La manif mensuelle de l’intersyndicale aura lieu devant les grilles de Faurecia AuchelL’Union de luttes intersyndicale du bassin minier ouest ne faiblit pas. Depuis le mois de décembre, elle frappe mensuellement. Là où elle estime que les travailleurs sont en danger. Après Béthune, Bridgestone, elle sera mardi matin aux portes de Faurecia à Auchel, site de production sacrifié de ce groupe industriel au chiffre d’affaires croissant
Chaque mois, ils étaient un peu plus nombreux dans la rue. Ils étaient encore 250 à Bridgestone en février pour une opération qui a fait du bruit. Une manif qui les a encouragés à poursuivre le mouvement. Mardi, à 9 heures, ils seront à Auchel. Les syndicats CGT, CNT, SUD et FSU seront représentés, côte-à-côte, pour peser encore un peu plus. Ce mardi, un appel national est également lancé par la CGT mais ceux qui n’iront pas à Paris pourront aller soutenir les salariés de Faurecia.
Thérèse Lecocq, déléguée syndicale CGT du site auchellois, sait que cette manif aura un impact sur les salariés. Car elle craint pour ses collègues qui travaillent dans des conditions difficiles : « Faurecia Auchel tourne au ralenti alors qu’à Marles, ça tourne non stop avec des intérimaires. Là-haut, ils jouent avec la santé des salariés. »
Faurecia se porte pourtant bien
Faurecia est le 37e employeur dans la région avec plus de 2 000 salariés. En 2013, le chiffre d’affaires du groupe a fait un bond de 5 % grâce au marché asiatique florissant. « Cette année, trente-sept millions d’euros ont été reversés aux actionnaires et nous on regarde partir des commandes chez des sous-traitants alors qu’on sait le faire. Ils ont des moyens mais nous laissent crever la gueule ouverte. » Thérèse Lecocq aura encore l’occasion mardi de faire apprécier son sens de la formule. Mais la salariée n’accepte pas de voir ce site et ses 130 derniers salariés abandonnés.
Mardi, elle garantit que ses collègues, comme à Bridgestone, débrayeront à l’arrivée des manifestants. Parmi ces derniers, des élus probablement, dont René Hocq, président du Saziral, qui a rencontré la sous-préfète il y a quelques jours au sujet de la revitalisation du site. « Faurecia est un grand groupe, je suis persuadé qu’on peut ramener de l’activité sur le site. Faurecia finance le plan de revitalisation sur la zone d’Artois Comm. Pour Mortreux, l’entreprise qui s’installe, c’est différent, c’est sur le territoire d’Allouagne, ça dépend donc du plan de revitalisation d’Arcelor à Isbergues. » Cela veut-il dire que les ex-salariés de Faurecia ne sont pas prioritaires en cas d’embauche ? Thérèse Lecocq veille au grain.
Pas à Auchel pour rien
Éric Fatoux, de l’union locale du Béthunois, explique que l’intersyndicale n’a pas choisi Auchel par hasard. Hier, trois entreprises employaient plus de 2 000 personnes (Desquesnes, Faurecia et Auchelaine). Aujourd’hui, la première est passée de 300 salariés à 70, la seconde de 1 100 à 130 en cinq ans et la dernière, qui employait 750 personnes, a disparu. Le bassin minier ouest souffre mais à Auchel on concentre tous les handicaps. Et même si à la CGT on dit ne pas faire de politique, Éric Fatoux reconnaît que tout ça, « c’est du pain bénit pour le bistrot FN du coin ».
Mardi, ils devraient encore être quelques centaines devant les grilles de l’usine de plasturgie. Et peut-être même qu’ils pousseront jusqu’au centre de secours minier, autre site auchellois menacé qui préoccupe élus et syndicalistes.