l’offensive réactionnaire dans les milieux alternatifs
Après avoir subi une période violente d’agressions, de propagande destructrice et de manifestations orchestrées par l’extrême-droite, la communauté LGBT doit actuellement faire face au développement des idées réactionnaires dans les milieux alternatifs.
En effet, ce n’est pas nouveau, mais ça s’accélère depuis quelques semaines, voire quelques mois, on assiste à un étalage de propagande transphobe, lesbophobe et homophobe sur des médias alternatifs. Des essentialistes, des primitivistes, des anti-techs, des naturalistes, chacun y va de son petit couplet et trouve apparemment légitime de donner son avis sur ce que peuvent faire ou pas faire des personnes LGBT de leurs vies.
Il est, au passage atterrant des constater à quel point ces personnes ne connaissent pas les sujets dont elles parlent ( pour ne donner qu’un exemple, dans un article actuellement en attente de modération sur indymédia grenoble, on nous explique qu’il y aurait plus de femmes trans que d’hommes trans, ce qui est faux et inévaluable).
Le sentiment de légitimité dont font preuve des personnes (au demeurant hétérosexuelles et cissexuelles) pour s’exprimer sur ce qu’elles ne vivent pas en dit long sur ce en quoi consiste l’oppression des personnes trans et/ou lesbiennes/gayes. Parce qu’il s’agit bien d’intrusion violente dans la vie des personnes concernées.
Dans tous ces textes, on essaie de nous faire croire que les personnes qui transitionnent le font par caprice ou pour le fun, comme si dans la société actuelle, c’était simple, on occulte tout l’aspect "parcours du/ de la combattantE semé d’embûches institutionnelles, judiciaires ou médicales. On nous explique aussi que certaines démarches médicales ne doivent pas être utilisées, même si elles sont choisies par la personne concernée, comme si qui que ce soit avait son avis à donner sur ce qu’une personne fait de son corps ou de sa vie. Là, on en revient à l’aspect intrusif.
On a droit aussi au vieil argument dégueulasse qui dit ou sous-entend que les personnes trans seraient des collabos qui renforceraient les genres (ici, on ne nous épargne pas les clichés dégueulasses et misogynes de ceux qui s’imaginent que des femmes auraient transitionné par fantasmes, alors que les fantasmes exotisant sur la féminité sont plutôt l’apanage des hommes cis hétéros), comme si les personnes cis étaient tellement révolutionnaires qu’elles ne renforçaient pas les rôles sociaux de genre (par exemple, des hommes virilistes ou pseudo-intellectuels donneurs de leçon sûrs d’eux).
La question de la PMA n’échappe pas aux attaques non plus. Toutes les théories les plus fumeuses et primitivistes sont bonnes pour empêcher les couples lesbiens ou hétérosexuels comprenant un homme trans d’avoir des enfants. On remet même en cause l’utilisation de la médecine en tant que telle, comme s’il fallait revenir au Moyen-âge, laisser crever les meufs qui accouchent seules, ne plus proposer de traitements aux séropos, achever les tuberculeux... Ben oui, si on trouve qu’il ne faut pas utiliser la médecine pour améliorer la vie sous-prétexte qu’elle est corrompue par le grand capital, allons-y gaiement...
Face à ce déversoir de propagande Transphobe, Lesbophobe, Homophobe et Misogyne, il serait de bon ton que les médias alternatifs réagissent massivement, se forment, se donnent des outils pour rejeter franchement ce genre de texte (par exemple en ne laissant pas visibles des articles non modérés ou refusés), coupent les liens avec les collectifs ou groupes qui tiennent des positions gravement réactionnaires. Tout n’est pas discutable. Tout n’est pas diffusable. La communauté LGBT se remet à peine des attaques de l’extrême-droite, nous n’avons pas besoin en plus de lire ou d’entendre le mépris, les jugements, les préjugés et les incitations aux agressions dans les médias alternatifs. Jusqu’à présent, les réactions de la communauté ont été posées, pédagogiques et verbales ou écrites, il se pourrait que ça ne reste pas le cas longtemps si ces attaques se poursuivent et que nous constatons une ambiance complaisant.
Pour une autodéfense LGBT face aux réacs !
Et puisque c’est à la mode... Ni oubli, ni pardon !
Christine a écrit:Mais t'es sûr que tu veux pas distinguer GPA et PMA ? Seulement parce que dans un cas il y a des opprimées, pas dans l'autre ?
La valence différentielle des sexes a toujours été marquée par l’incertitude de paternité : l’homme n’est jamais sûr d’être le père. Avec le don d’ovule, l’incertitude devient certitude : le géniteur est assuré d’être le père. Et dans le cas de l’insémination artificielle, on tend de plus en plus à féconder l’ovule par un spermatozoïde du conjoint. Ainsi, on apporte sur un plateau ce qui manquait au modèle : la certitude absolue de paternité, manque qui a valu aux femmes leur enfermement. Cela ne peut que conforter le modèle archaïque dominant. Pour la GPA, mon objection est théorique : cela se fait, cela se fera. Mais cette pratique ne me semble pas aller vers plus d’égalité. Elle démolit à la fois l’incertitude de paternité et la certitude de maternité. On sait qui est le donneur mais on ne sait plus qui est la mère : la génitrice, la porteuse ou la mère d’intention ? De plus, en donnant des ovules, les femmes se retrouvent de nouveau dans la position de fournir de la matière. Ensuite, la GPA constitue, via la marchandisation du corps, une forme d’esclavage. Dans les pays où elle est autorisée, les femmes y sont contraintes par leur mari ou la pauvreté et le libre-arbitre occidental. Les enfants aussi se retrouvent objets d’échange. Enfin, l’objectif de la loi est de compenser des injustices sociales. Ne pas pouvoir avoir d’enfant est une souffrance, mais est-ce une injustice ?
abel chemoul a écrit:le truc, c'est que un couple lesbien aurait droit à un enfant et pas un couple gay? donc le couple gay aurait un droit en moins par rapport au couple lesbien.
Inégaux par nature, les hommes et les femmes* sont en revanche égaux par volonté politique. Une volonté qui hante les sociétés depuis des millénaires. C’est cette volonté qui a sous-tendu la Révolution Française, l’abolition des privilèges et de la monarchie. C’est elle encore qui – sous une forme radicalisée et étendue à l’économie – a guidé le mouvement ouvrier. C’est en son nom que furent menés les combats anticolonialistes, féministes et pour les droits civiques. Cette égalité qui a formé jusqu’ici la matrice idéologique de la gauche, est une égalité sociale, économique et
politique. Elle est l’idée que les individus, quelles que soient par ailleurs leurs différences biologiques (physiques, cognitives, intellectuelles, sexuelles, ethniques...) doivent bénéficier des mêmes droits, des mêmes richesses et d’un même pouvoir de décision dans les choses de la cité. Peu importe que vous soyez un homme ou une femme, que vous soyez grand et costaud ou petit et malingre, que vous soyez blanc ou noir, valides ou handicapés. L’égalité ne vise pas à abolir les différences biologiques entre les individus, elle en fait abstraction. C’est là que réside toute la beauté de l’idée, et des combats qui furent menés en son nom.
C’est cette conception de l’égalité que les avant-gardes de la gauche libérale – cyber-féministes, transhumanistes, philosophes post-modernes et autres avatars de la French Theory– falsifient de jour en jour, au bénéfice des biologistes, médecins et industriels spécialisés dans la reproduction
artificielle. Réduisant la réalité sociale à l’opposition binaire entre dominants et dominés, hantées par l’idée que toute différence est nécessairement inégalité, elles en déduisent qu’on ne peut lutter contre la seconde sans abolir la première. L’égalité, c’est l’identité. Les bio-technologies sont les armes de ce combat pour l’uniformisation. Bientôt, la dépigmentation des personnes de couleur afin de lutter contre le racisme. De fait, il n’y a pas plus égaux entre eux que deux hamburgers.
Winston a écrit:La GPA me pose pas plus de probleme du moment ou ca n'aboutit pas a la marchandisation du corps et in fine a l'exploitation des uns sur les autres.
Béatrice a écrit:Winston a écrit:La GPA me pose pas plus de probleme du moment ou ca n'aboutit pas a la marchandisation du corps et in fine a l'exploitation des uns sur les autres.
Le propos est complètement contradictoire de fait, car oui il y a bel et bien exploitation et marchandisation du corps de la femme !
Face à de telles aspirations : à quand des élevages de mères pondeuses en batterie ?
" Le meilleur des mondes "
Qui est la phrase qui suit celle citée, propose une piste pour s'assurer que la question de l'argent soit pas un facteur determinant des motivations des personnes liées a ce processus.Winston a écrit: Et meme un systeme marchand comme le notre sait faire du non-marchand (voir le systeme des dons d'organes, de l'anonymat au don d'un proche).
Winston a écrit:Sinon, imaginons un systeme anarchiste, en quoi la GPA/PMA poserait un probleme dans ce cadre ?
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