Je rappelle que les "infes" rejettent
massivement l'ORDRE INFIRMIER en boycottant les
élections à cet ordre et en refusant de
payer la cotisation obligatoire......
Nous constatons actuellement dans nos unités une multiplication des mises en chambres de soins intensifs.
Cette évolution, constatée ici et ailleurs, a été dénoncée encore récemment par le contrôleur général des lieux de privation de liberté mais aussi par le rapport du député Denys Robiliard datant de décembre 2013 et commandité par la commission des affaires sociales.
Selon ce rapport, les professionnels de la santé mentale expliquent cela par la baisse du nombre des soignants dans les unités, la féminisation des équipes et le manque de formation des soignants et des jeunes médecins. Mais d’autres éléments sont à prendre en compte, notamment la dérive sécuritaire en psychiatrie, conséquence directe de la baisse du nombre de lits ces dernières années sans contrepartie suffisante en termes d’alternatives à l’hospitalisation (et donc conséquence indirecte des baisses budgétaires).
La réflexion en terme de DMS (durée moyenne de séjour) ayant poussé de plus en plus de "fous" dans la rue. Ainsi, le grand chantier sécuritaire en psychiatrie amorcé en 2008 a accentué cet état de fait...
http://www.sudsantesociaux.org/la-psych ... aitee.htmlLa psychiatrie maltraitée
personnels première variable d’ajustement
Pas un jour sans une nouvelle attaque sur les établissements de soins en psychiatrie. Personnels et qualité des soins sont mis à mal au nom d’une politique d’austérité qui déshumanise et abêtit.
Attaque contre les accords ARTT (Aménagement et Réduction du Temps de Travail), déqualification de postes, mais aussi réductions d’effectifs, glissements de tâches, travail en 12h, cavalerie au Compte Epargne Temps, logiciels voleurs d’heures supplémentaires... Rien de bien différent du reste du sanitaire, ou du médico-social si ce n’est une spécificité « psy ».
La psychiatrie c’est avant tout des humains (formé-e-s pour cela) qui en soignent d’autres (en souffrance), de fait la part des personnels dans les budgets est de 10% plus importante qu’en Médecine Chirurgie Obstétrique (MCO) et l’impact des économies pèse essentiellement sur la masse salariale.
Economies budgétaires de tout poil
Paiement des chambres individuelles, paiement des consultations, économies sur la nourriture ou les attributions de linge ou matériel de toilette, mise en surcapacité des unités de soin... Or bien souvent les personnes hospitalisées arrivent démunies et l’accumulation de ces facteurs compromet l’établissement de la relation de soin et les soins. Plus qu’ailleurs l’impact sur la qualité des soins et l’accès aux soins est maximal. Le soin en psychiatrie reposant essentiellement sur la relation, l’animation, la convivialité, bref « l’hospitalité » et l’humain.
Je clique donc je soigne
Au-delà du carcan budgétaire il s’agit aussi de normer les soins et de fliquer les soignants ! Avec l’apparition des protocoles et le règne de la Haute Autorité de Santé, les pratiques se retrouvent engoncées dans des procédures rigides et bien souvent absurdes. Le comportement humain ne se met pas en protocole ni en conduite à tenir toutes faites. Certain-e-s soignant-e-s se replient derrière l’antienne « Pas d’Initiative Pas de Problème » car à la moindre anicroche, c’est la recherche de responsabilités qui prévaut.
Avec l’appauvrissement culturel lié à la disparition de l’internat de psychiatrie, celle de la formation des Infirmier-ère-s de Secteur Psychiatrique, avec la politique sécuritaire des années Sarkozy, on peut dire que depuis les années 90 le secteur de psychiatrie est maltraité et méprisé, et cela s’aggrave de jours en jours.
Sommes-nous des exécutant-e-s du mal soigner ?
Est-il nécessaire que derrière chacune de nos interventions relevant de notre rôle propre, il existe un protocole, une procédure, une consigne médicale ou pire, administrative ? N’est-ce pas à travers ce que l’on est, au quotidien avec les patient-e-s, que nous leur permettons, ou pas, chaque jour d’éprouver la vie en contact, avec la maladie ? Les soignant-e-s sont enfermé-e-s dans des procédures qui étouffent le soin et installent la peur : si je me permets d’improviser et qu’il y a un problème, c’est rapport circonstancié et grosse fessée déculottée. Alors, j’applique le principe de précaution, PIPP ! (Pas d’Initiative, Pas de Problème).
Alors... Je me cantonne au prescrit, Alors les patient-e-s trinquent !
Chambre d’Isolement si besoin + contentions si besoin + constantes toutes les 2h + surveillance alimentaire et apports hydriques + normacol si 3 jours sans selles + suivi du poids + surveillance risque de fausse route + surveillance des déplacements dans et hors de l’unité + fouille, éthylotest et bilan toxique au retour de chaque permission + surveillance du risque suicidaire + surveillance de risque de mort accidentelle ! + … beurk ! Où est le soin ? La conséquence principale du sous-effectif en psychiatrie c’est la surveillance au lieu de la relation de soin, c’est l’enfermement, c’est la contention.
Surveillance de celles et ceux qui surveillent pour être bien sûr-e-s que le, la patient-e est surveillé-e...
Les directions des soins nous ont imposé des logiciels “pour nous aider”, le nom de l’agent et l’heure à laquelle il ou elle s’exécute sont “tracés”, pour nous aider donc...? Ainsi, la fugue ne correspond plus à un signe clinique que le, la patient-e nous adresse, mais à un défaut de surveillance de l’agent en poste à l’heure indiquée. Et une fois le, la patient-e retrouvé-e, on ne cherche pas à savoir ce qu’il ou elle a cherché à nous dire, on l’isole pour éradiquer provisoirement le symptôme et on termine nos rapports circonstanciés pour, chacun-e à notre poste, prouver à notre supérieur-e qu’on a bien fait l’boulot. Et quand le travail est fait selon ces procédures, nous, soignant-e-s, nous savons que le travail est mal fait. Traçabilité peut-être mais pas qualité, sûrement pas !
La maltraitance institutionnelle
Nous connaissons toutes et tous les conditions d’enfermement et d’isolement à la limite de l’humain. Le sous-effectif chronique dans les services, le manque de temps auprès du patient, l’absence de réflexion sur la nécessaire distance relationnelle et sur les évènements et difficiles inhérents à notre métier (patient-e-s agité-e-s, troubles de la relation liés à la psychose etc...) génèrent de la maltraitance. La pression sur le personnel pour accomplir des actes à la limite de la loi et du droit des patient-e-s, aggravée par la loi d’Aout 2011 qui nous impose l’accompagnement des patients auprès du juge, sans moyens supplémentaires.
La révolte des soignant-e-s est plus que jamais nécessaire.
Sud dénonce, cette maltraitance institutionnelle, la côte d’alerte est franchie.
Nous en avons assez de travailler comme on peut, avec des moyens misérables et des personnels débordés, les camisoles de force remplacées par des camisoles médicamenteuses, faute de véritables alternatives, qui se portent désormais en ville, à domicile, dans des solitudes chimiquées, dont on n’a pas idée tant qu’on n’y est pas directement confronté-e-s.
Nous en avons assez, que l’on nous confisque nos outils d’appréciation de notre travail, notre façon de soigner :
. Assez de la dégradation constante de nos conditions de travail. Assez du sous-effectif chronique qui ne nous permet plus d’exercer nos métiers dans des conditions d’accueil décentes pour les patient-e-s.
. Assez que notre créativité de soignant soit étouffée par des dispositifs de gestion comptable, avec les conséquences de ce mode de management sur l’éthique soignante. Nous devons nous opposer à une politique sécuritaire du soin, laquelle, au détriment du relationnel, remplace la contenance par la contention. Nous devons retrouver le sens du soin !
. Assez que l’on nous confisque nos outils d’appréciation de notre travail, notre savoir-faire, assez qu’on nous impose des normes opposables et opposées à tout travail de créativité.
. Assez de la bureaucratie qui règne, de la soumission imposée qui s’étend… de ce management poussé à l’absurde qui va jusqu’à interdire à certains collègues ASH de converser avec les patient-e-s !
La révolte de toutes et tous est plus que jamais nécessaire
Il est temps de repenser le soin en équipe, de réfléchir à nos pratiques. Nous voulons plus de temps et de moyens pour soigner. Nous voulons d’une politique de soin qui redonne du sens au travail d’équipe et qui permet l’élaboration de projets de soin avec les patient-e-s. Nous voulons redonner de l’attractivité à nos métiers, par la revalorisation de nos carrières, par le salaire, l’autonomie et la responsabilité retrouvée. Nous voulons des moyens pour faire fonctionner un secteur psychiatrique ambitieux et humain.
Des hôpitaux résistent, des régions entières se mobilisent.
Il nous faut réussir la coordination d’un mouvement général, afin de ne plus lutter sporadiquement, les un-e-s après les autres, contre les symptômes de la maltraitance que la psychiatrie, le sanitaire, le social et le médico-social subissent de plein fouet. Nous avons besoin de retrouver le chemin du soin et des services dus aux patient-e-s.
SUD Santé Sociaux appelle à rejoindre les établissements en lutte,
SUD Santé Sociaux appelle à s’inscrire dans la mobilisation de "convergence des hôpitaux en lutte contre l’hôstérité" et à s’engager dans la construction d’un mouvement de l’ensemble du secteur, de nature à renverser la politique qui nous est infligée et qui entraîne la psychiatrie dans une honteuse régression.
Le 1er novembre 2014
Maison de l’arbre à Montreuil 93
les 39 organisent un meeting de résistance
Nous continuons d’affirmer que ceux qui souffrent de graves maladies psychiques ont et auront besoin à des moments de leur existence de recourirmain » ne sont pas dictées par des protocoles aliénants. Lieux où les règlements ne sont à des lieux d’accueil. Lieux où les rencontres nécessaires à tout soin qui se réclame « hu pas l’unique proposition « contenante », lieux où prendre du temps est possible et reconnu comme nécessaire, avec une écoute de ce que les personnes en souffrance psychique reconnues dans leur singularité ont elles-mêmes à nous apprendre. Lieux où les psychiatres et les équipes soignantes s’engagent dans un accompagnement au long cours.
Or depuis deux ou trois décennies toutes les conditions nécessaires à cet accueil se dégradent progressivement pour atteindre un niveau insupportable. Les moyens diminuent, la formation est scandaleusement pauvre et inadaptée, les théories s’étiolent, se rigidifient, perdent le caractère complexe indispensable à la pratique soignante. Toute une expérience soignante, toute une histoire collective de la psychiatrie française risque de disparaître.
Lors des Assises de la psychiatrie et du médico-social, les témoignages de patients, de familles et de professionnels ont fait apparaître que de nombreuses équipes, en l’absence de réflexions institutionnelles et micropolitiques, utilisaient des méthodes coercitives s’appuyant sur des théories réductrices de la folie. De plus, l’abandon des principes de base du secteur et du développement du potentiel soignant des patients au sein des clubs thérapeutiques favorise la démission et le désinvestissement des travailleurs en psychiatrie devant la perte du coeur de leur métier et renforce les mauvaises conditions d’hospitalité et de soins aux patients ainsi que l’accueil défaillant des familles.
Hélas la future « Loi de santé publique » risque d’aggraver ce processus : Du Secteur fondé sur le principe de continuité des soins préventifs, curatifs et de postcure par la même équipe, sur une base territoriale, le projet de Loi ne retient que la notion de territoire, pour en faire un quadrillage de la population. Territoire dans lequel devrait s’organiser le parcours du patient entre psychiatrie (qui ne s’occuperait dorénavant que de la phase aiguë), médecin généraliste (qui assurerait le soin en phase de stabilité), psychiatre libéral (qui serait intégré sans en avoir la vocation ) et médicosocial (qui assurerait les éventuels besoins d’hébergement et l’offre d’activités sur la journée).
Le pouvoir politique continue de s’appuyer sur les forces bureaucratiques pour soutenir la “démarche qualité” et la segmentation des “prises en charges” où l’illusion d’une continuité s’appuie sur le dossier médical informatisé partagé sans limite avec rupture du secret médical.
Le Collectif des 39 invite tous les citoyens, les soignants, les patients, les familles qui résistent individuellement, toutes les forces associatives de soignants, de patients, de familles, toutes les forces syndicales et politiques , pour amplifier notre mouvement afin de stopper toutes ces dérives. Une mobilisation de grande envergure qui soit force de proposition pour que dans la future « loi de santé publique » prévue à la fin de l’année, la psychiatrie soit reconsidérée sous l’angle d’une hospitalité pour la folie et d’une continuité humaine et non pas administrative des soins.
Venez au meeting, ouvert à tous, le 1er novembre, à « La maison de l’arbre » à Montreuil, pour unifier tous ceux qui souhaitent sortir de la servitude volontaire, et poser par là un acte de résistance au nouveau déploiement de cette psychiatrie technocratique et bureaucratique.
www.collectifpsychiatrie.fr
http://www.lechatnoir51.fr/2014/11/grev ... pital.htmlGrève annoncée à l’hôpital
L’intersyndicale de l’EPSMD de Prémontré – qui regroupe les syndicats de médecins et des personnels – a, ce jeudi, distribué des tracts à l’entrée de l’établissement afin d’appeler à la «mobilisation générale» pour une journée d’action qui aura lieu le jeudi 13 novembre.
Alors que l’Agence régionale de santé (ARS) a demandé à la direction de mettre en œuvre un plan qui prévoit 1 million d’euros d’économies par an, sur trois années, le personnel s’inquiète des conséquences sur le fonctionnement, notamment en ce qui concerne les moyens humains. L’intersyndicale entend ainsi dire «stop à la casse organisée» de l’hôpital.
http://www.hospitalite-collectif39.org/?CA-SUFFITÇA SUFFIT
APPEL DU 1ER NOVEMBRE 2014
Les faits sont là, têtus et implacables :
Tandis que la demande de soins croît - notamment pour les enfants -, les moyens humains se raréfient : diminution des postes d’infirmiers, marginalisation scandaleuse des psychologues, raréfaction des psychiatres (publics et privés).
La formation est manifestement insuffisante pour les infirmiers. Elle est réductrice, affadie et trompeuse pour les internes en psychiatrie, car la complexité de la discipline n’est que trop rarement prise en compte. Elle ne leur permet que trop rarement de choisir leurs options théoriques, de développer une pensée critique indispensable. Tous les étudiants subissent un formatage où règne la dimension binaire et réductrice du soin : aider le patient à comprendre ce qui lui arrive ne serait plus à l’ordre du jour. On leur apprend à traiter une maladie et non à soigner un être dont la souffrance représente aussi une protestation à accueillir.
Il en est de même de la formation des éducateurs et des travailleurs sociaux dispensée dans les Instituts Régionaux du Travail Social : soumise aux diktats de la « qualité » et de « la bientraitance », réductrice et opératoire, elle est complètement inappropriée à la dimension relationnelle de la rencontre éducative.
De plus, dans la vie quotidienne des services (publics ou privés), il n’y a plus de temps pour la transmission des savoir-faire, pour les réunions d’équipe, les échanges informels à propos des patients. Il faut, en revanche, consacrer du temps à remplir des petites cases avec « des petites et des grandes croix », remplir des obligations aussi ineptes que stériles pour qu’une pseudo qualité soit respectée, celle qui est imposée par la HAS. Cette Haute Autorité de Santé, institution antidémocratique, impose sans aucune retenue des protocoles étrangers à la culture des équipes soignantes, tyrannise par son souci d’homogénéité et de maîtrise de tous les acteurs, y compris la hiérarchie hospitalière. Comme organisme bureaucratique de haut niveau, elle « élabore » ses protocoles de soins pour tous. Or, en psychiatrie, le souci de l’homogène est anti thérapeutique, car le vif et le cœur de la pratique s’enracinent dans le caractère singulier de la rencontre thérapeutique : chaque acte de soin doit garder un caractère spécifique prenant en compte le contexte, l’histoire, ce que dit le patient du rapport à sa souffrance.
En fait c’est la bureaucratie, aux ordres du pouvoir politique, qui décide : la méconnaissance autant que la stupidité tentent d’imposer aux professionnels par le biais de lois, de circulaires et autres décrets des kits de bonne gestion, de bonne conduite, d’aide à la gestion des humains, soignants ou soignés. Comme dans le meilleur d’un monde robotisé et soumis aux diktats d’un pouvoir tout puissant, dont les bras armés sont les directeurs des Agences Régionales de Santé -ARS- aux pouvoirs déjà exorbitants qui vont encore être étendus avec le projet de loi santé.
Comment s’étonner alors du désarroi des familles devant l’isolement et l’enfermement (physique, psychique, symbolique) dans lesquels leurs proches se trouvent relégués tout au long de parcours de soins chaotiques, construits sur une multiplicité de soignants juxtaposés sans lien vivant. Comment ne pas comprendre la colère ou la détresse des familles face au peu de réponses qui leur sont apportées ou aux propos fatalistes, culpabilisants, ou péremptoires qu’elles entendent.
Les patients disent être infantilisés, peu ou pas entendus, surmédiqués, étiquetés, soumis à l’arbitraire, avec perte de la liberté de circuler et menace permanente de la chambre d’isolement.
Car les faits sont là : autrefois rares, les chambres d’isolement et l’immobilisation des patients deviennent un « outil » banal d’un milieu qui ne sait plus ou ne peut pas faire autrement. Cette banalisation inacceptable trouve dans les « protocoles de mise en chambre d’isolement » sa justification déculpabilisante.
Le passage de « l’hospitalisation sous la contrainte » au « soin sans consentement » a permis l’extension de la contrainte jusqu’au domicile des patients, en ambulatoire. Les juges et les avocats, présents désormais en permanence à l’intérieur des hôpitaux, viennent cautionner, malgré eux, l’accélération des mesures de contraintes sous toutes leurs formes, là où ces professionnels du droit auraient dû venir défendre les libertés fondamentales.
La plupart du temps la contrainte n’est pas imputable au seul patient, elle est une construction sociale et clinique.
Tout cela dans un contexte où la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé, Territoire), dénoncée avant 2012 par l’opposition d’alors, est toujours en place avec l’actuel gouvernement. Cette loi organise l’hôpital moderne selon l’idéologie de l’hôpital entreprise, posant le cadre de cette rencontre inouïe et impossible entre la santé publique et la logique néolibérale de la gestion et du profit.
Que dire alors du secteur psychiatrique, cette « utopie nécessaire » qui a permis de sortir les patients des asiles, et qui a proposé une continuité des soins de proximité ? Tous s’accordent à le maintenir ! Mais tout en déclarant l’importance de ce dispositif, Mme Marisol Touraine veut tripler la population concernée par un secteur : de 70 000 habitants à 200 000. Si les parlementaires votent ce texte (inscrit dans la future loi de santé publique), le secteur risque de devenir une entité gestionnaire, un instrument de quadrillage, annulant alors les raisons mêmes de son existence
En pédopsychiatrie, la situation est très préoccupante.
D’une part, nous ne pouvons plus accepter un délai d’attente de plusieurs mois pour une consultation, ou deux à trois ans (!) pour l’admission d’un enfant en structure spécialisée - quand elle existe… L’insupportable côtoie l’absurde.
Par ailleurs, la politique du handicap, malgré quelques rares avancées sociales, produit des effets pervers majeurs. Actuellement nous vivons un double paradoxe : avec « un handicap », les enfants en grande souffrance accèdent plus difficilement aux soins, pendant qu’un grand nombre de simples « déviants » du système scolaire sont stigmatisés en handicapés. Mais pourquoi faut-il être handicapé, à coup de diagnostics psychiatriques et des certificats médicaux, pour pouvoir bénéficier de renforts purement pédagogiques (type l’aide d’un adulte non qualifié, AVS, ou classes à effectif réduit) ? Les agités, les redoublants, les indisciplinés etc…(le plus souvent issus des populations les plus précaires) se voient ainsi « psychiatrisés » par la voie généreuse du handicap. Nous récusons les mécanismes de récupération de la clinique psychiatrique par une politique du handicap qui transforme les marginalisés en anormaux.
Alors, au nom de quels impératifs organise-t-on méticuleusement depuis des années cette politique destructrice ? Financiers, théoriques, sociaux, économiques, ségrégatifs ?
Au nom de quoi devrions-nous accepter ?
Pourquoi devrions-nous taire nos convictions ? Tout soin demande du temps : le temps de penser, de parler, de nouer des liens. Du temps pour comprendre, du temps pour que chaque collectif mette en place ses propres outils évaluatifs et ne perde pas ce temps précieux à répondre aux injonctions de l’HAS, dont la plupart des soignants reconnaissent qu’elles heurtent frontalement la dimension clinique de la pratique. Du temps pour une formation appropriée à nos pratiques, sans passer sous les fourches caudines de formations obligatoires qui organisent la disparition de la dimension singulière de chaque acte de soin.
L’HAS, par sa collusion entre une pseudo-gestion au nom de la science et une pseudoscience au nom de la gestion, est en train, contrôles incessants et accréditations orientées à l’appui, de dépolitiser les questions de santé en les écartant du débat de nos démocraties.
Dans les instances politiques, dans la cité, dans nos services, les espaces de débat et de contradiction deviennent rares ; l’absurde et la violence deviennent alors bien trop fréquents.
Ouvrons de toute urgence ce débat public, national, citoyen !
Organisons la riposte massive qui s’impose !
Avec tous les réfractaires à la résignation !
Avec tous ceux qui ne veulent pas cesser de se réinventer, de rêver, de créer !
Avec toutes les associations syndicales, scientifiques et politiques concernées.
Pour que la démocratie retrouve ses droits.
Afin que puisse s’élaborer l’écriture d’une loi cadre en psychiatrie.
Une loi dont tous les patients, les familles, les soignants ont un besoin immédiat pour permettre une refonte des pratiques de la psychiatrie.
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