Article dans Alternative Libertaire de février
http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5204Haribo : Se révolter, ça coûte bonbon !
Le jeudi 10 janvier 2013 au matin, 250 personnes sont rassemblées devant les portes de l’usine Haribo à Uzès (Gard). Un élan de solidarité lancé à l’initiative de la section CGT Haribo suite à la mise à pied, le 6 décembre 2012, de Jean-Christophe Jolbert.
En tout, ce sont six fautes graves qui sont reprochées à Jean-Christophe Jolbert, employé d’Haribo, âgé de 43 ans, récemment élu CGT au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHS-CT). « La situation de cet homme est inadmissible, scandaleuse » s’emportera, devant l’usine, un membre de la délégation marseillaise de la CGT Haribo. Le scandale vient du fait que ces six fautes (vols de bonbons, ralentissement de la production, etc.) dénoncées par des salarié-e-s de l’entreprise auprès de la direction « remontent à il y a près de huit mois et sont totalement infondées » La direction d’Haribo, en s’attaquant à Jolbert, cible avant tout un élu au CHS-CT, soit une instance qui possède, en soi, un pouvoir important que les patrons n’ignorent pas : celui d’arrêter un atelier, un bureau, voire une usine ! Et les motifs ne manquent pas : la pollution, l’hygiène, l’absence de sécurité, les cadences, les conditions de travail, le harcèlement moral…
Travail de mobilisation
Jolbert ne s’y trompe d’ailleurs pas quand il déclare : « Ce n’est pas moi que l’on attaque précisément, mais bel et bien l’élu à la CGT au CHS-CT, parce que j’ai pointé du doigt des choses qu’on ne voulait pas. Mon travail ne peut être remis en cause, d’ailleurs à la date où j’aurais commis les faits, il y a huit mois de cela, j’ai même eu droit à une augmentation de mon coefficient et de mon salaire en guise de récompense ! ».
Le 28 décembre dernier, un premier rassemblement d’une centaine de sympathisants avait déjà eu lieu durant le comité d’entreprise exceptionnel. Pour ce deuxième rendez vous, le travail de mobilisation a payé, à force de diffusions de tracts dans les principales villes du Gard, puisque le double de personnes était présent.
Pressions de la direction
La CGT Haribo avait, en outre, souhaité élargir le soutien aux autres organisations syndicales et politiques départementales. Des délégations de la CNT, du NPA et de Sud étaient invitées à prendre la parole lors du rassemblement. Prises de parole que l’union locale CGT d’Uzès et l’union départementale CGT feront tout pour empêcher. Les vieux réflexes staliniens de monopole syndical très en vogue (hélas) dans le « Midi rouge » ont la vie tenace.
La campagne pour la réintégration de Jean-Christophe s’annonce néanmoins difficile. La direction use de tous les moyens pour empêcher une vraie solidarité des salarié-e-s d’Haribo, en dehors des syndiqué-e-s CGT. De nombreuses pressions sont exercées au point que parmi les 250 personnes du 10 janvier, une minorité des ouvrier et ouvrières étaient présents alors que le pari était de fermer l’usine ce jour-là. Cela n’enlève rien à la détermination de la CGT Haribo et à la justesse de son combat. Dans un département où le chômage dépasse les 13 %, où les plans de licenciements se multiplient (Shellbox, Jallate, Salins du Midi, Vachaud), ce cas de répression syndicale, qui témoigne d’un autre siècle, mérite en tout cas tout notre soutien. La lutte continue…
Jérémie Berthuin (AL Nîmes)
le lundi 3 juin à 14h
Appel à soutenir 3 intérimaires de Haribo
http://alternativelibertaire30.blogspot ... les-3.htmlAppel unitaire à soutenir les 3 intérimaires de HARIBO le lundi 3 juin à 14H00
Le lundi 3 juin prochain à 14 heures, le Tribunal des Prud’hommes de Nîmes
examinera la requête de trois intérimaires pour la requalification en CDI des périodes
d’emploi sous statut d’intérimaires qu’ils ont assumées depuis plusieurs années, de
cinq à neuf ans, dans une entreprise du Gard qui s’est récemment illustrée par le
licenciement non motivé d’un délégué syndical, licenciement annulé par l’inspection
du travail.
Dans cette usine, la régulation de l’activité fait un usage considérable de cette
« variable d’ajustement » puisqu’elle représente 23 % de son effectif et qu’on
dénombrerait près de 700 contrats sous ce statut sur la période. Si le coût horaire de
ces travailleurs, facturé charges comprises par les sociétés d’intérim, est supérieur à
celui des salariés « normaux », la flexibilité ainsi obtenue par la réduction du nombre
d’heures total travaillées, non seulement se révèle très rentable pour le patronat, mais
ce qu’on oublie de dire, c’est que les salariés qui, faute de mieux, acceptent ce statut,
deviennent après avoir été formés aux tâches spécifiques à cette production, une
réserve permanente doublement précaire. Précaire, car c’est le plus souvent à la
dernière heure de la semaine de travail que l’ouvrier apprend s’il reviendra ou non le
lundi suivant. Précaire encore, car le contrat permanent passé entre l’entreprise et la
société d’intérim fait que celle-ci, lorsque l’utilisateur habituel de cette main d’œuvre
extérieure fait défaut, ne propose rien d’autre à ceux qu’elle prend soi-disant en
charge, de manière à conserver disponible pour un besoin urgent une main-d’œuvre
prête à l’emploi.
Le 15 mai 2013, avec une dernière et copieuse bénédiction du Sénat (169 voix contre
33), une majorité soi-disant socialiste a voté la Loi dite de sécurisation de l’Emploi,
confirmation législative de l’Accord National Interprofessionnel gagné sans grande
difficulté par le Medef avec le concours du gouvernement.
On cherchera en vain dans les 28 articles de l’ANI une référence à l’emploi
d’intérimaires comme solution à une baisse temporaire d’activité. Tout au plus
pourra-t-on relever à l’article 19 – Recours à l’activité partielle : « En dehors du
nouveau régime unifié, abrogation des autres dispositifs d’activité partielle qui
tomberont de fait en désuétude. »
Plus inquiétante, l’Annexe à l’article 22 relatif à l’expérimentation du contrat de
travail intermittent, dans laquelle on peut lire : « Branches professionnelles qui
souhaitent bénéficier à titre expérimental pour leurs entreprises de moins de 50
salariés d'un recours direct au contrat de travail intermittent afin de pourvoir des
emplois permanents comportant, par nature, une alternance de périodes travaillées et
non travaillées. »
Étendre, ne serait-ce qu’à titre expérimental et pour les entreprises de moins de 50
salariés, le concept d’intérimaire à celui d’intermittent pourrait bien cacher l’intention
de normaliser ce type de contrat de travail. Quand on connaît les problèmes que
soulève ce régime chez les salariés du spectacle, on ne peut que s’interroger sur la
destination finale de cette « expérimentation » et soutenir tous les travailleurs et leurs
organisations syndicales pour résister avec fermeté face à la précarisation".
Le cas auquel nous faisons référence n’est pas isolé, mais il est très représentatif des
possibilités laissées aux entreprises d’une certaine taille pour réduire au strict
minimum l’effectif permanent de leurs salariés sous contrat et permettre à de
nouveaux « marchands d’esclaves » de tirer profit de cet abus sous l’aspect d’une
mission à caractère social faisant de la précarité un choix personnel des victimes du
chômage.
Nous affirmons notre solidarité avec les intérimaires pour qu'ils soient rétablis dans
leurs droits et sortent du système des contrats précaires pour des CDI qu'ils accèdent
ainsi à une meilleure sécurité de l'emploi qui les protège, eux et leurs familles.
Premiers Signataires de l’appel : NPA 30, Syndicat SUD Transports Urbains du Gard, FA 30-
84, AL 30...