Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede stratos » 24 Fév 2017, 17:49

Christine a écrit:Et sinon, à chacune de tes interventions, je me demande (et j'en profite pour demander aux modos) pourquoi tu es autorisé sur ce forum, pour l'animation ?


abel chemoul sur ce forum pour l'animation ? Sans doute !

/.
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede bipbip » 03 Mar 2017, 19:26

Liège mercredi 8 Mars 2017

Conférence Sexistes les syndicats?

à 19h30, Beau-Mur, Rue du Beau-Mur 48-50, 4030 Liège (Grivegnée)

Rencontre avec Gwendoline Gillard

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Quelle place pour les femmes dans les milieux syndicaux et militants?

Si aujourd'hui l'on peut affirmer que les hommes et les femmes sont légalement égaux en droit, cela s'avère erroné de déclarer qu'il en est de même dans les faits et dans la mise en pratique. Si les femmes ont réussi à obtenir plus de droits, c'est à force de luttes et de combats acharnés qui persistent toujours à l'heure actuelle. En effet, si le rôle de la femme dans la société fut par le passé remis en question, force est de constater que nous vivons toujours dans des systèmes profondément inégalitaires et phallocrates.

Dans ce contexte, les organisations syndicales, en tant qu'acteurs militants en faveur d'une justice sociale, conservent-elles des modes de fonctionnement patriarcaux ? Parviennent-elles au contraire à s'émanciper de la domination masculine omniprésente ? Quelle(s) priorité(s) les organisations syndicales donnent-elles aux revendications pour l'égalité des groupes sexués ? Quelle place les organisations syndicales accordent-elles à leurs membres féminins ?

https://liege.demosphere.eu/rv/4809
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede abel chemoul » 07 Mar 2017, 18:19

ahlàlà! ça s'envenime entre AL et la CNT! réponse de la CNT Lorraine à l'exclusion de edit admin nom enlevé.
Vu le tour que prend le truc, vous croyez pas qu'il faudrait même rendre public les témoignages à charge et à décharge (si AL en a, vu que le com' dit que c'est passé à la trappe), histoire que chacun se fasse un avis?

Communiqué du syndicat Santé Social Collectivités Territoriales de Lorraine CNT, suite à l’accusation de viol concernant l’un de ses adhérents, edit admin nom enlevé,

Suite à la communication publique d’Alternative Libertaire, informant le grand public d’une accusation de viol à l’égard d’un militant de notre syndicat, le syndicat SSCT Lorraine CNT tient tout d’abord à dénoncer avec véhémence la tentative de déstabilisation de notre syndicat et l’offensive politique que constitue cette communication à l’égard de la CNT.

En effet, nous tenons à préciser qu’AL, qui a bien eu confirmation officielle que notre syndicat avait été saisi de cette accusation, et à qui le Bureau Confédéral de la CNT a précisément expliqué les formes et le calendrier de notre procédure interne, a fait le choix de ne pas laisser notre syndicat mener sa réflexion sur ces accusations, et a préféré lui mettre publiquement le couteau sous la gorge par le biais d’une injonction à l’exclusion de notre adhérent.

À ce titre nous rappelons à Alternative Libertaire que notre syndicat a toujours défendu son autonomie, et son indépendance vis à vis de toutes organisations politiques et qu’il ne tolèrera pas, alors même que nos organisations respectives avaient ouvertes une discussion au sujet de cette affaire - dans le cadre de laquelle Alternative Libertaire a toujours refusé de transmettre à la CNT les éléments d’accusation à l’encontre de son adhérent - cette tentative de mise sous pression d’Alternative Libertaire qui fait aujourd’hui, comme nous pouvons le constater sur la toile, le bonheur des organisations fascistes.

Ensuite, nous tenons à condamner avec la plus grande des fermetés, la vision moyenâgeuse de la justice que semble soutenir Alternative Libertaire. En effet quand bien même notre adhérent accusé s’avèrerait coupable de viol, nous trouvons que cette pratique de la diffusion publique de son identité marquée d’infamie et de son lieu de résidence est digne des pires pratiques de l’Ancien Régime et ne relève en rien d’une vision humaniste de notre société. Bien au contraire, notre syndicat estime que cette pratique de la diffusion publique de l’identité d’un criminel potentiel s’apparente plutôt aux réflexions auxquelles nous avaient jusqu’ici habituées l’extrême droite et la droite conservatrice, et qui rêvent d’un retour à la peine de mort. A minima, cette communication publique par Alternative Libertaire de l’identité de l’accusé constitue, et cela de manière très concrète, a minima la mort social de l’accusé, si ce n’est un appel au suicide, voir un appel aux représailles.

Par ailleurs et sur le fond de cette affaire, notre syndicat tient à informer l’ensemble du milieu, qu’il a mis en œuvre une procédure de recueil d’éléments à charge et décharge à l’égard de son adhérent. Procédure qui a permis de mettre en lumière que :

Il n’existait dans cette affaire aucun élément matériel et que l’accusation repose sur la parole de la victime supposée et sur des témoignages anonymes transmis par des adhérents d’Alternative Libertaire à une commission non mixte constituée pour l’occasion. Qu’en outre aucune plainte n’avait été déposée par la victime supposée malgré le fait que depuis les premiers jours de l’accusation, l’accusé se déclare se tenir à l’entière disposition de la police et de la justice.
Il existait néanmoins plusieurs témoins factuels à décharge, dont nous disposons de l’identité et qui ont été auditionnés par notre syndicat, et qui contredisent formellement certaines des déclarations de l’accusation et des témoins à charge. Que ces témoins ont subis des pressions odieuses de la part d’Alternative Libertaire (demandes de modifications de leurs témoignages, injonctions à soutenir la victime supposée). Que les déclarations de ces témoins à la commission non mixte d’AL n’ont pas été retranscrites dans le rapport d’instruction interne à AL et n’avaient donc pas été portés à la connaissance des adhérent·es d’Alternative Libertaire qui ont voté·es son exclusion. Que ces mêmes témoins ont souligné ce fait précis dans un courrier adressé au Secrétariat fédéral d’AL pour s’en étonner : courrier qui, lui non plus, n’a pas été porté à la connaissance des adhérent·es qui ont voté·es son exclusion de l’organisation.
Lors de son audition par la commission non mixte d’AL, notre adhérent n’a pu disposer de défenseur, avait été sommé de présenter sa défense sans même qu’on lui présente les faits qui lui étaient reprochés. Que les éléments de défense qu’il a formulé devant cette commission n’ont pas été retranscrits dans le rapport d’instruction interne à AL et n’avaient donc pas été portés à la connaissance des adhérent·es d’Alternative Libertaire qui ont voté son exclusion. Ce qui est également le cas des éléments de défense que l’accusé a pourtant fait parvenir par écrit à la même commission.
Que dès l’enclenchent de sa procédure interne, AL avait officiellement considéré, conformément à ces statuts, l’accusé comme coupable, et assuré le fait que tous les éléments qui pourraient éventuellement remettre en cause la version présentée par la victime supposée seraient de fait considérés comme irrecevables. Que la mobilisation de tels éléments de défense seraient de fait l’illustration de la culpabilité de l’accusé. Ainsi, dans le cadre de sa procédure, AL n’a jamais cherché à analyser objectivement ni le propos de l’accusation, ni celui de la défense et a donc demandé à ses adhérent·es de voter l’exclusion de l’accusé sur la base d’un rapport totalement orienté à charge.
Que le contexte de formulation de l’accusation ainsi que les voix qui ont été employées pour que celle-ci parviennent à la CNT sont entourées d’éléments plus que troublants, liés non seulement à un affrontement idéologique et politique propre aux organisations Alternative Libertaire et CNT, mais également à des règlements de comptes inter-individuels.

Aussi, au regard de l’ensemble des éléments, factuels comme contextuels que notre syndicat a pu récolter, les conclusions de notre procédure interne pour accusation de viol sont claires :

L’accusation de viol portée à l’encontre de son adhérent repose sur des déclarations de la victime supposée absolument invérifiables et sur des témoignages anonymes, qu’AL refuse de nous transmettre, et qui sont contredit par des témoins factuel·les et identifié·es que nous avons pu recevoir.
Que les éléments à décharge, bien qu’ils restent concrètement invérifiables, semblent cohérents au regard des témoignages actuels dont nous disposons.
Qu’au regard des éléments dont il dispose, et ne disposant pas de moyens d’investigations supplémentaires, notre syndicat est totalement incompétent pour se prononcer sur la culpabilité ou l’innocence de son adhérent.
Que les présomptions formulées à l’égard de notre adhérent ne sont pas suffisamment étayées ou crédibles pour qu’elles puissent conduire à son exclusion.

Au regard de cette décision, notre syndicat, profondément attaché aux valeurs du féminisme et de l’antisexisme, rappelle que les militant.es de ces causes se sont historiquement battues pour que leur parole soit prise en compte par la justice. Aussi, nous considérons qu’il est du devoir de toute organisation politique ou syndicale qui se déclare de ces luttes et consciente de la difficulté que peut éprouver une femme à porter plainte pour viol, d’épauler celle-ci dans ces démarches. Nous précisions à ce titre que notre syndicat tiendra à disposition de la justice l’ensemble des éléments dont il dispose - qu’ils soient à charge ou à décharge - en cas de dépôt de plainte de la victime supposée, et qu’il proposera à la CNT, sur le plan national de prendre les dispositions nécessaires pour que la plaignante puisse être épaulée dans le cadre d’une éventuelle démarche judiciaire.

Finalement, nous tenons à rappeler à Alternative Libertaire qu’elle n’est en rien ni garante ni dépositaire d’un positionnement féministe et que, plutôt que de faire la leçon à la CNT sur comment elle doit traiter une accusation de viol, ferait mieux d’appliquer à elle-même ses propres préceptes et de laver avant tout son propre linge. Alors qu’à l’écriture de ce communiqué, nous imaginons déjà les attaques politiques qu’AL formulera à notre encontre ces prochains jours, nous tenons à rappeler à cette organisation politique qu’elle a elle-même, il n’y a pas si longtemps, décidé de blanchir deux de ses adhérents, eux aussi accusés de viols, en raison du manque d’éléments dont elle disposait alors pour démontrer leur culpabilité. Que ces deux adhérents alors accusés de viol sont bel et bien toujours membres, et animateurs de groupes locaux d’Alternative Libertaire. Aussi, nous refusons catégoriquement que l’organisation politique qu’est Alternative Libertaire cherche aujourd’hui à se racheter une crédibilité aux yeux du mouvement antisexiste, mais aussi aux yeux de tendances internes qui la composent, sur le dos de la CNT.

Au regard, non pas du fond de l’affaire concernant l’adhérent, mais de l’attitude politique d’Alternative Libertaire à notre égard, notre syndicat, SSCT Lorraine CNT, rompt immédiatement toute relation inter organisation avec Alternative Libertaire.

Nous précisons finalement, à toute fins utiles que l’ensemble des décisions prises par notre syndicat concernant son adhérent, ainsi que ce présent communiqué, n’engagent exclusivement que le syndicat SSCT Lorraine et non la CNT. Que notre décision de non exclusion, tout comme nos prises de positions externes vis à vis d’Alternative Libertaire seront prochainement débattu par la CNT au niveau Confédéral.
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede Pïérô » 07 Mar 2017, 20:36

En fait depuis le début tu te situes sur le même plan : celui du déni.
Pour rappel il a été exclus d'AL avec 98% des voix exprimées (très nombreuses). A partir de là parler de volonté de lui nuire sans aucun griefs pose un vrai problème, car déjà il n'y avait pas auparavant matière à être dans ce qu'il appelle "un coup tordus", et que c'est la parole de la victime qui serait mise en doute, ce qui dans un contexte de viol interroge l'éthique des "militants" dont tu sembles faire partie.
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede Fred1 » 08 Mar 2017, 06:36

Pïérô a écrit:En fait depuis le début tu te situes sur le même plan : celui du déni.
Pour rappel il a été exclus d'AL avec 98% des voix exprimées (très nombreuses). A partir de là parler de volonté de lui nuire sans aucun griefs pose un vrai problème, car déjà il n'y avait pas auparavant matière à être dans ce qu'il appelle "un coup tordus", et que c'est la parole de la victime qui serait mise en doute, ce qui dans un contexte de viol interroge l'éthique des "militants" dont tu sembles faire partie.


Je croie que c'est plus le comportement de AL qui est reprocher, a partir de la on peut s'interroger non pas sur la parole de la victime, mais sur la méthode employer par AL des avis des autres organisations.

Il y a un dénie incontestable de la paroles des victimes généralement, les compétence des organisation pour prendre des mesures d'exclusion sont limité a l'organisation, et en absence d'aveux ou de témoins direct, c'est parole contre parole.

J'aurait surement voté son exclusion si j'avait du me prononcer, le coup de pression de la CNT pour défendre son membre, en accusent AL d'un coups tordu n'est pas très fin, ils on pas de preuve du coup, c'est forcément un coup tordu puisque l’extrême droit s'en est emparé.
Du dénis a la parano, c'est le lot de tout ceux qui ose dénoncer leur agresseur.
Par principe les organisation dénonce le dénis de la parole des victimes, c'est absolument inapplicable quant c'est un membre de son organisation?

En tout les cas c'est interrogent les réaction qui ne diffère pas des réalité en entreprise ou ailleurs.

Sérieux on parle d'un viol la?
Nous n’avons pas peur des ruines. Nous sommes capables de bâtir aussi.

Buenaventura Durruti
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede Guillaume93 » 11 Mar 2017, 01:11

Le communiqué de ce syndicat CNT de Moselle est regrettable. Il est sous-tendu par des fantasmes complotistes... Et ce n'est pas aider edit admin prénom enlevé, que de l'encourager dans le déni.

Mais bon.

Juste un mot sur un passage passablement mensonger:

nous tenons à rappeler à cette organisation politique qu’elle a elle-même, il n’y a pas si longtemps, décidé de blanchir deux de ses adhérents, eux aussi accusés de viols, en raison du manque d’éléments dont elle disposait alors pour démontrer leur culpabilité. Que ces deux adhérents alors accusés de viol sont bel et bien toujours membres, et animateurs de groupes locaux d’Alternative Libertaire.


Ce passage fait référence à une procédure au sein d'AL il y a une dizaine d'années. Elle impliquait deux militants pour des faits différents, mais en aucun cas pour viol. Et ils n'ont pas été "blanchis".

En janvier 2007, dans la même ville, un militant d’AL a été accusé d’agression sexuelle, et un autre de harcèlement machiste.
A l’époque, Alternative libertaire n’en était pas au stade actuel de sa réflexion antipatriarcale et ne disposait pas de procédure statutaire pour traiter une telle accusation. L’organisation a donc élaboré une méthode, validée collectivement.
Les deux militants ont été suspendus de l’organisation pour la durée de l’enquête. Une commission d’enquête (mixte, à l’époque) a été désignée. Elle a auditionné les différentes parties.
Concernant l’agression sexuelle, le militant incriminé a reconnu les faits mais pas leur intentionnalité, et a exprimé ses regrets. Sur proposition de la commission d’audition, après probation, il a été réintégré par la coordination fédérale d’AL de mai 2007. Il a quitté AL courant 2012.
Concernant le harcèlement machiste, l’autre militant a récusé le terme de « harcèlement », mais a exprimé des regrets pour son attitude, la façon dont elle avait pu être ressentie, et s’est engagé à corriger le tir. Sur proposition de la commission d’audition, après probation, il a été réintégré par la coordination fédérale d’AL de mai 2007.
Après quoi le dossier a été clos. C’était la première fois qu’Alternative libertaire était confrontée, collectivement, à une telle affaire. Cette expérience a, par la suite, inspiré la procédure adoptée au congrès de mai 2015.

Voilà tout. La référence est ici: http://www.alternativelibertaire.org/?XIIe-Congres-d-AL-Un-moment
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede bipbip » 04 Avr 2017, 09:54

Retour sur une agression sexiste en milieu militant

La CNT protège-t-elle les violeurs ?
Retour sur une nouvelle agression sexiste en milieu militant


On savait la CNT plus attachée à un esthétisme et un folklore virilistes qu'à une réelle implication dans des combats féministes. Oh, bien sûr, comme toute organisation révolutionnaire de gauche, elle se revendique certainement « antisexiste » et doit se fendre chaque année autour du 8 mars, d'un communiqué, voire même peut-être d'un dossier spécial dans leur feuille de choux, que le bureau confédéral, dans sa grande mansuètude, a laissé écrire aux authentiques et courageuses féministes de l'organisation (on ne doute pas qu'il y en ait et on leur adresse un salut amical).

Mais l'affaire qui agite la confédération en ce moment dépasse ce triste constat.

Dans un communiqué publié sur le site de la confédération, le syndicat CNT Santé Social de Lorraine s'offusque d'une communication publique d'Alternative Libertaire mettant en cause un de leur adhérent (qui a la double étiquette AL – CNT) dans une affaire de viol.

Et oui, un de plus dans le merveilleux monde militant si prompt à dénoncer tout les systèmes d'oppression quel qu'ils soient... Sauf les actes de leurs militants...

La meilleure défense étant l'attaque, plutôt que d'agir contre ce militant, bien connu par ailleurs pour son sexisme, la CNT Lorraine crie au scandale, au « complot politique », à « la tentative de déstabilisation »... On croit rêver...

http://www.cnt-f.org/ssct-lorraine-comm ... resse.html

Encore plus déplorable, ils en appellent aux principes féministes pour encourager la victime... à porter plainte. Vous avez bien entendu. Eux qui « n'ont de leçon de féminisme à recevoir de personne » (c'est bien dommage !!!) disent quoi faire à la victime en l'incitant fortement à porter plainte et s'en remettent aveuglément à la justice bourgeoise et sexiste. Comment une orga qui se prétend antisexiste peut à ce point faire fi des réalités de la justice quand il s'agit d'affaires de viol. Comment une orga. prétendument révolutionnaire devient soudainement la courroie de transmission des juges ??

Alors qu'AL a suspendu son adhérent dès le mois de novembre, la CNT n'a pas jugé bon de l'écarter du syndicat, au détriment des plus évidentes mesures de protection vis-à-vis de victimes d'agressions (avérées ou non, là n'est pas la question).

Ensuite, la CNT renvoie systématiquement au principe de « présomption d'innocence » pour justifier sa décision de garder en son sein ce militant. On croirait entendre l'équipe de campagne de FILLON. Faire appel à ce concept est ridicule de la part d'une organisation qui prétend défendre les opprimé-e-s contre leurs oppresseurs.

En lisant leur argumentaire, on ne sait plus s'il s'agit de bêtise (tragique), de mauvaise foi, de cynisme et de foutage de gueule, mais on comprend l'agitation qui s'empare de la confédération. Car au-delà du syndicat de Lorraine, d'autres ont apporté ouvertement leur soutien à la démarche de maintien du militant dans les rangs de la CNT et au syndicat de Lorraine (sur les réseaux sociaux, dans les justifications qui leur sont demandés au détour d'une manif...). Réflexes masculinistes de solidarité et contre les attaques des féministes-qui-ne-comprennent-rien. Les syndicats CNT de Paris sont encore les premiers à dégainer en défense d'un agresseur.

Triste constat, rien ne change... 'pas faute de les avoir déjà épinglé sur un sexisme récurrent au sein du syndicat... La vieille garde a encore de beaux jours devant elle.

Certains syndicats de la conf' semblent ouvrir leur gueule, est-ce que cela suffira à obtenir une clarification sur les positions de la confédération ou continuera-t-elle à tempérer la température en enfouissant ces odieuses pratiques sous le tapis, comme elle semble le faire actuellement ?

Jérôme, ex-sympathisant parisien désabusé par le sexisme à la CNT.


https://nantes.indymedia.org/articles/37336
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede Lila » 09 Avr 2017, 20:58

Commentaire sur le site qui semble émaner d'une parole interne

Quand tu veux on peux voir que la CNT à un fonctionnement non démocratique, non autogestionnaire.
Une bande de bureaucrates autoritaire n'appliquant les statuts que qquand ça les arrange !

Des réunions secrètes, des prises de décisions en amont.
Elle est belle la CNT !

Avec des positions aussi gerbante que santé social Lorraine, sipmcs, educ94.

Protéger un violeur est une position confédérale puisque seul le communiqué de Metz a pu être publié sur le site conf...

"Avancer dans nos pratiques anti autoritaire" déjà faut avancer tout court dans des pratiques et réflexions.

Quand on met en avant que la victime a bu, pris de la drogue, pris des médocs. Bah les flics me disent pas mieux !
Après on va nous parler justice lol.

Comment on milite avec des personnes qui trouvent que le féminisme est secondaire ? Ah oui quasiment un syndicat d'homme blanc cis valides !

Oep y a des camarades bien, ça ne représente pas une organisation.

Sinon la commission antisexiste, il a été demandé qu'on ferme notre bouche, que ça ne nous concernait pas !
Que la police eux avaient une vraie expertise, sic.

Merci indymefia Nantes qui assume de relayer les textes.
C'est tellement simple de faire silencier les femmes, victimes, survivantes avec les mêmes méthodes que la vie quotidienne !

Y a de quoi écrire un bouquin sur les pratiques, spécialement parisienne


https://nantes.indymedia.org/articles/3 ... ent-281020

Combien de départs et d'exclusions à ce jour à la CNT-f autour de la question du violeur et viol en milieu militant, en plus du couvercle scellé sur la marmité ?
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede Pïérô » 20 Avr 2017, 13:38

Cela bouge dans les lignes à la CNT-f, si la chappe de plomb ne saute pas, c'est la CNT-f qui va encore exploser.

Réflexions contre les agressions sexuelles et sur la lutte anti-sexiste au sein de le CNT

mercredi 19 avril 2017

Suite à l’affaire d’accusation de viol dont le SSCT Lorraine a été saisi, nous tenons tout d’abord à manifester toute notre solidarité avec la camarade victime de cette agression.

Ensuite nous voulons rappeler que, si la seule expression publique à été celle de ce syndicat, celle-ci n’engage que lui. Notre syndicat ne cautionne pas cette décision de maintenir l’adhérent au bénéfice du doute, ni la méthodologie mise en place.

Notre confédération se définit bel et bien comme antisexiste et se fait régulièrement le relais de luttes féministes pour l’égalité, contre le sexisme et le patriarcat. Ainsi, nombre de nos syndiqué·e·s participent activement à ces luttes. Ce positionnement politique ne saurait se contenter d’être une déclaration de principe et doit s’affirmer par une cohérence dans les actes.
C’est dans ce cadre que divers syndicats affiliés à la CNT ont engagé des réflexions sur la lutte contre les agressions sexuelles et le sexisme au sein de la CNT, dans l’idée de mettre en place un protocole confédéral (pour le moment inexistant) pour apporter une réponse collective à ces questions.

Au SINR 44, nous souhaitons assurer à tout·e·s nos camarades et à toute personne désirant nous rejoindre, que dans notre syndicat, nous veillons à ce que tout·e·s nos adhérent·e·s se sentent en sécurité, mais également à ce que nos adhérent·e·s ne menacent pas, par des attitudes violentes de domination (sexisme et en particulier agressions sexuelles, racisme, homophobie etc.) la sécurité d’individu·e·s faisant partie ou non du syndicat. D’ores et déjà, notre règlement intérieur prévoit un dispositif en cas d’agression et d’oppression d’une personne sur une autre, afin de pouvoir mieux protéger et prendre en compte les personnes victimes, mais également assurer un suivi aussi juste et bienveillant que possible des agresseur·euse·s.

Notre syndicat n’envisage pas de continuer à militer dans une confédération où la sécurité de tou·te·s n’est pas garantie, et en particulier où les femmes ne seraient pas en sécurité. Nous prendrons nos responsabilités selon les orientations décidées dans les temps à venir par la CNT sur ces questions.. Nous espérons que la CNT sortira grandie de cette affaire, en affirmant un réel positionnement féministe.


http://ulnantes.cnt-f.org/spip.php?article147
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede bipbip » 23 Avr 2017, 12:08

Lettre ouverte à B., militant lyonnais coupable de viols et d’agressions sexuelles
Lettre ouverte à B., militant d’extrême-gauche coupable de plusieurs viols et agressions sexuelles, exclu de son organisation politique suite à la révélation de ses crimes (par une lettre d’aveux, rapidement suivie d’une tentative de "réinterpréation" des faits…). Pour dire et redire le viol, pour se protéger, pour se libérer, pour que l’impunité de B. et de tous les autres agresseurs s’arrête ici.
... https://rebellyon.info/Lettre-ouverte-a ... tant-17707


Présentation du Caaf Lyon : Collectif d’autodéfense et d’action féministe
Face à nos agresseurs, autodéfense et action féministes ! Texte de présentation d’un collectif de meufs créé par nécessité de s’organiser face aux viols, aux agressions, aux violences sexistes, à l’isolement de leurs victimes et à l’impunité de leurs auteurs (aussi et notamment dans le "milieu" militant !).
... https://rebellyon.info/Presentation-du- ... if-d-17708
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede bipbip » 12 Mai 2017, 17:47

Bruxelles
le coiffeur alterno qui dépasse le consentement des meufs qu’il coiffe.

Au sujet de Ayoub, le coiffeur alterno qui dépasse le consentement des meufs qu’il coiffe.

Il s’appelle Ayoub, il est coiffeur au 123, à Communa, au Centre social Anarchiste et dans plein d’évènements alternatifs.

Ben voilà encore aujourd’hui un témoignage qui arrive à nos oreilles. Et c’était celui de trop.
Un abus de plus... Ca fait déjà plusieurs fois qu’on entend qu’il est très insistant avec les meufs qu’il coiffe, et ne respecte pas leur consentement. Il arrive avec des propositions de massage ou d’aller chez elles. Des personnes sont déjà allé lui parlé, il y a eu des avertissements, mais rien n’empêche qu’il continue.
On ne va pas rentrer dans les détails, et les personne concernées veulent se protéger, mais ce mec est dangereux et on veut le tricard de nos milieux, au moins jusqu’à ce qu’il ai entamé un vrai travail sur lui.

On a la rage d’entendre encore et toujours ce genre d’histoire. Il a dépassé les limites, il jarte.

On vous demande de ne pas mettre en doute notre parole, et de ne plus soutenir l’activité de ce mec.

Si d’autres personnes ont eu une sale expérience avec lui et veulent témoigner, vous pouvez nous écrire là : desmeufs@riseup.net

Des meufs vénères


http://bxl.indymedia.org/spip.php?article14241
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede Lila » 14 Mai 2017, 18:35

Stratégies de défense des agresseurs sexuels en milieu militant – et comment les combattre

Ceci est un texte collectif, issu de longues discussions entre militantes féministes d’organisations politiques et de collectifs différents, mais tous ancrés à l’extrême-gauche. Cela ne signifie aucunement que les situations décrites ne se produisent pas dans d’autres cadres. Mais certains ressorts ici exposés sont spécifiques à notre milieu, et il nous faut les exposer pour mieux les combattre.

Partie 1/3 : Définitions et formation

Les genres employés

Les genres utilisés dans ce texte seront le masculin pour les agresseurs, le féminin pour les victimes. Cela correspond aux statistiques : 9 victimes d’agressions sexuelles et de viols sur 10 sont des femmes, 99 % des agresseurs (on entendra ici l’auteur d’agression(s) sexuelle(s) et/ou de viol(s)) sont des hommes. On parlera ici d’hommes au sens d’hommes cisgenres.

Il ne s’agit pas d’invisibiliser les autres cas qui existent, mais de souligner un fait social, découlant du patriarcat.

Des schémas récurrents

Les stratégies décrites sont celles que nous avons pu observer de façon récurrente dans nos cadres collectifs, lorsqu’est rendue publique une agression sexuelle ou un viol. La récurrence frappante de ces schémas n’est pas un hasard : elle correspond à un comportement social d’agresseur. Le Collectif féministe contre le viol établit également des canevas de comportements et de défense d’agresseurs dans les cas de violences conjugales, de crimes contre des enfants, etc.

Aussi, même si tous les agresseurs ne suivent pas ces stratégies, les personnes qui le font sont très probablement des agresseurs. Consciemment ou non, ils mettent en place des schémas leur permettant l’impunité et la récidive – un agresseur agresse rarement une seule fois.

On pourra nous rétorquer que ces attitudes sont normales et spontanées, et qu’il est donc bien naturel de les retrouver largement. A ceci nous répondrons que nous avons vu des rares cas d’agresseurs réagissant correctement après avoir été confrontés par les victimes, ou après avoir pris connaissance des accusations à leur encontre.

Une réaction correcte c’est, pour commencer :
• reconnaître les faits,
• se remettre en question,
• réagir sans agressivité,
• se préoccuper du bien-être de la victime, demander de ses nouvelles, chercher à savoir ce qu’elle souhaite,
• éviter spontanément voire quitter définitivement les lieux et les cadres où la victime pourrait se trouver pour lui laisser sa liberté,
• ne pas la dénigrer,
• ne pas se chercher d’excuses, et au contraire lui en présenter.

Dans certains cas, cela va aussi avec la recherche de soins psychologiques pour ne plus reproduire ces comportements. Dans tous les cas, il s’agit de partir de ce que veut la victime, de se préoccuper de son état.

C’est là le trait caractéristique des agresseurs dont nous parlerons ici : l’absence d’empathie pour la victime. Ce trait, aisément repérable dans leur action, doit aussi alerter sur ce qu’il dit de la personnalité de l’agresseur, de la probabilité de véracité de l’accusation, et de sa capacité de récidive.

C’est donc aussi ce qui doit guider notre action. Le fil rouge, pour combattre les stratégies des agresseurs, doit être de respecter la volonté de la victime : ne pas en faire une croisade personnelle même si cela peut être frustrant ou rageant. Outre le fait que cela dépossèderait encore une fois la victime de sa capacité à choisir et à agir, c’est aussi un calcul à court terme : face à ce comportement les prochaines victimes, effrayées de perdre le contrôle, ne parleront pas.

Se former

Afin d’identifier correctement les stratégies des agresseurs, et pour les combattre correctement, il faut un bagage minimal.

Voici quelques éléments de base :

Vocabulaire et notions :
• Le vocabulaire : on parle de violences, pas d’abus (cela signifierait que c’est un excès, et non une agression), on n’”avoue” pas un viol, on ne “déclare” pas, on le rapporte. Les victimes ne produisent pas un “témoignage” mais “un récit des faits”, etc.
• Les termes de la loi : une agression sexuelle est “un acte à caractère sexuel sans pénétration commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise ». Un viol est « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. »
• Les mécanismes du traumatisme : notamment la sidération, qui provoque une incapacité à réagir, à se débattre, à protester. C’est un mécanisme de survie, très bien connu des psychologues. Il s’agit pour la victime de survivre, physiquement et psychologiquement, en “bloquant”, en faisant disjoncter ses neurones Cela peut notamment expliquer le très long temps avant de mettre en mots ce qui s’est passé, et cela explique largement qu’il puisse y avoir viols et agressions sexuelles sans que la victime ait dit ”non”.

Sur l’intentionnalité :
• La “zone grise” : découlant du paragraphe précédent, il arrive que l’agresseur, mais aussi, plus souvent, son entourage qui ne veut pas couper les ponts, dise qu’il y a “malentendu”, que la victime n’a pas clairement émis son désaccord, etc. A cela il faut une réponse ferme : quand on n’est pas sûr.e que la personne est consentante, on ne fait rien. De plus, violer quelqu’un prend du temps : les agresseurs ont en réalité très souvent les éléments pour se rendre compte que quelque chose cloche : la personne est inerte, tétanisée, répond de façon mécanique…
• Le portrait-robot de l’agresseur : même si la plupart des militant.e.s savent que la majorité des agressions et des viols sont le fait de proches (et non d’un inconnu dans une ruelle sombre) il apparaît toujours compliqué de faire comprendre que les agresseurs sont, la plupart du temps, des “braves types”, très souvent des dirigeants, des gens drôles, sympas… qu’il n’y a que rarement de signaux inquiétants, bref que les agresseurs sont des hommes “comme les autres”. C’est pourtant logique quand on sait que selon les études, c’est un homme sur 5 à un homme sur 3 qui reconnaît avoir violé ou pouvoir le faire, ou y trouve des excuses. Rapportez cela au nombre de militants autour de vous… sans compter que beaucoup en jouent pour pouvoir agresser en toute tranquillité, puisque personne ne croira qu’un mec aussi sympa, féministe, déconstruit, aurait fait une chose pareille !

Les fausses accusations :

Il s’agit ici de l’outil le plus efficace de la culture du viol dans laquelle nous vivons. Le mythe de la fausse accusation de viol fonctionne toujours très bien, y compris dans le milieu militant. Commençons par rappeler une notion très simple : dire qu’un agresseur est peut-être innocent, c’est dire que la victime est peut-être une menteuse.

Quand une victime rapporte l’agression sexuelle ou le viol qu’elle a subi, une dynamique extrêmement violente de mise en doute, de dénigrement, de harcèlement même se met en place de la part de l’agresseur et de ses soutiens (voir plus bas). Ainsi, personne n’a intérêt à dénoncer une fausse agression sexuelle, car la réponse est extrêmement brutale. C’est pourquoi l’écrasante majorité des agressions sexuelles et des viols ne sont pas du tout rapportés par les victimes. Il faut avoir en tête que personne ne dénonce « pour le plaisir », « légèrement », « sans se rendre compte de ce qu’elle fait ». La dénonciation d’un viol ou d’une agression sexuelle est souvent un processus long, un choix difficile. C’est pourquoi brandir l’argument des fausses accusations est si grave – et tellement infondé.

Si on n’a pas de chiffres en France, les études aux Etats-Unis par exemple font ressortir que les fausses accusations de viols seraient de l’ordre de 2 à 8% des plaintes déposées. Or si on observe l’accueil des accusations de viols dans le milieu militant, quasiment toutes – en tout cas une très large majorité – sont soupçonnées de fausseté. On se retrouve donc avec une inversion des chiffres : alors que peut-être 2 à 8% des accusations seraient fausses, c’est à peine le chiffre de celles qui sont crues.

Cela a des conséquences lourdes : si entre 92 et 98% des accusations sont fondées, comment penser qu’un cas de violences sexuelles peut être traité en écoutant les deux versions et en renvoyant dos à dos victime et violeur, en mettant la charge de la preuve sur la victime, en brandissant le principe de présomption d’innocence du violeur, ce qui mécaniquement implique une présomption de mensonge de la victime ? Si 92% à 98% des accusations sont fondées, la logique militante et féministe devrait bien être la présomption de véracité. C’est un principe central.

Enfin, il s’agit de réaliser la différence de conséquences entre une fausse accusation de viol et le refus de croire une victime de viol réelle. Une fausse accusation entraînera au maximum un relatif ostracisme social (de nombreuses personnes y compris militantes continuent à fréquenter des hommes convaincus de viol ou d’agression sexuelle, et on sait que ça n’a jamais ruiné une carrière….) et une exclusion des organisations dont l’accusé est membre. Cela est certainement difficile à vivre pour la rare minorité de personnes accusées faussement. Mais le risque à prendre, et qui est en pratique bien plus courant, en refusant de croire la victime, c’est également l’ostracisme social, le fait que la victime va quasiment toujours quitter d’elle-même les cadres (organisations, espaces…) que fréquente l’agresseur; mais c’est aussi une violence insoutenable, après avoir réussi à dénoncer l’agression ou le viol, que d’être publiquement estampillée comme menteuse, mythomane, qui a voulu briser la vie d’un homme, etc. De nombreuses victimes ne s’en remettront jamais, adopteront des comportements à risque, etc. Il n’y a pas de choix idéal, mais dans le doute, qui doit toujours profiter à la victime, les conséquences sont bien moins dramatiques pour un homme accusé que pour une femme qui n’est pas crue.

Par ailleurs, les organisations d’extrême-gauche luttent normalement pour la fin des oppressions en se mettant en principe du côté des personnes dominées dans différents systèmes. Ainsi elles se mettent du côté des travailleuses et travailleurs exploité.e.s, du côté des personnes victimes du racisme, du côté des femmes victimes du systèmes patriarcal. Se mettre du côté de la victime, c’est donc un acte résolument politique.


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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede Lila » 14 Mai 2017, 18:37

Partie 2/3 : Les stratégies des agresseurs

Encore une fois tous les agresseurs ne vont pas utiliser l’éventail complet de ces stratégies. Mais la plupart vont en utiliser la plus grande partie. Repérer ces stratégies est une première étape pour les dénoncer et les rendre moins efficaces.

Prendre le contrôle de la narration

La première chose que va faire un agresseur, et avec une rapidité qui en soit est déjà suspecte, c’est reprendre le contrôle de la narration. Parfois dès les faits et avant la dénonciation, en anticipant le risque de cette dernière, souvent dès qu’il en a connaissance. Il va solliciter tous ses soutiens, camarades, réseaux affinitaires, structures… le plus vite possible, en faisant circuler sa version des faits. Pour toucher le plus de monde possible, il écrira probablement très vite un texte qui passera sur les listes mails, voire sur des sites web (parfois même sur un site dédié). Il multipliera les entrevues, les publications sur les réseaux sociaux, il se rendra dans tous les cadres de sociabilité possibles, pour se montrer et se faire entendre. Bref, il prendra toute la place, et couvrira de son vacarme la version de la victime, souvent peu encline à donner publiquement des détails de son traumatisme. Et beaucoup de gens le laisseront faire ou l’assisteront, par confort, par amitié, pour ne pas remettre en question leurs propres pratiques ou leurs relations interpersonnelles.

L’offensive sexiste frontale

L’agresseur, et ses proches vont le plus souvent jouer une partition très classique qui consiste à décrédibiliser la victime. Selon l’auditoire et la réception des arguments, illes pourront développer les axes qui fonctionnent le mieux : du slut-shaming de base (mettre en avant la vie sexuelle de la victime, construire une image de nympho, de meuf disponible sexuellement), à la psychophobie sexiste élémentaire (la personnalité, les antécédents psychologiques voire psychiatriques seront mis en lumière pour qualifier la victime d’instable, d’hystérique, de mythomane…)

Le temps écoulé, les désaccords autres qui peuvent avoir eu lieu (politiques, ruptures, jalousies…) ou à l’inverse les relations apparemment courtoises avant la dénonciation, seront instrumentalisés pour saper le fond de l’accusation, et distraire l’audience des simples faits rapportés.

Faire du bruit, noyer le poisson en saturant la narration d’éléments parasites permettra à l’agresseur de semer le doute dans de nombreux esprits, alors qu’étudié séparément, aucun élément ne serait en lui-même suffisant – ainsi la fragilité psychologique surexpose en réalité aux agressions sexuelles et aux viols : parler des antécédents psychologiques ou psychiatriques pourrait donc être un élément de conviction, qui rend plus probable encore l’agression. De la même façon les agressions et les viols peuvent être motivés par une volonté de vengeance (car un viol relève de la violence et de la domination), ce qui est cohérent avec des désaccords antérieurs. Même les liens sociaux corrects ne peuvent être un argument : sinon autant invalider la notion même de viol conjugal au sein des couples, qui restent malgré tout ensemble. De plus, il faut dans ces cas-là examiner la contrainte qui s’est exercée sur la victime : l’agresseur était-il un dirigeant ? un compagnon ? une personnalité publique ? le dénoncer impliquait-il de « foutre la merde » dans un groupe affinitaire ? On le voit les arguments peuvent être aisément démontés. Ils n’en restent pas moins efficaces, car ils font perdre du temps et de l’énergie à la victime et à ses proches.

A défaut de pouvoir s’en prendre à la victime, ou simultanément, l’agresseur et ses proches pourront également se livrer à des attaques contre son entourage. Les féministes qui soutiennent la victime seront ainsi montrées du doigt, le plus souvent comme vengeresses assoiffées de sang, tellement obsédées par le patriarcat qu’elles en arrivent à croire n’importe quoi pour s’attaquer à des hommes cis. L’objectif est d’isoler la victime, en contraignant les féministes de son entourage à répondre à des attaques sur elles-mêmes (parfois des attaques très personnelles), et en détournant leur attention. Il est aussi de silencier la victime, car si aucune de ses camarades n’est considérée comme légitime à être sa porte-voix, elle devrait monter au créneau toute seule (ce qui est la plupart du temps insurmontable pour les victimes).

Les arguments politiques

De façon particulière à notre milieu, l’agresseur tente souvent d’allumer des contre-feux basés sur des arguments politiques. Il s’agit comme toujours de brouiller les pistes, en esquivant la question des faits, et en ramenant l’agression, sa dénonciation et ses conséquences, à un débat théorique.

C’est là qu’on verra brandir le mythique « politiquement correct », la « présomption d’innocence » et les « fausses accusations majoritaires » (voir plus haut). Le « politiquement correct » serait le fait de ne pas pouvoir interroger la parole des victimes. Pour avoir réellement entendu cet argument à plusieurs reprises, on en vient à rêver de vivre dans le monde où se croient les agresseurs. La réalité c’est que nous vivons dans une culture du viol, que la plupart des affaires font l’objet d’un refus de prendre la plainte, ou d’un refus d’ouvrir une enquête, ou d’un non-lieu, ou requalifiées, au point qu’un pourcentage infime d’agresseurs – et en particulier de violeurs sont réellement condamnés. Dans le milieu militant, elles sont mises sous le tapis, étouffées « pour le bien de l’organisation », parce que ça donnerait une mauvaise image, parce que, souvent, les agresseurs sont des dirigeants ou des figures publiques, les victimes sont invitées à se taire ou à quitter leurs cadres et espaces militants, et personne ne se soucie de savoir ce qu’elles deviennent lorsqu’enfin elles disparaissent du paysage et avec elles « les rumeurs » vaguement dérangeantes… mais pas trop.

Dans les autres arguments politiques souvent mis en avant, on trouve le « procès politique » : les accusations de violences seraient un mensonge, pour déstabiliser ou écarter un militant innocent qui gênerait politiquement (le fait que ce soit la ligne de défense de quasiment tous les agresseurs dirigeants ou personnalités publiques n’a pas l’air de faire sourciller, cf. DSK, Baupin). De fait, les victimes vont souvent se retrouver soutenues, de façon opportuniste, par les opposants politiques de l’agresseur. Avant de jeter la pierre à celle qui accepte et s’appuie sur ce soutien, il faudrait peut-être se demander pourquoi elle en arrive là, et pourquoi l’agresseur est si souvent largement soutenu par les gens de sa sensibilité… un des phénomènes les plus largement observables et les plus vomitifs du milieu militant.

Pas très loin de cette tactique, on trouve le fait de se poser en victime, de prétendre être attaqué dans ses droits, de faire valoir les éventuelles autres oppressions qu’il (l’agresseur) subit, et surtout le principe de l’exceptionnalité. Ce principe repose sur l’idée que les militants d’extrême-gauche seraient « formés », « déconstruits », que le « milieu » serait safe, C’est une idée à laquelle beaucoup de gens sont attaché.e.s, parfois à un niveau inconscient très ancré, parce qu’illes ont besoin d’y croire pour d’une part ne pas se sentir en danger, et d’autre part ne pas s’interroger sur leurs pratiques. Cela explique sans doute en grande partie (avec évidemment la culture du viol) l’inertie du milieu militant face aux affaires de violences sexuelles. C’est un argument d’autant plus dangereux que les personnes les plus formées, c’est-à-dire les dirigeants, sont en pratique les plus susceptibles de commettre ces violences. Il faut ici s’interroger sur le rapport au pouvoir et à la domination d’une part préoccupante de nos camarades.

Enfin, un dernier argument qui est avancé par les agresseurs acculés, consiste à parler de

“répression”, de “justice bourgeoise”; en bref à associer la demande de justice de la victime à des lignes politiques réactionnaires. L’agresseur parlera aussi, souvent et sans crainte de se contredire dans sa position vis-à-vis du droit étatique, de “diffamation”, de “cabales”, de “chasse aux sorcières”. Que la victime porte plainte ou non, cela se retournera contre elle : si elle le fait, elle trahit en recourant à l’Etat bourgeois, si elle ne le fait, bien sûr, c’est une preuve de mensonge. On remarquera enfin que les agresseurs et leur entourage critiqueront le recours à l’Etat, mais aussi aux procédures internes de leurs organisations, tout comme aux mesures de représailles autogérées par la victime et ses proches : en bref, tout ce qui compte, ce n’est pas de déterminer la meilleure façon de gérer ce cas, c’est que l’agresseur s’en sorte indemne.

Ça ne les empêchera pas par ailleurs, dans certains cas, de menacer la victime, ses soutiens ou l’organisation, d’attaque en diffamation auprès de la police. Ceci n’a d’autre but que d’isoler de d’effrayer.

Activer ses réseaux

On l’a vu, la plupart de ces stratégies fonctionnent parce que l’agresseur n’est pas seul. Et c’est une erreur que nous, féministes investies dans ce type de travail, continuons malgré tout, malgré nous, à répéter : sous-estimer le niveau de soutien que l’agresseur va recevoir. Des personnalités publiques, des dirigeant.e.s, des militantes féministes, même des opposant.e.s, vont soutenir l’agresseur. C’est une réalité dure à intégrer tant elle nous semble monstrueuse, injuste, inadmissible politiquement et humainement. Mais c’est une réalité : face à une accusation de violences sexuelles, de nombreuses personnes qui n’ont aucune idée de ce qui s’est passé vont par défaut soutenir l’accusé, l’homme, l’agresseur. Souvent, la plupart des gens argueront d’une « neutralité » qui revient au même, puisque renvoyer dos à dos un agresseur et sa victime, c’est en pratique refuser de reconnaître les faits, et donc choisir le camp et les intérêts de l’agresseur.

On l’a vu dès le premier point, les agresseurs vont le plus souvent chercher un soutien urbi et orbi ; dans leurs cadres militants, et en dehors. Ils vont impliquer des personnes qui ne sont que de très loin concernées, pour assurer la diffusion de leur narration. Ils vont s’appuyer, eux aussi, sur les opposant.e.s politiques de la victime ou de son entourage, et beaucoup vont se laisser convaincre de façon opportuniste et écoeurante.

Une fois son entourage de groupies établi, l’agresseur va solliciter et valoriser les “témoignages de moralité” – s’il ne le propose pas lui-même, il approuvera dès que quelqu’un d’autre le fera. Le principe même des témoignages de moralité est absurde. Cela consiste à dire « Je le connais, il ne ferait pas ça », ou « Moi, il ne m’a jamais violée ». Breaking news : les agresseurs ne brillent pas dans le noir, et même les tueurs en série ne tuent pas tous les gens qu’ils fréquentent. Cette tactique s’appuie sur une représentation fausse des violeurs, comme des psychopathes aisément identifiables, ou des individus poussés par leurs « instincts », leurs « besoins », qui rendent l’acte systématique – toutes choses qu’on sait pourtant être fausses. La plupart des agresseurs, et en tout cas les plus dangereux, ceux que l’on étudie ici et qui se caractérisent par un manque total d’empathie pour leurs victimes, choisissent très rationnellement les victimes et les conditions des agressions, précisément pour limiter les risques de conséquences pour eux. Ce sont souvent des proches, des camarades, qui gagnent la confiance de la victime avant de passer à l’acte, et qui comme expliqué plus haut et comme le montrent toutes les statistiques criminelles, sont tout à fait intégrés socialement.

Enfin, activer ses réseaux pour les agresseurs, c’est lâcher les chiens sur la victime : son entourage personnel, mais aussi des personnes persuadées d’être du bon côté, des membres de structures formelles, des camarades prétendument neutres, ou au contraire des ami.e.s intimes de l’agresseur, qui iront expliquer à la victime, en termes plus ou moins choisis, plus ou moins polis, plus ou moins agressifs et destructeurs, qu’elle fait beaucoup de mal à ce sympathique individu, et qu’elle devrait réaliser le tort qu’elle est en train de faire. Les réseaux sociaux sont particulièrement dévastateurs à cet égard : les proches de l’agresseur, convaincus (comment ?) de son innocence s’offrant parfois spontanément à aller harceler la victime.

Reconnaître partiellement les faits

Pour finir, nous allons nous pencher sur une situation qui ne se produit pas toujours, mais qui peut être particulièrement dangereuse. La configuration dans laquelle l’agresseur décide de reconnaître partiellement les faits.

Qu’il y soit ou non contraint par des témoignages extérieurs, il peut être dans l’intérêt stratégique de l’agresseur de reconnaître partiellement les faits.

Cela lui permet de se défendre sans nécessairement (mais ça peut tout de même être le cas) accuser la victime de mensonge, et de garder son image de type sympa.

C’est une stratégie plus fine que de nier en bloc tout acte sexuel, car alors que l’auditoire peut être réticent à qualifier un récit de viol de délire ou de mensonge de bout en bout, le fait de reconnaître les conditions générales permet de ne centrer la dénégation que sur l’enjeu du consentement.

A partir de là, deux grandes tactiques peuvent être identifiées : crier au malentendu, solliciter des circonstances atténuantes et prétendre que les faits ont un caractère exceptionnel (et donc qu’il faudrait passer l’éponge).

Le malentendu est un argument qui a la faveur du public. Permettant de ne pas condamner moralement un camarade, sans accuser l’autre de mensonge, il est largement apprécié dans les milieux militants. Cependant, il n’est pas sans poser des problèmes graves de définition. D’abord parce qu’une agression sexuelle ou un viol se caractérise par l’absence de consentement de la victime, et non par l’intentionnalité de l’agresseur. Autrement dit, ce n’est pas parce que l’agresseur ne voulait pas violer (et ça se discute) qu’il n’y a pas eu viol. Il y a viol dès lors que la victime n’était pas consentante. Les homicides involontaires sont aux dernières nouvelles punis par la loi. On ne voit guère pourquoi il en serait autrement des violences sexuelles.

Ensuite parce que cette logique de renvoyer dos à dos agresseur et victime ne tient pas compte des rapports de domination qui se jouent dans les milieux militants. Concrètement, accepter la thèse du malentendu et dire « allez faites la paix maintenant » cela revient à nier le traumatisme de la victime, et le fait qu’il soit impossible pour elle de militer sereinement aux côtés d’une personne qui l’a agressée.

Enfin parce que cet argument véhicule et renforce l’idée de la « zone grise » (voir plus haut) et qu’étant donné que la quasi-totalité des violences sexuelles ont lieu sans témoins et sans violences physiques suffisamment graves pour laisser des traces, c’est un boulevard pour débouter toutes les dénonciations de viols. Rappelons-le encore : agresser quelqu’un sexuellement prend du temps.Ne pas voir que l’autre n’a pas envie c’est ne pas s’en soucier : c’est se servir de l’autre comme un objet, c’est bien constitutif d’une violence sexuelle. Ce n’est pas « ah j’avais pas compris, déso », c’est de longues minutes d’actions : que ce soit en jouissant de la tétanie de sa victime, ou en la négligeant, c’est pareil.

L’argument du caractère exceptionnel et des circonstances atténuantes implique quasiment toujours l’alcool (et/ou de la drogue). Rappelons pour commencer que commettre un viol sous l’emprise de l’alcool ou de produits stupéfiants est une circonstance aggravante dans le code pénal (la peine passe de 15 à 20 ans).

Réglons immédiatement son compte à cette ligne de défense. La réalité c’est qu’on ne fait pas n’importe quoi quand on est bourré ou déchiré. On ne se met pas par exemple à tuer des gens et à les manger parce qu’on a un petit creux. Pourquoi ? Parce que c’est impensable. Les agresseurs agressent parce que pour eux l’agression est pensable, elle est du domaine du possible, elle peut d’ailleurs avoir été préméditée. Qu’ils soient sous l’emprise de l’alcool ou qu’ils le prétendent pour justifier leurs actions après coup, ils sont responsables de leurs actes. Enfin, quand on voit qu’on fait du mal à quelqu’un et que cela ne nous dégrise pas, ça dit quelque chose de nos mécanismes mentaux. Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’on perd totalement conscience de ce qu’on fait : les gens complètement torchés ne sont pas en état de violer une autre personne. Ils s’effondrent, titubent, vomissent : des conditions peu propices à un acte aussi long et exigeant physiquement qu’une violence sexuelle.

En bref, les personnes qui prétendent être ivres et se livrent à des violences sexuelles sont bien moins ivres qu’elles tentent de le faire croire, et s’autorisent des choses qui ne leur paraissent pas si choquantes : encore une fois on revient à l’inempathie des agresseurs pour leurs victimes.

L’argument plus général du « dérapage », de l’« accident », d’un « comportement inapproprié ponctuel », d’une « pulsion irrépressible ponctuelle » signifie en réalité en creux qu’un acte de violence sexuelle n’est qu’une anecdote pour l’agresseur, et celles et ceux qui le défendent. Que sans la moindre pensée pour la victime, ils refusent de prendre en compte les conséquences lourdes, étendues qu’elle subit. On revient à l’intentionnalité et aux conséquences asymétriques mentionnées plus haut.

L’exceptionnalité de l’acte peut être justifié en mettant en avant une caractéristique de la victime, ou de la relation agresseur-victime (couple notamment) ; en creux cela reporte la faute sur la victime. Le seul moment où l’agresseur va avancer un argument lié à lui-même (alcool, dépression, malentendu…) c’est en général quand la victime est irréprochable socialement, c’est-à-dire en couple hétérosexuel monogame (c’est d’ailleurs la situation où la victime a le plus de chance de voir sa dénonciation aboutir, puisqu’un autre homme a été « spolié »…).

Soulignons enfin que même dans les rares cas où l’agresseur présente ses excuses et promet de ne plus recommencer cela n’annule pas ce qui est arrivé à la victime. Et elle mérite de pouvoir évoluer dans son milieu sans devoir subir la présence de la personne qui l’a agressée. Cela peut paraître évident mais il semble nécessaire de le rappeler : le but n’est pas de protéger l’organisation ou le groupe affinitaire, en déterminant (comment ?) que l’agresseur n’agressera plus (d’ailleurs qui prendra la responsabilité de cela s’il récidive ?), mais de répondre aux besoins de la victime de cette agression-ci. Elle est réelle, elle mérite d’être traitée correctement.

Pour finir :

Il faut enfin revenir sur une idée assez dangereuse, entendue à plusieurs reprises dans notre milieu. Il s’agit de retourner comme une chaussette l’argument féministe selon lequel la plupart des mecs cis sont des agresseurs en puissance car ils ont été socialisés comme tels (ce qui permet notamment par défaut de croire la parole des victimes). L’idée serait donc que puisque tous les mecs cis sont des agresseurs, et qu’on ne peut pas virer tout le monde, il faudrait une tolérance envers certains hommes accusés de violences sexuelles, prioriser la formation etc.

D’abord bien sûr que si on peut virer tous les hommes accusés de violences sexuelles. Bien sûr qu’on peut demander un milieu qui ne soit pas hostile aux victimes. Oui, nous préférons des organisations dont tous les agresseurs ont été exclus plutôt que des organisations dont les victimes sont parties – et dans lesquelles restent les agresseurs. Ensuite, l’argument de la formation est toujours avancé à point nommé quand il s’agit de protéger un agresseur. Evidemment qu’il faut de la formation. Il faudrait même une formation obligatoire et systématique. Qui inclut, par exemple, un avertissement explicite contre tous ceux qui seraient tentés d’agresser des camarades. A cet égard, le vademecum “Nous sommes touTEs des agresseurses” peut donner de bonnes pistes.

Enfin, il ne s’agit pas de fonctionner sur le mode du soupçon, en fonctionnant exclusivement en non-mixité. Par contre il s’agit de réagir correctement quand un homme est nominativement désigné et que des faits précis lui sont reprochés.


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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede Lila » 14 Mai 2017, 18:42

Partie 3/3 : Que faire ?

On a vu dans les parties précédentes, au fur et à mesure, des réponses aux stratégies les plus courantes, et aux arguments les plus répandus. Revenons dans cette dernière partie sur quelques grandes lignes de conduite dans l’accompagnement d’une victime.

Avant tout, l’humilité.

Formez-vous. Lisez des ressources comme le bon guide “Soutenir unE survivantE d’agression sexuelle” ou les brochures ressources du site Mémoire traumatique et victimologie.

Appuyez-vous sur les associations spécialisées et formées (voir les contacts en fin d’article).

Connaissez vos limites ; faites-vous, vous-mêmes, accompagner si besoin.

N’oubliez pas : ce n’est pas à propos de vous. Ce n’est pas votre histoire, quand bien même cela peut réactiver des choses chez vous. Ce n’est pas votre vie qui est en jeu, c’est celle de la victime : écoutez-la, respectez ses choix même s’ils ne vous plaisent pas.

Ne donnez pas de leçons, ne soyez ni dans l’injonction ni dans la morale. Tenez-vous en aux faits, et à la volonté de la victime.

Contrecarrer les stratégies d’isolement

Il s’agit essentiellement de contrer les dynamiques mises en place par l’agresseur.

Cela implique d’entourer la victime, de la valoriser pour ce qu’elle a le courage de faire et de dire. Cela ne signifie pas vous épuiser à la tâche : il importe d’étendre assez vite le soutien moral de la victime à un groupe assez large de personnes. Pour se relayer, pour ne pas prendre le contrôle sur la stratégie, pour discuter entre vous plutôt que de vous défouler devant la victime.

Isoler l’agresseur

Toujours avec l’accord de la victime, il s’agit de bien préparer le terrain. Prendre contact avec un maximum de personnes en amont pour que lorsque la victime rendra les faits publics, elle ne soit pas isolée, mais qu’au contraire l’agresseur n’ait pas trop de monde sur qui s’appuyer.

Attention aux temporalités. Quel que soit le degré de confiance que vous pouvez avoir envers les personnes que vous mettez dans la confidence, dites-vous toujours qu’il y a des fortes chances pour que l’une informe, directement ou indirectement, l’agresseur des faits qui lui sont reprochés. Et qu’il commencera immédiatement à diffuser sa version, en profitant du fait que la victime n’aura pas encore rendu son récit public.

Un autre outil pour isoler l’agresseur est l’outing. Il s’agit de le dénoncer publiquement comme tel. Là encore, pas d’illusion : il recevra du soutien tout de même, parfois de parfaits inconnus, parfois de proches communs d’avec la victime. L’outing ne correspond pas, dans nos milieux, à un réel ostracisme : on n’a jamais vu une personne outée se faire réellement et immédiatement isoler, exclure des espaces etc. Cela permet néanmoins de protéger un tant soit peu la victime en réduisant ses risques de rencontrer par hasard l’agresseur.

L’outing est un outil à manier avec précaution; une fois l’accusation sortie, tout le monde se range d’un côté ou de l’autre – et majoritairement du côté de l’agresseur, parce que la culture du viol et le patriarcat. Il faut donc être solide, clair sur le récit, sur les demandes, avant d’y procéder.

Lié à cette notion de dénoncer publiquement l’agresseur, et de façon spécifique au milieu militant, il y a le fait de se mettre en lien avec les autres organisations auxquelles appartient ou que pourrait rejoindre l’agresseur, pour les alerter. Cela permet aussi de resserrer les liens entre féministes des organisations, de se concerter sur les procédures etc, c’est toujours utile. L’établissement d’une liste noire s’est souvent révélé utile, par exemple quand des violeurs exclus d’une organisation tentaient d’en rejoindre une autre, souvent dans une autre zone géographique.

Serrer les rangs

On l’a vu, les attaques menées par l’agresseur et son entourage sont multiformes et servent à silencier et à décourager la victime… et son entourage.

Une règle d’or : don’t feed the troll. Il est inutile de s’épuiser à tenter de répondre à tout. Il faut s’en tenir aux faits, s’y enraciner, et garder les yeux sur la route : l’objectif de la victime (que ce soit l’exclusion ou tout autre forme de justice ou de réparation).

La création d’un vrai collectif autour de la victime est, on l’a vu, déterminant. Face aux inerties et à la culture du viol de notre milieu, il peut arriver que ce collectif devienne au final le dernier outil pour que la victime obtienne justice, si elle le souhaite. Oui, on parle de représailles directes. Cela reste une option, et un recours politique.

Préparer le terrain

Ce document a donné des pistes pour combattre les stratégies des agresseurs en milieu militant, à partir du moment où les faits sont dénoncés. Un important travail à réaliser se situe cependant en amont de ces dénonciations. On l’a vu, les débats qui éclatent suite aux dénonciations se font souvent dans des climats tendus, voire violents. Ces climats ne favorisent pas une prise de décision rationnelle et juste politiquement. Pour permettre à l’expression féministe de soutien à la victime de s’exprimer pleinement en ces périodes, il faut avoir préparé le terrain en amont.

Les manières de le faire sont diverses et se complètent, et il appartient aux militant-e-s de chaque organisation de créer les siennes, en accord avec la culture et la structure son organisation. On peut appuyer néanmoins sur deux points qui paraissent primordiaux.

La formation tout d’abord, on le sait, ne doit pas être laissée au hasard. Les formations générales sur le féminisme sont bien entendu importantes, et une attention particulière peut être apportée aux formations sur le consentement et sur l’écoute des victimes. Sans trop miser sur le fait de faire prendre conscience à de potentiels agresseurs de la gravité d’une agression sexuelle ou d’un viol, on peut penser que ce sont toutes les personnes qui seraient tentées de soutenir l’agresseur en cas de dénonciation qui pourraient être touchées.

Le fait d’écrire et de voter une procédure claire sur l’attitude et les agissements de l’organisation en cas de dénonciation de ce type d’acte est également important. Les débats pour l’adoption d’un tel texte pourront être difficiles, mais ils seront toujours plus apaisés que dans le cas où il y a eu une dénonciation récente. Cette procédure peut prendre des formes diverses en fonction des organisations. Il est cependant primordial qu’au centre de celle-ci résident le respect du principe d’écoute de la victime ainsi que la traque des stratégies de défense des agresseurs présentées dans ce document. C’est en ayant couché tout cela sur papier en amont que l’organisation pourra se saisir de la dénonciation en résistant autant que possible à ces stratégies.

Pour faciliter la tâche, quelques points sur lesquels il sera pertinent de réfléchir lors de la rédaction de la procédure :
• Une fois que la victime a dénoncé l’agression sexuelle, quid dans l’immédiat du militant accusé ? Suspension immédiate, maintien, séparation des espaces…Clairement la seule option réellement féministe, adoptée par de nombreuses organisations, est la suspension immédiate le temps de la procédure.
• Quel soutien et quel accompagnement pour la victime ? Qui l’assure, selon quelles modalités ?
• Quelles mesures de protection pour la victime et son entourage (à estimer dans le temps long et non seulement les premières semaines) ? Anonymat, protection physique, proposition de déménagement…
• Quel mode de fonctionnement par la suite ? Désignation d’une commission (non-mixte ?) pour recueillir la parole de la victime, d’éventuel.le.s témoins, d’éventuelles autres victimes ? Recueil du récit du militant accusé ?
• Quelles décisions possibles ? Une exclusion ? Définitive ? Temporaire ? Si temporaire : quand et à quelles conditions peut-il revenir ?
• Qui prend in fine la décision ? Un bureau politique ? L’ensemble des militant.e.s de l’organisation ? Seulement les femmes de l’organisation ?
• Quels rapports de l’organisation avec la justice ?
• Quel soutien financier concernant d’éventuelles suites judiciaires ?

Précisons enfin qu’à la fois les formations et la mise en place d’une procédure participent également à instaurer un cadre un peu plus sécurisant pour les potentielles victimes, et peut les aider à sortir du silence.


AVFT – Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail www.avft.org

CFCV – Collectif féministe contre le viol. Permanence téléphonique : 0 800 05 95 95 VIOLS–FEMMES–INFORMATIONS » Numéro vert, gratuit en France, DOM et TOM, depuis un poste fixe du lundi au vendredi, de 10h à 19h (heures Paris) www.cfcv.asso.fr

FNSF – Fédération nationale solidarité femmes. Service national d’écoute téléphonique : 3919 – Violences Femmes Info (jusqu’à 50 000 appels traités par an). www.solidaritefemmes.asso.fr

MFPF – Mouvement français pour le planning familial : www.planning-familial.org


https://lesoursesaplumes.info/2017/02/2 ... que-faire/
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Re: Rapports de pouvoir, sexisme, viols, en milieu militant

Messagede bipbip » 17 Mai 2017, 20:13

Homme violent, dégage ! La rue n’est pas à toi, les femmes ne sont pas à toi !

Nous ne pouvons lutter avec des hommes violents. Nous devons veiller à la sécurité et à la sérénité de nos soeurs de lutte. Tant qu’il le faudra, nous les dégagerons !

A la manifestation du 1er mai, un homme violent que nous avions exclu de notre groupe et donc de notre organisation (Coordination des Groupes Anarchistes - Région Parisienne) suite à notre connaissance de violences qu’il a exercé envers des femmes, était là, à la manifestation libertaire du matin et à celle de l’après-midi. Alors que nous l’avions déjà exclu le matin de la manifestation libertaire, il est revenu à la manifestation syndicale. En fin de manifestation sur la place de la Nation, nous avons pu enfin le repérer et le dégager. Nous étions une trentaine, anarchaféministes et sympathisantes du FRAP, ainsi que des camarades féministes à le sortir physiquement de la place, sous les cris de « Homme violent dégage ! », « Pas d’agresseurs dans nos manifs ! ».

... https://paris-luttes.info/homme-violent ... n-est-8158
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