Bretagne, Bonnets rouges

Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 05 Nov 2013, 14:56

la révolution de demain ne sera ni une continuité du centralisme bourgeois ni du fédéralisme féodal, c'est un dépassement de tout cela

C’est vrai qu’entre les deux, il y a une vraie marge temporelle et idéologique. :D
La question, c’est comment occupe t’on cette marge. Elle a été laissé en friche et occupée par des gens peu recommandables.
Je vais ouvrir un sujet sur ce thème dans "débat théorique" et mettre en ligne un texte de Colin Ward sur le sujet comme intro dans "textes inédits traduits", comme j’ai un peu de temps cette semaine.
Fédéralisme, régionalisme et anarchisme http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=69&t=8351#p126975
La sociologie anarchiste du fédéralisme http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=16&t=6858&p=126974#p126974
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede Pïérô » 06 Nov 2013, 03:51

Ecotaxe : je suis allé à Quimper, j’ai cru que c’était la « Manif pour tous »
http://www.rue89.com/2013/11/02/ecotaxe ... ous-247157

Je pense que la démarche de digger est importante, car il est bien question ici de participer à démêler et apporter du sens. Le boulot sur la question du fédéralisme produit est intéressant et participe d'apporter une pierre à l'édifice en terme de contenus. En même temps je me vois mal differ comme pourrait le faire la Fédération Anarchiste juste un tract expliquant ce qu'est le fédéralisme libertaire. Et si le positionnement du NPA est opportuniste, populiste et déconnant, il y a des considérations qui sont entendables, car dans les chiffres comparés il y a de quoi s'inquiéter. La question tout en se démarquant, est bien d'arriver à participer à séparer le grain de l'ivraie, et agréger du bon côté de la force. J'ai pas la recette, mais je pense que l'initiative du samedi 23 Novembre ressemble aux "temps forts" qui tuent portés habituellement par les syndicats qui cherchent plutôt à faire trainer, alors qu'il y aurait urgence à ne pas laisser le terrain et la rue aux réacs.
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 06 Nov 2013, 11:15

En même temps je me vois mal differ comme pourrait le faire la Fédération Anarchiste juste un tract expliquant ce qu'est le fédéralisme libertaire

J'ai essayé de répondre là :
http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php?f=69&t=8351&p=127028#p127028
Je ne suis pas tout fait pessimiste sur la situation autour de l'écotaxe. Elle disparaitra ou restera,les problèmes sont ailleurs, mais ce qui restera, c'est la situation sociale et la carpe se séparera du lapin à un moment donné. Si j'étais optimiste, je dirais que la mèche allumée par le MEDEF pourrait lui péter à la gueule.
Quant au gouvernement, il va éteindre cette mèche de plus en créant une commission qui étudiera les conséquences de la loi et en la différant sans l'annuler tout en l'enterrant. Et EELV dira qu'il claque la porte en entrant par la fenêtre pour rester en disant qu'ils sont partis :bourre:
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede altersocial » 06 Nov 2013, 12:22

Quimper : des manifestants bretons manipulés par les patrons de l’agro-industrie et du MEDEF

A Quimper, il n’était plus guère question samedi d’une écotaxe mort née en raison de lâcheté du pouvoir socialiste, accompagnée du grand silence assourdissant des écologistes. Les patrons de la FNSEA, les responsables du Medef et de la grande distribution, lancés dans une opération de déstabilisation politique, organisent depuis plusieurs jours la défense d’une agriculture industrielle qui « fabrique » des porcs et des volailles polluant la Bretagne depuis des années. Tout en fournissant pour l’exportation et pour le marché français une viande de mauvaise qualité chargée d’antibiotiques et de produits chimiques tout en provoquant des marées d’algues vertes qui repoussent de plus en plus les touristes. La "simplification administrative" réclamée et martelée par des chefs de l’agriculture intensive et le Medef vise en fait à l’abandon de toutes les précautions environnementales déjà malmenées et dont l’oubli a été déjà condamné à plusieurs reprises par l’Union européenne. Le laissez-faire revendiqué par les patrons de toutes obédiences, est justement ce qui a entrainé la situation tragique des ouvrières et ouvriers de la viande industrielle licenciés en raison d’un refus européen de subventionner plus longtemps des exportations qui déstabilisent les économies de nombreux pays du Sud. Alors que les Bretons mis au chômage pourraient trouver un emploi mieux payé dans une production de qualité qui rapporterait (un peu) moins aux agro-industriels.

Cette jacquerie dans laquelle se laisse entrainer une petite partie des Bretons vise au maintien d’une « agriculture » que condamne à juste titre la Confédération paysanne, une organisation qui demande depuis longtemps que soit privilégiées les petites productions et exploitations de qualité qui ne transforment pas des paysans abandonnés par la FNSEA en ouvriers captifs d’une chaine alimentaire au sein de laquelle ils ne font que nourrir hors sol, des poulets, des veaux et des porcs livrés aux fin d’engraissement avec des aliments qu’ils n’ont même pas le droit de choisir.

Les chrysanthèmes lancés contre la préfecture et contre les forces de l’ordre constituent le parfait symbole d’une agriculture et d’une horticulture dévoyées : ils sont produits dans des serres avec des engrais chimiques et des retardateurs de croissance destinés à les mettre en fleurs le jour de la Toussaint pour être mis en place dans des cimetières où ils crèvent dés le lendemain, faute de recevoir les « drogues » qui leur permettent de faire illusion pendant quelques jours.

Quant à l’écotaxe conspuée, tous les calculs effectués par les experts montrent que les deux ou trois centimes par kilo de marchandise auraient pu être supportés facilement par les grosses entreprises de transport et les grandes surfaces qui réalisent de somptueux bénéfices au dépend du consommateur !


Bretagne, deux manifs, deux ambiances

Derrière les deux manifestations de ce week-end en Bretagne se cachent des organisations et des revendications différentes. Décryptage.

La manifestation bretonne de ce week-end à Quimper a été savamment quadrillée par la droite. Les objectifs énoncées au fil des jours ont été multiples, et loin d’être tous conciliables : le refus de l’écotaxe a joué le rôle de déclencheur mais s’est doublé d’une propension classique au refus général de l’impôt, la défense salariale de l’emploi régional a coexisté avec la demande patronale de dégrèvements fiscaux et d’aides publiques plus ou moins indifférenciées. Le tout étant assorti d’une hostilité au gouvernement allant jusqu’à la demande de démission du Président de la République… Le mouvement lui-même est particulièrement composite. Droite, extrême gauche, mouvements régionalistes, organisations syndicales et professionnelles, grandes entreprises, petits patrons, salariés de sociétés en difficulté… Beaucoup ont décelé dans le processus des « convergences équivoques ».

Il est vrai que ce n’est pas la première fois que le phénomène apparaît. À plusieurs reprises, depuis l’émergence du régionalisme au milieu de la décennie 1960, en Bretagne ou ailleurs, des mobilisations tout aussi massives que disparates idéologiquement se sont déployées pour la défense du tissu productif et de l’équipement régional. Mais il est tout aussi vrai que, à l’époque, c’est la gauche régionale qui se trouvait au cœur du mouvement…

Cette situation nouvelle, dans un contexte général de crise politique, ne pouvait que relancer le vieux problème : faut-il s’adjoindre à des dynamiques aussi redoutablement ambiguës ? Que faire dans ces conditions ? Jean-Luc Mélenchon, parmi les premiers, n’a pas mâché ses mots. Ceux qui vont manifester à Quimper sont des « nigauds », a-t-il déclaré le 2 novembre ; « les esclaves », a-t-il ajouté, « manifesteront pour les droits de leurs maîtres ». Le point de vue du député européen n’a pas été universellement apprécié. Certains ont critiqué la dureté de la formule, tout en approuvant le fond du propos. D’autres ont choisi une démarche franchement différente. En fait, à la gauche de la gauche, deux attitudes se sont exprimées.

La première consiste à dire qu’il faut être là où se retrouvent « les masses », pour y porter la revendication et la solution jugée la plus juste. Un certain nombre d’élus PCF, le NPA, quelques organisations syndicales locales, des associations de défense locale ou écologistes ont donc manifesté à Quimper, avec leurs mots d’ordre, distincts de ceux portés par le courant majoritaire incarné par la FNSEA, le Medef et la droite bretonne. Manifestement, cette attitude s’est trouvée minorée à la gauche du Parti socialiste.

Beaucoup ont ainsi jugé que la participation à la manifestation de Quimper brouillait le message nécessaire à gauche. Pas question de défiler avec le Medef, même sous le bonnet rouge… Une intersyndicale de fédérations régionales Solidaires, FSU et CGT a donc décidé d’appeler à un rassemblement séparé, à Carhaix, autour du thème de l’emploi, mêlant ainsi la critique du gouvernement actuel, de la droite et du patronat, jugés co-responsables de la crise. Cette manifestation a été soutenue par le Front de gauche et par EELV, représentée par le secrétaire national, Pascal Durand.

La visibilité et le nombre ont été sans surprise du côté de la manifestation quimpéroise. Mais la manifestation de l’intersyndicale, préparée dans la hâte, n’a pas été ridicule. Quel que soit le choix tactique de la fin de semaine dernière, demeure la question centrale : autour de quel projet rassembler, dans quelle dynamique de rassemblement ?


Le tract commun NPA ATTAC Alternatifs à la manif patronale de Quimper ("Il faut sortir de la confusion" :mrgreen: :roll: ) :

Pour en finir avec les plans de licenciements, pour une alternative au capitalisme et au productivisme, le vrai visage du capitalisme
- tract commun ATTAC,Les Alternatifs, NPA distribué à la manifestation de Quimper

Doux, Gad, Marine Harvest, Boutet-Nicolas... Des milliers d'emplois supprimés dans le secteur agro-alimentaire qui représente le tiers des emplois industriels de la Bretagne. Au nom de la « concurrence libre et non faussée » de l'Europe libérale, le patronat se livre au dépeçage de notre industrie sans se soucier des dégâts sociaux et humains que cela entraine: chômage, bas salaires, précarité sociale toujours plus grande.

Mais cette crise est aussi la faillite d’un modèle économique productiviste marqué par la fuite en avant et le refus de prendre en compte les impératifs écologiques. L’agriculture et les productions agroalimentaires bretonnes subissent la concurrence de pays européens qui, comme l’Allemagne ou le Danemark, pratiquent un dumping social éhonté en employant massivement des salariés d’Europe de l'Est aux conditions de salaires et de travail dignes de l'esclavage.
Le recours à des intérimaires roumains recrutés par des marchands d'hommes est aussi pratiqué par les patrons de l'agro-alimentaire breton. Vent debout contre la mise en oeuvre de l'écotaxe, votée par la majorité de droite sous Sarkozy, ils n'hésitent pas non plus à envoyer leurs cochons se faire abattre en Allemagne au mépris de l'emploi local et pour accroitre encore leurs profits.

IL FAUT SORTIR DE LA CONFUSION

La mobilisation contre l'écotaxe apparaît pour ce qu'elle est : un prétexte entre les mains du MEDEF, des promoteurs de l'agro-business et des patrons de la grande distribution, champions de l'étranglement économique de leurs fournisseurs et des petits agriculteurs, pour détourner l'attention des véritables responsabilités de la crise.

Refusons « l'union sacrée » que certains voudraient promouvoir entre exploités et exploiteurs. Les intérêts des salariés bretons, des chômeurs et précaires, des agriculteurs, des marins pêcheurs, des petits commerçants et artisans ne sont pas ceux des capitalistes, fussent ils bretons, qui veulent s'imposer sur la scène de la mondialisation libérale.

QUE FAIT LE GOUVERNEMENT?

Le Gouvernement socialiste s'est coulé dans le moule des règles ultra libérales en Europe. Il a ratifié le pacte budgétaire européen concocté par Sarkozy et Merkel et met en oeuvre les politiques d'austérité qui en découlent. Les réponses gouvernementales ne sont pas à la hauteur des exigences des travailleurs. Il doit entendre la détresse des salariés et des chômeurs, refuser que la loi du profit l'emporte sur l'intérêt général, agir pour préserver l'outil de travail, le savoir faire des travailleurs, des emplois durables

ENSEMBLE EXIGEONS UNE VERITABLE POLITIQUE DE GAUCHE

- suspension de tous les plans de licenciements
- droit de veto des salariés sur les licenciements et contrôle des fonds publics versés aux entreprises
- Réorientation, sous le contrôle des travailleurs, de l'appareil productif vers des productions de qualité, la relocalisation de la transformation pour répondre aux besoins d'une alimentation saine et de qualité. Amélioration des conditions de travail et des salaires des travailleurs
- réorientation des financements de la Politique Agricole Commune dans le sens d'une rupture avec le modèle productiviste et libéral: Maitrise des productions, partage des droits à produire, prix garantis et rémunérateurs permettant aux agriculteurs de vivre décemment de leur travail, soutien clair aux pratiques agricoles respectueuses de l'environnement
- l'arrêt du saupoudrage fiscal et la mise en chantier d'une véritable réforme de la fiscalité attaquant enfin les hauts revenus et les profits des actionnaires
- lutte contre le dumping social en Europe

ATTAC, les Alternatifs, NPA


digger a écrit:Je vais ouvrir un sujet sur ce thème dans "débat théorique" et mettre en ligne un texte de Colin Ward sur le sujet comme intro dans "textes inédits traduits", comme j’ai un peu de temps cette semaine.
Fédéralisme, régionalisme et anarchisme viewtopic.php?f=69&t=8351#p126975
La sociologie anarchiste du fédéralisme viewtopic.php?f=16&t=6858&p=126974#p126974


Merci pour cette initiative digger sm 26 Je ne pense pas avoir le temps de participer à ces débats ces prochaines fois mais j'espère avoir le temps de lire attentivement :wink:
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede niouze » 07 Nov 2013, 13:39

tout le monde n'a pas le même son de cloche que ce qui est dit partout sur les manifestations de quimper (a chacun de juger, j'y etait pas je ne peut donc me prononcé de qui rue 89 par exemple ou ceux la a raisons )
http://actualutte.com/une-autre-vision- ... ts-rouges/
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 07 Nov 2013, 15:50

Je n’y étais pas non plus.
Qui a raison ?
Si l’on s’en tient aux faits, la manifestation de Quimper a fait se côtoyer des personnes et des mouvements qui n’en ont pas l’habitude. Et autour d’une question commune (l’écotaxe) qui cache au moins trois préoccupations divergentes, elles.
"Le patronat", pour lequel est elle est une perte de profit par l’instauration d’une taxe
"Les travailleurs" – les principales victimes – d’une part parce que les patrons pourront toujours délocaliser, ou au mieux, faire du chantage sur les salaires et les conditions de travail. Et d’autres parts, parce qu’ils sont aussi en bout de chaine, les acheteurs de produits qui augmenteront par répercussion.
Le mouvement breton, décentralisateur, qui effectivement aujourd’hui, est loin de se situer à droite .
A partir de là, plusieurs positions se sont exprimées.
La première, la plus nombreuse, a été de dire "on y va", sans se préoccuper de qui y participait.
La seconde, minoritaire, a été le refus, avançant la manipulation du MEDEF.
Qui a raison ? La suite le dira peut-être
L’article que tu cites judicieusement a pour intérêt de souligner cette complexité.
Alors oui, c’est un mouvement complexe, mais non ce n’est pas qu’un mouvement de droite, tout comme il n’est pas malheureusement que de gauche

avec quelques inexactitudes, je pense.
Le seul trait idéologique commun est sûrement l’hostilité face à l’Etat jacobin centralisateur et la demande d’un pouvoir plus local, donc plus proche du peuple.

Ce que je ne crois pas, ou alors j’ai raté un épisode. Parce que je ne pense pas, hélas, qu’il existe dans la classe ouvrière en Bretagne, un lien entre pouvoir (centralisateur) et développement économique (aussi bien que social et culturel. En tout cas, cette conscience n’apparait pas dans les résultats électoraux. Même si ressortir Kan bale an ARB est peu commun par les temps qui courent.
Nous nous demandons donc : depuis quand le peuple de gauche se drape-t-il dans une pureté idéologique -aussi exécrable que la pureté ethnique- qui l’empêche de se battre aux cotés des classes laborieuses sous prétexte qu’elles s’opposent à une mesure dite écologique ( ce qui n’est pas le cas)

Le peuple de gauche est depuis toujours sous la férule de partis jacobins, du PS au PC en passant par l’inénarrable Mélenchon.
Le fait est tout de même que les bretons sont aujourd’hui en révolte et nous souhaitons ardemment que ce feu dans la lande ne devienne pas feu de paille, mais au contraire un vaste incendie qui brûlera le patronat et l’État centralisateur.

Tel est mon souhait aussi, mais cela nécessite un travail de longue haleine. De dialogue d’abord et d’explications, y compris (et peut-être avant tout) au sein du mouvement anarchiste. Et que les vraies questions, au-delà de l’écotaxe, restent à poser.
C’est en tout cas le commentaire le plus avisé que j’ai lu sur la question.

Kan bale an ARB - Chant de marche de l’Armée.Révolutionnaire.Bretonne, de Glenmor
http://www.tempsnoirs.lautre.net/Glenmor%20-%20Kan%20Bale%20An%20Arb.MP3

Et pour savoir à qui s’adresse ce chant :

Sans gêne et fort, Bretons
Le combattant sera rude
Dans la nuit exploseront les châteaux
Lits de l’oppresseur.
Comme il sera cruel le soleil du combat
Aux bourgeois et aux traîtres
Comme elle sera belle la lumière des feux
Au coeur des combattants bretons
Dans la nuit exploseront les châteaux
Lits de l’oppresseur
Sans gêne et fort, Bretons
Le combattant sera rude
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede Blackwater » 08 Nov 2013, 01:32

Je trouve que le contre-rassemblement de Carhaix fut une erreur.

Le mouvement de masse (30 000 personnes) se situe à Quimper. Oui, le patronat et les identitaires ont récupéré le mouvement. Mais justement, le mot est là, c'est de la récupération. Ce ne sont pas eux qui ont organisé les manifs! C'est un mouvement prolétaire auquel s'est greffé le FNSEA et cie, parce que l'écotaxe les fait chier et qu'ils tentent de rallier les travailleurs à leurs lignes. Mais c'est le patronat qui crée la collaboration de classe en s'invitant à ces rassemblements. Pas les 30 000 manifestants. C'est pas 30 000 patrons ni 30 000 identitaires!
Je pense qu'il faut (et le NPA l'a bien compris) être là où se situe le mouvement, parce qu'il y a beaucoup de travailleurs désorientés, qui ont peu de conscience de classe et qui risquent de tomber aux mains des patrons. Mais il faut les soutenir dans leur lutte et leur faire comprendre que le patronat n'est pas leur allié!

Les 3 000 personnes rassemblées à Carhaix, c'est n'importe quoi. C'est un rassemblement de bureaucraties syndicales et de militants formés. Mais là n'est pas l'essence du mouvement de masse.

En tout cas, à Grenoble, je peux vous dire que mes seuls camarades de lutte (que je côtoie dans mon syndicat, les collectifs etc) qui défendent le rassemblement de Carhaix c'est essentiellement les militants du PCF et du PG. Les militants anticapitalistes et les libertaires (pas forcément NPA mais aussi les militants d'AL par exemple) soutiennent plutôt Quimper!
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede Pïérô » 08 Nov 2013, 02:59

Je ne suis pas loin de partager en partie ce point de vue, mais il me parait complètement contre-productif de faire abstraction des différentes forces qui constituent ce type de rassemblement et se mélanger. Il fallait se démarquer des patrons et des réacs, et s'il avait été question de manifester au même endroit il aurait de toute manière été important de faire un cortège bien distinct. Le NPA a joué une carte aventuriste et populiste, et il est en campagne électorale, le genre de chose qui mène à tous les glissements, pas nous. Comme je l'ai dit plus haut, je pense que l'appel du 23 novembre est trop éloigné. Les syndicats ne veulent pas aller au charbon, et SUD/Solidaires n'a pas forcément les forces pour prendre ce type d'initiatives. C'est sans aucun doute à la base qu'il faut encore construire, en appelant à la convergence des sites en lutte et a des AGs interpros, et coordonner. Il n'y a que cela pour dépasser les bureaucraties syndicales, mettre à l'écart patrons et réacs, et construire une dynamique sur des bases moins savonnées et, on peut l'espérer, moins confuse et confusionniste. Cela peut évidemment paraître incantatoire, mais qui ne tente rien n'a rien. :)
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede Kzimir » 08 Nov 2013, 13:13

Le problème c'est qu'à participer à la même manifestation, le message qui a été compris c'est un truc du genre "tout le monde est contre le trop d'impôts". Et il ne pouvait pas vraiment en être autrement dans un rassemblement initié et subventionné au moins en partie par le patronat local. Ne serait ce que parce que patrons et travailleurs ne sont pas à égalité, et que dans un mouvement qui mèle les deux mots d'ordres celui qui l'emportera au niveau médiatique sera forcément celui des dominants. A partir de là je pense que le rôle des orgas progressistes aurait été d'essayer de faire en sorte que l'autre rassemblement, sur des mots d'ordres plus clairs, soit un succès. A choisir mieux vaut soutenir un truc organisé par des bureaucrates syndicaux qu'un organisé par le patronat.
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede mimosa rouge » 08 Nov 2013, 14:01

En tout cas, à Grenoble, je peux vous dire que mes seuls camarades de lutte (que je côtoie dans mon syndicat, les collectifs etc) qui défendent le rassemblement de Carhaix c'est essentiellement les militants du PCF et du PG. Les militants anticapitalistes et les libertaires (pas forcément NPA mais aussi les militants d'AL par exemple) soutiennent plutôt Quimper!


quand on connait l’extrême sectarisme dans les milieux de gauche (extreme gauche comprise) je pense qu'on peut un peu plus comprendre la vrai raison de ce clivage ...
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 08 Nov 2013, 18:23

La discussion va pouvoir continuer. Une nouvelle manif est appelée le 30 nov.
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Quimper: arguments pour ou contre

Messagede altersocial » 09 Nov 2013, 11:55

BlackBombA a écrit:Je trouve que le contre-rassemblement de Carhaix fut une erreur.

Le mouvement de masse (30 000 personnes) se situe à Quimper. Oui, le patronat et les identitaires ont récupéré le mouvement. Mais justement, le mot est là, c'est de la récupération. Ce ne sont pas eux qui ont organisé les manifs! C'est un mouvement prolétaire auquel s'est greffé le FNSEA et cie, parce que l'écotaxe les fait chier et qu'ils tentent de rallier les travailleurs à leurs lignes.


J'ai participé à de nombreux mouvements de prolétaires, ou de solidarités internationalistes, en tant que travailleur militant (depuis plus de 20 ans) et les fachos et les patrons on les a toujours foutu dehors illico. Et je pense que tu as du vivre des expériences similaires dans ta région :wink: Donc non, l'argument ne me convainc pas du tout ... Pourquoi n'ont ils pas été foutus dehors ? Le malaise est bien plus profond et n'est pas anecdotique et je pense comme digger que cela fera encore débat.

Kzimir a écrit:Le problème c'est qu'à participer à la même manifestation, le message qui a été compris c'est un truc du genre "tout le monde est contre le trop d'impôts". Et il ne pouvait pas vraiment en être autrement dans un rassemblement initié et subventionné au moins en partie par le patronat local. Ne serait ce que parce que patrons et travailleurs ne sont pas à égalité, et que dans un mouvement qui mèle les deux mots d'ordres celui qui l'emportera au niveau médiatique sera forcément celui des dominants. A partir de là je pense que le rôle des orgas progressistes aurait été d'essayer de faire en sorte que l'autre rassemblement, sur des mots d'ordres plus clairs, soit un succès. A choisir mieux vaut soutenir un truc organisé par des bureaucrates syndicaux qu'un organisé par le patronat.


Je le pense également. Et pourtant j'aimerai être convaincu du contraire tellement cela est pénible de voir la confusion vers laquelle sont allés certains camarades bretons :(
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 09 Nov 2013, 13:21

Je ne sais pas si c’est de la confusion, il y en a dans le sens où il y a mélange des genres bien sûr.
Pourquoi les patrons n’ont-ils pas été foutus dehors ? Parce que sans doute, c’est eux qui donnent le travail, les salaires et ce qui va avec. Et qu’aujourd’hui l’emploi, et au-delà, la survie quotidienne, est au centre des préoccupations. C’est peut-être con ce que je dis, mais je pense que la survie de l’entreprise, quelle que soit l’opinion que les gens en ont par ailleurs, sur les salaires ou les conditions de travail, prend l’ascendant sur toute autre considération. Et que c’est un phénomène relativement nouveau qui fait que deux , ou plusieurs, intérêts divergents, si on se place sur le terrain idéologique, convergent sur le terrain. A court terme, du moins.
On a vu les ouvriers d’une usine se battre contre d’autres ouvriers qui la bloquait. Parce que le camarade, avant tout, est perçu comme celui qui vient t’empêcher de travailler et de toucher ton chèque à la fin du mois et que tu en as besoin pour vivre, ou subsister, qui est devenu l’objectif avant que de vivre. L’instinct de survie, la peur du lendemain, a des effets dévastateurs.
Aujourd’hui, un capitaliste qui prononce le mot "emploi" (ou développement) met de son côté beaucoup plus de partisans que de contestataires. Regarde l’argumentation de NDDL, par exemple.
Sans provoc aucune, je dirai que les syndicats ont marché dans la combine. Lorsque nous parlions de nucléaire, ou d’industrie de l’armement, on trouvait les syndicats en face pour nous accuser de vouloir détruire des centaines de milliers d’emplois.
On ne pouvait avancer face à çà que des arguments à moyens termes, la reconversion des usines, ou à long terme, le changement radical de société. Mais l’ouvrier de l’armement, lui, sa préoccupation immédiate, c’était le salaire à la fin du mois.
Je ne suis pas sûr des enseignements à tirer de tout cela. Mais je crois que plus la situation, les conditions de vie, se durcissent, plus la combativité se dirige vers l’immédiat et plus le discours radical tombe à plat. Non pas parce qu’il n’est pas fondé, mais parce qu’il est décalé dans le temps.
Là tu dis "mettez les patrons dehors" – ce avec quoi je suis d’accord dans l’absolu – sauf que la revendication est l’emploi et que l’emploi est étroitement lié dans l’esprit d’une immense majorité, à la présence des patrons. :gratte:
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede leo » 09 Nov 2013, 19:07

Complètement d’accord avec digger.

J’ajouterais un point important.

Il me semble que c’est moins une affaire d’‟idées”, de ‟discours radical”, d’idéologie, etc., sur laquelle il faudrait mener donc une « bataille d’idées » qu’un problème de rapport de force social-politique.

Si les ouvriers et les travailleuses suivent les patrons, si nombre d’entre eux/elles reprennent à leur compte le discours patronal, ce n’est pas explicable en disant simplement qu’ils ont de mauvaises idées (et qu’on se chargerait de changer en leur apportant la conscience qu’ils n’ont pas). C’est que ces « idées » sont le reflet de la réalité vécue et ressentie par la plupart des gens : elles correspondent à une situation qu’il faut essayer de comprendre.

En outre, la possibilité de poser des alternatives qui semblent légitimes ou justes, des idées, des désirs, des possibilités de choisir (par exemple son boulot) ou d’envisager, même en rêve, l’existence possible d’une toute autre société, dépend des espaces de réflexions, de socialisations antagoniques, de remise en questions des « évidences sensibles » que peuvent permettre, par exemple, la participation active à des conflits collectifs, surtout quand ceux-ci sont gagnants, quand ils ont débordé les cadres institués, quand les patrons et le capital en général ont été placés sur la défensive, qu’ils ont été obligés de céder un peu pour ne pas perdre beaucoup plus, quand les gens qui ont lutté ont démontré, d’abord à eux-mêmes, qu’ils étaient une force et qu’ils pouvaient imposer leur pouvoir de nuisance et des limites à l’exploitation.

Or de ce point de vue, si on la compare aux années 70, la situation actuelle est bien pire. Les espaces d’autonomie ouvrière et d’autodétermination sociale nés de la conflictualité dans les boîtes ou ailleurs ont quasiment disparu, le « jeu » dans le rapport de force s’est totalement réduit… et l’idée d’un « point de vue ouvrier » sur les processus de production et les conditions d’exploitation semble totalement saugrenue aujourd’hui.

C’est le point de vue patronal qui l’emporte et on sait pourquoi : ce sont eux qui imposent leurs conditions et pas l’inverse. On peut le voir pratiquement partout : dans l’automobile (PSA) avec quelques grèves ultra-minoritaires (Aulnay) qui ne bloquent pas les processus de restructuration, dans le commerce avec le développent du travail du dimanche ou en soirée, dans toutes les boîtes qui licencient et imposent des mesures de flexibilité à ceux qui restent… c’est le patronat qui est à l’initiative et c’est lui qui impose ses solutions.

Je dirais simplement que ce qui se passe en Bretagne et ailleurs, n’est pas autre chose qu’une expression, une photographie du rapport réel entre les classes, entre l’ensemble des segments sociaux qui forment ce qu’on appelle des prolétaires, et le capital (les patrons et un système économique marchand et d’accumulation du capital).

S’il est évident qu’il y a une dimension identitaire dans la dynamique bretonne actuelle, s’il y a aussi une spécificité bretonne dans la crise du « modèle productif » de l’agro-industrie, c’est la même situation partout ailleurs : des luttes de travailleurs pour l’essentiel, le dos au mur, essayant d’arracher, en cas de licenciements, les meilleures indemnités possibles et chez ceux dont les emplois sont « sauvés », l’acceptation de recul sociaux sur la mobilité, les conditions, le temps de travail, voire les salaires.

C’est d’ailleurs, lorsqu’il y a eu des acceptations de ce genre qui ont été consenties et que le taulier a quand même licencié les travailleurs qu’on a pu voir quelques conflits notables (je pense aux Conti en particulier). C’est le sentiment de s’être fait « b… » par le patron qui a le déclencheur d’une colère ouvrière et d’une lutte longue et dure qui leur a permis d’arracher assez peu finalement, mais beaucoup plus que dans tous les autres conflits de cette période.

L’épisode du week-end dernier en dit long de la situation, avec une manif réussie et massive orchestrée par les patrons, la FNSEA, une bourgeoisie entrepreneuriale et régionaliste, etc., mais où se sont retrouvés les salariés en lutte (Quimper) et de l’autre côté, le bide – mais tout de même utile pour le PS et le gouvernement – d’un rassemblement appelé bureaucratiquement (de Rennes) par des organisations syndicales de gauche coupées de la dynamique de lutte des salariés (Carhaix). Les commentaires interminables sur ces deux manifs semblent beaucoup occuper le petit monde militant, mais comme toujours, ils parlent boutique et chiffons et passent à côté de l’essentiel : l’appréciation de l’état réel de la conflictualité.

Aujourd’hui, ils clair que la question de l’« emploi » est totalement prise en otage par les patrons (qui licencient et menacent de le faire) et les salariés servent de petits soldats et de carburant à une contestation patronale-libérale visant à capter des subventions européennes, à gagner des espaces de pouvoir, de meilleures capacités économiques, de la profitabilité supplémentaire.

Et comment défendre l'« emploi » dans une logique qui ne soit non libérale-capitaliste ? Peut-il y avoir des emplois non rentables, non générateurs de profits dans le cadre actuel ? On sait bien que non. Et c'est clairement pour ça que les salarié-e-s ont largement tendance à reprendre le discours patronal à leur compte (« pas de profit possible, donc pas d'emploi »). Parce qu'il n'y en a pas d'autre dans la société actuelle, dans les luttes menées boîte par boîte, isolées les unes des autres. Ou même si elles « convergent » sans devenir offensives, c’est-à-dire sans parvenir à briser le cadre établi dans lequel les salariés réclament des « emplois » et les patrons et l’Etat leur répondent : « employabilité, marché, compétitivité, marges de profit…» Parce que ce « discours » est aussi une réalité, la réalité du rapport capitaliste dans chaque entreprise et à l'échelle de toute la société.

Dans un rapport de force dégradé, les possibilités d’inverser la tendance sont assez minces. Mais ces possibilités naitront ou pas dans les conflits, dans les affrontements de classes qui existent néanmoins, en fonction des niveaux quantitatifs et qualitatifs qu’ils auront atteints.

Est-ce que le caractère massif et nombreux des plans de licenciements dans un court laps de temps peut générer un effet tel que la question sociale des besoins (revenu) et des conditions d’existence « s’autonomise » et se sépare de l’interclassisme dominant, gagne en puissance, brise le cadre référentiel imposé par la toute-puissance du capital (les emplois à nos conditions, c’est-à-dire votre employabilité…), devient une question et un conflit politique : nos besoins contre leur travail et leurs profits, quels « emplois » ou activités, quelle production, comment, qui décide ?
leo
 
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede mimosa rouge » 10 Nov 2013, 01:46

ça va en étonner peut etre mais j'ai l'impression d'etre d'accord avec diggers !
sauf sur le fait qu'il analyse cela comme une nouveauté ... non le phénomene existaient avant, qui a permis au patronat par exemple d'attaquer toute les conventions collectives dans les années80, 90, 2000 . l'unité de branche et l'unité de classe n'existait déjà plus (les luttes corpo des années 80 ou 95 et 2003 ont aussi montré que seul quelques secteurs d'industrie ou territoriaux se mobilisait) . Ont le voit vraiment aujourd'hui car le repli sur sa boite se voit plus en période de crise . On nettoie maintenant le capital non rentable ... c'est a dire les boites
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