Histoire de l'O.R.A.

Histoire de l'O.R.A.

Messagede kuhing » 04 Déc 2008, 13:59

Un document vidéo de front libertaire , des membres de OCL (Organisation Communiste Libertaire) qui date de 1975 envoyé par un copain du CAam.
Malgré les hésitations le document est intéressant.

LE FRONT LIBERTAIRE-09/1975
kuhing
 

Re: Front Libertaire OCL 1975

Messagede Pïérô » 04 Déc 2008, 16:41

juste petite précision :
Il s'agit à l'époque de l'ORA (Organisation Révolutionnaire Anarchiste), dont le journal était "Front libertaire des luttes de classes". l'OCL, n'a été créée qu'en 1976 dans son prolongement, et amenant la scission avec ceux qui créeront l'UTCL...

Sinon, c'est plutôt bien fait, court mais riche. Sauf la "prise de parole" qui est plutôt moyenne. Mais dans l'actualité, cette vidéo reste tout à fait pertinente.
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Re: Front Libertaire OCL 1975

Messagede Berckman » 04 Déc 2008, 18:14

Oui très intéressant, malgré quelques "raccourcis" notamment sur l'anarchosyndicalisme...
Berckman
 

Re: Front Libertaire OCL 1975

Messagede Pïérô » 04 Déc 2008, 18:34

c'est exact et sur le syndicalisme en général, mais c'est aussi significatif en 75 de ce qui sera justement un des points de divergence important et qui amènera la scission en 76.
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Re: Front Libertaire OCL 1975

Messagede Phébus » 14 Déc 2008, 05:20

Ouai ben c'est quelque chose! Merci de l'avoir partagé.
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Histoire de l'O.R.A.

Messagede vroum » 19 Fév 2009, 08:31

L'Organisation Révolutionnaire Anarchiste (O.R.A.)

Histoire du mouvement anarchiste 1945-1975 de Roland Biard
Editions Galilée pages 233-237


Deux ans après leur scission d'avec la F.A., les militants de l'O.R.A. Sont toujours à la recherche d'une ligne cohérente. Des divergences sous-jacentes hypothèquent le développement de l'organisation. Tiraillés entre leur anarchisme traditionnel qui leur faisait deux ans plus tôt applaudir aux diatribes de Maurice Joyeux contre le matérialisme historique, leur découverte livresque et toute fraîche du marxisme et de ses écoles : léninisme, luxembourgisme et leur désir de « faire quelque chose », ils oscillent de positions contradictoires en positions contradictoires. Toute une série d'orientations plus ou moins élaborées se font jour. Certains souhaitent mettre l'accent sur le rôle prééminent de l'organisation. D'autres, tout au contraire, pensent que l'organisation doit être un lien, une coordination entre secteurs de base. Vis-à-vis du syndicalisme, mêmes ambiguïtés. Certains dénoncent le rôle « contre-révolutionnaire de TOUS les syndicats » et s'opposent ainsi à ceux qui voient dans la C.F.D.T. l'amorce d'un mouvement de masse révolutionnaire. Enfin sur le plan statégique, toute une gamme de positions s'étage entre ceux qui veulent le repli de l'organisation sur elle-même (en vue de l'étude de la situation politico-économique du monde contemporain et l'élaboration de texte théoriques) et ceux qui prônent l'engagement « tous azimuts ».

L'O.R.A. sera incapable de 1970 à 1973 de sortir de cette situation qui exacerbe les contradictions et les oppositions.

L'ouverture de pourparlers de fusion avec le Mouvement Communiste Libertaire n'arrange guère la situation. Au cours de multiples discussions (elles dureront en définitive plus de trois ans), de multiples oppositions se créent. Des scissions et des départs de tous ordres contribuent à alourdir un débat déjà assez obscur. En juillet 1971, les groupes de Marseille, Dijon, Saint-Etienne et des militants isolés rejoindront le M.C.L. qui, pour l'occasion, se transformera en Organisation Communiste Libertaire. La crise provoquée par ces départs sera la plus grave connue par l'O.R.A. depuis son origine. Elle vide l'organisation de la plupart de ses éléments « historiques » et dynamiques. Elle connaît à cette époque son plus faible niveau de recrutement, une dizaine de groupes au plus (60 à 70 militants). Ceux-ci prennent alors conscience de la situation et vont tenter d'y remédier. Considérant que 1971 est le terme de la crise de « jeunesse » de l'O.R.A., ils vont introduire et pomouvoir dans l'organisation un certain nombres de formules organisationelles et tactiques nouvelles.

L'O.R.A., à cet égard, est novatrice par rapport à la « tradition » du mouvement libertaire.

Premier problème à aborder : celui del'accueil des sympathisants, leur formation, leur intégration dans le combat révolutionnaire. Pour la première fois, une double structure du mouvement est mise en place. Les « Cercles Front Libertaire » sont la structure d'accueil de l'O.R.A. Ceux-ci existent depuis la fin 1969 (13ième arrondissement de Paris). Jusque-là, ils avaient été considérés comme de simples appendices de l'organisation. A partir de juillet 1971,leur rôle va être systématisé. Ils deviennt une stucture à part entière, dotée de l'autonomie politique. Le passage des militants des C.F.L. à l'O.R.A. n'est pas systématique, mais volontaire de part et d'autre. Ces Cercles vont jouer un grand rôle dans le mûrissement des conceptions O.R.A. En effet, pour la première fois, les militants de celle-ci se trouvent confrontés à l'action pratique (dans les quartiers, les lycées...).

À la même période, l'O.R.A. met en place des structures « interprofessionnelles » (Batîment, P.T.T., S.N.C.F...). certaines de ces liaisons se transformeront rapidement en regroupements autonomes dont certains seront amenés à jouer un grand rôle dans certains mouvements sociaux : « Le Rail Enchaîné », « Le Postier Affranchi », « Chiens de Garde » (éducateurs)...

Enfin l'O.R.A. tente à cette époque une systématisation de ses conceptions théoriques. À l'occasion du Congrès international de l'Internationale des Fédérations Ananrchistes tenue à Paris en août 1971, et dont l'O.R.A. assume le secrétariat, toute une série de textes seront élaborés. Leur rejet durant le Congrès, par une majorité anarchiste « traditionnelle », aménera d'ailleurs l'O.R.A. à quitter l'Internationale.

L'élan de l'année 1971 est stoppé par toute une série se scissions qui vont s'étaler jusqu'en 1973.

Guy Malouvier, qui avait jusqu'au Congrès international assuré le secrétariat de l'I.F.A., avait crée en 1969 la Fédération Anarchiste Communiste d'Occitanie. Celle-ci avait été provisoirement mise en sommeil. Mais à l'issue du Congrès de Paris, Guy Malouvier demande à l'O.R.A. de se prononcer sur son initiative, c'est à dire sur le problème des luttes de libération des minorités nationales. L'O.R.A. se refusant à entériner ses thèses, Guy malouvier et les membres de la F.A.C.O. se retirent alors de l'O.R.A.

ces départs seront suivis peu de temps après par ceux des militants des groupes du 14ième arrondissement et de Juvisy.

Cette scission présentant un caractère exceptionnel dans l'histoire du mouvement libertaire, il convient de s'y arrêter quelques instants.

L'origine de la scission est à rechercher dans le besoin de confortation idéologique dans lequel se trouvaient un certain nombres de militants. Certains de ceux-ci ayant « découvert » le marxisme, ayant assimilé, semble-t-il rapidement, demandèrent à l'O.R.A., ni plus ni moins, que sa disparition en tant qu'organisation, et son repli sous formes de Cercles d'études de la pensée marxiste. Ces opérations, dans l'esprit de leurs auteurs, auraient dû amener, à terme, à la naissance d'une nouvelle organisation s'inspirant étroitement du marxisme. Cette démarche fut repoussée par l'O.R.A., tant dans le fond que dans sa forme. Les groupes cités plus haut choisirent alors de partir... et rallièrent l'Union des Communistes de France, groupuscule maoïste, le plus « stalinien » qui soit. Démarche et fin étranges pour un courant qui voulait « redresser l'anarchisme »!

En 1972, se trouve posé à l'O.R.A. le problème des élections législatives (de mars 1973). certaines organisations d'extrême-gauche avaient en effet décider de participer à la campagne électorale. Certaines d'entre elles (Ligue Communiste, Révolution !...) proposaient des « candidatures révolutionaires uniques ». Il se trouva quelques militants pour appuyer cette initiative. Très rapidement, ils firent l'unanimité contre eux. Néanmoins, la polémique à ce sujet dura jusqu'à la fin 1972, date à laquelle ils furent exclus de l'organisation. Comme dans le cas précédent, des évenements curieux se produisirent. Le principal groupe proposant la participation avait été jusque-là un des plus farouches défenseurs de l'orthodoxie anarchiste. Ce revirement spectaculaire ne fut pas analysé à l'époque, la majorité se contentant de réfuter un à un les arguments. Cependant, l'exclusion de ces militants de l'O.R.A. eut des conséquences inattendues. Tout d'abord ceux-ci présentèrent non comme des exclus mais comme des scissionistes. Dés lors, ils s'adressèrent à la principale organisation engagée dans la campagne électorale : la Ligue Communiste (sauf une minorité qui donna immédiatement son adhésion à Lutte Ouvrière). Celle-ci accueillit d'autant plus volontiers les transfuges que c'était quasiment la première fois qu'un tel type de scission se produisait dans les milieux libertaires (les « passages » en direction du mouvement trotskyste sont rares, c'est en général l'inverse qui se produit !). un communiqué de Rouge salua le départ de 25% de l'O.R.A. vers la Ligue Communiste (en réalité, c'est seulement une dizaine de militants qui furent exclus, le pourcentage est alors fantaisiste, car l'O.R.A. s'était considérablement renforcée depuis 1971). les militants exclus furent alors admis à la Ligue par le canal des comités Taupes Rouges (structure d'accueil de cette organisation)... sauf celui qui semblait le leader de la scission, qui fut admis directement. Lorsque l'on sait que c'est ce même individu qui, par la suite, par l'introduction d'armes à feu au siège de la Ligue Communiste, fut le prétexte à l'interdiction de celle-ci, il semble que toute cette affaire ait été une vaste provocation politico-policière. Anarchistes et trotskystes ne s'en aperçurent que plus tard... comme d'habitude !

Néanmoins, cette scission levait, comme les précédentes, une à une les ambiguïtés de l'organisation, en réduisant progressivement les possibilités de « déviation ».

La dernière en date des scissions, en 1974, fut l'oeuvre d'un courant ultra-spontanéiste intellectualiste, qui rompit avec l'organisation, trouvant celle-ci trop « dirigiste » (groupes de Grenoble, de Lyon, puis de Vitry).
Modifié en dernier par vroum le 26 Mai 2009, 15:48, modifié 1 fois.
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Re: Biard : Histoire de l'O.R.A.

Messagede vroum » 19 Fév 2009, 08:34

la deuxième partie sur l'ORA dans quelques jours...
vroum
 

Re: Biard : Histoire de l'O.R.A.

Messagede Phébus » 19 Fév 2009, 13:36

Biard a écrit:L'O.R.A., à cet égard, est novatrice par rapport à la « tradition » du mouvement libertaire.

Premier problème à aborder : celui del'accueil des sympathisants, leur formation, leur intégration dans le combat révolutionnaire. Pour la première fois, une double structure du mouvement est mise en place. Les « Cercles Front Libertaire » sont la structure d'accueil de l'O.R.A. Ceux-ci existent depuis la fin 1969 (13ième arrondissement de Paris). Jusque-là, ils avaient été considérés comme de simples appendices de l'organisation. A partir de juillet 1971,leur rôle va être systématisé. Ils deviennt une stucture à part entière, dotée de l'autonomie politique. Le passage des militants des C.F.L. à l'O.R.A. n'est pas systématique, mais volontaire de part et d'autre. Ces Cercles vont jouer un grand rôle dans le mûrissement des conceptions O.R.A. En effet, pour la première fois, les militants de celle-ci se trouvent confrontés à l'action pratique (dans les quartiers, les lycées...).

À la même période, l'O.R.A. met en place des structures « interprofessionnelles » (Batîment, P.T.T., S.N.C.F...). certaines de ces liaisons se transformeront rapidement en regroupements autonomes dont certains seront amenés à jouer un grand rôle dans certains mouvements sociaux : « Le Rail Enchaîné », « Le Postier Affranchi », « Chiens de Garde » (éducateurs)...


S'il existe des camarades qui ont une connaissance plus poussée, voir intime, de l'ORA, j'aimerais beaucoup avoir des précisions sur ces deux points. J'ai en effet de la misère à imaginer ce déplacement «mouvementiste» et la coexistence de deux niveaux d'organisations.

Les CFL, s'était quoi au juste? Les textes disent presque c'était une organisation à côté de l'organisation. Sauf qu'en en parlant avec un copain d'AL, il semble que c'était plus une antichambre ou un SAS, manière de protéger l'organisation des remouds inérants à la période.

Aussi les structures interpro, je me gourre ou c'est le début de l'UTCL? D'ailleurs, j'ai lu que l'UTCL n'était pas organisée géographiquement mais professionnellement, quelqu'un en sait plus?
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Re: Biard : Histoire de l'O.R.A.

Messagede Klement » 19 Fév 2009, 14:00

Phébus a écrit:Aussi les structures interpro, je me gourre ou c'est le début de l'UTCL? D'ailleurs, j'ai lu que l'UTCL n'était pas organisée géographiquement mais professionnellement, quelqu'un en sait plus?

L'UTCL avait une double structure : professionnelle (UTCL-Rail, PTT, mettallurgie etc.) et géographique
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Re: Biard : Histoire de l'O.R.A.

Messagede Phébus » 19 Fév 2009, 16:13

J'avais lu ça:

En 1978 s'est tenu le congrès constitutif de l'UTCL. L'organisation s'oganisait alors en secteur par profession (rail, PTT, banques, métallurgie, éducation...).


sur Wikipedia. J'ai du mal comprendre.
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Re: Biard : Histoire de l'O.R.A.

Messagede vroum » 24 Fév 2009, 09:53

Histoire du mouvement anarchiste 1945-1975 par Roland Biard

Editions Galilée, pages 200-203

La scission F.A./O.R.A.


A l'issue du Congrès de 1967, la situation de la F.A. semble s'être stabilisée. La double offensive « spontanéiste et situationniste » a certes privé la F.A. d'une centaine de militants, mais elle n'a pas entamé le potentiel représentatif de cette organisation. En effet, aucune autre « organisation » ne s'est créée, concurrente et antagoniste. Les dissidents ont disparu ou se sont parfois ralliés aux groupes de Nanterre, à Noir et Rouge, à la J.A.C.

Pour ceux des militants qui restaient membres de la F.A., la situation ne semblait pas pour autant excellente. Le « départ » des contestataires n'avait été obtenu que par des effets de procédures fort peu anarchistes, et sans que jamais les problèmes de fond soient abordés (nature et rôle de l'organisation, analyse de la société capitaliste moderne...). Face aux argumentations marxisantes précises et d'un haut niveau des opposants, les « anarchistes » avaient resserrer les rangs : le marxisme sous toutes ses formes est un démon à exorciser au plus vite ! Néanmoins, l'« Union sacrée » contre l'« Hydre de Lerne » marxiste ne pouvait résoudre l'ensemble du contentieux politico-organisationnelonstituait l'existence même de la F.A. Un seul militant, au cours du Congrès, semble l'avoir compris : Maurice Fayolle. On a vu précedemment que constamment celui-ci avait dénoncé les incohérences et les ambiguïtés de la forme d'organisation adoptée en 1953. Au Congrès de 1967, il se fera plus précis. La situation de crise créée par les dissidences multiples nécessitait, selon lui, de redéfinir et de restucturer le mouvement anarchiste. Les trois grands axes suivant lesquels celui-ci pouvait se reconstruire et devenir opérationnel pouvaient se résumer en trois mots : « Organisation Révolutionnaire Anarchiste ». Le terme « organisation » étant pris ici dans le sens « plate-formiste », « révolutionnaire » signifiant que les anarchistes n'ont pas perdu de vue que le but est le renversement du régime capitaliste et « anarchiste », enfin, servant tout à la fois à qualifier les deux premiers termes (par rapport aux autres organisations se disant révolutionnaires) et à indiquer que le mouvement devait être large et regrouper toutes les tendances de l'anarchisme décidées à respecter et à agir sur des bases organisationelles.

Contrairement aux années précédentes, le discours de Maurice Fayolle fut suivi d'effets. Dès le mois d'octobre 1967, un certain nombre de groupes, réunis autour de la feuille de l'un d'entre eux « L'Insurgé » (organe du groupe Jules Vallès, 13ième arrondissement de Paris) décidaient de créer une tendance qui prit le nom provisoire de « Région Paris, Banlieue Sud ». Six groupes adhèrent à cette « région » : 7ième/15ième arrondissement, 5ième/13ième arrondissement, 6ième:14ième arrondissement, Bourg-la-Reine, Versailles et Marseille. Un certain nombre de personnalités se joignent à eux dont Guy Malouvier et Maurice Joyeux.

Les membres de la Région Paris-Banlieue Sud se retrouveront au Congrès extraordinaire de la F.A. de juillet 1968 parmi les partisans de la participation au Congrès international. Toute une série de discussions sont alors menées pour dégager la tendance de son « image » régionale. Sous l'influence de Guy Malouvier et Michel Cavallier la décision sera prise, au cours du Congrès de Carrare lui-même, de créer l'Organisation Révolutionnaire Anarchiste. En effet, s'étant rendu compte que la majorité de la F.A. était hostile à l'Internationale de Fédérations anarchistes, mise en place au cours du Congrès, et ne désirant pas se couper les multiples contacts internationaux, il fallait revendiquer, au nom d'une organisation, le secrétariat de l'Internationale, sous peine de voir celui-ci tomber aux mains des fractions hostiles.

Le Congrès de Carrare enregistra l'existence de l'O.R.A. en désignant Guy Malouvier et Michel Cavallier comme secrétaires du Comité de Relations de l'Internationale des Fédérations Anarchistes. L'O.R.A. devint par la même occasion « section française de l'I.F.A. ».

Le Congrès de Marseille de la F.A. ne pouvait cautionner une telle désignation. Une attaque en règle fut menée par la majorité de la F.A. Deux types de réactions furent enregistrées au sein de celle-ci. D'une part l'attitude de ceux qui critiquaient et s'opposaient à la façon dont le Congrès de Carrare s'était déroulé et d'autre part ceux qui voyaient dans l'O.R.A. un danger pour la F.A. et une source de contestation. Dans cette deuxième catégorie se classe Maurice Joyeux qui déclare :

« Les organisateurs (de l'O.R.A.), je les connais. Ils ont passé nombreux dans notre groupe libertaire Louise Michel. On n'a pas toujours été d'accord avec eux. Ils ont un sentiment de l'organisation qui est un peu différent du nôtre. Nous en sentons les dangers, comme nous sentons les dangers du mouvement libertaire... »

Face à ce « danger », la majorité de la F.A. élimine des postes responsables tous les membres de l'O.R.A.

Celle-ci d'ailleurs n' apas attendu le Congrès pour s'éloigner de la F.A. et mettre en cause les tructures de cette organisation. Mais l'échec essuyé au Congrès va accélerer le processus de scission. En avril 1969, « L'Insurgé » paraît sous une nouvelle formule qui indique explicitement dans son sous-titre que celui-ci est l'organe de l'O.R.A.

A partir de cette date, donc, l'O.R.A. se comportera en organisation totalement autonome de la F.A.

Si nous avons cru bon d'intégrer cette « naissance » parmi les « crises » du mouvement, c'est qu'à son origine l'O.R.A. ne représente qu'une scission de plus. En effet, quoi qu'on en dise, l'« opération O.R.A. » au sein de la F.A. s'est traduite par un échec. Le nombre de groupes qui ont suivi est restreint. Certains des groupes initiateurs ont d'ailleurs abandonné (tel le grouped e Bourg-la-Reine). Echec aussi en ce qui concerne un projet de fusion avec l'Union Fédérale Anarchiste, autre groupe de dissidents. L'O.R.A. se présente à son origine comme un groupe réduit essentiellement parisien, dont la création a été hâtée pour des raisons « diplomatiques », et qui ne semble pas répondre à l'attente du plus grand nombre des militants anarchistes.

L'absence d'idées nouvelles, sinon celles qui, en matière organisationnelle, sont directement inspirées de la Plate-forme d'Archinoff, renforce cette tendance à la désaffection (départ de plusieurs groupes dès novembre 1969 devant le refus de l'organisation d'entamer une démarche théorique). A son origine, l'O.R.A. apparaît donc comme représentative des échecs traditionnels.

Seule, la volonté tenace de quelques militants à « continuer » l'organisation provoquera un sursaut et engagera l'O.R.A. vers de nouvelles perspectives.
vroum
 

Re: Biard : Histoire de l'O.R.A.

Messagede vroum » 24 Fév 2009, 10:16

GUÉRIN, Cédric. Anarchisme français de 1950 à 1970

Mémoire de Maitrise

Mémoire de Maîtrise : Histoire contemporaine : Lille 3 : 2000, sous la direction de Mr Vandenbussche. Villeneuve d’Ascq : Dactylogramme, 2000. 188 p. ; 30 cm. Bibliogr. p. 181-186

LILLE 3 : Bibliothèque Georges Lefebvre

Autour de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste


L’ORA signe son acte de naissance au congrès de Carrare. Assez vite les oppositions vont se formaliser au sein de la Fédération anarchiste et éclater au congrès de Marseille en décembre 1968. Une attaque en règle fut menée par la majorité de la FA. Deux types de réactions sont à enregistrer, d’une part l’attaque de ceux qui critiquaient et s’opposaient à la façon dont le congrès de Carrare s’était déroulé et d’autre part ceux qui voyaient dans l’ORA un danger pour la FA et une source de contestation : “ Les gens de l’ORA, je les connais bien, ils sont passés nombreux dans notre groupe libertaire Louise Michel, on n’a pas toujours été d’accord avec eux, ils ont un sentiment de l’organisation qui est un peu différent du notre, nous en sentons les dangers… ” Face à ce “ danger ”, tous les membres de l’ORA se voient “ éliminés ” des postes de responsabilités. Le précédent UGAC, comme constitution d’une tendance organisée, et la l’officialisation de l’ORA avant que la FA ne soit devenue une confédération, sont deux facteurs qui jouent en faveur d’une séparation. D’ailleurs, on a vu que l’ORA n’a pas attendu le congrès pour s’éloigner de la FA et mettre en cause les structures de cette organisation. L’échec du congrès de Marseille accélère le processus de scission.

En avril 1969 paraît L’Insurgé, sous une nouvelle forme qui indique dans son sous-titre que celui-ci est l’organe de l’ORA. Les principes futurs de la société libertaire y sont détaillés et l’acceptation du vote comme outil de décision est un des faits les plus marquants : “ La communauté refusant de se dessaisir au profit des élus, de tout pouvoir de décision, il faut donc qu’elle se décide elle-même. Cela sur deux plans : D’abord, en définissant un programme, ensuite en désignant les mandataires chargés d’exécuter ce programme. La communauté pourra appliquer les deux méthodes qui se complètent. La première consiste en une simple discussion entre les divers projets proposés, discussion dont le but est d’arriver à un compromis acceptable pour tous. En ce cas, la discussion se terminera par un vote unanime : c’est la solution idéale. Mais il faut souvent prendre les décisions rapidement. Or, les opinions sont extrêmement diversifiées d’autant plus qu’elles seront formulées par des millions d’hommes. On recourra donc à un vote à la majorité entre les divers projets proposés, quitte à revenir sur le problème si ce choix s’avère mauvais. ”

En mai 1969, les militants de l’ORA définissent leur conception de la révolution qui sera violente, comme l’exige la réalité et comme l’ont démontré les révolution passées : “ A Prague, quand la population a refusé de collaborer avec les troupes occupantes, elle a pratiqué l’action directe : de même elle a incendié les chars d’assaut soviétiques. C’est cette forme de combat que nous estimons capable de défendre une révolution anarchiste, refusant une armée de techniciens, équipée de bombes atomiques et de bombardiers lourds, les révolutionnaires devront détruire le matériel, l’encadrement militaire et l’armement des envahisseurs ; mais ne pas considérer la troupe comme ennemi : fusiller les cadres, désarmer les soldats, les renvoyer chez eux après leur avoir fait comprendre leur rôle, permet de défendre la révolution en respectant l’Internationalisme
prolétarien. Mieux, c’est la seule méthode qui permette de saper l’arrière des armées occupantes et de provoquer sa désorganisation intérieure. Nous nous inscrivons donc résolument dans cette optique de l’action directe, refusant toute autre voie qui ne peut être que réformiste et contre-révolutionnaire. ”

Les conceptions de l’ORA sont opposées à la fois au spontanéisme qu’incarne le mouvement du 22 mars comme aux tentations réformistes et évolutionnistes de certains courants anarchistes : “ Prétendre miner le capitalisme de l’intérieur en créant des organismes économiques à caractère socialiste est une pure chimère. ” Le mouvement anarchiste doit faire son analyse et clarifier ses positions face à certains courants qui le paralysent. En novembre 1969, l’organisation reprend l’analyse de l’individualisme et son influence historique qui au nom “ de la pureté des principes où une mystique de l’unité ont constamment entravé la création ou le fonctionnement d’une organisation anarchiste sérieuse, valable, solide. ”

La scission ORA-FA consacre la rupture entre différentes formes d’organisation : synthèse et plate-forme. L’ORA reproduit en 1969 la plate-forme d’Archinoff, crée en 1926 et “ qui avait pour but de remédier à l’état d’impuissance du mouvement anarchiste déjà à cette époque, par une prise de conscience de la réalité de la lutte révolutionnaire. ” Les perspectives révolutionnaires offertes par cette forme d’organisation trouvent aux yeux de l’ORA une justification d’importance dans l’histoire de l’anarchie. Les événements de Mai ont montré l’importance pour les organisations anarchistes de l’organisation pour permettre l’efficacité de l’action. Dans ce sens, le mouvement espagnol représente l’exemple à suivre : “ Il est à noter que le mouvement espagnol, dès cette époque, commençait à s’organiser sur des bases proches de celles de la plate-forme ; on sait ce qu’il représentera par la suite. ” La synthèse est rejetée pour ses inconséquences organisationnelles et pratiques : “ Les rassemblements hétéroclites allant de l’individualisme au communisme libertaire ont toujours été un frein à une clarification et à une cohésion théorique. La synthèse de Faure est une utopie dans le cadre d’un mouvement qui se sent révolutionnaire. ” Surtout, la synthèse est un frein à l’extension des concepts anarchistes : “ La séparation des tendance amènera incontestablement un approfondissement théorique. ”

Le congrès de Lorient en mai 1969 est l’avant-dernier auquel l’ORA participe. L’ORA crée au sein de la FA un déséquilibre des forces en présence, et de par son existence, repose la question d’une définition des structures organisationnelles. L’ORA à l’intérieur de la FA représente un nouvel échec pour les partisans de tendance organisée. Le nombre de groupes qui suivent les militants de l’ORA après la scission est restreint. Certains des groupes initiateurs ont d’ailleurs abandonné. L’ORA se présente à son origine comme un groupe réduit essentiellement parisien, dont la création a été hâtée par des raisons “diplomatiques ” et qui ne semblent pas répondre à l’attente du plus grand nombre des militants. Dès novembre 1969, l’absence d’idées nouvelles, sinon celles qui, en matière organisationnelle, sont directement inspirées de la plate-forme d’Archinoff, renforce cette tendance à la désaffection. Seule la volonté tenace de quelques militants à “ continuer ” l’organisation provoquera un sursaut et engagera l’ORA vers de nouvelles perspectives. Celle-ci se sépare définitivement et “ officiellement ” de la FA au congrès de Limoges en 1970. En octobre 1970, l’ORA publie un nouvel organe, Front Libertaire des luttes des classes, qui se déclare “ CONTRE les capitalismes bourgeois et bureaucratiques et leurs impérialismes ” et “ POUR la gestion directe ouvrière et internationale. ”

Cette parution fait suite à l’échec de l’existence de l’ORA dans la FA et à un début de rapprochement avec un autre mouvement qui réclame lui aussi une définition idéologique et une organisation communes : le Mouvement communiste libertaire. L’ORA se fixe deux objectifs précis : “ clarifier le mouvement anarchiste, aussi bien au niveau de ses structures qu’au niveau de ses théories, et développer une stratégie offensive communiste libertaire face au capitalisme, à l’état, et aux organisations léninistes. ” Néanmoins, l’ORA de 1970 n’a plus la même connotation que celle des années précédentes. La mort de Maurice Fayolle en 1969 et les désaccords théoriques entre certains militants lui font perdre cette unité indispensable pour être efficace rapidement.

Au delà de l’évolution de l’organisation, il convient de constater le nouvel échec d’une tendance au sein de l’organisation synthésiste. Plus généralement, les événements de Mai ont brusqué la rupture dans la FA entre les partisans d’une organisation claire et d’une définition idéologique précise et les partisans d’une organisation la plus large possible.
vroum
 

Re: Histoire de l'O.R.A.

Messagede vroum » 26 Mai 2009, 15:51

quelques nouveaux textes sur l'histoire de l'ORA pour relancer le topic :

Organisation Révolutionnaire Anarchiste


Contrat organisationnel



Le Contrat organisationnel se définit spécifiquement dans ce qui constitue la base essentielle de l'anarchisme, c'est-à-dire dans une double affirmation :

— primauté de l'individu,

— nécessité de la vie en société.

Dans ce cadre, l'anarchisme récuse tout totalitarisme : celui de l'individualisme pur qui récuse la société, comme celui du communisme pur qui veut ignorer l'individu. L'anarchisme n'est pas une synthèse de principes antagonistes, mais une juxtaposition de réalités concrètes et vivantes dont la convergence doit être recherchée dans un équilibre mouvant comme la vie elle-même.

L'anarchisme ne peut donc s'identifier à une philosophie aux vérités immuables, ni à une doctrine aux principes intangibles, mais peut se définir comme une méthode de vivre dont la base est la liberté créatrice et le moyen l'expérience permanente.

Notre organisation ne prétend pas à une unité idéologique rigide, génératrice de dogmatisme. Mais à l'opposé, elle se refuse également à n'être qu'un rassemblement hétéroclite de tendances divergentes dont les oppositions provoqueraient inéluctablement l'immobilisme.

— Union sur des définitions idéologiques communes, mais non lourdement unitaires dans leur interprétation (unité idéologique),
—Tolérance dans la pensée et cohérence dans l'action (unité tactique), — Responsabilité effective et solidaire de tous les militants (responsabilité collective),
— Organisation non-hiérarchique et non-centraliste (fédéralisme libertaire) :

Tels sont les points essentiels qui sont des a priori nécessaires pour la participation à la vie de l'Organisation.

L'organisation est une fédération de groupes territoriaux ou professionnels, et non un rassemblement d'individus. Elle a un caractère spécifique et est considérée comme formant un tout en soi.

Celui ou celle qui adhère à l'organisation le fait en toute connaissance de cause et son adhésion constitue un engagement moral envers toute l'organisation, de même que celle-ci s'engage collectivement envers tout nouveau militant.

LE GROUPE

1) Le Groupe est la cellule de base de l'Organisation, où se concentre l'activité militante de toutes les décisions qui se concrétisent dans les Congrès.

2) Le Groupe est autonome en ce sens qu'il peut prendre sur le plan local toutes les décisions qu'il juge utiles. Cette autonomie est toutefois limitée par le fait même que l'adhésion du Groupe à l'Organisation implique le respect d'un Contrat librement souscrit, ainsi que le respect des décisions prises en Congrès.

3) Le nombre de militants du Groupe est limité à un maximum de 12 (douze).

LA FÉDÉRATION LOCALE

1) Obligation est faite aux Groupes d'une même localité de se former en Fédération Locale.

2) L'Assemblée Générale des militants d'une même localité est le lieu de confrontation d'idées et de projets d'action. Elle doit avoir lieu assez fréquemment (au moins une fois par mois) et elle a seule pouvoir de décision collective à l'échelon local.

3) Tout militant est tenu d'assister régulièrement aux Assemblées Plénières de sa Fédération Locale. Trois absences consécutives sans excuse peuvent entraîner son exclusion de l'organisation.

4) En cas de non-unanimité sur un projet d'action, il faut que ce dernier réunisse les 3/4 (trois-quarts) des militants présents à l'AG pour se réaliser au nom de l'organisation. Ceux qui ne sont pas d'accord s'abstiennent de toute propagande extérieure contraire, mais peuvent réaliser une action basée sur d'autres critères, non en contradiction avec l'action de l'organisation, et approuvée par cette dernière.

5) Les deux responsables de base de la Fédération Locale sont : le Secrétaire à l'organisation et le Secrétaire à la Coordination de la Propagande. Nommés d'une AG à l'autre, ils peuvent voir leur mandat reconduit pendant un maximum d'un an. Après une pause de 6 (six) mois, ils peuvent à nouveau être nommés à l'une de ces responsabilités.

6) D'autres responsables peuvent être nommés momentanément si le besoin s'en fait sentir.

LA FÉDÉRATION RÉGIONALE

1) Obligation est faite aux Groupes d'une même région de se former en Fédération Régionale.

2) Une région ne peut être formée qu'avec les Groupes d'au moins 3 (trois) localités différentes.

3) L'Assemblée Régionale des délégués de chaque Groupe doit avoir lieu assez régulièrement (au moins une fois par trimestre) et a les mêmes fonctions à l'échelon régional que l'Assemblée Générale de militants à l'échelon local.

4) La Commission de Relations Régionale, chargée des Relations Intérieures, de la Trésorerie Régionale et de la coordination de la Propagande, est confiée à un Groupe de la Région. Nommé d'une Assemblée Régionale à la suivante, ce Groupe peut voir son mandat reconduit pendant un maximum d'un an. Après une pause de 6 (six) mois, il peut se voir à nouveau confier cette responsabilité.

5) En cas de besoin, d'autres Commissions Régionales peuvent être créées momentanément.

LE PLENUM

1) Le Plenum est l'assemblée générale des délégués de chaque Commission de Relations Régionale.

2) Le Plenum se réunit sur convocation du Collectif National ou sur proposition de la moitié des Commissions de Relations Régionales. Il n'est pas tenu de se réunir régulièrement.

3) Son but est de contrôler l'activité du Collectif National, de l'aider à prendre des décisions pour l'organisation si certains événements imprévus exigent des prises de position rapides qui ne laissent pas le temps de réunir un Congrès Extraordinaire.

4) Les décisions du Plenum se prennent aux 3/4 (trois-quarts), chaque Commission de Relations Régionale représentant le nombre de voix qu'il y a de Groupes dans sa Fédération Régionale. Le Collectif National ne peut pas prendre part au vote.

5) Le Plenum peut suspendre le Collectif National de ses fonctions et convoquer un Congrès Extraordinaire, mais il ne peut admettre et exclure personne.

6) Tout militant de l'organisation peut assister à un Plenum en tant qu'observateur délégué par son Groupe.


LE CONGRÈS

1) Toutes les décisions devant nécessairement être prises à la base, le Congrès constitue l'Assemblée Générale de tous les Groupes de l'Organisation : il est donc habilité à prendre toutes les décisions que commandera la vie de l'Organisation.

2) Préparé dans les Groupes, dans le Bulletin Interne et dans les Assemblées Régionales, le Congrès est une séance de travail et se déroule à huis-clos.

3) L'ordre du Jour du Congrès, déterminé sur propositions des Groupes et du Collectif National, doit être communiqué aux Groupes au moins 2 (deux) mois avant la date de réunion de celui-ci. La procédure de vote ne peut intervenir que sur des points précis figurant à l'ordre du Jour. Ainsi aucune décision engageant la ligne idéologique de l'organisation ne pourra être prise sans avoir été préalablement discutée dans les Groupes. Sur chaque point de l'ordre du Jour, la première intervention des délégués est limitée à un maximum de 30 (trente) minutes, la seconde à 5 (cinq).

4) Seuls les délégués dûment mandatés par leurs Groupes participent au Congrès de l'Organisation. Des mandats d'observateurs peuvent être distribués aux militants des Groupes qui désirent assister aux débats.

5) Un Groupe n'a voix délibérative au Congrès qu'à partir de 5 (cinq) militants. Un seul délégué par Groupe est habilité à prendre part au vote. il représente la totalité des militants de son Groupe : le vote ne peut être fractionné. Toutefois, la technicité des questions traitées pouvant nécessiter un regroupement des compétences, plusieurs délégués d'un même Groupe pourront participer au Congrès.

6) Si les militants d'un même Groupe n'ont pu surmonter leurs contradictions, ni dégager une majorité claire sur un point donné, le Groupe peut s'abstenir lors du vote.

7) Le Président de Séance et ses assesseurs, désignés par les congressistes en début de séance, procèdent à la consultation et à la détermination des résultats en additionnant le nombre de voix exprimées. Les décisions sont prises aux 3/4 (trois-quarts) et il en est dressé un procès-verbal qui est ratifié par le Congrès. Le Président de Séance et ses assesseurs ne peuvent intervenir dans les débats : appartenant nécessairement à un Groupe, c'est aux délégués de leurs Groupes de les représenter.

8) Certaines applications des décisions prises en Congrès nécessitant une présence continue de l'expression collective de l'organisation, le Congrès nomme un Collectif National chargé de coordonner et d'exécuter les décisions qu'il a prises.

9) Ce Collectif National comprend 5 (cinq) responsables que viennent doubler autant de suppléants pour le cas où ils ne pourraient plus valablement assumer leurs responsabilités :

— un Secrétaire à l'Organisation (Relations Intérieures),
—un Secrétaire aux Relations Extérieures,
—un Secrétaire aux Relations Internationales,
—un Secrétaire à la Coordination de la Propagande,
—un Trésorier.

10) Les différents secrétaires doivent tous se trouver dans la même région, mais ils ne peuvent assumer aucune responsabilité dans leurs Fédérations Locale et Régionale.

Il) Nommés d'un Congrès au suivant, les responsables ne peuvent faire partie du Collectif National plus de 2 (deux) années consécutives. Après une pause d'un an, ils peuvent à nouveau assumer une responsabilité dans le Collectif National.

12) Excepté en face de certains événements imprévus et qui exigent des prises de position très rapides, le Collectif National ne peut prendre d'initiatives et de décisions que conformément à la ligne idéologique de l'organisation définie en Congrès. Il est responsable de son activité devant un Plenum ou devant le Congrès suivant.

13) Les Congrès ont lieu tous les ans et chaque fois, autant que possible, dans un secteur géographique différent. En cas de besoin, un Congrès Extraordinaire peut se réunir sur convocation du Collectif National, d'un Plenum ou sur proposition de la moitié des Groupes de l'organisation.

RESPONSABILITÉS NATIONALES

1) Le Conseil National de Propagande, chargé de faire paraître le Journal et les diverses Revues de l'organisation, d'éditer livres, brochures et affiches destinées à une diffusion nationale, se compose d'un Comité de Rédaction et d'un Comité de Gestion.

2) Le Comité de Rédaction est nommé par le Congrès, le Comité de Gestion par le Collectif National. Le Secrétaire à la Coordination de la Propagande est le représentant du Collectif National dans le Conseil National de Propagande.

3) Le Collectif National est responsable de l'orientation et de la gestion du Conseil National de Propagande.

4) Il est souhaitable que les membres du NEP fassent partie de la même région que les membres du Collectif National.

5) Les membres du NEP ne peuvent assumer aucune responsabilité dans leurs Fédérations Locale et Régionale.

LA TRÉSORERIE

1) Le montant de la cotisation du Groupe comme de la Fédération Régionale est laissé à leur appréciation.

2) Les actions régionales ou nationales sont financées par la Fédération Régionale ou l'ensemble de l'organisation, au prorata du nombre de militants par Groupe. C'est alors le travail de la Commission de Relations Régionale ou du Collectif National de collecter les fonds et de coordonner l'action.

3) Pour financer les activités du Collectif National, il existe une cotisation nationale, versée 12 (douze) mois par an, dont le montant minimal est fixé par le Congrès en fonction des besoins déterminés préalablement du Collectif National.

4) Il existe une caisse de solidarité, où vont les fonds qui ne proviennent pas des cotisations (manifestations spéciales, dons, etc.). Cette caisse sert à payer le déficit de l'organisation ainsi qu'à acheter du matériel de propagande pour les Groupes qui n'auraient pas les moyens de l'acquérir par eux-mêmes.

S) En cas de non-régularisation de ses cotisations avant le Congrès, un Groupe peut se voir refuser l'entrée de celui-ci. En cas de récidive, il encourt l'exclusion.

LE BULLETIN INTERNE

1) Le Bulletin Interne est placé sous la responsabilité du Secrétaire à l'organisation. Il est mensuel et comporte au moins le rapport d'activités de chaque Groupe et des membres du CN et du CNP.

2) Le jour de parution, le format et le tirage du BI sont déterminés par le Congrès. Il est tiré 2 (deux) BI par Groupe plus 5 (cinq) pour les archives nationales. Les BI sont propriété des Groupes et non des militants.

3) Pour répartir le plus gros du travail et des frais sur tous les Groupes, pour permettre le contrôle constant par toute l'organisation du sérieux de chaque Groupe, pour bannir toute censure, ce sont les Groupes eux-mêmes qui ronéotent ce qu'ils présentent dans le BI. Le travail du Secrétaire à l'organisation ne consiste donc qu'à agrafer les feuilles reçues et à réexpédier aux différents Groupes les BI ainsi constitués.

4) C'est essentiellement à travers le BI que peut s'exprimer la minorité dans l'organisation.

5) Un Groupe qui ne participe pas régulièrement au BI peut être considéré comme se désintéressant de l'organisation et, comme tel, encourir l'exclusion.

SÉCURITÉ

1) Pour des raisons de sécurité, un militant en déplacement sera toujours porteur d'une lettre d'introduction signée par le Secrétaire à l'organisation de sa Fédération Locale.

2) Également pour des raisons de sécurité, le Secrétaire à l'organisation de chaque Fédération Locale garde par devers lui la liste des noms et adresses des militants de sa localité. Il peut ainsi confirmer à tout moment aux responsables des divers échelons l'appartenance ou non à l'organisation d'un individu quelconque.

ADMISSIONS

1) Il n'y a pas d'adhésion individuelle à l'organisation. Tout nouvel adhérent doit s'intégrer à un Groupe ou, s'il n'y en a pas dans sa localité être en liaison avec le Groupe le plus proche, en vue de former un Groupe dans sa localité.

2) Tout nouvel adhérent à un Groupe ne pourra représenter celui-ci pendant une période d'un an, ni assumer une quelconque responsabilité à quelque échelon que ce soit. Il pourra toutefois assister au Congrès, avec l'accord de son Groupe, en tant que délégué-observateur.

3) Avant d'être intégré, un Groupe qui aura fait acte de candidature devra attendre que l'organisation ait pu vérifier qu'il correspondait à l'éthique du mouvement. Pour cela, il enverra mensuellement son rapport d'activités et copies de ses tracts et brochures, participera aux mêmes conditions que les Groupes de l'organisation à la diffusion du Journal (paiement à la réception), étudiera les Contrats Idéologique et Organisationnel pour se rendre compte s'ils lui conviennent.

4) Au cas où des militants formés dans l'organisation sont à l'origine d'un nouveau Groupe, il est fait exception à la règle précédente. Ce sont les Congrès de l'organisation qui entérinent ou repoussent l'adhésion d'un nouveau Groupe (unanimité moins 10%).

EXCLUSIONS

1) Tout individu ou Groupe qui sera en rupture de contrat avec la collectivité s'exclura de lui-même de l'organisation.

2) Pour l'individu, c'est le Groupe auquel il appartient qui décide lui-même de l'exclusion (vote individuel, majorité des 3/4). Le militant exclu peut faire appel devant l'Assemblée Régionale qui décide en dernier ressort (vote par Groupe, majorité des 3/4). Le militant dont l'exclusion sera refusée par la Fédération Régionale pourra s'intégrer à un autre Groupe ou en former un nouveau autour de lui.

3) Pour le Groupe, c'est l'Assemblée Régionale qui décide de l'exclusion (majorité des 3/4). Le Groupe exclu peut faire appel devant le Congrès qui décide en dernier ressort (majorité des 3/4).

4) Pendant la période d'appel, le militant ou le Groupe, en attendant la décision de l'organisation, suspend ses activités en rapport avec cette dernière.

MODIFICATION DU CONTRAT ORGANISATIONNEL

1) Le présent Contrat organisationnel tient compte des réalités actuelles de l'organisation et devra être modifié au fur et à mesure de son évolution.

2) Toute modification du Contrat organisationnel ne pourra se faire qu'en Congrès (unanimité moins 10%).
Modifié en dernier par vroum le 26 Mai 2009, 15:53, modifié 1 fois.
vroum
 

Re: Histoire de l'O.R.A.

Messagede vroum » 26 Mai 2009, 15:52

ADDITIF:

Contribution du Groupe Jules Vallès — Paris — à l'élaboration du Contrat organisationnel



Nous nous sommes fixés comme moyen à la révolution, et donc au communisme libertaire, la création d'une Organisation Révolutionnaire Anarchiste devant être le moteur des mouvements de masses face aux systèmes autoritaires, cette Organisation étant le rassemblement d'individus unis par des définitions théoriques préalables :

—unité idéologique,
—unité tactique,
—responsabilité collective.

Le problème qui se pose alors est celui de l'adhésion des individus à l'organisation, le problème de la façon selon laquelle les sympathisants ORA au départ seront peu à peu définitivement intégrés à l'organisation.

NÉCESSITÉ D'UNE STRUCTURE D'ACCUEIL

Généralement, les individus désirant militer chez nous manquent de formation théorique, mais aussi pratique, minimum nécessaire pour effectuer un travail efficace.

D'autre part, l'engagement que nous demandons de la part des militants nécessite que ceux-ci soient le mieux informés possible des définitions générales de l'ORA ; aussi est-il indispensable de faire faire un «apprentissage» militant dans ce que nous appelons un «Cercle Front Libertaire».

CERCLES FRONT LIBERTAIRE

Le rôle de ces Cercles Front Libertaire est donc, en premier lieu, de donner aux sympathisants-futurs-militants-ORA une formation, mais aussi de développer une propagande et une ligne d'action communiste libertaire.

Les Cercles Front Libertaire sont donc au départ lancés par un ou plusieurs militants ORA, ou un Groupe ORA le plus proche, et sont constitués de sympathisants ORA.

Ces Cercles, en dehors de la formation théorique par le biais du Journal et surtout des brochures éditées ou des conférences locales, ont également une activité pratique (édition de tracts, affiches, bulletins, vente du journal, etc.) et doivent permettre chez le sympathisant de développer son sens de l'auto-organisation et de l'autogestion.

Les Cercles Front Libertaire sont donc autonomes de l'ORA en ce sens qu'ils n'engagent pas l'ORA sur les actions qu'ils mèneraient éventuellement, ils ont un budget propre fourni par les sympathisants et une gestion autonome.

Les Cercles ne sont que le prolongement de l'ORA à travers les militants ORA qui s'y trouvent, ou le Groupe ORA, ou pour la province la régionale de la fédération locale en cas d'isolement géographique.

L'ORA en dernier lieu ne constitue dans ces cercles que l'élément moteur, l'apport théorique principal au travers du Journal et du Manifeste (texte de base de l'ORA, Ndla).

IMPLANTATION DES CERCLES

Ces Cercles, qui sont la nécessité pratique de la politique de Front Libertaire que nous comptons développer, doivent être implantés partout où une propagande révolutionnaire est nécessaire.

Ce peut être des Cercles d'entreprises, de facultés, de lycées, et même autour d'organismes revendicatifs tels qu'association de locataires, de consommateurs, mouvement pour la paix, et, dans un stade ultérieur, cercles clandestins dans l'armée ; en bref, aucun secteur de lutte ne doit être négligé.

INTÉGRATION DÉFINITIVE

En dernier ressort, ce seront les militants ORA et la régionale locale qui décideront de l'adhésion définitive d'un adhérent du Cercle, ou du Cercle entier à l'ORA le cas échéant, cette adhésion définitive se faisant à partir de critères de valeurs qui seraient à développer :

— sens de la responsabilité collective,
—engagement personnel.

Le militant doit être aussi un théoricien, un agitateur, un propagandiste (sans, bien sûr, tomber dans l'intellectualisme ou le défoulement).

A l'intérieur de l'ORA, la responsabilité de l'adhérent est entière, et la différence entre militant et adhérent devra peu à peu disparaître.
vroum
 

Re: Histoire de l'O.R.A.

Messagede leo » 29 Mai 2009, 12:53

Phébus a écrit

S'il existe des camarades qui ont une connaissance plus poussée, voir intime, de l'ORA, j'aimerais beaucoup avoir des précisions sur ces deux points. J'ai en effet de la misère à imaginer ce déplacement «mouvementiste» et la coexistence de deux niveaux d'organisations.

Les CFL, s'était quoi au juste? Les textes disent presque c'était une organisation à côté de l'organisation. Sauf qu'en en parlant avec un copain d'AL, il semble que c'était plus une antichambre ou un SAS, manière de protéger l'organisation des remouds inérants à la période.

Aussi les structures interpro, je me gourre ou c'est le début de l'UTCL? D'ailleurs, j'ai lu que l'UTCL n'était pas organisée géographiquement mais professionnellement, quelqu'un en sait plus?



Pour les Cercles Front Libertaire


Quand j’ai connu l’ORA (fin 1974) ceux-ci n’existaient plus !

Ce que j’en sais (ce que l’on m’a dit et dont je me souviens)

C’était une structure faite pour “organiser les sympathisants“, faire en sorte qu’ils ne soient pas dans la “nature”. C’était effectivement une sorte de sas, en centre de tri, pour une future intégration….et donc c’était une sorte d’appendice de l’organisation… sans aucune autonomie.
C’était exactement la reproduction ce que faisaient des groupes d’extrême gauche comme la Ligue communiste avec ses cercles rouge (dans les milieux étudiant/lycéen) ou ses groupes « Taupe rouge » d’entreprises. Mais à l’ORA, organisation neuve, sans beaucoup d’expériences et de références, il y avait toujours des gens pour chercher l’inspiration de ce côté-là.

D’où la contradiction majeure pour des anarchistes : la création d’une sorte de hiérarchie entre ces deux niveaux d’organisation. Entre ceux qui savent et ceux qui suivent.
Dans la pratique, ce n’était pas tenable entre ceux qui ont le droit de discuter et voter les orientations et ceux qui doivent se contenter de coller les affiches, vendre le journal, faire le SO dans les manifs… Car tout cela se faisait dans une forte période d’activisme, laissant peu de place aux débats…
Il a été décidé d’en finir avec cette contradiction, de faire disparaître les CFL. Une petite partie des membres des CFL a rejoint l’organisation, la plupart sont restés à l’extérieur.

Pour les structures professionnelles

Il ne faut pas fantasmer. Elles étaient extrêmement réduites, n’existant surtout qu’en région parisienne, à l’état embryonnaire, et se limitant dans les faits aux postiers (publication : le Postier affranchi) et cheminots (le Rail enchaîné) malgré quelques autres tentatives.
C’était des “structures” tournées vers l’intervention exclusivement, pour ceux qui voulaient privilégier ce type d’intervention.
Ces regroupements, qui pouvaient accueillir des sympathisants, non-cotisants, n’avaient pas d’existence vis-à-vis de la structure de l’organisation ORA : tout en étant l’émanation de militants de l’ORA, elles étaient extra-organisationnelles au sens strict.
La base de l’organisation était le groupe local/territorial. Là où s’élaboraient les textes, les propositions, les votes… le seul endroit où un militant pouvait rejoindre l’organisation (pas d’adhésion individuelle de type liaison isolée).

Quand l’UTCL s’est constituée comme tendance dans l’ORA (en 1975), elle voulait effectivement privilégier ce type de structures dans l’organisation en cohérence avec son projet de privilégier le recrutement des “travailleurs”, et une intervention sur les “lieux de travail” et le syndicalisme. Je me souviens que dans leur projet de donner “tout le pouvoir aux travailleurs” (nom de leur futur journal), les “travailleurs” de l’organisation se voyaient octroyer 2 votes chacun, tandis que les non-travailleurs ne pouvaient voter qu’1 seule fois.

Pour ceux qui s’opposaient à cette ligne (pas de front principal et secondaire, pas de hiérarchie entre camarades), le groupe local/territorial devait rester la référence de base, le lieu de politisation et de globalisation, de la problématique politique. Les regroupements autres, et notamment de type professionnels et/ou thématiques (luttes de quartier, éducation, antimilitarisme…) étaient souhaités et encouragés s’ils correspondaient à quelque chose (et pas multiplier les coquilles vides).
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