Du 22 au 29 mai, une semaine d’événements au Lieu-dit
Un lieu n’est rien sans vie, on ouvre tout ! Du 22 au 29 mai, une semaine d’événements au LIEU-DIT, École occupée au 6 rue Baptiste Marcet, la Métare, Saint-Étienne.
Pourquoi le Lieu-dit ?
Avril 2016 : Fin du plan d’urgence hivernal, cinq familles qui dormaient dans un gymnase sont (re)mises à la rue. Ne reculant devant rien, la mairie déroge même à ses obligations légales et leur refuse la domiciliation. Sans boîte aux lettres et empêchés d’accéder à leurs droits fondamentaux ces personnes sont baladées. De squats en campements, de campements en terrains vagues, la chasse aux Rroms s’organise. Après plusieurs jours d’intimidation sur le campement du parc Couriot, de menace de garde à vue, la police municipale profite de l’absence des familles pour saisir l’ensemble de leurs affaires (couvertures, tentes, cartables, vêtements...) sous prétexte « d’abandon sur la voie publique ». À la même période, à peu près, des Stéphanois de diverses origines et de divers âges se retrouvent place Jean Jaurès, passent la Nuit Debout et ont vent de ces événements. Dans ce contexte, s’agrègent des groupes, des individus, des groupes d’individus, se forme une en-vie. Une en-vie de lieu, un lieu pour faire venir des gens qui n’en ont pas et qui risquent gros à avoir lieu, c’est-à-dire à exister. Un lieu aussi pour s’émanciper, vivre d’autres modes d’habitation, s’auto-gérer. Habiter les lieux et non seulement habiter dans les lieux. Et puis au même moment, mais déjà un mois avant, un an avant, cinq ans avant, une école publique. Vide et vacante. Au milieu d’un quartier dit ZUS, zone urbaine sensible.
Un jour de mai, la police découvre que l’école vide est pleine de gens. Des gens dehors, des gens dedans. Et puis, quand la police est partie, les gens dehors et les gens dedans posent des chaises sous le porche, se retrouvent, prennent un café. Et les voisins, qui ne sont plus privés du lieu public, passent. Certains repassent. Entrent. Amènent des meubles, du thé, des matelas. Des outils circulent. On défriche un terrain de foot, on plante un jardin. On joue. On dort, on habite, on bricole, on cuisine, on parle. On se rencontre. On veut en faire un lieu commun, plein d’activités telle qu’une bibliothèque, un atelier, une zone de gratuité, un p’tit ciné, une laverie, un espace de réunions, tout ça sans subvention.
Oui mais, le 17 mai le procès a eu lieu. Le verdict est pour le 30 mai. Taxés d’une ATTEINTE INTOLERABLE AU DROIT DE PROPRIÉTÉ, nous risquons l’expulsion immédiate ! Mais tu sais quoi Perdriau ? Fallait nous expulser plus tôt ! Ici on a eu le temps de vivre, de parler, d’écrire, de projeter, de créer, de faire l’amour, de boire, de laver, de construire, de semer. Et ces 10 JOURS restants, ça nous donne encore le temps de jouer, de bringuer, d’accueillir, de rire, de danser, de manger nos radis, d’ouvrir, d’inviter, d’exposer et tous les trucs qu’on a déjà faits ou pas encore pensés. Tous les trucs que nous, ce nous qui grandit chaque jour, auront en-vie de faire. Surtout, nous l’avons construit ce nous et ce nous ne sera pas expulsé, fermé, scellé, emmuré. Ce nous ira ailleurs, dans un ou plusieurs ailleurs. Ou se dissoudra dans la population. Tu nous retrouveras Gaël, dans d’autres lieux, urbains ou champêtres (ZAD partout !), dans les files d’attente de la CAF, dans les manifs et les blocages (Loi travail, retrait total !), dans les cinémas et les boulangeries, dans les ateliers ou sur les trottoirs designés, dans les vernissages et les crémaillères, dans les temps périscolaires (précaires), dans les bars et au Mixeur (consom’acteurs), dans les cocktails et dans les poubelles (gâchées). Face au vide organisé de l’espace que la pub nique, nous ouvrirons tout pour créer l’Eutopie, le bon lieu. Nous ne demandons rien, ne pétitionnons personne, nous ouvrons les portes et les fenêtres pour toutes celles qui voudront vivre, s’essayer, donner leur avis et l’appliquer. Nous prendrons de la place. Car ce qui gêne les pouvoirs privants, ce n’est pas le squat, pas vraiment. Ça ne les gêne pas ces messieurs-dames, pas vraiment, que nous soyons sur un terrain boueux, que nous squattions discrètement des appartements, que nous campions là où ils ne souhaitent pas particulièrement bétonner pour la mobilité. Ce qui les gêne c’est que nous vivions là où nous avons choisi de vivre, des espaces grands, à construire, sur un hectare de terrain, avec des fenêtres, et même pas discrets vivant heureux, sans être cachés. Ce qui les gêne, c’est que plutôt que de nous satisfaire des miettes habituelles, nous avons rempli ces lieux de notre vie et de notre autonomie. Ce lieu trop beau pour nous, semble dangereux pour eux.
Mais c’est trop tard, nous savons maintenant que nous préférons vivre debout qu’à genoux. Alors on ouvre tout et dès maintenant, venez donc nous voir au 6 rue Baptiste Marcet.
Les occupant-e-s du Lieu-dit
https://lenumerozero.lautre.net/article3107.htmlProgrammE
Dim 22 à 17h : ProjectionLe fond de l’air est rouge,
documentaire de Chris Marker. L’émergence
de la nouvelle gauche dans les années 70
Mar 24 à 20h : ProjectionDiaz, un crime d’État, drame de Daniele
Vicari - Un crime policier contre des anti-G8
à Gênes en 2001
Mer 25 à 20h : ProjectionSpartacus & Cassandra, documentaire
de Ioanis Nuguet. Trajectoire de deux
enfants Rroms recueillis dans un chapiteausquat
Lun 23, Mar 24 et Mer 25 de
10h à 18h : Ateliers collectifs
Un lieu pour la lutte contre la Loi Travail,
réfléchissons et créons ensemble le
mouvement !
Dim. 29 : Fête de quartierDès 10h et toute la journée : Tournoi de
foot, jeux
12h : Repas partagé, amenons tou-te-s
quelque chose à manger/boire
16h : Prises de paroles et info sur l’urgence
du logement pour les personnes à la rue