Revue Réfractions

Re: Revue Réfractions

Messagede bipbip » 16 Mai 2016, 19:46

N°36 printemps 2016

Réinventer la révolution

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ÉDITORIAL http://refractions.plusloin.org/spip.php?article850

DOSSIER

La nature humaine, un concept excédentaire dans l’anarchisme, Tomás Ibáñez
Repenser les rapports homme/nature. Pour quelle politique ?, Monique Rouillé-Boireau
Les « fils de la terre ». L’homme et l’anarchie, Daniel Colson
Civilisés, barbares, sauvages... et anarchistes ?, Alain Thévenet
La condition humaine entre diabolique et symbolique. Une lecture de Proudhon, Edouard Jourdain
Bakounine, Carl Schmitt et le mythe de la bonne nature, Jean-Christophe Angaut
Le pari de la nature humaine. Ce que peut nous apprendre Kropotkine, Renaud Garcia
Un dialogue sans prétentions, Eduardo Colombo et Jorge A. Colombo
La violence dans les gênes ?, René Fugler
Nature et politique. Quelques clarifications, Fabrice Flipo

TRANSVERSALE
La révolte de Can Vies : un « effet » né pour durer, Vito Esposito

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Re: Revue Réfractions

Messagede bipbip » 14 Sep 2016, 01:35

Réfractions sur Radio libertaire et France culture

Deux membres du collectif de rédaction de Réfractions participeront dans les prochains jours à des émissions radio.

Le samedi 17 septembre à partir de 13 h 30 Jean-Christophe Angaut et Eduardo Colombo présenteront le n° 36 de Réfractions (« Réinventer la révolution ») dans les Chroniques rebelles de Radio libertaire.
A écouter sur 89.4 Mhz (Paris) et sur Internet http://media.radio-libertaire.org/

Le mardi 20 septembre, entre 10 h et 11 h, Jean-Christophe Angaut interviendra sur France culture dans l’émission des Nouveaux chemins de la connaissance qui aura pour thème « la haine de la police ».
http://www.franceculture.fr/
les nouveaux chemins http://www.franceculture.fr/emissions/l ... nnaissance
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Re: Revue Réfractions

Messagede bipbip » 28 Nov 2016, 16:31

N°37 Automne 2016

LA JUSTICE ... HORS LA LOI

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Sommaire

Editorial : http://refractions.plusloin.org/spip.php?article1061

DOSSIER
- Droit et anarchie, Emmanuel Dockès
- William Godwin, justice versus esprit des lois, Alain Thévenet
- L’institution des règles, Annick Stevens
- Sous les pavés la plage, Otis Tarda
- L’acte de juger et l’idée de droit social libertaire, Édouard Jourdain
- Accueillir Novatore ? Erwan Sommerer
- Le système judiciaire au Rojava, Janet Biehl
- D’autres pratiques de justice dans les communautés indigènes au Mexique
- Espagne 1936-1939, Bernard Hennequin

TRANSVERSALE
- Drôles de méthodes pour résoudre des conflits, Marianne Enckell
- Du délit de sale gueule, Jacques van Helden

ANARCHIVES
Extrait de L’Éthique, Pierre Kropotkine
L’Organisation de la Vindicte appelée Justice, Pierre Kropotkine

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Re: Revue Réfractions

Messagede bipbip » 23 Fév 2017, 09:36

Montpellier jeudi 23 février 2017

« La justice hors la loi », Réfractions N° 37, rencontre-débat animé par Jean-Jacques GANDINI

Présentation de l’édito de la nouvelle parution de la revue Réfractions, et annonce d’une rencontre-débat autour de la thématique de ce numéro 37, "la justice hors la loi",
à 20h30 au Centre Ascaso Durruti, 6 rue Henri René - Montpellier.

https://lepressoir-info.org/spip.php?article719
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Re: Revue Réfractions

Messagede bipbip » 22 Juin 2017, 20:17

N°38
Tu vois le travail ?

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Cela fait plusieurs années déjà que nous avions le projet de consacrer un numéro de Réfractions à la question du travail. Le mouvement du printemps 2016 en France contre la « loi travail » et son monde nous a montré que nous n’étions pas seuls à avoir ce genre de préoccupations. Il a eu le grand mérite de ramener au premier plan la question sociale, sans pour autant que les autres champs de lutte aient été délaissés. C’est d’ailleurs ainsi qu’il a permis de faire en partie sauter les barrières entre travailleurs et chômeurs, syndiqués et non syndiqués, etc.

Le but n’est donc pas de s’atteler à un thème en vogue, mais de confronter des catégories de pensée héritées à ce que fait le capitalisme au travail et à ce qu’il nous fait dans le travail. Une critique anarchiste des formes contemporaines du travail s’avère tout autant une critique en retour de certains présupposés sur la nature et les lieux de l’exploitation économique, sur la structure et les modalités de la lutte des classes et enfin sur la place du travail dans la vie. En d’autres termes, faute d’avoir les bonnes lunettes, nous risquerions de n’avoir qu’une vision partielle du travail.

Il s’agit d’abord de rendre visible la part obscure du travail salarié, celle de son vécu subjectif, tel qu’il se manifeste sous la forme de la souffrance, aussi bien physique que psychique. Car au travail, on en voit ! Qu’il s’agisse d’accidents, de maladies ou de vagues de suicides, le travail continue de tuer : 500 morts par an en France pour les seuls salariés soumis au régime général, et 1200 si l’on tient compte, pour cette même catégorie, des décès liés à des maladies professionnelles. Lorsqu’il ne le fait pas, il charrie tout un sinistre cortège de pathologies de surcharge, de décompensations délirantes et de rapports pervers à autrui. Mais quelles sont les perspectives politiques ouvertes par une prise en compte de la souffrance au travail ? Appelle-t-elle une intervention d’appoint ou doit-elle déboucher sur une remise en cause plus générale de l’organisation du travail ?

Faut-il d’ailleurs s’étonner d’une telle souffrance au travail si l’on jette un regard sur les nouvelles règles de son organisation ? Le cas, ci-après disséqué, des cheminots crève les yeux ! Mais il n’est qu’une illustration des multiples restructurations managériales qui rappellent la nécessité de la lutte de classe ainsi que la difficulté de sa mise en oeuvre. D’autant plus que le travail n’est pas seulement là où il est le plus visible, et que l’invisibilité n’est plus l’apanage des travailleurs de l’ombre ou des travailleurs au noir.
Face au brouillage de plus en plus pernicieux entre travail et temps « libre », face à l’extension des occasions de profit dans une société comptant toujours plus de secteurs « ubérisés », face à la fausse promesse d’une « économie collaborative » coordonnée par des plateformes numériques aux mains de quelques milliardaires californiens, la réflexion critique se trouve confrontée à de nombreuses chausse-trapes. L’engouement pour un revenu universel, pour l’abolition du salariat dans la théorie et la pratique du « capital humain » ou le « digital labour » rend indispensable un moment de clarification théorique qui remette à contribution Marx et ses analyses sur l’extraction de la survaleur.

Parler des habits neufs du capitalisme, c’est ainsi le mettre à nu. C’est notamment ce que se propose de faire la critique de la valeur : si le travail « abstrait », comme pure dépense quantifiée indifféremment de ce qui est produit, s’insinue aujourd’hui dans des zones insoupçonnées pour les transformer en sources de valeur, ce pourrait être parce que le processus de valorisation de l’économie dite « réelle » touche à sa limite interne. Doit-on dès lors tabler sur les potentialités émancipatrices d’une automatisation généralisée, remplaçant à terme le travail « vivant » et libérant de la sorte une subjectivité disponible pour la pure créativité et le loisir ? Et si l’on cherche, au-delà du travail, à préserver le sens de la création humaine, cela n’implique-t-il pas, au-delà de toutes les tentatives de redistribution des fruits de la production industrielle, la nécessité de se déprendre d’un mode de vie, d’une culture et de représentations économiques faisant de l’être humain un être défini essentiellement par des besoins et, précisément, par le travail ?

Débusquer sous ses plus retorses transformations le travail qui exploite et fait souffrir, fourbir de nouvelles armes critiques, lutter contre la réduction de nos vies aux coordonnées économiques : les pensées et les pratiques anarchistes ne sauraient esquiver cette triple besogne !

Alors, tu vois le travail ?

La commission de rédaction



Table des matières

Éditorial

Dossier

En voir au travail
- La lutte c’est la santé ! Pour une politique de la souffrance Gilles Gourc.
- Enjeux syndicaux et politiques de la souffrance au travail Philippe Mühlstein et Jean-René Delépine

Chemins et cheminots

- Le statut des cheminots : un outil pour le travail Jean-René Delépine & Christian Mahieux
- Luttes des classes et chemins de traverse Alain Thévenet
- Fait divers, luttes de classe, ressources humaines Pierre Sommermeyer
- Extension du domaine de l’exploitation Que faire du Capital ? Catégories marxiennes
et nouvelles formes d’exploitation du travail Jean-Christophe Angaut.
- Digital labour ? Non merci ! Ippolita

Au-delà du travail
- Sortir du travail ? Entretien avec Anselm Jappe
- Gagner sa vie à la perdre Annick Stevens

Anarchive
- Le travail est un crime Hermann J. Schuurmann (1924)

Pour continuer le débat
- Un exemple de justice de classe : la délinquance patronale concernant le droit du travail Gilles Gourc

Transversales
Il estoit une fois… les fanatiques de la liberté Eduardo Colombo
- « L’Allemagne doit mourir pour que nous puissions vivre » Alexander Neumann

Les livres, les revues, etc
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Re: Revue Réfractions

Messagede Pïérô » 01 Sep 2017, 01:21

Paris, samedi 2 septembre 2017

Rencontre-débat avec la revue Réfractions
« Tu vois le travail ? »


Rencontre et débat avec la revue Réfractions autour de son dernier numéro : Tu vois le travail ?

à 16h30, Librairie du Monde libertaire - Publico, 145 rue Amelot, Paris 11e

Rencontre et débat avec la revue Réfractions autour de son dernier numéro : Tu vois le travail ?

Pour la plupart d'entre nous, le travail est une réalité quotidienne. C'est pourquoi la notion de travail est un sujet de conversation si fréquent, voire omniprésent, surtout dans le contexte actuel des attaques incessantes perpétrées par l'état et le patronat à l'encontre du droit du travail.

Le « travail » dont il est principalement question dans le nouveau numéro de la revue Réfractions n'est pas réduit à l'action intelligente de l'homme à la matière. Il s'agit d'une notion caractérisée, située dans l'espace et dans le temps. C'est l'expansion du système capitaliste qui a introduit socialement, politiquement et conceptuellement le « travail » comme catégorie réelle de l'économie. Le « travail » a ainsi acquis une position centrale et s'impose à nos sociétés non seulement comme condition de survie mais aussi comme valeur sociale, morale et psychologique de premier plan. C'est un rapport social qui met en jeu des relations de nature multiple (échange marchand, subordination, domination…) entre des individus, des communautés productives et des classes sociales.

Trois thèmes seront discutés pendant ce débat. Le premier portera sur la souffrance au travail, concept initié dans les années 80 et qui fait irruption dans le débat publique depuis quelques années. Les transformation « individualisantes » de l'organisation du travail au tournant des années 80 ont très certainement apporté une accentuation des pathologies liées au travail (burn-out, troubles musculo-squelettiques, etc.). Le deuxième thème portera sur l'extension des domaines de l'exploitation dans le travail. On le voit aujourd'hui avec, par exemple, la généralisation du statut d'auto-entrepenariat où chacun devient un petit capitaliste gestionnaire de sa propre ressource humaine et donc de son exploitation. Enfin, le troisième thème sera celui du dépassement du travail : critique de la valeur, renforcement des luttes de terrain et alternatives autonomes, délivrance du fétichisme de la marchandise, il est plus que temps de nous attaquer aux catégories fondamentales du capitalisme.

Discussion-débat proposé par le Groupe La Révolte, de la Fédération Anarchiste.
16h30 Samedi 2 Septembre, Librairie Publico, 145 rue Amelot

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Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Revue Réfractions

Messagede bipbip » 23 Déc 2017, 21:14

N°39

« Repenser les oppressions ? »

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CE NUMÉRO, « REPENSER LES OPPRESSIONS ? » EST UN ESSAI d’appréciation critique (pluriel et parfois conflictuel) desmodalités actuelles d’approche des dominations (entre autres, intersectionnalité, queer, « racisation »). Il resitue ces approches dans le contexte du néolibéralime, dont il faut se demander si elles en sont le produit ou la contestation, en essayant d’évaluer leur potentiel émancipateur ou leurs limites dans ce domaine.

On retrouve donc dans ce numéro les tensions qui traversent ces nouvelles approches ; en effet, parties d’une critique de la réduction des dominations à la classe ou à l’État, et des grands récits qui l’accompagnaient, ces approches ont mis sur le devant de la scène les multiples oppressions dont sont tissées les vies et les relations sociales. Ce faisant, elles ont inévitablement rencontré les problématiques de l’identité, de l’appartenance, des « limites » à la définition des groupes opprimés, et donc du commun, de l’universel, des différences et de ce qu’on en fait : exclusion ou pluralité. De quoi s’émancipe-t-on, comment, et pourquoi ? Quels sont les horizons ouverts et/ou les retournements opérés sous forme de replis identitaires ? Ce sont ces questions qui circulent et se répondent à travers les huit articles de ce numéro.

L’article inaugural d’E. Jourdain analyse les formes de reconnaissance dans le monde individualiste libéral, pour montrer à quelles conditions des revendications identitaires peuvent trouver une issue dans la construction de l’autonomie, mais comment elles peuvent aussi être porteuses de repli identitaire, à travers les exemples de « l’appropriation culturelle » telle qu’elle fonctionne aux États-Unis, oscillant entre sacralisation des origines, nécessairement excluante, et récupération marchandisée sous forme de capitalisme néo-tribal. Des pistes sont ouvertes, qui consisteraient à dé-substantialiser les identités (Ricoeur), trouver une nouvelle forme d’articulation de ces identités dans un pluralisme radical (Laclau), et dépasser le ressentiment (qui guette toutes les tentatives de réduction communautaire), pour construire l’autonomie.

Puis le croisement dans l’intersectionnalité des formes d’exclusions sociales, racistes et sexistes, est analysé sous un jour positif par I. Pereira qui y voit une des formes les plus prometteuses aujourd’hui d’approche des dominations multiples, tant sur le plan de leur compréhension que sur celui, plus pratique, de la lutte contre les inégalités scolaires concernant les enfants d’origine immigrée, ou pour la reconnaissance de la diversité des sexualités.

M. Rouillé-Boireau en fait, elle, une approche critique, soulignant l’absence de véritables théories de la domination et du pouvoir dans ces approches intersectionnelles, ainsi que les limites, voire les dangers de toute analyse qui donne une place structurante à la notion de « race », soulignant les risques d’une vision ethno-centrée qui en deviendrait excluante, au détriment d’un universalisme ouvert.

J. Zaganiaris, lui, s’intéresse ici aux représentations queer et aux ambivalences identitaires dans l’oeuvre d’Abdellah Taïa. Il veut voir s’il est possible de penser la subjectivation des identités sexuées à partir des apports de la Queer Theory et des questions LGBT, de manière à ne pas sombrer dans des conceptions identitaires, mais à développer ce qu’il appelle des « politiques de coalitions », compatibles avec un universalisme à portée humaniste, respectant la pluralité sociale d’environnements donnés, et partant de l’idée qu’il peut exister un « monde commun ». La transposition de ces thématiques au sein du champ littéraire marocain constitue pour lui un terrain susceptible de nous aider à sortir des thèses culturalistes Le thème de l’identité politique, analysé au prisme de la théorie post-structuraliste, est au coeur de l’article de E. Sommerer. Celui-ci se demande comment le sujet anarchiste, défini par sa capacité de souveraineté individuelle, se trouve pris dans la contradiction entre le refus de toute assignation identitaire et la nécessité d’endosser une cause ou d’affirmer une identité contestataire à l’encontre de l’ordre politico-institutionnel.

À partir d’une confrontation avec les pensées de Fanon et de Badiou se poseront dès lors deux questions : le sujet qui défend son autonomie n’a-til pas d’autre choix que l’essentialisme identitaire ou l’universalisme dogmatique ? Empruntant l’une de ces deux voies, n’est-il pas forcé de se renier pour lutter ? C’est en se fondant sur les grands textes anarchistes, les moments historiques comme la guerre d’Espagne, ainsi que sur des pratiques militantes lyonnaises récentes, que D. Colson plaide lui pour un « pluralisme émancipateur » où se retrouve le meilleur de l’anarchisme, croisant déjà les multiples oppressions, économiques bien sûr,mais politiques, religieuses, patriarcales, et toutes les formes de totalitarisme, technologique ou culturel. C’est dans cette « libre association de forces libres » (mouvement de femmes et deminorités sexuelles, discriminations néo-coloniales, etc.) qu’il veut trouver le renouveau libertaire, des foyers d’« inter-expression », aptes à contrer les pestes identitaires tant redoutées. C’est aussi dans la pensée de M. Abensour, récemment disparu, et de E. Lévinas, que Ph. Corcuff [1] va chercher les ressources libertaires pour s’émanciper des pensées de l’identité dans notre contexte ultra-conservateur, et les faire travailler de manière à déjouer le « brouillard idéologique », dont F. Lordon est à ses yeux un des représentants. Il trouve dans Lévinas et « la sortie en dehors de l’être », des éléments qui permettent d’échapper à la puissance tyrannique des identités collectives, de cultiver l’inquiétude comme forme de l’esprit utopique.

De même il retient de M.Abensour, le souffle utopique comme dimension intrinsèquement liée à l’émancipation ; par « l’excès » qu’il manifeste sur tout projet qui pourrait se fermer et s’enfermer, il permet de repérer les points aveugles par où l’émancipation peut se retourner en son contraire. Inversion ou retournement qui guettent effectivement aujourd’hui. Enfin P. Sommermeyer fait une critique des Indigènes de la République en interrogeant la façon dont ils reconstruisent, de façon idéologique ou erronée, l’histoire des relations entre l’Occident et le monde musulman, entre autre par leur silence sur la nature autoritaire des régimes politiques issus des indépendances. De même il déconstruit l’habileté avec laquelle H. Bouteldja produit un « signe égal » entre islamophobie et antisémitisme, niant la spécificité de la Shoah, et il montre comment se fabrique l’acceptation des idées racialistes. Ce n’est pas parce qu’on est martyrisé qu’on a raison, conclut-il, et on a le droit de soumettre les dits et écrits de ceux qui souffrent à examen critique ; l’ennemi reste le capitalisme et pas le blanc. L’« identitarisme » (menace réelle pour certains, faux problème pour d’autres) peut-il être considéré comme un « essentialisme stratégique », indispensable à la fédération de certains mouvements de lutte ? Ou peut-on le considérer comme un obstacle, car en jouant sur des désirs de reconnaissance conflictuels, il empêche cette recherche d’un « commun » débarrassé des oppressions ? La question reste ouverte.

Nous n’avons certes pas résolu ces tensions entre « émancipation » et « repli identitaire », mais espérons avoir proposé des pistes de réflexion pour enrichir et complexifier notre approche des formes de domination et de leurs représentations dans ce monde si mouvant, mais toujours injuste et inégalitaire. Pour des raisons de place, nous n’avons pu inclure dans ce numéro la rubrique « anarchie/colonialisme/décolonial » et nous nous en excusons ; elle sera intégrée au prochain numéro 40.

La Commission du n°39

[1] Nous prenons acte de l’appréciation de l’auteur sur l’état de la recherche libertaire aujourd’hui, mais nous tenons à saluer également tout le travail de ceux, non évoqués ici, qui contribuent au même projet de transmission et d’approfondissement de la pensée anarchiste.



Sommaire

ÉDITORIAL

DOSSIER

- De la reconnaissance des faibles à l’autonomie des forts, Edouard Jourdain.
- Intersectionnalité : l e féminisme au croisement des luttes, Irène Pereira.
- L’intersectionnalité, une idée à la mode ? Monique Rouillé-Boireau.
- En territoire ennemi : le sujet anarchiste au risque de l’identité et de la vérité,
Erwan Sommerer
- Anarchisme et pluralisme émancipateur, Daniel Colson
- Représentations queer et ambivalences identitaires dans l’œuvre d’Abdellah Taïa,
Jean Zaganiaris
- Levinas-Abensour contre Spinoza-Lordon, Philippe Corcuff

TRANSVERSALES

- HongKong2017 : l’étau se resserre, mais Jean-Jacques Gandini.....................
- À propos d’une voiture brûlée, Alain Thévenet .
- Un anniversaire particulier, Pierre Sommermeyer.
- Hommage à Miguel Abensour, Monique RouilléBoireau..............................

POUR CONTINUER LE DÉBAT
- Les paradoxes anarchistes de Tomàs Ibañez, René Fugler................................

LES LIVRES, LES REVUES, ETC.

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Re: Revue Réfractions

Messagede bipbip » 15 Aoû 2018, 21:54

N°40

A comme RésistAnces

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LE MOUVEMENT ANARCHISTE AURAIT-IL ÉCHOUÉ ? IL EST VRAI qu’après plus d’un siècle d’intenses luttes pour construire une société sans domination ni oppression le résultat désiré n’a pas été atteint. Serait-ce donc par déni de réalité que nous ne nous résignons pas à abandonner cette lutte ? Nous ne le pensons pas, car ce serait accepter l’argument fallacieux selon lequel la valeur d’une pratique, ou d’un cheminement, est contenue toute entière dans l’atteinte du but ultime qui leur est assigné. C’est dans ses multiples pratiques au jour le jour que réside le succès de l’anarchisme et son indispensable existence.

Les systèmes de domination sont multiples. Les formes libertaires de résistance le sont aussi. Leur combat émancipateur peut s’affirmer dans les luttes contre les totalitarismes et leurs systèmes de surveillance, leur contrôle des communications, comme aussi, de manière constructive, sous des modes d’autogestion anticapitaliste ou de mutuelles autogérées. Tout cela ne va pas sans débat sur des moyens comme la violence, ou des événements comme les révolutions.

Ainsi le dossier de ce numéro discute de méthodes de résistance aux nouvelles formes d’évolution du capitalisme, en l’occurrence la nouvelle hydre des Big Data, mais il raconte aussi celles, plus anciennes mais éprouvées, de l’autogestion et du mutuellisme notamment.

Tomás Ibañez ouvre le débat. Le fait de n’être ni technophobes ni apocalyptiques ne nous exempte pas d’un constat : la digitalisation galopante du monde. Elle introduit un totalitarisme de type nouveau, fondé sur les principes de contrôle exhaustif et de prévention, et, de plus, elle s’accapare de nouvelles sources de profit économique. Par ailleurs, notre résistance aux chants de sirènes du postmodernisme ne devrait pas nous exempter de prendre acte de l’actuel délitement de l’idéologie des Lumières et d’en tirer les conséquences.

Deux articles prolongent cette introduction, sur les hackers et sur la neutralité d’Internet. Ils constatent que la révolution informatique annonce un totalitarisme d’une puissance inconnue à ce jour, face à laquelle il faudra beaucoup d’imagination pour inventer des pratiques de résistance. Un survol de la mouvance anarchiste contemporaine permet de nourrir quelques espérances en ce sens.

Annick Stevens et Bernard Hennequin nous font rencontrer la Scop-Ti de Géménos. Même à petite échelle, les alternatives de ce genre ont déjà en soi de nombreux effets bénéfiques et démontrent par leur pratique qu’une organisation sans chefs ni privilèges est tout aussi possible que désirable. Certes, la forme coopérative ne garantit pas pour autant une organisation complètement libérée de la hiérarchie et de l’aliénation au travail ; mais la rotation des tâches, le salaire quasi-égal pour tous, le plan de formation pour acquérir des compétences et cette intelligence collective en marche sont séduisants.

Le texte de Julien Vignet sur le mutuellisme se rattache à un mouvement d’auto-organisation d’un grand nombre d’expériences volontairement minuscules, fondées sur le consensus et l’affinité, sans représentation ni délégation de pouvoir, radicalement autonomes, et dont la force potentielle réside entièrement sur la libre association de forces libres.

L’analyse juridico-politique de Jean-Jacques Gandini oppose frontalement droit au logement et droit de propriété. Un recours à la théorie de l’abus de droit établit que celui qui donne un usage effectif à une chose – ici le squatter d’immeuble en état de nécessité – mérite d’être protégé par rapport à celui qui l’a laissée à l’abandon – ici le propriétaire absentéiste. C’est en l’espèce le non-usage du droit de propriété qui constitue un déni de droit alors que le logement constitue un besoin social fondamental. Il y a déjà 125 ans, Pierre Kropotkine proclamait que « l’expropriation des maisons porte en germe la révolution sociale ».

Gabriel Kuhn prend de la hauteur par rapport à ce qui ressemble à un dialogue de sourds, celui entre partisans de l’action violente et les non-violents. Dans un camp comme dans l’autre, certains refusent même ce tête-à-tête. Les jugements réciproques peuvent dégénérer en exagérations. Pourtant une vaste majorité reconnaît que même un principe absolu doit trouver ses limites dans certaines circonstances. Et un mouvement qui doit s’élargir est contraint au dialogue. Celui-ci pourra se construire sur une base éthique, une discussion des rapports entre la fin et les moyens en fonction des enjeux concrets de la situation.

Enfin, dans la ligne de ses précédentes réflexions, Daniel Colson met en lumière la position originale et singulière des anarchistes au sujet de la révolution. L’ordre autoritaire et inégalitaire, logique et continu dans ses mises en forme, considère les révolutions comme des failles exceptionnelles et discontinues, porteuses ou non d’un ordre nouveau. Il s’agit toujours, pour lui, de rétablir logique et continuité, et, très vite, inégalité, autorité, contrainte et commandement. L’anarchisme s’oppose à cette conception. Bien loin de s’exprimer dans de rares et uniques moments de folie et d’utopie, l’exception des révolutions constitue, pour l’anarchisme, la trame même de toute réalité humaine aussi minuscule et ordinaire qu’elle puisse être. Et c’est à partir de cette trame discontinue, de ses potentialités de révolte et de libre association, que l’anarchisme peut prétendre affirmer la possibilité d’une authentique émancipation.

C’est parce que c’est dans des situations de fort conflit social que s’éprouve la validité ou non des analyses anarchistes que nous avons voulu consacrer une transversale aux récents événements d’outre-Pyrénées. Qu’il s’agisse d’un peuple s’insurgeant contre la domination espagnole ou de l’affrontement entre deux appareils de pouvoir, ou encore d’un entrecroisement de ces deux conflits, le fait est que ce que l’on a dénommé « la crise catalane » a créé d’importants clivages au sein de l’anarchisme dans ce pays. On a vu des libertaires s’impliquer dans un processus devant déboucher sur la création d’un nouvel État, défendre les urnes, ou s’inscrire dans les comités de défense de la République tandis que d’autres manifestaient leur désaccord et leur perplexité face à ce qu’ils considéraient comme une dérive éloignée des positions anarchistes.

Un sous-dossier poursuit le thème du numéro 39, « Repenser les oppressions ». Alors que la notion de « post-colonial » fait son apparition dans les milieux universitaires, ce court dossier retrace la tradition anticoloniale des anarchistes. Des études récentes montrent l’intérêt de militants anticolonialistes dans des pays comme l’Egypte, les Philippines ou l’Inde pour ces idées, et l’engagement jadis de nombreux anarchistes en France contre le colonialisme et pour les luttes de libération, particulièrement en Algérie.

Suit une deuxième série de transversales avec l’introduction d’Eduardo Colombo à un ouvrage d’Amedeo Bertolo, qui fut sans doute indirectement l’un des inspirateurs de Réfractions. Marie Joffrin et Claire Auzias nous offrent un passionnant dialogue autour de Mai 1968. Et Jean-Christophe Angaut critique la pensée de la philosophe Janicka avec son « essai de théorisation de l’anarchisme contemporain ».

Plus que jamais, A comme RésistAnces !



Sommaire

HOMMAGE À EDUARDO COLOMBO

ÉDITORIAL
DOSSIER

L’anarchisme dans le contexte actuel, Tomás Ibáñez
Hackers. Ils veulent l’anarchie ? Ippolita
Sur la neutralité de la Toile, CrimethInc
Une autogestion anticapitaliste et jubilatoire, Bernard Hennequin, Annick Stevens
Le mutuellisme d’hier à aujourd’hui, Julien Vignet
Le match droit au logement contre droit de propriété, Jean-Jacques Gandini
Une rengaine lancinante : Violence et résistance politique, Gabriel Kuhn
Les failles de la révolution, Daniel Colson

PORTFOLIO
Les villes invisibles, Rafaëlle Gandini Miletto

TRANSVERSALE
La fièvre monte à Barcelone, Tomás Ibañez

DOSSIER/ANARCHIVE
Faut-il décoloniser l’anarchisme ? Marianne Enckell
Anarchisme et colonialisme, Edouard Jourdain
Colonisation, Jean Grave (1884)
De l’attitude anarchiste à propos du nationalisme, Roland Breton (1959)

TRANSVERSALES
Anarchistes et fiers de l’être, Eduardo Colombo
Mai 68, Marie Joffrin, Claire Auzias

COMMENTAIRE
Sur un essai de théorisation de l’anarchisme contemporain, Jean-Christophe Angaut

LES LIVRES, LES REVUES, ETC.

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