Le Monde Libertaire Hors-série n° 44 du 19 Avril au 19 Juin 2012
Sommaire du Monde Libertaire Hors-série n°44 du 19 Avril au 19 Juin 2012
Actualité
Travail social : état des lieux, par S. Lecomte, page 3
La Russie homophobe, par P. Schindler, page 6
Droits des psychiatrisés, par Romain, page 8
Arguments
Éducation et lutte des classes, par H. Lenoir, page 11
Dossier : abstention et démocratie(s)
Les anarchistes et l’abstention, par R. Pino, page 14
Une abstention modérée ?, par R. Constant, page 19
Je vote, donc tu suis, par J.-P. Garnier, page 21
De la démocratie en terre zapatiste, par G. Goutte, page 25
Entretien
L’éditeur libertaire Marc Silberstein, page 28
Histoire
Max Nettlau et Ba Jin, par A. Pino, page 31
La FA et la guerre d’Algérie, par S. Boulouque, page 36
Mouvement
Salon du livre libertaire 2012, page 40
La Fédération anarchiste
Liste des groupes de la FA, page 42
Grille des émissions de Radio libertaire, page 43
La Fédération anarchiste
La Fédération anarchiste est un groupement de militants politiques organisé sur le principe du libre fédéralisme (c’est-à-dire la libre association) garantissant aux groupes et aux individus qui la composent la plus grande autonomie afin de permettre le pluralisme des idées et des actions, dans le cadre d’un pacte associatif que nous appelons nos «principes de base » (disponibles sur demande). C’est notre outil de lutte qui doit être fonctionnel et rationnel. Nous rejetons en effet tout fétichisme d’organisation. Pas de hiérarchie, donc pas de chefs chez nous! C’est à tous les militants et militantes qu’il appartient de faire progresser leur organisation. Nous ne reconnaissons pas la division dirigeants/exécutants, la participation effective des militants et militantes aux structures collectives de l’organisation est un principe d’éthique et de solidarité. Ces structures fédérales sont: le Monde libertaire hebdomadaire, Radio libertaire, hier parisienne, aujourd’hui planétaire, et la librairie du Monde libertaire, à Paris également. En dehors de ces oeuvres fédérales, les groupes ont aussi des locaux, souvent des librairies, éditent des revues, menant ainsi leur propre activité au niveau local.
Les buts de la FA
Nous sommes pour une révolution radicale et globale, à la fois économique, sociale et politique; pour détruire la société fondée sur la propriété privée ou étatique des moyens de production et de consommation; pour la suppression de toutes les formes d’exploitation, de hiérarchie, d’autorité. Cette phase de destruction est nécessaire et c’est sans doute pour cela que certains ne voient ou ne veulent voir les anarchistes que comme des partisans fanatiques du désordre. Qu’ils regardent autour d’eux et qu’ils nous expliquent comment faire pire! Les anarchistes sont, au contraire, partisans d’une société organisée d’une manière beaucoup plus rationnelle et logique que la jungle capitaliste ou les dictatures marxistes-léninistes. Il s’agit, dans le cadre d’une société libertaire, non pas de gouverner les hommes mais d’administrer les choses au profit de la collectivité tout entière. Nous voulons construire une société libre sans classes ni État, sans patrie ni frontières, avec comme objectifs: l’émancipation des individus; l’égalité sociale, économique et politique; la liberté de création; la justice ; l’éducation libertaire et permanente; l’organisation sociale sur les bases de la libre fédération des producteurs et des consommateurs (autogestion); la démocratie directe; une économie tournée vers la satisfaction des besoins; l’abolition du salariat; l’écologie; la libre union des individus ou des populations; la liberté d’expression; la libre circulation des individus. Voilà en quelques lignes un aperçu de ce que veulent construire les militants et militantes de la Fédération anarchiste. Rendre possible l’édification d’un ordre social fondé sur l’entraide, la solidarité, sur le respect absolu de l’intégrité physique et morale de l’individu, voilà l’idéal qui nous anime et que nous souhaitons partager avec le plus grand nombre pour un monde meilleur.
Le Monde libertaire hors-série n°45
(12 juillet-12 septembre 2012)
où le trouver?
http://www.trouverlapresse.com
Actualité
Retour sur une élection présidentielle, par C. Albertani p.3
Arguments
200 après l'Indépendance du Mexique, par C.Albertani p.5
Guerres de l'eau au Mexique p.11
Dossier Central
Histoire de l'anarchisme au Mexique, par D.Doillon p.17
Zapatisme
Les racines historiques du Zapatisme, par G.Goutte p.39
Entretien
Entretien autour de la radio Nomndaa, p.46
La Fédération Anarchiste
Liste des groupes de la FA, p.51
Grille des émissions de Radio Libertaire p.54
éditorial du hors-série n°45
Notre numéro hors-série de l'été vient de paraître. C'est le moment, pour l'équipe du Monde libertaire, de prendre une pause bien méritée avant la reprise de notre hebdomadaire le 13 septembre prochain.
En attendant, ruez-vous chez votre marchand de journaux pour découvrir un copieux numéro du Monde libertaire consacré au Mexique, sa situation politique et économique, ses blessures et ses immenses aspirations libertaires ponctuées, çà et là, de réalisations tangibles.
Bonne lecture, bonnes vacances, à bientôt, et vive l'anarchie !
Le renouveau anarchiste
La renaissance d’un véritable mouvement anarchiste date des années 1990. En 1991 se tient une Première rencontre nationale anarchiste. C’est cependant dans le sillage du souffle donné par l’insurrection zapatiste, qui elle-même n’est pas exempte d’influences libertaires, en particulier magonistes, en 1994, qu’une véritable activité reprend. Des dizaines de fanzines apparaissent, des groupes se forment et des lieux s’ouvrent, liés pour beaucoup à la scène anarcho-punk. Parmi ceux-ci, le Multi-forum Alicia est l’un des lieux où s’exprime la contre-culture de la capitale et où viennent jouer de nombreux groupes liés à la scène ska-punk et alternative. Il s’est également investi, dans les premiers temps, dans le soutien à l’EZLN. Depuis 1997, dans l’État de Oaxaca, le Conseil indigène populaire de Oaxaca-Ricardo Flores Magón, qui se réclame de l’héritage de l’anarchiste, fonctionne comme une organisation de communautés indigènes.
Aujourd’hui, plusieurs lieux accueillent, à Mexico, les différentes initiatives libertaires. Chaque samedi, divers collectifs se retrouvent au Tianguis del Chopo, un marché alternatif, pour discuter et diffuser leur propagande. Le Centre social libertaire-Ricardo Flores Magón, local du Collectif autonome magoniste (Cama), accueille débats et discussions. À côté de la faculté de lettres et de philosophie, l’auditorio Che-Guevara, occupé depuis la grève de l’université en 1999-2000, constitue un lieu de rencontre et d’activités. Il dispose d’une bibliothèque, d’un atelier de sérigraphie, d’un restaurant végétarien, d’une salle de concert et propose de nombreux ateliers : cours d’autodéfense réservé aux femmes, ateliers vidéos, etc.
Il existe aussi des dizaines de groupes, répartis sur tout le territoire. Certains, comme le Cama, entretiennent des liens avec des organisations indigènes et paysannes de Oaxaca, avec lesquelles ils ont formé l’Alliance magoniste zapatiste (AMZ). Au-delà même des groupes se revendiquant comme anarchistes, il est indéniable que la pensée libertaire irrigue de multiples mouvements sociaux, comme on a pu le constater lors de la Commune d’Oaxaca en 2006, où tout un peuple s’est soulevé contre le pouvoir autoritaire du gouverneur de l’État. Des groupes comme Voix oaxaquègnes construisant l’autonomie et la liberté (Vocal) y ont d’ailleurs joué un rôle important.
Outre leur participation aux luttes sociales, les anarchistes mexicains déploient une grande activité culturelle : publications de journaux, de fanzines, de livres, organisations de discussions, de salons du livre libertaire, de concerts. Du côté de l’université, plusieurs chercheurs consacrent leurs travaux à l’étude du mouvement : Ana Ribera Carbó, Alejandro de la Torre, Alfonso Torúa Cienfuegos, etc. Sous la direction de Jacinto Barrera Bassols, la publication des œuvres complètes de Ricardo Flores Magón a été entamée et six volumes sont déjà parus. Des colloques, comme celui consacré au magonisme en juin 2010 à l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (Inah), réunissant des chercheurs du monde entier, se tiennent régulièrement. Comme partout, en dépit des conflits qui peuvent opposer ponctuellement tel groupe ou tel individu à d’autres, les anarchistes mexicains manifestent une forte volonté de mieux s’organiser pour faire face aux enjeux actuels et cherchent à se fédérer. C’est dans ce sens que s’est tenu, à l’auditorio Che-Guevara, les 30 avril et 1er mai 2011 un congrès anarchiste. Dans la foulée, la Fédération anarchiste mexicaine (Fam) s’est créée en novembre 2011 (voir la Déclaration de la Fédération anarchiste du Mexique). Elle regroupe des étudiants, des travailleurs, des indigènes, des militants de quartier, et dispose de groupes dans différentes régions (Tijuana, Sonora, Durango, Morelia, district fédéral, État de Mexico, etc.).
Le mouvement anarchiste possède donc, au Mexique, une longue histoire, au cours de laquelle se sont succédé périodes de fort protagonisme et de reflux. Malgré les conditions adverses, il est parvenu, à chaque fois, à renaître de ses cendres. Il doit aujourd’hui faire face à de nombreuses difficultés. Dans un pays soumis à la corruption des classes dominantes, à l’autoritarisme, à la violence de l’État et des groupes paramilitaires, à la guerre contre le narcotrafic, à des disparités de classes vertigineuses, le chemin est semé d’embûches. Cependant, une lueur d’espoir existe : les classes populaires, prenant conscience de leur condition, s’organisent partout, pratiquent la solidarité et luttent pour leurs droits. Dans ce contexte, les anarchistes mexicains sauront-ils être à la hauteur des défis qui les attendent ?
David Doillon
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