Histoire

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Messagede Nico37 » 16 Aoû 2009, 12:36

L'écho de la fabrique & la presse ouvrière lyonnaise 1831-35
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Quand Marx, Engels, Lénine "flinguaient" les anarchistes

Messagede vroum » 14 Sep 2009, 06:45

le groupe de Rouen de la Fédération anarchiste publie aux Editions du Monde Libertaire :

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Préface

Guy Q. (dit Justhom) a mis des guillemets à « flinguaient ». Il aurait peut-être pu s’en passer vu que Vladimir Illich Oulianov, autrement dit Lénine, le verbe fusiller, il savait le conjuguer et à tous les temps encore, quoiqu’il ait eu une préférence marquée pour l’impératif présent ! Ainsi flinguer, ce n’est pas au sens figuré qu’il faut le prendre avec le tsar rouge mais bien au sens premier ! Cependant la vérité historique (les grands mots, ça fait bien dans le tableau) nous oblige à reconnaître que Marx et Engels n’ont pas de sang sur les mains. Ce n’était peut-être pas l’envie qui leur manquait mais on ne va pas réécrire l’Histoire pour se donner raison. On peut toujours dire que, contrairement au satrape rouge, ils n’ont pas eu l’occasion d’exercer le pouvoir à leur façon, les faits sont là. On estimera, à juste titre, qu’ils ont une responsabilité morale puisque leurs théories et pratiques déjà dénoncées de leur vivant comme lourdes de dangers ont engendré les Staline, Mao, Pol-Pot et autres assassins de masse, il n’empêche que… Va donc pour les guillemets, même si c’est tentant de les enlever !

Pour autant, le mot flinguer ne nous gêne pas parce que c’est bien de cela dont il est question : feu sur les anarchistes ! Tel était l’un de leurs mots d’ordre préféré ! Et c’est le but de cette brochure que d’en causer. Elle n’a pas la prétention d’être exhaustive et de faire le tour complet du sujet. Simplement, derrière le coup de gueule, car c’en est aussi un, il s’agit de montrer que cette querelle (et le mot n’est pas assez fort vu son importance et les conséquences sur le mouvement ouvrier) entre les marxistes et les anarchistes (pour simplifier) ne s’est pas déroulée à la loyale, idées contre idées, arguments contre arguments. Le camp marxiste s’est livré à un pilonnage intensif à l’artillerie lourde de mensonges, calomnies, insultes etc. contre les antiautoritaires préfigurant déjà la phraséologie stalinienne, et ce, sans oublier les manœuvres malhonnêtes et autres coups fourrés. Mais c’est essentiellement sur l’argumentaire(teur) marxiste1 que cet opuscule s’attarde.

C’est d’ailleurs d’une certaine façon une curiosité : pour l’édification du lecteur(trice), l’auteur a choisi de reproduire in extenso de longs passages des écrits de Marx, Engels et Lénine. Du coup, voilà une brochure anarchiste qui fait la part belle à la phraséologie marxiste ! Il y a dedans autant, si ce n’est plus, de contenu marxien que de contenu libertaire ! Marxisme libertaire le retour ?! Que nenni ! C’est tout simplement la construction choisie qui veut ça… Et les susdits passages n’honorent pas spécialement leurs auteurs !

Pour terminer, un petit mot sur l’auteur (et collecteur) : avant d’être membre du groupe de Rouen de la Fédération anarchiste, il a longtemps été un militant actif du PCF (il a même fait la Haute École du Parti) et par conséquent, pour ce qui est du Marxisme, il sait de quoi il cause ! Par contre, il ne prétend pas être devenu un grand théoricien ou historien de l’anarchisme. C’est donc en toute modestie qu’il apporte sa contribution à « la cause » par cet ouvrage, qui se veut un simple outil de plus pour la formation (et l’édification au sens noble du terme) des militant(e)s anarchistes et des autres. A l’heure où règne la confusion des idées (qui, hélas, selon un air par trop connu, se vaudraient toutes), et où un certain facteur veut fonder un parti à la fois guevariste et libertaire (sic), ce n’est pas du luxe !

Eric Gava (FA Rouen)


Quatrième de couverture

Guy Q. (dit Justhom) est breton : c’est donc tout naturellement qu’il a commencé sa carrière professionnelle comme mousse dans la marine marchande ! Comme quoi les mythes ont toujours un fond de vérité… De vérité, il n’en sera pas beaucoup question dans cette brochure. De calomnies, de mensonges plus certainement, ceux déversés par Marx et ses héritiers sur le mouvement antiautoritaire en général et anarchiste en particulier ! Et ce n’est pas triste !

Justhom, encore lui, s’il est maintenant retraité, a terminé sa carrière professionnelle comme responsable d’une association d’insertion et chargé de cours à l’université, après avoir été directeur de cabinet d’un maire communiste, parce que lui-même militant communiste ayant fait les grandes écoles du Parti. Le Marxisme, il connaît donc. Il a connu plutôt. C’est en militant anarchiste qu’il nous offre cette brochure où il a collecté des écrits diffamatoires (entre autres qualificatifs) de Marx et de ses affidés et qu’il commente ensuite. Le titre ce cet opuscule est on ne peut plus clair et à sa lecture vous aurez vite compris qu’il est justifié.

Et ce n’est pas que de l’histoire ancienne. On sait les conséquences pour le mouvement ouvrier et révolutionnaire de cette opposition entre Marx et Bakounine, entre ces deux conceptions du socialisme et ce que cette prédominance du Marxisme-léninisme a donné… Et que l’on continue de payer encore aujourd’hui ! En lisant cette brochure, qui n’hésite pas à reproduire des passages entiers d’écrits de Marx, Engels ou Lénine afin que l’on puisse juger sur pièces, on aura vite senti que les pratiques totalitaires étaient déjà inscrites dès les premiers pas du Marxisme et que les Lénine, Trotski, Staline, Mao et autres tyrans rouges n’ont fait que de les continuer en mille fois pire car ils étaient, eux, au pouvoir !

100 pages pour 6 euros
couverture d'Aurelio

à commander à Publico ou sur le le site des EML :

http://editions.federation-anarchiste.org
vroum
 

[Souscription] La revue « Kommunist » et les Communistes de

Messagede Nico37 » 20 Mar 2011, 23:14

La revue « Kommunist » et les Communistes de gauche - Moscou 1918
Présentation du projet d’édition et table des matières

Souscription 15€ par chèque à l’ordre de SMOLNY. Voir coordonnées complètes en bas de cet article.

Présentation :
Les tous premiers mois qui suivent la Révolution d’Octobre 1917 sont traversés de débats, souvent au sein même du parti bolchevik, d’une importance considérable. Les communistes qui viennent de former un gouvernement de coalition avec les Socialistes-Révolutionnaires de Gauche se trouvent face à des choix décisifs, pour l’avenir de la révolution en Russie, et dans une large mesure pour son extension internationale. Aucun n’est plus crucial que celui concernant les conditions d’une paix séparée avec l’Allemagne, telles qu’elles ressortent du traité de Brest-Litovsk.
Le parti bolchevik lui-même est près de se déchirer : la Fraction des communistes de gauche (Boukharine, Ossinski, Smirnov, Radek... et bien d’autres !) qui s’oppose à la signature du traité est un court moment majoritaire au sein du parti. Mais à la différence des Socialistes-Révolutionnaires de Gauche qui s’engagent alors dans une opposition irréductible, les communistes de Gauche prennent acte de la situation créée par le traité et étendent la controverse aux mesures économiques et politiques préconisées par Lénine et la droite du Parti en vue de faire vivre le pouvoir des conseils, l’économie russe et la population dans l’attente du développement de la révolution internationale.
Sous couvert d’instaurer plus rapidement le socialisme et de consolider le « bastion » prolétarien, Lénine souhaite imposer une forte productivité du travail aux masses ouvrières et une direction personnelle dans les entreprises, l’industrie, l’armée et les services en faisant appel à des « spécialistes » qui ne peuvent être que les anciens maîtres de l’État tsariste, les anciens patrons ou les nouveaux parvenus. Prenant exemple sur l’organisation de la production en Allemagne, il vante les mérites du capitalisme d’État qu’il qualifie d’« antichambre du socialisme », inspiré également des capacités du « système Taylor » fondé sur le travail aux pièces et la compétitivité au sein du prolétariat.
Fidèles aux idéaux de la Révolution mondiale et de l’instauration du socialisme par les travailleurs eux-mêmes, les communistes de gauche mènent un combat théorique novateur et d’une extraordinaire qualité en vue de l’instauration d’une société en transition vers le socialisme, qui ferait confiance à la créativité de la classe ouvrière. Ils publient, en tant que Fraction, quatre numéros de la revue « Kommounist » d’avril à mai 1918. Ils argumentent et polémiquent publiquement avec Lénine puis la majorité du Parti Bolchevik (dont Trotski). Cet extraordinaire et riche débat prit malheureusement fin avec le début de la guerre civile en juillet 1918.
Or, si l’opposition des Communistes de Gauche est parfois mentionnée dans les divers ouvrages traitant des débuts de la révolution russe, c’est souvent au travers des critiques de ses adversaires, et au premier chef de Lénine. La parole leur est aujourd’hui rendue, avec ces quatre numéros de la revue « Kommunist » qui sont ici intégralement traduits pour la première fois du russe au français. Cette confrontation sur les mesures transitoires vers le socialisme, menée au feu de l’action, est d’une portée incalculable quant aux leçons à tirer pour le camp révolutionnaire. Elle peut nous aider à approfondir les critiques de la révolution russe, les raisons de ses échecs, la compréhension du « mensonge déconcertant » du « socialisme réel ». « Tout le pouvoir aux conseils ouvriers ! » - tel fut un des grands mots d’ordre de l’année 1917. Qu’en a-t-il été au lendemain de la révolution ? Quel regard critique portaient ces premiers oppositionnels sur leur propre action, sur les perspectives d’extension et d’approfondissement de la révolution ?
Le lecteur pourra enfin juger sur pièces. Le dossier qui accompagne ces textes, inédits pour la plupart, redonne quelques éléments de la polémique du débat sur la paix pour mieux situer les conditions de parution de la revue (deux articles de Lénine et un de Boukharine, extrait inédit lui aussi du premier numéro du journal quotidien « Kommunist » publié à Pétrograd le 5 mars 1918). Les contributions de Michel Roger et Guy Sabatier développent la discussion sur ces débats méconnus de la Russie soviétique. Une chronologie et des notices biographiques de tous les membres du comité éditorial de la revue complètent l’appareil critique.

Table des matières :
Avant-propos de l’éditeur
Remerciements
Préface : Lire « Kommunist » ? - Michel Roger
Kommunist n°1 - 20 avril 1918
Cinq mois après
Thèses sur la situation actuelle (1918)
La situation internationale
La construction du socialisme
Revue politique - Les héros de la trahison sociale
Notes économiques
Bibliographie
Kommunist n°2 - Avril 1918
Le 1er Mai
La politique extérieure de la République Soviétique
La construction du socialisme ( seconde partie )
L’anarchisme et le communisme scientifique
L’armée rouge
Réponses claires
À l’étranger : à propos de la monarchie bicéphale
Ce que j’ai vu
Le programme des réformes financières du commissaire du peuple Goukovski
Compte rendu : « L’économie mondiale et le capitalisme » de N. Boukharine
Kommunist n°3 - Mai 1918
À la veille
Un noble vieillard
La contre-révolution russe déguisée à l’ukrainienne
Certaines notions essentielles de l’économie moderne
Sur le chemin de l’organisation pour la construction socialiste de la vie économique
La famine prochaine
La réunion des communistes ukrainiens
Résolution sur la situation présente
La vie du parti
Melenki (gouvernement de Vladimir)
Le quartier de Gorodskoï (Moscou)
Le quartier de Basmannyï (Moscou)
La conférence des communistes en région
Le comité du PCR de la région de l’Oural (Iekaterinbourg)
Le quartier de Basmannyï (Moscou)
Bibliographie : « Les problèmes du socialisme », A. Bogdanov
Les revues hebdomadaires « Plamya » (La Flamme) n°1 et « Gryadouchtcheyé » (L’Avenir) n°2
Kommunist n°4 - Juin 1918
La lutte contre la contre-révolution
Le programme financier et le « capitalisme d’État »
À propos du pouvoir soviétique
Crise de la monarchie Austro-hongroise
Le clergé et la contre-révolution
Un congrès est nécessaire
Bilan de la conférence du parti de la Région industrielle centrale
Notes d’affaires
Chronique des évènements
L’assemblée du PCR de la ville d’Ivanovo-Voznessensk
L’assemblée du PCR de la région d’Ivanovo-Voznessensk
L’assemblée du PCR de la ville de Iaroslavl
L’assemblée de la région de Iaroslavl des 26-28 mai
L’assemblée des groupes lettons du parti de la région d’Oufa le 18 mai
L’assemblée du parti de la ville de Perm les 12-13 mai
Le quartier Basmanny (Moscou)
Le Comité Exécutif des Conseils de la région de l’Oural
Bibliographie
Nécrologie
Dossier
La fraction de gauche du parti bolchevik - Michel Roger
Débats méconnus dans la Russie soviétique - Guy Sabatier
Sur la phrase révolutionnaire - Lénine (Pravda, 21 février 1918)
Sur la phrase opportuniste - Boukharine (Kommunist de Pétrograd, 5 mars 1918)
Sur l’infantilisme « de gauche » - Lénine (Pravda, 9, 10 et 11 mai 1918)
Appendices
Principaux communistes de gauche en 1918
Signataires de la déclaration du 15 mars 1918
Repères biographiques
Organismes et institutions
Repères chronologiques
Références bibliographiques
Bibliographie complémentaire en langue russe
Index des noms et journaux cités

Ouverture de la souscription : 21 février 2011, clôture : 30 mars 2011
Date de parution prévue : 18 avril 2011
ISBN : 978-2-9528276-2-1
Format : 14 x 21 cm / 464 pages
Prix de vente en librairie : 20 €
Prix de la souscription : 15 €
Règlement par chèque à l’ordre de « SMOLNY » à poster à l’adresse suivante :
Collectif SMOLNY Bât. La Pastourelle / 47, route d’Espagne / 31100 TOULOUSE / FRANCE
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[parution] Les derniers forçats

Messagede nemo36 » 20 Nov 2012, 17:50

Salut,
on vient de l'éditer, c'est tout frais :


Les derniers forçats

Henry Marty-Philippe Martinez


C’est le bagne, celui des illégitimes qui d’habitude ne témoignent pas, que la lecture de ce livre dévoile. Ces témoignages de bagnards ne sont pas des pamphlets politiques, des manifestes contre l’injustice sociale ou contre l’univers carcéral. Leurs auteurs, Marty et Martinez, ne sont pas anarchistes, n’ont pas lu Proudhon ou Hegel. Et pourtant, c’est leur conscience de classe qui les pousse à écrire. Ni réfléchis, ni structurés, ces récits instinctifs sont nés de la plume de deux bagnards, de ces rares anonymes qui ont écrit sans pourtant avoir défié la chronique lors de leurs procès ; des milliers qui, meurtriers ou petits voleurs, finissent par mourir dans l’indifférence. C’est du bagne, celui de la pègre et des assassins dont ces écrits sont les témoins.
Ils révèlent cette histoire que l’on tait, ces hommes que l’on oublie, ces parias que l’on exile pour mieux se convaincre qu’ils ne sont pas les produits d’une société inégalitaire et répressive.

Dans ces pages sont libérés les écrits, jusque là inédits, des inconnus du bagne.
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224 pages / 12 euros

http://www.editions-albache.org/
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 08 Mai 2016, 15:45

Le mouvement ouvrier provençal à l’épreuve de la Grande Guerre

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Le mouvement ouvrier provençal à l’épreuve de la Grande Guerre

La guerre de 14-18 donne lieu à de nombreuses publications, expositions, commémorations, mais le mouvement ouvrier n’a certes pas été l’aspect le plus étudié ; l’ouvrage collectif coordonné par Gérard Leidet, édité par Syllepse et Promémo, approche l’histoire sous l’angle particulier de l’Union sacrée, du pacifisme et des luttes sociales.

Le CIRA, Centre International de Recherches sur l’Anarchisme, y a largement collaboré. Parmi les auteur-e-s, on peut citer Thierry Bertrand, Guillaume Davranche, Charles Jacquier, Françoise Morel-Fontanelli, Bernard Regaudiat et Jean-Louis Robert.

Le ralliement à l’Union sacrée

La première partie concerne l’ensemble du pays, la seconde et la troisième sont axées sur la Provence. Émaillé de notices biographiques sur les principales figures du mouvement ouvrier, abondamment illustré (dessins de presse, reproductions d’articles, affiches, couvertures de revue, graphiques, photos de monuments aux morts… ) le livre est une mine d’informations sur la période et une source de réflexions sur une période tragique et tumultueuse de l’histoire de France. Il éclaire les enjeux de l’époque, entre syndicalisme réformiste et révolutionnaire, entre repli nationaliste, patriotisme exacerbé et pacifisme internationaliste, militantisme qui promeut une lutte des classes sans frontières. Guillaume Davranche analyse le retournement de la situation, des déclarations et manifestations pacifistes, politiques et syndicales d’avant-guerre, à l’union sacrée prônée par la majorité socialiste et les leaders de la CGT, notamment Léon Jouhaux, applaudi par l’écrivain Maurice Barrès, député d’extrême-droite, après son discours sur la tombe de Jean Jaurès ! Frédéric Grossetti qui présente les militants socialistes marseillais, cite la rhétorique à l’œuvre : “Il est heureux de crier bien fort qu’après avoir fait l’impossible pour sauvegarder la paix en présence de l’agression brutale de l’impérialisme allemand, le devoir de tous les socialistes est de défendre la République française qui porte dans ses flancs la république sociale, contre l’odieux kaiser prussien. Vive la République universelle ! À bas l’Empire allemand”.

Les femmes dans les luttes sociales

Le bellicisme se fissurera cependant durant la guerre, mais restera majoritaire. Durant cette période, les ouvriers (français, étrangers, coloniaux ou prisonniers) et les ouvrières (25 ?% de femmes) vont être confronté-e-s à des baisses considérables de salaires et à des conditions de travail très pénibles pour participer à “l’effort de guerre”. Or, souligne Stéphane Sirot, ces années “ne sont pas un temps d’atonie des luttes sociales”, loin s’en faut. Après une relative accalmie, les grèves vont reprendre de plus belle en 1916 et 1917, et les femmes y tiennent un rôle très important. Les mouvements sont courts, souvent victorieux, et l’agitation sociale, très forte à Paris, gagne la province dans son ensemble et touche de nombreuses branches de l’industrie, malgré les risques très élevés de répression, de licenciement notamment, et pour les hommes français détachés à l’arrière, de retour au front. Les causes des mouvements sont diverses, salaires, horaires, solidarité… Un des mérites de l’ouvrage est l’accent mis sur les femmes dans le mouvement ouvrier ; si elles sont souvent frappées d’invisibilité, elles s’avèrent très présentes dans le livre, à commencer par la photo de couverture. Colette Drogoz leur consacre un chapitre intitulé “aperçus du mouvement ouvrier féminin des Bouches-du-Rhône pendant la Grande Guerre”, et la chronologie recense de nombreuses grèves où les femmes sont à l’œuvre, dès 1915, en Provence : allumettières de Marseille, ouvrières de la manufacture de tabacs, de la sècherie de morue à Port-de-Bouc ou du lavoir à laine de la cité phocéenne. Puis en 1916, suivent des grèves dans une usine de munitions, une cartonnerie, un commerce de grains, en 1917 chez les chapelières et les ouvrières à domicile. À noter toutefois que les femmes, notamment les “munitionnettes” seront renvoyées sans ménagement à leurs foyers après la guerre, tandis qu’émerge la “figure dominante du métallo […] l’industrie métallurgique devenant quantitativement la plus puissante” note Stéphane Sirot.

L’engagement pacifiste des instituteurs et institutrices

Deux chapitres, particulièrement intéressants pour notre histoire syndicale, traitent du combat contre la guerre des instituteurs et institutrices syndicalistes. L’un, signé par Loïc Le Bars, fait le point sur le plan national, l’autre, de Gérard Leidet, se consacre à la lutte pacifiste chez les Marseillais-e-s. À noter que si les femmes, malgré leurs luttes, n’occupent pas de fonctions dirigeantes dans l’ensemble du mouvement ouvrier, si elles ne prennent guère la parole dans les assemblées ou n’écrivent pas d’articles, elles sont au contraire bien visibles dans le milieu syndical enseignant ; plusieurs d’entre elles ont des responsabilités et tiennent une place éminente dansl’histoire de cette période, notamment Marie Guillot, Marie Mayoux et Hélène Brion. Je citerai d’emblée l’introduction de Loïc Le Bars : “Pierre Monatte a pu écrire de la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs et d’institutrices (FNSI) qu’elle avait été, au sein de la CGT, la seule fédération « restée fidèle durant la guerre à l’internationalisme ouvrier”. L’École Émancipée , sa revue créée en 1910 à l’initiative d’Ismaël-François Audoye, fut vite censurée. Le 3 Octobre 1914, Marie Guillot écrivait : “Pourquoi nous égorger mutuellement, Français, Allemands, Russes, Autrichiens, masse de gens qui demandent seulement la paix et du travail […] La guerre n’est que la manifestation la plus formidable, la plus facile à constater aussi, de la barbarie moderne”. L’École Émancipée interdite, la corporation enseignante continua à résister en faisant paraître L’École , puis L’École de la Fédération , malgré les “ciseaux d’Anastasie”. Les censeurs trouvèrent toujours à redire, un mot en allemand ou un poème de Victor Hugo suffisant parfois à déclencher leurs foudres. Un des aspects les plus significatifs de l’engagement de ces éducateurs et éducatrices est exprimé dans ces quelques lignes de Marie et François Mayoux : “ce que nous n’avons jamais accepté, ce que nous n’accepterons jamais, ce que nous repoussons du pied avec répugnance méprisante, c’est cette prétention du gouvernement de la République à nous transformer en agents politiques de la plus basse espèce, en propagandistes « anti-boches » qu’on voudrait nous voir jouer, en missionnaires de la haine la plus aveugle, enfin – honte et infamie – en bourreurs de crânes à l’usage de nos propres élèves.” Le couple Mayoux assuma toujours une position qui lui valut non seulement la révocation, mais aussi la prison. Bien d’autres militantes et militants subirent perquisitions, arrestations, procès, détention, et perdirent leur poste, notamment Julia Bertrand, Hélène Brionet Lucie Colliard. L’École Émancipée , fut et demeura durant le conflit, un « lieu de ralliement de l’opposition ouvrière à la guerre.” En conclusion, Gérard Leidet cite Pierre Monatte : “votre École (la revue) est, si je ne me trompe, le seul organe syndicaliste-révolutionnaire qui ait su à la fois rester fidèle à son passé et paraître régulièrement durant ces mauvais jours”.

De nombreuses approches complémentaires

Il est impossible de rendre compte des multiples facettes d’un ouvrage qui évoque aussi la culture pendant la guerre (théâtre populaire, chansons…) et des domaines moins directement liés au mouvement ouvrier ; l’image d’un départ “la fleur au fusil” dans l’allégresse générale est mise en pièces, tout comme “la légende noire” des provençaux, injustement calomniés, qui auraient été responsables des premières défaites. Joffre et le gouvernement avaient ainsi cherché à masquer leurs erreurs et leur impréparation face à la supériorité allemande. L’affaire du 15e Corps a été traitée ailleurs, mais le témoignage d’Yves Humann et l’analyse de Jacquier sont remarquables ; Colette Drogoz est allée en quête des rares monuments pacifistes de la région provençale, ceux qui tranchent avec la gloriole patriotique, dénoncent la guerre, ses horreurs et honorent ses victimes. Ils sont photographiés et commentés.

Enfin, des notes de lectures et des repères bibliographiques complètent le livre. Charles Jacquier mentionne Les sentiers de la gloire d’Humphrey Cobb et le célèbre film de Stanley Kubrick (1957), qui dut attendre 1975 pour être exploité en France. Dans la bibliographie, sont présentés Chansons contre la guerre : des lendemains qui saignent(1914-1918 ) de Dominique Grange, Taedi, Vernay, ainsi que Maudite soit la guerre , de Didier Daeninckx et PEF, à l’usage des jeunes générations.

Cette histoire pourrait paraître lointaine, mais la lecture d’un tel ouvrage ne pourra pas manquer de susciter des parallèles avec notre début de siècle où les nationalismes se réveillent, où les murs se dressent à nouveau à l’intérieur même des frontières de l’Europe, où le Parlement français, presque unanime, s’empresse de voter l’état d’urgence après les attentats sur le sol parisien, Front de Gauche inclus.

Marie-Noëlle Hopital
Le mouvement ouvrier provençal à l’épreuve de la Grande Guerre entre Union sacrée, pacifisme et luttes sociales (1909-1919 ), coordination Gérard Leidet, éditions Syllepse, Paris, et Promemo, Aix-en-Provence, octobre 2015, 342 p., 20 €.

À commander à l’EDMP (8 impasse Crozatier, Paris 12e, 01 44 68 04 18, didier.mainchin@gmail.com).

http://www.emancipation.fr/spip.php?article1333
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 03 Juil 2016, 13:16

dans Le Monde libertaire - n°1780 - 15 juin au 15 août 2016
http://gimenologues.org/spip.php?article671

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Re: Histoire

Messagede bipbip » 06 Nov 2016, 17:09

"Je n'irai pas !
Mémoires d'un insoumis"
d'Eugène Cotte

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« Eugène Cotte, jeune soldat blessé lors de la Première Guerre mondiale, écrit ses mémoires sur son lit d’hôpital : l’enfance bigote sur une terre ingrate ; l’adolescence ballotée de ferme en ferme ; l’éveil de la conscience politique, la rencontre avec des militants anarchistes paysans ; l’insoumission et le chemin de l’exil ; la condition ouvrière. Puis l’arrestation, la prison, la vie militaire et enfin la guerre… Les propos de Cotte sont d’une étonnante modernité : la place des femmes, l’éducation, les innombrables questions qu’il se pose sur l’individu et la société, le déterminisme… Tout résonne en nous : c’est bien à une conversation avec nous-mêmes et avec notre temps, que nous invite Eugène Cotte dans ses mémoires écrits il y a tout juste cent ans.

Eugène Cotte naît en 1889, dans une famille de paysans pauvres du Loiret. Il apprend très tôt ce qu’est la faim, la misère, l’esclavage des enfants de ferme, l’âpreté de sa condition.

Guillaume Davranche, auteur de la préface et de l’appareil de notes, est journaliste et chercheur indépendant en histoire sociale. Il est l’auteur de Trop jeunes pour mourir (éditions Libertalia, 2014) et a codirigé le Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone, dit le "Maitron des anarchistes". »

Editions La ville brûle, 224 pages, 15 euros.

http://utoplib.blogspot.fr/2016/11/vien ... aitre.html
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 25 Fév 2017, 19:03

Livre : Les Anarchistes russes, les Soviets et la Révolution de 1917

« Tout le pouvoir aux soviets ! » Ce cri de ralliement, opportunément confisqué et galvaudé par les bolcheviks à partir de 1917, Alexandre Skirda nous démontre avec brio qu’il est inscrit au cœur des habitudes du peuple russe, trop souvent présenté comme servile et résigné.

Dans un ouvrage richement documenté et récemment réédité par les indispensables éditions Spartacus, l’auteur aussi érudit que discret des Anarchistes russes, les soviets et la révolution russe de 1917 retrace avec soin les racines des coutumes libertaires historiquement présentes chez les populations slaves. Que ce soit à travers les mirs ou les vetchés (sortes de communes et de regroupements agricoles), celles-ci sont les héritières d’une longue tradition d’organisation collective et démocratique.

Ce n’est donc pas un hasard si la Révolution russe de 1917 a démarré sous les meilleurs auspices avec la constitution de centaines et de milliers de comités d’usine, de soldats et de paysans, prenant en main l’organisation de la vie économique et sociale. Et ce n’est qu’au prix d’un terrible coup de force que les militants bolcheviks reprirent à leur compte la grande révolution soviétique et la pervertirent par la centralisation étatique et la folie autoritaire.

Bien avant Kronstadt, dès le printemps 1918, les anarchistes seront les premières victimes de la répression du nouveau pouvoir. Emprisonnés, déportés, éliminés, ils payeront chèrement leur combat pour l’autonomie des soviets et leur opposition à la dictature du « prolétariat » ou plutôt de ses pseudo-représentants.

À travers un remarquable travail d’historien, compilant sources inédites et traductions, le russisant Alexandre Skirda démontre irréfutablement l’affiliation directe entre léninisme et stalinisme.

Les crimes du second n’ayant été rendus possibles que par l’acharnement du premier à étouffer les instincts de liberté du peuple russe par la mise en place d’un appareil d’État impitoyable. Les gènes de la dégénérescence totalitaire étaient inscrits au plus profond de la conception autoritaire du pouvoir bolchevique.

Dans une seconde partie plus convenue, l’historien regroupe une série de quatorze textes datant de 1918 à 1927 dans lesquels ils donnent la parole à des libertaires ayant vécu de près ou de loin la Révolution russe. On y retrouve évidemment Alexandre Berkman, Emma Goldmann et Piotr Archinov, mais aussi des personnages moins connus tels que Anatole Gorélik ou Valesky. Mention spéciale pour les analyses de Rudolf Rocker et Efim Yartchouk sur les origines du système des soviets et leur rôle dans la révolution russe.

Alexandre Skirda clôt ce livre savant par une savoureuse lecture de l’anarchisme dans l’historiographie soviétique. On ne manquera pas de sourire – ou de bondir – devant les anathèmes, contre-vérités et qualificatifs dispensés par la propagande bolchevique.

Cet ouvrage, brillant quoique parfois un peu indigeste, a le grand mérite de nous rappeler les mérites des anarchistes pendant la révolution de 1917, mais aussi et surtout les raisons de leur échec. C’est à la lumière de cette expérience historique unique que les militants communistes libertaires d’aujourd’hui doivent forger leurs pratiques et leur capacité d’organisation afin d’ouvrir à nouveau l’horizon radieux de la révolution sociale.

Julien (AL Montpellier)

• Alexandre Skirda, Les Anarchistes russes, les Soviets et la Révolution de 1917, Spartacus, 2016, 348 pages, 19 euros.

http://www.alternativelibertaire.org/?L ... russes-les
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 28 Fév 2017, 16:30

Une histoire des révoltes en France

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L'histoire reste un enjeu politique, entre commémoration et falsification. Loin d'un récit qui valorise les "grands hommes" et les institutions, les révoltes des anonymes apparaissent comme le véritable moteur de l'histoire.

L’histoire de France est devenue un enjeu mémoriel pour les hommes politiques. L’identité, le nationalisme franchouillard et autres gauloiseries sont justifiés par la mémoire historique. Mais il existe une autre France que celle des rois, des empereurs, des présidents, des lois et des institutions. C’est la France des anonymes, des classes populaires et de leurs luttes. L’historienne Michelle Zancarini-Fournel propose une somme sur le passé de la France qui ne figure pas en tête des manuels scolaires. Dans le volumineux Les luttes et les rêves, elle retrace une « histoire par en bas ».

Michelle Zancarini-Fournel s’inspire notamment de la démarche de l’historien Edward P. Thompson qui observe la création de la classe ouvrière. « J’ai tenté d’écrire ici une histoire des dominé.e.s, une histoire située des subalternes, qui s’appuie autant que possible sur leur expérience, telle que l’on peut la reconstituer, tout en étant attentive aux cadres sociaux, c’est-à-dire aux contraintes qui ont pesé sur elles et sur eux », présente Michelle Zancarini-Fournel. L’historienne évoque les groupes sociaux et les individus, la politique et l’intime. Elle propose aussi une histoire sensible, avec ses cris, ses sons, ses chants et ses émotions.

Ce livre de référence aborde une vue d’ensemble de l’histoire de France. Il permet de rendre accessible les recherches historiques les plus approfondies. Michelle Zancarini-Fournel propose une histoire globale qui peut également alimenter diverses réflexions sur des sujets plus précis.

... http://www.zones-subversives.com/2017/0 ... rance.html
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 26 Mar 2017, 14:40

LES SPARTAKISTES : 1918, L’ALLEMAGNE EN RÉVOLUTION

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Novembre 1918, la défaite de l’Allemagne jusqu’alors inenvisageable se révèle brusquement inévitable. Aussi, lorsque les marins de Kiel se soulèvent pour s’opposer aux jusqu’au-boutistes, face à la déliquescence du pouvoir, c’est le pays entier qui s’embrase.

Le 4 août 1914, ignorant les résolutions de l’Internationale, les sociaux-démocrates allemands (S.P.D.) avaient renoncé à la grève générale et voté l’entrée en guerre que proposait le gouvernement. L’aile gauche du Parti, minoritaire, fut expulsée et fonda le parti social-démocrate indépendant (l’U.S.P.D.). Les Spartakistes y adhéraient.
Gilbert Badia, s’appuyant sur de nombreuses déclarations et documents, rend compte au jour le jour de l’évolution des rapports de force. Si les conservateurs confient d’abord le gouvernement aux Majoritaires du S.P.D. dans l’espoir de conserver le contrôle sur les évènements, d’empêcher une contamination de la Révolution russe et d’exempter l’armée de la responsabilité de la défaite et de l’armistice, de vives tensions apparaissent rapidement avec les Indépendants. Les Spartakistes font paraître à partir du 9 novembre, Die Rote Fahne, dans lequel ils vont inciter à la création de Conseils d’ouvriers et de soldats, pousser à la révolution sociale et l’organiser. Garde rouge ou restauration de la hiérarchie dans l’armée, socialisation ou statu quo, assemblée nationale ou Conseils, les sujets de désaccord ne manquent pas.
Le 30 décembre, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg fondent le Parti communiste allemand (K.P.D.) avec la mention « Ligue Spartakiste » (Spartakusbund).
Le gouvernement va multiplier les provocations pour susciter des réactions et justifier ainsi la répression. C’est la réaction populaire spontanée qui fera échouer l’attaque du Château de Marstall, à Berlin, le 23 décembre dans lequel s’était retranchée la Division populaire de la Marine, érigée comme initiatrice et gardienne de la révolution. Les grèves se multiplient pour réclamer de meilleurs salaires. Face à la radicalisation des masses, une campagne de haine anti-spartakistes est déclenchée. Le 11 janvier, les troupes entrent dans Berlin et massacrent les ouvriers, écrasent « le joug terroriste ». Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg sont assassinés le 15 janvier 1919.

L’attitude du parti social-démocrate, désormais souillé de sang et prisonnier de son alliance avec les officiers qui n’ont rien renié de leurs convictions, prépare le terrain à l’avènement du national-socialisme. À la veille de sa mort, Rosa Luxemburg signait un dernier article dans Die Rote Fahne, dans lequel elle comparait les évènements en cours à « l’ivresse de la meute des partisans de l’ « ordre », la bacchanale de la bourgeoisie parisienne dansant sur les cadavres des combattants de la Commune, cette bourgeoisie qui venait de capituler lâchement devant les Prussiens et de livrer la capitale à l’ennemi extérieur après avoir levé le pied. »

Étude historique extrêmement rigoureuse et documentée sur une période peu évoquée. Analyse minutieuse des circonstances et des causes de cette révolution ainsi que des raisons de son échec.

LES SPARTAKISTES : 1918, L’ALLEMAGNE EN RÉVOLUTION
Gilbert Badia
342 pages - 10 euros
Éditions Aden - Bruxelles - septembre 2008

http://bibliothequefahrenheit.blogspot. ... .html#more
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 01 Avr 2017, 15:38

De la Russie à l’Argentine. Parcours d’un anarchiste au début du XXe siècle

Après la « Révolution de 1905 » qui secoue l’empire tsariste, Simon Radowitzky (1889 – 1956) fuit la Russie pour échapper à la répression policière. Il se réfugie en Argentine en 1908. Actif dans les réseaux anarchistes de ce pays, il est condamné au bagne pour avoir tué en novembre 1909 le chef de la police, responsable du massacre du 1er mai 1909 à Buenos Aires. De la Russie à l’Argentine, de l’Uruguay à l’Espagne, ce petit livre retrace la vie tumultueuse d’un anarchiste.

L’intégralité du livre est disponible en pdf sur le site nagan.noblogs.org

Pour celles et ceux qui veulent se procurer une version papier, à prix libre, faîtes en la demande à nagan@riseup.net

Ci-dessous, la courte introduction du livre :

Rien n’est plus périlleux que l’écriture d’une biographie. Le risque est de faire des torsions historiques autour d’une centralité exacerbée, et ceci par des procédés narratifs qui illusionnent, celles et ceux qui lisent, quant à la place réelle de la personne ainsi racontée. Ce décalage nécessaire, qui est le fondement même de la biographie, déforme ce qu’elle décrit comme sous l’effet d’une loupe. Bien sûr elle puise dans des faits historiques, mais elle reste néanmoins un style littéraire, au même titre que le thriller, la science-fiction ou le conte. Nos sources sont multiples et, évidemment, très partielles. La biographie ne décrit pas une vie mais ce que nous en savons. Notre intention dans ce petit livre est de présenter Simon Radowitzky dans le contexte qui est le sien, sans volonté d’en faire un super-héros, un martyr ou une « personnalité historique ». « Ni dieu, ni maître » est une rime anarchiste de « Ni croyance, ni exemple ». Ce livre donne donc à lire un peu de ce qu’il se passe en Ukraine et en Argentine, en ce début de XXème siècle, à travers le parcours de vie tumultueux d’un anarchiste juif russo-argentin.

Simon Radowitzky est un de celles et ceux, innombrables et intemporels, qui, face à l’existant, décident de l’affronter. De s’y confronter de mille façons, sans s’imaginer être l’épicentre fantasmé d’une nécessaire destruction. Une histoire singulière qui a retenu notre attention et que nous voulions partager.

« Je ne suis rien, mais pour chacun de vous je suis une bombe » aurait-il dit – cette courte introduction lui est dédicacée.
Et aux autres innombrables.

https://mars-infos.org/de-la-russie-a-l-argentine-2238
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 05 Avr 2017, 14:00

Le Mythe bolchevik
Journal 1920-1922
Alexander Berkman

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L'auteur de ce Journal, sans doute « le seul à avoir été tenu en Russie durant ces années mémorables (1920-1922) », n'est ni un réactionnaire, ni un conservateur, ni un libéral, mais un révolutionnaire communiste anarchiste, un enthousiaste de la Révolution. Comme il l’écrit, Octobre 1917 a été pour lui le plus grand événement de sa vie, le moment inouï où toutes ses aspirations à l’émancipation humaine étaient soudain susceptibles de s’accomplir, d’être enfin satisfaites. D’où la question : comment, par quelles voies un enthousiaste de la révolution de 1917 a-t-il pu écrire un livre qui a pour titre : Le Mythe bolchevik, et pour visée une démystification informée et impitoyable de cet événement qui a constitué jusqu’en 1989 un des piliers de notre monde, de notre horizon historique ? C’est qu’en dépit de son enthousiasme pour Octobre, Alexandre Berkman n’accepta pas davantage une soumission sans réserve au bolchevisme. Il choisit le rôle de collaborateur et d’observateur critique qui, au fil des mois et des événements, se transforma peu à peu en une position plus en retrait, celle d’un guetteur averti, inquiet, soucieux de percevoir le ou les moments où l’événement révolutionnaire s’exposait à basculer soudain en son contraire, quand une forme d’opposition à la révolution naît de l’intérieur de la Révolution (Karl Korsch).

Historiquement, la particularité du bolchevisme est d’être contemporain de la forme institutionnelle inédite qui le nie, à savoir les Soviets contre l’État qui prétend à tort s’identifier à la Révolution. Le journal de Berkman fait apparaître le sans-précédent du bolchevisme : comment la contrerévolution s’exerce contre une inventivité révolutionnaire nouvelle, les conseils d’ouvriers et de paysans, et à Cronstadt, en 1921, le Comité révolutionnaire de marins et de soldats, écrasé au moment même où l’on célébrait l’anniversaire de la Commune de Paris.

Voilà pourquoi le livre que vous tenez entre les mains est exceptionnel. Il porte, au-delà d’Octobre, une autre vision de l’histoire du vingtième siècle et, du même coup, une autre appréhension du présent.


http://www.klincksieck.com/livre/?GCOI=22520100147510
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 07 Avr 2017, 16:48

PETITE HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome 2 : l’Empire

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Ce second volume de la Petite histoire des colonies françaises s’intéresse à la construction de l’Empire colonial en Afrique, en Océanie et en Asie. Charles X va se servir du ressentiment nationaliste de la jeune génération pour conquérir des pays moins puissants que l’Angleterre sur laquelle Napoléon s’était cassé les dents.

Débutée en 1827, la « pacification » de l’Algérie ne s’acheva qu’en 1871 après avoir écrasé de nombreuses résistances dans le sang. Créés en 1848, les trois départements français d’Algérie furent progressivement colonisés par des populations du sud de la France puis d’Alsace-Lorraine, conquise par l’Allemagne, rejointes par des Espagnols, des Italiens et des Maltais en nombre presque aussi important et naturalisés en 1889. La spoliation des terres et le développement de l’agriculture productiviste favorisèrent l’émergence rapide de grands propriétaires et creusèrent les inégalités. La crainte de la majorité musulmane, transformée en racisme, occultait toute possibilité de lutte des classes.
C’est avec une ironie corrosive que ce cours d’histoire en bandes dessinées nous est donné, rendant l’exercice plus digeste. L’humour s’avère un outil critique efficace : il dénonce sans besoin de démonstration ni considération moralisatrice.

En Tunisie et au Maroc, la France instaura des protectorats. Leurs dirigeants ayant contracté des dettes importantes, il fut facile de les soumettre, de les maintenir en place tout en les liant par des traités qui leur offraient protection, contre les vélites colonisatrices des autres puissances européennes et les rébellion indigènes, en échange de la mise à disposition des terres, des ressources naturelles et de la main d’œuvre : traité du Bardo en 1881 et traité de Fès en 1912. Ce ne fut pas sans violences, pillages et destructions, mais comme le précise le Général de Gaulle, narrateur de cette leçon d’histoire « croyez-moi, ce n’était pas de gaité de cœur. Mais quand on a en face de soi des gens arrogants et mal-polis alors que sans l’argent de nos banques, leur pays serait en faillite, ce n’est pas facile de maîtriser ses nerfs. »

C’est en contenant difficilement son envie d’éclater de rire qu’il raconte ensuite la Conférence de Berlin pendant laquelle, en 1884, 14 pays se partagèrent l’Afrique Noire. Ils s’engageaient à maintenir l’ordre et à respecter les frontières, pour garantir la bonne marche des échanges commerciaux. Léopold II, roi des belges, réclama, pour possession personnelle, le Congo, un territoire soixante-seize fois grand comme son pays. Et l’armée française mis en place de nouveaux protectorats, en causant beaucoup de victimes, montant les tribus les unes contres les autres. Parfois, des troupes échappaient au contrôle de la métropole, comme la colonne Chanoine et Voulet par exemple qui sema la terreur du Sénégal au lac Tchad : destruction de Ouagadougou et de nombreux villages, extermination brutale et systématique des populations. Il fallu envoyer des troupes pour stopper sa folie sanguinaire.

Il rappelle que les insurgés de la Commune de Paris, déportés au bagne en Nouvelle Calédonie, furent utilisés dans la répression contre la grande révolte des Canaques en 1878. Il affirme que si la Compagnie des Indes n’avait pas été réduite à néant par les anglais pour empêcher les français de bâtir un véritable empire en Inde et y « planter du thé sur des millions de kilomètres carrés ». « Si nous étions restés, nous aurions planté du maïs à ensilage pour nourrir les vaches sacrées, elles auraient quand même eu meilleure mine. » Après la guerre du Tonkin (1881-1885) qui stoppa l’influence française en Chine, naquit, en 1887, l’Union Indochinoise.

« En 1914, le bonheur régnait dans nos colonies enfin pacifiées. Mais la première guerre mondiale vint briser cette harmonie. » De nombreux hommes originaires de ces territoires « s’engagèrent d’eux-mêmes dans nos armées et donnèrent leur vie pour défendre un certaine idée de la France, patrie des Droits de l’Homme, du respect des cultures et par dessus tout, de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes. »

L’auteur, qui maitrise parfaitement son sujet tout en retenant l’essentiel, parvient à conserver ce ton, d’une redoutable et mordante efficacité, sur toute la longueur. À chaque page, un strip sans parole de quelques cases complète le texte historico-ironique, très souvent en contrepoint, pour aller au delà d’un propos plutôt que de l’illustrer consciencieusement. Ces scènettes à chute viennent renforcer la satire.
Pédagogique et distrayant à la fois : comprendre la colonisation, ses enjeux, ses méthodes. « Tout français à le droit de savoir ce qui s’est réellement passé car ça finira par se savoir un jour. »

PETITE HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES.
Tome 2 : l’Empire
Grégory Jarry et Otto T.
Éditions FLBLB – Poitiers – 2007
126 pages – 13 euros
http://flblb.com/

Voir aussi le tome 1 :
PETITE HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES.
http://bibliothequefahrenheit.blogspot. ... aises.html

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Re: Histoire

Messagede Pïérô » 09 Mai 2017, 01:04

Les chemins du communisme libertaire en Espagne 1868-1937

Premier Volume • Et l’anarchisme devint espagnol : 1868-1910

En librairie le 12 mai 2017

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« L’intérêt est de savoir comment les gens du commun sont capables de faire une révolution sociale, et cet événement ne se produit pas en un jour. Il est donc important de parcourir l’itinéraire qu’ils ont suivi pour en arriver à un tel engagement total. »
Pere López, Barcelone, 2013

Au début des années trente, le mouvement communiste libertaire espagnol a focalisé en lui un immense espoir de révolution sociale auprès d’une partie du mouvement ouvrier. Et c’est en Espagne, en 1936-1937, que s’expérimenta – à des degrés divers et en certains endroits seulement – l’unique mise en pratique du premier objectif avancé par les courants révolutionnaires marxistes et libertaires depuis le XIXe siècle : l’abolition du travail salarié.

La genèse du processus qui a mené à ce début de sortie des rapports sociaux capitalistes nous fait remonter aux années 1868-1872, quand les idées et pratiques anarchistes en cours d’élaboration dans le creuset de l’AIT, puis de l’Internationale anti-autoritaire, se combinèrent avec le fond anti-étatiste, anticlérical et anticapitaliste d’une partie des classes populaires espagnoles.

Dans l’état de décomposition et de passivité avancées de notre époque, où nous sommes trop souvent confrontés à l’idée que le capitalisme est increvable, il n’est pas mauvais de revisiter des temps où ce système fut déjà perçu, détesté et combattu pour ce qu’il est : un moment de l’histoire où l’énergie humaine est posée comme la première des marchandises.

À l’invitation des éditeurs de la toute jeune maison « Divergences [1] », il s’agissait au départ de republier une petite brochure imprimée et diffusée à quelques exemplaires par « La Sociale » de Montréal : De la lucha por Barcelona à El elogio del trabajo. L’anticapitalisme des anarchistes et des anarcho-syndicalistes espagnols des années trente. [2]

Entre-temps la mise en circulation de données du petit réseau giménologique nous a ramené quelques pépites, qu’il vaut la peine de faire connaître en France. Ici en l’occurrence, il s’agit d’un travail de thèse, mis à disposition avec son matériau par un jeune historien barcelonais [3]. Fran Fernández a rassemblé et commenté quantités de documents sur les premiers groupes d’affinités, composante essentielle du mouvement anarchiste espagnol, et il a mis en évidence leur dimension internationale. Quand ils n’étaient pas en prison, ces propagandistes publiaient à tour de bras des tracts, des brochures et des journaux : ils sont à l’origine de la première formule du fameux journal Tierra y Libertad en 1888 [4]. Par ce travail, Fran veut contribuer à battre en brèche certaines publications historiennes selon lesquelles « entre 1888 et 1910 l’anarchisme fut un mouvement presque sans aucune incidence sociale au-delà de son action terroriste ».

Et puis, comme d’habitude, des lectures croisées, des suggestions d’autres aficionados, des archives mises à disposition sur des sites que nous recommandons [5] ont fait que ce petit volume, imprévu, a vu le jour, en guise d’introduction à la reprise élargie de La lucha por Barcelona …

Les giménologues, 29 avril 2017.


Table des matières du volume 1 des Chemins du communisme libertaire en Espagne

Prologue

Chapitre I : De l’associationnisme à l’AIT
Fédéralisme et révolution sociale
La création de la FRE
La Commune de Paris et ses conséquences : « Les révolutions ne seront pas politiques mais sociales »
Le congrès de Saint-Imier
Le temps des soulèvements

Chapitre II : L’AIT antiautoritaire : du collectivisme au communisme anarchiste
La critique des principes collectivistes
Encore un héritage de la Commune de Paris
L’individu, la libre association, la commune
Les appels aux travailleurs des campagnes

Chapitre III : La réception en Espagne des principes communistes anarchistes
La propagande par le fait et l’insurrectionalisme
La longue période de clandestinité de la FRE (1874-1881)
Constitution de la FTRE : réaffirmation du collectivisme et tensions internes
La poudrière andalouse
Les difficiles débats entre collectivistes et communistes anarchistes
Les pionniers (et pionnières) anarcho-communistes de Gràcia
La fin de la FTRE
« Il serait bon de savoir jusqu’où nous voulons démolir »
La radicalisation des groupes communistes
La mort de Martí Borràs
En guise de bilan

Chapitre IV : Aperçu sur le renouveau syndical jusqu’à la création de la CNT
Annexes
Annexe A : Le « salariat collectiviste », selon Kropotkine
Annexe B : Élisée Reclus : À mon frère le paysan, 1899.
Chronologie
Bibliographie et Sources
Index


[1] https://editionsdivergences.wordpress.com/

[2] On en trouvera le texte ici : http://gimenologues.org/spip.php?article659

[3] Francisco de Paula Fernández Gómez : Anarcocomunismo en España (1882-1896). El grupo de “Gràcia” y sus relaciones internacionales. Universitat Autònoma de Barcelona, 2014. Fran et d’autres nourrissent un site bien intéressant d’histoire sociale : https://serhistorico.net/

[4] L’origine anarcho-communiste de ce journal fameux n’apparaît pas dans certaines historiographies. On peut télécharger tous les numéros ici : http://www.nodo50.org/anomia/arxiu/Tierraylibertad.html

[5] « Archives et sources de la gauche radicale et/ou extraparlementaire » qui met à disposition pleins de trésors : http://archivesautonomies.org/
Celui de Michel Antony : « Utopies libertaires et autogestionnaires » : http://www.acratie.eu/
Et si l’on aime les photos et les cartes postales, on ira se balader sur le « site international de cartes postales anarchistes » d’Eric le cartoliste : http://cartoliste.ficedl.info/
Qui alimente aussi un copieux site de biographies avec photos et en-têtes de journaux : http://www.ephemanar.net/
Et, encore et toujours, celui du CIRA de Lausanne : http://www.cira.ch/

http://gimenologues.org/spip.php?article717
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Histoire

Messagede bipbip » 29 Juil 2017, 17:52

Extrême gauche et anarchisme en Mai 68
Avant, pendant, après : 50 ans d’histoire

Jacques Leclercq, Éditions l’Harmattan, 2017, 39 euros.

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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les gauchistes sans avoir jamais osé le demander ! Après plusieurs essais sur la droite et l’extrême droite, Jacques Leclercq publie un nouveau livre.

Dans cet épais volume de 560 pages (!), l’auteur dresse un panorama de la gauche radicale. On y croise cinquante nuances de trotskisme, diverses obédiences maoïstes, des anarchistes, et puis toutes les variations de l’ultra gauche : bordiguistes, conseillistes, situationnistes ou autonomes. Fractions, scissions, recompositions, entrisme, trahisons et petits complots… L’auteur détaille par le menu les évolutions depuis plus d’un demi-siècle des forces qui ont fait Mai 1968 et plus largement l’extrême gauche dans ce pays.

L’ouvrage est richement illustré, principalement par les archives personnelles de l’auteur. Tracts, affiches, journaux (dont certains assez rares) illustrent l’ouvrage.

Pierre Banon

http://www.anti-k.org/2017/07/28/extrem ... dhistoire/
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