Syrie

Re: Syrie

Messagede Tranchant » 16 Aoû 2013, 11:48

Kurdistan syrien: plus de 100 jihadistes et membres d’ASL tués

Yazdir

Des combats se poursuivent entre les combattants kurdes et les jihadistes qui subissent de lourdes pertes. Plus de 100 membres d’al-Qaïda et de certaines brigades de l’armée syrienne libre (ASL) ont été tués et deux autres ont été pris en otage au cours des 48 dernières heures.

De violents combats ont opposé dans la nuit du 13 au 14 août les combattants kurdes de l’YPG aux jihadistes du front al-Nosra et de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), deux groupes affiliés à Al-Qaïda, dans les régions de Tirbespiyé et Kobani, au Kurdistan occidental, le territoire kurde en Syrie.

Au moins 50 membres d’al-Qaïda ont été tués et un canon antiaérien a été saisi par des combattants kurdes, autour des villages de Taya, Mazluma et Sofya, dans la région de Tirbespiyé, tandis que 32 autres ont été tués à Ilajak, un village de la région de Kobani, selon le commandement général de l’YPG. Deux combattants kurdes ont perdu la vie et trois autres ont été blessés, au cours de ces combats. L’YPG a affirmé que plusieurs brigades de l’armée syrienne libre (ASL) ont également participé aux combats aux cotés des jihadistes.

Dans la nuit du 14 au 15 août, des affrontements violents ont eu lieu dans les villages de Guirhok, Yossufiyé et Abu Hajar à Chilakha (Çilaxa en kurde), dans la région de Guirké Legué, entre les combattants kurdes et les jihadistes. 32 membres des groupes armés ont été tués par des combattants kurdes à Yossufiyé, selon des sources proches de l’YPG.

Prenant le contrôle total du village d’Abu Hajar, les combattants kurdes affirment avoir tués 21 jihadistes et avoir pris en otage deux autres lors des affrontements dans ce village. Les Kurdes ont également saisi deux obus, trois kalachnikovs, deux véhicules, un BKC (fusil-mitrailleur) et de nombreuses munitions, tandis qu’un véhicule transportant un canon anti aérien a été détruit, au cours des affrontements dans ces quatre villages, selon les mêmes sources.

Les affrontements ont poursuivi dans la nuit du 14 au 15 août dans la région de Tirbespiye. Dix membres des groupes armés ont été tués dans les affrontements qui ont eu lieu dans les villages de Chélêké et Kharduka. Par ailleurs, les jihadistes ont attaqué le village de Lêlan, dans la même région, tuant deux combattants kurde.

A Kobani, les brigades de l’ASL ont lancé une attaque contre le village de Boraz, ce qui a déclenché de nouveaux affrontements. Le 14 août, entre 18 heures et minuit, de nombreux membres de l’ASL ont été tués et blessés. Selon des sources locales, ces groupes armés ont transporté les corps sans vie de 20 membres de l’ASL vers la ville de Minbij, 70 km au nord-est d'Alep.

A Tall Abyad, ville frontalière avec la Turquie dans la région de Raqa, les combattants de l’YPG ont détruit un véhicule transportant un canon anti aérien, entre les villages de Yarkoyu et Tall Khidir.

500 CIVILS ENLEVES PAR DES JIHADISTES

Subissant de lourdes pertes dans les régions kurdes de Serêkaniyê (Rass al-Ain), Tall Tamer, Hassaka, Tirbespiye, Chil Aga, Tall Kocher, Tall Abyad et Kobani, les jihadistes ont de nouveau pris pour cible les civils kurdes. La région de Sed Shahab, constituée de villages de Kafar Zikhir, Narabiya, Kubbessini, Kul Suruch, Jabal Assi et Tall Maden, a été encerclée le 14 aout par des jihadistes. Cette région est située dans le triangle Alep/Bab/Azzaz. Visant les villages kurdes de cette region, les groupes armees ont enlevé environ 500 personnes, a-t-on appris des sources kurdes. Près de 1.500 familles ont fui leurs maisons.

Au moins 70 civils kurdes sans protection avaient été massacrés sauvagement par des jihadistes, entre le 29 juillet et le 1er août, dans les petites villes de Tall Hassel et Tall Aren, dans la région d’Alep, sous silence international. Des brigades de l’armée syrienne libre (ASL), soutenue par l’Occident, ont également participé à ce massacre.

Des centaines de civils ont été enlevés, tandis que des milliers d’autres avaient dû fuir vers le désert pour sauver leur vie, au moment où les mosquées de Tall Hassel et Tall Aren, sous contrôle des djihadistes, annonçaient que les biens et les femmes kurdes étaient « halal », appelant ainsi au viol et aux nouveaux massacres. Plusieurs femmes seraient violées par ces criminels.

[actukurde]
Tranchant
 

Re: Syrie

Messagede Pïérô » 28 Aoû 2013, 11:24

Sur Jura Libertaire

La vie et l'oeuvre de l'anarchiste Omar Aziz, son impact sur l'autoorganisation
dans la révolution syrienne.


Omar Aziz (affectueusement connu par ses amis comme Abu Kamal1) est né à Damas. Il revint en Syrie dès les tous premiers jours de la révolution syrienne après un exil en Arabie Saoudite et aux Etats-Unis. Intellectuel, économiste, anarchiste, mari et père, il s'engagea de lui-même dans la lutte révolutionnaire à l'âge de 63 ans. Il travailla avec des activistes locaux pour collecter l'aide humanitaire et la distribuer dans les banlieues de Damas attaquées par le régime. Au travers de ses écrits et de son activité, il fit la promotion de l'auto-gouvernance, l'organisation horizontale, la coopération, la solidarité et l'entraide mutuelle comme moyens par lesquels les gens s'émanciperaient eux-même de la tyrannie de l'Etat. Avec des camarades, Aziz fonda le premier comité local à Barzeh, Damas. Cet exemple se propagea dans toute la Syrie et avec lui, certains des plus récents et prometteurs exemples d'une auto-organisation non-hiérarchique à avoir émergé dans les régions du printemps arabe.

Dans son hommage à Omar Aziz, Budour Hassan déclara qu'il « ne portait pas de masque de Vendetta, et il n'a pas formé des groupes de Black Block. Il n'était pas obsédé par le fait de donner des interviews à la presse, et il n'a pas fait les gros titres des médias lors de son arrestation … [et] À une époque où la plupart des anti-impérialistes hurlaient sur l'effondrement de l'Etat syrien et le «détournement» d'une révolution qu'ils n'ont jamais soutenu, en premier lieu, Aziz et ses camarades ont lutté inlassablement en faveur de la liberté inconditionnelle contre toutes les formes de despotisme et d'hégémonie étatique. » [Budour Hassan, ‘Omar Aziz: Rest in Power’, http://budourhassan.wordpress.com/2013/02/20/omar-aziz/, 20 February 2013]2

Aziz était encouragé par la vague révolutionnaire qui saisissait le pays et croyait que les « manifestations en cours étaient capables de casser la domination du pouvoir absolu » [Omar Aziz, ‘Un document de réflexion sur les Conseils Locaux’ (en Arabe)]. Mais il vit un manque de synergie entre les activités révolutionnaires et la vie quotidienne des gens. Pour Aziz, cela n'avait aucun sens de participer à des manifestations qui demandent le renversement du régime tout en restant strictement dans les structures hiérarchiques et autoritaires imposées par celui-ci. Il décrivit une telle division comme une Syrie sujette au chevauchement de deux temps, « le temps du pouvoir » qui « dirige toujours les activités de la vie » et « le temps de la Révolution » appartenant aux activistes qui travaillent pour renverser le régime. [Ibid]. Aziz croyait que pour la continuité et la victoire de la révolution, les activités révolutionnaires devaient s'infiltrer dans tous les aspects de la vie. Il prônait un changement radical dans les relations et l'organisation sociale de façon à contester les fondations d'un système basé sur la domination et l'oppression.

Aziz vit des exemples positifs tout autour de lui-même. Il était encouragé par les multiples initiatives qui surgissaient dans tout le pays, incluant la mise à disposition volontaire d'un soutien légal et médical d'urgence, transformant des maisons en hôpitaux de campagne et arrangeant des paniers de nourriture pour la distribution. Il vit dans de tels actions « l'esprit de la résistance du peuple Syrien à la brutalité du système, la destruction et le meurtre systématique de la communauté ». [Ibid.] La vision d'Omar était d'étendre ces pratiques et il croyait que la façon de le faire se trouvait dans l'établissement de conseils locaux. Pendant le huitième mois de la révolution syrienne, quand les protestations généralisées contre le régime étaient encore largement pacifiques, il produisit un document de réflexion sur les Conseils Locaux en Syrie où il exposa sa vision.

Selon les vues d'Aziz, le Conseil Local était l'assemblée par laquelle des gens issus de diverses cultures et différentes strates sociales pourraient travailler ensemble pour atteindre trois objectifs principaux : mener leur vie indépendamment des institutions et organes d'Etat, établir un espace qui permet la collaboration collective des individus et activer la révolution sociale aux niveaux local, régional et national.

Dans son papier Aziz liste ce qu'il pense comme préoccupations que les conseils locaux devraient
avoir à coeur :


1. La promotion de la solidarité humaine et civile au travers de l'amélioration des conditions de vie en fournissant des hébergements sûrs pour les déplacés ; en fournissant une assistance autant psychologique que matérielle pour les familles des blessés et des détenus ; en fournissant un soutien médical et alimentaire ; en assurant la continuité des services d'éducation ; en supportant et en coordonnant l'activité des médias. Aziz note que de telles actions devraient être volontaires et ne devraient pas se substituer aux réseaux familiaux et amicaux. Il pensait que cela prendrait du temps pour que les gens se sentent confortables en dehors des services fournis par l'Etat et qu'ils ajustent leurs comportements sociaux afin d'être plus coopérants. Aziz pensait que le rôle des conseils devrait être maintenu à un minimum autorisant le développement d'initiatives par une communauté unique.

2. L'encouragement d'une coopération incluant la construction d'initiatives et actions communes locales qui promeuvent l'innovation et l'invention, dont Aziz a vu qu'elles étaient étouffées par un demi-siècle de tyrannie. Le conseil local devrait être le forum qui permet aux gens de discuter des problèmes auxquels ils ont à faire face dans la vie avec leurs conditions quotidiennes. Le conseil local devrait soutenir la collaboration et permettre aux gens de concevoir des solutions appropriées aux problèmes auxquels ils font face, incluant les questions relatives aux infrastructures, l'harmonie sociale et le commerce, aussi bien
que les questions qui requièrent des solutions externes à la communauté locale. Aziz a aussi vu un rôle clé dans la défense du territoire des zones rurales et urbaines qui ont été sujettes à des expropriations et acquisitions par l'Etat. Il rejeta l'expropriation urbaine de la terre entrainant la marginalisation et le déplacement des communautés rurales, dont il a vu que c'était une méthode utilisée par le régime pour renforcer sa politique de domination et d'exclusion sociale. Aziz croyait qu'il était nécessaire d'assurer un accès à la terre qui peut satisfaire les nécessités de la vie pour tout le monde et appela à une redécouverte des communes. Il était réaliste mais optimiste. Il avait noté, « c'est clair que de telles actions s'appliquent à des lieux sûrs ou à des zones quasi-'libérées' du pouvoir. Mais il est possible d'évaluer la situation de chaque zone et de déterminer ce qui peut être accompli ». Aziz prônait la réalisation de liens horizontaux entre conseils pour créer des liens et une interdépendance entre les différentes régions géographiques.

3. Des liens avec l'Armée Syrienne Libre (ASL) et des relations réciproques entre la continuité de la révolution et la défense, protection de la communauté. Aziz pensait qu'il était essentiel de coordonner la résistance populaire civile et la résistance populaire armée. Il voyait le rôle de l'ASL comme étant d'assurer la sécurité et la défense de la communauté, particulièrement pendant les manifestations, de soutenir des lignes sécurisées de communication entre les régions et de fournir une protection de la mobilité du peuple avec des approvisionnements logistiques. Le rôle du conseil serait de fournir de la nourriture et de l'hébergement pour tous les membre de l'ASL et de se coordonner avec elle pour la sécurité de la communauté et la défense stratégique de la région.

4. La composition des conseils locaux et de la structure organisationnelle. Aziz avait vu plusieurs défis à la formation de multiples conseils locaux. Le premier était le régime, qui prenait régulièrement d'assaut les cités et villes de façon à paralyser le mouvement, isoler les gens dans des enclaves et empêcher la coopération. Aziz soutenait que pour répondre à de telles assauts de l'Etat, les mécanismes de défense devaient rester flexibles et innovants. Les conseils devraient s'accroître ou se réduire en fonction des besoins et s'adapter aux relations de pouvoir sur le terrain. Il pensait que cette flexibilité était
essentielle pour la réalisation du désir de liberté de la communauté. Il avait aussi vu ce défi consistant à encourager les gens à pratiquer un mode de vie nouveau et peu familier. De plus, le service d'approvisionnement devait être maintenu et il était nécessaire de trouver une source indépendante d'énergie faisant face aux coupures aussi bien que pour soutenir le développement des activités sociales et économiques. Pour cette raison il pensait que les conseils locaux devaient inclure des travailleurs sociaux et des gens avec des expertises sur des champs variés, sociaux, organisationnels et techniques, qui sont respectés et qui ont le désire de travailler volontairement. Pour Aziz, la structure organisationnelle du conseil local est un processus qui commence avec le minimum requis et qui évolue en fonction du niveau de transformation accompli par la révolution, l'équilibre du pouvoir dans une région donnée et les relations avec les régions voisines. Il encourageait le conseil local à partager le savoir, à apprendre de l'expérience des autres conseils et à se coordonner régionalement.

5. Le rôle du Conseil National est de donner une légitimité à l'initiative et de gagner l'acceptation des activistes. Il devrait chercher les finances de façon à exécuter le travail nécessaire et à couvrir les frais impossibles à couvrir au niveau régional. Le Conseil National faciliterait la coordination entre les régions de façon à trouver des terrains d'entente et favoriser les proches interdépendances. [Ibid]

Le travail d'Omar Aziz a eu un impact énorme sur l'organisation révolutionnaire en Syrie. Pendant que le courant politique d'opposition a échoué à réaliser quoique ce soit de notable dans les deux dernières années, le mouvement d'opposition de base, face à la répression violente, est resté dynamique et innovant et a intégré l'esprit anarchiste. Au coeur de l'opposition de base il y a la jeunesse, principalement des classes pauvres et moyennes, où les femmes et divers groupes religieux et ethniques jouent des rôle actifs (voir ici http://www.youtube.com/watch?v=Otc6J9EQGiw#t=255 et ici https://www.youtube.com/watch?v=RaDFddX ... r_embedded). La plupart de ces activistes restent nonaffiliés aux idéologies politiques traditionnelles mais sont motivés par ce qui concerne la liberté, la dignité et les droits humains basiques. Leur objectif principal demeure le renversement du régime plutôt que de développer des grandes propositions pour une Syrie du futur.

L'organisation révolutionnaire s'est principalement formée autour du développement du tansiqiyyat, des centaines de comités locaux établis dans les quartiers et villes dans tout le pays. Ici, les activistes révolutionnaires sont engagés dans des activités multiples, de la documentation et rapports sur les violations perpétrées par le régime (et de plus en plus souvent par des éléments de l'opposition) jusqu'à l'organisation des manifestations et des campagnes de désobéissance civile (comme des grèves et des refus de paiement des factures) et la collecte de l'aide humanitaire et sa distribution à des zones sous bombardement ou assiégées. Il n'y a pas un seul modèle mais ils opèrent souvent de façon horizontalement organisée, des groupes sans leaders, composés de tous les segments de la société. Ils ont été les fondations du mouvement révolutionnaire en créant la solidarité entre les gens, un sens de la communauté et de l'action collective. Voir ici https://www.youtube.com/watch?v=TRPn0WS ... 3m&index=8 les efforts de Yabroud (banlieue de Damas) pour s'organiser en l'absence de l'Etat. Des comités locaux ont élus des représentants comme à Kafranbel Idlib où un comité de représentants élus a établi sa propre constitution (voir ici https://www.youtube.com/watch?v=KauLdOi ... m&index=16). Les jeunes activistes de Kafranbel gardent le mouvement de protestation populaire vivant et ont gagné une notoriété mondiale avec
leur utilisation de bannières satiriques et colorées dans les manifestations hebdomadaires (voir ici http://www.youtube.com/watch?v=nJNR6WIh7tQ). Ils sont aussi engagés dans des activités civiles comme de fournir un soutien psychologique aux enfants et des forums pour adultes afin de discuter des questions comme la désobéissance civile et la résistance pacifique.

Dans la ville et au niveau des quartiers, des conseils révolutionnaires ou majlis thawar ont été établis. Ils constitue souvent la structure administrative civile principale dans les zones libérées de l'Etat, aussi bien que dans des zones qui restent sous le contrôle de l'Etat. [pour un rapport sur les Conseils Locaux voir dans Gayath Naisse ‘Self organization in the Syrian people’s revolution’ http://www.internationalviewpoint.org/s ... rticle3025] Ceux-ci assurent la mise à disposition de services basiques, coordonnent les activités des comités locaux et se coordonnent avec la résistance populaire armée. Indubitablement, comme les services étatiques ont disparus et la situation humanitaire s'est détériorée, ils ont joué un rôle vital en augmentation. Il n'y a pas un modèle unique pour les Conseils Locaux, mais ils suivent principalement une forme de modèle de démocratie représentative. Certains ont établi différents départements administratifs pour prendre en charge des fonctions auparavant portées par l'Etat.

Certains ont y compris eu plus de succès que d'autres qui ont lutté pour déplacer la bureaucratie du vieux régime ou qui ont été assaillis par des querelles intestines. [Ibid]

Pendant que le gros de l'activité de base est très largement resté au niveau local, il y a un nombre de différents groupes de coordination qui ont émergé pour coordonner et mettre en réseau au niveau régional et national. Ils incluent les Comités de Coordination Locaux (CCL), Comités d'Action National (CAN), la Fédération des Comités de Coordination de la Révolution Syrienne (FCC) et la Commission Générale de la Révolution Syrienne (CGRS). Aucun ne représente la totalité des comités/conseils locaux, ils ont différentes structures organisationnelles et ils ont différents niveaux d'engagement ou de non-engagement avec l'opposition politique formelle. Voir ici http://www.alharak.org/nonviolence_map/en/ pour une carte interactive qui montre les comités et conseils de coordination, ainsi que le fleurissement de beaucoup d'autres initiatives et campagnes dans un pays où de telles activités étaient auparavant brutalement réprimées.

La menace majeure contre ces diverses initiatives n'a pas seulement été la persécution des activistes par le régime, le manque de moyens, l'assaut des attaques de l'Etat sur les zones civiles et la détérioration croissante des conditions de sécurité et humanitaires. Des conseils locaux ont été piratés par des forces réactionnaires et contre-révolutionnaires. Par exemple à Al Raqqa, des groupes rebelles non-locaux à sympathies salafistes/takfiristes ont pris la plus grande partie du pouvoir au détriment du conseil local. Comme ils ont essayé d'imposer une vision Islamique qui est étrangère à presque tout le monde, les habitants de Raqqa ont mené une protestation continue contre eux. Dans cette video ici https://www.youtube.com/watch?v=9hOsyH7zasw&sns=em de juin 2013, les gens protestent contre les arrestations de membres de leurs familles par Jabhat Al Nusra. Les femmes crient « Honte sur vous ! Vous nous trahissez au nom de l'Islam ». Pendant tout le mois d'août 2013, les habitants d'Al Raqqa ont protesté presque quotidiennement contre l'Etat Islamique d'Irak et du Sham (EIIS) en demandant la libération de centaines de détenus, de kidnappés et de personnes disparues. De même, à Alepdes révolutionnaires ont lancé la campagne « assez c'est assez ! » appelant à la fin des abus rebelles et pour la responsabilité. Cette manifestation de juin 2013 s'est tenue en face de la Cour de la Sharia à Alep après l'assassinat d'un enfant pour avoir prétendument insulté le prophète Mohammed. Les gens ici http://www.youtube.com/watch?v=X5WqJ6Y2eQ8 demandent que les assassins soient traduits devant la justice en disant « Le Comité de la Sharia est devenu l'Air Force Intelligence ! » (la branche la plus brutale de la sécurité du régime). A Idlib, les gens ont aussi protesté contre le Comité de la Sharia qui a été établi, ici https://www.youtube.com/watch?v=-8edfgX ... e=youtu.be ils disent « nous sommes contre le régime, contre l'assassinat extrémiste et contre l'oppression » et ils demandent le retour des juristes professionnels (pouvoir judiciaire indépendant) à la cour (à la place des religieux).

Omar Aziz n'a pas vécu pour voir les défis qui semblent souvent insurmontables et qui assaillissent les révolutionnaires de Syrie, ou les succès et échecs des expérimentations d'autoorganisation locales. Le 20 novembre 2012, il fut arrêté chez lui par le mukhabarat (le plus craint des services secrets). Peu avant son arrestation il déclara « Nous ne sommes pas moins que les travailleurs de la Commune de Paris : ils ont résistés pendant 70 jours et nous nous continuons encore après un an et demi. » [Via @Darth Nader https://twitter.com/DarthNader/status/3 ... 7231266816] Aziz fut gardé dans une cellule de détention des services secrets de 4 mètres par 4 qu'il avait partagé avec 85 autres personnes. Cela contribua probablement à la détérioration de sa santé déjà fragile. Il fut transféré plus tard à la prison Adra où il mourut de complications cardiaques en février 2013, https://juralib.noblogs.org/2013/02/27/ ... es-locaux/, un jour avant son 64ème anniversaire.

Le nom d'Omar Aziz ne sera jamais très connu, mais il mérite de la reconnaissance comme une figure contemporaine de premier plan dans le développement d'une pensée et d'une pratique anarchiste. Les expérimentations dans l'organisation révolutionnaire de base qu'il a inspirées fournissent une sagacité et des leçons dans l'organisation anarchiste pour les futures révolutions à travers le globe.

Leila Shrooms (Tahrir-ICN, https://tahriricn.wordpress.com/, 23 août 2013)
Traduction française Manuel Sanchaise pour Juralib.

1 Note de traduction : Abu Kamal est une ville à la frontière de l'Irak, à l'est de la Syrie.
2 Note de traduction : version française du texte de Budour Hassan :
http://revolisationactu.blogspot.fr/201 ... rieux.html


https://juralib.noblogs.org/2013/08/28/ ... -syrienne/


Sur A-infos

Une position individuelle mais qui me semble pouvoir être partagée, en même temps que plutôt pessimiste dans une configuration où la grande majorité du peuple syrien se voit dépossédé, par des interventions extérieures, de toute possibilité d’émancipation par lui même. C’est pourtant bien ce qu’il faut défendre.
Traduction automatique pas terrible. Le texte original en anglais est là : http://darthnader.net/2013/08/27/on-int ... evolution/

SYRIE : sur les interventions et la Révolution syrienne

Par Darth Nader*

La révolution syrienne est une révolution qui a commencé comme une lutte pour l'autodétermination. Le peuple syrien exigé afin de déterminer leur propre destin. Et, pour plus de deux ans, contre toute attente, et face à la répression massive et la destruction du régime Assad, ils ont persévéré. ---- Au cours du processus révolutionnaire, de nombreux autres acteurs sont également apparus sur la scène de travailler contre la lutte pour l'autodétermination. Iran et ses milices, avec le soutien de la Russie, est venu au secours du régime, afin d'assurer le peuple syrien ne seraient pas donnés ce droit. Les djihadistes de l'Etat islamique d'Irak et Sham et d'autres, sous le couvert de «lutte contre le régime d'Assad", ont travaillé contre ce droit ainsi. Et je ressens la même chose à propos de l'intervention occidentale.

Certains diront que nous avons parcouru un long chemin depuis que, que ce n'est même pas sur l'auto-détermination plus, mais plutôt simplement l'arrêt du massacre. C'est une position que je ne peux pas appuyer. Si c'était simplement de l'arrêt du massacre, alors je l'ai soutenu le djihadistes quand ils sont venus en car, nul ne peut nier, ils étaient les mieux armés et les mieux équipés pour défier le régime Assad. Mais je n'ai pas, et beaucoup d'autres n'ont pas, parce que nous savions que, malgré leur capacité à défier le régime, qu'ils ne partagent pas les objectifs du peuple syrien. Ils voulaient contrôler le peuple syrien, et d'étouffer leur capacité à déterminer leur propre destin. Pour cette raison, ils étaient des contre-révolutionnaires, même s'ils se battaient contre le régime.

Et maintenant face à une éventuelle intervention occidentale en Syrie, je détiens la même position. Beaucoup diraient que je suis d'être idéologique, et que je devrais me concentrer sur l'arrêt du massacre, mais ces gens sont ignorant que, même dans des conditions pragmatiques et au sein de leur propre ligne de raisonnement, leur argument ne tient balancement, après plusieurs insistance américaine qui "Ils ne seront frappes punitives" et ils "n'ont pas l'intention de renverser le régime." Que indication est il que ces grèves vont tout faire pour arrêter le massacre, ou «résoudre» la crise syrienne?

Je ne me soucie pas de la souveraineté. Syrie est devenue une terre pour tous, mais les Syriens de nos jours. Le mythe de la souveraineté syrienne n'est pas pour cela que je m'oppose à l'intervention occidentale. Ni la perspective de la destruction de la Syrie, car il a déjà été détruite par ce régime criminel. Je m'oppose à l'intervention occidentale, car elle ira à l'encontre de la lutte pour l'autodétermination, qui est, contre la révolution syrienne.

Assad a utilisé des armes chimiques contre son propre peuple. Je n'ai aucun doute à ce sujet. Et cela aurait pu être évité si la résistance syrienne a effectivement donné des armes qui auraient fait pencher la balance contre le régime. Mais les puissances étrangères se sont assis sur leurs mains, ne voulant Assad pour gagner, mais ne voulant pas la résistance à gagner non plus. Ils ne pouvaient pas donner des armes au peuple syrien à se défendre, disaient-ils, qui sait quelles mains ils pourraient se retrouver en? Ils risqueraient de se retrouver dans, disons, entre les mains des Syriens qui voulaient déterminer leur propre destin en dépit des intérêts étrangers!

Donc, nous avons bouclé la boucle. Personne ne armé de la résistance syrienne, de sorte qu'ils ont été tués par le régime, ou contraints de mettre en place avec infiltration djihadiste. Alors Assad a utilisé des armes chimiques contre les Syriens, et l'Occident veut répondre à enseigner une leçon Assad, une réponse qui garantit encore que les Syriens n'ont rien à dire dans l'affaire de leur avenir. Et le régime va probablement vivre à travers toute intervention occidentale "punitive", et le meurtre ne sera probablement pas s'arrêter.

Mais malgré tout cela, la révolution syrienne, et, à son coeur, l'OMS est la lutte du peuple syrien pour la libération et à déterminer leur propre destin, vivra.

Darth Nader

=================================

* À PROPOS

Je suis un journaliste / écrivain anarchiste arabe, anti-fasciste, anti-orientaliste, dissident internationaliste. J'ai grandi à Beyrouth, mais Homs est à la maison.

Mes intérêts incluent la politique, relations internationales, économie, philosophie et l'histoire. La région j'écris plus si Asie du Sud Ouest (AKA «Le Moyen-Orient») et l'Afrique du Nord.


http://www.ainfos.ca/fr/ainfos10405.html
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Re: Syrie

Messagede DjurDjura » 28 Aoû 2013, 16:57

Syrie : l’extermination du peuple révolté – Les armes chimiques du régime

Publié le 24/08/2013 par xxx | Poster un commentaire


Le Courant de la Gauche Révolutionnaire en Syrie est une organisation qui se réclame du marxisme révolutionnaire. Il nous semble intéressant de reproduire son texte daté du 22 août sur les crimes du régime d’Al-Bachar contre la population civile, texte qui a été traduit en français par Mediapart.



Le régime dictatorial poursuit sa politique d’extermination de notre peuple. L’aube du 21 août 2013 a vu mourir de centaines de Syriens, dont un nombre important de femmes et d’enfants, victimes des armes d’extermination que sont les gaz toxiques et l’utilisation incontestable d’armes chimiques, dans les quartiers de la Ghouta orientale, la banlieue de Damas, et ce, dans le cadre de l’attaque militaire la plus violente du régime menée depuis ce matin sur ces zones révoltées.

Depuis plus de deux ans, la liste des sévices et des sacrifices consentis par les masses de notre peuple ne cesse de s’allonger. Il est impossible de recenser les centaines de milliers de martyrs, de blessés, d’emprisonnés et les millions d’exilés et de réfugiés. La torture de notre peuple, qui n’en peut plus, se prolonge. Ses cris se perdent dans l’air et un silence mortel engloutit la conscience humaine.



Le massacre et la coercition de notre peuple se poursuivent, perpétrées par la machine de mort et de destruction d’un régime qui dépasse le fascisme par sa sauvagerie. C’est une tragédie que le monde n’a pas connue depuis bien longtemps, la tragédie d’un peuple insurgé pour sa liberté et sa libération des griffes d’un régime dictatorial, sauvage de par sa répression et sauvage de par son exploitation des opprimés de notre pays, au service des intérêts d’une petite clique de bourgeois.

Notre révolution n’a pas d’allié sincère, à l’exception des révolutions des peuples de la région et du monde et des militants qui œuvrent à se libérer des régimes obscurantistes, oppresseurs et exploiteurs.

Cet acte criminel et odieux de la clique au pouvoir contre des civils isolés s’inscrit avec cynisme vis-à-vis de l’existence humaine et ce, au moment même où les forces contre-révolutionnaires ont commencé à organiser leur attaque contre les révolutions au niveau régional, dirigées par l’Arabie Saoudite et ses alliés. Le régime y aura trouvé une occasion pour commettre son massacre abominable. Pourtant notre peuple révolté et déterminé, éprouvé par ses blessures, continuera sa résistance contre les tyrans criminels, leur infligera une défaite et les sanctions qu’ils méritent pour leurs crimes.

Nous enterrerons nos morts et embaumerons nos blessés. Nous n’en serons que plus déterminés et résolus dans notre lutte pour la chute du régime assassin et prédateur et la victoire de notre révolution populaire.

Pour l’édification de la Syrie de la liberté, de la Justice, de l’égalité et de la justice sociale

Ni Washington, ni Moscou

Ni Riyadh, ni Téhéran

Gloire aux martyrs,

Guérison aux blessés

Victoire pour la révolution populaire

Tout le pouvoir et toute la richesse au peuple


Courant de la Gauche Révolutionnaire, Damas, 22 août 2013


http://communismeouvrier.wordpress.com/2013/08/24/syrie-lextermination-du-peuple-revolte-les-armes-chimiques-du-regime/#more-31439
"A mes frères ! à l'Algérie entière !
Des montagnes du DjurDjura jusqu'au fin fond du désert, montrons notre courroux..."
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Re: Syrie

Messagede DjurDjura » 28 Aoû 2013, 17:00

Refuser l’intervention militaire de la France en Syrie: pétition

La Feuille de Chou du 28 août 2013 à 10 h 51 min by schlomo


Pierre Dolivet:
Bonjour à tous,

Je viens de signer la pétition contre l’intervention militaire en Syrie car j’estime que mon pays a mieux à faire qu’à jouer les supplétifs d’une administration dont le fonds de commerce est la guerre. Ce n’est pas le rôle de la France d’obtempérer aux injonctions d’une puissance étrangère, fut-elle amie et alliée de notre pays depuis longtemps. Nous voyons là les limites de notre retour dans le giron de l’OTAN et les limites de notre indépendance. En vertu de quoi mon pays doit-il jouer le gendarme et “punir” un autre pays, en singérant dans ses affaires intérieures ? C’est sur le plan diplomatique que la France et l’U.E. doit agir en parlant avec les russes, les chinois, les iraniens et non pas ajouter le chaos au chaos existant. Notre intervention en Libye a donné quel résultat ?

Refuser l’intervention militaire de la France en Syrie
La situation syrienne est hautement préoccupante. Le conflit qui se tient en Syrie entre le gouvernement de Bachar El-Assad, soutenu par la Russie et la Chine , et de “l’armée syrienne libre” , soutenu par l’UE et les États-Unis, pourrait dégénérer en un conflit mondial.

http://www.avaaz.org/fr/petition/Refuser_lintervention_militaire_de_la_France_en_Syrie/?tFQtIab
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Re: Syrie

Messagede bipbip » 01 Sep 2013, 23:13

Lucide
Syrie : Les enjeux impérialistes des bombardements

Les puissances occidentales ont commencé à préparer l’opinion publique à une intervention militaire en Syrie. Quels en sont les véritables enjeux ? Où en est la rébellion au régime ? Où en est le régime ? Éclairage d’un point de vue anti-impérialiste.

Après une attaque chimique dans la banlieue de Damas, dont le pouvoir de Bachar al Assad a été accusé sans preuves concluantes pour le moment, les puissances occidentales ont fait semblant de s’émouvoir et ont commencé à préparer l’opinion publique à une intervention militaire.

A l’heure où nous publions cet article, il semble probable que l’armée états-unienne intervienne dans les prochains jours, vraisemblablement avec l’appui de la France.

Si la violence déployée depuis deux ans par le régime de Bachar al Assad pour écraser les rebelles ne fait aucun doute, la guerre civile syrienne ne peut certainement pas se réduire à une lutte entre les "méchants" et les "gentils". La justification humanitaire des bombardements à venir ne doit pas masquer les autres enjeux stratégiques pour les puissances occidentales.

Éclairage de la situation d’un point de vue anti-impérialiste.


Quels enjeux géopolitiques pour les Occidentaux ?

L’intérêt principal des puissances occidentales est de briser « l’axe de la résistance » comprenant la Syrie, le Hezbollah libanais et l’Iran, les seules forces régionales qui résistent à la mainmise occidentale et israélienne sur le Moyen-Orient. En éliminant le régime syrien, il sera plus facile de briser le Hezbollah, le but final étant d’isoler l’Iran pour l’obliger à se soumettre ou pour l’attaquer si le pays refuse.

En arrière-plan il y a bien sûr le contrôle des énormes ressources énergétiques de la région. La guerre civile syrienne est déjà une guerre régionale entre l’Iran et les pétromonarchies du Golfe, avec le soutien de la Russie et de la Chine d’un côté, des puissances occidentales et d’Israël de l’autre.

En même temps, les États-Unis et leurs alliés jouent leur crédibilité dans cette histoire. Ils avaient prévu un effondrement rapide de la dictature, et Bachar al Assad est toujours là, deux ans après le début du soulèvement. Il résiste mieux que prévu, grâce l’aide du Hezbollah, de l’Iran et de la Russie. Son armée est à l’offensive depuis plusieurs mois, les rebelles risquent d’être battus militairement. L’affaire du massacre chimique tombe au bon moment pour intervenir directement et changer le rapport de force.


Cartographie de la rébellion et de l’armée loyaliste

La rébellion est divisée en une multitude de factions qui se partagent en deux camps.
- Les partis favorables à la lutte armée réclament depuis longtemps une intervention militaire, ils sont regroupés dans la Coalition nationale syrienne soutenue par les occidentaux, les pétromonarchies du Golfe et la Turquie.
- L’opposition civile qui refuse la militarisation de la révolution et souhaite une solution négociée. C’est de ce côté que se trouvent beaucoup de progressistes : contre une intervention armée étrangère (deux positions dans ce sens : celle de Haytham Manna, http://www.levif.be/info/actualite/inte ... 171801.htm, et celle de Samir Aïta, http://www.humanite.fr/monde/syrie-il-n ... rre-547784).

Militairement, la rébellion est morcelée en plusieurs centaines de groupes armés dont les plus puissants sont les groupes djihadistes.

L’Armée syrienne libre (ASL) est une fiction entretenue pour donner l’impression d’une unité qui n’existe pas sur le terrain. Souvent, des groupes qui se réclament de l’ASL vivent à des degrés divers de la corruption, du racket, d’enlèvements, de trafics de toutes sortes. Il y a parfois des affrontements entre certaines milices pour le contrôle des sources de financements. Dans les zones qu’ils contrôlent, ces comportements provoquent le mécontentement des populations et accroissent l’influence des islamistes radicaux.

Difficile de trouver trace de groupes armés progressistes, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas.

Les groupes affiliés à, ou proches d’Al-Qaïda reçoivent des renforts très importants de l’étranger. Les djihadistes irakiens, saoudiens, libyens, tunisiens, tchétchènes, etc., accourent de partout pour combattre les "infidèles", même d’Europe et des États-Unis. Expérimentés, disciplinés, bien armés grâce à l’agent des pétromonarchies, les djihadistes sont le fer de lance de la lutte contre le régime. Dans les zones qu’ils occupent, ils font régner une dictature pire que celle d’Assad. En plus des exécutions sommaires des partisans du régime, ils emprisonnent des centaines de militantes et de militants d’autres tendances de la rébellion.

La mouvance Al-Qaïda et l’ASL sont contraints de travailler ensemble, mais ce n’est qu’une alliance tactique. Ils se sont déjà combattus à plusieurs reprises et la lutte pour l’hégémonie sur la résistance armée ne peut que s’exacerber.

L’armée de la dictature est affaiblie par les désertions et les pertes. Elle a de plus en plus besoin de diverses milices, souvent fondées sur l’appartenance ethnique ou religieuse. Elles se recrutent parmi les minorités alaouite, chrétiennes, chiite, etc.. qui ont peur d’une prise du pouvoir par les islamistes radicaux, les takfiris.

L’armée de Bachar al Assad reçoit aussi une aide internationale avec des combattants du Hezbollah, des chiites irakiens qui ont leurs propres milices, et des conseillers iraniens. Les Palestiniens liés au FPLP-CG sont aussi à leur côté.

Un affaiblissement ou un effondrement de l’État central ne signifie pas la fin de la guerre. Les groupes qui le soutiennent prendront leur autonomie et poursuivrons le combat pour leur propre compte.


Remue-ménage en Occident

Comme le montre le vote défavorable du parlement britannique, la nécessité d’une intervention militaire ne fait pas consensus dans les classes dirigeantes occidentales. Les réalités de terrain font que s’il sort un vainqueur du champ de bataille syrien, ce sera un ennemi des États-Unis et de leurs alliés.

Liquider ou affaiblir Assad, c’est courir le risque d’une prise du pouvoir par Al-Qaïda, aux portes d’Israël, de la Jordanie et de la Turquie. Une perspective inquiétante pour les intérêts occidentaux. En fin de compte, une longue guerre civile est la meilleure solution pour eux, leurs ennemis continuant à se massacrer pendant longtemps.

Si, finalement, les États-Unis et les supplétifs qu’ils auront trouvé bombardent la Syrie, ce ne sera pas pour mettre rapidement fin à la guerre civile, au contraire. Loin d’apporter une aide à la population civile, une attaque ne ferait que causer plus de destruction, de misère, de morts, de réfugié-e-s.

Si l’attaque est déclenchée avant qu’une enquête sérieuse fasse la lumière sur cette fameuse attaque chimique, cela montrerait une fois de plus le peu de cas qu’ils font de la vérité, de la justice et autres valeurs qu’ils prétendent défendre.


Hervé (AL Marseille) avec Edith Soboul (secrétariat fédéral d’AL),
le 1er septembre 2013


http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5444
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Re: Syrie

Messagede Kzimir » 02 Sep 2013, 10:28

Pas très convaincant je trouve.

L’intérêt principal des puissances occidentales est de briser « l’axe de la résistance » comprenant la Syrie, le Hezbollah libanais et l’Iran, les seules forces régionales qui résistent à la mainmise occidentale et israélienne sur le Moyen-Orient. En éliminant le régime syrien, il sera plus facile de briser le Hezbollah, le but final étant d’isoler l’Iran pour l’obliger à se soumettre ou pour l’attaquer si le pays refuse.

C'est une erreur de penser ça. L'Iran a aujourd'hui une stratégie de puissance impérialiste régionale, elle se préoccupe beaucoup plus d'avancer ses pions en Syrie, en Irak, et en Afghanistan que de contrer Israël (qui est par contre très pratique comme épouvantail). La Syrie est censée être un ennemi d'Israël, mais depuis la guerre du Liban pas grand chose. Quand au Hezbollah leur stratégie depuis quelques années c'est beaucoup plus le contrôle de l'échiquier politique libanais et l'opposition aux groupes politiques sunnites que la résistance face à Israël (ce qui est logique depuis que le Sud Liban a été évacué). Bref, c'est un "axe de la résistance" qui ne résiste pas trop, sinon en mime. En plus je vois encore une fois pas trop ce qu'Israël vient faire là, et je trouve super limite de tout ramener à Israël dès que quelque chose se passe au Moyen-Orient. D'autant plus que les Etats Unis ont d'autres alliés importants dans la région qui interviennent beaucoup plus directement (comme les pétromonarchies du Golfe) et que la France n'est pas traditionnellement l'alliée d'Israël pour ce genre de question (mais plus du Liban par exemple).

Ensuite, la séparation entre résistance "favorable à la lutte armée" et "opposition civile". Cette dernière a-t-elle encore un poids réel sur le terrain à partir du moment ou la situation est, de fait, militarisée ?

En plus, faire des djihadistes des groupes "affiliés à Al-Qaïda" c'est une grosse simplification : Beaucoup de djihadistes défendent des options autres, pas forcément plus sympathiques, mais en tout cas plus compatibles justement avec les intérêts des pétromonarchies.

Liquider ou affaiblir Assad, c’est courir le risque d’une prise du pouvoir par Al-Qaïda, aux portes d’Israël, de la Jordanie et de la Turquie. Une perspective inquiétante pour les intérêts occidentaux. En fin de compte, une longue guerre civile est la meilleure solution pour eux, leurs ennemis continuant à se massacrer pendant longtemps.

Bien sur que non. L'instabilité engendre plein de désordres pour les occidentaux, car elle cause le renforcement, la structuration, et la coordination des groupes djihadistes. Sans compter le problème de la circulation d'armement ou l'influence sur les pays voisins (Israël est pas trop concerné, par contre le Liban, la Turquie, et l'Irak ça doit bien les faire chier). L'Occident a intérêt à un régime stable, même islamiste (parce que même avec eux, les intérêts impérialistes peuvent s'arranger) plutôt qu'une guerre civile longue et incertaine.
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Re: Syrie

Messagede Ian » 02 Sep 2013, 18:41

Le campisme est effectivement problématique et je me demande bien où étaient tous ces opposants aux guerres impérialistes lorsqu'on était une poignée à s'opposer à la guerre au Mali. Un deux poids-deux mesures, qui mis à côté de l'absence de soutien à la révolution populaire, commence à puer sérieusement...

A part ça, on trouve plein d'infos sur le sujet sur Europe Solidaire Sans Frontières : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?rubrique57
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Re: Syrie

Messagede Kzimir » 03 Sep 2013, 06:12

Et soit dit en passant, j'avais pas calculé sur le moment, mais en relisant je trouve assez limité de faire une analyse sur la situation syrienne sans ne serait ce qu'évoquer la situation des kurdes. Ca me semble pourtant clair que le PKK est un acteur beaucoup plus direct qu'Israël du conflit syrien.

Bon, ceci dit je tiens pas à sur-critiquer, cette position a le mérite d'exister, c'est déjà ça, et je la trouve pas non plus vraiment campiste. Campiste ça aurait été pro-Assad, et là c'est pas le cas. C'est juste un peu insuffisant d'un point de vue géopolitique.
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Re: Syrie

Messagede Ian » 03 Sep 2013, 23:28

Être ouvertement pro-Assad, il n'y a que l'extrême droite pour aller jusque là. Mais rester neutre entre un dictateur et son peuple qui se fait massacrer, c'est comme - à une toute autre échelle - prétendre rester neutre entre un patron et les salariés qu'il exploite, c'est en réalité prendre parti pour le plus fort (sans l'assumer).

Sur la question kurde, oui c'est une question centrale, sans doute même plus que celle entre alaouites et sunnites, et on peut pas prétendre faire une analyse sérieuse de la situation en Syrie en faisant l'impasse sur la question kurde. Y compris le rôle joué dans l'opposition à la dictature par le PYD (branche kurde du PKK) et y compris les tactique de divisions qu'El Assad a utilisé entre arabes et kurdes (et pas uniquement entre alaouites et sunnites).
Mais y aurait de quoi beaucoup développer... :-D

Après, je sais pas si on peut faire une hiérarchie d'importance entre la question d'Israël et la question kurde dans la situation en Syrie. C'est justement parce qu'elle mêle toutes ces questions qu'elle est si complexe.
Et dans les situations complexes, avoir sa boussole de classe est toujours utile! sm 26
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NON-A-L-INTERVENTION !

Messagede indignados » 05 Sep 2013, 07:58

n

Flores Magon

Nous n'admettons pas même comme transition révolutionnaire, ni les Conventions nationales, ni les Assemblées constituante, ni les gouvernements provisoires, ni les dictatures soi-disant révolutionnaires ; pire que nous sommes convaincus que la révolution [...] lorsqu'elle se trouve concentrée entre les mains de quelques individus gouvernants, devient inévitablement et immédiatement la réaction.


Bakounine

Le gouvernement - il est bon de le répéter - c'est l'ensemble des individus qui ont reçu ou qui se sont donnés le droit et les moyens de faire les lois et de forcer les gens à obéir
Malatesta
http://fr.wikisource.org/wiki/L'Anarchi ... latesta%29


La Syrie, la Syrie, la Syrie… Tout l’échiquier politique ne nous parle plus que de ça. Alors, parlons en.

Les va-t’en-guerre déjà, humanistes épris de justice qui nous refont le coup de l’intervention amicale ou néoconservateurs voulant ex...porter la démocratie parlementaire. C’est vrai que ça a tellement bien marché en Afghanistan, en Irak ou au Mali, pour ne citer que les derniers exemples! Honte à ces gens qui justifient les massacres et les pillages de demain au prétexte d’un devoir supposé d’ingérence, d’une fonction de "gendarmes du monde" qu’on conteste à l’impérialisme US pour tenter de la récupérer. Honte à ces pays qui ont armé des dictatures compradores, qui ont fabriqué, vendu et utilisé plus d’armes chimiques que n’importe quelle autre nation au monde, dévastant le Moyen Orient et l’Asie du Sud-Est. Les centaines de milliers de morts au Vietnam, au Laos, en Palestine et ailleurs ne sont ni oubliés, ni pardonnés.

Honte aussi aux nationalistes qui se découvrent bon compte une sensibilité antii-impérialiste! Mention spéciale aux néofascistes italiens de Casapound, qui oublient un peu vite les massacres en Éthiopie, les guerres et les crimes du régime de Mussolini. Dans les années 60 et 40, ces sous-merdes ont activement collaboré avec les réseaux terroristes stay-behind de l’OTAN pour réprimer les mouvements populaires. Et les voilà en défenseurs de la paix dans le monde. Gageons que si des troupes sont envoyées sur place, ils changeront encore de discours et soutiendrons "leurs" soldats! Mais n’oublions pas que nous avons les mêmes en France, toujours prêts à demander plus d’armes et plus de soldats, comme le Front National. Leur projet impérialiste agressif est le même que celui du "système" qu’ils prétendent combattre, leur souverainisme affiché n’est rien d’autres qu’une restructuration de la domination néocoloniale. Ces ennemis de classe font le jeu des marchands de canon, Dassault et consorts en tête.

Honte enfin à tous ces "progressistes" qui se jettent dans les bras de Bachar el-Assad sans retenue, qui se cherchent constamment un modèle à l’étranger, ne voyant pas la complexité des rapports de force. Ces enfants de la période Brejnev ne voient qu’un impérialisme, et c’est l’OTAN; ils sont prêts à oublier les centaines de milliers de révolutionnaires assassiné(e)s par les baasistes syriens et les mollahs iraniens, tant qu’ils peuvent agiter un anti-impérialisme à sens unique. Ils légitiment ainsi la répression de leurs camarades car "il y a des priorités" et "il faut être uni". Non, tout ce qui bouge n’est pas rouge, et nous n’avons pas à fermer les yeux sur les crimes d’un régime sous prétexte qu’il est attaqué.

Quant à nous, notre position est claire: nous sommes totalement opposés à l’intervention impérialiste en Syrie, et ce, pour tous les pays. Que ce soit l’OTAN avec les USA et la France, ou bien la Russie, la Chine et l’Iran, qui sont déjà bien implantés dans la région. Nous soutenons les forces progressistes et anti-impérialistes dans ces différents pays, notamment les organisations kurdes contre les salafistes. Néanmoins, puisque nous sommes dans l’État français, notre internationalisme nous pousse à combattre en priorité notre propre impérialisme. Pas de compromis avec la barbarie.

Feu de PrairieAfficher la suite



En savoir plus :
Sur mon blog : http://l-indigne.skyrock.com/3183713245 ... NTION.html
une conférence de Bakounine
Quoi encore, la Syrie ?
Pierre Bourdieu sur l'Etat
Un mouvement de Paysan sans terre est sur le point de se lever en Bretagne
Chine. Le nouvel empire. Film documentaire de Jean-Michel Carré
TV-LOBOTOMIE
Des héros ordinaires mis aux piloris


Sur le blog Citoyenactif :
Quoi encore, la Syrie ? : citoyen actif
Nouvelles d'un anarchiste syrien : citoyen actif

Sur Zebre plus ultra :
Guerre, mensonges et manipulations
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Re: NON-A-L-INTERVENTION !

Messagede charlelem » 05 Sep 2013, 08:15

.../...
Néanmoins, puisque nous sommes dans l’État français, notre internationalisme nous pousse à combattre en priorité notre propre impérialisme. Pas de compromis avec la barbarie.

Feu de PrairieAfficher la suite



Ça me gêne ce genre de position : en clair "notre priorité c'est nous", je ne trouve pas cela très internationaliste.
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Re: NON-A-L-INTERVENTION !

Messagede indignados » 05 Sep 2013, 08:20

C'est vrai que cette dernière remarque contredit le texte que je trouve sinon en total accord.

Pour ma part, ma vision des choses étant d'ailleurs altermondialiste donc j'ai tentance a voir dans une logique globale en m'intéressant pour cela à la géopolitique, aux politiques sociale, sécuritaire , économique et a l'histoire de chaque pays pour comprendre les mouvement sociaux .... qui animent chaque pays. Les réponses doivent vu proportionnellement aux problèmes. Un problème locale, une réponse locale, mais si cela entraine des liens aux niveau nationale ou intertationale la réponse ( réflexion) doit etre adapté en conséquence.

rubion a écrit:
Pour ma part je pense que la question doit être posé au niveau mondial. d'ailleurs ton texte à une dimension historique et internationale notamment au niveau de la crise et comment la bourgeoisie y donne des réponses. C'est pour ça que je pense que l'on doit se poser la question de la perpectives au niveau mondial mais sans nié le role centrale qu'aura le prolétariat en France et plus généralement en Europe dans ce processus révolutionnaire.

Rubion http://fr.internationalism.org/



Editorial
Syrie: guerre impérialiste ou solidarité de classe !
Publié dans Révolution Internationale
04/09/2013 - 21:11
Irak, Afghanistan, Liban, Egypte, Syrie, les massacres ne cessent de s’étendre. L’horreur et la barbarie capitalistes se répandent, les morts s’amoncellent. Véritable génocide en marche que rien ne semble pouvoir arrêter, la guerre impérialiste gagne encore et toujours du terrain. Le capitalisme en pleine décadence et décomposition entraîne le monde dans un chaos et une barbarie généralisés. http://fr.internationalism.org/revoluti ... ite-classe
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Re: Syrie

Messagede Pïérô » 06 Sep 2013, 00:05

Le texte ronflant adaptable à toute situations. Après les posts-mao de Feu de Prairie, le CCI, la secte qui a trouvé le moule pour faire les mêmes textes adaptables à toutes situations, depuis des années, en forme de verset et de sermon de messe.

De notre côté, il s'agirait de condamner une intervention de type impérialiste de même qu'est condamné le régime en place, et de participer à armer la fraction communiste-libertaire et anarchiste révolutionnaire à même de porter le saint idéal, mais on ne sait pas bien à qui s'adresser tellement cette sensibilité est embryonnaire, et tellement on est dans l'état de notre mouvement international dans l'incapacité de le faire.
Il ne me semble pas facile de produire une position en forme de communiqué de presse de peu de lignes dans une situation et configuration aussi complexe. Et il me semble bien plus important de comprendre et d'apporter des éléments de la compréhension.
Je trouve que l'article mis sur le blog d'AL n'est pas vraiment à la hauteur et je partage ce que disent Kzimir et Ian.

Je pense qu'il est surtout important d'avoir les éléments permettant de se faire une idée d'une situation où de multiples forces s'opposent dans ce qu'on voudrait lire en deux camps, mais qui d'un point de vue libertaire et révolutionnaire est bien plus compliqué, puisqu'au sein même de "l'opposition" agissent des forces progressistes comme des forces parfaitement réactionnaires pour exemple. C'est bien dans le camp de l'opposition à la dictaure qu'il faut se positionner, mais ce camp il faut arriver à le décortiquer pour ne pas se mélanger les pieds, et faire le jeu d'un autre camp réactionnaire et autoritaire.


Les bobards conspirationnistes font le jeu des soutiens (intéressés ou pas) de Bachar el-Assad

La blo­gos­phère his­pa­no­phone, anglo­phone et fran­co­phone retrans­met depuis le 29 août 2013 une « inter­view de rebel­les » réalisée par une cer­taine Dale Gavlak, jugée être une jour­na­liste séri­euse puisqu’elle tra­vaille en free­lance, entre autres, pour l’agence Associated Press. On ne com­prend pas bien pour­quoi cette dame a vendu son info à une obs­cure agence du Minnesota (Mint Press News, fondée par la belle-fille d’un théo­logien et homme d’affai­res musul­man qui veut concur­ren­cer les gran­des agen­ces de presse, prétend cri­ti­quer « le système » et a recours aux ser­vi­ces d’au moins un jour­na­liste... trots­kyste amé­ricain) et non à ses employeurs habi­tuels, net­te­ment plus fri­qués et influents.

Ces « rebel­les » prét­endent avoir mani­pulé des armes chi­mi­ques dans un sou­ter­rain et pro­vo­qué sans le vou­loir un « acci­dent », propos qui blan­chis­sent évid­emment le régime syrien res­pon­sa­ble de la mort de plus de 100 000 per­son­nes depuis deux ans, sans comp­ter les 10 à 20 000 morts d’Hama en 1982.

Le seul pro­blème concer­nant cette « inter­view » est que Mme Dave Gavlak n’était pas sur le ter­rain en Syrie (contrai­re­ment à ce que prét­endent la plu­part de ceux qui relaient cette « info ») mais a en fait relayé une inter­view confuse réalisée par un cer­tain Yahya Ababneh dont on ne sait pas grand-chose... Quant aux infor­ma­tions selon les­quel­les cet "acci­dent" aurait été pro­vo­qué par un Saoudien membre d’un réseau proche d’al-Quaida, et que ces armes auraient été four­nies par les ser­vi­ces secrets saou­diens, elles sont présentées au condi­tion­nel...

En bref, pour le moment, rien que du buzz cons­pi­ra­tion­niste pour contre­car­rer la pro­pa­gande amé­ri­cano-franç­aise en faveur de frap­pes. On peut (je dirais même on doit) être opposé aux frap­pes sans pour autant se pré­ci­piter sur le moin­dre bobard cons­pi­ra­tion­niste qui jus­ti­fie­rait notre posi­tion hos­tile à toute inter­ven­tion des puis­san­ces europé­ennes mais aussi des Etats amé­ricain, ira­nien, turc, israélien ou saou­dien....

Le seul truc vrai­ment remar­qua­ble dans ce buzz autour d’une inter­view pour le moment invé­rif­iable est que tous ces gens qu’ils soient ultra­gau­ches (le Grupo de Propaganda Marxista, his­pa­no­phone), cha­vis­tes, d’extrême droite, indi­gnés, alter­mon­dia­lis­tes ou chrétiens fon­da­men­ta­lis­tes amé­ricains (le télévang­éliste Pat Robertson), n’ont rien à dire contre la dic­ta­ture syrienne...

Mais, me rét­orq­ueront-ils, "ce n’est pas le moment".... Le pro­blème avec ces zozos-là c’est que ce n’est jamais le moment...

Y.C., Ni patrie ni fron­tières 3/09/2013

http://www.mondialisme.org/spip.php?article1972

Syrie, l’intervention rêvée

Un point de vue qu’il nous a semblé intéressant de faire connaître, même s’il y aurait d’autres choses à dire.
Mais déjà que le « non à la guerre » ou le refus de l’intervention occidentale (devenue plus modestement franco-étatsunienne) que nous partageons entièrement ne suffit pas pour définir une politique dans ce contexte : elle doit aussi se positionner contre le régime sanguinaire de Bachar al-Assad et avancer quelques propositions générales concernant le devenir de cette région du monde, le devenir de ces peuples et populations, de tous les régimes en place – et de ceux qui pourraient leur succéder – ainsi que des frontières imposées de force par les puissances impérialistes, dont les cas palestiniens et kurdes illustrent à eux seuls tragiquement les désastreuses conséquences.

Les enjeux de cette guerre, et d’une intervention occidentale, dépasse la seule question de la survie d’un régime. Elle tend à redéfinir la carte politique de tout le Moyen-Orient. C’est aussi à cette échelle qu’il faut essayer de l’appréhender et de se situer.



le 31 août 2013

En ce qui concerne l’‟intervention” militaire plus que probable du gouvernement des États-Unis en Syrie, il y a deux positions tout aussi absurdes :
• Celle de ceux qui prétendent que Bachar al-Assad n’a pas utilisé des armes chimiques. Un assassin qui bombarde et lance des missiles sur sa propre population, qui torture systématiquement son peuple et égorge femmes et enfants, est sans doute capable de lancer du gaz sarin ou n’importe autre quelle substance létale sur ses citoyens.
• Celle de ceux qui prétendent que les Etats-Unis ne mentent pas sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie. Une puissance capable d’envahir l’Irak après avoir inventé des preuves et falsifié des documents, qui n’a pas fermé Guantanamo et qui pratique systématiquement des exécutions extrajudiciaires hors de ses frontières et depuis les airs, est parfaitement capable de mentir aussi dans le cas de la Syrie, comme tant de fois auparavant.

Du point de vue du droit et de la justice, il est impératif d’enquêter et de déterminer si et qui a utilisé des armes chimiques en Syrie et d’essayer de poursuivre et de condamner les coupables, quels qu’ils soient. Mais une analyse politique sérieuse, et non ‟idéologique” et non sectaire, doit plutôt partir des seuls faits démontrables. Ils sont au nombre de deux. Le premier est que, indépendamment de s’il a utilisé ou non des armes chimiques contre son propre peuple, le régime dictatorial de la dynastie Assad est le premier et direct responsable de la destruction de la Syrie, de la souffrance de sa population et de toutes les conséquences, humaines, politiques et régionales qui en découlent. En vertu d’un paradoxe douloureux (au moins douloureux pour l’auteur de ces lignes), certains de ceux qui vocifèrent aujourd’hui ‟contre la guerre”, comme s’il n’y en avait pas déjà une depuis deux ans, ont gardé le silence sur les crimes du régime syrien ou pire, ont pratiqué le négationnisme le plus abject. A en juger par leurs dénonciations véhémentes, vibrantes d’autorité morale, l’armée américaine serait prête à bombarder un pays calme et prospère, dirigé par un gouvernement très populaire dont le seul crime serait de ‟résister” aux attaques insidieuses d’Israël. Cette ‟indignation morale” de certains anti-impérialistes – je dois l’avouer – sonne à mes oreilles de manière aussi odieusement hypocrites que les invocations de la ‟démocratie” et de l’‟humanitarisme” de la part des impérialistes.

Le deuxième fait incontestable est que, indépendamment qu’il ait menti ou non à propos de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, le gouvernement des États-Unis n’a pas le moindre intérêt pour la démocratie, ni pour la protection des civils, ni pour la question ‟morale” des armes chimiques. Il ne pense qu’à ses intérêts, comme toujours, intérêts qui ne coïncident jamais avec ceux des peuples qu’il prétend vouloir aider et ceux qui, historiquement, ont été abandonnés, soumis, bombardés et assassinés. Cette vérité banale (que certains Syriens désespérés voudraient à leur tour nier) est parfaitement compatible avec la précédente, car la vérité est que dans ce monde peuvent tenir beaucoup de forces criminelles et relativement autonomes les unes des autres, sans que personne ne puisse nous forcer à appliquer les principes de la logique aux dilemmes éthiques et politiques. A une déclaration d’un personnage qui lui soutenait qu’« il n’est pas possible d’être à deux endroits en même temps », Groucho Marx avait répondu avec une force joyeuse : « Ce n’est pas vrai. New York et Washington sont à deux endroits différents en même temps. » Dans l’histoire, dans la bataille, dans la révolution, dans ce monde terrible, il est parfaitement possible que Bachar al-Assad ait utilisé des armes chimiques et qu’en même temps Obama mente sur l’utilisation d’armes chimiques par Bachar al-Assad.

Une fois admis ces deux faits attestés, et face à l’imminence de l’attaque étatsunienne, il est certainement impératif de la ‟condamner” (comme si cela n’était rien de plus qu’un exercice rhétorique et un sauve-conduit pour acquérir le droit de s’exprimer et d’être entendus dans certains milieux), mais il est plus impératif de comprendre. Nous qui condamnons (condamnons, condamnons, condamnons) l’attaque étatsunienne, nous pouvons choisir l’un de ces deux ‟récits” :

1. Les États-Unis (ici, une Unité Abominable, aussi monolithique et anhistorique que peut l’être un ‟régime”) porte en elle, depuis ses origines, un plan de domination du monde conçu in illo tempore et appliqué systématiquement ; un plan providentiel et omnipotent qui porte en lui depuis la nuit des temps, quel que soit les rapports de forces et les avatars changeants dans la région, le renversement du gouvernement nationaliste, résistant et socialiste du parti Baas en Syrie ; plan qu’il a organisé, ou au moins dont il a utilisé une pseudo-révolution populaire pour, après avoir armé les soi-disant ‟rebelles” jusqu’aux dents, rechercher pendant deux ans un prétexte afin de justifier l’attaque et l’invasion du pays ; plan bloqué par la Russie, l’Iran et la Chine et qui maintenant, grâce à un mensonge amplifié par les médias mercenaires de l’impérialisme , est enfin sur le point de se concrétiser.

2. Les États-Unis (une Unité de Sens travaillée par de nombreuses contradictions , comme tout dans ce monde) n’ont parfois pas un plan, mais plusieurs et de nombreux doutes ; la Syrie est son ennemi dans le contexte de son affrontement avec l’Iran et de sa défense à outrance d’Israël, mais ne le gêne peu et garantit, dans une certaine mesure, le statu quo dans la région ; lorsque dans la vague du soi-disant ‟printemps arabe” le peuple syrien essaie de secouer le joug de 40 ans de dictature, l’administration Obama soutient sa cause de manière rhétorique, soucieuse en tout cas par la dérive armée dans laquelle gagnent du terrain (de façon très léniniste) les groupes islamistes les plus radicaux ; et pour cela, il combine un soutien formel à la révolution syrienne avec la plus grande prudence lorsqu’il s’agit de donner des armes aux rebelles ; depuis le début, il essaie par tous les moyens de ne pas s’impliquer militairement dans un guêpier duquel il sait ne rien pouvoir obtenir et qui, de plus, peut également nuire à Israël ; à partir d’un certain moment, il opte pour une solution politique, parvient à un accord avec la Russie, se sent plus menacé par Al-Qaïda que par Bachar al-Assad ; mais il a beaucoup parlé, a fixé une ligne rouge et a besoin maintenant, parce qu’il est faible, de faire une démonstration de force qui, comme l’a expliqué dans le New York Times Edward Luttwak, du Centre d’études stratégiques et internationales, conjugue la nécessité de faire quelque chose qu’il ne veut pas faire , et de portée « limitée et presque propagandiste » (ce qui ne dépend pas seulement d’eux) avec ses véritables intérêts ; c’est-à-dire pas non pas le renversement d’Al-Assad et l’instauration de la démocratie, mais la prolongation de la guerre syrienne le plus longtemps possible afin d’éviter que ne gagne l’un des deux adversaires (ni Assad ni les rebelles), tous les deux extrêmement dangereux pour le plan de domination régionale étatsunien (avec beaucoup de cynisme, Luttwak affirme que les États-Unis doivent fournir des armes aux rebelles à chaque fois qu’ils perdent du terrain et fermer le robinet à chaque fois qu’ils en gagnent).

La première histoire a un défaut : elle est cohérente en tant que mythe. La seconde histoire a une vertu : elle est incertaine comme la réalité elle-même. Le premier récit – en plus de faire la publicité gratuite de la toute-puissance de l’impérialisme américain dans ses heures les plus basses et de souhaiter l’intervention militaire –implique de mépriser les peuples qui se battent dans la région, d’ignorer leur douleur, de justifier leurs bourreaux. Le second récit nous place dans un guêpier complexe, empli de dilemmes éthiques et politiques, où rien n’est certain, mais où aussi – maintenant ou plus tard – les peuples peuvent gagner quelque chose, mais pas tous, et où ils peuvent aussi tout perdre, mais pas la dignité.

Je condamne, condamne, condamne l’intervention militaire américaine pour toutes les bonnes raisons qu’explique Yassin Swehat dans un excellent texte récent : parce qu’elle ne serait pas légale, parce qu’elle ne va faire qu’aggraver les souffrances de la population, parce que c’est le peuple syrien qui doit se débarrasser du dictateur, parce que la solidarité internationale peut être beaucoup plus efficace par d’autres moyens , parce que cette intervention n’envisage pas d’aider le peuple syrien et parce que ses conséquences, même si elle voulait et parvenait à renverser le régime (ce qui est une hypothèse extravagante), seraient toujours contraires à la révolution que lui et tant d’autres Syriens ont défendu depuis le début.

Choisissons une histoire. Et assumons-en les conséquences.

(*) Santiago Albar Rico est un orientaliste, écrivain et philosophe.

Original : ici

Traduction : XYZ / OCLibertaire (31 août)

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1401

Syrie: ces combattantes kurdes qui gagnent la guerre contre les djihadistes

Dans le nord de la Syrie, la révolution contre l’armée d’al-Assad a cédé la place à « une guerre civile dans la guerre civile ». Si le régime n’a plus le contrôle de la région, une lutte à mort s’est ouverte entre la rébellion kurde et les djihadistes. Rencontre avec des combattantes kurdes qui pourraient bien sonner le glas des ambitions de leurs nouveaux ennemis extrémistes dans la région.
Le site du magazine Foreign Policy livre un reportage édifiant, centré notamment sur la commandante Roshna Akeed. Cette dernière explique, depuis la ligne de front, comment les forces kurdes auxquelles elle émarge combattent les soldats d’al-Qaïda à Ras Al-Ayn (nord-est de la Syrie). Les journalistes de Foreign Policy y révèlent que 40% de ces combattants kurdes sont en fait des combattantes. Et celles-ci commandent parfois des unités composées d’hommes. Et mènent une « guerre civile dans la guerre civile ».

« Comme si la Syrie n’avait pas assez de sa guerre civile, des combats ont récemment éclaté dans le nord-est du pays entre forces kurdes et islamistes radicaux – qui sont tous deux des ennemis du régime al-Assad. (…). Le résultat est une guerre civile à l’intérieur de la guerre civile« , expliquent Harald Doornbos et Jenan Moussa de Foreign Policy.

« Ces djihadistes que nous combattons viennent de Belgique, des Pays-Bas…«

“Les combattants d’al-Qaïda deviennent dingues quand ils apprennent que nous, leurs ennemis, sommes des femmes combattantes”, explique encore la commandante Roshna Akeed.

L’on y apprend notamment que pour ces combattants kurdes, les Etats-Unis sont clairement du côté des djihadistes. « Nous menons la guerre américaine contre le terrorisme ici même, sur le terrain« , explique Dijwar Osman. « Nos ennemis sont ces combattants d’al-Qaïda qui veulent détruire nos 4000 ans de culture kurde. Ces djihadistes viennent de Belgique, des Pays-Bas, du Maroc, de Libye,… Mais malheureusement, les Etats-Unis et la Turquie sont du côté d’al-Qaïda, comme les Etats-Unis étaient du côté des djihadistes en Afghanistan dans les années 90« , déplore-t-il.

« Les djihadistes sont désorganisés, c’est facile de les tuer«

Mais si les guerriers qu’ils affrontent sont plus nombreux, les combattantes kurdes restent confiantes. « Oui, ils ont de la quantité”, reconnaît la commandante Akeed. « Mais ce sont de piètres combattants. Ils sont désorganisés, c’est facile de les tuer« .

Les deux millions de Kurdes de Syrie ont décrété leur auto-détermination suite à la révolution contre le régime d’al-Assad en juin dernier dans la région désormais appelée « Kurdistan occidental ». Cette région a désormais sa propre police, son armée, ses propres noms de villages et de villes en kurde et la langue kurde est désormais enseignée à l’école, ce qui était formellement interdit sous al-Assad.

Pour rappel, les Kurdes sont la plus grande minorité ethnique de Syrie, ils représentent environ 10% de la population.

« Nous les Kurdes, sommes neutres« , explique encore un professeur d’une école locale, armé d’un pistolet. « Nous ne sommes ni avec le régime, ni avec les rebelles. Nous nous exprimons au nom du printemps kurde, pas du printemps arabe« , explique-t-il.

Son frère, qui commande désormais la police locale explique que « les islamistes sont notre plus grand ennemi désormais« . « Le régime d’Assad nous oppressait. Les djihadistes, eux, veulent nous exterminer« .

D’ailleurs, ces combattants kurdes se défendent d’être une menace pour l’unité de la Syrie. « Nous ne voulons pas devenir indépendants. Nous voulons obtenir nos droits et rester en Syrie« .

Julien Vlassenbroek (@julienvlass)

http://www.rtbf.be
http://sous-la-cendre.info/1662/syrie-c ... jihadistes
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Re: Syrie

Messagede Pïérô » 07 Sep 2013, 01:02

L’auto-organisation des luttes populaires en Syrie face au régime et aux groupes islamistes.
ça existe
L’auto-organisation des luttes populaires en syrie
face au régime et aux groupes islamistes



- Présentation

Depuis plus de deux ans, la majorité des observateurs analysent le processus révolutionnaire syrien en termes géopolitiques, par en haut, en ignorant les dynamiques populaires d’en-bas, politiques et socio-économiques. Les menaces (verbales jusqu’à présent) d’interventions occidentales n’ont fait que renforcer cette vision d’une opposition entre deux camps : les Etats occidentaux et les monarchies du Golfe d’un côté, l’Iran, la Russie et le Hezbollah de l’autre.

Nous refusons de choisir entre ces deux camps, nous refusons cette logique du « moindre mal » qui ne mènera qu’à la défaite de la révolution syrienne et de ses objectifs : la démocratie, la justice sociale et le refus du confessionnalisme. Notre soutien va au peuple révolutionnaire en lutte pour sa libération et son émancipation. En effet, seul le peuple en lutte permettra non seulement la chute du régime mais également l’édification d’une société de démocratie, de justice sociale et de laïcité. Une société respectant et garantissant à chacun le droit de pratiquer sa religion et assurant l’égalité de tous et toutes sans discrimination aucune (religieuse, ethnique, de genre, etc…).

Seules les masses développant leur propre potentiel de mobilisation pourront réaliser le changement à travers leur action collective. C’est l’abc de la politique révolutionnaire. Mais cet abc, aujourd’hui, se heurte à un profond scepticisme de la part de nombreux milieux de gauche en Occident. On nous dit que nous prenons nos désirs pour des réalités, qu’il y a, peut-être, eu un début de révolution en Syrie il y a deux ans et demi, mais que les choses ont changé depuis. On nous dit que le djihadisme a pris le dessus dans l’opposition au régime, qu’il ne s’agit plus d’une révolution, mais d’une guerre et qu’il faut bien choisir son camp pour tracer une issue concrète…

Tout le « débat » à gauche est pollué par cette logique « campiste », qui s’accompagne souvent de théories du complot et qui brouille les démarcations fondamentales entre la gauche et la droite – et surtout l’extrême-droite. Quand un-e journaliste témoigne de ce qu’il ou elle a vu sur le terrain dans telle ou telle région sous contrôle des rebelles, et que ce témoignage bat en brèche les explications dominantes sur l’hégémonie djihadiste, il est nié. Parfois même certains insinuent que des récits de ce genre font partie des « médiamensonges », qu’ils visent à rendre l’opposition présentable pour justifier l’intervention impérialiste et qu’on ne peut donc pas y accorder le moindre crédit.
Nous avons demandé à Joseph Daher, militant révolutionnaire syrien résidant actuellement en Suisse, de faire le point concrètement sur l’état des mouvements populaires dans son pays, en particulier sur l’auto-organisation des masses dans les régions libérées, la lutte contre le confessionnalisme et contre les islamistes. La conclusion qui en ressort est claire : oui, la révolution est toujours à l’œuvre en Syrie, et elle a besoin de notre solidarité.

LCR-Web

- L’auto-organisation des luttes populaires en Syrie face au régime et aux groupes islamistes ? Oui, ça existe !

Le mouvement populaire syrien s’est opposé depuis le début aux tentatives de divisions confessionnelles lancées par le régime d’abord, puis par des groupes islamistes réactionnaires ensuite.

- Comités populaires, élections, administrations civiles

Dès le début de la révolution, les principales formes d’organisation ont été des comités populaires au niveau des villages, quartiers, villes et régions. Ces comités populaires étaient le véritable fer de lance du mouvement mobilisant le peuple pour les manifestations. Par la suite, dans les régions libérées du joug du régime ils ont développé des formes d’autogestion basées sur l’organisation des masses. Des conseils populaires élus ont vu le jour pour gérer ces régions libérées, prouvant par là que c’est le régime qui provoque l’anarchie, et non le peuple.

Dans certaines régions libérées des forces armées du régime, des administrations civiles ont aussi été mises en place pour pallier l’absence de l’État et prendre en charge ses prérogatives dans de nombreux domaines, tels que les écoles, les hôpitaux, les routes, les services d’eau, d’électricité et de communications. Ces administrations civiles sont nommées à travers des élections et (ou par ?) consensus populaires et ont pour tâches principales la fourniture des services de la fonction publique, la sécurité et la paix civile.

Des élections locales libres dans les zones « libérées » ont eu lieu pour la première fois depuis 40 ans dans certaines régions, quartiers et villages. C’est le cas par exemple dans la ville de Deir Ezzor, fin février 2013, dans laquelle un votant Ahmad Mohammad déclarait que « nous voulons un Etat démocratique, pas un Etat islamique, nous voulons un Etat laïc géré par des civils et pas des mollahs ».

Ces conseils locaux reflètent le sens de la responsabilité et la capacité des citoyens à prendre des initiatives pour gérer leurs affaires en s’appuyant sur leurs cadres, expériences et énergies propres. Ils existent sous diverses formes, tant dans les zones encore sous domination du régime que dans celles qui s’en sont émancipées.
Un autre exemple concret de cette dynamique d’auto-organisation est la réunion de fondation de la Coalition de la jeunesse révolutionnaire en Syrie, qui a eu lieu début juin à Alep. La réunion a rassemblé un large éventail de militant-es et de comités de coordination qui ont joué un rôle important sur le terrain depuis le déclenchement de la révolution en Syrie et qui venaient des différentes régions du pays et représentaient de larges secteurs de la société syrienne. La conférence a été présentée comme une étape clé pour représenter la jeunesse révolutionnaire de toutes les communautés.

Cela ne signifie qu’il n’y pas de limites parfois à ces conseils populaires, comme le manque de représentations des femmes, ou de certaines minorités. Il ne s’agit pas d’embellir la réalité mais de rétablir la vérité.

- L’exemple de Raqqa

Un exemple très marquant de l’auto-organisation des masses est la ville de Raqqa, seule capitale de province libérée des forces du régime (depuis mars 2013). Encore soumise aux bombardements du régime, Raqqa est complètement autonome et c’est la population locale qui gère tous les services à la collectivité. Un autre élément aussi important dans la dynamique populaire de la révolution est l’explosion de journaux indépendants produits par des organisations populaires. Le nombre de journaux est en effet passé de 3 avant la révolution, qui étaient dans les mains du régime, à plus d’une soixantaine rédigés par des groupes populaires.

A Raqqa, les organisations populaires sont le plus souvent menées par des jeunes. Elles se sont multipliées, au point que plus de 42 mouvements sociaux étaient officiellement enregistrés à la fin du mois de mai. Les comités populaires ont organisé diverses campagnes. Un exemple est la campagne « le drapeau révolutionnaire syrien me représente » : elle consiste à peindre le drapeau révolutionnaire dans les quartiers et les rues de la ville, pour s’opposer à la campagne des islamistes qui voulaient imposer le drapeau islamique noir. Sur le plan culturel, une pièce de théâtre se moquant du régime Assad a été jouée au centre la ville et, au début du mois de juin, les organisations populaires ont organisé une exposition d’art et d’artisanat local. Des centres ont été mis en place pour occuper les jeunes et traiter les troubles psychologiques causés par les conséquences de la guerre. Les examens du baccalauréat syrien de fin d’année, en juin et juillet, ont été entièrement pris en charge par des volontaires.

Ce genre d’expériences d’auto-organisation se retrouve dans de nombreuses régions libérées. Il est à noter que les femmes jouent un grand rôle dans ces mouvements et dans les manifestations en général. Par exemple le 18 juin 2013 dans la ville de Raqqa, une manifestation massive, menée par des femmes, a eu lieu devant le siège de Jabhat al-Nusra, groupe islamiste, dans laquelle les manifestant-es appellaient à la libération des prisonniers qui ont été incarcérés . Les manifestants ont scandé des slogans contre Jabhat al-Nusra, et ont dénoncé leurs actions. Les manifestant-es n’ont pas hésité à scander le premier slogan utilisé à Damas en février 2011 : « Le peuple syrien refuse d’être humilié ». Le groupe " Haquna » ( qui signifie « notre droit »), où de nombreuses femmes sont présentes, ont également organisé de nombreux rassemblements contre les groupes islamistes dans Raqqa, scandant notamment « Raqqa est libre, dehors avec Jabhat al-Nusra ».

Dans la ville de Deiz Zor au mois de juin, une campagne avaiet été lancé par les militants locaux visant à encourager les citoyen-nes à participer aux processus de surveillance et de documentation des pratiques des conseils populaires locaux, y compris en les associant à faire valoir leurs droits et de promouvoir la culture des droits humains dans la société. Un accent particulier a été mis au cours de cette campagne sur l’idée du droit et de la justice pour tous et toutes.

- Contre les islamistes

Ce sont ces mêmes organisations populaires qui se sont le plus souvent opposées aux groupes islamistes armés. Ceux-ci veulent prendre par la force le contrôle des zones libérées alors qu’ils n’ont pas de racines dans le mouvement populaire, et qu’ils ne sont pas issus de la révolution.

La ville de Raqqa a par exemple vu une résistance continue et inébranlable contre les groupes islamistes. Depuis que la ville a été libérée des troupes de régime, en mars 2013, de nombreuses manifestations ont été organisées contre l’idéologie et les pratiques autoritaires des groupes islamistes. Il y a eu des rassemblements de solidarité avec des militants kidnappés pour exiger leur liberté des geôles des islamistes. Cette manifestation a permis la libération de certains militants, mais de nombreux autres restent emprisonnés jusqu’à aujourd’hui comme le célèbre Père Paolo et d’autres tel que le fils de l’intelectuel militant Yassin Hajj Saleh, Firas.

Des manifestations similaires des masses populaires contestant les pratiques autoritaires et réactionnaires des islamistes ont eu lieu à Alep, à Mayādīn, Al-Quseir et d’autres villes comme Kafranbel. Ces combats se poursuivent aujourd’hui.

Dans le quartier de Bustan Qasr, à Alep, la population locale a manifesté à de nombreuses reprises pour dénoncer les actions du Conseil de la Charia d’Alep, qui regroupe plusieurs groupes islamistes. Le 23 août par exemple, les manifestants de Bustan Qasr, tout en condamnant le massacre à l’arme chimique commis par le régime contre la population de la Ghouta orientale, réclamaient également la libération du célèbre activiste Abu Maryam, une fois de plus emprisonné par le Conseil de la Charia d’Alep. Auparavant dans ce même quartier à la fin juin 2013, les manifestants avaient scandé « Va te faire foutre (Toz) le Conseil islamique », en raison des politiques répressives et autoritaires répétitives de ce dernier. Une explosion populaire s’était également exprimé lors de l’assassinat par des jihadistes étrangers appartenant au groupe de l’Etat islamique du Levant et d’Irak d’un jeune garçon de 14 ans, pour soi-disant blasphème alors qu’il avait fait une blague faisant référence au prophète Mohammad. Une manifestation a été organisée par le comité populaire de Bustan Qasr contre le Conseil islamique et les groupes islamistes, scandant : « Quelle honte, quelle honte, les révolutionnaires shabbiha sont devenus », ou bien ils faisaient références au Conseil Islamique en citant les services de sécurité du régime Assad, un allusion claire à leur pratique autoritaire.

Il y a des manifestations hebdomadaires le vendredi. Lors de celles du vendredi 2 août 2013, les comités de coordination locales (CCL), qui jouent un rôle important d’information de la révolution mais également d’aide, d’approvisionnement et de services aux populations et aux réfugiés, ont déclaré ceci dans leur communiqué : « dans un message unifié de la révolution au monde entier, nous confirmons que les enlèvements de militant-es et d’acteurs essentiels de la révolution, outre qu’ils servent l’intérêt de la tyrannie, nuisent à la liberté et à la dignité de la révolution ». Ce message s’adressait directement à ces groupes islamistes réactionnaires. Dans le même esprit, le 28 juillet 2013, les CCL écrivaient un communiqué avec pour titre : « La tyrannie est une, qu’elle s’exerce au nom de la religion ou au nom de la laïcité », renvoyant dos à dos les islamistes et le régime.

- Arabes et Kurdes unis

Dans le nord-est de la Syrie, habitée en majorité par la population kurde, les combats récents entre islamistes et milices kurdes du PYD lié au PKK ont été l’occasion d’initiatives populaires des militants et de la population locale. Ces initiatives populaires visaient à démontrer la fraternité des Kurdes et des Arabes dans cette région et à réaffirmer que la révolution populaire syrienne est pour tous et toutes, et qu’elle exclut le racisme et le sectarisme. Au moment de ces combats, dans la province de Raqqa, la ville de Tall Abyad a d’ailleurs vu la formation du bataillon Chirko Ayoubi , qui a rejoint la brigade du Front Kurde le 22 juillet 2013. Ce bataillon regroupe désormais des Arabes et Kurdes ensemble. Ils ont publié une déclaration commune dénonçant les exactions commises par les groupes islamistes et les tentatives de divisions du peuple syrien sur des bases ethniques et communautaires.

Dans la ville d’Alep, dans le quartier d’Achrafieh - habité principalement par des Kurdes - une manifestation a été organisée le 1er aout 2013 rassemblant plusieurs centaines de personnes en faveur de la fraternité entre Arabes et Kurdes, pour condamner des actes commis par des groupes extrémistes islamistes contre la population kurde.
Dans la ville de Tell Abyad, qui a été soumise à d’intenses combats, les militants ont tenté de lancer plusieurs initiatives visant à mettre fin au conflit militaire entre les deux groupes, à arrêter (l’expulsion ?) le départ de force des civils, à mettre en place un comité populaire pour gouverner et gérer la ville sur une base quotidienne, et à promouvoir des initiatives et des actions conjointes entre les populations arabes et kurdes, afin de parvenir à un consensus par des moyens pacifiques. Les efforts continuent aujourd’hui malgré la continuité des combats entres islamistes et milices kurdes.
Dans la ville de Amouda, une trentaine de militants se sont réunis le 5 août 2013 avec des drapeaux kurdes et des drapeaux révolutionnaires syriens derrière une pancarte disant « Je t’aime Homs », pour montrer leur solidarité avec cette ville assiégée par l’armée du régime.
Dernièrement encore, dans la ville de Qamichli, où vivent des populations arabes (musulmanes et chrétiennes), kurdes et assyriennes, des militants locaux ont lancé de nombreux projets pour garantir la coexistence et la gestion de certains quartiers par des comités conjoints. Dans cette même ville, la branche de l’Union des étudiants libres kurdes a lancé une petite campagne Internet appelant à la liberté, la paix et la fraternité, la tolérance et l’égalité pour l’avenir de la Syrie.
Dans sa très grande majorité, le mouvement populaire syrien n’a cessé de répéter son refus du confessionnalisme, malgré les tentatives du régime et des groupes islamistes pour allumer ce feu dangereux. Les slogans des manifestant-es tels que « Nous sommes tous des Syriens, nous sommes unis » et « Non au confessionnalisme » sont répétés en permanence jusqu’à aujourd’hui.

Il convient de comprendre le rôle crucial joué par les comités populaires et les organisations dans la poursuite du processus révolutionnaire, car ce sont les acteurs essentiels qui permettent au mouvement populaire de résister. Il ne s’agit pas de diminuer le rôle joué par la résistance armée, mais cette dernière dépend du mouvement populaire pour continuer le combat. Sans celui-ci, nous n’aurions aucune chance.

- « Plutôt la mort que l’humiliation »

Une manifestation très claire de la dynamique populaire de la révolution est l’explosion de journaux produits par des organisations populaires. Le nombre de journaux est en effet passé de trois avant la révolution – tous trois étaient des journaux du régime – à plus d’une soixantaine rédigés par des groupes populaires.
En conclusion, la révolution syrienne est toujours là, elle continue et ne s’arrêtera pas. Malgré la guerre sans merci du régime contre le mouvement populaire et ses massacres répétés contre la population civile. Et malgré les menaces internes des groupes islamistes réactionnaires. Quoique minoritaires, ces groupes sont dangereux, ils sont également des ennemis de la révolution par leur opposition aux objectifs du soulèvement pour la démocratie et la justice sociale, leur idéologie confessionnelle et leurs pratiques autoritaires.

Comme les manifestant-es continuent à le chanter lors des multiples protestations : « le peuple syrien ne sera pas humilié » et « la mort plutôt que l’humiliation ». Le mouvement populaire continuera son combat jusqu’à la victoire des objectifs de la révolution.

Vive les révolutions populaires !

Pouvoir et richesse pour le peuple !

Joseph Daher

Voir aussi sur :
. http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29650
. http://www.europe-solidaire.org/spip.ph ... teur=10307

https://lille.indymedia.org/spip.php?article28015
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Re: Syrie

Messagede DjurDjura » 08 Sep 2013, 13:15

Déclaration commune par les Socialistes révolutionnaires (Egypte) – Le Mouvement de la Gauche révolutionnaire (Syrie) – L’Union des communistes en Irak – Courant Al Mounadil-a (Maroc) – Forum Socialiste (Liban).

par hiwarichtirakiyin le 4 septembre 2013


Nous comptons sur le peuple syrien révolté et non sur une intervention extérieure!

Par Déclaration commune le Dimanche, 01 Septembre 2013


Déclaration commune par les Socialistes révolutionnaires (Egypte) – Le Mouvement de la Gauche révolutionnaire (Syrie) – L’Union des communistes en Irak – Courant Al Mounadil-a (Maroc) – Forum Socialiste (Liban).

Plus de 150 000 morts, des centaines de milliers de blessés et d’invalides et des millions de personnes déplacées à l’intérieur et vers l’extérieur de la Syrie, des villes, villages et quartiers rasés ou presque totalement détruits à l’aide de diverses armes, dont des avions de combat et des missiles Scud, des barils explosifs, des chars, et autres matériels payés avec le prix du sang et de la sueur du peuple syrien sous le prétexte de défendre la patrie et assurer un équilibre (?!) militaire avec Israël (que, en réalité, le régime syrien protège pendant qu’elle occupe son territoire, se gardant même de répondre à ses assauts répétitifs).

Pourtant, malgré les énormes pertes susmentionnées subies par les Syriens et les syriennes, et malgré les catastrophes qui se sont abattues sur eux, personne des institutions internationales ou des grands pays ou autres entités moins importantes n’a senti le besoin de se solidariser avec eux et les soutenir dans leur quête pour leurs droits les plus élémentaires de liberté, dignité humaine et justice sociale. Excepté certains pays du Golfe, comme le Qatar et l’Arabie saoudite, cependant dans le but d’orienter la nature de la lutte en Syrie vers le fanatisme, et dénigrer la révolution syrienne et l’avorter. Ce qui dénote la crainte profonde d’une propagation de l’étincelle révolutionnaire à ces Etats, d’où leur soutien à des forces obscurantistes takfiries venues, pour l’essentiel, de partout dans le monde et qui essayent d’imposer leur conception abominable du pouvoir sur la base de la charia islamique, commettant de façon répétitive des massacres horribles contre des citoyens syriens qui se sont opposés à leurs agissements répressifs et leurs agressions dans les zones qu’ils contrôlent ou celles qu’ils attaquent de temps à autre, à l’image de ce qui s’est passé récemment dans certains villages de Lattaquié.

D’autre part, une multitude de forces hostiles, à travers le monde, complotent contre la révolution du peuple syrien qui intervient dans le contexte de plusieurs soulèvements qui touchent une partie importante de la région arabe et du Grand Maghreb où, depuis près de trois ans, les populations font valoir leur volonté pour mettre un terme à une histoire faite d’oppression, d’injustices et d’exploitation. Des populations qui veulent arracher leurs droits à la liberté, à la dignité et à la justice sociale, enflammant du coup, contre elles, non seulement les dictatures tyranniques locales, mais aussi la plupart des puissances impérialistes, qui cherchent à perpétuer le pillage des richesses de nos peuples, ainsi que les différentes classes et forces réactionnaires, le long de la région concernée et dans les pays voisins.

Quant à la Syrie, la coalition qui bataille contre le peuple révolté, englobe une multitude de forces sectaires réactionnaires, à leur tête de l’Etat iranien et les milices sectaires irakiennes, mais aussi, fort malheureusement, la force de frappe du Hezbollah, qui se noie aujourd’hui dans le bourbier de la défense d’un régime dictatorial foncièrement corrompu et profondément criminel.

Malheureusement aussi qu’une partie importante de la gauche arabe, traditionnelle, aux racines staliniennes, que ce soit en Syrie même, au Liban ou en Egypte et dans le reste de la région arabe – et même à l’échelle mondiale – a clairement et de façon honteuse pris le parti de cette coalition misérable, accrochée au régime des Al-Assad, sous prétexte, pour certains, qu’il est « résilient » et même « résistant ! Cela malgré sa longue histoire de gardien de l’occupation sioniste du Golan syrien, et la répression dans le de sang, à plusieurs reprises depuis qu’il est au pouvoir, de nombreuses parties palestiniennes et libanaises (et syriennes aussi) qui résistent à Israël, et qu’il est resté indifférent et servile depuis la guerre d’Octobre 1973 vis-à-vis des attaques israéliennes contre les territoires syriens. Ce parti pris peut avoir des conséquences graves en ce qui concerne la position du humble syrien envers de la gauche dans son ensemble.

D’autre part, l’Organisation des Nations unies, en général, et le Conseil de sécurité, en particulier, sont restés incapables de condamner les crimes de ce régime que le peuple syrien rejette pacifiquement pendant plus de sept mois, tandis que les manifestants tombent chaque jour sous les balles des snipers et des shabbiha et que les activistes les plus efficaces sont détenus et soumis aux pires formes de torture et de liquidation dans les geôles et les centres de détention. Pendant tout ce temps, le monde est resté silencieux adoptant une attitude négative.

Cette situation a persisté avec l’escalade des crimes commis par le régime après que le peuple se soit trouvé obligé de prendre les armes – à travers l’émergence de ce qui est devenu connu comme l’Armée syrienne libre (ASL) dont une partie importante de son commandement et ses éléments sont des dissidents de l’armée régulière.

Ceci parce que l’allié le plus important du régime baasiste de Damas, en l’occurrence l’impérialisme russe qui lui fournit toutes sortes de soutien, est resté à l’affût du Conseil de sécurité pour bloquer tout effort visant à condamner ces crimes.

Les Etats-Unis, en revanche, ne voient pas un vrai problème dans le maintien du statu quo, avec toutes les conséquences de la destruction du pays, malgré les menaces et les intimidations auxquelles recourt le président américain chaque fois qu’une voix de l’opposition syrienne s’élève à propos de l’utilisation des armes chimiques par le régime, jusqu’à la dernière escalade quand il a estimé que la « ligne rouge » a été franchie !

Il est clair qu’Obama, qui donne l’impression qu’il ira de l’avant dans la mise à exécution de ses menaces, se serait trouvé dans l’embarras s’il serait abstenu et que cette abstention n’aurait pas seulement un impact négatif sur lui mais également sur ​​l’image de l’arrogant puissant Etat qu’il dirige, et pas uniquement de la part des pays arabes serviles, mais aussi à l’échelle mondiale.

Des frappes – en substance américains mais avec l’accord et la coopération de leurs alliés impérialiste – sont donc imminentes contre les forces armées syriennes. Décidées sans la couverture farce de la « légitimité internationale » (à savoir des décisions d’une institution mondiale, l’ONU, qui a toujours reflété, et continue de le faire, les intérêts des grandes puissances, en conflit ou en accord selon les circonstances, et les rapports de force entre ces puissances. En d’autres termes, ces frappes ne vont pas attendre le consentement du Conseil de sécurité, en raison d’un prévisible veto russo-chinois.

Malheureusement, plusieurs parties de l’opposition syrienne parient sur ces frappes et sur la position américaine en général, ce qui pourrait, à leur avis, créer une opportunité de s’emparer du pouvoir, plus tard, donc en ignorant le mouvement des masses et leurs décisions. Et, bien sûr, il n’est plus surprenant alors que des représentants de l’opposition et de l’armée libre ne se sont aucunement gênés pour dire que ces dernières fourniront aux Américains des informations concernant les cibles militaires à frapper !

Dans tous les cas, nous déclarons que nous sommes d’accord sur ce qui suit :

1 – l’alliance impérialiste occidentale va frapper plusieurs endroits, et même des parties importantes de l’infrastructure militaire et civile en Syrie (avec de nombreuses victimes parmi les civils, comme d’habitude), mais, comme il a été annoncé, les frappes ne sont pas destinées à renverser le régime. Elles sont tout simplement destinées à punir, selon les mots d’Obama, le pouvoir syrien, et à la fois sauver la face à l’administration américaine après toutes les menaces concernant les armes chimiques ;

2 – les intentions du président américain de sanctionner le pouvoir syrien ne reflètent pas une solidarité de Washington avec la douleur des enfants qui sont tombés dans les massacres des deux Ghouta, mais de son engagement envers ce que Barack Obama appelle les « intérêts vitaux de l’Amérique et sa sécurité nationale », ainsi que les intérêts d’Israël et sa sécurité ;

3 – Le régime syrien et ses alliés régionaux, à leur tête le régime iranien, n’auront sans doute pas assez de courage pour mettre à exécution ce qui semblait être des menaces de leurs hauts responsables que toute attaque occidentale contre la Syrie va enflammer toute la région (!!), et si cette option extrême reste probable, elle pourrait avoir des conséquences catastrophiques ;

4 – l’attaque impérialiste occidentale imminente ne vise absolument pas à soutenir la révolution syrienne, mais à pousser Damas à s’engager dans des marchandages qui permettent le retrait de Bachar Al-Assad du régime syrien, mais gardent le régime, tout en améliorant considérablement les conditions à même de renforcer la position de l’impérialisme américain dans la Syrie future, au détriment de l’impérialisme russe ;

5 – pour autant que les plus conscients, les plus honnêtes et ceux qui sont le plus dévoués à l’avenir de la Syrie et de son peuple, parmi les engagés dans le mouvement populaire continue, puissent prendre conscience de ces faits, leurs conséquences et leurs résultats, et agir sur la base de leur compréhension de ces faits, cela contribuera à aider le peuple syrien à faire émerger une direction révolutionnaire véritable, qui produira – dans le contexte de la lutte sur la base des intérêts immédiats et futurs du peuple – un programme radical conforme à ses intérêts, dont la lutte pour sa mise en œuvre et sa concrétisation permettront d’avancer sur chemin de la victoire.

- Non à toutes les formes d’intervention impérialiste que ce soit américaine ou russe

- Non à l’intervention sectaire réactionnaire, qu’elle soit de l’Iran ou des monarchies du Golfe

- Non à l’intervention du Hezbollah, qui mérite le pire des condamnations

- A bas toutes les illusions quant aux frappes militaires américaines à venir!

- Que les dépôts d’armes s’ouvrent au peuple syrien qui lutte pour la liberté, la dignité et la justice sociale !

- Victoire pour une Syrie libre, démocratique et à bas la dictature d’Al-Assad et toutes les dictatures !

- Vive la révolution du peuple syrien !

Organisations signataires :

Les Socialistes révolutionnaires (Egypte) – Le Mouvement de la Gauche révolutionnaire (Syrie) – L’Union des communistes en Irak -Courant Al Mounadil-a (Maroc) – Forum Socialiste (Liban).
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