Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrification

Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 09 Déc 2013, 03:02

Lundi 16 décembre, Paris

« Paris sans le peuple ? La gentrification de la capitale »

Avec Anne Clerval, géographe, université Paris-Est, auteur du livre éponyme (éditions de La Découverte).

à 20h, École Normale Supérieure (ENS), Amphithéâtre Rataud, 45 rue d'Ulm, Paris 5e

http://www.demosphere.eu/rv/29515
calendar.php?view=event&calEid=8521
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 12 Déc 2013, 01:19

Sur l'initiative des 6, 7 et 8 décembre, 3 jours contre le Grand Paris

Lorsque Ivry-sur-Seine se rebelle contre le Grand-Paris

Près de 200 personnes ont manifesté à Ivry-sur-Seine, le dimanche 8 décembre, contre le projet de rénovation urbaine "Ivry Confluences". Toutes entendaient dénoncer une politique de gentrification maquillée et réclamer la préservation de ces quartiers populaires.

« Non aux spoliations, non aux expulsions ». Ils étaient près de deux cents à scander ce slogan, dimanche 8 octobre, dans les rues du quartier du port à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Pour ce jour de mobilisation mondiale contre les « grands projets inutiles », plusieurs collectifs locaux ont défilé pour dénoncer certains grands projets d’aménagements, en premier lieu le projet « Ivry Confluences ».

Engagée depuis 2011 dans une politique de rénovation urbaine, la ville d’Ivry-sur-Seine veut mettre à profit les nombreuses friches industrielles délaissées pour remodeler le quartier du port. Au programme : rénovation et construction de 5 600 logements, créations de 60 000 m² d'équipements publics, construction de 570 000 m² de bureaux etc.

"Ils veulent remplacer une population pauvre par une autre, plus aisée"

Or ce projet fait grincer des dents car la rénovation urbaine entraîne systématiquement une augmentation des prix des logements, au détriment des ménages à faibles revenus. Ainsi le collectif Ivry sans toi(t) demande des garanties pour les 400 logements qui devront être détruits dans l’opération. Il souhaiterait que la mairie s’engage pour que les familles puissent vendre leurs logements à des prix leur permettant de se reloger dans la commune, à conditions équivalentes. « Nous constatons de nombreuses personnes ont vendu leurs lots à des prix bien inférieurs au marché. Or 60% des nouveaux logements seront à prix libres, donc hors d’atteinte des classes populaires », explique un membre du collectif. De plus, seuls 280 logements sociaux seront construits, pour 2 500 demandes.

L’ambition affichée de la mairie d’attirer des grandes entreprises ne fait que renforcer ces inquiétudes. En effet, ces entreprises proposent généralement des emplois que les populations locales ne peuvent pas espérer obtenir, faute des qualifications requises. « Nous avons donc l’impression que tout ceci n’est qu’une grande opération financière », assène le président d’Ivry sans toi(t), « Réseaux Ferrés de France, par exemple, a donné des terrains à la mairie pour que soient construits des logements. Or la mairie compte y bâtir majoritairement des bureaux, à forte valeur ajoutée ».

Les manifestants ne sont pas contre la rénovation de ce quartier laissé à l’abandon depuis des années. Mais ils voudraient que ces projets se fassent dans l’intérêt des habitants et pas dans celui des promoteurs, Bouygues en tête. Le collectif 3R, quant à lui, lutte contre l’agrandissement d’incinérateur d’Ivry-Paris 13, des représentants du collectif Notre Dame des Landes-Paris, du no-TAV (liaison ferroviaire Lyon-Turin). Il se retrouve aux côtés des opposants au nouveau quartier du triangle de Gonesse et au pôle de recherche de Saclay, etc. Tous sont là pour dénoncer une logique : celle des grands projets imposés par l’État et les collectivités publiques, et qui font l’objet d’une concertation dont ils dénoncent les modalités.

La crainte du grand embourgeoisement

Le Grand-Paris est au premier rang de ces politiques contestées. Annoncé en 2007 par le président Nicolas Sarkozy en 2007, ce projet vise à faire de l’agglomération parisienne une métropole mondiale, sur le modèle de Londres. Bien que modifié à plusieurs reprises, le Grand-Paris est aujourd’hui accepté par la majeure partie des forces politiques françaises.

« Le Grand-Paris, ce n’est pas seulement un métro automatique, explique un manifestant, c’est la mise en concurrence de territoires comme Ivry, Gonesse ou Saclay aux échelles locale, nationale et internationale ». Un passant, interpellé par la manifestation, exprime son pessimisme face à ce projet : « l’État et la région ont une vision globale de la politique à mener. Nous autres, simples citoyens, n’avons presque aucune prise sur les décisions ».

A la fin de la manifestation, tous se retrouvent dans le nouveau squatt d’Ivry : le Dilengo. Un débat s’organise, chacun prend la parole et exprime son sentiment. Un intervenant résume les inquiétudes : « pour savoir ce que le Grand-Paris va faire aux banlieues, il suffit de penser à l’embourgeoisement de Paris ces quarante dernières années». Reste maintenant aux élus à prendre acte de ces craintes bien naturelles.

Jérémie Berlioux (Le Monde Académie)

http://mondeacpol.blog.lemonde.fr/2013/ ... and-paris/
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Messagede bipbip » 14 Déc 2013, 02:06

Mardi 17 décembre à Lille

Le collectif du journal La Brique vous invite à venir discuter autour de son dernier numéro consacré au logement et la fabrique de l’embourgeoisement de la ville de Lille. RDV mardi 17 décembre, à partir de 18 heures, Aux Haricots, 242 rue Gambetta à Lille.


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Messagede Pïérô » 05 Jan 2014, 02:03

Mardi 7 janvier 2014

Conférence « Urbanisme et violence contemporaine »

Jean-Pierre Garnier, sociologue et urbaniste, participera à la conférence organisée par l'Université citoyenne du Blanc Mesnil, sur le thème « Urbanisme et violence contemporaine »,

à 19h au Forum - Salle Betsy Jolas, Le-Blanc-Mesnil (93).
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Messagede Pïérô » 13 Jan 2014, 08:18

L’habitat et la Ville de Lille. La fabrique de l’embourgeoisement

« Lille, ville de la solidarité et du logement pour tous » ? Foutaises ! Les deux derniers mandats d’Aubry ont largement intensifié l’embourgeoisement de la ville de Lille. Dans l’opacité des techniques d’aménagement, les politiques urbaines cherchent à attirer les classes moyennes supérieures, à faciliter le travail des promoteurs et propriétaires privés et à réduire l’offre de logement à bon marché. Décryptage.

Par une froide matinée d’automne 2012, Martine Aubry inaugure le nouveau centre social Lazare-Garreau à Lille-Sud. Elle en profite pour visiter le reste du site, la ZAC Arras-Europe. Préalablement, comme à chacune des visites de Madame le Maire, le quartier a été nettoyé, les pavés abîmés changés. Malgré tout, les agents des services techniques de la Ville sont angoissés à l’idée d’une éventuelle colère homérique d’Aubry. Les convives (bailleurs, associations, SEM) le sont tout autant. Et là, face à l’un des premiers immeubles neufs qui a permis de reloger des familles suite à la démolition de leur logement, Martine Aubry interpelle Philippe Rémignon, directeur général de Vilogia, et s’exclame : « Il n’y a pas moyen d’interdire les rideaux en dentelles ? C’est moche. » Cette anecdote révèle tout le mépris de classe, toute la condescendance des socialistes lillois et, au-delà, leur dessein inavoué : rendre invisible les classes populaires au profit de nouvelles classes moyennes dites « créatives » ou « urbaines ».

« Comment ? s’exclamerait Madame le Maire. Non, Lille a la chance d’avoir ses quartiers populaires dans la ville, c’est ce qui fait sa richesse ! » Rien de plus faux. Où sont aujourd’hui les catégories populaires lilloises ? Toujours plus au Sud de la ville ! Dans le si joliment nommé « Sud du Sud », soit la Briqueterie, le secteur Cannes-Arbrisseau mais aussi à Loos, et plus au Nord de la métropole, dans les bastions populaires de Roubaix et de Tourcoing.

Plus de cadres que d’ouvriers

Quelques chiffres donnent la mesure de cette transformation : en 1999, peu avant le premier mandat de Martine Aubry, les classes moyennes supérieures* représentaient 21% de la population lilloise de plus de quinze ans. Dix ans plus tard, elles ont vu leur poids fortement augmenter à 31%. À l’inverse, les classes populaires sont passées de 26% à 24%1. Il y a aujourd’hui à Lille 10 000 cadres de plus que d’ouvriers et quasiment autant de cadres que d’employés.

Cette transformation sociale a touché principalement ce qu’on appelle « les quartiers anciens »* : Fives, Moulins, Wazemmes, Bois-Blancs puisque l’embourgeoisement du Vieux-Lille était déjà terminé. À titre d’exemple, en 2010, dans les quartiers de Bois-Blancs et de Moulins, les classes moyennes supérieures représentent un tiers de la population totale, les étudiants entre 15 et 30% tandis que les classes populaires, réduites à la portion congrue, ne forment plus qu’entre 20 et 28% de la population totale. Les classes populaires sont donc minoritaires dans les quartiers anciens. Clap de fin pour « l’exception lilloise ».

Comment s’est produite cette transformation ? D’abord par les politiques du logement et d’urbanisme de la ville et de la LMCU. La majorité municipale suit, inlassablement, depuis le milieu des années 1980, et de manière amplifiée et systématisée depuis 2001, une politique de « gentrification »*. Cet embourgeoisement de la ville repose sur un triptyque : attirer les classes moyennes supérieures ; laisser les promoteurs et les propriétaires privés faire main basse sur la rente foncière ; et réduire l’offre de logement à bon marché.

Séduire les classes moyennes supérieures

Le premier dispositif consiste en une politique d’accession dite « sociale » ou « maîtrisée » à la propriété. La Ville demande aux constructeurs de logements de produire une offre dite à bon marché, c’est-à-dire entre 2000 et 2400€ par mètre carré, hors parking. Estampillé « social », le dispositif ne l’est guère. Pour saisir cet aspect, il faut interroger le profil social de ces emprunteurs qui achètent un appartement familial de 95m2 à 185 000€, hors parking. Certes, des conditions de ressources s’appliquent (tout comme une réglementation anti-spéculative limitant la revente). Mais les revenus des familles populaires lilloises ne leur permettent pas toujours d’acheter un tel logement : seules les familles les plus stabilisées ne subissant aucune des problématiques traditionnelles d’emplois des classes populaires (temps partiel contraint, contrat à durée déterminée et chômage) peuvent en effet acquérir un tel bien.

Comment détourner « l’accession sociale à la propriété » : Mehdi et Laetitia, couple en milieu de carrière avec deux enfants, disposent d’un revenu correspondant aux salaires moyens d’un ouvrier et d’un employé aux trajectoires professionnelles stabilisées – soit environ 3044€ par mois, et 36 558€ par an (revenu fiscal). Ces revenus les rendent éligibles au dispositif mais ils doivent, pour acquérir ce bien, s’endetter sur 25 ans à 4% (ce qui est une gageure par les temps qui courent), et disposer d’un apport de 12 000€, sans compter les frais de notaires. Par contre, Clara et Étienne, un jeune couple de cadres récemment inséré sur le marché du travail, peut acheter sans trop de problèmes ce logement. Comment est-ce possible, dans le cadre de ce qui se présente comme un dispositif d’accession « sociale » à la propriété ? Le diable se cachant dans les détails, il suffit de le prendre par… les chiffres. Ce jeune couple de cadres dépasse le plafond de revenus autorisé par la Ville car ils déclarent 53 200€ de revenus annuels. Sauf que la déclaration fiscale retenue par le dispositif, celle d’il y a deux ans, ne présente que 14 000€ de revenus annuels, alors qu’ils commençaient à peine leur premier emploi. Avec leurs revenus actuels, en s’endettant sur 20 ans à 4%, ce couple de cadres peut acquérir ce bien « d’accession sociale ».

Sous l’opacité technique de ce dispositif, il apparaît ainsi que l’argent public aide des petits bourgeois à accéder plus vite à la propriété. Cette forme de détournement n’est pas marginale : elle atteint, selon les immeubles, jusque 80% des logements mis en vente !

Toujours dans le cadre de cette fabrique de la ville pour classes moyennes supérieures, il faut aussi compter sur les politiques de « mixité sociale ». Ce mot d’ordre séduisant désigne, au fond, une vaste pompe aspirante et refoulante. Dans le cas de la ZAC Porte de Valenciennes par exemple, sur les 426 logements du site, 380 logements sociaux sont démolis, seulement 200 sont reconstruits sur site, et ce, au mépris de l’attachement des habitants à leur quartier. Parallèlement, environ 600 logements en accession sociale, maîtrisée et libre, sont destinés à ces nouvelles classes moyennes. L’objectif de la ZAC est d’avoir un taux de logement social ne dépassant pas les 25% du parc de logement, contre 94% au départ. Peut-être ces jeunes enseignants, architectes, médecins ou urbanistes prolongeront-ils la mission civilisatrice de ces dames patronnesses qui, au XIXe siècle, s’activaient à la sortie des écoles et dans les immeubles pour éduquer les « salauds de pauvres »...

Pour mieux favoriser l’insertion de ces nouveaux habitants dans les quartiers populaires, la « fabrique de l’embourgeoisement » passe aussi par une politique visant à modifier l’image des quartiers. Il faut produire un cadre de vie qui leur soit confortable, qui passe par la construction de parcs et de places pavées rayonnant autour d’œuvres d’art, ou la création de grands équipements culturels. Et hop, une salle polyvalente de quartier se transforme en une salle de spectacles de 600 places à Lille-Sud digne de Patrice Chéreau. « C’est la culture pour tous », se légitime la mairie. Mais ces équipements profitent avant tout aux classes moyennes supérieures, fortement consommatrices de "culture". De fait, ils facilitent leur pénétration dans ces quartiers, d’abord au niveau symbolique par la pratique culturelle, puis au niveau matériel par l’achat immobilier en bénéficiant des dispositifs cités précédemment. Ces équipements culturels clinquants se développent alors que des besoins sociaux insatisfaits perdurent. La saturation de centres sociaux comme celui de Marcel Bertrand à la Porte d’Arras ou l’effondrement de la salle de sport « La Chênaie » à Lille Sud en témoignent.

Socialisme de la rente foncière

Le second volet de la politique de la ville lilloise passe par la captation de la rente foncière au profit des promoteurs et des propriétaires privés. En d’autres termes, mairie et LMCU, via leurs sociétés d’aménagement, subventionnent, de manière invisible aux yeux de tous, des groupes immobiliers qui n’ont absolument rien de social.

Prenons le cas de l’opération Vanhoenacker en cours de développement dans le quartier Moulins. Elle est développée avec le soutien de l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU). Celle-ci intervient en subventionnant le déficit final de l’opération d’aménagement que connaîtra « La fabrique des quartiers », Société Publique Locale d’Aménagement (SPLA)*. Voici une première subvention. Ensuite, la SPLA doit se rendre propriétaire de l’îlot de logements dégradés. Elle missionne donc l’Établissement Public Foncier (EPF) pour acquérir ces biens et réaliser l’aménagement permettant de vendre le foncier. L’EPF prend en charge les coûts fonciers de l’opération pour le revendre à prix coûtant à la SPLA. Or, là où l’on s’attendrait à ce que la SPLA revende cet îlot à un bailleur social pour assurer l’intérêt public de l’opération… Elle va revendre à un promoteur privé, Pierres et Territoires – qui réalisera une marge et rémunérera ses actionnaires. Et une deuxième subvention publique. Outre cette deuxième subvention, il faut aussi compter sur les défiscalisations immobilières que pourront toucher les futurs acheteurs des logements. Troisième subvention !

C’est ce que l’on appelle la socialisation des pertes et la privatisation des profits. Le public efface les coûts afin de mieux assurer les rentes futures des propriétaires et des promoteurs !

L’heure du nettoyage social ?

Enfin, le troisième volet de cette politique est plus insidieux, plus invisible : c’est la disparition progressive de l’offre de logements à bon marché. Comment est-ce possible alors que la règle de mixité sociale à Lille* impose 30% de logements sociaux ou en accession sociale dans chaque opération de construction de logements neufs ? Là encore, derrière l’affichage, les faits sont têtus.

En 1999, Lille comporte 21 344 logements HLM, soit 23,6% de l’offre totale. En 2010, la ville compte 25 339 logements HLM, soit 21,8% de l’offre de logements. Lille, « ville de la solidarité », « ville du bien-vivre ensemble », sera donc concernée par la fameuse loi S.R.U. qui lui impose la construction de logements sociaux pour atteindre le seuil de 25% du nombre total de résidences principales. Certes, on construit du logement social : mais pas assez vite comparé à la promotion immobilière privée ou aux investisseurs qui divisent le parc ancien. À ce rythme, la ville aura du mal à atteindre les 30% de logements sociaux et en accession que le règlement local impose.

Au-delà, on peut aussi s’interroger sur l’offre qualitativement produite. En remplacement d’une offre ancienne, de grande taille et peu coûteuse, les nouveaux logements constituent une offre plus petite et plus chère : 5,44€ le mètre carré pour du logement social classique contre 3,6€ dans les logements démolis.

Cette réduction de l’offre à bon marché est un des objectifs du projet. Dans le cas de la ZAC Porte de Valenciennes encore, la Ville souligne qu’un des principaux problèmes du quartier est la faiblesse des loyers dans le secteur (226€ par mois pour un T3 de 60m²) alors qu’elle recherche « une dynamique de rapprochement avec le centre-ville ». Les politiques d’amélioration des quartiers anciens participent de la même dynamique : supprimer un parc ancien vétuste, de grande taille et peu onéreux, contre un parc certes réhabilité, certes performant énergétiquement, mais divisé et plus cher !

Au-delà de ce processus de rénovation urbaine, la production nouvelle est aussi faiblement tournée vers le logement très social alors que les besoins explosent. En réduisant l’offre à bon marché, on favorise le processus d’éviction des catégories populaires du cœur de la ville. Ainsi Lille présente aujourd’hui un prix de loyer au mètre carré de 13,5€ en 2013, soit la deuxième ville de province la plus chère après Nice.

Ce lessivage social est avant tout à mettre au crédit de nos élus. Les collectivités disposent de tous les outils pour répondre aux enjeux de cette crise lancinante du logement bon marché et à cette éviction des classes populaires. Et n’oublions pas que les élus socialistes lillois sont aujourd’hui au cœur du pouvoir, comme Audrey Linkenheld, adjointe au logement de la Ville de Lille et députée rapporteur de la nouvelle loi Duflot sur le logement. Si la politique du logement lilloise devient le modèle pour la France, gageons que cette loi aura vraiment de l’allure.



*Lexique

- Quartiers anciens : Par quartiers anciens, on entend généralement des quartiers populaires qui sont constitués de maison construites avant 1945. Ces quartiers s’opposent aux quartiers d’habitat social construits entre 1950 et 1970. Ils sont généralement centraux (Wazemmes, Moulins) ou « péri-centraux » (Fives, Bois-Blancs).

- La fabrique des quartiers est une Société Publique Locale d’Aménagement à capitaux 100% publics appartenant à Lille Métropole Communauté Urbaine et aux villes de Lille, Roubaix et Tourcoing ayant pour objet d’intervenir pour la requalification des quartiers anciens. Créée en 2009, elle intervient à Fives, Moulins et Wazemmes dans des opérations de restructuration d’îlots de logements dégradés.

- Classes moyennes supérieures : Nous regroupons sous ce terme les franges les plus aisées ou intégrées des classes sociales (cadres et professions intermédiaires). Elles regroupent les fonctions d’encadrement ou d’intermédiation entre le pouvoir économique et politique et les classes populaires dominées (employés et ouvriers).

- La règle des 30% de logements sociaux à Lille et la loi SRU :
La loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) de 2000, oblige toute commune de plus de 3500 habitants à posséder au moins 20% de logements sociaux sur son territoire. Ce taux est passé à 25% depuis la loi du 18 janvier 2013. À Lille, le règlement local impose une « servitude de mixité sociale » qui veut que pour toute opération neuve construisant plus de 17 logements, 30% des logements doivent être sociaux (accession sociale, logements locatifs sociaux).

- Gentrification : Embourgeoisement des quartiers populaires. Petit à petit, les classes moyennes, les pouvoirs publics et les promoteurs reviennent dans les quartiers ouvriers et y délogent leurs habitants.

http://labrique.net/numeros/numero-37-n ... e-lille-la
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 31 Jan 2014, 03:40

Dimanche 2 février à Saint Denis

À Saint Denis comme ailleurs,

à qui profite la rénovation urbaine ?

Réunion publique du collectif "Plaie Commune" à St Denis au centre social autonome Attiéké, bâtiment occupé, 31 boulevard Marcel Sembat à Saint Denis (Gare de Saint Denis ou Métro 13 Porte de Paris) à partir de 14h 30.

« Notre objectif est de reprendre possession des commerces. En même temps que nous mettons de la diversité sociale dans les immeubles, nous voulons la diversité des commerces […] Nous ne voulons pas des rues, des quartiers où 60 à 70% des commerces sont des sandwicheries, des taxiphones et des coiffeurs à 10 francs »
C'est par ces propos que Stéphane Peu, premier adjoint au logement et président de Plaine Commune Habitat, qualifiait jeudi 21 novembre les commerces de proximité de la gare de Saint-Denis.

Avec les plans successifs de rénovation urbaine et depuis le lancement du Plan de rénovation du centre ville (PNRQAD) en 2010, la volonté des autorités (mairie, Communauté d'agglomération, Etat…) est claire : Au prétexte de lutter contre l'insalubrité et de rénover les logements, les transports et les commerces, elles opèrent un profond changement de population :
• Les expulsions se multiplient, jetant de nombreuses personnes à la rue sans solution de relogement.
• Contrairement aux effets d'annonce des hommes et femmes politiques, les plans de rénovation s'accompagnent d'une baisse du nombre de HLM accessibles aux plus bas revenus.
• À La Plaine, les sièges sociaux des grandes entreprises remplacent les industries et les cadres venant de Paris remplacent les anciens ouvriers, expropriés.
• Un arrêté municipal, reconduit pour un an, interdit à 70 commerces du quartier de la gare d'ouvrir après 20 heures. C'est un véritable couvre feu qui étouffe les commerçants.

Dans tous les quartiers, une même logique est à l'œuvre : changer le visage de Saint-Denis en chassant les populations les plus pauvres.
Face au mépris de classe affiché par la mairie et devant les interrogations légitimes de la population, des habitant.e.s s'organisent. Un bâtiment laissé vide pendant deux ans, est occupé depuis le mois d'Octobre par un collectif qui en fait aujourd'hui un lieu d'habitation, d'organisation et de lutte.

Face aux problèmes de logement et aux politiques de rénovation urbaine,
Le collectif Plaie Commune organise une rencontre pour échanger nos infos
et imaginer des stratégies de luttes.

Venez nombreux et nombreuses Dimanche 2 février à 14h30 au 31 bd Marcel Sembat, St Denis, bâtiment occupé.

http://plaiecommune.noblogs.org/
Des membres du collectif seront également présent dans l'émission "Au fond près du radiateur" sur FPP 106.3 Mardi 28 prochain de 19h à 20h30 pour causer de tout ça.
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 02 Fév 2014, 16:09

Eiffage prépare le meilleur des mondes pour Grenoble

En manque d’idées, la Métro a payé l’entreprise privée Eiffage pour réfléchir à « la ville durable à l’horizon 2030 ». Le 17 septembre dernier, une soirée présentait les conclusions de cette étude dénommée Phosphore 4. Bien loin des prétentions de « démocratie participative métropolitaine », seuls les élus des communes de la Métro et quelques professionnels (urbanistes, architectes, etc) étaient conviés à venir découvrir un projet futuriste pour la cuvette. Un envoyé spécial du Postillon s’est glissé parmi eux : voici le meilleur des mondes imaginé par Eiffage.

... http://www.lepostillon.org/Eiffage-prep ... r-des.html
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 03 Fév 2014, 03:23

Emissions radio à écouter

Sur SONS EN LUTTES
Rencontre sur les luttes urbaines
Anne Clerval, auteur de l’ouvrage "Paris sans le peuple : la gentrification de la capitale", paru en 2013 aux éditions La Découverte, présentait un débat sur le sens politique de la gentrification lors d’une journée organisée le 16 novembre 2013 par les membres de la CNT de l’école spéciale d’architecture, intitulée De la lutte en milieu urbain : Quelles stratégies pour la conquête du "droit à la ville" ?
http://www.sonsenluttes.net/spip.php?article704


Radio FPP
La gentrification à Berlin
http://paris-luttes.info/fpp-radio-la-gentrification-a
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 08 Fév 2014, 12:54

Poitiers, mercredi 12 février

Débat « Espaces privés/publics contre l’espace social »

Répression des graffeurs, tagueurs, manifestants « illégaux », contestataires, « marginaux », fêtards, squatteurs, Roms... des prolos. Misère de l'hébergement d'urgence. Gentrification de la ville. Privatisation de l'ancien Théâtre. Avatars d'une politique d'annihilation de l'espace social. Partout, espaces privés et publics. Aux mains des riches, des politiques et de leurs complices. Et si on socialisait l'espace ?

Débat proposée par Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86).
20h30, Le plan B - 30-32 bd du Grand cerf, Poitiers
Entrée libre
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 16 Fév 2014, 02:36

Dépeupler Moulins, repeupler le néant
Architecture, urbanisme, culturel... Le capital s’incruste partout, se fond dans tous les espaces. Et si on veut le combattre, il faut d’abord le débusquer. Dans cet article, deux Lillois nous content le triste sort de Moulins, quartier jadis ouvrier dont les classes populaires ont été chassées par les promoteurs immobiliers et la municipalité.
... http://www.article11.info/?Depeupler-Mo ... peupler-le
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 19 Fév 2014, 13:13

Samedi 22 février, Lille

Projection-débat : art security service

Le journal La Brique vous invite à la projection du film documentaire Art Security Service, projection qui sera suivie d’un débat sur la gentrification par la culture, en présence du réalisateur Bernard Mulliez. Rdv samedi 22 février, au cinéma l’Univers, 16 rue Georges Danton, Lille. Nous ouvrirons les portes et du bar à 19h.

Résumé du docu :

Au printemps 2005, le promoteur immobilier Robelco, frappe les trois coups médiatiques d’un projet de « revitalisation » des Galeries Ravenstein à Bruxelles. Afin de « changer l’image de la galerie », le promoteur invite des galeristes à occuper temporairement des magasins. Au soir du vernissage, le dispositif de « revitalisation » apparaît in situ dans toute sa violence sociale. Au premier étage, les galeries d’art parées de tous les attributs de la légitimité culturelle. Au rez-de-chaussée, les cafés appelés à disparaître et leur clientèle frappée du stigmate de l’indignité. Bernard Mulliez mène des entretiens avec les différents intervenants. Du côté du monde culturel, outre les formes d’ (auto) aveuglement ou de lucidité désabusée, le racisme social des agents les plus compromis avec le promoteur laisse sans voix. La violence symbolique exercée contre ceux qui travaillent dans les bars du bas de la rotonde vient redoubler la violence économique, voire policière, décortiquées dans ce film, véritable épure des méthodes employées couramment par les promoteurs immobiliers.

En 3 parties :

WorkinGalrav – 22 min
Hâve lunch with an Artist – 66 min
Culture for ALL – 10 min
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Pïérô
 
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 21 Fév 2014, 16:49

Lyon, 26 février
Comment construire une place Mazagran populaire et buissonnière ?

Toute la ville de Lyon est passée au rouleau compresseur de la stérilisation des espaces publics... Toute ? Non ! Au cœur de la Guillotière, une petite place essaie de résister encore et toujours à l’envahisseur. Mais comment faire ?
Le collectif des Guillotins vous donne rendez-vous le 26 février 2014 à 19h à la Boulangerie du Prado pour en débattre au tour d’un repas partagé !


De l’Ilôt d’Amaranthes à « l’Espace Mazagran » pensé par le Grand Lyon, n’y a-t-il vrai­ment qu’un pas ? Quels sont les enjeux de la trans­for­ma­tion de cette place, qui ne doit son nom et son statut de « place Mazagran » qu’aux habi­tants qui l’ont faite ?

Délocalisation des pau­vres. Une famille rom entière, qui vivait là léga­le­ment, a été expul­sée aux confins de Lyon. D’autres, roms ou pas, qui squat­taient l’immeu­ble vide joux­tant la place ont été sommés de les suivre. Tous sont loin de nos regards désor­mais. Les pelle-méca­ni­ques ont com­mencé leur tra­vail : ces lieux d’habi­ta­tion se trans­for­ment peu à peu en pous­sière sous notre regard éberlué. Certains, qui occu­paient la place toute la jour­née, la bière à la main, ont déjà décidé d’aller occu­per ailleurs.

Verdisation, fonc­tion­na­li­sa­tion, reprise en main. Le quar­tier pro­gres­si­ve­ment s’aère, se lubri­fie. Nouveau look, ou plutôt uni­for­mi­sa­tion du look lyon­nais. Demain, une belle place verte est prévue, avec tous ses usages com­par­ti­men­tés et déli­mi­tés dans l’espace : deux grands pan­neaux d’affi­chage qui nous sur­plom­bent de leur hau­teur, sur la place, nous en infor­ment. Un élu l’a lâché pen­dant une réu­nion publi­que : il était temps pour la col­lec­ti­vité de « repren­dre la main » sur les lieux. Alors, demain, ils seront « gérés » par la Ville et le Grand Lyon en tant qu’espace public offi­ciel.

Interrogations. Cette belle place verte sera-t-elle encore « popu­laire », comme elle l’a tant bien que mal été jusqu’à main­te­nant ? Quels en seront les occu­pants ? Quelle sera leur marge de manœu­vre pour la faire vivre selon leurs sou­haits et leurs usages ?

Action ! Nous, Guillotins, ne nous lais­se­rons pas expro­prier de nos vies, de notre parole, de l’his­toire de la Guillotière. Et nous enten­dons bien conti­nuer de cons­truire une place tou­jours plus popu­laire et buis­son­nière. Il nous faut réflé­chir avec les habi­tants et les occu­pants de cette place, dans leur diver­sité, et tous ceux que le sujet inté­resse ; pren­dre la parole et la dif­fu­ser ; agir : pen­dant la durée des tra­vaux, et après.

Déjà, nous invi­tons tous ceux qui le sou­hai­tent, voi­sins ou pas, à nous rejoin­dre pour parler et débat­tre :

Mercredi 26 février 2014 à 19 heures à la Boulangerie du Prado (69, rue Sébastien Gryphe), autour d’un repas partagé.

Pour ensemble, construire la poétique de la ville à la Guillotière.


P.-S.
Qui sont les Guillotins ?
Des néo-bobos de la Guille ? Des gentrificateurs complexés ? Des conservateurs apeurés et nostalgiques du bon vieux temps ? Des jardiniers d’extrême gauche ? Des anarchistes en guerre contre le Grrrrrand Lyon ?
Peu importe ! Les Guillotins se définissent par l’objectif qu’ils poursuivent : lutter contre la stérilisation des espaces publics de la Guillotière et l’exclusion rampante des personnes les plus pauvres qui y vivent. Leur point de mire ? La place Mazagran, peu à peu construite au cœur du quartier par ses habitants. C’est pour cela qu’ils la veulent toujours populaire et buissonnière. Et ils entendent donner de la voix et des actes pour y arriver.
Ce programme vous plaît ? Rejoignez-les !
Par courriel : lesguillotins(arobase)riseup.net. Ou sur la place (on les reconnaît à leurs bouches toujours ouvertes).

http://rebellyon.info/?Comment-construire-une-place
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 27 Fév 2014, 14:45

Le Grand Paris, dévastation métropolitaine
Spéculation foncière et immobilière, gentrification des quartiers populaires, élaboration de projets aberrants et nuisibles, partenariats public-privé, disparition des terres agricoles... Pour en savoir un peu plus et organiser les résistances !
... http://paris-luttes.info/le-grand-paris
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 01 Mar 2014, 02:51

Lille
Lille: Prolo dégage, la mairie aménage !

La campagne municipale est lancée, martine aubry vient présenter son projet pour Wazemmes ce jeudi, comme elle l’a fait ou le fera pour chacun des quartiers de sa ville. A quoi pourrait-on s’attendre qu’on ne sait pas déjà ? Vivre ici nous en dit certainement plus long qu’une heure de communication politique.Lille se réinvente, nous dit-on. Ah bon ? Nous, nous voyons encore et toujours la même chose : une ville qui s’adapte aux volontés des dirigeants, aux avidités des investisseurs et au diktat de la consommation. Ici comme dans les autres quartiers populaires de Lille, la population la plus pauvre est progressivement évincée et virée de plus en plus loin en périphérie pour que s’installe une classe moyenne plus convoitée. On appelle ça la gentrification.

La mairie appelle ça la mixité sociale. Augmentation de loyers, abandon puis destruction de logements anciens, construction de résidences sécurisées avec grillage et digicodes, voilà quelques-unes des recettes pour modifier la population du quartier en modifiant l’urbanisme. Réhabiliter l’existant n’est que rarement l’option choisie : il faut densifier et innover, ce qui n’est rien d’autre qu’éliminer les derniers terrains vacants et standardiser les lieux et les modes de vie. Il n’y a qu’à observer la rue Lafargue pour constater les différentes phases de la gentrification qui grignote les quartiers populaires que sont Lille-sud, Moulins, Fives, Wazemmes : des maisons laissées à l’abandon depuis plus d’une décennie, des habitants expropriés, des squatteurs expulsés, des terrains verts supprimés, et finalement des immeubles sécurisés.

Nous n’attendons rien de ces élections comme nous n’attendons rien de la municipalité : la politique d’urbanisme, qu’elle soit signée par le PS ou par un autre parti, n’est toujours qu’une vaste opération de marketing cherchant à rendre une ville attractive auprès des investisseurs. Nous nous opposons à la logique mortifère qui cherche par tous les moyens à pacifier une ville, c’est-à-dire ces habitants, pour assurer la mécanique capitaliste : travaille, obéis, consomme.

Nous occupons des maisons vides dans ces quartiers en mutation car nous ne voulons pas attendre le bon vouloir de décideurs du social pour nous loger, pour partager des espaces, pour vivre ensemble. Parce que nous refusons les rues lisses, les façades grises et les mornes vies qu’elles supposent. Parce que nous nous opposons à ce que des technocrates confortablement installés dans des tours de verre organisent nos quartiers. 8000 logements sont vacants à Lille.

Et on prétextera la nécessité de construire des logements sociaux pour transformer la ville ! Expulser et exproprier sous couvert de rénovation urbaine, c’est surtout ouvrir un vaste chantier pour les entreprises du bâtiment, et bientôt une immense aire pour l’offensive culturelle, marchande et policière – une trilogie particulièrement usitée à Lille. La mairie a demandé l’expulsion de la bibliothèque squattée l’Insoumise.

Comme elle fait expulser et cherche à faire expulser des dizaines de maisons à Lille, notamment rue Lafargue. Ce n’est là qu’un stigmate de la politique de gentrification. Par conséquent, conscients de la fausse opposition entre gauche et droite, nous demandons l’expulsion de Martine Aubry pour ne réélire personne à la mairie.

https://linsoumiselille.wordpress.com/
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Re: Luttes aménagement du territoire, urbanisme, gentrificat

Messagede Pïérô » 03 Mar 2014, 02:46

Vendredi 7 mars, Paris

Paris sans le peuple. La gentrification de la capitale

Conférence par Anne Clerval, Géographe (Univ. Paris-Est)

à 20h, Espace Château Landon, 31 rue du Château Landon, Paris 10e

Où est passé le peuple parisien ?
Quelle place la ville de Paris accorde-t-elle aujourd'hui aux classes populaires ?

Depuis plusieurs décennies, la capitale connaît un processus de gentrification, un embourgeoisement spécifique des quartiers populaires qui passe par la transformation matérielle de la ville (réhabilitation de l'habitat, renouvellement des commerces, embellissement de l'espace public).
Que se passe-t-il vraiment et qu'y a-t-il en jeu dans ces transformations à la fois urbaines et sociales ?
Voilà qui est le plus souvent laissé dans le flou et masqué derrière une sorte d'évidence, comme si cela faisait partie de l'évolution « naturelle » des villes.

Anne Clerval, 2013. Paris sans son peuple. La gentrification de la capitale, éditions La Découverte, 256 p.

http://paris.demosphere.eu/rv/31560
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