« Délit de solidarité » de Jean-Louis Dubois-Chabert
«Je ne crois pas à l’étranger parce qu’il est moi. Je crois à son étrangeté, oui. Ses différences, je les vois. Il me fait éprouver l’altérité. Il nourrit ma curiosité, me complète, me rend plus vaste, plus grand que moi-même, plus haut que moi-même.
Et merde à la fin ! N’avons-nous pas suffisamment de place sur les six cent quarante-trois mille huit cent un kilomètres carrés du pays pour accueillir quelques milliers de personnes? Avons-nous si peu envie de rire avec l’autre, d’échanger avec l’autre, de vivre avec l’autre ? Sommes-nous contraints de subir indéfiniment le métro-boulot-dodo, les calmants de la télé, du football et du loto pour supporter ces vies de hamster cloisonnées chez soi, bien chez soi, loin de l’autre, là, l’étranger avec ses mauvaises intentions, qui vient voler notre boulot, c’est sûr, et notre chômage et nos allocs, aussi, et puis violer nos filles, abâtardir nos gênes, voler nos poules. Voleurs de poules, va !
Migrants de tout poil, nomades de tous pays, sachez-le, conquistadors en haillons, miséreux errants, vous n’êtes pas les bienvenus.
Eh bien si! Vous êtes les bienvenus. »
Jean-Louis Chabert, journaliste de la presse quotidienne régionale, ne trouve plus aucun sens à son métier. Il parraine une famille de demandeurs d’asile au sein du Réseau éducation sans frontière de Carcassonne. Loin des images chocs de migrants mourant en mer et es discours politiques sur l’immigration, l’action se déroule ,sur un an, dans le quotidien parfois ingrat, parfois drôle, souvent difficile, de l’aide au demandeurs d’asile.
Avec ce récit, il met des visages et des noms sur les quotas. Aux questions sur l’accueil, l’enfance et les frontières, il mêle des portraits de femmes et d’hommes qui, à contre-courant d’une époque hostile à l’étranger, refusent les murs et veulent tendre des ponts.
Couverture : photographie de l’auteur, RESF Carcassonne.
175 pages – 14 €
ISBN : 978-2-919568-86-4
https://editions-libertaires.org/?p=1144« Octave Mirbeau : le gentleman-vitrioleur » de Alain (Georges) Leduc
Alain (Georges) Leduc, Octave Mirbeau : le gentleman-vitrioleur : 1848-1917, avril 2017
Il faut absolument, aujourd’hui, pour de multiples raisons, lire et relire Octave Mirbeau, l’auteur du Journal d’une femme de chambre, du Jardin des supplices et, surtout, à l’heure où le système politicien s’en va plus que jamais en guenilles, les affaires sont les affaires.
« On vit en travaillant… On ne s’enrichit qu’en faisant travailler. » (Le Foyer, 1908)
« Les lois sont toujours faites pour les riches contre les pauvres. » (Dépopulation, 1900)
De ses prises de position radicales aux côtés d’Emile Zola, au moment de l’affaire Dreyfus, pour lequel il s’engagea virulemment, à sa solidarité active vis-à-vis d’Oscar Wilde persécuté pour son homosexualité, ou encore à l’anarchiste Jean Grave, qu’il soutint financièrement lorsque celui-ci fut emprisonné à Sainte-Pélagie, toute sa vie ne fut que résistance à la bêtise et lutte pour l’émancipation humaine.
Son engagement total, irrévocable, dans sa pratique littéraire comme dans les combats esthétiques et politiques de son temps, font de cet écrivain un mentor, pour qui la création ne fut jamais simple affaire d’effusion et de divertissement. Mirbeau fut de toutes les luttes de son époque, comme en témoignent ses infatigables combats auprès des opprimés et des laissés-pour-compte.
Pamphlétaire, critique d’art, romancier novateur, auteur dramatique, il a partout déployé ses talents d’écrivain. Sa maîtrise et la fertilité de sa langue invitent à la traversée d’une œuvre magistrale.
L’écriture d’Octave Mirbeau, dans quelque domaine qu’il œuvre, se voit toujours dotée d’une fonction politique.
Alain (Georges) Leduc tente ici, un siècle après la mort de cet écrivain majeur, une nouvelle approche de la vie et de l’œuvre de cet anarchiste exemplaire, ce parfait « gentleman-vitrioleur Alain (Georges) Leduc, écrivain, critique d’art (membre de l’A.I.C.A., l’Association internationale des Critiques d’Art), et socio-anthropologue (membre de l’A.I.S.L.F., l’Association internationale des Sociologues de Langue française), est né en 1951.
Ses Chevaliers de Rocourt ont obtenu le Prix Roger-Vailland 1991 ; son dernier roman, Vanina Hesse, est ressorti en poche (2012) aux Éditions La Musardine.
Après avoir écrit Résolument moderne. Paul Gauguin céramiste, paru en 2004, il est aussi l’auteur d’un essai, Art morbide. Morbid art. Sur la présence de signes fascistes, racistes, sexistes et eugénistes dans l’art contemporain (repris en poche chez Delga, en 2007).
Il a rédigé récemment un certain nombre de notices dont celle d’Octave Mirbeau dans le Dictionnaire des sexualités, publié en 2014 chez Laffont, en collection « Bouquins ». Membre du conseil d’administration de la Société Octave Mirbeau, il est un collaborateur régulier des Cahiers Octave Mirbeau.
230 pages – nombreuses illustrations en noir et en couleur – 15 €
ISBN : 978-2-919568-87-1
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