C'est quoi un parisien ?
Leaders parisiens : Mélenchon, Le Paon, Berger… et j'en passe.
Même Lebranchu, pourtant originaire du coin, mais maintenant ministre qui a vu, elle, surtout l’extrême droite dans la « révolte fiscale ». On voit ce qu'on veut bien voir.
Je crois qu’il y a là un manque d’information (ou une lecture des faits qui tiennent de la désinformation).
La dynamique de lutte a commencé par la création d’un
Comité pour le maintien de l’emploi en Centre-Bretagne.
La première réunion a eu lieu le 18 octobre dans une salle municipale de Carhaix : 600 personnes sont présentes. La composition sociale : une écrasante majorité d’ouvrières et d’ouvriers des boîtes du coin menacés de licenciements : Marine Harvest, Tilly-Sabco, Gad, Doux… avec les syndicats (FO, CGT…) présents dans les boîtes, plus des gens solidaires, des habitants de Carhaix et des environs, salariés, chômeurs…. et sans doute quelques petits bourgeois.
Réunion à laquelle participait Troadec, maire de Carhaix et leader d’un petit mouvement régionaliste local (le Mouvement Bretagne et Progrès). C’est un politicien local qui cherche à être bien avec tout le monde, joue sur tous les tableaux et essaie d’être incontournable…
S’il y a une genèse un peu lointaine à ce comité, il faut remonter au mouvement de lutte de 2008 pour la défense l’hôpital de Carhaix menacé de fermeture. Il y avait déjà Troadec dans cette lutte.
Parmi plusieurs idées ou propositions, cette réunion lance l’appel à manifester le 2 novembre. Les « Bonnets Rouges » n’existent pas à ce moment-là.
L’initiative revient à ce comité de lutte. D’autres comités, syndicats, associations s’agrègent à cette idée de manif : pêcheurs, marins CGT, salariés, artisans, commerçants, associations culturelles…
C’est ensuite qu’une autre dynamique se met en place, avec Troadec, la FNSEA locale et tout le patronat productiviste du coin et qu’apparaît le thème de l’écotaxe.
Mais la composition sociale de la manif de Quimper en dit long sur la nature de la mobilisation. Dans le « peuple » rassemblé là, ce qui dominait les 20-25000 présents, c’était le « petit peuple », salariés, ouvriers, précaires, chômeurs… tous les témoignages concordent.
Il y a
deux dynamiques, qui se sont mêlées sans fusionner. Mais les politiciens, le patronat local et la presse (locale et nationale) ont réussi à faire en sorte que les « Bonnets Rouges » et l’écotaxe recouvre l’autre dynamique et tente de l’utiliser à son profit sur une thématique libérale/productiviste qui dit en gros : les impôts tuent l’emploi. Qu’elle y soit parvenu est une autre histoire. D’autant que l’écotaxe est suspendue (pour un an) et que les questions de l’emploi demeurent ainsi que le « modèle » productiviste et sa crise relative.
Pour autant, il est clair que les travailleurs menacés de licenciements ont aussi utilisé cette dynamique « interclassiste » pour faire entendre leurs revendications qui sont avant tout la défense de leur emploi. C’est en tous cas ce que les AG des travailleurs des boîtes concernées ont décidé dans les jours qui ont précédé.
Dans cette perspective, l’idée de créer un « pôle ouvrier » est loin d’être stupide, surtout si on prétend défendre « une ligne de classe » dans un mouvement qui contient plein d’autres choses, des plus sympathiques aux très nuisibles.
De toute façon, les mouvements chimiquement purs n’existent pas.
Quant aux syndicats, après le bide de la contre-manif de Carhaix du 2 novembre, puis le deuxième bide des 4 manifs départementales (4 et pas 1 pour qu’il y ait plus de monde) du 23 novembre, et avec le renfort de la CFDT, de l’UNSA et de la CFE-CGC, ils sont non seulement en dehors de la dynamique, mais
ils agissent contre, pour pleins de raisons parmi lesquelles essayer de conserver leur monopole (institutionnel) de la représentation des salariés (leur légitimité comme structures), tout en permettant au gouvernement de faire diversion, de « trouver » des interlocuteurs responsables pour maintenir le « dialogue social » et réaliser un « pacte social » pour la Bretagne. D'ailleurs, quelques uns se désolidarisent de ça : la CGT de Damen, une boîte de construction navale de Brest, la CGT-Marins du Grand Ouest, Sud-PTT du 35, et peut-être d'autres.
Aux dernières nouvelles (28/11), le Medef-Finistère n’appelle pas (ou plus) à manifester à Carhaix ce 30 novembre, contrairement à la manif de Quimper, mais rappelle son soutien aux grands projets (centrale au gaz de Landivisiau et NDDL).
Les choses semblent s’éclaircir un peu plus.
PS : Pour info, depuis hier soir, la dernière version de l'appel à manifester pour le "Pôle ouvrier" à Carhaix ne comporte plus la dernière phrase.
La bonne version est sur le site de l'OCL.