Sins We Can't Absolve a écrit:Pour les CRA, je crois que ce genre de choses vont devenir de plus en plus fréquentes (l'Union Européenne est en marche ; ça se multiplie partout en Europe ces camps de concentration). Si quelqu'un pouvait récupérer le coût de l'entretien de tels centres, et le diffuser, je penserais que ça ferait des vagues en cette période de "baisse du pouvoir d'achat"...
Parpalhon a écrit:Sins We Can't Absolve a écrit:Pour les CRA, je crois que ce genre de choses vont devenir de plus en plus fréquentes (l'Union Européenne est en marche ; ça se multiplie partout en Europe ces camps de concentration). Si quelqu'un pouvait récupérer le coût de l'entretien de tels centres, et le diffuser, je penserais que ça ferait des vagues en cette période de "baisse du pouvoir d'achat"...
aucune idée du coût de l'entretien de tels centres ... mais il y a à peu près 2 mois je me suis rendue dans un centre de rétention, dans un pays de l'Europe centrale, et j'en suis revenue un peu chamboulée ... J'y ai vu une femme, enfermée depuis plus de 3 ans dans une maisonnette entourée de quelques mètres de pelouse, et des barbelés autour de tout ça, elle vivait avec quelques autres femmes, dont une avait un petit de 5 ans ... oui ils n'hésitent pas à y enfermer des mineurs .. je connais une gamine de 17 ans, seule, qui y avait passé 3 mois dans ces conditions ... Une autre était diabétique, et n'était pas nourrie de façon adéquate.
Dans ce centre il y a pas mal de suicides, imaginez faire des milliers et des milliers de kilomètres au risque de sa vie pour atteindre l'eldorado Europe, et au final se retrouver 3 ou 4 ans en prison, pour ensuite être renvoyé dans son pays ....
Les centres de rétention brûlent aussi aux Pays-Bas
Les centres de rétention brûlent aussi aux Pays-Bas
2 décembre 2008 par Johanne Vernier
http://emi-cfd.com/echanges-partenariats/
A quelques années d’écart, des centres de rétention ont connu de sérieux
incendies en France et aux Pays-Bas. Ces évènements éclairent deux façons
différentes d’aborder la question des conditions d’enfermement des
étrangers en attente d’un éloignement.
En France comme aux Pays-Bas, les étrangers peuvent être retenus sur
décision administrative s’ils ne sont pas munis des documents exigés pour
leur maintien sur le territoire. Ils sont alors retenus dans des locaux
officiellement distingués des lieux d’emprisonnement, le temps nécessaire
à leur éloignement du territoire (32 jours maximum en France et 18 mois
aux Pays-Bas [1]). La majorité des étrangers se trouvant en situation
administrative irrégulière ne peut cependant être effectivement envoyée
vers un autre pays à l’issue de ce délai [2]. Finalement relâchés mais
sans que leur situation n’ait changé, ils sont susceptibles d’être à
nouveau retenus à l’occasion d’un prochain contrôle [3]. C’est là une des
raisons pour lesquelles les centres de rétention peuvent être qualifiés de
lieux de peines : il s’agit de mettre à l’écart et de sanctionner les
étrangers considérés comme indésirables et non pas simplement de les
retenir aux fins d’un (peu probable) éloignement. En France, ce type de
sanction peut d’ailleurs alterner avec des peines plus traditionnelles
prononcées par le juge pénal pour obstruction à une mesure d’éloignement
ou bien séjour irrégulier.
Bien des critiques ont été élevées en France à l’encontre du traitement
des étrangers ainsi retenus. Selon plusieurs rapports [4], être retenus ne
se réduit pas à une simple restriction portée à la liberté d’aller et
venir. Cela implique notamment : d’être visiblement traité comme un
délinquant (barbelés, guérites de surveillance, caméras, comptage même en
pleine nuit) ; de vivre dans des locaux exigus, vétustes, parfois
insalubres ; de connaître des conditions d’hébergement difficiles (eau
froide, chauffage inefficace, faible rations de nourriture, nombre
insuffisant de sanitaires à l’hygiène discutable) ; de rencontrer de
multiples obstacles pour faire aboutir ses démarches (demandes d’asile,
recours contre l’éloignement) ; et d’être éventuellement victime de
violence de la part d’autres retenus ou des officiers de police en charge
de la gestion du centre. La situation n’est pas bien différente aux
Pays-Bas. Face à cette situation, suivant souvent une arrestation
elle-même contestable, les étrangers retenus se manifestent de différentes
facons : de la tentative de suicide à la plainte en passant par
l’automutilation, la grève de la faim, la révolte collective ou encore le
déclenchement d’incendies…
Le 22 juin 2008, un incendie faisait entièrement disparaître le Centre de
rétention administrative (CRA) de Vincennes. Cet évènement, aux
conséquences exceptionnelles comparées aux départs de feu vite contrôlés
dans les autres centres, semble trouver son équivalent aux Pays-Bas, en
plus meurtrier. En examinant quels ont été, ici et là-bas, les effets de
ces incendies, il faut bien admettre que tous feux qu’ils ont pu être ils
n’ont pas apporté les mêmes lumières.
Deux façons différentes de faire le ménage
Un éclairage sur les conditions d’enfermement des étrangers aux Pays-Bas
Dans la nuit du 26 au 27 octobre 2005, 11 étrangers se trouvant dans le
centre de rétention de Schiphol-Oost, près d’Amsterdam, perdaient la vie
dans un incendie le détruisant partiellement ; les gardiens n’étaient pas
parvenus à temps à les libérer de leurs cellules. Les 298 survivants
furent pour la plupart confiés à d’autres centres en vue de leur
éloignement. Face au scandale que ce traitement provoqua, le gouvernement
hollandais s’engagea à suspendre l’éloignement des survivants au moins
jusqu’à l’issue de l’enquête confiée à un comité d’experts indépendant
(the Dutch Safety Board). En pratique, plusieurs d’entre eux furent
toutefois bien vite éloignés, parfois même en dépit de leur état de santé
(cf. séquelles physiques et psychologiques dus à l’incendie). En août
2006, 39 des survivants dont l’état nécessitait un traitement médical en
raison de l’incendie avaient toutefois obtenu un titre de séjour pour
raison humanitaire.
Le débat public alors engagé fit de cet incendie le symbole de
l’indifférence des autorités à l’égard du respect des droits des étrangers
en situation irrégulière ou déboutés du droit d’asile. Les médias
relayèrent largement ce constat et les dénonciations des mauvais
traitements en rétention se multiplièrent. Les ministres de la Justice et
du Logement finirent même par être démis de leur fonction (mais pour être
nommés à d’autres postes quelques temps plus tard). L’enquête avait en
effet révélé que trop peu d’attention avait été prêtée par les autorités à
la prévention des incendies dans ces lieux d’enfermement. Elle révéla
également que le comportement des gardiens avait facilité l’expansion du
feu plutôt que son contrôle. Signalons au passage que la moitié des
effectifs chargés de surveiller les centres de rétention est fournie par
une seule et même société privée de sécurité ; envoyés de manière
ponctuelle dans ces centres de rétention, les gardiens recrutés par cette
société n’étaient pas formés pour y travailler. Au regard de ces éléments,
l’étranger retenu qui avait été poursuivi pour avoir été à l’origine de
l’incendie fut relaxé.
Malgré la volonté affichée du gouvernement hollandais de traiter désormais
avec humanité les étrangers retenus sur son territoire, le dernier rapport
d’Amnesty International sur la rétention des étrangers ne révèle que peu
d’avancées. Amnesty International fait plutôt part de son inquiétude
croissante face à une approche de l’immigration axée sur le contrôle et la
sécurité, au prix du respect des droits fondamentaux des étrangers.
Un éclairage sur le refus des autorités françaises d’aborder cette question
Le 22 juin 2008, le plus gros centre de rétention français (280 places),
situé à Vincennes, prenait à son tour feu. Cet incendie n’était pas le
premier et n’a pas été le dernier, mais se démarque de par la gravité de
ses conséquences : le CRA de Vincennes a été complètement consumé.
Dans un contexte de tensions déjà vives au sein de ce CRA [5], le décès
d’un retenu dans des conditions obsures serait à l’origine de cet incendie
dit volontaire. Plusieurs étrangers sont actuellement poursuivis et
provisoirement détenus pour destruction de biens par l’effet d’incendie et
violence sur agent de la force publique en réunion. Parmi les autres, la
plupart a été répartie dans d’autres centres afin que leur éloignement
puisse être assuré, tandis que certains se sont vus libérés faute de place
ou bien se sont échappés. Le 20 novembre 2008, le CRA de Vincennes,
partiellement reconstruit, rouvrait ses portes pour offrir un accueil
équivalent à celui qui l’était auparavant…
Une association de défense des droits des étrangers, RESF, est pour sa
part, du moins verbalement, accusée d’avoir provoqué cette incident. Ce
type d’accusations, considéré par ceux qui en sont la cible comme un moyen
de les museler, tend malheureusement à se banaliser. Même si les peines
prononcées à l’encontre de militants sont jusqu’ici restées plutôt
légères, le seul fait qu’elles soient prononcées est inquiétant. Le
respect de la liberté d’expression semble ici bien fragile. L’exigence de
neutralité et de discrétion qui sera bientôt imposée à toute association
se rendant en centre de rétention est un autre exemple des efforts
destinés à faire taire la société civile en la matière.
En France comme aux Pays-Bas, ces incendies constituent sans doute des
occasions manquées de revoir les mesures d’enfermement des étrangers. Mais
comment s’expliquer que le discours qui a alimenté le débat public aux
Pays-Bas est aujourd’hui montré du doigt en France et qualifié
d’extrêmiste ? Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe
incite pourtant les autorités françaises « à revoir de façon critique
l’ensemble des conditions prévalant dans les centres de rétention et à les
humaniser », voire même à analyser les conséquences de la fixation
d’objectifs chiffrés de reconduites sur les méthodes d’interpellations et
les pratiques administratives. Si 3 ans n’ont pas suffit aux pays-Bas pour
repenser l’enfermement des étrangers malgré la volonté affichée de son
gouvernement de s’y atteler, que peut-on bien attendre de la France ?
[1] La loi néerlandaise ne fixe aucune limite de durée à la rétention d’un
étranger, mais une directive de l’Union européenne devrait bientôt fixer à
18 mois cette limite.
[2] Selon le rapport 2007 de la Cimade, association présente dans tout
centre de rétention en France, après avoir passé en moyenne plus de 10
jours en rétention, plus de 60% des retenus ne sont pas reconduits à la
frontière.
[3] En France, certains l’ont été jusqu’à 5 fois en 2007, bien que le
Conseil constitutionnel ait precisé en 1997 qu’une mesure d’éloignement
permettait un placement en rétention renouvelable une fois seulement.
[4] Voir par exemple les rapports annuels de la Cimade, les rapports 2006
et 2008 du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe ou le
rapport 2006 du Comité européen pour la prévention de la torture.
[5] Cf. Feu au centre de rétention. Des sans-papiers témoignent,
Libertalia, 2008
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