Freakers a écrit:Et le côté donneur de leçon qui en transpire m'incite à te dire de rester à l'écart d'une discussion dont tu ne sembles comprendre ni les tenants ni les aboutissants.
Freakers a écrit:Le problème de ces "camarades", c'est qu'ils ne respectent pas leur organisation et ses choix démocratiques. Ils se foutent de la gueule du monde à longueur de temps. Et nous en Lorraine, ça nous gonfle. …
SchwàrzLucks a écrit:Sauf que ça, ça ne va pas à l'encontre des statuts de la CNT. Il ne me semble pas que la CNT interdise à ses membres de participer aux élections bourgeoises. Pour celui d'EELV, on peut en discuter par contre, parce qu'il s'appuie sur le fait qu'il soit militant à la CNT pour présenter sa candidature. On peut voir là une rupture avec la Charte d'Amiens, non ?
stratos a écrit: Voir ce qui se passe aux vignobles et ben oui ca fait chier. Le cortège du 1 mai était maigrichon. les vignoles ya personne le weekend…
John Holloway, comme une ombre d’anarchie
29 mai 2012 par Pierre Bance
On le présente comme l’un des penseurs de l’altermondialisme radical. Son livre, "Changer le monde sans prendre le pouvoir", l’a fait connaître dans le monde entier. Mais que sait-on des idées de John Holloway qui explique, aujourd’hui, que la crise n’est pas une crise du système financier mais qu’elle est provoquée par toutes ces « fissures que nous créons dans la domination capitaliste » ?
Cette étude permet d’y voir plus clair dans ce qui pourrait bien être, en partie, une réinvention, voire une usurpation des idées anarchistes.
Texte de Pierre Bance, syndicaliste, journaliste indépendant. Trop long pour une lecture à l’écran (18 pages), il est proposé au téléchargement. Il est libre de droits avec mention de l’auteur : Pierre Bance, et de la source : "autrefutur.net"
Récemment, Le Monde libertaire a publié une intervention publique d’un certain John Holloway. Des lecteurs se sont probablement demandé qui était cet Holloway expliquant que la crise n’est pas une crise du système financier mais une crise de la domination « parce que les dominés ne sont pas assez dociles, parce qu’ils ne se prosternent pas suffisamment ». La crise, dit-il, est provoquée par l’insoumission à la logique du capital, par tous ces « chemins hasardeux de l’invention de mondes différents, ici et maintenant, à travers les fissures que nous créons dans la domination capitaliste » [1]. Ce discours aux résonnances libertaires est pourtant celui d’un théoricien marxiste, un marxiste critique de l‘open maxism [2]
Depuis la parution, en 2002, de Cambiar el mundo sin tomar el poder, en espagnol puis en anglais [3], ouvrage qui a fait l’objet de traductions en quatorze autres langues et de plus d’une centaine d’études universitaires [4], Holloway jouit d’une notoriété certaine dans les milieux altermondialistes d’Europe du Nord, d’Amérique du Nord et du Sud. Il faudra attendre 2007 pour que paraisse une édition française sans que, pour autant, la pensée de cet auteur ne rayonne au-delà des cercles radicaux de l’altermondialisme et de l’autonomie [5]. Ce qui, ici comme en Italie ou en Espagne, peut s’expliquer pour deux raisons : une présence marxiste orthodoxe encore forte qui fait contrefeux ; surtout, une tradition anarchiste et une culture syndicaliste anciennes qui, porteuses d’une meilleure connaissance des idées anti-autoritaires, hypothèquent, en partie, la prétendue nouveauté des idées d’Holloway [6]. Observations qui rendent sa lecture d’autant plus nécessaire pour situer Holloway dans le débat radical et comprendre un mouvement altermondialiste déboussolé dans lequel les courants qui se reconnaissent dans son discours sont marginalisés [7]. Utile aussi pour corriger nos propres difficultés de convergence militantes et idéologiques pour réorganiser un mouvement anticapitaliste divisé, exsangue, et qui, hélas, fait souvent naufrage dans l’électoralisme.
Les pieds scellés dans le béton de la doctrine léniniste, le trotskiste Daniel Bensaïd a dénoncé « l’illusion sociale » répandue par John Holloway, son « anti-étatisme libertaire », sa « rhétorique qui désarme (théoriquement et pratiquement) les opprimés, sans briser le moins du monde le cercle de fer du fétichisme et de la domination », sa pensée révolutionnaire qui s’apparente « à une conversion religieuse » [8]. Ce règlement de compte entre marxistes mérite d’être nuancé d’autant que c’est la critique anarchiste qui se révèle la plus pertinente pour dévoiler un point de vue qui, par certains aspects, pourrait n’être qu’une contrefaçon.
Dans la doctrine d’Holloway, trois stades se distinguent bien que liés tout au long de l’exposé.
– D’abord, l’examen du monde qui nous entoure. Un monde où le travail dont l’unique fin est de produire de la valeur, étouffe le travail utile. Et la conclusion qu’il faut en tirer : la promotion du travail émancipé, sous ces multiples formes, nous débarrassera de la domination de l’argent à condition de prendre conscience du danger du rétablissement de l’ordre capitalo-étatique avec un projet de prise du pouvoir. Seul appréciera paisiblement cette analyse celui qui ignore tout de l’anarchisme et s’en remet à un marxisme abstrait, unique lieu de production de l’intelligence radicale.
– Ensuite, la recherche des moyens pour changer ce monde. Holloway développe alors sa théorie des fissures, toutes ces résistances créatives au travail aliéné : de l’acte individuel inconscient d’incivisme à la révolte des indiens du Chiapas, toutes ces initiatives insoumises qui, par les fissures qu’elles créent dans le mur glacé du capitalisme, sapent le moral et l’autorité des dominants, des privilégiés, et contribuent à changer le monde sans prendre le pouvoir.
– Enfin, la quête de nouveaux modes d’organisation. Là, Holloway reste vague mais reconnaît l’urgente nécessité d’une convergence basée sur la confiance et l’efficacité pour mener les luttes qui prépareront la révolution. On l’a compris, quand on voyage avec John Holloway dans le monde des idées radicales, on ne se sent pas en sécurité, le communisme où il souhaite nous conduire emprunte des routes incertaines.
(… trop long, la suite du texte est à télécharger ci-dessous.)
Amère lecture d’ "Une résurgence anarchiste" de Tomas Ibanez & Salvador Gurucharri
16 juin 2012 par Fulano
Il y a des livres qui laissent un goût amer au fur et à mesure de leur lecture. "Une résurgence anarchiste", de Tomas Ibanez & Salvador Gurucharri, fait partie de ceux-là.
Au delà des récits et analyses sur la dispersion des militants libertaires après 1939, des organisations dans l’exil, ce document met en lumière le poids des dissensions et des luttes internes pour le pouvoir comme sur le contrôle d’une organisation ayant une vocation à devenir "de masse".
Fin d’une "Défense Intérieure"
Après l’échec des tentatives de guérillas armées menées par Sabaté ou Facerías [1], des jeunes ayant grandi dans l’exil, aidés par des vétérans, cherchaient un nouveau cadre pour le Mouvement Libertaire pour renforcer la création de groupes dans la Péninsule, et privilégier l’action directe contre l’État fasciste. Ce cadre sera la "Défense Intérieure", un organisme soutenu par la CNT en 1961, et destiné à mener des actions armée en vue de réactiver le sens et le rôle prépondérant de l’action libertaire. Des membres des Jeunesses Libertaires et des vétérans, de la trempe de García Oliver [2] ou de Cipriano Mera [3] s’investiront dans la "DI".
Mais alors qu’elle se monte, la "Défense Intérieure" sera sabotée méthodiquement par la direction cénétiste du Mouvement Libertaire, entre les mains de personnages comme le funeste couple : Germinal Esgleas [4] et Federica Montseny, qui œuvre pour une normalisation totale de la CNT. Défaite par l’ "esgléisme" [5] la DI "patientera" pendant 10 ans en attendant que la mort – naturelle – du Caudillo mette fin à son exil "organique". Elle aussi "en attente", la CNT se mettra en retrait d’un syndicalisme réel.
L’héritage de la CNT espagnole aura donc été dilapidé par quelques dogmatiques puristes, préoccupés par leur opposition à la construction d’une CNT de combat.
Germinal Esgleas et Federica Montseny
Amère victoire des "esgleistes"
Si le livre de Salvador Gurucharri [6] et Tomás Ibáñez [7] se borne aux années 60, en décrivant, avec force documents et références les heures sombres de la CNT espagnole en exil (y compris les groupes et leaders de Bordeaux, Marseille, Toulouse et celui, très influent de Paris), il permet d’éclairer les années noires qui vont suivre, mais cette fois du côté de sa petite sœur, la CNT française.
Après sa création en 1946, celle-ci va connaître un rapide déclin suivi d’une quasi disparition dans les années cinquante et soixante et il faudra attendre mai 1968 [8] pour que la CNT reprenne quelques couleurs et de la vigueur dans quelques grandes villes de France comme Toulouse, Bordeaux, Marseille ou à Paris.
Si le mouvement du "retour à la terre" des années 71-73 marqua une nouvelle pause dans la vie du syndicat, c’est à la fin des années 80 et 90 qu’elle se développera et trouvera son apogée dans les années 95-2000.
Il aura donc fallu environ 30 ans pour qu’elle retombe dans ses vieux démons et qu’on constate que, bien que morts, Federica Montseny et Germinal Esgleas avaient eu le temps de "faire des émules" et qu’un nouveau clan s’était recomposé, prônant à son tour un syndicalisme "pur et dur" avec son cortège de "certifications" ou de mises au ban. La CNT devra-elle attendre cette fois-ci la mort naturelle du capitalisme pour mettre fin au combat syndicaliste ?
Personne ne peut souhaiter un tel cas de figure…
P.-S.
1- "Une résurgence anarchiste" de Tomas Ibanez & Salvador Gurucharri / Éditeur : Acratie / mars 2012 / 374 p. /19.00 €
2- Une analyse complète du livre sur : http://acontretemps.org/spip.php?ar...
Notes
[1] Francisco Sabaté Llopart. Militant anarchiste connu sous le nom de « Quico » ou « Quico Sabaté ». Il fut une des principales figures avec José Luis Facerias de la guérilla anti-franquiste
[2] Militant anarchiste et anarcho-syndicaliste catalan, activiste, combattant antifranquiste et ministre de la Justice du gouvernement républicain.
[3] Après la dictature de Primo de Rivera, il se syndique à la CNT et y organise le syndicat du bâtiment de Madrid dont il sera le secrétaire. Il participe à la création des groupes de défense confédérés. En 1933, avec Durruti et Issac Puentes, il fait partie du comité révolutionnaire de Saragosse.
À lire "Cipriano Mera Sanz, 1897-1975" de Clément Magnier / éditions CNT-RP / Novembre 2011/ 231 p. / 15.00 €
[4] Germinal Esgleas, anarchiste et anarcho-syndicaliste. Il occupe, avant et pendant la révolution, de nombreuses responsabilités dans l’organisation et sera vice-secrétaire, puis secrétaire général de la CNT. Réfugié en France après la victoire du franquisme, il y poursuit son militantisme. À la libération, il prend part à la reconstruction du mouvement anarchiste et sera secrétaire de l’AIT. Compagnon de Federica Montseny : intellectuelle, grandes figures de l’anarchisme et de l’anarcho-syndicalisme, première femme ministre de la Santé entre 1936 et 1937, sous la seconde République espagnole. Tous deux furent les représentants d’une CNT "orthodoxe" prônant le "purisme" anarchiste.
(Plus d’infos : Angel HERRERÍN LÓPEZ, "La CNT durante el franquismo Clandestinidad y exilio 1939-1975. (Siglo Veintiuno, Madrid, 2004)", http://acontretemps.org/spip.php?ar..., dont la note N°7, le MONDE diplomatique - janvier 2009)
[5] Le principal apport de Germinal Esgleas (1903-1981) à la cause libertaire espagnole aura été d’avoir réussi à forger, à partir de sa pratique bureaucratique, le néologisme « esgléisme » qui, dans la bouche de ses nombreux opposants, désignait une variante d’immobilisme habillée de démagogie puriste.
[6] Fils des militants libertaires Felix Gurucharri et Josefina Ochoa, Salvador Gurucharri Ochoa était membre au début des années 1960 de la Fédération Ibérique des jeunesses Libertaires (FIJL) et participa à cette époque à la campagne d’attentats et d’actions menées contre les intêrets franquistes en Espagne et dans divers pays européens. Lié à Luis Edo et à Octavio Alberola, il fut arrêté en France le 11 septembre 1963 lors d’une rafle déclenchée contre la FIJL.
Dans les années 1970 il était réfugié en Belgique où il gérait une librairie et participait au groupe d’éditions La Hormiga (Paris, 1971-1975). Après la mort de Franco il s’installait à Barcelone et militait à la CNT. Suite aux divers conflits internes, il adhéra au secteur dit défédéré de Barcelone et fut le directeur de son organe Solidaridad Obrera (Barcelone) de 19996 à 1999.
[7] Après avoir participé au Mouvement du 22-Mars dans sa phase parisienne, en compagnie, entre autres, de Jean-Pierre Duteuil et Dany Cohn-Bendit, il quitte la France pour prendre part à la lutte contre le franquisme depuis « l’intérieur », dans les rangs des libertaires catalans.
[8] En 1967, des "esgléistes" rencontrèrent des situationnistes, sans suite…
La démarche de foire à l’autogestion nous intéresse également par son aspect pluraliste, non dogmatique. Se trouvent réunies ici des organisations syndicales et politiques, des associations, des coopératives décidées à apporter le témoignage de leurs pratiques, de leurs réussites comme de leurs difficultés, voire de leurs impasses. Des regroupements, des collectifs de lutte ou de production qui vont pendant trois jours discuter, débattre et peut-être polémiquer, mais toujours dans un esprit constructif, sachant que personne parmi nous ne détient la vérité absolue et que la notion même d’autogestion pose autant de questions qu’elle apporte de réponses.
Pour notre part, si nous nous revendiquons clairement des pratiques autogestionnaires que nous plaçons au cœur de nos engagements militants, nous estimons qu’elles sont loin de définir à elles seules l’étendue et la profondeur du communisme libertaire pour lequel nous luttons.
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