De la grève générale à l’épidémie de “comorophobie” à Mayotte
Le 101e département n’est décidément pas un département comme les autres. Cinq ans après sa départementalisation, Mayotte subit encore un régime d’« infra-droit » social et économique. Ce 101ème département français souffre d’inégalités criantes vis-à-vis de la métropole, et ce dans tous les domaines. Dans ce contexte économique et social extrêmement dégradé, l’île a d’ailleurs été bloquée début avril par une grève générale revendiquant « l’égalité réelle » avec les autres départements. (Voir Courant alternatif n° 260, mai 2016, Plus de deux semaines de grève générale à Mayotte)
Depuis 1994, les habitants des autres îles de l’archipel des Comores sont en effet devenus des étrangers soumis à un visa pour se rendre à Mayotte, qui voit ainsi coupés ses liens avec le reste de l’archipel. Cette politique n’a évidemment pas jugulé des pratiques de circulation ancestrales, et a simplement plongé dans la précarité celles et ceux qui continuent et continueront de les exercer.
La présence à Mayotte de ceux qui empêcheraient une petite minorité de jouir des bienfaits de l’appartenance à la France, est l’aboutissement inéluctable et prévisible d’un processus engagé de longue date. Le maintien de la France dans cette zone via la partition d’un Archipel voué au vivre ensemble et la déstabilisation des pays voisins indépendants est un facteur de déséquilibre croissant. Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les habitants des autres Comores qui sont aspirés par le mirage mahorais. Appartenant à un espace de circulation naturel, jamais Mayotte ne pourra se couper de son environnement, c’est un fait indiscutable et aucun visa, aussi meurtrier soit-il, ne saurait constituer un rempart suffisant contre le désir naturel de trouver une vie meilleure.
Pour autant, les Mahorais ne sont pas satisfaits de leur pseudo-développement qui s’avère une véritable fiction. Il ne reste plus que le rêve de la consommation et du pouvoir reconquis sur les autres par le porte-monnaie. L’égalité républicaine est forcément mirage dans la colonie, cette petite île qui ne produit rien et dont l’économie ne peut être fondée que sur la commande publique et l’assistanat. Le mécontentement grogne, un besoin d’agir s’exprime…
Les actions xénophobes commises par des Mahorais depuis le début de l’année 2016 se sont multipliées. Elles sont revendiquées et menées massivement en toute impunité. De tels événements, s’ils avaient eu lieu en métropole, aurait à coup sûr suscité l’indignation générale et l’intervention rapide des pouvoirs publics.
Si la menace et les expulsions de familles comoriennes par des villageois mahorais n’est malheureusement pas un fait nouveau, c’est le caractère visible, revendiqué et assumé par une partie de la population, n’entraînant quasiment aucune réaction des autorités publiques, qui singularise ce type d’événements (Voir document joint).
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