FN - RN et ses satellites

...Sans Papiers, antifascisme...

Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 11 Oct 2013, 09:17

Même une élection est biaisée, cela donne une idée du biais en consultant les chiffres :
11/10 à 9h15 6101 participants 57% oui 41% non 1% Sans opinion
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Re: FN & ses satellites

Messagede altersocial » 11 Oct 2013, 12:39

Collectif Racine : le FN à l’école

Avec un nom évoquant tout à la fois la culture classique (Jean Racine), un des dadas nationalistes (« l’enracinement ») et un prénom désormais omniprésent au FN (Marine), le Collectif Racine est une nouvelle tentative de séduction du Front national en direction des enseignants, du primaire au supérieur. Mais ce n’est pas la première fois que le FN s’organise pour diffuser sa vision de l’école : en quoi cette initiative se distingue-t-elle des expériences passées ?

Il y a des années que le Front national n’avait plus de structure pour diffuser son projet éducatif. En fait, il faut remonter à plus de vingt ans pour en retrouver une un peu solide. Au milieu des années 1980, le FN crée de nombreuses structures (les « cercles »), chargés de diffuser les idées du FN un peu partout, en particulier dans les milieux professionnels. Il se crée ainsi en 1987 un Cercle National de l’Enseignement, qui s’adresse à la fois aux parents d’élèves et aux enseignants, et qui va devenir en 1995 le Mouvement pour une Éducation Nationale (MEN). Le MEN déclare lors de sa création : « Aujourd’hui le combat pour la sauvegarde de la nation et de l’identité française passe prioritairement par l’école, principal enjeu politique de cette fin de siècle ». Le projet est ambitieux, puisqu’il reprend l’idée de la Nouvelle Droite d’une nécessaire « reconquête culturelle », préalable à toute conquête politique : en effet, « l’éducation ne doit pas être laissée aux mains des syndicats marxistes inféodés au nouvel ordre éducatif mondial » tonne son président, Olivier Pichon, également élu au comité central du FN. Revendiquant 2000 adhérents et sympathisants, le MEN va éditer un bulletin, diffuser des plaquettes, et tenter sans succès de se présenter aux élections professionnelles (il réussit cependant à créer une quinzaine d’associations locales de parents d’élèves qui présenteront des listes).

En 1999, Bruno Mégret, numéro 2 du FN, quitte avec fracas le parti, emmenant avec lui bon nombre de cadres, dont la quasi-totalité des dirigeants du MEN, qui vont rejoindre le Mouvement National Républicain (MNR), le nouveau parti de Mégret. Olivier Pichon se fait élire sous l’étiquette MNR comme conseiller régional, avant de quitter le mouvement en 2003. On le retrouve deux ans plus tard comme l’un des leaders de la très réactionnaire « Révolution bleue », aujourd’hui totalement oubliée, une sorte de Printemps français avant l’heure et en miniature, créée à la suite des émeutes de 2005. Chroniqueur régulier sur Radio Courtoisie, il s’en fait virer en 2007, pour monter par la suite une webradio avec le nationaliste-révolutionnaire Jean-Gilles Malliarakis.

Après l’expérience du MEN, la question éducative ne revient dans le discours frontiste que de façon perlée, pour dénoncer la violence scolaire et le coût exhorbitant de l’éducation dans le budget de l’État, accuser les enfants issus de l’immigration de faire baisser le niveau, et surtout conspuer les enseignants, tous « gauchistes », qui, lorsqu’il ne sont pas en grève, distillent perfidement leur idéologie antinationale et mondialiste : le FN caresse ainsi dans le sens du poil son électorat massivement hostile au corps enseignant…

collectifracineIl faut attendre l’année dernière pour que Marine Le Pen réalise que plus d’un million de personnes travaillent dans l’Éducation nationale, que la plupart sont d’honnêtes citoyens débordant de sens civique, et donc des électeurs en puissance. En septembre 2012, lors d’un colloque sur l’éducation de son think tank Idée Nation, elle déclare ainsi, s’adressant aux profs : « Il y a eu un malentendu entre nous. Nous n’avons pas su vous parler. » Huit mois plus tard, au mois de mai 2013, des enseignants signent une tribune dans Le Figaro, « Appel pour le redressement de l’École », annonçant au passage la création (dans l’indifférence générale) du Collectif Racine, une structure regroupant des professeurs du primaire au supérieur se retrouvant dans les idées du Front national. La plupart d’entre eux présentent un profil assez lisse : souvent candidats du Rassemblement Bleu Marine aux prochaines élections municipales (Gilles Lebreton à Pont-Lévêque, Catherine Rouvier à Aix-en-Provence, par exemple), ils ont rarement un engagement politique connu ailleurs, à l’exception d’Alain Avello, intervenu il y a quelques années lors d’une « université » du Parti Communautaire National-Européen (PCN), un micro-parti d’inspiration nationale-bolchévique, ou d’Emmanuel Protin, membre du Snalc, un petit syndicat de profs ultra-réac.

Après une nouvelle tentative durant l’été d’annoncer leur création, le collectif Racine revient à la charge ce samedi 12 octobre pour tenter une fois encore de faire parler de lui, en proposant une « journée d’étude » à Paris sur le thème du « redressement de l’école », avec en bouquet final un discours de Marine Le Pen… Alors, ce collectif apporte-t-il quelque chose de neuf ? Pour l’essentiel, non.

Il y a vingt ans, le MEN organisait son discours autour de six idées principales, reprises pour l’essentiel par le collectif Racine :

1) « défendre l’école du savoir et du mérite », c’est-à-dire pour l’essentiel revenir aux méthodes d’enseignement des années cinquante (cours magistral, cloisonnement des disciplines), dont la médiocrité a tout récemment été prouvée (une enquête de l’OCDE publiée le 8 octobre dernier montre qu’en France, ce sont les 45-65 ans qui sont les moins performants pour lire comme pour compter), et surtout mettre au feu toute innovation pédagogique ;

2) « diverisifier les filières dès la sixième », c’est-à-dire promouvoir l’orientation précoce et en finir avec le collège unique (un des rares dispostifs de l’Éducation nationale visant un accès égal pour tous aux savoirs) afin de fournir au patronat une petite armée de précaires prêts à jouer les variables d’ajustement ;

3) « pour une véritable neutralité scolaire », c’est-à-dire « interdire les manifestations politiques dans les écoles » ; mais l’agitation anti-mariage pour tous ayant passé par là, avec la propagande qui l’a accompagnée dans les écoles privées, ce point du programme du MEN a été « oublié » provisoirement par le collectif Racine ;

4) « pour le respect de la discipline », c’est-à-dire dans la version 2013 contre la « culture laxiste de l’excuse » : le FN recase ici l’essentiel de son discours sécuritaire qu’il applique au domaine scolaire, associée à la valorisation du « dépassement de soi par l’effort » ;

5) « pour un enseignement national », c’est-à-dire faire la promotion d’une histoire réinventée à la Lorant Deutsch, des langues anciennes et des cours de morale ;

6) « revaloriser la fonction enseignante » : si le MEN rappelait à l’occasion le principe de préférence nationale (déjà appliqué par l’État), le collectif Racine se contente de reprendre le discours « syndicaliste » de protection et de soutien des personnels du MEN, en y ajoutant ce qui est finalement la seule touche originale du Collectif Racine, en droite ligne du nouveau rapport du discours du Front national avec l’État.

En effet, dans les années 1990, le FN s’inscrit dans la continuité du mouvement pour une école « libre », et les établissements privés sont montrés en exemple : autonomie des établissements, renforcement des pouvoirs du chef d’établissement, etc. Il inscrit son projet pour l’école dans son programme plus général d’inspiration libérale, voire ultra-libérale. Aujourd’hui, le FN explique que c’est au contraire le désengagement de l’État qui est la cause de tous les maux, et revendique une « recentralisation de l’administration de l’Éducation nationale », un revirement qui peut sembler étonnant, alors que pour l’essentiel, encore, le programme économique et sociale reste libéral (dérèglementation du code du travail, dénonciation de « l’assistanat », suppression de l’ISF, etc.). C’est que pour le FN, la menace sur les « libertés » telles qu’il les entend vient de Bruxelles : renforcer les prérogatives de l’État-Nation, c’est lutter contre les « instances supranationales » qui veulent la mort de la France, en distillant une pédagogie dévoyée et des enseignements politiquement orientés (que ce soit sur l’histoire du monde ou la question du genre, par exemple) et en voulant priver les nations du façonnage des jeunes esprits pour en faire de « bons citoyens ».

Le Collectif Racine, au final, ne propose pas grand-chose de neuf, et a du mal à se détacher du sempiternel « c’était mieux avant ». En revanche, il s’inscrit dans la droite ligne du projet mariniste d’un État-nation autoritaire et fermé sur lui-même, qui, pour être mené à bien, ne peut pas faire l’impasse sur la formation des générations futures.


Pour la réaction antifa, lire :

:arrow: Contre-rassemblement / profs bleue-marine dans le 15e
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Messagede Nico37 » 11 Oct 2013, 13:23

La grande peur des élus face au risque FN Bastien Bonnefous et Alexandre Lemarié 28/09

Le spectre du FN n'en finit pas de planer sur la rentrée politique. Un sentiment de panique semble envahir les partis de gouvernement, du PS à l'UMP. Plusieurs responsables socialistes redoutent de plus en plus que la séquence actuelle concentrée autour des questions fiscales et d'immigration soit un double piège qui se referme sur la majorité.

L'épouvantable mois de septembre pour le gouvernement, entamé par la polémique budgétaire et terminé par celle de l'accueil des populations roms, pourrait coûter cher à la majorité lors des prochaines élections municipales et européennes du printemps 2014. "François Hollande est inquiet du score du FN à ces scrutins, confie son entourage. C'est pourquoi, notamment, il demande à Valls de monter au créneau sur la sécurité. Hollande a retenu la leçon de Jospin en 2002. Même si l'emploi et l'économie redémarrent, il ne veut pas être accusé d'avoir nié les problèmes."

L'instabilité qui saisit la majorité s'explique surtout par le fait que, pour l'instant, personne n'a trouvé le moyen de stopper l'ascension frontiste. Chacun y va donc de son plan. Ainsi, le PS subit la cacophonie des courants, clubs et autres sensibilités. Les uns, comme l'aile gauche, ne veulent plus entendre parler de sacrifices des couches moyennes et populaires au nom de la politique de l'offre et de la compétitivité ; d'autres, comme l'aile droite, réclament au contraire toujours plus de réduction du coût du travail. Solférino, trop faible et inaudible, ne parvient pas à canaliser ces débats qui débordent dans les groupes parlementaires et parfois au sein du gouvernement.

Parallèlement, les écologistes traversent une énième crise interne entre partisans d'une sortie du gouvernement et défenseurs du statu quo. Si l'on ajoute au tableau les radicaux vent debout contre la loi sur le non-cumul et un Front de gauche en proie à une lutte entre le jusqu'au-boutiste Jean-Luc Mélenchon et le communiste Pierre Laurent, plus sensible que lui aux enjeux de pouvoir municipaux, le malaise est profond au sein des formations politiques de gauche. "Toutes les familles sont en crise, et Hollande se retrouve face à un risque de désintégration de sa majorité présidentielle", s'inquiète un poids lourd socialiste.

Le tableau n'est pas plus réjouissant à l'UMP, trop affaiblie pour attirer les électeurs tentés par le FN. Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, la droite n'a plus de vrai leader identifié ni de ligne politique. Sans boussole, minée par les ambitions présidentielles, la droite affiche ses divisions et peine à incarner une alternative. "Logiquement, les déçus de Hollande devraient se tourner vers nous. Mais vu l'état de notre parti, la plupart fuient vers le FN", se désole un responsable de l'UMP.

"Certains électeurs me disent qu'ils ne voteront plus pour le PS, car ils sont très mécontents de la politique du gouvernement et, en même temps, ils me disent : 'Pourquoi est-ce qu'on voterait pour vous alors que vous nous avez également déçus lors du dernier quinquennat ?'", témoigne un autre.

Comme le PS, l'UMP n'a pas trouvé la recette pour résister à la poussée de l'extrême droite. Pire, le parti se divise sur la stratégie à adopter face au FN. Au sein des partis de gouvernement, on craint particulièrement que la séquence électorale en trois temps qui va s'ouvrir en 2014 profite largement à l'extrême droite. Temps un, les municipales de mars à l'issue desquelles le FN pourrait se maintenir dans des dizaines de triangulaires. Au grand dam des candidats UMP, qui auraient toutes les chances de s'incliner au second tour. Pour la droite, trois zones géographiques sont vraiment sous tension : le Sud-Est, le Nord - Pas-de-Calais et la Lorraine.

A l'UMP et au PS, la crainte d'une poussée du FN dès le premier tour affole les états-majors. Même s'il remportait peu de villes, le parti frontiste investirait de nombreux conseils municipaux. "Partout où Marine Le Pen a dépassé les 20 % à la présidentielle, le FN sera en mesure de faire au moins 10 %", prédit Christophe Borgel, le "M. Elections" du PS.

Temps deux, les européennes de juin, scrutin défouloir par nature, qui pourrait propulser le FN en tête. A l'UMP, beaucoup redoutent ce scénario. "C'est possible, car les électeurs vont vouloir punir les politiques à cette élection", juge l'ancien ministre Xavier Bertrand. "Il y a une vraie menace que les antieuropéens soient en tête, car il y a un risque d'une abstention massive chez les proeuropéens", s'alarme l'ancien premier ministre Alain Juppé.

"Gare à un 21-avril européen !", ne cesse d'alerter, de son côté, le socialiste Claude Bartolone. Le président de l'Assemblée craint également qu'au printemps "le Parlement européen ne soit bloqué par un groupe de partis populistes, dont le FN".

Enfin, temps trois, les régionales de 2015, sans doute les plus dangereuses pour le PS, quasi hégémonique dans ces territoires. L'UMP, qui peut gagner certains exécutifs régionaux, peut aussi y perdre des plumes. Ces élections pourraient être un remake de celles de 1998, qui avaient vu, à droite, plusieurs responsables UDF s'allier avec le FN pour conquérir des régions.
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Messagede altersocial » 11 Oct 2013, 21:10

FN, autogestion et Economie sociale et solidaire

« Il y a des quartiers entiers qui sont en quelque sorte en autogestion criminelle ». On a beau chercher dans le site du Front national, dans les communiqués, les revues de presse, le terme autogestion n’est guère paré de vertus positives. On ne s’en étonnera pas. Si l’autogestion est assimilé à de la subversion, qu’en est-il de l’économie sociale, de la démocratie sociale, pour ce parti qui prétend représenter les intérêts des travailleurs (Français évidemment… laissant de côté une proportion importante du monde du travail) ? Il est vrai qu’il brouille les pistes lorsqu’il se déclare opposé au travail du dimanche (sauf pour les PME PMI) et se prétend l’ennemi des grandes multinationales et du grand patronat ?

Voyons ce qu’il en est concrètement. Fin 2012, au Conseil régional PACA, une aide de 28000 € aux Fralib était à l’ordre du jour. Quel a été le seul groupe à voter contre ? Le groupe FN. L’économie sociale et solidaire n’est pas plus la tasse de thé du FN. Dans la région centre en 2010, il prévient :« nos élus n’ont de cesse de dénoncer l’illusion de cette Economie sociale et solidaire ». Un élu, Mathieu Colombier, explique : « Il n’existe pas une économie solidaire, une économie associative, une économie sociale etc… Il existe une économie réelle, qui supporte la charge de ces économies assistées, qui prospèrent sur la valeur ajoutée par les acteurs économiques, comme le gui prospère sur le pommier ». Le 27 mai 2010, Bruno Gollnisch, conseiller régional en Rhône-Alpes, déclare que le rôle des élus « n’est pas de voler au secours de toutes les entreprises ». En Lorraine, deux ans plus tard, Dominique Bild confirme : « A force de subventions qu’elles soient étatiques, régionales ou départementales ; nous aurions mieux fait déjà de convertir les emplois générés par ses entreprises en postes de fonctionnaire. » Quelques élus admettent que les SCOP peuvent constituer « une solution pour la reprise d’entreprises », et le candidat du FN à Calais s’était prononcé favorablement au plan proposé par la CFDT locale d’une reprise de SeaFrance par une SCOP. Exception électoraliste ? Il semble bien que ce le soit puisque « ces structures ne permettront pas de développer à l’heure actuelle des emplois pérennes et en nombre. Il serait préférable de soutenir plutôt les PME-PMI et TPE, mieux à même de créer des emplois et de la croissance économique » rappelle Dominique Bild.

En réalité c’est bien l’intérêt d’une fraction du patronat, celle des PME PMI qui constitue la ligne du FN, et c’est aussi le même discours que celui du MEDEF qui est repris : « libérer le travail », « simplifier le code du travail », dénonciation des syndicats qui « asphyxient l’économie française » et dont il faudra revoir les modalités de représentativité pour qu’ils entrent dans des « logiques de concertation constructive » et soient moins tentés de « recourir à un rapport de forces (grèves manifestations) ». Rien de bien concret du côté des droits collectifs des salariés, en revanche une promotion de « l’esprit d’entreprise ». Et l’on sait ce qu’est cet « esprit » : le sacro-saint droit de propriété du capital – fut-il « petit » ou « moyen » au nom duquel on dénie aux travailleurs le pouvoir de décision. En un mot, c’est l’esprit du capitalisme que le Front national-Front du capital défend.
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Messagede Nico37 » 13 Oct 2013, 11:06

Dans l’Éducation nationale comme ailleurs : l’extrême droite n’a pas sa place Communiqué SUD éducation - FTE-CNT- CNT-SO 11/10

Le samedi 12 octobre, le Front national lancera son « Collectif Racine » censé matérialiser le ralliement d’enseignant-es au parti d’extrême droite. En fait de ralliement, ils ne seront tout au plus que quelques dizaines… pour près d’un million de personnels enseignant-es et d’éducation.
Nous affirmons que les valeurs défendues par l’extrême droite sont contraires à celles au nom desquelles nous agissons au quotidien.
Syndicalistes, nous luttons pour l’égalité des droits et une société débarrassée de toute discrimination : l’extrême droite est notre pire ennemie. Pour nous une injustice faite à l’un ou l’une est une injustice faite à toutes et tous.
Enseignant-es et personnels d’éducation, nous accompagnons nos élèves dans la découverte et l’apprentissage des valeurs de tolérance, de respect, d’égalité et de solidarité, pour qu’ils deviennent des individus libres. Nous les mettons en garde contre les régimes dictatoriaux et autoritaires que nos sociétés ont pu connaître par le passé.

Aujourd’hui la « lepénisation des esprits » a fait des ravages et ce n’est pas en s’attaquant aux Roms comme le fait Valls qu’on y mettra un coup d’arrêt. À ce titre, nous luttons contre toutes les politiques de discrimination, d’où qu’elles viennent.
Nous rejetons viscéralement les « idées » du FN : racisme, homophobie, ultra-libéralisme, retour des femmes au foyer, anti-syndicalisme et politique sécuritaire... C’est en nous mobilisant contre toutes les régressions de nos droits sociaux et démocratiques et pour des alternatives sociales que nous mettrons un coup d’arrêt à la menace fasciste.
Nous appelons les personnels de l’éducation à la plus grande vigilance antifasciste et antiraciste, à rejeter et dénoncer toute action ou initiative du « Collectif Racine » et à se mobiliser contre les idées d’extrême droite et les structures et partis qui lui sont liés.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 14 Oct 2013, 10:27

Le FN tente de prendre " Racine " à l'école (AFP) 13/10

Convaincre un monde enseignant très hostile au FN, proposer pour une école " en démantèlement continu " des remèdes fondés sur le mérite, le respect, l'autorité : c'est l'ambition affichée du collectif Racine lancé samedi à Paris par Marine Le Pen et des professeurs.
Création qui, " il y a quelques années encore, était inimaginable " , a relevé la présidente du Front national, conquérante à la veille d'un second tour de cantonale à Brignoles (Var) où son candidat part favori. C'est " la preuve que le poids de la bienpensance recule, y compris dans le monde enseignant, où le conformisme idéologique est en train de se briser " , veut-elle croire.
Elle s'exprimait dans une salle du XVème arrondissement affichant complet.
Dans l'assistance, quelques dizaines d'enseignants, des étudiants, des militants. " Vous dire mon nom ? Vous plaisantez, demain j'aurai grève " , s'exclame une quinquagénaire, proviseur d'un lycée situé " au nord de la Loire et je n'en dirai pas plus " .
Mais sur l'estrade, il y avait cinq enseignants dûment identifiés, dont deux ex-chevènementistes, Yannick Jaffré, professeur de philosophie à Lyon, qui se définit comme " patriote de gauche " , et Valérie Laupies, directrice d'école " dans une Zep de Tarascon " , ville qu'elle veut conquérir au municipales de 2014. C'est la seule encartée au FN, selon Florian Philippot, vice-président de ce parti, alors qu'un autre intervenant, Gilles Lebreton, professeur de droit au Havre, est Rassemblement Bleu Marine.
Tous se sentaient pionniers en " terre de mission " , dixit M. Jaffré, selon qui " seuls 5 à 6% " du corps enseignant ont voté FN en 2012. Racine, " qui n'est pas un syndicat, rassemble " une centaine " de profs, mais son site à déjà " 4.000 visites " quotidiennes, affirme-t-il.

L'égalité par l'excellence et non l'égalitarisme par la médiocrité

" Les langues se délient " dans les salles de profs, a assuré Mme Le Pen, tout en se défendant de " prosélytisme " dans les écoles. A ses yeux, " la laïcité ne se limite pas au religieux, mais suppose une scrupuleuse neutralité politique " .
Relevant avoir souffert du " poids de l'idéologie " quand elle était écolière, la fille de Jean-Marie Le Pen a assuré à l'AFP que ses trois enfants étaient à l'école publique, comme elle-même l'avait été.
Niveau des élèves, discipline, montée des communautarismes: tous ont décrit " un demi-siècle de démantèlement continu " .
De tous les ministres de l'Education un seul est au tableau d'honneur, Jean-Pierre Chevènement, avec des accessits pour Gilles de Robien et Xavier Darcos. Au contraire, ils ont dénoncé " le complaisant Bayrou " et " le pédagogisme mortifère du citoyen Peillon " .
Sur le banc des accusés, " la droite libérale qui parle anglais, la gauche libertaire qui parle brésilien ou esperanto " , a raillé M. Jaffré. Et aussi l'égalitarisme " qui sert bien mal l'égalité " puisque les enfants des classes populaires sont moins nombreux en prépas et grandes écoles, " l'individualisme né de 68 " , " le communautarisme " , alors que selon Mme Laupies, dans certaines classes, les enfants d'immigrés tendent à devenir majoritaires, " ce qui rend le travail difficile " .

" L'égalité par l'excellence au lieu de l'égalitarisme par la médiocrité " , tel est un des leitmotiv de Racine.

" Nous sommes amoureux de l'école et de la France, il faut redresser la première pour que vive la seconde " , a lancé Alain Avello, professeur de philosophie. Nostalgiques d'une école de la IIIème République dont les hussards noirs ont formé " Péguy, Camus et même cet ingrat de Bourdieu " , ils veulent un retour de l'autorité. " L'élève obéit, le professeur transmet " , a tranché Mme Laupies.
L'uniforme, le cours magistral, la sanction et la récompense figurent parmi les solutions envisagées.
Selon le FN, un comité d'étudiants est en train de se mettre en place. Autant d'étapes essentielles dans la " dédiabolisation " , à ses yeux.
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Messagede Nico37 » 15 Oct 2013, 23:32

Quand l’école de la République fait le lit de l’extrême droite Bernard Girard Enseignant en collège 14/10

Avec le lancement du collectif Racine solennisé par un discours de Le Pen, le Front national tente une percée dans le petit monde de l’enseignement.

Partant d’une analyse et de propositions qui ne brillent ni par leur pertinence ni par leur finesse, encore moins par leur originalité, il accouche d’un projet qui, curieusement, distille comme un air de déjà vu et même de ressassé.

Les pédagogues dans le collimateur du FN

Pour le collectif, l’école est malade, incapable d’assurer, « par la perpétuation de l’excellence française, l’avenir de la nation ». La responsabilité de cette situation en incombe « à près d’un demi-siècle de contre-réformes inspirées par l’idéologie permissive héritée de Mai 68, par des théories pédagogiques aberrantes et par les dogmes euromondialistes appliqués aux politiques éducatives ». En quelque sorte, la faute à Cohn-Bendit et à Meirieu.

Vu du FN, le « redressement » de l’école passe par un certain nombre de mesures. La plus audacieuse consistant à mettre en avant la maîtrise des savoirs fondamentaux : lire, écrire et compter. C’est vrai qu’on n’y avait jamais pensé… Pour ce faire, la méthode syllabique sera seule utilisée, marquant ainsi « la fin de l’aventure pédagogiste. »

L’enseignement de l’histoire sera principalement consacré à l’histoire de la France, « qui retrouvera sa place au cœur de l’apprentissage […] à partir de la chronologie et de figures symboliques qui se gravent dans les mémoires », tandis que la géographie, là encore limitée à la France, se fera sous forme de cartes. Hors de cela, l’enseignement sera débarrassé de tout ce fatras qui l’encombre inutilement.

Le collège unique également

Création du diable, le collège unique sera supprimé, et, par corollaire, l’apprentissage à 14 ans rétabli. Enfin, l’école redeviendra un « sanctuaire », non seulement par l’affirmation de la laïcité mais aussi par l’installation de portiques de détection de métaux.

Pour ce qui est du pilotage et de la gouvernance du système, le FN n’est pas à une contradiction près : vantant d’un côté l’autonomie du chef d’établissement, il réaffirme d’autre part, la nécessité de « recentraliser l’administration de l’Education nationale afin d’éviter la multiplication anarchique d’expériences diverses dont le résultat n’est jamais vraiment contrôlé ».

Résumons : école primaire limitée aux rudiments, sélection précoce des élèves, renforcement de l’administration centrale, c’est-à-dire, in fine, du pouvoir politique sur les enseignants comme sur les élèves et les familles, le projet éducatif de l’extrême droite tient en deux idées forces :

- sélection drastique des élites ;
- domestication du peuple.

Non seulement ce programme ne se signale pas par son inventivité, mais qu’il ne fait que reprendre pratiquement à la lettre, dans son esprit comme dans sa formulation, quantité d’analyses développées depuis de nombreuses années dans d’autres sphères politiques et – c’est plus problématique – dans certains milieux éducatifs.

Un air de déjà vu

L’école rêvée par le FN ne diffère à vrai dire en rien de celle dont les partis politiques de droite ont déjà tracé les contours : partant d’une analyse sommaire et peu informée de l’état de l’école et de son histoire, les diverses composantes de l’UMP aboutissent, dans leurs projets respectifs, à des conclusions identiques.

Dans le collimateur, à travers la dénonciation du collège unique, c’est l’ouverture à tous les élèves des études secondaires qui est visée. La création de filières diversifiées, de classes de niveau, l’institution d’un examen d’entrée en sixième, quelle que soit la formule employée, le rétablissement de l’apprentissage à 14 ans : toutes ces mesures aboutissent en fait à une ségrégation des élèves sur des bases sociales.

Partant de la constatation – hélas vérifiée – que le système éducatif ne permet pas à chacun d’y réussir, la droite et l’extrême droite en tirent les conséquences, leurs conséquences : puisque l’échec scolaire signe la faute, l’inaptitude de l’élève, nécessairement « pas fait pour les études », son exclusion du système s’impose. Que les élèves ainsi exclus soient tous issus des milieux défavorisés ne dérange ni les certitudes ni les bonnes consciences.

Quelle école pour quelle République ?

Ces représentations réactionnaires de l’éducation ne sont pas l’apanage des partis politiques de droite ou d’extrême droite. On les retrouve aussi à gauche, au sein de la nébuleuse proche de Chevènement, dont les convictions éducatives constamment affichées sont rejointes par celles de Le Pen.

Depuis des décennies, elles sont également défendues au sein même de l’école par toute une mouvance, extrêmement bruyante dans les médias, s’exprimant par le biais de pamphlets souvent violents et caricaturaux qui se répètent les uns les autres et où se retrouvent en fin de compte les valeurs et les présupposés à l’œuvre aujourd’hui au Front national.

Un discours simpliste entre tous : en ouvrant la porte aux « pédagogistes » – terme injurieux pour désigner les pédagogues –, Mai 68 aurait conduit l’école à sa ruine. Cette considération rudimentaire débouche sur un remède qui ne l’est pas moins : revenir à l’école du passé, parée de toutes les vertus, indissociable de l’histoire de la République.

D’où découle cette opposition aberrante, exacerbée dans les médias, entre d’un côté les « républicains », héritiers de Jules Ferry, défenseurs de la transmission des savoirs et, de l’autre, des « pédagogistes » post soixante-huitards, fossoyeurs de la culture, éducateurs plutôt qu’enseignants, responsables de la « faillite » d’un système éducatif que le monde entier nous enviait.

Un antagonisme complètement artificiel qui passe sous silence l’essentiel : à savoir que l’école de la République, l’école de Jules Ferry, s’est construite sur une ségrégation sociale de fait entre les milieux aisés à qui les études secondaires étaient réservées et les milieux modestes aux ambitions limitées à l’école primaire.

De l’école au FN via Brighelli

La posture affichée d’un enseignant comme Brighelli est emblématique de ce flou sémantique habilement entretenu, qui mêle sans peine le modèle républicain à l’idéologie d’extrême droite.

Quoique déjà compromis par son activisme dans la politique éducative de Sarkozy – ce qui lui valut, on ne se lasse pas de le rappeler, d’être fait chevalier de la Légion d’honneur par Darcos en personne –, ses prises de position brutalement réactionnaires lui apportèrent au cours des dix dernières années une considération jamais démentie aussi bien à gauche qu’à droite : l’hebdomadaire Marianne lui offrait une tribune et même Libération, par la voix de l’un de ses chroniqueurs fétiches, chantait ses louanges.

Aujourd’hui, Brighelli ne se donne même plus la peine de dire où vont ses faveurs : « Les constats du FN, repris par le collectif Racine, sont à peu près tous corrects si désormais le FN est le seul à poser les bonnes questions et à avancer des réponses crédibles, ce n’est pas ma faute », écrit-il dans une tribune au Point.

Que certaines valeurs soient partagées en commun par le FN et une partie de la gauche, avec l’école comme terrain d’expérimentation, n’est pas à vrai dire une chose nouvelle :

- une conception de la discipline réduite à de simples exigences d’obéissance ;
- une incapacité maladive à imaginer une forme d’intégration au groupe, de vie en société, qui s’épanouisse en dehors du cadre national ;
- la morale ramenée à des leçons de morale ;
- une conception intolérante de la laïcité ;
- la nostalgie d’un prétendu âge d’or scolaire qui n’a en fait jamais existé ;
- le refus de prendre en considération la composante sociale de l’échec ou de la réussite scolaire...

Tout ceci se retrouve, à des degrés divers, sur un très large éventail politique.

Une constatation qui renvoie pour finir à la banalisation de l’extrême droite dans l’opinion publique et qu’on peut expliquer bien davantage par une prédisposition culturelle et des habitudes mentales très ancrées dans l’inconscient des Français, plutôt que par une crise économique et sociale qui n’émeut finalement pas grand monde.
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Re: FN & ses satellites

Messagede altersocial » 16 Oct 2013, 00:49

Tous pourris!? :mrgreen: :roll:

Le maire d'Orange Jacques Bompard renvoyé en correctionnelle

Jacques Bompard, ancien membre du FN, est suspecté de deux prises illégales d'intérêts.

Le député-maire d'Orange Jacques Bompard (Ligue du Sud), 70 ans, a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Carpentras (Vaucluse) dans une affaire de prise illégale d'intérêts, a-t-on appris mardi auprès du parquet d'Avignon.

Les affaires remontent à 2004 et 2005

Un juge d'instruction du tribunal de grande instance d'Avignon a signé le 8 octobre une ordonnance de renvoi à l'encontre de Jacques Bompard, ancien membre du FN, "pour deux prises illégales d'intérêt commises au cours des années 2004 et 2005", a indiqué à l'AFP le procureur de la République, Bernard Marchal.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 17 Oct 2013, 02:25

A Tarascon, l’instit’ du FN qui interdirait bien les djellabas Nolwenn Le Blevennec 25/04

Valérie Laupies, 47 ans, sera la candidate du Front national à Tarascon, ville des Bouches-du-Rhône que le parti de Marine Le Pen espère bien emporter en 2014.

Les blagues islamophobes font passer le temps. Dans les ruelles de Tarascon – qui a placé Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle –, une quinqua à qui je demande mon chemin et qui m’accompagne un peu dit en riant :

« Si c’est votre première fois, ne vous inquiétez pas, il n’y a pas une épidémie d’oreillons. »

Comme je ne comprends pas, elle pose ses mains à plat sur ses oreilles pour mimer le voile musulman.

Valérie Laupies (prononcez Laupy) n’habite pas loin, tout le monde le sait. Elle est directrice d’école et enseignante en classe de CM2, en vacances ce mardi.

Pendant la campagne présidentielle, elle a été nommée conseillère éducation de Marine Le Pen. En juin, elle a failli devenir députée, cela s’est joué à quelques voix après le retrait de Roland Chassain (UMP) en sa faveur. Elle veut maintenant la mairie.

Repérée au loin par Jean-Marie Le Pen

Valérie Laupies vient de la gauche. Elle est née en Saône-et-Loire, dans une famille ouvrière. Sa mère était assistante maternelle. Son père, électricien dans l’usine Creusot-Loire qui a déposé le bilan en 1982.

« La ville est devenue triste après. Sinistrée. Je suis partie à 18 ans. Je suis issue de mes parents, mais je suis aussi leur opposé : ils ne s’engagent pas et font leur petite soupe sur leur petit feu. »

Laupies a fait des études d’histoire à Lyon-II (après un détour dans l’animation), puis elle a intégré l’IUFM de La Croix-Rousse.

Une vie plus tard, en 2005, elle s’est engagée au Mouvement républicain et citoyen (MRC) de Jean-Pierre Chevènement, parce qu’elle aimait son discours sur l’éducation. Mais au moment du CPE, elle se sent ostracisée (il est contre, elle est pour).

Elle s’en va, paumée. Envoie un e-mail à un écrivain qu’elle admire : « Bonjour Alain Soral, pour qui faut-il voter alors ? »

Il lui répond : Le Pen ou Dieudonné.

« Mais ça a pris du temps encore. Pour moi, la gauche c’était le bien. Les concepts ont fini par m’en éloigner. »

L’un de ses deux frères est fan de Mitterrand. Quand elle a dévoilé son intérêt pour « le Front », au repas de Noël 2006, la femme de celui-ci s’est offusquée, le FN était son combat à la fac. Valérie Laupies, en colère, s’encarte juste après, pour le nouvel an, son cadeau.

Un jour, on l’invite à un déjeuner-débat avec Jean-Marie Le Pen. Le chef du FN la repère au fond de la salle (« Je me suis demandé qui était cette jeune femme... », lui dit-il) et ils vivent, à l’entendre, une sorte de coup de foudre intellectuel. Elle aime « sa frilosité » envers les diplômes.

« J’aime son pragmatisme. Je n’ai pas envie de me sentir complexée et pas utile dans ce parti. Mais j’espère, je pense que Marine Le Pen a conscience des limites de l’“énarquitude”, même s’il en faut. »

Elle est élue conseillère régionale Paca FN en 2010.

« La ville se transforme en médina »

« L’immigration de masse », c’est la première préoccupation des Tarasconnais, selon Valérie Laupiès. La sienne aussi.

« Le problème c’est le nombre. Le centre-ville s’est transformé en médina. C’est la mort de la vie entre les gens. »

Deux publics dans son viseur.

D’abord les jeunes issus de l’immigration sortis du système scolaire tôt et qui sont désœuvrés.

R., par exemple, 21 ans, sympa, qui rit quand son pote se demande quelle est l’utilité du théorème de Pythagore. Et qui deale de la « chnouf » et roule en Audi A1 blanche dans la ville.

« Nos enfants à nous quittent la ville, les leurs restent et ne trouvent pas de travail. Ce n’est pas à nous de mettre la main à la poche pour les occuper. Il faut arrêter de se flageller. »

L’autre public : les vieux qui veulent une salle pour prier et qui sont « partout dans la ville, debout comme des piquets » parce que « c’est leur mode de vie ». Elle voudrait interdire les djellabas dans les lieux publics, « si la loi le permet ».

Elle regrette d’avoir été réveillée, pas plus tard que dimanche dernier, par un groupe de jeunes adultes maghrébins, à 6 heures du matin.

« Ils ont fait un boucan pas possible. Vous trouvez ça normal d’être réveillée quand vous êtes chez vous ? Il ne faut pas se laisser bouffer. »

Un mari qui prend des photos d’immigrés

Pendant ses études à Lyon, elle a rencontré son mari, Frédéric Laupies, originaire de Beaucaire, issu d’une famille communiste. Il a fait en même temps qu’elle le même chemin de la gauche à l’extrême droite. Lui aussi est obnubilé par l’immigration.

Son père, Jacques Laupies, 77 ans, très connu dans la ville, tient le blog Un communiste à Tarascon et il va se battre pour que la gauche passe aux municipales. Il pense que le passage de son fils à l’extrême droite est lié à des conditions matérielles difficiles, « il n’a pas eu le parcours qu’il aurait pu espérer ».

Frédéric Laupies est agent d’accueil à la gare d’Arles, cinq jours par semaine de 21 heures à minuit, pour 600 euros par mois. Valérie Laupies dit que c’est dur, mais qu’il y voit « la vraie vie ».

Ce mardi matin, il sert gentiment les cafés, mais ne participe pas à la conversation. La candidate FN nous dit que son mari l’aide énormément, « il est fort en communication ».

Il prépare des notes pour les interviews ou les interventions au conseil régional de sa femme. Surtout, il tourne des vidéos de campagne : femmes voilées marchant dans les rues de Tarascon. Il prend aussi régulièrement des photos d’Arabes à leur insu qu’il poste sur Facebook.

Valérie Laupies a récemment demandé de l’aide à Marine Le Pen. Elle aimerait que le travail de son mari soit reconnu (peut-être rémunéré) et dans l’idéal, elle voudrait un soutien financier pour pouvoir se mettre à mi-temps pendant la campagne municipale.

« S’ils veulent faire de Tarascon un exemple, il faut probablement mettre plus de moyens. Sans ça, ça va être dur. »

La morale républicaine, sujet de dictée

Les classes de l’école ZEP de Valérie Laupies sont pleines d’enfants issus de l’immigration. Elle dit : « J’adore mes gamins. »

« J’offre ma photo de classe depuis deux ans à Jean-Marie Le Pen. Quand des élèves ne parlent pas français à la maison, le niveau baisse forcément, on ne peut plus faire classe de la même façon. »

Elle leur fait faire le programme, mais elle essaye aussi de les éduquer. Par exemple, « en autodictée », elle les fait travailler sur des « fiches sur la morale républicaine des années 60 ».

« La dernière fois, cela nous a amenés à parler de la conscience personnelle en opposition au rapport de force qu’ils côtoient à l’école d’arabe. »

Croisé près de son école, Yanis, 19 ans, qui l’a eue comme prof en primaire, nous dit qu’il a toujours pensé qu’elle était de gauche, « tellement elle était ouverte ».

La soupe chinoise des enfants cambodgiens

Quand elle a voulu adopter, elle s’est naturellement imaginée avec un enfant venant d’Asie. Mais quand on lui a dit qu’elle avait 90% de chances de tomber sur un Maghrébin dans les Bouches-du-Rhône, elle a dit « désolée, je ne peux pas ».

« Ce n’est pas une culture que j’apprécie. Pas parce que je suis méchante, mais parce que je ne m’y reconnais pas.

– Oui, mais si l’enfant est élevé avec vous, c’est votre culture qu’il acquiert.

– Quelle est la part de la nature et la culture ? J’ai posé la question à mon pédiatre, c’est une question qui me travaille beaucoup. Je pense que la nature domine. Je connais des gens qui ont adopté des enfants du Cambodge, ils boivent de la soupe chinoise dans leur biberon. A un moment donné, vous êtes l’héritier de tous vos ancêtres. »

A la fin de notre entretien, Valérie Laupies ajoute qu’elle serait prête à accueillir des candidats UMP sur sa liste au second tour.

« Je pense que des élus de la liste seraient prêts à collaborer avec moi. Certains sont venus au déjeuner avec Florian Philippot, ce week-end. »

En face de la mairie, Abdel, 31 ans, qui tient le snack La Médina, nous dit que « Valérie et son mari » sont plutôt gentils avec lui quand ils viennent manger et il pense que « malheureusement » beaucoup d’Arabes « vont voter pour eux ».
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 19 Oct 2013, 00:08

J'ai même rencontré des enseignants bleu Marine Véronique Soule 13/10

Qu'est-ce qui qui distingue un prof lepeniste d'un prof classique ?  Quand il parle d'école, en à peine trois minutes, il place au moins une fois les mots "autorité", "discipline", "règles" et "mérite", et il honnit "le pédagogisme", "le laxisme", "le communautarisme" et "l'ultralibéralisme". C'est ce qui ressort de la réunion de lancement du collectif Racine, samedi 12 octobre à Paris en présence de Marine Le Pen.

Le collectif Racine - fine allusion à l'auteur de théâtre et aux racines de la France - est censé marquer la "percée" du Front national dans les milieux enseignants réputés à gauche. Une percée microscopique puisqu'il revendique 90 à 100 adhérents sur 850 000 enseignants au total. Mais selon ses animateurs, pas mal de sympathisants auraient peur de se dévoiler...

Au delà, il s'agit pour Marine Le Pen d'accréditer l'idée que son mouvement progresse inexorablement dans toute la société, y compris au sein de milieux a priori hostiles.

L'opération de samedi était donc très médiatisée. Laprésidente du Front national, assise au premier rang, n'a pratiquement pas cessé de sourire,  l'air victorieux, face à la nuée de photographes. A sa gauche, son lieutenant Florian Philippot, le vice président du FN, semblait lui aussi aux anges.
Yannick Jaffré, l'un des deux coordinateurs du collectif, a ouvert la réunion. Ce t agrégé de philo, qui vient des rangs chevènementistes, se définit comme "un patriote de gauche".

Il a d'abord évoqué les systèmes éducatifs anglais, allemand et américain. Avant de conclure:  "mais la France n'est ni l'Angleterre ni l'Allemagne ni les Etats Unis. Et nous ne le regrettons pas".  L'idée étant que la France est unique.

Puis il a évoqué l'école attaquée sous les coups conjugés de "la droite libérale qui parle anglais et de la gauche libertaire qui parle brésilien ou esperanto". Avant de célébrer l'élitisme républicain et son rôle d'ascenseur social dont ont bénéficié "Charles Péguy, Camus et l'ingrat Bourdieu" ...

Valérie Laupies, la conseillère Education de Marine Le Pen, a enchaîné. Directrice d'école primaire dans le sud, elle se présente aux municipales à Tarascon.

Elle a rappelé qu'elle avait été formée par le pédagogue Philippe Meirieu, à l'IUFM (institut universitaire de formation des maîtres) de Lyon, et que dans un premier temps, elle avait été séduite par sa façon de voir.

Mais au bout de cinq-six ans, elle a laissé tomber. Et "tout est devenu plus simple". Pourquoi ? "Parce qu'un enfant a besoin de repères". Elle a alors décrit l'école de ses rêves, avec la méthode syllabique pour apprendre  à lire, des exercices de répétition, des notes, etc.

Puis elle en est venue à "l'immigration de masse". Quand il y a trop d'étrangers dans une classe,  a estimé l'ancienne institutrice qui a enseigné 20 ans en Zep, on ne peut pas les faire avancer avec les autres, il faut donc "réduire leur nombre". 


Alain Avello a pris la suite. Prof de philo lui aussi, c'est l'autre coordinateur du collectif Racine. Il a consacré toute son intervention à l'urgence de restaurer l'autorité à l'école.

Aujourd'hui d'après lui, l'élève est l'égal du prof. Or c'est le prof qui sait et l'élève qui apprend. C'est en quelque sorte le monde à l'envers. Il faut le remettre à l'endroit, a plaidé le philosophe.  Il a usé de termes plus compliqués - comme "sacraliser le savoir" ou "rétablir la verticalité de la transmission" - mais l'essentiel était là.

En conclusion, Alain Avello a précisé qu'il n'avait pas spécialement de nostalgie pour l'ordre ancien. Et que le collectif Racine allait d'ailleurs chercher des idées nouvelles.

On est passé à Michel Sibel, prof d'EPS (éducation physique et sportive) en lycée professionnel, un ancien du RPR.  C'est à ce moment que Marine le Pen s'est éclipsée brièvement de la pièce. Les photographes se sont alors agités, cherchant le meilleur angle pour la prendre à son retour. Cela a provoqué du brouhaha et on a mal entendu Michel Sibel.

Heureusement, son idée est simple: si on redresse le corps, on redressera l'école. Or, a-t-il déploré, les jeunes aujourd'hui ont des corps avachis - ils boivent, il fument, "ils écoutent des rappeurs qui vomissent la nation", sans parler des salles de shoots qui vont peut-être ouvrir... "Redressons les corps et l'école se redressera", a répété Michel Sibel.

Il a aussi évoqué la violence et le laxisme ambiant - un leitmotiv de toute la réunion. "Aujourd'hui on se fait violer dans la rue et on est victime d'une incivilité", a-t-il déploré.

Gilles Lebreton, prof de droit public à l'université du Havre, a conclu, juste avant la harangue de Marine Le Pen. C'est lui qui avait signé le programme du Supérieur de la candidate à la présidentielle. Issu du chevènementisme, il a rejoint le Rassemblement Bleu Marine et il défend ses couleurs aux municipales dans une petite commune à côté du Havre. 

Il a dit tout le mal qu'il pensait de la LRU, la  loi sur l'autonomie des universités qui les a appauvries financièrement. Il s'est prononcé pour un retour en arrière, c'est-à-dire pour que  l'Etat reprenne la gestion de la masse salariale.

Il a dit aussi pis que pendre de la loi sur  l'enseignement supérieur et la recherche de la ministre Geneviève Fioraso, votée le 22 juillet. Pour lui, elle marque le désengagement de l'Etat et le rôle montant des régions. Il a appelé au "retour d'un Etat fort". 

Enfin il s'est inquiété d'un phrase dénichée dans la loi Fioraso: "il faut construire une société inclusive".  "De l'assimilation, on est passé à l'intégration, a-t-il lancé, de l'intégration, on passe à l'inclusion. Et demain, ce sera le communautarisme !".

Interrogé, Gilles Lebreton nous a assuré qu'il y avait un second universitaire, parisien, dans le collectif Racine. Mais sur le moment, il n'avait plus son nom en tête.

Enfin, Marine Le Pen s'est dirigée vers la tribune. "Cette réunion aurait été inimaginable il y a encore quelques années", s'est-elle félicitée. 

Avec la délicatesse d'un bulldozer, elle a décrit une école "permissive" en plein marasme, "dévastée par les lubies des ministres" successifs de droite comme de gauche, à l'exception de Jean-Pierre Chevènement qui a créé le bac pro (en 1985), et de Gilles de Robien qui a critiqué la méthode globale. Elle a dénoncé au passage des "mesures qui étaient prêtes dans les tiroirs",  comme "l'interdiction de l'écriture cursive"...

Son message était surtout politique: "les esprits bougent, y compris dans le monde enseignant. Les langues se délient dans les salles des profs. Le sentiment est de plus en plus répandu que nous constituons une alternative crédible. Nous avons une vision, un cap pour les Français"...

La dirigeante d'extrême droite a annoncé une prochaine initiative avec des étudiants. Et elle a encouragé les membres du collectif Racine à intervenir dans les débats, à se faire voir et entendre.

Du coup, à la fin de son discours, les profs Bleu Marine sont restés à disposition des journalistes, distribuant leurs contacts, prêts à répondre à toute question.

Mais deux bonnes heures s'étaient déjà écoulées et je me suis éclipsée. J'avais raté le film que je voulais voir cet après-midi là - Cinéma Komunisto, le témoignage du projectionniste privé de Tito. Inutile de dire que je l'ai regretté.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 19 Oct 2013, 23:43

Municipales : le FN présent dans à peine une ville sur six Abel Mestre 12/10

C'est le message que martèlent les dirigeants du Front national. La formation d'extrême droite serait désormais " le premier parti de France " . Pour étayer cette affirmation, les frontistes avancent les sondages favorables à Marine Le Pen ainsi que les 623 têtes de liste déjà investies pour les élections municipales en mars 2014.

Certes, le FN fera de toute façon mieux que lors des dernières élections. En 2008, le parti, alors en pleine crise, avait dû se contenter de 82 listes estampillées FN sur l'ensemble du pays. En 2014, le chiffre avancé par le Front national sera évidemment beaucoup plus important. Mais il doit être relativisé : les têtes de liste FN déjà investies couvrent pour l'instant à peine plus de 15 % des quelque 3 000 communes de plus de 3 500 habitants.

Pour l'heure, le FN aurait déjà totalement bouclé une "cinquantaine" de listes et le reste serait en "bonne voie de l'être". "Il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Nous sommes à cinq mois et demi des échéances. Certains commencent seulement à constituer leur liste", souligne Nicolas Bay, secrétaire général adjoint. Steeve Briois, secrétaire général, assigne deux objectifs : d'abord "présenter un maximum de listes dans les villes cibles". Ensuite, que toutes les listes annoncées soient finalisées.

La réalité est plus nuancée que le discours officiel. Dans beaucoup de territoires, le Front national peine à boucler ses listes ou à avoir des candidats. Certes, le FN n'a pas de mal à susciter des vocations dans ses places fortes du Nord-Pas-de-Calais et du Sud-Est. Mais deux régions ne font pas un pays. La situation est bien différente ailleurs.

Un exemple avec la façade ouest du pays : en Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire, véritables terres de mission du FN, le parti lepéniste ne dispose pas de figure nationale pouvant jouer le rôle de locomotive et n'a presque pas de cadres forts pouvant structurer des équipes.

" ON RAME "

Le manque de cadres politiques formés au sein du FN augmente la difficulté de "mailler" les départements ruraux. Plus la ville est petite, plus la liste est difficile à constituer pour le FN – un paradoxe dans la mesure où Marine Le Pen se présente comme le porte-voix de la ruralité. L'explication est simple : il est moins aisé de trouver 29 candidats sur 10 000 habitants que 53 colistiers sur 100 000 habitants.

"On rame, on travaille toute la journée pour constituer nos six listes, dont aucune n'est encore finalisée", reconnaît ainsi Odile de Mellon, secrétaire départementale des Côtes-d'Armor. Pour autant, cela ne "l'inquiète pas du tout", car le délai court jusqu'à fin février. "On va y arriver", assure-t-elle.

Pour trouver des candidats, les militants FN de ce département tractent (un document propose un coupon retour pour les volontaires à la candidature), démarchent par "phoning" à partir du fichier militant et sympathisant ou effectuent du porte-à-porte. "C'est la discussion en direct avec les gens qui compte, raconte Mme de Mellon. C'est un métier de commercial." Pourtant, selon la secrétaire départementale, la fédération "croule sous les adhésions".

"Les gens ont peur, poursuit Mme de Mellon. C'est encore tabou ici, les candidats sont menacés, il y a des sanctions sur le lieu de travail. La pression est effrayante." Du coup, le FN local a un problème de parité inversé. "Nous avons beaucoup de femmes, elles peuvent être candidates sous leur nom de jeune fille. Mais on manque d'hommes !", lance Mme de Mellon.

Dans ces départements, le FN se contente de peu de listes, trois, quatre, voire une comme dans le Finistère, à Brest. "Mais elle est finalisée à 80 %", précise Eric Dechamps, le secrétaire départemental. En Mayenne, aussi, une seule liste est prévue pour l'heure, à Laval. Mais Bruno de la Morinière ne désespère pas d'en monter deux de plus.

Tous les cadres locaux insistent en revanche sur la présence de militants sur des listes d'intérêt communal, dans les petites villes et villages. Le problème pour eux est que, ainsi, le FN est invisible.

En Basse-Normandie, la problématique est la même. La Manche, département rural, n'a pour l'instant que quatre listes, dont une – celle de Cherbourg – a du mal à se constituer. Pire, il ne devrait pas y avoir de liste dans la préfecture, Saint-Lô. "Il faut quelqu'un qui émerge. Or aucune personne capable de tenir un discours politique, de mener une liste et d'être performant une fois élu, ne s'est manifestée", se justifie Jean-Jacques Noël, le responsable du département.

Christian Bouchet, tête de liste à Nantes, a déjà finalisé sa liste de 65 colistiers. "J'ai commencé il y a un an avant même d'être investi", raconte ce militant historique de l'extrême droite radicale, qui a policé son discours à mesure qu'il devenait une figure locale frontiste. En tout, il y aura quatre listes FN en Loire-Atlantique. "Ce n'est pas beaucoup, mais c'est déjà pas mal", se défend M. Bouchet, qui souligne l'importance d'avoir des cadres politiques formés pour trouver des colistiers. "Beaucoup de gens qui nous rejoignent sont des primoadhérents, qui n'ont jamais milité nulle part avant", précise-t-il.

Mais il n'y a pas que la façade ouest qui connaît des difficultés. En banlieue parisienne aussi, le FN est à la peine. La fédération du Val-de-Marne n'a pas souhaité nous répondre, estimant que "Le Monde était un torchon qui vivait de sa haine du FN" et qu'ils "préféraient travailler" avec certains de nos confrères.

UNE VISITE À SAINT-DENIS

En revanche, celle de Seine-Saint-Denis a accepté de répondre. Ses militants ont pour objectif de boucler huit listes sur les quarante communes que compte le département. Pour l'heure, seules deux (Gagny et Rosny-sous-Bois) sont avancées. "Nous partons de loin, nous n'avions aucun candidat en 2008. Le résultat que l'on fera sera de toute façon positif", souligne Gilles Clavel, secrétaire départemental. "Il y aura peu de listes en Seine-Saint-Denis, reconnaît Steeve Briois. Il y a eu un exode des électeurs frontistes vers les départements de l'Oise et du Val-d'Oise, c'est peut-être dû à cela."

Marine Le Pen a, jusqu'à présent, totalement ignoré cette banlieue. Une situation qui devrait changer, puisqu'une visite de la présidente du Front national est en préparation à Saint-Denis, ville où, justement, ce parti a du mal à trouver des candidats.

Le FN veut pallier ce manque cruel de cadres. L'accent est donc mis sur la formation. Ainsi, toutes les têtes de liste des villes de plus de 100 000 habitants et des villes que le FN estime "gagnables" (les critères pour définir ces villes sont assez flous) doivent obligatoirement passer par les sessions de formation organisées par Louis Aliot, vice-président du Front national.

Par ailleurs, des réunions "délocalisées" réunissant les têtes de liste par grandes régions sont mises en place par Steeve Briois et Nicolas Bay. "On ne devient pas un cadre politique en une semaine", relativise toutefois un responsable départemental qui, lui, milite depuis des dizaines d'années.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 20 Oct 2013, 13:52

Le FN local sous la tutelle du parti Florent Buisson 28/09

Le début de campagne du candidat FN à Orléans pour les municipales de 2014 suit pas à pas la voie tracée par son parti. Qui mise sur le contexte national pour engranger des voix….
Orléans sera peut-être la seule ville de l'AgglO où une liste du Front national sera constituée pour les municipales de 2014.

Un enjeu important pour le parti de Marine Le Pen, dont les résultats dans la cité de Jeanne d'Arc l'idole ne sont pas restés dans les annales ( lire par ailleurs). Pour mettre toutes les chances de son côté, le candidat orléanais Philippe Lecoq avance à tâtons et s'appuie au maximum sur son parti, qui semble piloter, pour l'instant, sa campagne à distance.

Après l'inauguration du QG dimanche dernier par le numéro 2 du FN, Louis Aliot, le lancement cette semaine d'une « charte d'action municipale au service du peuple français » en dit long sur l'omniprésence du « parti » dans la campagne locale.

Le document, distribué à tous les candidats et aux médias, a été élaboré au siège, à Nanterre. Une ébauche de programme « prêt à appliquer », partout en France. Le FN s'y engage, notamment, à « refuser toute augmentation de la fiscalité pendant toute la durée du mandat, à lutter contre les gaspillages, les dépenses fastueuses et inutiles, ou à engager toutes les actions pour mettre fin aux installations sauvages de nomades ».

Des propositions que comptent mettre en application Philippe Lecoq, qui les a déjà faites siennes. Dimanche dernier, lors de sa conférence de presse conjointe avec Louis Aliot, il a ainsi rappelé que la sécurité était « la première des libertés », reprenant le verbatim exact de la fameuse charte…

Même constat pour le questionnaire que les militants distribuent actuellement aux Orléanais, en 40.000 exemplaires. Il n'a pas été amendé par l'équipe locale, comme ça a pu être le cas à Suresnes ou Boulogne Billancourt par exemple, et pose des questions très générales, qui ne renvoient à aucun thème « local ». Il n'y est ni question de la rue des Carmes, de l'Arena ou de l'avenir des quartiers orléanais par exemple.

Profiter du contexte national

Le candidat Philippe Lecoq devrait bien faire des propositions « locales » début 2014, mais il mise aussi sur un contexte national plus que morose, qui favorise l'émergence de son parti…

« C'est sûr que c'est porteur, reconnaît Laurent Salles, qui travaille au service "municipales 2014", du parti, à Nanterre. Quant à nos candidats, ils sont très encadrés, c'est vrai. Et très formés, aussi. On veut des gens qui soient crédibles. Ce sont des citoyens qui doivent apprendre à devenir des professionnels de la politique ». Philippe Lecoq, qui avait déjà suivi deux jours de formation en mars dernier au siège ( lire notre édition du 24 mars dernier), participe aussi régulièrement à des réunions départementales et régionales, encadrées par des membres du « siège ». Jamais Nanterre et Orléans n'ont été aussi proches…
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 21 Oct 2013, 23:15

Le FN est un parti (...) de tortionnaires (mais on a pas les preuves) (...) d'ivrognes racistes (...) mais certainement pas d'extrême droite

Un candidat FN condamné pour menaces de mort 10/10

Tête du liste du parti d'extrême droite dans une commune de l'Eure, Benoît Delamare écope de dix mois de prison, dont deux ferme.

Benoît Delamare, tête de liste du FN pour les élections municipales à Gisors (Eure), a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Beauvais à dix mois de prison, dont deux ferme, rapporte Le Courrier picard. La peine est assortie d'une mise à l'épreuve. Dans la nuit du 3 août dernier, à Chaumont-en-Vexin (Oise), l'homme avait menacé de mort sa compagne qui lui avait annoncé son intention de le quitter. Le prévenu avait également placé un couteau sous la gorge de l'enfant de la jeune femme en disant à la mère : "Si tu dors avec un autre, je fais ça."

La jeune femme alerte alors la gendarmerie mais les menaces continuent. Les jours suivants, Benoît Delamare envoie de nombreux messages sur le téléphone portable de la victime. Le quotidien régional en cite plusieurs : "Laisse-moi une chance ou ça va dégénérer", "Tout ce que j'ai dit, ce sera fait", mais aussi "Je cherche pas à t'effrayer, juste à tuer ton fils".

Dans le tribunal, Benoît Delamare reconnaît les faits : "Je ne peux pas l'expliquer. J'étais blessé et j'avais bu. Ça s'est enchaîné. C'est inexcusable."
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 23 Oct 2013, 01:14

Les communistes parisiens ouvrent un grand boulevard au Front national 21/10

Jean-Luc Mélenchon ne s’y est pas trompé. L’impact de l’alliance parisienne avec le Parti socialiste pour les prochaines municipales, votée avec 170 petites voix d’écart par les militants communistes locaux, dépasse largement le seul cadre de la capitale. Et ébranle la stratégie nationale du Front de gauche.

Dans un billet de blog intitulé « la tête dans la cendre », le leader du Parti de gauche écrit :

« Sur le plan national, la situation est beaucoup plus compliquée. La perte de visibilité est terrible pour nous. Elle aide l’extrême droite à se présenter comme la seule alternative au système. »

Cocufiage

Entre un plan de carrière (13 places négociées au Conseil de Paris et une au Sénat – celle de Pierre Laurent, secrétaire national actuel du PCF) et un enracinement du Front de gauche comme force alternative crédible à un pouvoir socialiste discrédité dans l’opinion, les dirigeants communistes ont choisi.

Ian Brossat, le jeune leader communiste parisien, a beau tenter d’apaiser les tensions en qualifiant l’accord avec Anne Hidalgo de simple « union libre » locale sans conséquence nationale, Jean-Luc Mélenchon y voit plutôt, sinon un piètre mariage de raison, du moins une belle entreprise de cocufiage irresponsable.

Et qui risque de se payer comptant au second tour, menace le leader du Parti de gauche. Les dirigeants du vieil appareil communiste ont un peu oublié, prévient-il, que les électeurs d’aujourd’hui sont beaucoup plus rétifs aux mariages d’étiquettes qu’un quarteron de militants (on a appris au passage qu’ils n’étaient plus que 1197, le nombre de votants, à Paris).

Une course contre la montre

De fait, la marge de manœuvre de Jean-Luc Mélenchon s’est considérablement réduite. Les listes autonomes FDG, très nombreuses dans les autres grandes villes, risquent fort de pâtir de la trahison parisienne. Les cocus suscitent toujours plus le dédain que le respect.

Et les nombreuses alliances concluent en province par le FDG avec les écologistes d’Europe écologie/les Verts pourraient bien se révéler à double-tranchant en rajoutant à la confusion à gauche de l’échiquier politique.

Routier éprouvé (dans les deux sens du terme) de la scène, Jean-Luc Mélenchon fourbit ses dernières armes : gagner la course des alliances contre la montre.

« La clef de la situation est le grand nombre. Celui-là décide et ce n’est pas toujours comme prévu par les gros malins. »

Mais pour l’heure, dans la salle de ce spectacle boulevardier, Marine Le Pen, morte de rire, peut applaudir le vaudeville communiste parisien à tout rompre.
Nico37
 
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Re: FN & ses satellites

Messagede altersocial » 23 Oct 2013, 10:19

La rentrée 2013 de l’extrême droite française

Presque 49 % des voix exprimées à Brignoles, dans le Var, au profit de l’extrême droite : ce résultat sonne - une fois de plus - comme un signal d’alerte. Bien sûr, il doit être relativisé et mis en contexte : la participation à ce premier tour d’une élection cantonale, dimanche 06 octobre, a été faible (deux tiers d’abstention). En nombre absolu de voix, l’extrême droite ne progresse guère. Toujours est-il que le risque est fort que cette élection cantonale partielle (re)donne au Front national son unique siège de conseiller général, sous les conditions du mode de scrutin majoritaire : l’élection est donc hautement symbolique. D’autant plus que le scrutin a été annulé deux fois, et a donc lieu pour la troisième fois consécutive. Le FN avait gagné de justesse ce siège, en 2011, avec cinq voix d’avance… puis l’avait perdu, suite à une première annulation, de justesse avec treize voix d’écart, en 2012.

Rivalités à l’extrême droite

Notons, par ailleurs, que l’extrême droite connaît une légère division dans ce scrutin. Si le candidat du FN, Laurent Lopez, réunit 40,4 % des voix sur son nom, un autre candidat d’extrême droite obtient à son tour 9,1 % au premier tour. Il s’agit de Jean-Paul Dispard, ayant été le candidat FN élu (provisoirement) en 2011 sur le siège de conseiller général. A la suite, il fut écarté parce que son profil apparaissait comme « trop dur » et pas assez « dédiabolisé » aux yeux de la direction du parti. Mécontent de son éviction, il s’est présenté sous les couleurs d’un autre parti d’extrême droite, le PdF (« Parti de la France »), fondé début 2009 par l’ex-secrétaire général du FN, Carl Lang. Aux yeux de ce dernier, le FN était en train de devenir trop modéré, avec l’ascension de Marine Le Pen…

Normalement, les résultats électoraux de ce parti groupusculaire sont microscopiques. Si, en l’espèce, son score moins ridicule est surtout dû à des facteurs locaux (la notoriété de son candidat), il permet aussi de tirer un enseignement : le FN n’est pas durablement assuré de demeurer la seule force capable d’occuper le champ d’extrême droite. Au cas où il entrerait en turbulences politiques, suite à des conflits (sur le programme ou sur les personnes) où parce que certains courants trouveraient qu’il fait « trop dans la modération du discours », d’autres forces pourraient grignoter une partie de son espace électoral. On a déjà vu, dans la période récente, des partis importants d’extrême droite se scinder en deux ; comme avec la scission entre FPOe et BZOe en Autriche depuis 2005 (le second voulait être « plus modéré », mais semble définitivement marginalisé depuis les législatives autrichiennes du 29 septembre dernier). Parfois aussi des forces d’extrême droite ont pu supplanter d’autres, comme en Grèce, où le parti néonazi violent « Aube Dorée » a pu occuper en 2012/3 l’espace auparavant tenu par un parti d’extrême droite plus traditionnel et plus « électoraliste », le LAOS.

Depuis la séquence de la mobilisation massive contre le « Mariage pour tous », où plusieurs groupes et groupuscules d’extrême droite ont concurrencé le FN et l’UMP également présents dans le mouvement, le Front national devrait donc être conscient du risque que d’autres forces peuvent monter en puissance à ses marges. Temporairement, cela arrange d’ailleurs plutôt la direction du FN, puisque la violence est plutôt associée par l’opinion publique à des « groupuscules », alors que le FN s’en lave les mains. Mais la division du travail pourrait, à l’occasion, se transformer en concurrence électorale ou rivalité politique. Précisons, par ailleurs, que le candidat Jean-Paul Dispard a appelé, à Brignoles, à voter UMP au second tour, contre son parti d’origine. Cette décision relève cependant moins d’une stratégie politique élaborée, que d’une volonté de se « venger » de son ancien parti…

Droite et extrême droite : nouvelles passerelles

En même temps, on constate à plus grande échelle une perméabilité de plus en plus forte entre l’extrême droite et la droite « classique ». De nouvelles digues ont sauté, à ce propos, avec les récents propos de François Fillon, tenus le 08 septembre, confirmés par lui le 13 septembre, puis à nouveau le 29 septembre. Ayant une première fois affirmé qu’entre un candidat PS et un candidat FN, il allait finalement choisir « le moins sectaire » - donc le plus ouvert vis-à-vis de l’UMP, ce qui signifiera souvent : opter pour le FN -, François Fillon a ensuite précisé qu’il entendait « réunir deux citoyens sur trois » dans un rassemblement politique, qui ne distinguerait plus entre « peuple de gauche, peuple de droite et peuple d’extrême droite » (le 29 septembre à Saint-Just-Saint-Rambert).

Cette offensive politique a une nouvelle qualité : jusqu’ici, l’UMP affichait une radicalisation idéologique certaine – depuis la création d’un « ministère de l’identité nationale » en 2007 sous Nicolas Sarkozy, puis la campagne de 2011/12 -, mais elle apparaissait officiellement comme divisée entre « plus radicaux » et « plus modérés ». Or, François Fillon était clairement rangé parmi les représentants du second courant. Il a ainsi brisé des classements politiques apparents. Ainsi se trouve affirmée l’idée d’une possible alliance électorale avec l’extrême droite au cœur même de la « droite classique », et non seulement sur ses marges les plus droitières.

Ce positionnement tactique, lié à la volonté de l'ancien Premier Ministre de Nicolas Sarkozy de défier ce dernier dans la course à la présidentielle de 2017, s'explique par la radicalisation idéologique de l'électorat de droite que nous avons déjà analysé dans de précédents articles. Mais, à son tour, il ne peut que contribuer à accentuer cette radicalisation. De plus, au sein de la direction de l'UMP, ce tournant tactique conforte les tenants de la ligne Buisson, arrivés en tête lors du vote des adhérents en novembre 2012, qui vise au rassemblement de toutes les droites. Ainsi Guillaume Peltier s'est félicité du tournant de Fillon. Cependant, la messe n'est pas dite à ce niveau : Copé a aussitôt pris position contre Fillon, faisant maintenant apparaître le « ni-ni » comme une position « raisonnable » ; la droite ‘humaniste’ (Raffarin) a condamné le tournant tactique de Fillon dont les plus proches lieutenants (Pécresse, Baroin) restent troublés par ce tournant ! Enfin, il semble bien que Juppé, « le meilleur d'entre nous » (Chirac) n'est pas abandonné toute ambition sur la base d'une ligne chiraquienne hostile à toute alliance avec le FN, sans parler du silence assourdissant de Sarkozy lui-même ! Ce que l'on doit retenir de tout cela c'est que la droite connaît un approfondissement de sa crise née de l'échec de Sarkozy à la Présidentielle de 2012 ; cette crise est profonde car elle concerne le leadership, l'orientation politique et les référents idéologiques et elle est accentuée par la pression du Front National qui s'exerce via les sondages et, plus grave, les élections partielles qui se suivent depuis l'été 2012. En même temps, des alliances pas toujours déclarées se nouent à l’approche des élections municipales de mars 2014. Dans un certain nombre de départements, et au premier chef dans le Vaucluse, UMP et FN s’apprêtent ainsi à se départager (de fait) les communes, mettant leur principal effort respectivement sur certaines municipalités tout en omettant de faire vraiment campagne dans d’autres. Surtout si ces dernières sont « promises » à l’autre partie, dans une sorte de deal non officialisé entre UMP et FN. Le « Canard enchaîné » du 02 octobre 13 a dressé un tableau de situations locales qui relèvent d’une telle répartition des mairies.

Elections municipales : Le FN avance (parfois) masqué

Le FN cherche à faire de ces prochaines élections municipales un tremplin pour son avancée. Début octobre, le parti avait déjà désigné 700 têtes de liste pour des villes grandes et moyennes. Parfois, on trouve des profils « atypiques », ou inattendus à l’extrême droite. Non seulement des candidat-e-s parfois très jeunes (à Strasbourg, la numéro deux de la liste, Julia Abraham, est âgée de 21 ans), mais aussi des personnes affichant leur homosexualité – comme sur la liste parisienne -, ou encore des François d’origine congolaise ou togolaise ou maghrébine (dont une tête de liste dans l’Isère). Dans la mesure où le FN est à peu près sûr qu’il aura la plupart des électeurs adhérant à un discours anti-immigrés ou raciste « dur » avec lui, puisqu’ils ne se reconnaîtront guère dans un autre parti, il tente d’élargir son électorat au-delà de ce « socle » tout en le gardant.

Il s’agit de donner une image « nouvelle » du FN, s’adressant aussi à des Français d’origine immigrée, qui peuvent éventuellement être tentés de croire qu’ils peuvent ainsi démontrer leur « intégration »… à l’extrême. Ceci tout en fédérant tous les sentiments hostiles, soit-ce de façon provisoire, contre un ennemi principal : musulman, ou officiellement « islamiste ». Mais aussi, accessoirement, Rom : se croyant peut-être drôle, Marine Le Pen a ainsi moqué, le 07 octobre, les grands partis – UMP et PS – sous le titre commun « ROM », qui signifierait selon elle « Rassemblement des organisations mondialistes »…

C’est dans ce même contexte qu’il faut placer la tentative de Marine Le Pen de faire disparaître, voire interdire, le qualificatif d’« extrême droite » du discours public sur son parti. Elle l’avait annoncé publiquement le 02 octobre dernier. Quelques jours plus tard, elle a fait savoir le 07 octobre qu’elle allait porter plainte contre « Le Nouvel Observateur », pour avoir qualifié son parti d’extrême droite… avant de démentir le soir même toute intention de cet ordre. Or, la volonté d’intimider les journalistes évoquant la nature politique de son parti, les menaçant de recourir aux tribunaux et leur intimant de ne plus dire que le FN était d’extrême droite, n’est pas du tout nouvelle : en 1995-96, Jean-Marie Le Pen avait fait une campagne tout à fait similaire, obtenant d’ailleurs (par des décisions en première instance) que des « droits de réponse » soient insérés dans des journaux comme « Libération » et « Le Monde ». La campagne a cependant échoué, la Cour d’appel de Versailles décidant, début 1997, en deuxième instance que le qualificatif d’« extrême droite » accolé au FN relevait pour le moins de la liberté d’expression.

Sur le fond, cette exigence posée par Marine Le Pen est d’autant plus ridicule que, tout en feignant croire que les origines du FN étaient étrangères à l’extrême droite historique, elle garde la fameuse flamme tricolore comme symbole de son parti. Or, quiconque connaît la genèse du FN sait pertinemment que ce symbole avait été repris, à sa fondation en 1972, des néofascistes italiens (en changeant uniquement les couleurs : de vert-blanc-rouge vers bleu-blanc-rouge), pour qui la flamme symbolisait « l’âme de Benito Mussolini montant de son cercueil vers le ciel ». Le lien avec le fascisme historique n’est donc plus à démontrer. Alors que Marine Le Pen prétendait, le 02 octobre 2013, que le FN n’était « pas un parti de droite » et encore moins « d’extrême droite », le mensonge est flagrant.

Une pseudo-radicalité à travers l’opposition à une intervention en Syrie

Le FN travaille l’opinion publique en profondeur, et a pu profiter (entre outres) en la rentrée 2013 du rejet majoritaire dans l’opinion publique d’une possible intervention militaire franco-américaine en Syrie. Opposée à cela à plus de 80 %, l’électorat FN était même celui parmi les grandes forces politiques qui affichait le plus fort taux d’adversaires (contre 70 % à l’UMP et environ 50 % dans l’électorat du PS). Bien qu’il puisse exister par ailleurs des bonnes raisons d’être opposé à une intervention – et que ce ne soit pas ici l’endroit pour prendre position sur ce sujet -, les motifs du parti d’extrême droite et de son électorat sont loin d’être nobles. En effet, on est ici loin de l’antimilitarisme ou du pacifisme.

Dans son discours tenu à Marseille le 15 septembre dernier, lors de l’université d’été du FN qui lançait la campagne pour les municipales de 2014, Marine Le Pen a ainsi fustigé l’éventuelle intervention en Syrie, prétendant que la France se soumettait trop aux Etats-Unis… Cela tout en demandant une augmentation très substantielle des dépenses militaires françaises, exigeant que leur niveau soit fixé à 2 % du PIB et inscrit dans le marbre de la Constitution. Les véritables motifs pour lesquels le FN s’oppose à une intervention militaire en Syrie ne relèvent donc pas d’une opposition de principe à la guerre. Ils résident plutôt dans une variante particulièrement égoïste et nationaliste du neutralisme, qui affirme que « les problèmes du monde (et surtout ceux des Arabes) ne devraient pas nous concerner autant », et que « notre argent et le sang des nôtres sont trop précieux pour être gaspillés pour des intérêts étrangers ». Voire « pour des buts totalement utopiques », dont relèverait l’idée de la lutte contre une dictature dans un pays arabe... dont les habitants sont, de ce point de vue, intrinsèquement incapables de créer autre chose que le despotisme. Ainsi, tous les opposants au régime de Bacher el-Assad seraient forcément des djihadistes (qui existent réellement, mais qui sont en vérité loin d’être l’unique opposition) et ne pourraient conduire le pays qu’à une nouvelle dictature, forcément.

Notons, aussi, que des cadres de l’extrême droite ont noué des liens personnels avec la dictature syrienne, comme auparavant avec celle de Saddam Hussein en Irak. C’est le cas p.ex. de Frédéric Chatillon, ancien du GUD (groupe étudiant violent d’extrême droite) devenu ami personnel de Marine Le Pen, qui entretient des contacts suivis au sein du régime syrien. Par ailleurs, le Front national tente par tous les moyens démagogiques de se démarquer des Etats-Unis en tant que puissance occidentale dominante, tout en admirant plus ou moins ouvertement le régime de Vladimir Poutine (pour son autoritarisme, sa politique d’immigration vis-à-vis des musulmans du Caucase et d’Asie centrale, pour sa conduite en Tchétchénie et « parce qu’il tient tête aux Etats-Unis »). Or, le président russe est aussi l’un des principaux soutiens du régime syrien.

Terrain d’épreuve pour le discours « social » du FN : le travail du dimanche

Sur le plan social, l’extrême droite continue de s’afficher de façon démagogique comme prétendue meilleure amie des couches populaires et des salarié-e-s, en colère contre les partis « UMPS ». Or, sous le vernis, on trouve comme souvent une autre image et un autre projet. Ainsi, les médias affiliés au FN se sont montrés extrêmement enthousiastes, dans la dernière période, vis-à-vis de la récente campagne médiatique en faveur d’une extension du travail du dimanche (à travers l’ouverture dominicale des magasins de vente). Ceci d’autant plus que certains salariés, souvent bien encadrés par « leurs » directions et/ou pris à la gorge par des salaires trop bas pour vivre (en dehors des majorations pour le travail dominical), se sont mobilisés pour revendiquer leur « liberté de travailler ».
Les médias d’extrême droite tels que « Nations presse info » - principal média sur Internet des « marinistes » du FN - applaudissaient bruyamment à cette mobilisation. Affirmant, du même coup, que les prétendus blocages contre la « liberté de travailler » montraient une fois de plus la nocivité des syndicats : « Face au sectarisme syndical et politique qui ruinent la France depuis 40 ans, voilà que les tenants de l’UMPS veulent la fermeture des magasine qui sont ouverts le dimanche » (27 septembre 2013). Voilà, plutôt, que face aux organisations syndicales de salariés, le FN affiche une fois de plus son sectarisme réactionnaire qui préférerait démolir toutes les garanties collectives et toutes les solidarités sociales…
Le 30 septembre, cependant, Wallerand de Saint-Just – tête de liste du FN aux élections municipales à Paris – publie un communiqué qui rectifie quelque peu le tir. Il ne s’agit cependant pas de défendre davantage les intérêts des salarié-e-s, contre une emprise grandissante du patronat sur leurs rythmes de vie. Plutôt s’agit-il de privilégier les intérêts du « petit » capital, par rapport à ceux du « grand ». De Saint-Just écrit ainsi : « Si des autorisations d’ouvrir le dimanche doivent être données, c’est aux commerces indépendants, aux petites et moyennes surfaces qu’elles doivent être accordées. » Ce qui soulève, au passage, une question : jusqu’où faudra-t-il considérer un supermarché comme étant encore « moyen » ? Tout n’est cependant pas perdu, non plus, pour les plus grandes chaînes de distribution : « Si, un jour, la < grande distribution > se conduit de manière loyale à l’égard des producteurs, des intermédiaires et des consommateurs, des autorisations pourront lui être données. »

Une fois de plus, la pseudo-alternative présentée par l’extrême droite n’en est pas une pour les salarié-e-s, et s’il y a une opposition de la part du FN à certains projets du grand capital, c’est surtout pour garantir un espace à d’autres fractions du capital (« petit » et « moyen »)…

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