Offensive, périodique de l'OLS

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Messagede barcelone 36 » 20 Déc 2011, 20:47

Offensive n°32 : Libération sexuelle ?

http://offensive.samizdat.net/

En librairie...

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Sommaire

en bref ici 4-5

Analyses
L’énergie, un problème central 6-7
L’Argent est-il devenu obsolète ? 8-9
Squat 10-11

Histoire
La civilisation du gaspillage 12-13

En lutte
No Border Calais 14

Dossier : Libération sexuelle ?
Pas de révolution sans libération sexuelle ! 16-18
Éducation sexualisée vs éducation sexuelle 19
Corps en (dés)accords 20-21
Vieillesse, le sexe buissonier 22-23
Pornographie, l’économie des corps 24-25
Une « libération sexuelle » à géométrie variable 26-27
Si je veux, quand je veux ! 28-29
La contraception masculine 30
Plaisirs solitaires 31
Et les hommes… ? 32-33
Je t’aime si tu es libre… 34-35
En finir avec le tout-génital 36
Utopies sexuelles 37

Horizons
Emeutes urbaines 38-40

en bref ailleurs 41

Entretien
La galaxie Dieudonné 42-45

Alternatives
Les ateliers vélo 46-47

Contre-culture
Livres – Musique – Arts vivants – Cinéma 48-51
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Re: Offensive n°32 : Libération sexuelle ?

Messagede Vieille Chouette » 23 Déc 2011, 00:04

Le journal qui sort une fois tous les trois mois et qui trouve rien de mieux à foutre que de cracher sur les organisations libertaires :v:
Je sais que les asiles et les prisons de ce pays, sont le dépôt des inclassés, des nouveaux enragés, je sais qu'faut se courber et toujours rester muer, se plier, s'laisser bouffer, et en redemander... (Kyma - Les grands vides pleins)
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Re: Offensive n°32 : Libération sexuelle ?

Messagede SchwàrzLucks » 23 Déc 2011, 00:50

Vieille Chouette a écrit:Le journal qui sort une fois tous les trois mois et qui trouve rien de mieux à foutre que de cracher sur les organisations libertaires :v:


Pas eu cette impression en lisant d'anciens numéros ? D'où sors-tu ça ?

Après, effectivement il semblerait que l'OLS ait pour seule activité de sortir ce journal. Mais j'ai pas de tel souvenir. Tu ne confonds pas avec un autre journal qui a du passif à ce niveau ?
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Re: Offensive n°32 : Libération sexuelle ?

Messagede Vieille Chouette » 23 Déc 2011, 10:35

Non il me semble bien que ce soit eux, mais y'a un petit moment de ça quand même. Heureusement c'est pas le cas à chaque numéro...

De quel autre journal parles tu sinon ?
Je sais que les asiles et les prisons de ce pays, sont le dépôt des inclassés, des nouveaux enragés, je sais qu'faut se courber et toujours rester muer, se plier, s'laisser bouffer, et en redemander... (Kyma - Les grands vides pleins)
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Re: Offensive n°32 : Libération sexuelle ?

Messagede barcelone 36 » 24 Déc 2011, 00:18

ah bon ils chient sur toutes les orgas??? Jamais lu ça dans le canard.

En tout cas sans être à l'OLS je me suis permis de faire de la pub car je trouve qu'ayant parfois de profonds désaccords sur certains articles, c'est une revue de qualité, très bon support pour des débats de fond, faisant fi de bien des clivages justement.
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Re: Offensive n°32 : Libération sexuelle ?

Messagede Vieille Chouette » 24 Déc 2011, 10:13

Vous me faites douter maintenant, peut-être qu'effectivement il y a confusion avec courant alternatif, ou qu'il s'agissait d'un communiqué signé par l'OLS mais je ne crois pas. Passons.
Je sais que les asiles et les prisons de ce pays, sont le dépôt des inclassés, des nouveaux enragés, je sais qu'faut se courber et toujours rester muer, se plier, s'laisser bouffer, et en redemander... (Kyma - Les grands vides pleins)
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Re: Offensive n°32 : Libération sexuelle ?

Messagede barcelone 36 » 26 Jan 2012, 15:59

OLS Roazhon


Discussion-Débat
LIBERATION SEXUELLE ?
samedi 11 février
16h00 au papier timbré (39 rue de dinan . Rennes)
organisée avec la Bibliothèque Féministe

"Avoir des relations sexuelles n’est pas un acte naturel mais fait l’objet d’un
apprentissage. Nos sexualités s’enrichissent au fil du temps et des expériences.
Parler librement de ma ou de mes sexualités, entamer le dialogue avec l’autre, me
permet aussi de m’assurer que je ne lui impose pas mon désir. L’éducation, en
matière de sexualité, est loin d’être égalitaire. Quand on aborde la sexualité avec
les garçons, on leur parle de leur pénis et du plaisir qu’ils vont éprouver grâce à
lui (ce qui est déjà réducteur !). Pour les petites filles, la sexualité se résume
aux maladies et infections sexuellement transmissibles, à la peur de tomber
enceinte. Quid du plaisir féminin ? De la connaissance de son corps ? Peut-être
faudrait-il commencer par là pour parvenir à vivre des sexualités épanouissantes."

Le numéro 32 d'Offensive est disponible :
- à Rennes au Papier Timbre, à La Cour des Miracles et à La Commune
- ou en kiosque près de chez vous en cherchant sur le site : www.trouverlapresse.com

+ d'infos : http://http://offensive.samizdat.net




Ce débat sera suivi d'une projection réalisé par le groupe anarchiste la Digne Rage
(+ d'infos bientôt sur www.anartoka.com/la-digne-rage)
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"l'art : la fabrique du social", Offensive n°33

Messagede Pïérô » 12 Avr 2012, 15:06

Offensive n°33 - dossier "l'art : la fabrique du social"

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introduction du dossier :

L'art fabrique du social en peuplant nos vies de choses à sentir et penser
en commun ; il bâtit les identités (quitte à s'en jouer), façonne les
cultures, construit le collectif. Mais s'il produit du social, il est
lui-même un « produit social » en ceci qu'il est déterminé par les
idéologies dominantes, les institutions qui régulent sa pratique, et les
formes d'économie dans lesquelles il s'insère. En outre, la pluralité de ses
auteurs comme de ses publics (qui ne sont pas toujours les mêmes) se traduit
aujourd'hui par une multiplicité des pratiques et des champs artistiques :
l'art dit « contemporain », les arts vivants, mais aussi les arts
populaires, les arts appliqués ou décoratifs, l'art amateur, etc. C'est à un
état des lieux de cette situation polymorphe qu'il faut se livrer
aujourd'hui si l'on veut porter sur l'art un regard à la fois sensible et
politique. L'attitude récurrente des mouvements révolutionnaires,
convergeant en cela avec les avant-gardes artistiques du XXe siècle, a été
de contester non seulement le monopole de la bourgeoisie et des classes
privilégiées sur l'art, ainsi que l'émergence d'un art contemporain d'État
via les subventions publiques et les aides à la culture, mais aussi les
séparations maintenues entre l'art et la vie quotidienne, les artistes et
les gens ordinaires. Toutefois cette critique a peut-être rencontré ses
limites aujourd'hui, et tout en reconnaissant la validité persistante de
certains de ses arguments, il est nécessaire d'examiner les points sur
lesquels elle est devenue caduque, ou les angles morts qu'elle a laissé
subsister. Quand la volonté d'être politique ne laisse à l'art que
l'alternative entre une posture impuissante de dénonciation et le
narcissisme de celui-celle qui prétend faire de sa vie une oeuvre d'art ;
quand le règne d'Internet et des nouveaux médias est aussi celui des
pratiques artistiques dites « amateur » ou « populaires », qui se bornent à
mimer les gimmicks et les stéréotypes de la culture de masse ; quand les
contestations du régime étatique de financement des arts accompagnent leur
libéralisation concrète : il nous faut affiner nos analyses, mettre à jour
notre critique. Marchandisation, domination masculine, fétichisme des
nouvelles technologies... : finalement, l'art apparaît aujourd'hui comme cerné
de toutes parts. C'est notre capacité de ressentir, d'imaginer un autre
ordre du monde et d'intervenir dans le réel pour le faire advenir, qui est
menacée. Que l'art comme espace de domination puisse encore être repolitisé
et transformé en champ d'expérimentation et de bataille sociale, c'est ce
qu'il faut espérer et ce à quoi il faut oeuvrer.


Sommaire du numéro

en bref ici 4-5

Analyses
. La cage et le marché 6-7
. Le masculinisme 8-9
. Mayotte, ou le vrai visage de la République coloniale 10-11

Histoire
. Le manifeste 12-13

En lutte
. Féministes ! 14

DOSSIER : Art, la fabrique du social
. Quel art pour quelle société ? 16-18
. L’art du marché 19
. Art contemporain et nouvelles technologies 20
. Un espace de domination masculine 21
. Quand l’art est le faire-valoir de l’État 22-23
. À la recherche d’un art social 23-24
. Art et/ou politique 25-26
. Sculpture, l’art des solitudes peuplées 28-29
. L’art comme résistance à l’art 30
. Cinéma, la révolution argentique 31
. À voix hautes, paroles de femmes 32-33
. L’improvisation, une pratique libertaire 34-35
. Contre le design 36
. L’art dans quel sens ? 37

Horizons
. Le mouvement du 15-M 38-40

en bref ailleurs 41

Entretien
. Histoire populaire des sciences 42-45

Alternatives
. La conquête du pain 46-47

Contre-culture
Livres – Musique – Arts vivants – Cinéma 48-51


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Offensive n°34 : l'info en lutte(s), juin 2012

Messagede bipbip » 30 Juin 2012, 02:43

Offensive n°34, juin 2012

Dossier : l'info en lutte(s)!


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Sommaire du numéro

.en bref ici 4-5

Analyses
. La peste brune s’installe... 6-7
. Sport, jeu ou activité physique 8
. Jusqu’au bout de l’effort 9
. Un projet nuisible nommé Ulcos 10-1

Histoire
. Le cas Bonnot 12-13

En lutte
. En quête d’autonomie 14

DOSSIER : L’info en lutte(s) !
. Politiser l’information 16
. Faut-il nous expliquer comment tourne le monde ? 17-19
. En finir avec le journalisme 20-22
. « Jusqu’ici », un média dans la lutte 23
. Plaidoyer pour une information locale de qualité 24-25
. Pourquoi « Offensive » ? 26-27
. Redécouvrir l’enquête « ouvrière » 28-29
. L’écriture collective comme force d’émancipation 30-31
. Ne m’informe pas, je m’en charge ! 32
. Indymedia 33-35
. Primitivi, une expérience de vidéo-activisme 36-37

Horizons
. Contre la violence masculine au Mexique 38-40

. en bref ailleurs 41

Entretien
. Contre les publicités sexistes 42-45

Alternatives
. Le CREA, centre social autogéré 46-47

Contre-culture
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Re: Offensive n°34 : l'info en lutte(s), juin 2012

Messagede Pïérô » 22 Juil 2012, 15:09

En ligne, l'article, "En finir avec le journalisme"

En finir avec le journalisme

Souvent critiqués, les journalistes inspirent peu la confiance. Chaque année en France une étude sur la « confiance dans les médias » confirme la détérioration de l’image des journalistes [1] Ce qu’on leur reproche : leur dépendance à l’égard des pouvoirs politiques et financiers, tout comme leur facilité à céder à la médiocrité, au sensationnalisme, à la course aux scoops, et à la logique d’emballement médiatique. Il n’est pas rare d’entendre des personnes ayant été « victimes » de journalistes exprimer le sentiment d’avoir été utilisées ou trahies et se plaindre que leurs propos aient été déformés ou sortis de leur contexte. Ce qui explique qu’en temps de lutte, la présence des journalistes est loin d’être toujours la bienvenue. Dans les franges plus radicales de la contestation, les journalistes sont mêmes perçus comme des ennemis et des cibles privilégiées, chassés ou soigneusement tenus à l’écart des AG, manifs, piquets de grève ou lieux occupés [2]. Si les réactions à leur égard sont si dures, c’est que les journalistes ont dans leur grande majorité choisi leur camp : celui de l’ordre et du statu quo. Durs avec les faibles, tendres avec les forts. Il n’est donc pas étonnant que pour celles et ceux qui font vivre des médias dits « alternatifs » dans une optique de transformation sociale, la figure du journaliste soit une figure repoussoir. Être « traité » de journaliste est même considéré comme une insulte.


La tentation du journalisme ?

Pourtant, pour fabriquer et diffuser de l’information, il semble indispensable de recourir à des techniques, des conventions et des normes journalistiques (le reportage, l’interview, l’enquête, le rubriquage, la vérification des sources...). Ainsi, la relation avec le journalisme est pour le moins ambivalente. Mais avant de s’en réclamer, celles et ceux qui veulent réfléchir et agir sur le terrain de l’information devraient soumettre le journalisme à un examen critique. Il est en effet utile de revenir sur son histoire pour mieux cerner les valeurs et les pratiques qui fondent cette activité intellectuelle. On admet généralement que ce n’est pas le journalisme en tant que tel qui pose problème mais la manière dont il est pratiqué dans la presse marchande. Le journalisme serait neutre, seul son usage serait problématique. Quand il est « indépendant » ou « engagé », le journalisme serait un bon outil. Un moyen d’accéder à une connaissance critique et un puissant vecteur d’indignation. Or, il s’avère en fait que c’est le journalisme en tant que tel, dans sa forme moderne apparue à l’ère industrielle, qui pose problème : en tant que régime de construction de la réalité et de confiscation de la parole par des intermédiaires autorisés.

Il y a bien quelque chose de pourri dans le royaume du journalisme. Il ne suffit donc pas de dénoncer le pouvoir des élites de la profession, éditocrates et cumulards des médias, ni d’attaquer la « presse aux ordres », le journalisme « de marché » ou les journalistes « couchés », comme le fait (plutôt bien) la critique des médias (Acrimed, Le Monde diplomatique et des sociologues bourdieusiens). Mais il semble indispensable de porter une critique radicale et politique du journalisme, de ses pratiques, de son idéologie de métier, de son rôle social et de sa fonction de régulation du système. Et cette critique peut se mener tout en défendant les précaires de la profession et la minorité de journalistes qui résistent « de l’intérieur ».


Aux origines du journalisme moderne

L’histoire retient que la naissance de la presse et du journalisme en France remonte à la création de La Gazette de Renaudot, en 1631. Les journaux sont alors sous le contrôle du pouvoir royal. Ni l’information ni l’expression des idées ne sont libres. Face à ce journalisme enchainé, des feuilles clandestines et polémistes (libelles et pamphlets) vont se multiplier au 18e siècle jusqu’à ce que la liberté d’opinion soit reconnue (article XI de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen). À l’époque révolutionnaire, et pendant une bonne partie du 19e siècle en dépit de la censure, le journalisme est un journalisme d’idées, d’opinions. Tirés à peu d’exemplaires, les journaux reflètent les idées et servent les ambitions politiques de leurs propriétaires. Chaque courant utilise la presse comme est un outil de propagande. Alors appelé « publiciste », le journaliste est un notable de sexe masculin qui exerce une autre profession (avocat, professeur, etc.) et assume pleinement une vocation politique. C’est la préhistoire du journalisme.

Le journalisme moderne nait véritablement à la fin du 19e siècle, avec le passage d’une presse politique et artisanale à une presse commerciale, industrielle et dépolitisée (non partisane, plus précisément). Avec l’essor des journaux populaires [3], considérés comme les premiers médias de masse, de nouvelles pratiques journalistiques s’imposent (comme le reportage) et une conception moderne de l’information d’inspiration américaine voit le jour : rompant avec la tradition polémiste et littéraire, le journalisme s’intéresse aux « faits » [4] qui prennent progressivement le pas sur les idées. L’information politique perd de son importance au profit d’une information à visée distractive : le lectorat de masse est nourri aux « feuilletons » (ancêtres des séries télé), aux échos de la vie mondaine et surtout aux « faits divers », crimes et catastrophes. Soumise aux lois du marché et aux logiques industrielles, la presse doit toucher et satisfaire le plus large public en lui fournissant des nouvelles (news) agréable à consommer, facilement assimilable et satisfaisant sa curiosité. Dans ces conditions, les journalistes sont contraints d’afficher une neutralité. Les opinions et la politique divisent, il leur faut donc les tenir à distance. Tout comme les médias de masse qui émergeront au 20e siècle (radio, télévision), la presse populaire recherche en effet le consensus et assure une fonction d’intégration sociale. Elle contribue de ce fait à faire accepter l’ordre social et à renforcer les préjugés - le chauvinisme est l’un des fonds de commerce de la presse de masse. Comme s’en félicite Emile de Girardin, pionnier de la presse de l’ère industrielle et patron du Petit journal, ce dernier est parvenu à « éloigner les classes populaire des journaux – et donc des solutions - révolutionnaires et à les gagner massivement au respect de l’ordre social » [5]. Informer pour que rien ne change ! Ainsi, l’apolitisme du journalisme moderne n’est rien d’autre qu’un conservatisme qui ne dit pas son nom.


Les missions du journalisme

Le journalisme s’est professionnalisé (création d’un statut en 1936, de syndicats, d’écoles et de chartes de déontologie) et n’a pas cessé de se diversifier et se hiérarchiser : rubriquards spécialisés, grands reporters, éditorialistes, chroniqueurs, photo-journalistes, web-reporters, localier de la presse régionale ou correspondant à l’étranger, etc. Il n’existe donc pas de modèle unique de journalisme. Il faut plutôt parler de journalismes, au pluriel. Toutefois, bien qu’il n’y ait pas, à première vue, beaucoup de points communs entre un-e célèbre présentateur-ice de JT et un-e pigiste sous payé-e de la presse magazine, les journalistes ont des pratiques et techniques communes, respectent les mêmes règles déontologiques et partagent un imaginaire alimenté des mêmes mythes positifs : les journalistes se voient en garants de la liberté, croisés de la vérité, professeurs du peuple et serviteurs d’une presse considérée comme un pilier de la démocratie et un contre-pouvoir. L’idéologie de métier s’est donc construite sur ces mythes qu’il faut pouvoir démonter.

Informer c’est faire des choix (de sujets, d’interlocuteur-ice-s, d’angles, de cadrage, de titre, etc.). Tout le monde le sait et devrait assumer ces choix. Or les journalistes n’y sont pas prêt.e.s. Persuadées d’être des représentants, humbles et impartiaux, des intérêts de leur public, ils leur imposent leur choix dans la plus grande opacité. Alors que leur travail consiste à sélectionner des faits supposés dignes d’intérêt pour le public, les journalistes ne font pas que restituer la réalité derrière des faits. Ils ont le pouvoir de produire cette réalité, le pouvoir de décider, au nom et à la place du public, ce qui doit retenir son attention. Mais ce pouvoir de passer sous silence des faits ou, au contraire, de leur attribuer une importance considérable, ils ne le remettent jamais en cause. De la même manière les normes qui guident leur pratiques ne sont pas questionnées. Si les journalistes se donnent pour mission de déterminer la valeur d’information d’un fait, ils le font en mobilisant des critères forts contestables. Les écoles de journalisme enseignent par exemple à leurs ouailles qu’un événement digne d’être relaté doit être « proche » du public (proximité temporelle, géographique, sociale et culturelle). Il doit également se caractériser par son « a-normalité » (« un train qui arrive à l’heure n’est pas une information ! »). De ce fait, le quotidien de lointains peuples exploités, tout comme l’ordinaire de la domination sociale sont bien souvent exclus du périmètre de l’information « digne d’intérêt ».

Les journalistes s’attribuent en outre un rôle de pédagogue censé expliquer de manière simple les faits et leurs principaux enjeux. Or, ils ne peuvent pour cela que mobiliser leurs connaissances parcellaires et leurs propres grilles d’analyse, reflet souvent pauvre du sens commun. Quand ils ne parviennent pas à produire en interne ces explications, ils s’abritent derrière la légitimité d’une petite caste d’experts mobilisés pour éclairer de leur « science » le public « ignorant ». Mais avant de se présenter comme pédagogue ou vulgarisateur, les journalistes aiment se voir comme des animateurs du débat démocratique. Partageant l’idée qu’il n’y a pas de démocratie sans presse libre et que les médias sont le premier espace du débat public, les journalistes se donnent la mission « civique » d’éclairer le-la citoyen-ne. Mais en guise d’encouragement à la participation politique, les journalistes ne laissent à les lecteurs-auditeurs-spectateurs que le possibilité de choisir à qui ils acceptent de se soumettre.


Contre l’idéal d’objectivité

Les journalistes prétendent qu’ils doivent la « vérité » à leur public. Il s’appuient pour cela sur « l’idéal d’objectivité » qui s’est imposée comme la fiction par excellence du journalisme moderne. Pour les journalistes qui se doivent d’être neutre et distanciés, l’objectivité journalistique se réduit à juxtaposer deux points de vue (les « pro » et les « anti ») pour éclairer un fait d’actualité en en donnant une vision prétendument équilibrée (« balanced point of view »). Mais quoi qu’ils en disent, les journalistes ne sont ni neutres ni à distance de leurs interlocuteurs. Ils doivent cultiver sans cesse leurs réseaux et entretenir de bonnes relations avec celles et ceux dont ils dépendent pour obtenir des informations. Ce souci affiché de l’équilibre est factice puisque la balance penche sérieusement du côté du manche. L’idéal d’objectivité dissimule en effet mal les complicités réelles nouées dans les cercles du pouvoir, et la dépendance des journalistes à l’égard des sources qui font autorité (élus, responsables, patrons, experts, etc.). Les journalistes qui se recrutent de plus en plus parmi les seules classes sociales supérieures, peinent tout autant à cacher leurs préférences pour les idées et les goûts dominants, qu’à faire exister des opinions minoritaires et dissidentes.

Mais au-delà de leur incapacité à respecter cette neutralité, il faut montrer que l’idéal d’objectivité en lui-même est une aberration morale. Toutes les opinions ne se valent pas et toutes les voix ne sont pas légitimes à s’exprimer. Le strict respect de la logique de l’objectivité journalistique conduirait, par exemple, à accorder « une minute pour Hitler et une minute pour les juifs ». Le principe de la balance des points de vue ne peut ainsi se justifier. La neutralité n’est ni possible ni souhaitable. L’existence d’oppressions et d’injustices nous pousse à prendre parti. Or, c’est justement ce que les journalistes s’interdisent de faire ; cette option étant même proscrite de leur code de bonne conduite. La distance et le désengagement se sont en effet imposés comme norme professionnelle. Le « journalisme engagé » est donc un oxymore. Un « bon » journaliste, ne peut et ne pourra jamais être un « militant » : « Le métier de journaliste est un engagement, mais pas celui du militant ou du prédicateur. La recherche de la vérité n’est pas compatible avec l’enfermement dans un carcan idéologique », nous prévient l’auteur d’un manuel de journalisme de référence [6]. Les journalistes seraient des « militants de la vérité », au dessus de la mêlée et hostile aux « idéologies ». Pour prouver que le journalisme n’a pas peur de déplaire (aux puissants) et qu’il ose porter « le couteau dans la plaie » et révéler des injustices, la référence à l’enquête et au grand reportage s’impose. Malheureusement le journalisme d’investigation est une pratique extrêmement minoritaire. C’est l’arbre qui voudrait bien cacher la foret. A l’instar des figures mythiques de grands reporters (Londres, Kessel, Pultizer), la fonction première du journalisme d’investigation est bel et bien de légitimer la profession en cachant l’étendue de sa misère. Il est donc important de se méfier de l’attrait que peut susciter ce genre journalistique noble. D’autant plus que, dans le journalisme moderne, l’enquête s’intéresse quasi uniquement aux scandales de corruption et aux abus en tous genre (révéler les « Affaires ») au nom du respect de la morale et des lois. En cela elle sert le seul projet de moralisation de la vie publique assurant uniquement un rôle de « correcteur » pour mieux réguler le système et rendre le monde acceptable tel qu’il est : traquer les élites corrompues mais sans remettre en question le fait qu’il faille des élites, dénoncer les dysfonctionnements des institutions mais sans voir que le problème vient de l’existence même de ces institutions, condamner les dérives du capitalisme mais pas le capitalisme lui-même... [7].


Une information sans journalisme ?

Dans sa forme moderne et dominante, le journalisme ne peut oeuvrer à un projet radical de transformation sociale. Son rôle est de maintenir le consensus et l’ordre social. Est-ce dès lors possible de faire du journalisme autrement ? Faudrait-il faire de l’information sans faire du journalisme ? Autant de questions qu’on doit se poser lorsqu’on développe des pratiques d’information dans une perspective d’émancipation. L’information reste un enjeu majeur dans les luttes, et les luttes pour l’information (s’approprier les médias, produire ses propres médias) sont essentielles à mener. Il convient donc de réfléchir à nos manières de faire l’information et à notre critique de ses formes dominantes. Il est possible de s’inspirer de traditions minoritaires et subversives du journalisme indépendant, le journalisme d’infiltration à la Gunter Walraff, le journalisme de lutte de classe des muckrakers aux Etats-Unis, etc. [8] Mais il convient surtout de s’émanciper de l’emprise du journalisme, en inventant des manières originales de produire l’information, en assumant une subjectivité, en évitant les pièges de la spécialisation, en refusant de profiter du pouvoir que l’information confère, en choisissant le camp des opprimé-e-s et en soutenant les luttes. Et il faudra sans doute un jour inventer un nom pour décrire ce qui est bien différent du journalisme.

Zenoone


Notes

[1] Il s’agit du « Baromètre de confiance dans les media », TNS Sofres pour La Croix.

[2] Ce dont rendent compte des slogans tels que « Médias partout, info nulle part ! » ou « Média casse-toi ! »

[3] Cet essor a été rendu possible par : l’alphabétisation massive lié à la démocratisation de l’école, de meilleures capacités de diffusion (réseaux ferré et système postal), les techniques d’impression industrielle, ainsi que la baisse des prix de vente des journaux compensé par l’argent de la publicité.

[4] Un « fait » peut être défini comme un événement qui mérite notre attention et qui constitue la matière de base du journaliste.

[5] C. Delporte, Les journalistes en France (1880-1950) Seuil, 1999, p.23

[6] Y. Agnès, Manuel du journalisme, La découverte, 2008

[7] Il arrive que le journalisme d’investigation dénonce la délocalisation et la fermeture d’usines, et pénètre les coulisses des sweat shop (ces ateliers du monde où les multinationales exploite une main d’oeuvre à bon marché). Mais, dans le domaine de l’économie, l’investigation ne fait que dénoncer le manque de transparence de l’économie de marché et les excès de cynisme de ses acteurs. C’est parce qu’elles mettent en péril un système qui est désirable (l’argent et la réussite sont désirables) qu’il faut combattre de telles dérives. Il ne s’agit nullement pour les journalistes de remettre en question la légitimité de l’économie de marché ni les valeurs et croyances libérales. C’est ce que montre Julien Duval en s’appuyant sur l’exemple du magazine d’information Capital (M6). Critique de la raison journalistique, Raison d’agir 2004.

[8] Walraff est un journaliste d’investigation allemand connu pour avoir infiltré des milieu (la presse people, une usine), sous une fausse identité et souvent déguisé (en travailleur turc, en sdf, etc.). Littéralement « fouille-merde », le terme muckraker renvoie à la poignée d’écrivains et de journalistes qui au début du 20e siècle pratiquaient aux Etats-Unis l’enquête sociale et un journalisme de combat contre les puissants.

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Re: Offensive n°34 : l'info en lutte(s), juin 2012

Messagede Pïérô » 08 Aoû 2012, 12:01

Un nouvel article issu du dossier consacré à "l’info en luttes" de la revue Offensive.

Indymedia : un média radical de lutte à l’heure du Web 2.0 ?

Réseau mondial de sites d’information, Indymedia offre un espace d’expression libre pour les paroles minoritaires et contestataires. Il fonctionne sur le principe de la publication ouverte qui permet à touTe.s de publier et de partager facilement de l’information sur Internet. Mais ce principe qui a, un temps, révolutionné les pratiques d’information s’est banalisé et a perdu de son potentiel critique. À l’heure du Web 2.0 (blogs et réseaux sociaux) et de l’idéologie participative, quel rôle peut encore jouer Indymedia ?

À la fin des années 1990, alors qu’Internet prend son essor et qu’un mouvement large de refus de la mondialisation « néo-libérale » se développe, la question de la réappropriation des médias est dans beaucoup d’esprits. En 1999, pour la durée du contre-sommet de l’OMC à Seattle, un Media Center indépendant (IMC pour Independant media center) est mis en place par une poignée de médiactivistes. Son but est double. Il consiste d’une part à diffuser aux médias des informations produites et contrôlée par les militant-e-s, et d’autre part à fournir à ces dernier-e-s un moyen de coordonner leurs actions à travers une plateforme Web d’autopublication. En raison du succès de cette zone autonome d’information et de communication (un million de connexions par jour), l’expérience sera renouvelée à chaque contre-sommet (à Prague, Nice, Gènes, Evian, etc.).

C’est dans ce contexte-là qu’émerge, dans la frange anticapitaliste et antiautoritaire de la contestation, Indymedia (contraction d’independant media). Indymedia est un réseau mondial de médias indépendants fonctionnant de manière autogérée, horizontale et décentralisée. Plus de dix ans après la création du premier site Web Indymedia, on en dénombre aujourd’hui près de 200 à travers le monde, dont cinq en France (Paris, Grenoble, Nantes, Lille, Bordeaux). Média de lutte, média au service des luttes et des transformations sociales, Indymedia offre un espace de parole à tou-te-s les résistant-e-s, les dominé-e-s, les minoritaires, les invisibles et les sans-voix. La particularité d’Indymedia est qu’il repose sur un principe d’inspiration libertaire : la publication ouverte (open publishing). Sur Indymedia, tout le monde peut publier librement des informations sur les luttes et partager ses analyses critiques pour « changer le monde en l’améliorant » [1]. Il n’y a ni contrôle éditorial, ni journalistes [2]. Le rôle des membres d’Indymedia se limite à faire fonctionner techniquement l’outil et à modérer les articles publiés de manière transparente.


Une critique en acte des médias et du journalisme

À l’origine du projet Indymedia, il y a une réflexion sur le pouvoir, plus spécifiquement le pouvoir d’informer – celui que s’octroient journalistes, expert-e-s et autres professionnel-le-s de l’information. L’information au service des luttes doit surgir d’en bas et ne doit plus être la chasse gardée de quelques journalistes alternatifs et autres maîtres à penser de l’élite militante. Trop souvent confisquée par des spécialistes et prescripteurs d’opinions, la parole doit être libérée. Pour informer et analyser le monde, il n’est nul besoin d’intermédiaires autorisé-e-s dont on se rend dépendant. Les personnes qui participent aux luttes sont souvent les mieux placées et les plus légitimes pour en rendre compte. Ainsi, tout le monde devrait, là où il se trouve et selon ses moyens, pouvoir contribuer à l’effort d’information, conçu comme une activité d’utilité sociale. Indymedia met donc le potentiel critique de la participation ouverte (open publishing) au service d’une remise en cause radicale de la fonction de journaliste, spécialiste de l’information. Concrètement, Indymedia travaille à effacer progressivement la frontière entre producteur-trice-s (actif-ve-s) et consommateur-trice-s (passif-ve-s) de l’information. Et grâce à la publication ouverte, il est également possible de casser les standards du récit d’information et de s’émanciper des contraintes formelles de l’écriture journalistique : faire un récit subjectif à plusieurs voix, témoigner d’une expérience personnelle, restituer une interview in extenso, reproduire un tract, proposer une analyse politique, inviter à l’action, etc ; le tout en puisant dans tous les répertoires du discours et en s’autorisant à recourir à la satire, au détournement, à la digression métaphorique. Indymedia permet d’ouvrir « à une diversité de postures d’énonciation à l’encontre des règles de distanciation de l’écriture journalistique » [3].


La publication ouverte : force ou faiblesse ?

Ainsi, Indymedia soutient l’expression d’une multitude de voix, d’une pluralité de récits, et d’une diversité de visions politiques. Mais cette ouverture et cette liberté de parole ont un prix : des attaques incessantes de spammeurs et autres « trolls » [4], des textes inintéressants et une qualité globalement médiocre des contenus publiés. Depuis leur création, tous les sites Indymedia ont en effet dû faire face à des attaques et à la prolifération de textes incompréhensibles, polémiques, complotistes ou vide de sens et de contenu politique. Ces difficultés sont accentuées par la politique de non-intervention des équipes de modération d’Indymedia. Ces dernières s’interdisent en effet d’intervenir sur le texte (sur la forme comme sur le fond), ou même de dialoguer avec l’auteur-e d’un texte pour l’améliorer. Pas de réécriture ni même de correction orthographique, la principale action consistant à refuser des articles (ils restent visibles, temporairement ou non, mais dans une catégorie à part).

Ainsi, les difficultés auxquelles sont confrontés les collectifs Indymedia sont majoritairement liées à la modération et nous renseignent sur les limites du principe de publication ouverte. La multiplication des contributions demande en effet un véritable effort au lecteur pour faire le tri et se repérer au milieu de tous les articles. Quant aux modérateur-trice-s, qui doivent également faire face à la charge de travail qu’induit la multiplication de messages, ils expriment une frustration liée au mauvais usage de la publication ouverte qui nuit à la qualité globale du contenu. Déjà, en 2003, Gale Beckerman écrivait que « la publication ouverte est devenue, dans certains cas, le plus grand handicap d’Indymedia » [5]. C’est donc pour lutter contre toute sorte d’abus de l’open publishing (spams, incitation à la haine, etc.) que la plupart des sites ont développé des « politiques éditoriales » transcrites dans des chartes [6]. Si cette mesure a permis de réduire en partie le « bruit », les modérateur-trice-s estiment que la modération consomme encore trop de temps et d’énergie, et déplorent l’accumulation de textes copiés-collés et de messages hors contexte local, totalement hors-propos ou incompréhensibles. Ce qui fait d’ailleurs dire à certain.s membres d’indymedia que le fil de news ouvert est vraiment une poubelle.

Comment dès lors tendre vers des contributions de « qualité » et améliorer la qualité des articles et l’ « utilité » du site, sans pour autant renoncer au principe de publication ouverte ? Sans décider à la place du lecteur ce qu’il est en droit ou pas de lire, les médiactivistes peuvent tout de même faire évoluer la charte qui explicite l’esprit du projet et, en creux, la ligne éditoriale du site. Sur Indymedia tout n’est pas publiable. Une sélection d’articles est bel et bien opérée sur des bases politiques et idéologiques. Sur Indymedia, publication ouverte (open publishing) ne signifie pas que tout contenu plus ou moins en rupture avec la pensée dominante mérite d’être publié. Il y a bien une exigence de cohérence politique qui distingue Indymedia d’autres médias qui se proclament « participatifs », comme Agoravox auquel on le compare souvent. Indymedia n’est pas un média « participatif » ou « citoyen » parmi d’autres dans la mesure où il rejette cette conception libérale qui sacralise la liberté d’expression.


Open publishing vs Web 2.0

Consubstantiel au projet Indymedia et étroitement lié à l’esprit de partage qui anime la « communauté du libre » [7], le concept d’open publishing est apparu, à l’aube de l’an 2000, comme un concept révolutionnaire qui portait en lui le potentiel de transformer le rapport traditionnel et vertical à l’information. Il faut en effet se rappeler qu’à cette époque, l’immense majorité des internautes se contentait de consulter de manière passive des pages et des sites Web administrés par quelques webmasters. Seuls capables de publier du contenu, ces derniers gardaient la main sur les sites qu’ils développaient. Réduits à cette passivité caractéristique de la consommation des médias de masse, les internautes n’étaient alors pas en mesure, à de rares exceptions près, de concevoir leurs propres moyens de publication ni d’interagir avec le contenu en ligne. Ainsi, avant l’apparition des premiers blogs, Indymedia allait bouleverser la donne en offrant à tout le monde la possibilité de publier et de partager facilement de l’information sur Internet.

S’il est important de reconnaître qu’en 1999 l’open publishing s’imposait comme une innovation radicale, aujourd’hui quelques années après l’explosion des blogs, des réseaux sociaux numériques (Twitter, Facebook), et des médias dits « citoyens » (Rue 89, LePost.fr...), publier soi-même du contenu et participer à l’information nous semblent pour le moins banal. Journalistes, experts et idéologues nous l’ont répété à satiété depuis l’émergence d’une nouvelle génération de sites participatifs et de sa cohorte de start-up : avec le Web 2.0, produire et diffuser du contenu original (texte, vidéo, image, son…) est à la portée de tou-te-s. Le mythe du « tou-te-s journalistes » et l’idéologie participative se sont imposés, émoussant sérieusement la portée politique du slogan « Be the media ». Tout le monde peut aujourd’hui faire son propre média [8]. Ce qui passait pour émancipateur et visait à renverser l’ordre de la production médiatique s’est aujourd’hui largement banalisé et institutionnalisé.

La presse dominante a bien compris que pour remédier à la crise qu’elle traverse (crise économique et crise de légitimité), et tenter de conquérir un nouveau lectorat, elle avait tout « intérêt à regarder du côté des médias alternatifs tels qu’indymedia pour se renouveler » [9]. Le constat est amer. Cette innovation radicale pour laquelle des activistes se sont battus a perdu l’essentiel de son potentiel subversif. Elle a été neutralisée et récupérée. La participation sert aujourd’hui d’opération de « lifting » symbolique pour le journalisme dominant et les médias marchands. Puisque l’air du temps est à la participation et à la remise en cause des intermédiaires, on peut se demander à quoi sert désormais Indymedia ?

Au début d’Indymedia il nous était permis de penser que la publication ouverte, la participation libre et directe à l’information, représentait un danger pour les pouvoirs en place. Or, aujourd’hui force est de constater que ce n’est pas le cas. Tout peut se dire sur Internet et les espaces de paroles se sont multipliés. Quant à la participation des « citoyen-ne-s » à l’information, elle sert à renforcer la légitimité et le pouvoir des médias sans remettre en cause l’ordre établi. Certes à l’heure du « journalisme citoyen », tout le monde peut en théorie s’exprimer, informer sur ce qui se passe au pied de son immeuble, réagir et commenter une actualité. Mais ce que cette libération de la parole a produit relève plus de la cacophonie désorganisée et du bavardage stérile. Ce dont rend compte l’information à la sauce 2.0 c’est que la pensée critique et la radicalité politique sont solubles dans le « journalisme citoyen ». Sans une approche radicale et un discours critique sur le monde, la participation à l’information n’est qu’une coquille vide que recouvre un vernis démocratique dont l’effet est de maintenir le statu quo. Aussi, l’émergence du Web « participatif » et de ses outils d’autopublication a-t-elle poussé les artisans d’Indymedia à dépasser le seul objectif de la libération de la parole et à réaffirmer une ligne politique, en rupture avec le monde tel qu’il va. Si le projet éditorial et politique d’Indymedia a encore aujourd’hui un sens, ce n’est pas parce qu’il défend la publication ouverte – qui a fait pendant un temps son originalité et sa force – mais parce qu’il offre aux personnes en lutte un outil de coordination, et parce qu’il donne de la résonance à des paroles minoritaires et à des idées dissidentes.

Zenoone

P.-S.
Photo "Reclaim the media" sous licence CC-BY de Brian Fitzgerald.

Notes
[1] Extrait de la FAQ (Frequently Asked Questions) d’Indymedia Global.

[2] Comme le dit le slogan, « sur Indymedia il n’y a ni journaliste, ni rédacteur en chef, ni chef ! »

[3] D., Cardon, F., Granjon, « Médias alternatifs et radicalisation de la critique », La démocratie aux extrêmes. Sur la radicalisation politique, dir. Collovald et Gaiti, La dispute, 2006.

[4] Il s’agit d’individus ou de groupes dont le but est de bombarder les sites en open publishing pour propager leurs idées ou nuire au bon fonctionnement de ce type de média.

[5] Beckerman, G., « Edging away from anarchy. Inside the Indymedia collective, passion vs. pragmatism », Columbia Journalism Review, September/October 2003.

[6] F. Dubois, A. Langlois, Médias autonomes, Lux, 2006.

[7] Voire notamment : Blondeau, O., Latrive, L., Libres enfants du savoir numérique. L’Eclat. 2000 ; Perline, Noisette, P. La bataille du logiciel libre, La Découverte, 2004

[8] Comme on l’a constaté lors des récents mouvements sociaux, chaque collectif de lutte crée désormais son blog ou sa page Facebook.

[9] Deuze, M., Patton, J-P, « Indymedia journalism, A radical way of making, selecting and sharing news », Journalism, Sage, 2003.

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Re: Offensive n°34 : l'info en lutte(s), juin 2012

Messagede Pïérô » 15 Aoû 2012, 11:29

Nouvel article en ligne

Redécouvrir l’enquête ouvrière

La pratique de l’enquête ouvrière cherche à faire émerger la parole des personnes qui partagent un même vécu d’oppression. À visée émancipatrice, elle est une manière de construire et de faire circuler l’information pour la transformer en force politique.

C’est au XIXe siècle, face à l’expansion du machinisme industriel et à la paupérisation des classes populaires, que les premières enquêtes sont apparues pour décrire la situation sociale et économique des ouvrier-e-s. L’identité des auteurs (d’où parlent-ils ?) et leur intention (révolutionnaire ou légitimiste par rapport à l’ordre social) permettent de distinguer différents types d’enquête. L’enquête à la troisième personne est typique du sociologue qui se place dans un rapport d’extériorité. L’enquête à la deuxième personne est celle du « tu » et du « vous » du militant non ouvrier qui défend les intérêts de la classe ouvrière. Tandis que l’enquête « à la première personne » est conduite par les ouvrier-e-s eux-mêmes. Cette dernière, baptisée « enquête ouvrière », vise à donner aux opprimé-e-s la possibilité d’être à la source de l’analyse et de l’action, dans une visée d’émancipation et de transformation sociale. Elle inspirera plus tard l’enquête « conscientisante » dans la pédagogie des opprimé-e-s, ainsi que les pratiques des maoïstes. Ce sont ces méthodes et ces fondements politiques qui nous semblent encore aujourd’hui pertinents.

L’enquête ouvrière se veut un outil de libération des opprimé-e-s. Son point de départ est la prise en compte des situations vécues par les classes populaires. Par l’enquête, il s’agit de susciter la prise de parole des personnes exploitées, pour imaginer, à partir de là, des moyens de lutte. À l’origine, l’enquête ouvrière visait à briser l’isolement et à fabriquer du commun et des solidarités (« faire classe ») contre des logiques de domination, en particulier contre l’exploitation capitaliste. Cette conscience partagée était l’une des conditions de l’action collective. L’enquête ouvrière est une « recherche méthodique reposant notamment sur des questions et des témoignages » [1]. Elle cherche les causes derrière les faits afin de dégager des perspectives globales d’action. Ainsi, au-delà de la simple collecte d’informations dans le but de mieux connaître la réalité sociale, il s’agit d’un moyen de conscientisation, d’organisation et d’émancipation.


« La question sociale » et la naissance de l’enquête ouvrière

Les premières expériences d’enquête ouvrière datent de la première moitié du XIXe siècle dans un contexte où les mouvements ouvriers commencent à faire leur apparition et où la sociologie en est à ses balbutiements. Le contraste de plus en plus net entre les promesses de la République naissante (égalité, liberté) et la réalité concrète des ouvrier-e-s, qui s’abîment à l’usine, fait alors émerger la « question sociale ». Les enquêtes portent sur les conditions de vie des ouvrier-e-s auxquel-le-s on donne la parole afin qu’ils et elles décrivent leur situation et leurs aspirations. Dès les années 1840, les enquêtes ouvrières mettent en lumière la dégradation des conditions de vie des classes populaires partout en Europe. Flora Tristan, socialiste et féministe, joue le rôle de précurseure en témoignant de la misère et de l’injustice sociale du peuple qui travaille [2]. L’essor de l’enquête va ensuite être le fait de la presse ouvrière naissante après la révolution de 1830. L’Artisan, Le Populaire, L’Atelier lancent une série d’enquêtes pour dénoncer les abus des patrons et peser dans les luttes ouvrières. Malgré leur faible impact, elles inaugurent une nouvelle approche de l’enquête par rapport à la sociologie naissante : ce sont les ouvrier-e-s qui doivent décrire leur situation et se défendre eux-mêmes dans une perspective de renversement du capitalisme. À la différence des premiers sociologues (enquête de Villermé sur les ouvrier-e-s du textile en 1840, ou de Le Play sur les ouvrier-e-s européen-ne-s en 1855) qui veulent maintenir l’ordre social en apportant quelques corrections au système, les militant-e-s ouvrier-e-s, tout en employant une méthodologie d’enquête aussi rigoureuse, visent quant à eux à expliquer les causes de l’exploitation pour mener à sa suppression. L’enquête ouvrière entend bien permettre aux prolétaires de prendre conscience de leurs conditions et des antagonismes de classe, préalables à l’action politique révolutionnaire. Le questionnaire de Marx rédigé en 1880 et publié dans La Revue socialiste poursuit cette tâche en initiant à son tour une vaste enquête ouvrière visant à persuader la classe ouvrière que « l’avenir lui appartient ». Au-delà de son intérêt « scientifique », l’enquête remplit une fonction d’éducation socialiste et de recherche des moyens de lutte contre l’exploitation capitaliste. Plus tard, Pelloutier, le père des bourses du travail [3] s’engage dans une série d’enquêtes sur la vie quotidienne des ouvrier-e-s (durée du travail, salaires, travail des femmes, coût du logement et de l’alimentation, mortalité professionnelle, chômage…) dont les résultats sont publiés dans la presse anarchiste et socialiste. Pelloutier crée même à partir de 1897 un journal d’observation permanente de la condition ouvrière (L’ouvrier des deux mondes).


Le mouvement de rénovation pédagogique et les pratiques d’enquête

Au cours de la première moitié du XXe siècle s’engage une importante réflexion sur la pédagogie à travers l’expérimentation des universités populaires. Mais autant les organisations du mouvement ouvrier, que les militant-e-s de l’éducation populaire et les intellectuel-le-s font le constat d’un rendez-vous manqué entre savoirs « froids » et savoirs « chauds » (défaut de méthode dans le choix des sujets, tendance au savoir encyclopédique, peu d’occasions offertes aux ouvrier-e-s pour évoquer leurs métiers et leurs conditions). Toutefois, ce moment de rénovation pédagogique entraîne dans son sillage une vague d’enquêtes. Après la première Guerre Mondiale, ces méthodes sont préconisées aussi bien dans les formations ouvrières que dans les pédagogies émancipatrices à l’école et dans l’éducation populaire. La JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), par exemple, entité hybride entre syndicats et mouvements d’Éducation populaire, développe dans cette perspective d’émancipation des ouvrier-e-s une méthode d’enquête (« voir, juger, agir ») dans le but de provoquer une « prise de conscience » [4]. À la JAC (Jeunesse agricole chrétienne) créée en 1926, il est même posé que, pour être agréé, un groupe doit avoir effectué une enquête sur son village. Des enquêtes sur des thèmes de préoccupation des jeunes sont proposées, puis des rencontres-débats permettent d’élaborer des propositions d’action. Un journal diffuse les fruits de ces travaux et les groupes organisent des pressions sur les décideurs. Cette pratique d’enquête sera même appliquée aux jeunes du contingent qui rentrent d’Algérie, et la publication d’un article intitulé « Buveur de sang » (appel à la désertion après l’enquête) vaudra à la JAC d’essuyer des menaces de l’État.


L’enquête pendant la période révolutionnaire (1960-1970)

Inspirée par le syndicalisme révolutionnaire, Simone Weil inaugure dans les années 1930 [5] : plusieurs centaines de militant-e-s intellectuel-le-s vont s’embaucher dans les usines ou les docks. Dans une articulation plus forte entre monde universitaire et militantisme, « l’opéraïsme » (courant marxiste italien ouvriériste apparu en 1961 autour de la revue Quaderni Rossi) pratique si possible « à chaud » (dans les situations particulièrement conflictuelles) des enquêtes ouvrières à des fins politiques, tout en revisitant les relations entre marxisme et sociologie : « Par la méthode de l’enquête, nous devrions pouvoir éviter toute conception mystique de la classe ouvrière » [6]. Là encore, l’enquête est mise au service de l’action politique : connaître le degré de prise de conscience de la classe ouvrière, et comprendre comment les conflits peuvent se transformer en antagonismes et en espoir d’une alternative.

En France, Les Cahiers de Mai incarnent un « idéal d’enquête venue du bas » et vont par exemple couvrir la lutte de LIP à Besançon pour la faire connaître et en tirer des enseignements utiles à d’autres mouvements. En lien avec des associations d’éducation populaire, une autre pratique d’enquête utilise cette fois le support de la vidéo. Une expérience de cinéma ouvrier (sur, par et pour des ouvrier-e-s) est lancée dès 1967 par les groupes Medvedkine à Besançon et Sochaux [7]. Le constat de départ est qu’« il existe en effet des tas de films sur les pingouins, mais celui qui refléterait le mieux les conditions de vie des pingouins serait un film fait par les pingouins eux-mêmes » [8].

En Amérique latine, l’enquête est pratiquée par Paulo Freire à travers sa pédagogie des opprimé-e-s. Entre 1962 et 1964, 2 millions d’hommes et de femmes s’emparent de la méthode d’enquête conscientisante au Brésil pour apprendre non pas seulement à lire le monde, mais aussi à l’écrire politiquement. Elle est basée sur le débat en groupe et en cercles culturels à partir des situations d’oppression vécues. Freire défend une éducation qui offre « des instruments de résistance aux forces de déracinement » du capitalisme et de la colonisation du monde des opprimés par les oppresseurs [9].

Ces différentes expériences d’enquête ouvrière (ou conscientisante) ont en commun de partir de la description rigoureuse par les personnes qui les vivent de situations concrètes de domination, avec le souci constant d’analyser finement les soubassements des mécanismes (souci du rapport entre théorie et pratique). Elles cherchent à susciter des solidarités entre les groupes opprimés eux-mêmes et avec des militant-e-s non ouvriers pour créer un rapport de force et renverser l’ordre social. Ces expériences ont réussi à rendre publics et dans des termes accessibles les antagonismes présents à différentes périodes historiques. Outil de conscientisation et d’information pour contrer la propagande médiatique et promouvoir d’autres récits de la réalité en s’affranchissant du langage technocratique, l’enquête ouvrière offre encore aujourd’hui un pouvoir d’agir sur nos vies.

Alexia Morvan


Notes

[1] Raymond Debord, « Enquête et conscientisation » [en ligne], Praxis n° 3, mars 2001, disponible sur http//www.le-militant.org/praxis/e...

[2] Notamment Promenade à Londres, enquête sur l’Angleterre industrielle, en 1839 ; L’Union ouvrière, en 1843.

[3] Pelloutier souhaitait donner aux Bourses de travail un rôle d’information économique et sociale au service de la classe ouvrière et de son auto-éducation.

[4] Françoise LAOT et Paul OLRY, Éducation et formation des adultes. Histoire et recherches, Institut national de recherche pédagogique, 2004, p. 24

[5] « Préhistoire de l’enquête ouvrière, du syndicalisme révolutionnaire à La Condition ouvrière de Simone Weil : enquête en première personne et politisation du fait technique », Patrick Marcolini, disponible sur http://www.europhilosophie.eu] une pratique que les militant-e-s maoïstes français vont se réapproprier : l’engagement en usine pour partager la condition des ouvrier-e-s et construire une analyse de l’aliénation capitaliste dans l’optique d’une action commune. Dans la séquence politique qui s’ouvre en amont de Mai 1968, de nouvelles pratiques d’enquêtes ouvrières inspirées par la Révolution culturelle chinoise et la critique antiautoritaire émergent en France et en Italie. Les textes théoriques de Mao Zedong proposent en effet aux militant-e-s communistes de s’imprégner profondément de la réalité sociale des classes populaires pour proposer un programme de lutte révolutionnaire ancré dans cette situation. Il s’agit de mettre la pratique avant la théorie. Les maoïstes prônent des formes très engagées d’enquêtes pour connaître les réalités sociales ouvrières et s’opposent à la théorisation sans connaissance préalable des conditions de vie des classes populaires. Cette orientation marque la naissance du mouvement des « Établis » dès 1967 [[La pratique de l’établissement est initiée au sein de l’UJC-ml (Union des jeunes communistes marxistes-léninistes). À ce sujet, lire Robert Linhart, L’Établi, Éditions de minuit, 1978.

[6] « Conception socialiste de l’enquête ouvrière », Rainero Panzieri, Quaderni Rossi, n° 5, 1965, disponible sur http://multitudes.samizdat.net/Conc....

[7] Inspirés du train de Medvedkine, cinéma populaire itinérant militant en URSS, les groupes Medvedkine sont issus d’une expérience de cinéma originale à laquelle participa Chris Marker lors de la longue grève de la Rhodiaceta.

[8] Chris Marker dans Micheline Berchoud, « La véridique et fabuleuse histoire d’un étrange groupuscule : le CCPPO », Les Cahiers des Amis de la Maison du Peuple, n°5, mars 2003.

[9] L’Éducation, pratique de la liberté, Paulo Freire, Cerf (3e éd.), 1974, p. 94.

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Re: Offensive n°34 : l'info en lutte(s), juin 2012

Messagede Pïérô » 22 Sep 2012, 00:59

Les médias servent ou desservent-ils nos luttes ?

Lectures-Discussion-Débat

Jeudi 27 septembre 2012 | Rennes 18h30 au MCPL (22 rue de Bellevue | bus 3 arrêt Jeanne d’Arc) organisé par Carpes et Offensive

Les médias sont-ils infréquentables ? Est-ce que les stratégies médiatiques peuvent-elles être pertinentes ? Faut-il refuser dans tous les cas de parler aux journalistes ? Nos propres médias sont-ils suffisants pour relayer nos luttes ? Nos luttes gagnent-elles à être en relation avec les médias ? Peut-on lutter sans les journalistes ?

Repas à partager, lecture d’articles, discussion en petits et grands groupes

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Offensive n°35 - dossier "Prolétariat , affaire classée ?"

Messagede bipbip » 15 Nov 2012, 18:01

Le dernier numéro d’offensive est disponible en kiosque et dans les bonnes librairies !

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offensive n°35 - prolétariat, affaire classée ?

Depuis plusieurs décennies, la conflictualité entre les classes sociales, ensommeillée par la fable libérale, connaît un processus d’invisibilisation. à tel point que, pour beaucoup, n’apparaissant plus, elle n’aurait plus de raison d’être aujourd’hui. Nous vivrions donc toutes et tous dans une sorte de grande classe moyenne en voie d’universalisation qui réussirait à gommer les différences et les antagonismes. Nous serions toutes et tous des éléments plus ou moins indifférenciés dans la société, évoluant selon des besoins et des buts « génériques » orientés par la pente « naturelle » du « Progrès » (bien-être matériel garanti par la consommation, inscription dans un projet professionnel/de vie, épanouissement personnel par des voies diverses et variées…). L’antagonisme de classes ne subsisterait, et encore de manière résiduelle, que comme un vestige du temps de l’industrialisation, de la formation et du développement de la classe ouvrière – laquelle a longtemps eu le monopole de la figure du prolétaire. Ainsi, le déclin du monde ouvrier marquerait la disparition du prolétariat et de la lutte de classe. Dans un monde pacifié par les lois du marché, il n’y aurait plus, à proprement parler, de classes sociales aux contours bien dessinés, plus de luttes de classe nécessaires, et donc plus de prolétaires ou de prolétariat pour transformer le monde.

Dans le même temps, les milieux militants (depuis l’extrême gauche parlementaire jusqu’à certains groupes autonomes) parlent encore de lutte de classe et de prolétariat. Mais qu’entendent-ils par là ? Ces concepts, qui ont une longue histoire, sont-ils toujours opérants aujourd’hui ? La figure du prolétaire renvoie-t-elle à celle de l’ouvrier ? S’agit-il de conditions objectives de vie ou de rapports de force existants ? Fait-on référence au sujet actif de la marche de l’histoire, s’il en est un ? Suppose-t-on d’emblée une unité des prolétaires ou envisage-t-on une multiplicité des figures prolétariennes ? Il ne s’agit pas de pinailler sur les termes mais bien de tenter d’appréhender la ou les façons dont l’antagonisme de classe s’incarne aujourd’hui. Y parvenir pourrait nous permettre de mieux comprendre ce qui se joue dans les luttes actuelles.


Sommaire du numéro

en bref ici 4-5

Analyses
. L’occupation du « 260 »
. La tentation de l’humour sexiste
. L’écologisme radical des « villes en transition »

Histoire
. Examen critique des idées de révolution et de progrès

En lutte
. Le comité des sans-papiers du Nord

DOSSIER : Prolétariat, affaire classée ?
. La formation du prolétariat entre mythe et histoire
. Occupy ou la fin du chacun-e pour soi
. Les indignés s’invitent dans la lutte de classe
. Sans nécessité ni raison
. De la petite bourgeoisie aux classes moyennes
. Prolétaires automates, sortez de la matrice !
. L’esclavage de l’âme
. Prolétaires de tous les pays, qu’êtres-vous devenus ?
. La révolution sans le prolétariat ?
. Catégorie de sexe et luttes de classes
. Des écarts et des efforts

Horizons
. Construction de pratiques d’autogouvernement en Colombie

en bref ailleurs 41

Entretien
. Oublier Fukushima

Alternatives
. Pesci Piccoli

Contre-culture
Livres – Musique – Arts vivants – Cinéma

http://offensive.samizdat.net/


Vendredi 30 NOV. 19h : Soirée organisée par la revue Offensive. « Prolétariat, affaire classée ? » Nous nous interrogerons sur la notion de prolétariat et l’invisibilisation de la conflictualité entre les classes sociales. Il s’agit de tenter d’appréhender la ou les façons dont l’antagonisme de classe s’incarne aujourd’hui. 19h : repas / 20h30 : discussion autour du dossier du numéro 35 de la revue Offensive
à La Commune 3 rue d’Aligre 75012 Paris tel : 01 43 41 20 55
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Offensive n°37 « (Im)mobilisation générale »

Messagede bipbip » 19 Avr 2013, 00:10

Offensive n°37 « (Im)mobilisation générale »

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Offensive n°37 dossier "(Im)mobilisation générale :
• disponible dans de bonnes librairies comme Quilombo dans le 11ème (http://librairie-quilombo.org)
• disponible chez votre marchand de journaux ou dans un autre à proximité (http://trouverlapresse.com/LOP/start.do)
• disponible sur le site Athelès (http://atheles.org/offensive)


Edito du Dossier :

Le développement de la cité capitaliste continue, le zonage et la spécialisation des territoires se renforcent. Ici on produit de la carotte, là du divertissement et là-bas du traitement des déchets. La « réduction » de la durée de nos trajets, parfois quotidiens, entre deux villes modernes (avec leur traditionnel centre-ville piétonnisé où l'on consomme dans les mêmes chaînes de magasins en circulant sur les mêmes pavés) détruit une notion du temps, un rapport d'être au monde. L'accélération des transports accompagne et justifie celle de nos vies : au travail ou chez soi, l'on se retrouve avec toujours plus de tâches à faire, toujours plus vite.

À l'heure où l'enracinement, l'amélioration longue et patiente de ses conditions d'existence, la création de liens stables d'entraide et de solidarité sont combattus ou rendus quasi impossibles par le fonctionnement quotidien de la société techno-industrielle, l'immobilité peut ainsi apparaître comme une valeur révolutionnaire.

La mobilité des travailleuses et des travailleurs ainsi que des touristes est continuellement valorisée, voire imposée, mais de nombreuses contraintes à l'immobilité existent également. Les personnes sans papiers ou les travailleuses et les travailleurs migrant-e-s ne le savent que trop bien. Pour certains emplois, elles et ils sont assigné-e-s à résidence, ou leur passeport leur est confisqué à leur arrivée dans le pays exploiteur.

Les femmes, que l'on a voulu assigner à l'espace privé, subissent également des contraintes dans leurs déplacements du fait de la violence masculine intrinsèque au système patriarcal.

Contre l'idéologie libérale de la circulation massive des marchandises, y compris humaines, contre l'étalement urbain et le triomphe de la bagnole, contre la grande vitesse et ses destructions, il ne s'agit pas de refuser en bloc toute perspective de déplacement, mais de retrouver la pleine et entière maîtrise de notre mobilité. La relocalisation et le questionnement sur l'utilité sociale et écologique de nos activités, l'immobilité choisie, la pratique de l'auto-stop, du vélo ou de la marche sont des pistes à creuser pour arrêter de circuler toujours plus vite et plus souvent, d'un lieu d'exploitation-consommation à un autre.


Sommaire du numéro

en bref ici

Analyses
• PMA, produire de la maternité automatique ?
• Critique de la critique des médias
• Portugal

Histoire
• Le marxisme de Paul Mattick

En lutte
• Nos fermes ne sont pas des usines

DOSSIER
• Bouger sans être mobile
• Lutter contre la grande vitesse
• De la mobilisation totale à la dislocation sociale
• Les villages d'insertion
• Des femmes et de la mobilité
• Ces transports qui nous laissent à notre place
• Quelle fin pour la société automobile ?
• S'organiser pour frauder
• A la recherche d'autres mobilités !
• Puissance de l'autostop

Horizons
• Cantagaia ! une alternative à Séville

en bref ailleurs

Entretien
• Rroms, les « ennemi-e-s intérieurs » de l'Europe

Alternatives
• La librairie Quilombo

Contre-culture
Livres - Musique - Arts vivants - Cinéma


Émission "Offensive sonore" tous les 15 jours le vendredi de 21 à 22H30 sur Radio Libertaire (89.4 FM en Région parisienne)

Offensive Libertaire et Sociale : http://offensive.samizdat.net/



Présentation d'Offensive n°37 le 24 avril à paris

Discussion avec des membres de l'OLS Paris ayant participé à la rédaction de textes du dossier "(Im)molisation générale". L'obligation à la mobilité, la dislocation de liens sociaux, l'urbanisme anti-social, le contrôle de la mobilité des femmes et des lesbiennes seront des thèmes abordés.

à 20h, Bistrot cantine In the Garden, 39 rue Saint-Maur, Paris 11e
Modifié en dernier par bipbip le 05 Déc 2013, 02:11, modifié 1 fois.
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