le monde a écrit:Où s'arrêtera l'ascension politique du fils du président de la République dans les Hauts-de-Seine ? Dans la suite de son parcours fulgurant en quelques mois – élection au conseil général et mainmise sur la section UMP de Neuilly –, Jean Sarkozy devrait prendre, lundi 16 juin, la présidence du groupe UMP-Nouveau Centre au conseil général. Les 27 conseillers généraux UMP et NC devraient le désigner aujourd'hui lors d'un scrutin à huis clos à Nanterre pour diriger ce groupe politique largement majoritaire dans l'hémicycle de l'hôtel du département. Les quatre conseillers généraux NC, qui espéraient placer à ce poste un des leurs en la personne d'Hervé Marseille, vice-président du "92" et maire de Meudon, se sont inclinés devant le fils cadet. Ce week-end, un accord a été conclu : le Nouveau Centre ne s'opposera pas au jeune élu de Neuilly. Mais ce compromis cache mal la guerre larvée qui se poursuit entre le président du département, Patrick Devedjian, et Isabelle Balkany qui propulse ainsi Jean Sarkozy à un poste stratégique avec, en ligne de mire, le perchoir du 92.
Tout a commencé la semaine dernière par un coup de théâtre. Les conseillers généraux UMP et NC ébahis ont reçu une lettre signée Jean Sarkozy. L'étudiant en droit de 21 ans leur annonçait sa candidature à la présidence de leur groupe. Une responsabilité qui, dans un conseil général aussi important et sensible que celui des Hauts-de-Seine, est d'habitude confiée à un "vieux routier" de la politique. Le précédent président de groupe n'était-il pas Jean-Jacques Guillet qui, de Charles Pasqua à Nicolas Sarkozy en passant par Jacques Chirac, avait roulé sa pierre dans tous les états-majors du parti gaulliste depuis trente ans ? N'ayant pas le bénéfice de l'expérience, Jean Sarkozy se dit légitime à occuper ce poste parce qu'il poursuivra ainsi l'œuvre de… son père, Nicolas Sarkozy, qui a présidé aux destinées des Hauts-de-Seine de 2004 à 2007. Son courrier de candidature se veut aussi une critique implicite de Patrick Devedjian. Le fils du chef de l'Etat fait référence à la perte, par la droite, des villes de Colombes et d'Asnières aux municipales, et parle ainsi d'une "confiance effritée" de l'électorat alto-séquanais envers l'UMP.
Derrière cette attaque du fils du président contre le secrétaire général de l'UMP, beaucoup voient l'ombre d'Isabelle Balkany. L'élue de Levallois avait tenté, en mars, de renverser Patrick Devedjian lors de l'élection pour le "perchoir " des Hauts-de-Seine. Aujourd'hui, en plaçant Jean Sarkozy à la présidence du groupe majoritaire, Isabelle Balkany met un jeune loup dans la bergerie. Avec l'espoir, dans deux ans, d'évincer enfin le président Devedjian ? Quant à Jean Sarkozy, il doit sûrement retourner dans sa tête le conseil que son père lui a prodigué à ses débuts en politique… en février dernier : "Fais ce que tu veux, mais surtout ne te plante pas !"
Jean-Pierre Dubois
21 ans, président de département. Sa ligne politique : continuer l'Oeuvre de Papa. Sa légitimité : se nommer Sarkozy.