Gaza, Palestine, mobilisation et solidarité

et appels à aller soutenir en urgence...

Re: Gaza, mobilisation

Messagede Berckman » 11 Jan 2009, 21:20

Personnellement ce n’est pas tant le problème du nombre de victimes qui me gène dans ce parallèle entre 2ème guerre mondiale et massacre de Gaza, c’est « le persécuté d’hier bourreau d’aujourd’hui » qui met encore une fois tous les juifs dans le même sac et déresponsabilise le seul coupable : leur gouvernement.

Euh, tous les juifs ne sont pas israeliens, et le gouvernement israelien n'est pas le gouvernement des juifs. M'enfin, je pense que c'est un lapsus.
Pas d'accord quand même :
Un massacre n'est pas un génocide, comme un meurtre n'est pas un massacre, comme une bagarre n'est pas un meurtre, etc...
Il faut arrêter avec cette rhétorique (il me semble que c'est le propos du passage) qui sous tend l'idée qu'il faut exagérer les choses pour les rendre révoltante : Non, une guerre locale, un massacre comme celui de Gaza, est révoltant. Pas besoins de faire des rapprochement hasardeux (et inexacts historiquement) pour affirmer simplement cette évidence...
Il y a un vrai risque politique à banaliser les comparaison avec la seconde guerre mondiale
Berckman
 

Re: Gaza, mobilisation

Messagede kuhing » 11 Jan 2009, 22:23

Berckman a écrit:
Personnellement ce n’est pas tant le problème du nombre de victimes qui me gène dans ce parallèle entre 2ème guerre mondiale et massacre de Gaza, c’est « le persécuté d’hier bourreau d’aujourd’hui » qui met encore une fois tous les juifs dans le même sac et déresponsabilise le seul coupable : leur gouvernement.

Euh, tous les juifs ne sont pas israeliens, et le gouvernement israelien n'est pas le gouvernement des juifs. M'enfin, je pense que c'est un lapsus.
Pas d'accord quand même :
Un massacre n'est pas un génocide, comme un meurtre n'est pas un massacre, comme une bagarre n'est pas un meurtre, etc...
Il faut arrêter avec cette rhétorique (il me semble que c'est le propos du passage) qui sous tend l'idée qu'il faut exagérer les choses pour les rendre révoltante : Non, une guerre locale, un massacre comme celui de Gaza, est révoltant. Pas besoins de faire des rapprochement hasardeux (et inexacts historiquement) pour affirmer simplement cette évidence...
Il y a un vrai risque politique à banaliser les comparaison avec la seconde guerre mondiale


Pour le premier point les israéliens ne sont pas tous juifs. le texte de la FA le suggérait quelque part , il faut effectivement préciser.
Pour le second, je suis moins touché par la nuance. 300 enfants massacrés ou un génocide de plusieurs millions de personnes, il arrive un moment ou un seuil est atteind où l'aspect révoltant est le même. En tous cas en ce qui me concerne.
kuhing
 

Re: Gaza, mobilisation

Messagede Nico37 » 11 Jan 2009, 22:32

kuhing a écrit:Pour le premier point les israéliens ne sont pas tous juifs. le texte de la FA le suggérait quelque part , il faut effectivement préciser.
Pour le second, je suis moins touché par la nuance. 300 enfants massacrés ou un génocide de plusieurs millions de personnes, il arrive un moment ou un seuil est atteind où l'aspect révoltant est le même. En tous cas en ce qui me concerne.


Le soucis face à un acte traumatique est de dépasser l'affect pour ne pas perdre de vue l'analyse politique. Le fait d'être impuissant à des milliers de kms face à un déluge d'images (et ne parlons même pas de ceux qui regardent la TV) empêche visiblement certains d'être lucide (pas un forum où il n'y ait pas d'énormités que les individus n'écriraient pas dans un autre contexte...). Un génocide est un acte politique prémédité et donc justifié nécessitant notamment l'adhésion idéologique de la population grâce au bourrage de crâne et la répression des opposants ainsi qu'une une puissante infrastructure militaro-industrielle.
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Re: Gaza, mobilisation

Messagede Berckman » 11 Jan 2009, 22:54

Pour le premier point les israéliens ne sont pas tous juifs. le texte de la FA le suggérait quelque part , il faut effectivement préciser.
Pour le second, je suis moins touché par la nuance. 300 enfants massacrés ou un génocide de plusieurs millions de personnes, il arrive un moment ou un seuil est atteind où l'aspect révoltant est le même. En tous cas en ce qui me concerne.

Les israéliens ne sont pas tous juifs et la plupart des juifs ne sont pas israelien, il faut faire les 2 distingos.
Sinon, Etre révolté par les deux (massacre de 300 enfants, génocide) est logique, normal et indispensable. Mais dire que c'est la même chose, c'est de la connerie ! Et ça fait le jeu de celles et ceux qui veulent banaliser l'horreur...
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Re: Gaza, mobilisation

Messagede Vilaine bureaucrate » 11 Jan 2009, 23:19

Paulanarc a écrit:Bon, moi j'étais à Paris, beaucoup beaucoup de gars du PCF, par contre sale ambiance, croix gammées ect... Des groupes de jeunes qui demandaient aux passants si ils étaient juif, dans l'intention évidente de défoncer ceux qui auraient le malheur de répondre oui. J'ai vite fuis (de toute façon j'étais là pour aller à la librairie rue amelot, qui était fermé d'ailleurs).

y'avait aussi, les Tigres Tamoul.... étonnant bref, je rejoins ce qu'a dit Kuhing:
Il est a remarquer que les militants des organisations traditionnelles ne lançaient aucun mot d’ordre et nous étions les seuls, les anarchistes, à gueuler « Pas de guerre entre les peuples… » slogan qui était repris mais assez timidement. Les militants PS ne disait rien avec des drapeaux bleu blanc rouge , j’en ai envoyé chier un à ce propos d’ailleurs qui commençait à plaisanter sur « les anars ». Le PCF , je ne les ai rien entendu dire aucun mot d’ordre spécifique , Ni LO, ni le NPA qui ne disaient d'ailleurs rien.
.. alors qu'ils ont les moyens humains et matériels..
berckman a écrit:Je pense qu'il y a un enjeu très fort à ce que les organisations se positionnent publiquement, dans les médias, mais aussi dans les tracts, contre l'infiltration fasciste, appelant clairement à des manifs séparées. Mais également à ce qu'il y ai un discours très clair contre les amalgames racistes et antisémites...
Concernant les orgas sitées plus haut. Je crois surtout qu'ils vont faire l'autruche.
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Re: Gaza, mobilisation

Messagede kuhing » 12 Jan 2009, 11:36

Le copain de L'OCL m'envoie ce texte reçu de son organisation :

Palestine : Infos des Anarchistes contre le mur

samedi 10 janvier 2009

Palestine : Infos des Anarchistes contre le mur
Gaza, les atrocités se poursuivent, la résistance aussi

SOLIDARITÉ A JAFFA

Mardi 6 janvier, entre trois et quatre cents habitants de Jaffa se
sont rassemblés pour une nouvelle manifestation contre la guerre (la
troisième à Jaffa, depuis la dernière offensive militaire a été
lancée il ya dix jours). Juifs et Palestiniens ont exprimé un message
de résistance et de solidarité avec les chants et les pancartes en
arabe et en hébreu. Cette manifestation - forte, énergique et
l’autonome - est un autre maillon qui renforce la chaîne de la
résistance contre Israël et ses crimes de guerre à l’intérieur de ses
frontières. Les manifestants se sont dispersés après deux heures sans
incident malgré le grand contingent de policiers anti-émeute amassés
à proximité.

NI’ILIN PLEURE, MANIFESTE, RÉSISTE 07.01.2009

Mercredi matin, des activistes israéliens et internationaux se sont
joints aux habitants de Ni’ilin pour une courte manifestation, menée
par les adolescents, contre l'etat d' Israël, et l’expropriation de plus d’un
tiers des terres agricoles du village, ainsi que contre le siège et
de la guerre sur la bande de Gaza.

Depuis que les luttes contre le Mur ont commencé, Ni’ilin a vu 4 de
ses jeunes abattus par l’armée israélienne et la police (deux d’entre
eux la semaine dernière) et de nombreux autres blessés, le couvre-feu
et toutes sortes de punitions collectives imposées, l’essai nouvelles
armes, des incursions et des arrestations effectuées de nuit , etc -,
mais ses habitants sont plus que jamais déterminés à résister à la
confiscation des terres par l'état d' Israël et l’occupation militaire.

Des manifestants palestiniens ont tenté de mettre des drapeaux sur
leurs propres terres, mais peu après avoir atteint la zone des
collines de plantations d’oliviers du village, l’ensemble de la
manifestation a été attaqué par les troupes israéliennes. Les
soldats, trop proches pour être en mesure de tirer leurs bombes de
gaz lacrymogènes selon les trajectoires en cloche préconisées, on
visé directement les manifestants, qui ont dû s’abriter derrière les
arbres et les rochers des digues.

La manifestation s’est ensuite transformée en une bataille rangée
entre troupes de tirs de gaz lacrymogènes depuis deux positions
différentes, et les jeunes Ni’ilin pris en étau, qui répondaient avec
des frondes, ainsi que quelques pétard. Un garçon a subi des
blessures mineures à la jambe par une cartouche de gaz lacrymogènes.

TEL AVIV : SILENCE EGALE COMPLICITÉ 07.01.2009

Le mercredi soir, plus de 50 manifestants se sont rassemblés au
centre de Tel Aviv pour faire entendre publiquement l’autre version
de l’histoire, le côté purement et simplement ignorée ou minimisée
par les médias qui sème le « brouillard de la guerre politique » :
l’appauvrissement et la faim provoquées dans la bande de Gaza par des
années de siège, les centaines de morts, la terreur et la dévastation
causée par l’attaque d’Israël. Pour une action sporadique, des
activistes représentant divers groupes militants ont tenu haut leurs
bannières, en criant tête haute et à pleins poumons des slogans pour
la fin de l’assassinat de Gaza. Le cri "les citoyens sont trompés -
les missiles ne sont pas la sécurité !" a été entendu par toutes les
voitures et les piétons passant par l’’intersection très animée de la
rue King George et du Boulevard Ben-Tzion.
____
kuhing
 

Re: Gaza, mobilisation

Messagede Nico37 » 12 Jan 2009, 12:58

BOYCOTT : Les Grecs bloquent des munitions pour Israël dans le port d’Astakos
Le boycott d’Israël est la seule action qui peut faire plier Israël immédiatement. Le peuple grec montre la voie en bloquant des munitions américaines à destination d’Israël. Et Le Guardian publie un excellent article de Naomi Klein sous le titre : "ça suffit. Le temps du boycott est venu".

Grèce : solidarité avec la Palestine l Lundi 12 janvier 2009

Hier (10,01) Solidarité Grèce-Palestine

Les medias ont révélé que 3000 tonnes de munitions se trouvaient dans le port privé grec d’Astakos, prêtes à être envoyées en urgence en Israël. Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a demandé au peuple grec de mettre fin au transfert d’armes américaines vers Israël par le port grec de Astakos".

Un jour plus tard, des groupes et des individus ont déjà répondu et par l’organisation d’une mobilisation nationale et du blocus du port de Astakos : les mouvement anti-autoritaires, anti-guerre et internationalistes se sont rassemblés et ont publié des déclarations appelant à un rassemblement dans le port d’Astakos le jeudi, 15.1, à 1pm.

Source : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve56

* * *

" Ça suffit. Le temps du boycott est venu

La meilleure façon de faire cesser cette occupation sanglante est de cibler Israël avec le même type de mouvement qui a mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud

Naomi Klein

The Guardian, 10 janvier 2009

Il est temps. Cela a trop duré. La meilleure stratégie pour faire cesser cette occupation de plus en plus sanglante est qu’Israël devienne la cible de ce type de mouvement mondial qui a fait mis fin à l’apartheid en Afrique du Sud. En juillet 2005, une énorme coalition de groupes palestiniens a dressé les plans pour faire exactement cela. Ils ont appelé les "gens de conscience, partout dans le monde, à imposer des boycotts étendus et à mettre en place des initiatives de désinvestissement contre Israël, similaires à ceux appliqués contre l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid". La campagne [BDS] - Boycott, Désinvestissement et Sanctions – était née.

Chaque jour où Israël pilonne Gaza fait venir plus de convertis vers la cause du BDS – même parmi les Juifs israéliens. En plein milieu de cette attaque, environ 500 Israéliens, parmi eux des douzaines d’artistes et d’universitaires célèbres, ont envoyé une lettre aux ambassadeurs étrangers en Israël. Celle-ci demande "l’adoption de mesures restrictives et de sanctions immédiates" et tire un parallèle clair avec la lutte anti-apartheid. "Le boycott de l’Afrique du Sud a été efficace, mais on prend des gants avec Israël… Ce soutien international doit cesser."

Pourtant, même face à ces appels clairs, non nombre d’entre nous ne peuvent toujours pas y répondre. Les raisons sont complexes, émotionnelles et compréhensibles. Mais elles ne sont tout simplement pas assez bonnes. Les sanctions économiques représentent l’arme la plus efficace de l’arsenal de la non-violence : y renoncer frise la complicité active.

Voici les quatre principales objections à la stratégie BDS, suivies des contre-arguments :

Plutôt que de les persuader, des mesures punitives aliéneront les Israéliens

Le monde a essayé ce que l’on a appelé "l’engagement constructif". Il a complètement échoué. Depuis 2006, Israël a constamment intensifié ses actions criminelles : expansion des colonies, lancement d’une guerre scandaleuse contre le Liban et imposition d’une punition collective contre Gaza au moyen de ce blocus brutal. En dépit de cette escalade, Israël n’a pas fait l’objet de mesures punitives – c’est plutôt le contraire qui s’est produit. Les armes et les 3 milliards de dollars annuels d’aide que les États-unis envoient à Israël ne sont que le début. Pendant toute cette période-clé, Israël a bénéficié d’une amélioration considérable de ses relations diplomatiques, culturelles et commerciales avec toute une variété d’autres alliés. Par exemple, en 2007, Israël est devenu le premier pays non latino-américain à signer un accord de libre échange avec le bloc du Mercosur. Au cours des neuf premiers mois de 2008, les exportations israéliennes vers le Canada ont augmenté de 45%. Un nouvel accord avec l’UE doit permettre de doubler les exportations israéliennes d’aliments en conserve. Et en décembre, les ministres européens "ont revalorisé" l’accord de partenariat entre l’UE et Israël, une récompense attendue depuis longtemps par Jérusalem.

C’est dans ce contexte que les dirigeants israéliens ont commencé leur dernière guerre : confiants qu’ils ne seraient confrontés à aucun coût significatif. Il est remarquable que pendant plus de sept journées boursières en temps de guerre, l’index de la Bourse de Tel Aviv soit monté effectivement de 10,7%. Lorsque la carotte ne marche pas, le bâton est nécessaire.

Israël n’est pas l’Afrique du Sud

Évidemment ! La pertinence du modèle sud-africain réside dans le fait qu’il prouve que la tactique du BDS peut être efficace lorsque des mesures plus faibles (manifestations, pétitions, lobbying en coulisse) ont échoué. Et il y a des relents profondément affligeants d’apartheid dans les territoires occupés : cartes d’identité munies d’un code de couleur et permis de déplacement, maisons rasées au bulldozer et déplacements forcés, routes réservées aux colons. Ronnie Kasrils, un homme politique sud-africain de premier plan, a dit que l’architecture de la ségrégation qu’il a vue en Cisjordanie et à Gaza était "infiniment pire que l’apartheid". C’était en 2007, avant qu’Israël ne commence sa guerre totale contre la prison à ciel ouvert qu’est Gaza.

Pourquoi prendre Israël pour cible lorsque les États-unis, la Grande-Bretagne et d’autres pays occidentaux font la même chose en Irak et en Afghanistan ? Le boycott n’est pas un dogme, c’est une tactique. La raison pour laquelle cette stratégie devrait être essayée est pratique : dans un pays aussi petit et qui dépend autant du commerce, il pourrait vraiment marcher.

Les boycotts rompent la communication ; nous avons besoin de plus de dialogue, pas de moins de dialogue

Je répondrai à cette objection par une histoire personnelle. Pendant huit ans, mes livres ont été publiés en Israël par une société d’édition qui s’appelle Babel. Mais lorsque j’ai publié "La stratégie du choc : La montée d’un capitalisme du désastre", je voulais respecter le boycott. Sur les conseils de militants du BDS, dont le merveilleux écrivain John Berger, j’ai contacté un petit éditeur, Andalus. Celui-ci est une maison d’édition militante, très impliquée dans le mouvement contre l’occupation et c’est le seul éditeur israélien qui se consacre exclusivement à traduire en hébreu les écrits de langue arabe. Nous avons rédigé un contrat garantissant que toutes les recettes iraient au travail d’Andalus et que je ne toucherai rien. Je boycotte l’économie israélienne, pas les Israéliens.

Notre modeste plan d’édition nécessitait des douzaines d’appels téléphoniques, de courriels et de messages instantanés, s’étendant de Tel Aviv, Ramallah, Paris, Toronto et la ville de Gaza. Ma remarque est la suivante : dès que vous commencez une stratégie de boycott, le dialogue s’accroît de façon considérable. L’argument selon lequel les boycotts nous couperont les uns des autres est particulièrement trompeur étant donné la gamme de technologies de l’information à notre disposition. Nous croulons sous les moyens de nous invectiver par-dessus les frontières nationales. Aucun boycott ne peut nous arrêter.

Beaucoup de ces joujoux de très haute technologie proviennent des parcs de recherche israéliens, N°1 mondial en info-technique

En ce moment même, beaucoup de sionistes orgueilleux se préparent à marquer un point essentiel : ne suis-je pas au courant que beaucoup de ces joujoux de très haute technologie proviennent des parcs de recherche israéliens, numéro un mondial en info-technique ? C’est assez vrai, mais ils ne sont pas les seuls. Plusieurs jours après le début de l’attaque de Gaza par Israël, Richard Ramsey, le gérant d’une entreprise britannique de télécom spécialisée en services vocaux sur internet a envoyé un courriel à la firme technologique israélienne MobileMax : "En conséquence de l’action du gouvernement israélien ces derniers jours, nous ne serons plus en position d’envisager de faire des affaires avec vous ou toute autre société israélienne."

Ramsey dit que sa décision n’était pas politique ; il ne voulait tout simplement pas perdre des clients. "Nous ne pouvons nous permettre de perdre le moindre client", explique-t-il, "c’était donc purement défensif sur le plan commercial."

Ce fut cette sorte de calcul froid qui conduisit de nombreuses entreprises à se retirer d’Afrique du Sud, il y a vingt ans. Et c’est précisément ce type de calcul qui représente notre espoir le plus réaliste d’apporter la justice, si longtemps refusée, en Palestine.

Naomi Klein

English text :

Enough. It’s time for a boycott

The best way to end the bloody occupation is to target Israel with the kind of movement that ended apartheid in South Africa

Naomi Klein

Saturday 10 January 2009

It’s time. Long past time. The best strategy to end the increasingly bloody occupation is for Israel to become the target of the kind of global movement that put an end to apartheid in South Africa . In July 2005 a huge coalition of Palestinian groups laid out plans to do just that. They called on "people of conscience all over the world to impose broad boycotts and implement divestment initiatives against Israel similar to those applied to South Africa in the apartheid era". The campaign Boycott, Divestment and Sanctions was born.

Every day that Israel pounds Gaza brings more converts to the BDS cause - even among Israeli Jews. In the midst of the assault roughly 500 Israelis, dozens of them well-known artists and scholars, sent a letter to foreign ambassadors in Israel . It calls for "the adoption of immediate restrictive measures and sanctions" and draws a clear parallel with the anti-apartheid struggle. "The boycott on South Africa was effective, but Israel is handled with kid gloves ... This international backing must stop."

Yet even in the face of these clear calls, many of us still can’t go there. The reasons are complex, emotional and understandable. But they simply aren’t good enough. Economic sanctions are the most effective tool in the non-violent arsenal : surrendering them verges on active complicity.

Here are the top four objections to the BDS strategy, followed by counter-arguments :

Punitive measures will alienate rather than persuade Israelis.

The world has tried what used to be called "constructive engagement". It has failed utterly. Since 2006 Israel has been steadily escalating its criminality : expanding settlements, launching an outrageous war against Lebanon , and imposing collective punishment on Gaza through the brutal blockade. Despite this escalation, Israel has not faced punitive measures - quite the opposite. The weapons and $3bn in annual aid the US sends Israel are only the beginning. Throughout this key period, Israel has enjoyed a dramatic improvement in its diplomatic, cultural and trade relations with a variety of other allies. For instance, in 2007 Israel became the first country outside Latin America to sign a free-trade deal with the Mercosur bloc. In the first nine months of 2008, Israeli exports to Canada went up 45%. A new deal with the EU is set to double Israel ’s exports of processed food. And in December European ministers "upgraded" the EU-Israel association agreement, a reward long sought by Jerusalem .

It is in this context that Israeli leaders started their latest war : confident they would face no meaningful costs. It is remarkable that over seven days of wartime trading, the Tel Aviv Stock Exchange’s flagship index actually went up 10.7%. When carrots don’t work, sticks are needed.

Israel is not South Africa .

Of course it isn’t. The relevance of the South African model is that it proves BDS tactics can be effective when weaker measures (protests, petitions, backroom lobbying) fail. And there are deeply distressing echoes of apartheid in the occupied territories : the colour-coded IDs and travel permits, the bulldozed homes and forced displacement, the settler-only roads. Ronnie Kasrils, a prominent South African politician, said the architecture of segregation he saw in the West Bank and Gaza was "infinitely worse than apartheid". That was in 2007, before Israel began its full-scale war against the open-air prison that is Gaza .

Why single out Israel when the US , Britain and other western countries do the same things in Iraq and Afghanistan ?

Boycott is not a dogma ; it is a tactic. The reason the strategy should be tried is practical : in a country so small and trade-dependent, it could actually work.

Boycotts sever communication ; we need more dialogue, not less.

This one I’ll answer with a personal story. For eight years, my books have been published in Israel by a commercial house called Babel . But when I published The Shock Doctrine, I wanted to respect the boycott. On the advice of BDS activists, including the wonderful writer John Berger, I contacted a small publisher called Andalus. Andalus is an activist press, deeply involved in the anti-occupation movement and the only Israeli publisher devoted exclusively to translating Arabic writing into Hebrew. We drafted a contract that guarantees that all proceeds go to Andalus’s work, and none to me. I am boycotting the Israeli economy but not Israelis.

Our modest publishing plan required dozens of phone calls, emails and instant messages, stretching between Tel Aviv, Ramallah, Paris , Toronto and Gaza City . My point is this : as soon as you start a boycott strategy, dialogue grows dramatically. The argument that boycotts will cut us off from one another is particularly specious given the array of cheap information technologies at our fingertips. We are drowning in ways to rant at each other across national boundaries. No boycott can stop us.

Many very hi-tech "toys" come from Israeli research parks, world leaders in infotech ?

Just about now, many a proud Zionist is gearing up for major point-scoring : don’t I know that many of these very hi-tech toys come from Israeli research parks, world leaders in infotech ? True enough, but not all of them. Several days into Israel ’s Gaza assault, Richard Ramsey, managing director of a British telecom specialising in voice-over-internet services, sent an email to the Israeli tech firm MobileMax : "As a result of the Israeli government action in the last few days we will no longer be in a position to consider doing business with yourself or any other Israeli company."

Ramsey says his decision wasn’t political ; he just didn’t want to lose customers. "We can’t afford to lose any of our clients," he explains, "so it was purely commercially defensive."

It was this kind of cold business calculation that led many companies to pull out of South Africa two decades ago. And it’s precisely the kind of calculation that is our most realistic hope of bringing justice, so long denied, to Palestine ."

Naomi Klein in the Guardian (10/1/09)
Modifié en dernier par Nico37 le 12 Jan 2009, 18:19, modifié 1 fois.
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Re: Gaza, mobilisation

Messagede Klement » 12 Jan 2009, 18:10

kuhing a écrit:Il y a encore une fois des exploité-e-s en Israël qui subissent aussi la situation.
Ceux envoyés au front sont réquisitionnés.
Au bout du compte les intérêts des gazaouis et ceux du peuple d’Israël est bien de s’unir pour s’organiser à la base contre leurs dirigeants respectifs seuls responsables, ou en tous cas relais directs, du conflit.

Les seuls israéliens présents à Gaza sont des soldats (conscrits mais aussi professionnels) qui commettent des massacres de masses, donc les possibilités d'unité concrètes sont quand même un peu difficiles.
Ensuite les travailleurs israéliens subissent evidemment l'oppression de classe de leur bourgeoisie mais pas l'oppression nationale (ou l'occupation). Donc pour que cette position soit juste politiquement encore faut-il préciser sur quelles bases on appelle à cette unité.
Et pour moi ça ne peut pas être sur la seule question de classe (ce qui reviendrait à nier l'oppression spécifique que subisse les palestiniens) mais aussi sur le refus de l'occupation et sur la lutte pour la libération de la Palestine. C'est d'ailleurs la ligne du mouvement anticolonialiste en Israël.
Klement
 

Re: Gaza, mobilisation

Messagede kuhing » 12 Jan 2009, 18:37

Klement a écrit:
kuhing a écrit:Il y a encore une fois des exploité-e-s en Israël qui subissent aussi la situation.
Ceux envoyés au front sont réquisitionnés.
Au bout du compte les intérêts des gazaouis et ceux du peuple d’Israël est bien de s’unir pour s’organiser à la base contre leurs dirigeants respectifs seuls responsables, ou en tous cas relais directs, du conflit.

Les seuls israéliens présents à Gaza sont des soldats (conscrits mais aussi professionnels) qui commettent des massacres de masses, donc les possibilités d'unité concrètes sont quand même un peu difficiles.
Ensuite les travailleurs israéliens subissent evidemment l'oppression de classe de leur bourgeoisie mais pas l'oppression nationale (ou l'occupation). Donc pour que cette position soit juste politiquement encore faut-il préciser sur quelles bases on appelle à cette unité.
Et pour moi ça ne peut pas être sur la seule question de classe (ce qui reviendrait à nier l'oppression spécifique que subisse les palestiniens) mais aussi sur le refus de l'occupation et sur la lutte pour la libération de la Palestine. C'est d'ailleurs la ligne du mouvement anticolonialiste en Israël.


bien sur qu'il faut demander l'arrêt de l'occupation commandée par l'état d'Israel , des bombardements, la destruction du mur.
maintenant je crois que cela doit se faire sur la base de constitutions de groupe populaires mixtes.
si à Gaza c'est effectivement difficile de constituer des groupes mixtes il faut essayer de les monter sur le reste du territoire israélien et l'écho devrait se faire entendre.
je ne dis pas que la tâche est facile.
Mais l'auto détermination ne peut se faire qu'à partir de la base sinon, toute revendication, tout mouvement sera récupéré par des états-major. et on ne s'en sortira pas.
c'est mon avis.
kuhing
 

Re: Gaza, mobilisation

Messagede skankerror » 13 Jan 2009, 00:17

skankerror
 

Re: Gaza, mobilisation

Messagede Nico37 » 13 Jan 2009, 16:48

Un des groupes de la petite galaxie "justienne", ils posent la question du "Que faire" en France. Pour le boycott, je suis assez partagé car l'impact est inférieur aux dockers grecs qui refusent l'embarquement d'armes. Quant à la manif centrale, quand il y a près de 100.000 personnes qui manifestent à Paris... A la limite une vingtaine de manifs régionales histoire de franchir partout 10.000 manifestants... Par contre faire des meetings et diff massive de tracts dans les quartiers populaires pour ne pas laisser les organisations musulmanes mettre la main sur la mobilisation et au contraire élargir les perspectives est une évidence...

DECLARATION DU GROUPE POUR LA CONSTRUCTION DU PARTI OUVRIER REVOLUTIONNAIRE, DE L’INTERNATIONALE OUVRIERE REVOLUTIONNAIRE

Pour arrêter le bras des bourreaux du peuple palestinien qui s’abat sur Gaza
La responsabilité des organisations du mouvement ouvrier (partis et syndicats) c’est de combattre et agir vite:
Aux côtés du peuple palestinien,
Contre l’Etat d’Israël et le gouvernement Sarkozy qui le soutient


L’Etat d’Israël a engagé une nouvelle et brutale offensive contre le peuple palestinien. Morts et blessés jonchent les rues et encombrent les morgues ou les couloirs d’hôpitaux débordés, privés d’électricité, de médicaments. Les roquettes dérisoires expédiées au hasard par le Hamas depuis deux ans n’ont rien à voir avec cette attaque sauvage, sinon en ceci que l’Etat d’Israël voudrait même que les Palestiniens acceptent sans broncher le sort misérable qu’il leur impose. Après deux années de blocus (imposé à cause de la complicité du gouvernement Egyptien), la situation à Gaza est abominable.

C’est dans la nature de l’Etat d’Israël

Le gouvernement Olmert prépare avec les cadavres des gazaouis les prochaines élections israéliennes. Il se dispose aussi en vue du prochain changement de gouvernement aux USA. Mais cette offensive s’appuie sur des dizaines d’années de reculs imposés au peuple palestinien, jusqu’à ce réduit de Gaza. C’est le produit des accords d’Oslo/Washington ratifiés par l’OLP, qui ont mis en place « l’autorité palestinienne », syndic de faillite du mouvement nationaliste palestinien. Quant au Hamas, soutenu à l’origine par Israël contre l’OLP, il s’est lui aussi engagé dans la voie de la reconnaissance d’Israël, suivant en cela « l’initiative » prise par l’ensemble des gouvernements de la Ligue Arabe.
Alors que la crise du capitalisme tend tous les rapports politiques, cette offensive exprime aussi la nature même de l’Etat d’Israël, colonial et raciste, qui ne peut exister depuis 1948 qu’en menant une guerre permanente contre le peuple palestinien, refoulé, mis dans des cages sans cesse plus étroites, et poussé à l’exil.

Sarkozy, Obama, les gouvernements des puissances impérialistes, sont responsables

C’est sous l’œil placide des gouvernements bourgeois arabes que les Palestiniens sont de nouveau massacrés. Mais les principaux soutiens d’Israël sont aux USA et en Europe. Obama montre déjà quelle est sa « nouvelle » diplomatie : celle de Bush! Sarkozy a lui accusé le Hamas d‘être responsable de la situation. Il demande juste à Olmert de laisser les « humanitaires » intervenir… et rendre le massacre plus présentable ! En vérité leur soutien à Israël ne se dément jamais sur le terrain décisif des aides financières, déversées par les gouvernements ou dans le cadre de l’accord d’association UE-Israël qui vient d’être « renforcé ».
Rien ne peut être attendu ou espéré d’eux.
Les suppliques du PS demandant (le 7/01) à Sarkozy de faire voter une nouvelle résolution à l’Onu, celle de la direction CGT invitant la « communauté internationale » (des brigands) à « faire respecter ses propres résolutions qui sont la base d’un règlement du conflit » (appel aux manifestations du 10) ou encore les appels des dirigeants FO à l’Union Européenne, sont des canailleries. Sur cette question aussi, les appareils traîtres qui dirigent le vieux mouvement ouvrier s’inclinent par avance devant les puissants parce qu’ils n’envisagent pas de les combattre et de rompre avec eux – et rompre leurs propres liens avec les organisations sionistes, parti travailliste ou le syndicat sioniste Histadrout.

La responsabilité immédiate du mouvement ouvrier : ne pas laisser les Palestiniens isolés !

Parce qu’elle est une lutte contre le bastion de l’impérialisme au Proche-Orient, parce qu’elle a été un flambeau révolutionnaire dressé à la face des régimes arabes corrompus qui entourent Israël, la lutte du peuple palestinien a gagné la sympathie de générations de travailleurs, de jeunes.
Rien ne serait pire que de la voir devenir l’emblème des réactionnaires cléricaux financés et abrités par ces mêmes régimes corrompus, Hamas et cie, que la politique d’Israël aujourd’hui comme hier renforce objectivement, et qui n’offrent en bout de compte aux Palestiniens comme issue que le choix entre différentes formes de suicide.

C’est au mouvement ouvrier, partis et syndicats, qu’il appartient de prendre le flambeau de la lutte contre l’impérialisme, car c’est là l’enjeu. Partout dans le monde des centaines de milliers de personnes cherchent la voie du combat, il faut affirmer : le mouvement ouvrier a la possibilité, lui, d’arrêter la main des bourreaux du peuple palestinien :

- en appelant à une puissante manifestation centrale et nationale devant et contre l’ambassade d’Israël
- en organisant le boycott effectif de l’Etat d’Israël, à l’appel des fédérations syndicales des transports, communications, …
- En tenant des meetings unitaires dans les communes ouvrières pour assurer l’unité des travailleurs, français et immigrés.
* * *
Il n’y a aucune issue positive sur la base des résolutions de l’Onu qui cantonneraient un pseudo « Etat » palestinien inviable sur le cinquième du territoire de la Palestine historique. Les millions de réfugiés chassés par les colons (dont tant s’entassent à Gaza) doivent rentrer chez eux, et instituer la république unifiée de Palestine au moyen d’une Assemblée constituante souveraine. A l’évidence, ce combat ne pourra aboutir sans s’en prendre à tous les tenants de l’ordre établi, les défenseurs de l’autorité palestinienne, des accords de trahison de Washington, ou des régimes islamiques et réactionnaires qui accablent les peuples de la région. Un gouvernement palestinien révolutionnaire, celui des ouvriers et des paysans pourra convoquer une telle Assemblée constituante, en finir avec l’Etat d’Israël, dans la perspective de la Fédération Socialiste du Moyen-Orient. C’est cette orientation que notre Groupe soumet à la discussion de tous ceux qui veulent agir aujourd’hui, efficacement, sans préalable pour que cesse l’offensive ignoble menée à Gaza et soutenue par le gouvernement UMP Sarkozy-Fillon.

Paris, le 7 janvier 2009
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Re: Gaza, mobilisation

Messagede vroum » 14 Jan 2009, 09:14

http://public.federation-anarchiste.org/article.php3?id_article=355

Soldats hors de Gaza !

Communiqué de la Fédération anarchiste

samedi 10 janvier 2009


Quel que soit le gouvernement plus ou moins bien élu, c’est toujours l’armée qui gouverne Israël. L’Etat israëlien vit actuellement sa énième crise politique, le gouvernement américain est à peu près vacant, et Tsahal reste sur une déroute lors de sa sortie au sud du Liban durant l’été 2006. Pendant ce temps, les missiles nucléaires iraniens ne semblent toujours pas prêts. C’est le moment qu’à choisi l’armée israëlienne pour envahir Gaza, afin dit-elle « d’affaiblir le Hamas ». Une ambition finalement modeste et probablement provisoire. En effet, il n’y a aucune proposition politique viable pour après les combats. C’est simplement un carnage, une manifestation de haine dans un combat complètement inégal dont la vocation est semble-t-il purement de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’adversaire avec lequel négocier, afin de poursuivre la politique de colonisation. C’est donc simplement une superstition religieuse qui motive l’horreur. La plongée de nombreux Palestiniens dans le fanatisme musulman n’arrange évidemment rien. Nous assistons à une escalade de violence à chaque nouvel épisode de guerre ouverte.

Gaza n’est pas un sanctuaire pour terroristes, Gaza est une prison à ciel ouvert où survivent des Palestiniens. Israël réprime violemment depuis toujours la totalité de la population palestinienne en guise de représailles à n’importe quelle action violente venant de n’importe quel Palestinien. Cette fois, le moment a paru opportun aux assassins pour agir, avec bonne conscience bien sûr puisqu’il en va de la « sécurité des populations ». Peu importe si les bombes tombent sur des civils palestiniens et il n’est peut-être pas si hasardeux qu’il en tombe aussi sur les forces de l’ONU. Beaucoup de politiciens envisagent une solution avec des soldats de l’ONU pour obliger l’armée israëlienne à rester dans ses frontières. Les casques bleus servent donc de cible, et cela sans que personne parmi la ribambelle d’intellectuels toujours prêts à s’indigner ne murmure quoi que ce soit.

La Fédération anarchiste est solidaire des « anarchistes contre le mur » qui aujourd’hui en Israël, avec d’autres partisans de la paix, manifestent leur colère contre un Etat assassin. Ils réclament la levée du siège de Gaza maintenant et proclament « oui à la vie pour les deux peuples ! »

Fédération anarchiste


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Re: Gaza, mobilisation

Messagede kuhing » 14 Jan 2009, 13:29

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Re: Gaza, mobilisation

Messagede Pïérô » 14 Jan 2009, 14:21

un lieu, le nouveau Ministère de la solidarité avec la Palestine à Paris

Des jeunes militants, face à la démission du Ministère français des Affaires étrangères, ont créé le "Ministère de la Solidarité avec la Palestine". A la Rotonde place Stalingrad (Métro Jaurès), le Ministère de la Solidarité avec la Palestine est installé pour servir de point d'accueil permanent (de 10h à 22h) pour les personnes désireuses de s'informer, de s'organiser, et de relayer ensuite dans leurs quartiers la mobilisation. Tous les soirs à 18h30, un débat sur la situation et les stratégies de résistance sera proposé.
- La préfecture de Police semble décidée à interdire cette mobilisation citoyenne. Nous avons donc besoin d'une présence permanente aussi nombreuse que possible pour assurer la sécurité de notre Ministère, sachant que les milices du Bétar et de la LDJ commencent aussi à rôder.
- Nous sommes à la recherche du maximum de matériel pour établir notre campement : grand chapiteau, tonnelles, groupes électrogènes, lits de camp, guirlandes lumineuses, ordinateurs, imprimantes, bornes WIFI, tissus, couvertures, mégaphones, camionnettes... le "Ministère de la solidarité avec la Palestine" est une création du peuple, c'est au peuple de la faire vivre!
Le "Ministère de la Solidarité avec la Palestine" est établi avec le soutien de la GUPS, de Génération Palestine, du MIB, de la CCIPPP, de l'UJFP et de l'AFPS


par rapport aux débats qui ont eu lieu précédemment sur le problème de l'apparition et de la proximité avec des intègristes, des antisémites et des fafs, la question est de plus en plus prise en compte par nombre d'organisations, à tel point que le PS et la LDH semblent vouloir oppérer une césure, pour construire un pôle gentillement réformiste, là où extrème gauche et libertaires ne veulent pas se couper des couches populaires. Par contre, dans la continuité du pôle noir et rouge formé par la CNT et AL à la dernière manif, il est important de continuer à renforcer ce type de démarche et créer un cortège libertaire encore plus costaud samedi. Et par rapport aux questions débattues, s'organise aussi une réponse "sanitaire" (qui aura besoin de bras...) quant à la présence de types comme Kémi Séba, Soral et consort...


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Re: Gaza, mobilisation

Messagede Nico37 » 14 Jan 2009, 16:59

"Au nom du Collectif Palestine 37 et du Comité Tourangeau France Palestine Solidarité" et avec le soutien de : PCF, NPA/LCR, Les Verts, CGT, SUD solidarité, FSU, les associations musulmanes ICM et Libre Echange, Les amis du Monde Diplomatique,
Nous appelons à un nouveau rassemblement

Samedi 17 janvier à 16 heures, place Jean Jaurès.

En effet, malgré la résolution votée par le conseil de sécurité de l'ONU, malgré l'indignation qui s'est exprimée samedi dernier partout en France et dans le monde, Israël continue, à l'abri des caméras, le massacre à Gaza, en Palestine.
Nous appelons tous les citoyens tourangeaux attachés à la justice et à la Paix, et qui , comme nous, sont révoltés par ce massacre, à venir se joindre à nous ce samedi "

Collectif Palestine 37
palestine37(at)free.fr


Gaza : refusons toute instrumentalisation communautaire


Le conflit israélo-palestinien est une fois encore entré dans une phase dramatique. Ce conflit n’est ni religieux ni « ethnique », mais bien politique et territorial : l’engrenage de la violence dont les populations civiles sont les premières victimes s’enracine dans l’aggravation, depuis des décennies, du sort insupportable fait au peuple palestinien. Rien ne peut justifier les attaques – d’où qu’elles viennent - dirigées contre les civils. Mais chacun sait, au-delà de la condamnation nécessaire de tout crime de guerre, que la paix ne pourra advenir sans justice, cette paix par le droit hors de laquelle aucun des deux peuples ne pourra vivre un avenir humain.

Les 900 morts palestiniens des deux dernières semaines, dont de très nombreux civils, victimes des bombardements et de l’offensive de l’armée israélienne à Gaza, comme les 34 morts israéliens des cinq dernières années victimes de tirs de roquette du Hamas, ne peuvent que soulever une émotion légitime. En France, nous constatons que la sensibilité à cette actualité tragique s’exacerbe. Trois actes inacceptables ont été commis à l’encontre de synagogues à Toulouse et à Saint-Denis et contre une collégienne à Villiers-le-Bel. Ces actes sont heureusement des faits isolés. Mais la réaction des autorités politiques françaises qui s’en remettent aux instances religieuses pour prévenir la violence n’est ni admissible sur le terrain de la laïcité ni de nature à prévenir les dangers qu’elles invoquent. De même, l’organisation d’une manifestation communautaire de soutien à l’un des deux protagonistes du conflit, même si elle est restée isolée, renforce le risque que l’expression des indignations et des solidarités mette face à face des communautés dont les membres seraient collectivement assimilés à l’un des deux camps.

Cette transposition qui enfermerait la liberté de conscience et d’expression des individus concernés dans une assignation à résidence communautaire ou religieuse serait porteuse de graves dangers pour le vivre ensemble. Il n’est pas question de remettre en cause la capacité à s’indigner de ce qui se joue en Palestine, ni l’expression de telle instance communautaire dans le débat public qui n’a rien d’illégitime en elle-même, mais de refuser une logique de transposition dans la société française des conflits et des haines qui déchirent le Proche-Orient.

Sans alarmisme mais avec vigilance, les organisations soussignées, attachées au respect de l’égale liberté de chacun, refusent toute mise en scène d’un prétendu « conflit de civilisations » et rappellent qu’aucun individu ne peut être étiqueté, stigmatisé ou agressé en raison de ses origines ou de sa foi, et que les manifestations d’intolérance, de racisme et d’antisémitisme, loin de servir les causes que leurs auteurs disent soutenir, les salissent et mettent en danger la vie démocratique.

C’est dans cet esprit que les unes et les autres continueront à défendre le respect des droits de l’Homme, du droit international et du droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes et à vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues.

Paris, le 13 janvier 2009

Premiers signataires : ACLEFEU, ALEFPA, Association des Libres Penseurs de France, Association du Manifeste des libertés, Cercle Gaston-Crémieux, CFDT, CGT, Collectif Avenir laïque, FSU, Ligue des droits de l’Homme, Ligue de l’Enseignement, Mouvement de la Paix, Parti communiste français, Parti de gauche, Parti socialiste, Respublica, Solidarité Laïque, Unef, Union des Familles laïques, Union rationaliste, Union syndicale solidaires, Les Verts.


« La Troisième Voie » d’Edward Saïd, plus actuelle que jamais

mercredi 14 janvier par Émile Borne


Il y a une dizaine d’années, l’intellectuel Américain d’origine palestinienne, aujourd’hui disparu, publiait un article intitulé « La Troisième Voie ». Il y prônait un projet de confédération judéo-arabe.

Trois années après l’assassinat d’Yitzhak Rabin par un extrémiste juif, Edward Saïd, tirant les leçons de la primature calamiteuse de Benyamin Netanyahou sur le plan de la paix au Proche-Orient, affirmait que les accords d’Oslo s’étaient révélés « foncièrement inopérants et impraticables ».

Depuis, les faits n’ont cessé de lui donner raison. Les Premiers ministres israéliens qui lui ont succédé, Ehoud Barak, Ariel Sharon et Ehoud Olmert,
ont multiplié obstacles et humiliations à l’égard aussi bien de l’Autorité que des populations palestiniennes. Robert Malley, un des conseillers de
Bill Clinton, a fort bien expliqué (dans un long article publié dans la New York Review of books en 2003 : « Camp David and After : An exchange (a
Reply to Ehud Barak ») comment Barak a volontairement saboté la paix en 2000 à Camp David devant un Clinton passif sinon complice.
Il n’en fut rien avec Ehoud Olmert

Puis, succédant à Barak, Ariel Sharon, avant de sombrer dans un coma profond, a porté le coup de grâce à Yasser Arafat, précipitant du même
coup l’ascension du Hamas. Avec Olmert, on pouvait s’attendre à quelques progrès. Il n’en fut rien. Voulant sans doute se montrer à la hauteur de
son prédécesseur, le nouveau chef du gouvernement israélien s’est d’abord lancé durant l’été 2006 dans la triste aventure libanaise enfonçant un peu
plus le pays du Cèdre dans la misère tout en subissant de lourdes pertes face à un Hezbollah sorti renforcé de l’épreuve.

Avec le malheureux Mahmoud Abbas, successeur de Yasser Arafat à la tête de l’Autorité palestinienne, bien disposé à tous égards envers Washington et Tel-Aviv, Olmert aurait pu faire quelques gestes afin de réduire la tension dans toute la région. Il ne bougea pas le petit doigt. Bien au contraire, après la victoire du Hamas aux élections de 2006, victoire prévisible compte tenu de l’impuissance de Mahmoud Abbas, la répression israélienne a repris de plus belle confortant le pouvoir sans partage de la formation islamiste à Gaza.

Ainsi, selon l’expression d’Edward Saïd, le terme de « paix » est plus que jamais « un mot désormais discrédité, voire frauduleux (…) Comment peut-on décemment continuer à parler de « paix » alors qu’Israël ne cesse, à force de pouvoir et d’arrogance, de démolir, d’interdire, de confisquer les
terres, de procéder à des arrestations et de pratiquer la torture ? »

La contre-vérité de Nicolas Sarkozy

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy vient crier sur tous les toits que le Hamas « porte une responsabilité lourde dans la souffrance des Palestiniens de Gaza ». Comment peut-on affirmer une telle contre-vérité sinon en ignorant totalement l’histoire récente tragique de ce petit territoire surpeuplé !
Le président français a-t-il mesuré ce que représente depuis près de deux années le blocus inhumain imposé à un million et demi de Gazaouis par un Israël qui n’a pas accepté le résultat des élections ? A-t-il oublié les nombreux assassinats ciblés de dirigeants du Hamas ? Ce même Hamas et ces
mêmes islamistes que les dirigeants israéliens ont longtemps discrètement poussé pour affaiblir Arafat… Pouvait-on imaginer que ce parti allait
accepter sans réagir les agissements brutaux de Tsahal ? Comment oublier que, depuis de très nombreuses années, la politique israélienne, dans les
territoires occupés comme à Gaza, a paralysé l’activité économique et commerciale, empêché tout développement et transformé les Gazaouis en une
population d’assistés dépendant entièrement de l’aide internationale ?

Lucide, Edward Saïd écrivait déjà en 1998 que « pour défaire l’injustice », il fallait « créer davantage de justice et non pas de nouvelles formes de surenchère du type : « Ils ont un Etat juif, nous voulons un Etat islamique " ». « Nous ne pouvons gagner cette bataille, ajoutait-il, en souhaitant que les juifs s’en aillent ou en prônant l’islamisation : nous avons besoin de ceux qui, de l’autre côté de la frontière, sont partisans de notre lutte. Nous nous devons de franchir cette ligne de séparation que les accords d’Oslo ont, entre autres, consacrée et qui maintient une situation d’apartheid entre juifs et Arabes en Palestine. La franchir et non pas la renforcer ».

Israël : des objectifs de sécurité non-atteints

En dépit de leur énorme puissance militaire, les Israéliens n’ont toujours pas réussi à obtenir la sécurité qu’ils souhaitent. Et les carnages auxquels nous assistons depuis une dizaine de jours n’y changeront rien.
Là aussi, leurs dirigeants seraient bien inspirés d’écouter certains de leurs historiens. Israël, notait récemment Tom Segev, « « frappe les Palestiniens pour « leur donner une leçon. C’est un leitmotiv qui a accompagné l’entreprise sioniste depuis ses débuts : nous sommes les
représentants du progrès et des lumières, d’une rationalité distinguée et de la morale, tandis que les Arabes sont une foule primitive et violente,
des enfants ignorants qu’il faut éduquer, auxquels il faut enseigner la sagesse par la méthode, bien sûr, de la carotte et du bâton » ».

De même que la politique américaine au Moyen-Orient et dans le monde musulman a entraîné au cours des dernières décennies un essor considérable des mouvements islamistes, de même le comportement des dirigeants israéliens depuis la disparition d’Yitzhak Rabin a conforté les courants islamistes à commencer par le Hamas. La Palestine historique est ainsi encombrée d’extrémistes, juifs et musulmans — sans oublier les chrétiens évangélistes américains, meilleurs soutiens des colons juifs fanatiques — qui laissent présager un sombre avenir pour toute la région.

La « troisième voie » d’Edward Saïd

C’est ici que « la troisième voie » préconisée par Edward Saïd prend toute son actualité. Se démarquant aussi bien de la faillite d’Oslo que des
politiques absurdes et inhumaines de boycottage, elle nécessite, disait Saïd, « tout d’abord, d’être conçue en termes de citoyenneté et non de
nationalisme, dans la mesure où la notion de séparation (Oslo) et d’un nationalisme théocratique triomphaliste, qu’il soit juif ou musulman, ne répond ni ne traite des réalités qui nous attendent. Ce concept de citoyenneté implique que tout individu bénéficie d’un même droit, fondé non sur la race ou la religion, mais sur une égalité de justice garantie par la Constitution, concept inconciliable avec la notion largement dépassée d’une Palestine "purifiée" de ses "ennemis " ».

L’impasse dans laquelle se trouve toute la région a conduit à de déplorables dérives allant aussi bien du racisme anti-arabe de nombreux Israéliens à l’antisémitisme de beaucoup d’Arabes, y compris parmi les intellectuels. « Une chose, soulignait déjà il y a dix ans Saïd, doit être claire : nous ne combattons pas les injustices du sionisme pour les remplacer par un nationalisme odieux (religieux ou civil) qui décréterait les Arabes de Palestine plus égaux que d’autres ».

Un combat pour la démocratie

Selon le professeur disparu, le combat qui doit être mené est « un combat pour la démocratie et l’égalité des droits, pour un Etat ou une République laïque », dont tous les membres seraient citoyens égaux, « et non pas un faux combat inspiré d’un passé mythologique et lointain, qu’il soit
chrétien, juif ou musulman ». « Le génie de la civilisation arabe, concluait-il, trouve son apogée dans l’Andalousie pluriculturelle,
plurireligieuse et pluriethnique. Voilà un idéal à suivre en lieu et place d’un processus d’Oslo moribond et d’une attitude malsaine de rejet
négationniste ».

Aujourd’hui, le projet de confédération judéo-arabe auquel songeait Edward Saïd peut paraître utopique. Mais, dans la mesure où l’ensemble de la communauté internationale rejette la voie du tout répressif, voie sans issue adoptée par les dirigeants israéliens, dans la mesure également où
la création d’un petit Etat-bantoustan palestinien à la botte d’Israël apparaît de moins en moins crédible ou réaliste, il serait irresponsable
de ne pas envisager de nouvelles formules permettant de sortir, par étapes, de l’impasse actuelle.

Quelle que soit sa puissance militaire, Israël ne pourra pas indéfiniment lutter contre la montée en puissance des régimes arabo-musulmans ou la démographie palestinienne. Plus que jamais, selon le mot du général israélien pacifiste Matatyahou Peled, les seules frontières de sécurité d’Israël ne pourront être que des frontières de paix.


Le Figaro a écrit: Bernheim : «Ma compassion va aussi aux civils palestiniens»
Propos recueillis par Jean-Marie Guénois
12/01/2009 | Mise à jour : 17:02 | Commentaires 59 | Ajouter à ma sélection


Gilles Bernheim, 56 ans, élu en juin, commence son premier mandat de Grand Rabbin de France. Il dresse un tableau de la situation du judaïsme en France, de son rapport à la laïcité et prend la parole sur les sujets qui préoccupent la communauté juive, notamment l'antisémitisme et le conflit entre Israël et le Hamas.


LE FIGARO - Comment se définit Gilles Bernheim, non pas le Grand Rabbin dans sa fonction, mais l'homme, l'intellectuel, le croyant ?
Gilles BERNHEIM - Même s'il est difficile de dissocier les trois termes, essayons quand même. L'homme rabbin est d'abord un passeur : il doit se faire l'intermédiaire entre la grandeur des textes de la tradition juive et les besoins des hommes. Comment la transcendance dont je dois témoigner peut-elle s'incarner dans la réalité quotidienne ? C'est la question fondamentale que je porte en moi, chaque matin, en me levant, ou en commençant une étude de la Torah.L'intellectuel est un «inquiéteur». Aujourd'hui plus que jamais, dans une société bien pensante où la réussite matérielle comme but ultime va de soi, les médias font un formidable bruit qui, parfois, empêche de penser. Dans un tel contexte, le juif a charge de maintenir la part d'étrangeté et de questionnement qui est au cœur du judaïsme.Quant au croyant, le Talmud dit de lui qu'il est au centre de lui-même avant d'être le centre du monde, et que l'important n'est pas d'être vu mais de voir. J'y ajouterai deux choses : les vrais croyants font peu de bruit car il est inutile de prêcher, il faut donner l'exemple. Et la confiance en Dieu ne peut reposer que sur une évidence intérieure ainsi que sur la justesse d'un enseignement de la Torah.

On vous dit « orthodoxe », qu'est-ce que cela veut dire ?
Être juif orthodoxe est à la fois une manière de vivre et une manière de penser, une discipline et une doctrine. Certes, la première exigence du judaïsme est, comme le dit Maïmonide, d'avoir foi en Dieu. Mais l'exigence centrale du judaïsme n'est pas la confession d'une croyance. Affirmer : «Je crois en… » ne fait pas d'un homme un juif, de même qu'affirmer : « Je crois en ma patrie » ne naturalise pas un étranger. Est citoyen celui qui accepte la soumission à une Constitution, à ses droits et à ses obligations. Ma relation à Dieu ne s'exprime pas par un article de foi, mais par l'acceptation d'un ordre qui détermine toute ma vie. Ce qui importe, c'est de mener une vie exemplaire et juste dans ce que les juifs pratiquants appellent Torah et mitsvot, la Loi et ses préceptes.

Votre élection en juin dernier a été marquée par une lutte sans merci. A-t-elle laissé des traces ?
Je m'emploie depuis le jour de l'élection à faire en sorte que le climat soit apaisé. Mais il faut aussi rappeler que cette campagne a été perçue, à l'extérieur de la communauté juive, comme une preuve de démocratie et de vitalité.

Dans quelle situation trouvez-vous la communauté juive de France ?
M'autorisez-vous à être optimiste ? L'intérêt grandissant qu'on observe pour les enseignements du judaïsme, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos communautés, est porteur des plus grandes espérances. J'observe à ce sujet autour de moi toutes les formes d'engagement, notamment des jeunes ménages qui s'installent dans une vie d'observance religieuse tout en s'ouvrant à des intérêts nombreux et nouveaux. La visibilité du judaïsme français (écoles, alimentation et restauration Kasher, centres d'étude) est un gage de vitalité et de pérennité. À condition que ceux qui transmettent le judaïsme soient à la hauteur et du message dont ils sont les dépositaires et des attentes auxquelles ils ont à répondre. Il importe de favoriser au maximum les échanges entre les différentes sensibilités de la communauté afin qu'elles se fécondent mutuellement dans l'étude de la Torah et de la Tradition. Et que naisse une vraie parole de vie, non seulement vécue par celui qui l'a dite, mais qui porte vie à celui qui l'entend.

Par quoi l'avenir de la communauté est-il le plus menacé, l'antisémitisme ou les divisions internes ?
Malgré ce qu'il est de bon ton de dire, la communauté juive n'est pas aussi profondément divisée que d'autres, même s'il est urgent d'agir pour enrayer les facteurs de division. Elle manifeste un attachement profond et exemplaire à Israël, le monde de l'étude est dynamique et le cadre institutionnel respecté. Quant à l'antisémitisme qui menace la communauté juive, et au-delà de la colère que m'inspirent des actes odieux commis envers les juifs, mais aussi envers des musulmans ou des chrétiens, j'ai le sentiment qu'il est lié à d'autres formes de violence de la société française, et que si ça doit être un signal fort, ce n'est pas seulement pour les juifs de France, mais aussi pour l'ensemble de la nation française.

Quelles seront vos priorités à court terme ?
Diriger de façon accessible et transparente le rabbinat français en travaillant en équipe pour le Consistoire de France. Renforcer les piliers de la vie juive française que sont le rabbinat, l'éducation juive, les tribunaux rabbiniques et les Consistoires régionaux. Rassembler les juifs dans la solidarité et dans l'ouverture, tout en affirmant la référence stricte à la Loi juive. Représenter l'ensemble de la communauté juive de France avec le souci du dialogue et de l'exemplarité.

Que voulez-vous construire à long terme ?
Ma priorité est de rénover la formation initiale des rabbins et d'instaurer une formation professionnelle continue. Mais aussi d'œuvrer pour que la communauté juive donne une image empreinte de dignité, parfaitement intégrée sur le plan des valeurs civiques dans la communauté nationale et soucieuse de ses devoirs envers elle. Dialoguer avec les acteurs politiques, les autres religions et la société civile. C'est sur ces engagements que nous avons été élus, avec le président du Consistoire de France Joël Mergui. Être en dialogue permanent avec les dirigeants des autres institutions juives de façon à les inspirer, et sans me substituer à eux, est aussi l'une de mes priorités.

Vous êtes très engagé dans le dialogue judéo-chrétien. Pourquoi cet intérêt privilégié ?
La question qui me préoccupe depuis près de trente ans est de savoir comment débattre entre juifs et chrétiens sans faire comme si certains conflits théologiques n'existaient pas. En tant que juif, j'exprime ma vision de Jésus et des Évangiles car les enseignements de et sur Jésus méritent d'être pris en compte et déchiffrés selon la clé de la tradition rabbinique. C'est à cet exercice que je me suis livré dans le livre de dialogue avec le cardinal Barbarin. Faut-il par ailleurs rappeler que grâce et à partir de Nostra Aetate, les catholiques ont beaucoup à gagner pour mieux comprendre les Évangiles, pour être plus fidèles à Jésus, en écoutant la tradition juive qui témoigne de l'existentialité biblique en laquelle Jésus s'est exprimé et a vécu ?

Partagez-vous le même intérêt pour la communauté musulmane ?
Oui, à condition que les relations judéo-musulmanes soient centrées sur le présent et l'avenir plutôt que nourries d'évocations historiques, tantôt idéalisées, tantôt dramatiques. La coexistence pacifique et le respect mutuel entre juifs et musulmans sont des objectifs impérieux.Leur proximité tient d'abord au fait que, pour les deux religions, le poids des commandements et des gestes est considérable. Un musulman comprend parfaitement ce qu'est une boucherie kasher. Nous sommes ici sur un terrain où l'intellectuel occidental moderne est complètement perdu. L'idée que l'identité puisse être portée par des gestes répugne à l'Occident et ne lui évoque que fanatisme, intégrisme ou tyrannie, tout ce qui est de l'ordre de la contrainte pratique lui apparaissant comme le contraire de la foi.Plus que sur le monothéisme qui, pour être commun aux trois grandes religions révélées n'en est pas moins pensé et vécu par chacune de façon différente, c'est sur cette commune exigence d'une pratique religieuse qu'il convient, me semble-t-il, de mettre l'accent dans les relations entre juifs et musulmans.

La « laïcité positive » défendue par le président de la République est-elle une bonne idée ?
La pensée de Nicolas Sarkozy me semble faire écho à cette phrase de Baudelaire à laquelle j'adhère parfaitement : «Il n'y a d'intéressant sur la terre que les religions.» Ce qui veut dire que les religions restent les ultimes réserves de signification, de poésie dans un monde désenchanté par le rationalisme et la technique. Il n'y a donc rien d'étonnant qu'en cette phase critique de la modernité que nous sommes en train de vivre, la religion vienne au centre du débat. Personne ne l'a dit plus nettement que Louis Dumont : « On ne peut pas se passer de toute transcendance, il n'y a rien qui ne puisse reposer que sur soi-même. En particulier, tout ordre humain repose sur son au-delà.» Permettez-moi, à partir de références culturelles et religieuses bien différentes, de faire mienne cette parole.

Comment la communauté juive de France doit-elle se positionner par rapport à Israël et, plus particulièrement, sur le conflit en cours à Gaza ?
Les juifs de France considèrent avec angoisse les combats qui font rage à Gaza. Ils sont très nombreux à avoir des proches en Israël et tremblent à l'idée des victimes et des soldats qui, à l'image de Guilad Shalit, pourraient être enlevés. Mais un autre facteur les tourmente et je voudrais le faire comprendre à partir du récit biblique. Lorsque Jacob va à la rencontre de son frère Esaü dont il apprend qu'il est armé jusqu'aux dents, le verset dit que Jacob eut peur et qu'il fut effrayé. Tous les commentateurs s'interrogent sur cette répétition et concluent qu'il eut peur d'être tué mais qu'il eut plus peur encore d'avoir à tuer. Ma compassion, comme celle de tous mes coreligionnaires, s'étend aux populations civiles palestiniennes et je regrette que les guerriers du Hamas soient entrés dans une folie meurtrière qui les dépasse et les broie.

Le doute et le trouble dominent en ce début d'année après «la» crise de 2008. Que nous est-il arrivé, au fond ?
Comme tout un chacun, j'ai été sensible à l'ampleur de la crise financière, suivie de la crise économique, suivie d'un début de crise sociale qui va, semble-t-il, s'amplifier en 2009. Mais il y a des éléments troublants : le désarroi des experts qui n'ont rien vu venir et se trompent avec constance, les interventions spectaculaires des gouvernements avec des effets pas toujours convaincants et, pour le moment, la relative sérénité des opinions publiques. Cette paix fragile va-t-elle durer ? Nul ne le sait. L'année 2009 paraît couverte de nuages sombres.

Sur quel point de vigilance et quel point d'espérance l'homme de foi et le philosophe s'attarderait-il pour 2009 ?
Parlons plutôt de vigilance et d'exigence. Vigilance sur le fait que la qualité d'une société se mesure au sort qu'elle réserve aux plus pauvres des siens et à l'effort qu'elle déploie pour prévenir la pauvreté et ses ruptures. Travaillons à l'élaboration d'un projet, celui du bien commun, en prenant comme révélateur la place des plus pauvres dans notre société. Car avec la mort des idéologies sociales, on a souvent oublié de préserver ce qui faisait le ferment de tant d'engagements généreux.La Torah ne peut faire l'économie de cette exigence et ne peut que nous interpeller en cette situation de crise due au manque de travail. Comment, par exemple, vivre le shabbat comme aboutissement de six jours de travail pour un homme qui est précisément exclu du travail ? Quelle sagesse le respect du shabbat peut-il révéler à une société qui vit le non-travail comme un mal social qui menace sa cohésion ? Parce que le vrai shabbat valorise une responsabilité qui tout à la fois libère l'homme et lui rend sa dignité. Comment donc faire pour que se rejoignent cette notion à la fois utopique et exigeante du shabbat et la réalité sociale aggravée par la crise que nous connaissons ? Telle est d'abord ma vocation de rabbin, ce que l'on appelle l'exigence de la foi. C'est à cette condition que le judaïsme prendra sa part de l'effort de refondation morale de la société.

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Nico37
 
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