mauvais, nous ne sommes pas pour autant les bons".

Dans le troisième volet, c'est la guerre froide, "la chasse aux sorcières". Surveillé par le F.B.I., le jeune vétéran Howard Zinn devient professeur d'histoire, grâce à la bourse du G.I Bill. Avec son premier poste dans un collège d'étudiantes noires du sud des Etats-Unis, il se retrouve au coeur de la grande révolte des droits civiques des années 1960, prolongements des luttes des abolitionnistes du siècle précédent. Viré de son poste, H. Zinn s'engage dès le début contre la guerre du Vietnam avec son ami Noam Chomsky. Des premiers lanceurs d'alerte qui ont révélés les "papiers du Pentagone" à Edward Snowden, l'Histoire continue.

Une production en cascade
Le deuxième film sera financé en partie sur les recettes du premier film et ainsi de suite pour le troisième. Le succès en salle et en DVD du premier film sera donc déterminant pour la suite. Surtout les débats autour de ce premier film vont contribuer à la réflexion sur la suite de cette œuvre en construction.


http://www.lesmutins.org/howard-zinn-un ... pulaire-50
et http://www.histoirepopulaireamericaine.fr/#!home

Dates projections : http://www.histoirepopulaireamericaine.fr/#!projections

Bretagne :
Le 15 juin à Callac, Cinéma d’Argoat
Le 16 juin à Loudéac, Cinéma Quai des images
Le 18 juin à Douarnenez, Cinéma Le Club
Le 19 juin à Redon, Cinéma l’Escurial
http://brest.mediaslibres.org/spip.php?article72
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Re: Howard Zinn

Messagede Pïérô » 15 Oct 2015, 23:04

Paris, vendredi 16 octobre 2015

Projection débat

« Howard Zinn : une histoire populaire américaine »

Film d'Olivier Azam & Daniel Mermet

à 19h, Librairie du Monde libertaire - Publico, 145 rue Amelot, Paris 11e


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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 31 Oct 2015, 13:10

Lyon, jeudi 5 novembre 2015

Projection "Howard Zin, une histoire populaire américaine"

Tant que les lapins n’avaient pas d’historiens, l’histoire était racontée par les chasseurs.
Avec l’énorme succès de son livre "Une histoire populaire des Etats-Unis", Howard Zinn a changé le regard des Américains sur eux-mêmes. Zinn parle de ceux qui ne parlent pas dans l’histoire officielle, les esclaves, les Indiens, les déserteurs, les ouvrières du textile, les syndicalistes et tous les inaperçus en lutte pour briser leurs chaînes.

Afin de découvrir ce film, le groupe Graine d’Anar (Lyon)de la Fédération Anarchiste vous attend le 5 novembre 2015 à 19h30 à la MJC du Vieux Lyon, 5 place Saint Jean.

La projection, à prix libre, sera suivie d’un apéro pour continuer à échanger ensemble autour de tout cela.

Le nombre de places étant limité, merci d’arriver le plus à l’heure possible.

http://rebellyon.info/Projection-Howard ... e-histoire


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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 19 Jan 2016, 00:21

Cahors, vendredi 22 janvier 2016

Ciné-d'Oc Howard Zinn Une histoire populaire américaine

18h45, au Llcc (Le Lieu Commun Cahors, 68 r Louise-Michel/St James)

"HOWARD ZINN UNE HISTOIRE POPULAIRE AMERICAINE"
Du pain et des roses.
Un doc de Olivier Azam et Daniel Mermet

Fils d'immigrés européens,militant pacifiste, Howard Zinn n'a pas la mémoire courte, et il aura à coeur de rendre hommage à tous ceux qui batirent l'Amérique et de raconter leur histoire.
Une histoire populaire de ceux qui passent inaperçus, loin de celle, officielle, des puissants et des gouvernants qui l'ont confisquée.
Il a entrepris un travail mémorable d'historien, qui rend la parole aux mouvements populaires américains,et que retrace ce document vivant où il prend la parole aux côtés de Noam Chomsky, Chris Hedges, etc...
Il fut un sage et " l'historien des lapins", face à l'histoire sinon racontée par les seuls "chasseurs"!
Alors plongeons avec lui dans cette remarquable épopée populaire américaine !

Entrée libre.

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Re: Howard Zinn

Messagede Pïérô » 13 Mar 2016, 08:06

Paris, mercredi 16 mars 2016

Projection du film : Howard Zinn une histoire populaire américaine

L’Université populaire et libertaire du XIe arrondissement vous invite à la projection du film de Olivier Azam et Daniel Mermet : Howard Zinn une histoire populaire américaine (Les Mutins de Pangée)
PREMIER VOLET : DU PAIN ET DES ROSES
Entrée libre.

à 20h, Publico, librairie du Monde libertaire, 145 rue Amelot, Paris 11e
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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 12 Oct 2016, 16:33

Montpellier mercredi 12 Octobre 2016

« Howard Zinn, une histoire populaire américaine » de Olivier Azam & Daniel Mermet (2015)

Cette histoire des États-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d'histoire parlent habituellement peu. L'auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu'aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l'histoire officielle.

à 20 h 30 au Centre Ascaso-Durruti, 6 rue Henri René 34000 Montpellier

https://herault.demosphere.eu/rv/5937
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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 20 Oct 2016, 11:52

Lille vendredi 21 octobre 2016

Projection du film « Howard Zinn, une histoire populaire américaine »
suivie d’une rencontre avec des membres des IWW


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Vendredi 21 octobre 2016, l’union locale des syndicats CNT de Lille organise la projection du film d’Olivier Azam et Daniel Mermet « Howard Zinn, une histoire populaire américaine » suivie d’une rencontre avec des membres des IWW (Industrial Workers of the World).

Rendez-vous à 19h au cinéma L’Univers, 16 rue Georges Danton, Lille

Prix libre

Présentation du film :
Le film a été réalisé à partir du livre « Une histoire populaire des États-Unis » de Howard Zinn, un livre dont le succès énorme a changé le regard des Américains sur eux-mêmes. Zinn parle de ceux qui ne parlent pas dans l’Histoire officielle : les esclaves, les Indiens, les déserteurs, les ouvrières du textile, les syndicalistes et tous les inaperçus en lutte pour briser leurs chaînes.

http://www.cnt-f.org/59-62/2016/09/proj ... mbres-iww/
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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 18 Nov 2016, 11:33

Lille vendredi 18 novembre 2016

Howard Zinn une histoire populaire américaine

Suite au succès de la première projection à l'Univers le vendredi 21 octobre, bon nombre de personnes n'a pu entrer dans la salle, nous projetons donc à nouveau le film ce vendredi 18 novembre à 19h, dans notre local au 32 rue d'Arras.

(Contrairement à la première projection, les représentants I.W.W ne pourront être presents)

http://www.cnt-f.org/59-62/
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Re: Howard Zinn

Messagede Pïérô » 18 Jan 2017, 20:40

Poitiers, vendredi 20 janvier 2017

Projection du film suivie d'un débat sur les luttes sociales

à 19h, salle Timbaud, Maison du Peuple, rue Saint-Paul à Poitiers


Image


Le 20 janvier 2017, les Etats-Unis d'Amérique vont focaliser particulièrement l'attention des médias du monde entier.

Donald Trump, élu en novembre dernier, devient officiellement président ce jour. Beaucoup d'explications ont déjà été avancées sur l'élection de ce milliardaire : la peur d'un déclassement pour les classes moyennes, une accentuation historique des inégalités, le racisme et le repli identitaire de Blancs craignant d'être bientôt supplantés par les minorités ethniques du fait de leur croissance démographique...

Toutefois, la victoire de Trump tend à masquer une autre réalité, celle des résistances récemment apparues ou développées aux Etats-Unis : Occupy Wall Street ; la lutte des mouvements écologistes et des natifs américains contre la spoliation de terres comme à Standing Rock ; la lutte syndicale avec par exemple les revalorisations salariales obtenues dans les fast-foods ; Black Lives Matter contre le racisme et les violences policières, etc. Toute cette actualité fait écho à ce que rapporte Howard Zinn. Une histoire populaire américaine.

À l'origine de ce film, il y a l'œuvre littéraire, énorme succès international, d'Howard Zinn : Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, publiée en 1980 aux États-Unis, et en 2002 pour la traduction française, aux éditions Agone. Le livre a ensuite été décliné en Bande Dessinée en 2009, sous le titre Une histoire populaire de l'empire américain, et en une édition destinée aux adolescents, publiée par les : Une Histoire populaire des USA pour les ados. Journalistes et réalisateurs, Olivier Azam et Daniel Mermet se sont lancés dans le projet de porter à l'écran une trilogie, dont le film, Howard Zinn, une histoire populaire américaine. 1 Du pain et des roses, produit par Les Mutins de Pangée, sorti en 2015, constitue le premier volet.

A partir de son histoire personnelle de fils d'immigré d'Europe de l'Est (ses parents ont fui l'antisémitisme pour venir chercher fortune aux Etats-Unis avant la Première Guerre mondiale), Howard Zinn a changé le regard des Américains sur eux-mêmes et sur l'histoire officielle de leur pays depuis Christophe Colomb. Car Zinn rompt avec le mythe fondateur de la nation étasunienne et de la révolution américaine, ou celui du self-made man à la Rockefeller. Il raconte une conquête de l'Ouest, avec ses chercheurs d'or, qui ne s'est pas réalisée dans un espace vide mais a quasiment fait disparaître les populations indiennes et leur civilisation. Il remet en cause les héros, les valeurs, l'idéologie en cours aux Etats-Unis... et montre que les Européens n'ont découvert et colonisé les Amériques que pour l'appât du gain et la recherche du profit, en excluant toute volonté civilisatrice, toute générosité et toute humanité. Mais il n'oublie pas de rappeler les grandes dates des luttes sociales qui ont marqué la mémoire ouvrière avec l'essor de l'industrialisation à la fin du XIXe siècle, période où la cristallisation du rapport salarial a entraîné l'accentuation de la lutte des classes ainsi que de la répression des mouvements ouvriers.

Ce film est enfin un témoignage d'internationalisme : contre l'atlantisme des médias et des hommes politiques de tous bords (avec l'élection de Trump même le Front National se remet à faire les yeux doux aux USA), mais aussi contre un anti-américanisme primaire de beaucoup d'électeurs et de dirigeants de gauche. Zinn parle de ceux qui ne parlent pas dans l'histoire officielle : les esclaves, les Indiens, les déserteurs, les ouvrières du textile, les syndicalistes et tous les inaperçus en lutte pour briser leurs chaînes.

Une lutte plus que jamais d'actualité aux USA comme dans toutes les parties du globe.

http://www.npa86.org/spip.php?article3933
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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 08 Avr 2017, 15:58

Liège, mardi 11 avril 2017

Projection "Howard Zinn, une histoire populaire américaine"

Projection suivie d'un débat avec Julien Dohet, historien et secrétaire du SETCA Liège.

à 19h30, Beau-Mur, Rue du Beau-Mur 48-50, 4030 Liège (Grivegnée)

https://liege.demosphere.eu/rv/4997

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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 08 Mai 2017, 18:16

Paris jeudi 11 mai 2017

Projection débat
« Howard Zinn, Une histoire populaire américaine »

Image

La section LDH Paris 14/6 propose une projection jeudi 11 mai 2017 à 20h30 au Chaplin/Denfert, 24 place Denfert-Rochereau, Paris 14e.

Les mouvements sociaux, moteur de l'histoire américaine

Le film s'inspire de l'œuvre de l'historien américain Howard Zinn qui a dressé dans ses livres un portrait sans complaisance du capitalisme américain du début du 20ème siècle et de sa frénésie de profit. Howard Zinn a dévoilé une autre Amérique à travers des histoires peu connues, comme celle du 1er Mai ; celles de personnages de légende comme Emma Goldman, Mother Jones et Joe Hill ; l'histoire des pauvres immigrés quittant l'Europe pour la terre promise de la liberté ; la violence de l'esclavage au Sud confrontée à la violence de l'esclavage salarié du Nord. Les traces de ces luttes sont encore vivantes dans les mémoires des syndicalistes. Les témoignages sont illustrés par des photos, des chansons et des films issus de très nombreux fonds d'archives.

Projection suivie d'un débat avec James Cohen, professeur à l'Institut du monde anglophone, Paris 3 Sorbonne nouvelle

http://www.ldh-paris-14-6.org/spip.php?article718
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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 18 Aoû 2017, 15:37

Une histoire du 1er mai

Un extrait du documentaire « une histoire populaire américaine » d’Olivier Azam et Daniel Mermet :



https://www.cnt-tas.org/2017/08/17/histoire-1er-mai/
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Re: Howard Zinn

Messagede bipbip » 24 Aoû 2017, 11:27

Une Interview de Howard Zinn

Texte original : An Interview with Howard Zinn on Anarchism. Rebels Against Tyranny 2008
http://www.revolutionbythebook.akpress. ... t-tyranny/

Ziga Vodovnik: Depuis les années 1980 jusqu’à maintenant, nous assistons à un processus de mondialisation de l’économie de plus en plus marqué jour après jour. Au sein de la gauche,nombreux sont ceux pris dans un « dilemme » – soit travailler à renforcer la souveraineté des états-nations comme barrière défensive contre le contrôle par le capital étranger et international ; ou mettre en place une alternative non nationale à la forme actuelle de mondialisation mais qui serait aussi mondiale. Quelle est votre opinion sur ce sujet ?
Howard Zinn: Je suis un anarchiste, et selon les principes anarchistes, les états-nations sont des obstacles à une vraie mondialisation humaniste. D’une certaine manière, le mouvement de mondialisation, où le capitalisme essaie de faire abstraction des frontières des états-nations, crée une sorte d’opportunité pour un mouvement , pour ignorer les barrières nationales et pour unifier les peuples globalement, par dessus les frontières nationales, en opposition à la mondialisation du capital, pour créer une mondialisation des peuples, opposée à la notion traditionnelle de mondialisation. En d’autres termes, d’utiliser la mondialisation – il n’y a rien de mauvais dans l’idée de mondialisation – d’une façon qui contourne les frontières nationales et qui n’implique pas, bien sûr, le contrôle par les grandes sociétés des décisions économiques concernant les peuples à travers le monde.

ZV: Pierre-Joseph Proudhon a écrit que: “La liberté est la mère, pas la fille de l’ordre.” Comment voyez-vous la vie après ou au-delà des états-nations ?
HZ: Au-delà des états-nations? (rires) Je pense que ce qui existe au delà des états-nations est un monde sans frontières nationales, mais avec des gens organisés. Mais pas organisés en tant que nations, mais en groupes, en collectifs, sans frontières nationales ou d’aucune sorte. Sans aucune sorte de frontières, passeports, visas. Rien de tout cela! Des collectifs de différentes tailles, selon la fonction du collectif, ayant des contacts les uns avec les autres. Il ne peut pas exister de petits collectifs auto suffisants parce que ces collectifs ont différentes ressources qui leur sont accessibles. C’est un point que la théorie anarchiste n’a pas résolu et peut-être qu’elle ne pourra pas résoudre à l’avance, parce qu’elle devra être mise en pratique pour cela.

ZV: Pensez-vous que un changement puisse survenir à travers des partis politiques institutionnels ou seulement par des moyens alternatifs – désobéissance, constructions de structures parallèles, médias alternatifs, etc. ?
HZ: Si vous travaillez au sein des structures existantes, vous serez corrompus. Par le fait de travailler au sein d’un système politique qui empoisonne l’atmosphère, y compris les organisations progressistes, comme on peut le constater aujourd’hui aux USA, où les gens de « gauche » sont tous englués dans la campagne électorale et sombres dans des argumentaires féroces pour savoir si il faut soutenir le candidat de ce tierce parti ou cet autre .C’est un petit exemple qui suggère que, quand vous travaillez au sein de la politique électoraliste, vous commencez à corrompre vos idéaux.. Par conséquent, je pense qu’une façon de faire est de ne pas penser en termes de gouvernement représentatif , d’élections, de politique électoraliste, mais de penser en termes d(organisation de mouvements sociaux, d’organisation sur les lieux de travail, d’organisation dans les quartiers, au sein de collectifs, de manière à être assez forts pour prendre le pouvoir à un moment donné — d’abord devenir assez fort pour résister à ce que les autorités leur font subir, et ensuite, plus tard, devenir assez fort pour réellement prendre le contrôle des institutions.

ZV: Une question personnelle. Allez vous voter?
HZ: Oui. Parfois, pas toujours. Cela dépend. Mais je crois qu’il est parfois préférable d’avoir un candidat élu plutôt qu’un autre, même si vous savez que cela n’est pas la solution. Parfois le moindre mal n’existe pas et soit vous ne votez pas, soit vous votez pour un parti tiers, pour protester contre le système de parti. Parfois, la différence entre deux candidats est importante à court terme et alors je pense qu’essayer d’avoir quelqu’un au pouvoir qui est un peu mieux, un peu moins dangereux, est compréhensible . Mais il ne faut jamais oublier que l’important n’est pas qui est au pouvoir mais de quel type de mouvement sociaux vous disposez. Parce que l’histoire nous démontre que si le mouvement social est puissant, peu importe qui est au pouvoir. Qui que ce soit, républicain ou démocrate, si le mouvement social est puissant, la personne au pouvoir devra céder, devra d’une manière ou d’une autre respecter la puissance de ces mouvements sociaux.
Nous l’avons vu dans les années 1960. Richard Nixon n’était pas le moindre mal, il représentait le pire, mais durant son mandat, la guerre a pris fin parce qu’il devait tenir compte de la puissance du mouvement contre la guerre et de la puissance du mouvement vietnamien. Je peux voter mais toujours en étant conscient que voter n’est pas crucial et que le travail d’organisation est la chose importante.
Quand les gens me posent la question du vote, ils me demandent soutenez-vous tel ou tel candidat? Je réponds “Je soutiendrai ce candidat pendant une minute, pendant que je serai dans l’isoloir. A ce moment je soutiendrai A contre B, mais avant que d’y entrer et dès le moment où j’en serai sorti, je me concentre sur l’organisation des gens et non sur l’organisation d’une campagne électorale.”

ZV: L’anarchisme est à cet égard fondamentalement opposé à la démocratie représentative , car elle est encore une forme de tyrannie —la tyrannie de la majorité . Les anarchistes s’opposent à la notion de majorité, objectant que les opinions de la majorité ne coïncident pas toujours avec ce qui est moralement juste. Thoreau a écrit que nous avions l’obligation d’agir selon ce que nous dicte notre conscience, même si cela va à l’encontre de l’opinion de la majorité ou des lois de la société. Etes-vous d’accord avec cela ?
HZ: Absolument. Rousseau a dit, si je fais partie d’un groupe de100 personnes, est-ce que 99 personnes ont le droit de me condamner à mort, juste parce qu’elles représentent la majorité? Non, les majorités peuvent avoir tort, elles peuvent ignorer les droits des minorités. Si les majorités décidaient, nous connaitrions encore l’esclavage. 80% de la population a réduit à l’esclavage 20% de la population. Être gouverné par une majorité, c’est avoir des lois justes. C’est une notion totalement erronée de ce qu’est la démocratie. La démocratie doit prendre en compte plusieurs choses — les revendications minoritaires des gens, pas seulement les besoins de la majorité, mais aussi ceux de la minorité. Elle doit prendre en compte également le fait que la majorité, spécialement dans des sociétés où les médias manipulent l’opinion publique, peut avoir complètement tort et être malsaine. Alors oui, les gens doivent agir selon leur conscience et non en suivant le vote majoritaire..

ZV: Quand situez-vous les origines historiques de l’anarchisme aux États-Unis ?
HZ: L’un des problèmes concernant l’anarchisme est qu’il existe beaucoup de personnes dont les idées sont anarchistes mais qui ne se revendiquent pas nécessairement anarchistes. Le terme a été utilisé d’abord par Proudhon au milieu du XIXème siècle, mais il existait des idée anarchistes antérieures à Proudhon, en Europe et aussi aux États-Unis Par exemple, quelques idées de Thomas Paine, qui n’était pas un anarchiste, qui ne se serait pas qualifié d’anarchiste, mais qui se méfiait des gouvernements. Henry David Thoreau, également. Il ne connaissait pas le terme anarchisme, et il ne l’utilisait pas mais ses idées étaient très proches de l’anarchisme. Il était très hostile à toute forme de gouvernement. Si nous recherchons les origines de l’anarchisme aux États-Unis, alors Thoreau est probablement celui qui apparaît comme le premier anarchiste américain.. On ne trouve pas réellement d’anarchistes jusqu’après la Guerre de Sécession, lorsque des anarchistes européens, notamment allemands, arrivèrent aux États-Unis Ils ont ensuite commencé à s’organiser. La première fois que l’anarchisme a disposé d’une force organisée et a été publiquement connu aux États-Unis, c’est à Chicago au moment des évènements de Haymarket .

ZV: Où situez-vous l’inspiration principale de l’anarchisme contemporain aux États-Unis ? Considérez-vous le Transcendantalisme —Henry D. Thoreau, Ralph W. Emerson, Walt Whitman, Margaret Fuller, etc—comme une inspiration dans cette perspective?
HZ: le Transcendantalisme est, je dirais, une forme primitive de l’anarchisme. Les Transcendantalistes ne se qualifiaient pas d’anarchistes mais leurs pensées et leur littérature contiennent des idées anarchistes. De différentes manières, Herman Melville est un exemple de ces idées anarchistes. Ils se méfiaient tous de l’autorité. On pourrait dire que le Transcendantalisme a joué un rôle en créant une atmosphère de suspicion envers l’autorité et le gouvernement.
Malheureusement, il n’existe aujourd’hui aucun mouvement anarchiste réellement organisé aux États-Unis Il existe de beaucoup de groupes et de collectifs qui se revendiquent anarchistes, mais ils sont petits. Je me souviens que, dans les années 1960, il y avait un collectif anarchiste ici à Boston, avec une quinzaine de personnes, mais il a disparu. Ensuite, les idées anarchistes ont pris plus d’importance en lien avec les mouvement de ces années 1960.

ZV: La plupart de l’énergie créative dans les milieux radicaux provient aujourd’hui de l’anarchisme , mais peu de personnes seulement, engagés dans le mouvement, s’en revendiquent. Comment expliquez-vous cela ? Est-ce que les militants ont honte de s’identifier avec une tradition intellectuelle ou sont-ils plutôt logiques avec la croyance que toute émancipation demande l’émancipation par rapport à toutes les étiquettes ?
HZ: Le terme d’anarchisme est devenu associé avec deux phénomènes avec lesquels les vrais anarchistes ne veulent pas être associés. L’un est la violence, et l’autre le désordre ou le chaos. La conception populaire de l’anarchisme est d’un côté les attentats à la bombe et de l’autre, pas de lois, pas de règlements, pas de discipline, chacun fait ce qu’il veut, la confusion, etc. C’est pourquoi certains répugnent à utiliser le terme d’anarchisme. Mais en réalité, les idées de l’anarchisme sont incorporées d’après la manière avec laquelle les mouvements des années 1960 ont commencé à y réfléchir.
Je pense que le meilleur exemple en est le Student Nonviolent Coordinating Committee—SNCC dans le mouvement pour les droits civiques. Le SNCC, sans rien connaître de l’anarchisme comme philosophie, en incarnait les caractéristiques. Il était décentralisé. D’autres organisations pour les droits civiques, comme la Southern Christian Leadership Conference, étaient centralisées avec un dirigeant —Martin Luther King. La National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) était basée à New York, et avait aussi un genre d’organisation centralisée. Le SNCC, quant à lui, était totalement décentralisé. Il avait ce qu’ils appelaient des secrétaires de terrain [field secretaries], qui travaillaient dans des petites villes partout dans le Sud, avec une grande autonomie. Il avait un siège à Atlanta, en Géorgie, mais ce siège n’avait pas une forte autorité centrale. Les personnes qui travaillaient sur le terrain—en Alabama, en Géorgie, en Louisiane et dans le Mississippi—travaillaient principalement de façon autonome. Ils travaillaient avec les gens du cru, de la base. Et donc il n’y avait pas de dirigeants au SNCC, ainsi qu’une grande méfiance envers le gouvernement.
Ils ne pouvaient pas compter sur le gouvernement pour les aider, les soutenir, même si le gouvernement de l’époque, au début des années 1960, était considéré comme étant progressiste, libéral. John F. Kennedy particulièrement. Mais ils ont observé John F. Kennedy, ils ont vu comment il se comportait. John F. Kennedy ne soutenait pas le mouvement dans le Sud pour l’égalité des droits des afro-américains. Il nommait des juges favorables à la ségrégation dans le Sud, il laissait les ségrégationnistes faire ce qu’ils voulaient. Donc le SNCC était décentralisé, sans dirigeant , anti-gouvernement, mais il n’avait pas une vision de la société future comme les anarchistes. Il ne pensait pas à long terme, ne se demandait pas quelle société construire dans l’avenir. Il était seulement concentré sur le problème immédiat de la ségrégation raciale. Mais leur attitude, leur façon de travailler s’inscrivaient, peut-on dire, dans la lignée anarchiste.

ZV: Pensez-vous que l’utilisation péjorative du terme anarchisme est la conséquence directe du fait que l’idée que les gens pourraient être libres a effrayé et effraie ceux au pouvoir ?
HZ: Sans aucun doute! Il ne fait aucun doute que les idées anarchistes effraient ceux qui sont au pouvoir. Ils ne peuvent pas tolérer les idées libertaires. Ils peuvent tolérer les idées qui souhaitent des réformes mais ils ne peuvent tolérer l’idée qu’il n’y aura pas d’état, pas d’autorité centrale. Il est donc vital pour eux de ridiculiser l’idée d’anarchisme, pour créer cette impression de l’anarchisme comme synonyme de violence et de chaos. Cela leur est utile, oui.

ZV: En sciences politiques, il est possible d’identifier analytiquement deux principales conceptions de l’ anarchisme —l’une dénommée anarchisme collectiviste limitée à l’Europe et un anarchisme individualiste limité aux USA. Êtes -vous d’accord avec cette distinction ?
HZ: Selon moi, il s’agit d’une séparation artificielle. Comme c’est si souvent le cas , les analystes se facilitent les choses, comme créer des catégories et lasser les mouvements en catégories, mais je ne pense pas que l’on puisse procéder ainsi. Ici aux États-Unis, il y a bien sûr des gens qui croient à l’anarchisme individualiste, mais il y a eu aussi des anarchistes organisés à Chicago dans les années 1880 ou au SNCC. Je pense que dans les deux cas, en Europe et aux États-Unis, on peut trouver les deux conceptions, sauf que, en Europe peut-être, l’idée d’anarcho-syndicalisme est devenue plus forte qu’aux USA . Bien que, aux États-Unis, vous avez l’ IWW, qui est une organisation anarcho-syndicaliste et certainement pas en phase avec l’anarchisme individualiste.

ZV: Quelle est votre opinion au sujet du « dilemme » sur les moyens—révolution contre évolution sociale et culturelle?
HZ: Je pense qu’il y a plusieurs questions ici. L’une d’entre elles est la question de la violence, et je pense que sur ce sujet, les anarchistes n’ont pas été d’accord. Ici, aux États-Unis, il y a divergence et cette différence, nous la retrouvons au sein d’une seule et même personne. Emma Goldman, qui, pourrait-on dire, a mis l’anarchisme au premier plan aux USA dans les année 1960, après sa mort, et qui est devenu subitement un personnage important. Mais Emma Goldman s’était prononcée en faveur de l’assassinat de Henry Clay Frick,puis a décidé ensuite que cela n’était pas la bonne manière de procéder. Son ami et camarade, Alexander Berkman, lui, n’a pas totalement abandonné l’idée de violence. D’un autre côté, vous avez des gens qui étaient anarchistes d’une certaine façon, comme Tolstoï et Gandhi, qui croyaient en la non-violence.
Il existe une caractéristique fondamentale de l’anarchisme sur la question des moyens et ce principe central est l’action directe—de ne pas entrer dans les moules que vous offrent la société, celui d’un gouvernement représentatif, des élections, de la législation, mais de prendre directement le pouvoir. Dans le cas de syndicats, d’anarcho-syndicalisme, cela signifie que les ouvriers se mettent en grève, et plus que cela, qu’ils mettent la main sur les usines dans lesquelles ils travaillent et les dirigent. Qu’est-ce que l’ action directe? Dans le Sud, lorsque les afro-américains se furent organisés contre la ségrégation raciale, ils n’ont pas attendus que le gouvernement leur donne le signal, ou ne se sont pas contentés d’intenter des procès, ou n’ont pas attendu que le Congrès vote des lois. Ils ont pratiqué l’action directe; ils se sont rendus dans des restaurants, où ils se sont assis et n’ont pas bougé. Ils sont montés dans des bus et ont mis en pratique la situation qu’ils voulaient voir exister.
Bien sûr, la grève est toujours une forme d’action directe. Dans le cadre d’une grève aussi, vous ne demandez pas au gouvernement de vous donner satisfaction en votant une loi, vous entreprenez une action directe contre l’employeur. L’idée d’action directe contre la situation que vous voulez changer est une sorte de dénominateur commun pour les idéaux et les mouvements anarchistes . Je pense que l’un des principes le plus important de l’anarchisme est qu’il est impossible de séparer la fin des moyens. Cela veut dire que si votre objectif est une société égalitaire, vous devez utiliser des moyens égalitaires, si il est une société non-violente sans guerre, vous ne pouvez pas utiliser la guerre comme moyen. Je pense que l’anarchisme demande une cohérence entre la fin et les moyens . Que c’est, en fait, une des caractéristiques distinctives de l’anarchisme.

ZV: A une occasion, quelqu’un a demandé à Noam Chomsky quelle était sa vision précise d’une société anarchiste et son plan très précis pour y parvenir. Il a répondu que “nous ne pouvons pas prévoir les problèmes qui se poseront avant que de les avoir rencontrés” Pensez-vous aussi que trop d’intellectuels gaspillent leur énergie dans des disputes théoriques au sujet des moyens et des fins nécessaires, sans même commencer à “expérimenter” une pratique?
HZ: Je pense que cela vaut la peine de présenter des idées, comme Michael Albert l’a fait avec Parecon, par exemple, même si vous gardez une flexibilité. Nous ne pouvons pas créer un modèle pour une société future maintenant, mais je pense qu’il est souhaitable d’y penser. Je pense qu’il est bon d’avoir un objectif à l’esprit. C’est constructif, utile, c’est sain de penser à quoi cette société pourrait ressembler, parce que cela vous guide un peu dans ce que vous faites aujourd’hui, mais seulement si ces discussions au sujet de la société future ne deviennent pas des obstacles pour travailler à l’élaboration de celle-ci . Sinon, vous pouvez passer tout votre temps à débattre d’une possibilité utopique contre une autre possibilité utopique, et pendant ce temps, vous n’agissez pas de façon à les rendre plus concrètes.

ZV: Dans votre « A People’s History of the United States » vous montrez que notre liberté, nos droits, notre qualité de vie, etc., ne nous ont jamais été donné par la minorité riche et influente mais qu’ils ont toujours été gagnés de haute lutte par les gens ordinaires—par la désobéissance civile. Quel serait, à cet égard, nos prochains pas vers un monde différent, meilleur?
HZ: Je pense que le premier pas est de nous organiser et de protester contre l’ordre existant—contre la guerre, contre l’exploitation économique et sexuelle, contre le racisme, etc. Mais nous organiser de façon à ce que nos fins correspondent aux moyens , de façon à créer le type de relations humaines qui existeraient dans la société future. Cela signifie s’organiser sans autorité centrale, sans leader charismatique,de façon à reproduire en miniature l’idéal de la future société égalitaire. Ainsi, même si vous n’obtenez pas quelque victoire demain ou l’année suivante, vous avez au moins créé un modèle pendant ce temps. Vous avez mis en pratique comment pourrait être la société future et vous avez créé une satisfaction immédiate, même si vous n’avez pas atteint votre but ultime

ZV: Quelle est votre opinion sur les différentes tentatives pour prouver scientifiquement l’hypothèse ontologique de Bakounine selon laquelle les êtres humains ont un“instinct de liberté”, et non seulement une volonté pais un besoin biologique ?
HZ: Je crois vraiment en cette idée mais je pense qu’elle ne pourra jamais être prouvée biologiquement. Il faudrait trouver un gêne de la liberté ? Non. Je pense qu’un autre chemin possible est de passer par l’histoire du comportement humain. Elle montre ce désir de liberté, que chaque fois que des peuples ont vécu sous la tyrannie, ils se sont révoltés contre.


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