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L'excommunication prononcée par la pape François il y a un an peut-elle mettre fin à la collusion entre l'Église et la mafia italienne ? Le spécialiste anglais de la mafia John Dickie enquête sur les liens complexes unissant depuis des décennies en Italie les hommes d'Église et les "hommes d'honneur".
Chercheur et journaliste, le spécialiste anglais de la mafia John Dickie enquête sur les liens complexes unissant depuis des décennies en Italie les hommes d'Église et les "hommes d'honneur". En juin 2014, quand le pape François excommunie solennellement, devant des milliers de personnes rassemblées à Reggio di Calabria, tous ceux qui œuvrent pour la mafia, il s'agit d'une rupture majeure. Jusque-là, en Italie, entre l'Église catholique et les membres d'organisations criminelles qui ont toujours affiché leur attachement à la foi, le compromis, voire la collaboration, avait majoritairement prévalu. L'excommunication papale n'a pas empêché une procession religieuse villageoise, deux semaines plus tard, qui rendait ostensiblement hommage à un boss de la N'Drangheta, la mafia calabraise…
Terres mafieuses
Retraçant soixante ans de l'histoire méconnue qui lie l'Église et la mafia, entre collusion et résistances, John Dickie explore les terres mafieuses de l'Italie à la rencontre de témoins de tous bords (prêtres, repentis, policiers, spécialistes du Vatican…). Il montre ainsi que, comme au sein de la Démocratie chrétienne, nombre de représentants de l'Église, du haut en bas de la hiérarchie, ont tacitement cédé à la garantie de pouvoir et d'aide financière offerte par les organisations criminelles. Il rappelle quelques-uns des scandales retentissants qui ont émaillé l'histoire récente, dont la faillite de Banco Ambrosiano, en 1982, qui avait éclaboussé la banque du Vatican. Il évoque aussi les attentats à la bombe lancés en 1993 contre des églises de Rome, en réponse à la condamnation publique de la mafia par Jean-Paul II, et tente d'évaluer les possibles conséquences de l'excommunication prononcée par François.
http://www.alternativelibertaire.org/?V ... -TrepaliumVoir : La série « Trepalium »
Les six épisodes de la série Trepalium – produite en 2015 et diffusée sur Arte en février – nous projettent dans un futur proche, au cœur d’une agglomération qui n’est jamais nommée et située, et qui pourrait être partout dans les pays capitalistes avancés. La population est séparée en deux par un mur lourdement gardé. D’un côté, la « Zone », ou survivent les 80 % de chômeurs et chômeuses, de l’autre, la « Ville » ou habitent les 20 % d’actifs et d’actives et où trônent les sièges des multinationales.
Un groupe révolutionnaire clandestin de la Zone, « les activistes », réussit à faire pression sur le gouvernement et à le contraindre à l’emploi de 10 000 « travailleurs solidaires » recrutés dans la Zone. Cette mesure crée une interface dans une société séparés pendant trente ans par le mur et par deux réalités diamétralement opposées, . Le scénario met en scène une Zonarde, Izia, mère célibataire combative, qui veut réunir de l’argent pour partir avec son fils dans le « Sud, ou il y a du travail pour tous », employée solidaire chez un actif, Ruben, père d’une enfant « mutique » prêt à tout pour obtenir une promotion au sein de la multinationale Aquaville.
Au fil des épisodes, le système d’apartheid social symbolisé autant que matérialisé par le mur de séparation se détaille. C’est l’approfondissement du capitalisme qui a exigé pour les dominants le recours au mur. Mais le déclassement est une épée de Damoclès pour celles et ceux qui vivent en ville, monde lisse et uniforme, émaillé de gadgets technologiques, où l’on vit en permanence sous la peur du licenciement, et de l’expulsion dans la Zone qui en résulte, où l’on se plie à l’autodiscipline de vie sévère d’une société ou le travail est vide de sens, où le management d’entreprise extrême fait loi, et où dès leur jeune âge les enfants sont socialisé-e-s dans le seul but de devenir des actifs performants ; de l’autre côté du mur, le rêve de l’emploi, et de l’accès à la ville est puissant pour les Zonards, que la volonté de survie réduit aux comportements les plus individualistes pour trouver de l’eau ou de quoi manger, où le rêve de l’exil, de la migration clandestine dans un Sud fantasmé où l’on peut travailler… mais les passeurs exigent beaucoup d’argent et cet horizon lui aussi est muré.
On perçoit la société de contrôle que nous dépeint Trepalium également du côté du pouvoir. Maintenir les apparences et maintenir l’ordre social sont les deux plus lourds impératifs du gouvernement, objectifs réalisés à grand renfort de communication et par la force. Mais l’alternance entre les postures politiciennes suffira-t-elle pour colmater les fissures d’une société qui ploient sous d’aussi lourdes contradictions ?
Cette série accessible offre une vision incarnée et scénarisée de notre critique du lisse cauchemar capitaliste et des contre-utopies ravageuses portées par ses élites. De ce point de vue, elle ne peut qu’être bien accueillie par celles et ceux qui luttent aujourd’hui contre le capitalisme et son monde, bien qu’en symétrique on puisse regretter, en tant que communistes libertaires, que les résistances présentées dans cette fiction soient relativement lisses elles aussi, ce dont vous vous ferez une idée en allant jusqu’à l’épisode final.
Étienne (Grenoble)
• Trepalium, de Antarès Bassis, et Sophie Hiet, 2015, 6 x 52 min.
Comment le culte et le marché de la performance sportive condamnent les athlètes de haut niveau à une escalade néfaste, avec des dommages souvent irréversibles pour leur santé. Une enquête exceptionnelle sur une réalité occultée.
Incarnation de l'effort, de l'excellence et de la réussite, les athlètes de haut niveau sont devenus des icônes modernes. À l'échelle mondiale, les compétitions qu'ils disputent constituent le plus fédérateur des spectacles. Pesant désormais 3 % du commerce mondial, à l'égal des secteurs du textile ou de l'automobile, le sport de haut niveau est en effet entré, depuis trois décennies, dans l'ère du marché. Conséquences fréquentes : recours au dopage presque systématique, surmédicalisation constante, accélération des rythmes d'entraînement, réduction des temps de récupération ou de repos après blessure, obsession du record... Dans la course vers toujours plus de médailles et toujours plus de spectacle, combien de temps encore la performance à tout prix passera-t-elle avant la santé des athlètes ? Car quand vient l'heure de quitter le terrain et de disparaître des écrans, beaucoup se retrouvent victimes de pathologies lourdes, qu'ils doivent affronter seuls.
Modernes gladiateurs
Xavier Deleu et Yonathan Kellerman ont recueilli les témoignages exceptionnels et courageux d'athlètes qui ont accepté de parler ouvertement des maux que taisent la plupart de leurs pairs. Car ce qu'ils ont enduré ou endurent encore, tant physiquement que moralement, est le lot de très nombreux sportifs : dépression, séquelles du dopage et de la surmédicalisation, maladies professionnelles apparues récemment dans plusieurs disciplines... Des thèmes tabous que les fédérations sportives et les médias rechignent à évoquer, pour préserver l'image lisse de la grande fête du sport. Laurent Brochard, ancien champion cycliste qui peine à rebondir, Kyle Turley, footballeur américain atteint comme des milliers d'autres d'une maladie neuro-dégénérative, Jutta Gottschalk, ex-nageuse est-allemande dopée qui a donné naissance à une fille infirme, ou Maurizio Vasino, footballeur qui perd peu à peu l'usage de ses membres, apparaissent ici comme autant de gladiateurs modernes, victimes du "sport système". La sprinteuse Christine Arron, les footballeurs Jean-Pierre Papin et Gennaro Gattuso, et le coureur britannique Colin Jackson, qui s'en sont mieux sortis, dévoilent avec une égale sincérité ce qu'est le quotidien d'un grand athlète d'aujourd'hui.
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