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http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.htmlCorée du Sud : le gouvernement mis en difficulté par la grève de Korail
C'est dans un climat social tendu que la Corée du Sud termine l'année 2013. Des milliers de manifestants devaient se réunir samedi 28 décembre dans le centre de Séoul, à l'appel de la puissante fédération syndicale KCTU. Forte de 690 000 membres, la confédération organise le même jour une grève générale.
Objet de son mécontentement : la gestion par le gouvernement du projet ferroviaire prévoyant de confier la gestion d'une nouvelle ligne à grande vitesse, entre Sueso-dong, au sud de Séoul, et Busan, la grande ville portuaire du sud-est du pays, à une société privée. Pour le syndicat, c'est un premier pas vers la privatisation de l'opérateur public du réseau ferroviaire Korean Rail (Korail). Pour les autorités, il s'agit d'« améliorer la compétitivité de l'entreprise ».
Bien qu'appréciée pour la qualité de ses services et malgré des ventes en progression – 3 974 milliards de wons (2,7 milliards d'euros) pour un profit net à 312 milliards de wons en 2011 –, Korail reste très endettée. Evoqués après la crise asiatique de 1997, plusieurs projets de privatisation ont été abandonnés après leur rejet par les syndicats, notamment en 2003 et 2009. Nommée en octobre à la tête de l'entreprise, Choi Yeon-hye veut améliorer la gestion du groupe et soutient le projet.
MOUVEMENT « ILLÉGAL »
Annoncé le 9 décembre mais déjà évoqué début 2012, le nouveau plan a provoqué la colère des employés. La grève a d'emblée mobilisé 8 700 travailleurs, sur 35 000. Depuis, 54 % du service de fret et 58 % du service aux passagers sont assurés. L'entreprise veut recruter 660 techniciens pour compenser les arrêts de travail provoqués par un mouvement, déjà le plus long de l'histoire de Korail.
Tablant sur la fermeté, le gouvernement a nié tout projet de privatisation. La grève est « dénuée de fondement », a affirmé la présidente du pays, Park Geun-hye, « et témoigne d'un manque de confiance dans la promesse gouvernementale de ne pas privatiser ». La dirigeante a fait part de son refus de tout compromis et le mouvement a été qualifié d'« illégal » par les autorités, car il « ne concerne pas les conditions de travail ».
Partant de cet argument, les grévistes se sont vus menacés de licenciement. Des actions en justice ont été engagées par les autorités et l'entreprise. La tension a atteint son paroxysme le 22 décembre, quand 4 000 policiers ont pris d'assaut sans mandat les locaux de la KCTU et ont arrêté 130 responsables syndicaux. Ce recours à la force, survenu dans un climat de contestation des conditions de l'élection en décembre 2012 de Mme Park, a incité la KCTU à décider d'une grève générale.
Les quelques tentatives d'établir un dialogue n'ont pour l'heure rien donné. Une rencontre a pu avoir lieu les 26 et 27 décembre. Mais les négociations n'ont guère duré. Outre des heurts entre grévistes et militants d'extrême droite près du lieu de rencontre, les échanges ont été interrompus quand la direction de Korail a adressé un ultimatum aux grévistes. Soit ils reprenaient le travail avant minuit, soit ils s'exposaient à des sanctions.