Nouvelle nuit de tensions à La Réunion dans le quartier du Chaudron
LEMONDE.FR avec AFP | 23.02.12 | 19h18 • Mis à jour le 23.02.12 | 22h20
Des voitures brûlées dans la ville du Port, mercredi 22 février.AFP/RICHARD BOUHET
Des violences sporadiques ont éclaté pour la troisième nuit consécutive, jeudi 23 février au soir, sur l'île de La Réunion, en perdant en intensité mais en s'étendant à plusieurs villes. "La situation est beaucoup plus calme que les nuits précédentes à Saint-Denis et au Port", a précisé Benoît Huber, directeur de cabinet du préfet.
Des groupes de jeunes et les forces de l'ordre continuaient à s'affronter à distance – lancers de bouteilles incendiaires contre tirs de grandes lacrymogènes – dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis, où des barrages de pierres et des poubelles en feu avaient été installés en début de soirée. Des incidents étaient également signalés dans d'autres communes de l'est et du sud de l'île, mais aucun pillage de bâtiment public ou privé n'était à déplorer.
En milieu de nuit, les forces de l'ordre avaient déjà procédé à trente-cinq interpellations. Dans la journée de jeudi, quatre des soixante-huit personnes interpellées lors des violences des deux derniers jours ont été condamnées à des peines de prison ferme et deux ont été placées en détention provisoire
Plus tôt dans la journée, un escadron de gendarmes mobiles est venu en renfort de métropole. Le préfet de La Réunion, Michel Lalande, et les élus de l'île ont, de leur côté, lancé en fin d'après-midi un appel au calme. "Je demande à la population (...) de rester à l'écart des lieux de ces exactions", a dit M. Lalande.
LA PRÉCARITÉ MISE EN CAUSE
Jeudi matin, le maire socialiste de Saint-Denis, Gilbert Annette, s'est rendu au Chaudron, où la bibliothèque municipale et l'atelier d'initiation à l'informatique ont également été la cible des vandales. Ce quartier populaire est massivement touché par le chômage, qui frappe 29,5 % de la population réunionnaise et 60 % des jeunes de moins de 25 ans.
Déjà, en mars 2009, le quartier avait été le théâtre d'affrontements en marge de grandes manifestations contre la vie chère. "Les minima sociaux sont calculés sur des bases métropolitaines, ils ne permettent plus aux familles réunionnaises de s'en sortir", a répété le maire face à des habitants sceptiques, voire agressifs. "Vous connaissez un enfant du Chaudron qui a réussi dans la vie et qui gagne 3 000 ou 4 000 euros par mois ? Ne cherchez pas, il n'y en a pas !" lui a lancé, en créole, un homme passablement énervé.
"C'est un effet colatéral du conflit des carburants, analyse Henri Hippolyte, conseiller général (PCR) du Port, à 15 kilomètres de Saint-Denis. Ces jeunes se sont attaqués à des biens de consommation hautement symboliques. Ils sont au bout du rouleau. On ne peut accepter ces dérives violentes, en même temps qu'il faut comprendre l'immense détresse sociale qui est la leur."
FAIRE BAISSER LES PRIX
Les violences urbaines à La Réunion, qui ont fait quatre blessés, se sont étendues la nuit dernière. Selon la préfecture, environ 600 personnes se sont livrées à des pillages dans la nuit de mercredi à jeudi dans les villes du Port, de Saint-Denis et de Saint-Benoît, pillant ou dégradant une quinzaine de commerces et d'entreprises. A l'origine de la contestation figure notamment le coût, jugé élevé, du carburant sur l'île et la vie chère. La nuit précédente, un même nombre de commerces ainsi qu'un entrepôt de riz avaient été la cible de groupes de jeunes. Au total, 68 personnes ont été interpellées, et 48 placées en garde à vue.
Les élus de l'île ont présenté, jeudi, une série de propositions pour faire baisser les prix. Didier Robert, président (UMP) du conseil régional, a ainsi suggéré d'utiliser les recettes d'une taxe locale, l'octroi de mer, pour faire baisser de cinq centimes les prix au litre des carburants. Nassimah Dindar, présidente (DVD) du conseil général, souhaite généraliser les tarifs sociaux de l'eau, de l'électricité et du téléphone et baisser les prix de produits de première nécessité d'origine locale en créant "un fonds de concours exceptionnel". Gilbert Annette a pour sa part proposé des mesures de gel des prix sur "100 produits de première nécessité, aux prix de la métropole" et demande à l'Etat un plan d'urgence exceptionnel. Ces propositions seront débattues vendredi lors d'une réunion en préfecture.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
Situation toujours tendue à La Réunion avec de nouvelles violences
le Jeudi 23 Février 2012 à 20:50
Le quartier du Chaudron à Saint-Denis sur l’île de La Réunion est pour la troisième soirée de suite le théâtre de violences. Si la situation semble s'être un peu calmée par rapport aux deux nuits précédentes, des bandes de jeunes affrontent toujours les forces de l’ordre. A l’origine de cette contestation, le coût jugé trop élevé du carburant sur l’île.
... http://www.franceinfo.fr/societe/situat ... 2012-02-23