PSA-Renault, même combat?Journée extrêmement chargée pour les deux constructeurs tricolores qui doivent avancer dans les négociations sur leurs restructurations, malgré un climat social électrique. L'Expansion.com fait le point.
Une manifestation à Paris contre les plans sociaux, une décision de justice suspendant celui de PSA, des débrayages dans toute la France... PSA et Renault ont bien choisi leur jour pour reprendre les négociations avec les syndicats sur leur plan de restructuration. Réunis ce mardi à Boulogne Billancourt - pour Renault- et avenue de la Grande Armée -pour PSA- direction et syndicats vont devoir accorder leurs violons. Ce qui est loin d'être gagné dans le climat social actuel. L'Expansion.com fait le point.
Des milliers d'emplois menacés
PSA, 11 200 emplois- Entre mai 2012 et mi-2014, 11 214 suppressions de postes sont envisagées chez le constructeur français, dont 3000 à Aulnay-sous-Bois et 1400 à Rennes. Pour ces deux sites, un PSE est prévu, avec une phase de volontariat pour les départs ouverts jusqu'au 31 décembre. Le plan de restructuration actuellement en négociation (qui prévoit 8000 suppressions d'emplois) a déjà reçu un avis défavorable de quatre organisations syndicales. Dans un second temps, la direction aimerait lancer des accords de compétitivité.
Renault, 8260 emplois- Contrairement aux apparences, la direction du groupe au losange n'a pas mis en place de PSE, mais est actuellement en train de négocier des accords de compétitivité à l'image de ceux qui ont été signés en Espagne l'an dernier. C'est dans ce cadre que Renault prévoit de supprimer 8260 emplois d'ici à 2016, essentiellement via des départs naturels non remplacés.
Des négociations sociales très tendues
Des accords de compétitivité chez Renault- En plus des 8260 suppressions de postes, la direction a donc proposé aux salariés toute une série de mesures destinées à améliorer la compétitivité des usines: gel des salaires en 2013, allongement du temps de travail de 6,5% dans les usines, élargissement de la mobilité, refonte des comptes épargnes temps ... En échange de quoi, elle promet de préserver l'ensemble de ses sites français, grâce notamment à des apports de productions nouvelles pour le compte de partenaires comme Nissan. Une méthode perçue comme du chantage par les syndicats, qui doivent ce mardi présenter leurs contre-propositions. La direction aimerait que les négociations s'achèvent fin février.
Le plan social chez PSA- De son côté, PSA compte conclure en février ou mars les discussions sur son plan social, notamment les conditions d'indemnisation des départs sur d'autres sites ou à l'extérieur de l'entreprise. Mais le calendrier pourrait être contrarié par une décision de justice rendue ce mardi. Saisie par la CGT Faurecia, la Cour d'appel a en effet ordonné la suspension du plan de restructuration au motif que le groupe aurait dû consulter les salariés de deux sites de l'équipementier, dont PSA détient encore 57,4%.
Pour en savoir plus: Le plan social de PSA suspendu, quelles conséquences?
Débrayages et manifestations
Débrayages chez Renault- Pour peser dans les négociations, les syndicats appellent depuis le début des négociations à des actions de débrayages sur les sites français. Des actions qui se sont intensifiées avec l'annonce des suppressions de postes. Ce mardi, la CGT a appelé à des débrayages sur le site de Flins (Yvelines), qui assemble actuellement une partie des nouvelles Clio et la Zoé électrique, dont la production a pris du retard. A la mi-journée, 500 manifestants étaient rassemblés sur place. La semaine dernière, des salariés de l'usine d'Aulnay de PSA avaient rejoint à Flins leurs homologues Renault pour "faire cause commune" face aux destructions d'emplois massive dans l'automobile.
Grève à Aulnay chez PSA- Chez PSA, la contestation est essentiellement concentrée à Aulnay, dont la fermeture définitive est prévue en 2014. La semaine dernière, l'usine a été fermée par la direction, officiellement pour des raisons techniques. Elle a rouvert ses portes ce lundi dans un climat extrêmement tendu, puisque le mouvement de grève - qui avait donné lieu à quelques échauffourées- a été immédiatement reconduit. Ce mardi, des salariés d'Aulnay ont pris la direction de Paris pour manifester devant le siège de PSA. Ils devaient ensuite se joindre au rassemblement de salariés d'autres entreprises en difficultés programmé à 14h devant le ministère du Travail.
Un gouvernement en colère
Moins de bienveillance envers Renault- Jusqu'à présent, le gouvernement s'était montré plutôt clément envers Renault, dont l'Etat est actionnaire à hauteur de 15%. Michel Sapin estimait par exemple que la crise se déroulait mieux chez Renault que chez PSA, le premier ayant opté pour la négociation. Mais après les révélations des syndicats accusant la direction de chantage, il a fini par monter au créneau en fin de semaine dernière. Pierre Moscovici s'est dit opposé à tout "licenciement" ou "fermeture de sites", Michel Sapin a insisté pour qu'il y ait des discussions "loyales", et Arnaud Montebourg a estimé qu'il n'était pas "absurde" de demander au PDG de Renault Carlos Ghosn un effort sur sa rémunération.
Des excuses à PSA- A l'inverse, le ton s'est plutôt adouci envers PSA. Au moment des annonces de restructuration, le groupe et son management avaient été sévèrement critiqués par le gouvernement, et notamment par le ministre du Redressement productif, qui pointait du doigt des erreurs stratégiques, et soupçonnait les dirigeants de mensonge. La semaine dernière Arnaud Montebourg a même fait son mea culpa sur France 2, soulignant qu'il avait "beaucoup d'estime" pour Philippe Varin, le patron du groupe.
vidéo "Renault-PSA, même combat!"