Bretagne, Bonnets rouges

Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede JPD » 06 Déc 2013, 07:43

BONNETS ROUGES ET PÔLE OUVRIER À CARHAIX (OCL)


Samedi 30 novembre 2013, à l’appel du Collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », près de 30 000 personnes se sont rassemblées sur le site de Kerampuilh, pour écouter divers orateurs puis manifester à travers la petite ville avec gwenn ha du (drapeau breton : « blanc et noir ») et bonnets rouges.

Malgré les dénigrements politiciens sur le poujadisme supposé du mouvement, malgré le déminage gouvernemental des dossiers des entreprises de l’agro alimentaire, Tilly Sabco et Doux, malgré l’amélioration des conditions de licenciement chez Marine Harvest, malgré le projet de « pacte d’avenir pour la Bretagne » promis par Ayrault pour le 4 décembre et le report de l’écotaxe à janvier 2015 annoncé par Le Foll et malgré le désengagement de toutes les confédérations syndicales et du patronat ( !) qui n’appelaient pas, le mouvement n’a pas faibli !

Nous avions publié l’appel à constituer un pôle ouvrier à l’occasion de cette journée : Bonnets rouges Pour un Pôle ouvrier à Carhaix , dont le texte d’appel n’a été finalisé que le jeudi 28 et n’a eu qu’une diffusion tardive... C’est donc un peu au pied levé que les choses se sont organisées, à l’initiative du comité de défense de l’emploi en centre Bretagne.

Dans un premier temps, c’est à la gare devant 2 à 300 personnes que les prises de paroles ont commencé. Certains participant-e-s étaient là pour la première fois avec leur banderole faite maison dénonçant leurs conditions d’exploitation... Les sections syndicales de l’agro-alimentaire n’avaient pas appelé à cette initiative de pôle ouvrier, les conflits de GAD, Tilly et Harvest, étant négociés ; les personnes présent-e-s étaient syndiqués ou non, sans étiquette. Le SLB (syndicat des travailleurs de Bretagne) a exprimé une position de classe, internationaliste et solidaire avec notamment les sans papiers et travailleurs immigrés ; de même le NPA a évoqué la nécessité d’interdire les licenciements et de nationaliser les boîtes qui délocalisent leur production ; enfin Breizhistance (gauche indépendantiste) a évoqué entre autres la nécessité d’une démocratie de proximité, taxer les résidences secondaires vides toute l’année pour aider les mal-logés et un autre mode de production agricole.


Les groupes de salarié-e-s de GAD, Tilly Sabco, Marine Harvest ont décrit la situation respective de leurs boîtes. La salariée de Tilly Sabco a évoqué de façon élogieuse ( !) l’action du patron, Sauvaget, qui aurait permis de débloquer des subventions européennes pour maintenir les emplois à flot (et son entreprise par la même occasion !...ndc). A l’opposé, les salarié-e-s de GAD qui avaient reçu leurs lettres de licenciement la veille ont défilé à travers Carhaix en conchiant bruyamment leur employeur... Les positions sont donc quelque peu contrastées.

Finalement le cortège s’est rapidement étoffé, pour regrouper un millier de personnes en arrivant sur le site de rassemblement des Bonnets Rouges, chaque boîte en lutte était identifiée par une couleur de t-shirt (cf photo). Le comité pour la défense de l’emploi devrait voir la suite à donner à cette journée.





DES INTERVENTIONS CONTRADICTOIRES


Les prises de paroles sur la scène centrale des Bonnets Rouges étaient également contrastées. Se sont succédés sur la scène des gloires locales octogénaires, gaullistes bretonnants et réacs, mais aussi Gilles Servat avec sa chanson « les prolétaires » datée mais plus que jamais d’actualité...
Puis un agriculteur a exprimé la nécessité d’un autre mode de production, plus soucieux d’une production équilibrée et équitable, mais le porte-parole de la FDSEA 29, Merret, représentant des gros légumiers et cochonniers a rappelé lourdement qu’il faut libérer les énergies .../... et lever les contraintes et les freins sur les plans législatif, fiscal, social et environnemental. Voudrait-il transformer la Bretagne en république bananière ? Merret rappela aussi que dés février 2009 le patronat breton avait dénoncé l’écotaxe par une action au péage de la Gravelle. Bref, il a revendiqué la primeur patronale de la contestation de l’écotaxe et la centralité des patrons : Sans entrepreneurs, pas d’entreprises, et sans entreprises pas d’emplois...

Troadec au contraire a évoqué clairement une préoccupation de défense des conditions sociales et de solidarité future contre le centralisme jacobin, en en appelant à la base de la population, ouvriers, paysans, chômeurs, petits patrons, pour constituer la colonne vertébrale d’un mouvement, qui imposerait un outil institutionnel régional, et invitant Hollande à venir en discuter... Voilà qui s’appelle prendre date, notamment à quatre mois des municipales, pour un simple maire conseiller général qui « fait le job », en cotoyant aussi bien le patronat du cercle de Locarn qu’en défilant le 23 novembre dans la manifestation intersyndicale à Lorient le matin et à Morlaix l’après-midi... Si on peut reprocher à Troadec son côté girouette, à se partager entre le NPA Carhaix et la FDSEA 29 ( !) pour lancer ses initiatives, il donne l’impression au-delà de son fief électoral de Carhaix, de promouvoir un projet autonomiste breton, proche du programme de l’UDB (Union démocratique bretonne) mais sans avoir besoin de faire allégeance au PS pour exister politiquement comme élu. Doué du sens des affaires et des alliances politiques réalistes, son charisme n’est pas pour rien dans l’ambivalence que les médias prêtent aux Bonnets Rouges.

QUEL AVENIR POUR CE MOUVEMENT ?


Ce duo contrasté des deux figures de proue du mouvement est-il un jeu pour ratisser large en se répartissant les rôles, au nom de la défense des intérêts communs des territoires bretons, ou au contraire la chronique d’un divorce annoncé.. ? Un peu des deux, peut-être.

Mais la mobilisation leur impose aussi son rythme propre, à la remorque de l’économie ( blocus des transporteurs possible), tributaire des fermetures et licenciements qui se succèdent, dans l’industrie comme dans l’agro alimentaire. Une nouvelle crise pourrait bientôt éclater, avec de sérieuses conséquences suite à la remise en cause par l’UE de la PAC (prix du lait non garanti, fin des quotas, etc). La production laitière bretonne est déjà assez malmenée (depuis 2009, 15 % des exploitations ont disparu), et la tempête annoncée pourrait être d’une autre ampleur que l’écotaxe.

Les leaders des Bonnets rouges sont aussi obligés de composer avec l’humeur d’une population qui a voté massivement Hollande (59 % dans le Finistère) et qui ne décolère pas de la politique menée aujourd’hui : délocalisation d’usines faisant des bénéfices, risque de faillites pour cause de modification de la PAC (fin des restitutions à l’export), ou pour cause de dumping social avec l’UE (les abattoirs allemands sous-paient leurs salariés...), ces difficultés dans l’agro-alimentaire ne sont que l’application d’une politique capitaliste brutale, sous stricte domination de la finance. Et ce n’est pas l’épisode de la retraite-chapeau de Varin, ex PDG calamiteux de PSA, qui calmera les esprits.

Le rebond de la mobilisation dépend aussi des petits patrons, liés à la santé économique de leurs donneurs d’ordre de l’agro-alimentaire et des producteurs ; notamment les petits transporteurs dont les entreprises sont impactées par l’écotaxe, n’ont pas l’envergure pour la répercuter sur leurs tarifs, comme le font la grande distribution ou les grosses boîtes de transport. Bref ce n’est pas le salaire et le salariat qui font le prolétaire... Et il y a des travailleurs « indépendants » plus exploités que les salariés : revenus inférieurs, à la tâche, sans cotisations ni droits au chômage.

Les médias ont également joué un rôle d’accélérateur et d’amplificateur (relayé par tous les secteurs d’opinion « libéraux », fort nombreux dans la presse magazine et chez les « experts » des chaînes TV d’info) à propos de la « fronde fiscale », plus ou moins sincère, mais qui peut traduire aussi une réelle angoisse, un étouffement économique chez des « indépendants » face au ralentissement de l’économie.

MOUVEMENT ET TERRITOIRE


Sur l’avenir du mouvement, la dimension bretonne des Bonnets rouges est indéniable ; elle soude le groupe et s’est imposée à la population... Une identité collective n’est revendiquée et défendue que lorsqu’elle se sent menacée, remise en cause. Avec la péninsularité de la Bretagne en périphérie des axes européens, avec le plus fort taux hexagonal de propriétaires de leur logement et le tissu associatif le plus dense, la population bretonne qui est attachée à ses racines et à ses liens sociaux craint logiquement une future désertification économique, à la grecque ou à la portugaise, sur les marges de l’Europe, d’où son allergie partagée à la taxe poids lourds ; de plus l’endettement de l’Etat français justifie le rognage des protections sociales ; les conditions de travail dans l’agro-alimentaire breton sont déjà très ingrates et il n’y a pas d’alternative d’embauche ; et enfin le gouvernement Ayrault est aux ordres de l’orthodoxie budgétaire pour désengager l’Etat de secteurs d’activité même bien défendus, comme Arcelor-Mittal... Les luttes locales pour s’imposer face aux directives de Paris sont toujours dans la mémoire collective, des mobilisations des légumiers du Leon dans les années soixante à la résistance anti nucléaire à Plogoff en 1981, entre autres. Cette révolte fiscale est aussi basiquement l’expression d’un ras-le-bol de type « autonomiste » (l’impôt, c’est l’Etat, c’est Paris) qui, ajouté à la question des normes (là, c’est « Bruxelles »), crée une révolte à la fois « libérale », anti bureaucratique et anti centraliste.


Alors quoi de mieux que l’étendard breton pour porter en avant une communauté d’intérêts, ou supposés tels, pour maintenir des relations, un tissu social et un mode de vie liés à un territoire, particulièrement le Centre Bretagne où beaucoup de gens se « débrouillent » avec des petits boulots et des échanges pratiques permettant de vivre bien mieux qu’en ville, pour le même budget. De plus pour la population bretonne, cette identité se lit en « négatif » dans la prise de distance des différents appareils parisiens... qu’ils soient syndicaux, patronaux, politiques. Quoi de plus fort que le sentiment de rejet collectif pour souder un groupe ! Si le MEDEF, la FNSEA, la FNTR, les confédérations syndicales, les partis n’appelaient pas à Carhaix (un remake inversé du 2 novembre), localement les petits patrons, les militants syndicaux de base, ouvriers ou agriculteurs et transporteurs, eux étaient là....

QUEL PROJET CAPITALISTE EN BRETAGNE ?

Les patrons du think tank du Cercle de Locarn, les Glon, Doux et autres Henaff aimeraient conserver les populations bretonnes sous leur coupe, en renforçant encore leur main-mise par le biais d’institutions locales pour maximiser leurs profits et intensifier les conditions de merde qui prévalent dans l’agro-alimentaire breton (pénibilité, salaires légers, travail à la chaîne, flexibilité,...).

Mais il y a un autre projet capitaliste pour la Bretagne, et le Grand Ouest. La métropolisation Nantes Saint-Nazaire Rennes constitue une perspective plus juteuse, pour le « grand » capital, que le maintien à long terme et à grand frais (humains, environnementaux, financiers) d’une production agro alimentaire de qualité médiocre et surabondante, sujette à la surproduction de façon chronique et à une rivalité commerciale renouvellée avec des économies émergentes. Cette métropolisation, qui bénéficie de moyens considérables pour accélérer son implantation commencée depuis 20 ans, n’est pas une exception.
Ainsi plusieurs grandes métropoles régionales redessinent un nouvel aménagement du territoire hexagonal. La métropole nantaise ne se fera pas sans conséquence pour le territoire breton. Par exemple le projet d’aéroport international de Notre Dame des Landes ambitionne de concentrer la plupart des lignes aériennes du Grand Ouest, pour à terme drainer le trafic des autres aéroports environnants et atteindre un seuil de rentabilité. De même la métropole nantaise est censée concentrer des moyens culturels (grandes écoles, universités, centres de recherche et de création, musées, palais des congrès, salles de concert) pour rayonner par une offre artistique et d’enseignement, afin d’attirer des classes sociales plutôt aisées, susceptibles de consommer et fournir la main d’œuvre adaptée aux secteurs d’activité les plus innovants et rentables.

Cette métropolisation en cours (à laquelle les opposants au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes résistent pour préserver leur mode de vie et refuser un grand projet inutile imposé) n’annonce rien de bon pour le réseau de villes petites et moyennes que la Bretagne intérieure a su conservé, pour permettre un maillage suffisant de son territoire et maintenir une activité, des services et commerces utiles ou nécessaires et pas trop éloignés. La logique de la métropole nantaise est de concentrer les infrastructures et moyens financiers, culturels, économiques, humains pour atteindre une taille critique, pour créer à partir de ce pôle un environnement optimal susceptible d’initiatives économiques et avoir une chance de survivre dans la compétition internationale, avec la transformation du territoire breton en hinterland d’une future métropole régionale active et branchée...

Les conséquences pour les populations du centre Bretagne ne seront pas un gain d’autonomie pour maîtriser leur avenir et des solutions adaptées à leurs besoins. Aussi les motifs de lutte des habitant-e-s contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes - et par conséquence la métropolisation - ressemblent à la volonté des Bonnets rouges de vivre, décider et travailler en Bretagne, sans que les bureaucrates parisiens, ou nantais, n’aient leur mot à dire sur leurs affaires. La question posée est celle-ci : comment une communauté humaine vivant sur un territoire peut-elle résister aux projets et changements imposés par des pouvoirs ou des logiques extérieures, sans qu’elle ait eu son mot à dire.

C’est un peu le sens de ce mouvement des Bonnets rouges. Alors comment questionner ces deux luttes pour que leurs cheminements et leurs dimensions respectives puissent se renforcer mutuellement ? La critique du progrès et du productivisme, du rapport de l’humain à la nature, de la définition des moyens pour satisfaire les besoins réels, la pratique de débat collectif en assemblée générale horizontale sans bureau centralisateur, ces thèmes souvent abordés à Notre Dame des Landes questionneraient utilement les pratiques et revendications du mouvement de l’agro-alimentaire breton. Ce serait pour le coup une vraie révolution culturelle.

Inversement l’échelle du mouvement des Bonnets rouges en centre Bretagne, d’un territoire étendu concernant une population conséquente et diverse de classes populaires, oblige à penser politiquement l’intervention publique, au-delà d’une ZAD de 2000 hectares confidentielle et hermétique pour le plus grand nombre. Les préjugés négatifs respectifs sont nets, mais dans un premier temps, ouvrir un canal de discussions et d’échange d’informations serait précieux. Surtout que le COPAIN 44, « héritier » du mouvement paysan travailleur, qui réfléchit à la pratique d’une agriculture paysanne, est très investi dans la défense de la ZAD et peut constituer l’esquisse d’un pont paysan entre les mouvements. Bref, il est plus qu’urgent et nécessaire de se parler et réfléchir ensemble pour espérer pouvoir vaincre, face à l’Etat et au capital.

Nantes, le 2 décembre.

PS : dans le numéro 335 de décembre de Courant Alternatif, un article aborde les bases de la crise dans l’agro-alimentaire breton, notamment l’historique d’un secteur d’activité qui a détruit l’agriculture paysanne traditionnelle au plus grand bénéfice des banques, Crédit Agricole en tête, des multinationales du machinisme agricole, des semenciers et autres producteurs de phyto-sanitaire.

Ici plus qu’ailleurs, l’idée de Progrès a servi les plats au grand capital. Le mouvement des Bonnets Rouges est le produit de la crise de cette agro-industrie destructrice... et nourricière !
JPD
 
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede altersocial » 06 Déc 2013, 19:45

Publié sur le portail Ni Patrie Ni Frontière/Echanges et Mouvement :

BRETAGNE et « BONNETS ROUGES » : SE BATTRE POUR LE REVENU, PAS POUR RETENIR LE TRAVAIL ! POUR LUTTER CONTRE LES LICENCIEMENTS ET LA MISÈRE, LES OUVRIERS NE PEUVENT COMPTER QUE SUR EUX-MÊMES

Sous prét­exte de la mon­dia­li­sa­tion et de la crise (mais y-a-t-il vrai­ment une crise si grave pour les patrons ?), les capi­ta­lis­tes accé­lèrent les restruc­tu­ra­tions au prix de licen­cie­ments en cas­cade. Presque tou­jours, à l’image des sala­riés en Bretagne, les tra­vailleurs réag­issent avec hargne et dét­er­mi­nation à ces coups frappés par la classe domi­nante. Mais leurs luttes n’abou­tis­sent pas. Les licen­cie­ments pas­sent avec quel­ques menus amé­na­gements du genre pro­mes­ses vaseu­ses de reclas­se­ments, de for­ma­tions à n’en plus finir et, si ça va bien, un peu d’argent en plus pour solde de tout compte. La prin­ci­pale raison de ces échecs est simple à com­pren­dre : les patrons frap­pent unis, de concert avec leur État, tandis que les tra­vailleurs ripos­tent isolés. Divisés usine par usine, bureau par bureau, entrepôt par entrepôt, ils finis­sent par subir la curée.

Pendant ce temps, l’État, les orga­ni­sa­tions patro­na­les et les syn­di­cats enton­nent en choeur les chants des lamen­ta­tions tour à tour contre la dés­er­ti­fi­cation indus­trielle, la concur­rence délo­yale de l’étr­anger et la mon­dia­li­sa­tion. Tous, dans le camp des clas­ses domi­nan­tes, en appel­lent à l’État tantôt pour qu’il fasse passer la pilule aux ouvriers tou­chés, tantôt pour qu’il se sub­sti­tue aux entre­pre­neurs défaillants, tantôt pour qu’il fasse bar­rage par la loi aux vils assauts de l’étr­anger. Tous, sans dis­tinc­tion, s’achar­nent à déf­endre les entre­pri­ses natio­na­les et rég­io­nales, l’outil de pro­duc­tion si cher aux syn­di­cats et aux partis bour­geois de gauche, d’extrême-gauche comme de droite et d’extrême-droite.

Le plus sou­vent, les tra­vailleurs licen­ciés tom­bent dans le pan­neau en s’accro­chant aux machi­nes et aux locaux à l’ori­gine de leur déf­aite. Des machi­nes et des locaux dont le capi­tal ne veut plus. Pourtant, l’outil de tra­vail, le moyen de l’exploi­ta­tion d’antan, devient aux yeux des tra­vailleurs tou­chés un bien précieux qu’il faut déf­endre à tout prix. Mais cette rés­ist­ance s’avère déris­oire car, exac­te­ment comme eux, l’outil et le lieu de tra­vail, devien­nent sur­numér­aires, inu­ti­les à la valo­ri­sa­tion du capi­tal. C’est pour cette raison et seu­le­ment pour cette raison que le capi­tal s’en déb­arr­asse pour miser sur des acti­vités, des pro­duc­tions plus ren­ta­bles. Et tant pis pour les rava­ges que cela pro­vo­que dans le tissu social. Défendre l’outil et le lieu de tra­vail dém­antelés, tenter de rete­nir le capi­tal qui s’envole ailleurs, revient à déf­endre un système qui licen­cie et jette dans la misère

Les tra­vailleurs expulsés de l’agro-ali­men­taire breton ont été les der­niers en date à tomber dans le piège mortel de l’unité des sala­riés licen­ciés avec ceux qui les ont virés. Les quatre cas les plus emblé­ma­tiques le dém­ontrent.

DOUX FAIT ÉCOLE DANS LA DÉFAITE Un signal avait été donné, en juin 2012, lors de l’annonce de la fer­me­ture de plu­sieurs sites du volailler Doux suite à la ces­sa­tion de paye­ment. Pour relan­cer l’entre­prise, le patron a aban­donné le pôle « pro­duits frais » (1 400 sup­pres­sions d’emploi) pour conser­ver le pôle « congé­lation » tout en accrois­sant la pres­sion sur les pro­duc­teurs (baisse dras­ti­que des prix d’achat). Jamais au cours de la lutte n’a été posée la ques­tion de mener des actions qui fas­sent mal au patron, comme blo­quer notam­ment les sites qui ne fer­maient pas. Les nom­breu­ses mani­fes­ta­tions traîne-sava­tes (Château­lin, Vannes, Plaucadeuc, Quimper), l’appel à l’État pour obte­nir des finan­ce­ments, les dis­cus­sions alter­na­ti­ves sur le choix des repre­neurs (une grande spéc­ialité syn­di­cale qui ne marche jamais) se sont soldées par une déf­aite et une pro­fonde démo­ra­li­sation jusqu’au der­nier projet de reprise par des capi­taux saou­diens. Les syn­di­cats ont obtenu un peu plus pour les licen­ciés, un point c’est tout. Pour les sala­riés expulsés de Pleucadeuc, dont la moyenne d’âge est de 53 ans, il va fal­loir cra­va­cher pour retrou­ver un boulot.

TILLY SABCO : SOUTENIR LE PATRON ?

Basé à Guerlesquin dans le Finistère, comme Doux, ce groupe est spéc­ialisé dans le poulet congelé spéc­ialisé dans l’expor­ta­tion au Moyen-Orient. La crise aviaire de 2006 l’entraîne dans le dépôt de bilan. Il est pro­gres­si­ve­ment repris par l’un de ses cadres, Daniel Sauvaget. Mais, suite à l’arrêt des sub­ven­tions europé­ennes, en 2013, l’acti­vité plonge de 40 %. Tilly-Sabco, c’est 335 sala­riés et 150 à 200 éleveurs qui four­nis­sent l’abat­toir. Le lundi 4 novem­bre, les ouvriers et les éleveurs se retrou­vent devant l’usine de Guerlesquin pour une opé­ration escar­got jusqu’à la sous-préf­ec­ture de Morlaix. Le Sous-préfet accepte volon­tiers de rece­voir une délé­gation de sala­riés menée par le PDG et les représ­entants syn­di­caux. Restés dehors, 200 ouvriers et éleveurs détr­uisent le por­tail à l’aide d’un trac­teur et s’engouf­frent dans la cour. L’action est dirigée par l’un des cadres de la boîte. Le 8 novem­bre, le minis­tre Le Foll annonce une aide d’urgence de 4 mil­lions d’euros, prin­ci­pa­le­ment des­tinée à sauver le chep­tel repro­duc­teur. Le 22 novem­bre, la com­mis­sion de Bruxelles annonce des aides pour la filière franç­aise expor­ta­trice de pou­lets. L’entre­prise est donc « sauvée » pour l’ins­tant (la fer­me­ture était prévue pour jan­vier 2014). Quel est le bilan côté ouvrier ? Le sursis obtenu est des plus préc­aires même si syn­di­cats, patron et État se réjou­issent de la « vic­toire ». Se plaçant d’emblée sur le ter­rain de l’unité entre exploités et exploi­teurs, la lutte a sur­tout agi en sou­tien au nou­veau patron face à l’État. Faut-il que la seule option que les ouvriers s’accor­dent dans ces cas soit celle de se ranger der­rière tel ou tel patron ?

GAD : LE POISON DE LA GUERRE ENTRE TRAVAILLEURS

Le groupe GAD à Lampaul-Guimiliau (Finistère) est un spéc­ial­iste de l’abat­tage, de la déc­oupe et de la trans­for­ma­tion de viande de porc. Le site de Lampaul-Guimiliau intègre une unité de pro­duc­tion de grais­ses ali­men­tai­res pour la fabri­ca­tion de sain­doux, de grais­ses d’os, de protéines ani­ma­les trans­formées à des­ti­na­tion des indus­tries agro-ali­men­tai­res et d’ali­men­ta­tion pour ani­maux domes­ti­ques sur les mar­chés français et européen. Cette usine, qui emploie 850 sala­riés, est menacée de fer­me­ture.

La grève avec occu­pa­tion dém­arre le 11 octo­bre. Le blo­cage du site n’a eu aucun impact. Le patron s’en fout car il veut fermer bou­ti­que. Impuissants face à la décision de l’entre­prise de se séparer d’eux, cer­tains ouvriers de Lampaul-Guimiliau trou­vent un bouc-émiss­aire facile à leurs mal­heurs sous la forme d’une cen­taine de Roumains (employés dans la grosse déc­oupe) qui sont accusés d’accep­ter un salaire de 600 € par mois. Rumeur com­plè­tement fausse car ces der­niers sont payés au SMIC. Le syn­di­cat FO dirige le mou­ve­ment du début jusqu’à sa fin, le 31 octo­bre.

Prenant cons­cience de l’inef­fi­ca­cité du seul blo­cage de Lampaul-Guimiliau, le 22 octo­bre, les tra­vailleurs en grève ten­tent d’étendre le mou­ve­ment à l’abat­toir GAD de Josselin, dans le Morbihan. Sans pré­pa­ration, entre les deux sites, par des ini­tia­ti­ves adaptées de sen­si­bi­li­sa­tion, l’action se solde par un nouvel échec marqué par des affron­te­ments entre sala­riés des deux sites.

La ten­ta­tive ratée de blo­cage de l’usine de Josselin montre que l’unité de combat entre ouvriers de différ­entes usines, y com­pris au sein de la même entre­prise, n’est guère garan­tie d’emblée. Elle doit être préparée soi­gneu­se­ment et, même quand c’est le cas, ne peut se cons­ti­tuer sans fric­tions au sein même du camp des tra­vailleurs. Les inci­dents de Josselin four­ni­ront le prét­exte au patron et aux syn­di­cats pour clore la partie au plus vite. L’accord signé prévoit le dou­ble­ment des primes de licen­cie­ment (400 euros par année d’ancien­neté, pla­fonné à 25 ans), des primes de 2 000 euros jusqu’à trois ans d’ancien­neté et de 2 200 euros ensuite (mon­tant qui, malgré cela, reste déris­oire). Les journées de grève seront payées aussi. L’assem­blée des sala­riés de Lampaul-Guimiliau approuve sans bron­cher le pro­to­cole d’accord. Cerise sur le maigre gâteau : 320 sala­riés sur les près de 900 visés éch­appent au licen­cie­ment … mais seu­le­ment pen­dant un an grâce aux finan­ce­ments publics.

MARINE-HARVEST : UNE « VICTOIRE » DE PLUS ?

L’usine Marine-Harvest de Poullaouen (près de Carhaix) est une unité de trai­te­ment du saumon. Après dix jours (du 4 au 13 novem­bre) de grève avec occu­pa­tion dirigée par la CGT, les 287 sala­riés obtien­nent 80 reclas­se­ments au lieu des 64 prévus ini­tia­le­ment.

En revan­che, les ate­liers de pro­duc­tion s’arrê­teront comme prévu en mai 2014 tandis que l’acti­vité logis­ti­que d’expé­dition ces­sera en déc­embre 2015. En éch­ange de quel­ques conces­sions, le patron norvégien a obtenu une rapide reprise de tra­vail néc­ess­aire pour faire face à la grosse vague de com­man­des de la pér­iode de Noël. De son côté, la CGT, majo­ri­taire dans l’usine, était pressée de conclure avant d’éventuels déb­or­dements. Encore une brillante vic­toire syn­di­cale ? Pas vrai­ment. Nombreux dans les pér­iodes de pic de pro­duc­tion comme l’actuel, les inté­rim­aires ont par­ti­cipé acti­ve­ment à la lutte mais ont été exclus des accords. Les conces­sions appa­rais­sent attrayan­tes : prime de mobi­lité de 15 000 € ; prise en charge des frais de démé­na­gement et de dép­la­cement pour les sala­riés reclassés à Landivisiau ; indem­nité sup­plém­ent­aire (qui s’ajoute à l’indem­nité conven­tion­nelle) allant de 20 000€ à 94 000€ sui­vant l’ancien­neté des licen­ciés.

Si ces mon­tants ser­vent à faire passer mieux la pilule, ils ne sont véri­tab­lement intér­essants que pour les tra­vailleurs pro­ches de la retraite qui per­dent ainsi leur emploi. Les autres tou­chent un joli pac­tole, certes, mais ils ont une vie de tra­vail devant eux. Le tra­vail ne court pas les rues aujourd’hui tandis que les crédits cou­rent tou­jours et les char­ges de famille res­tent. Et les reclassés vont devoir faire face à des com­pli­ca­tions liées au dép­la­cement géog­rap­hique de leur nou­veau lieu de tra­vail, sis à près de 50 km de l’ancien. Ceci expli­que peut-être pour­quoi envi­ron une qua­ran­taine d’ouvriers se sont ravisés et ont accusé la CGT de tra­hi­son. Ils ont rejoint le « Comité pour le main­tien de l’emploi en Centre-Bretagne » qui reven­di­que de « vivre, tra­vailler et décider au pays ».

LES BONNETS ROUGES : LE FAUX-NEZ DES PATRONS ET DES AUTONOMISTES

Ce Comité dont les objec­tifs poli­ti­ques rejoi­gnent ceux des auto­no­mis­tes/indép­end­ant­istes bre­tons, se pro­pose de réunir les Bretons en tant que tels, toutes clas­ses confon­dues contre le cen­tra­lisme pari­sien. L’idée qu’il faille vivre, tra­vailler et, sur­tout, décider au pays sous-tend qu’aux clas­ses domi­nan­tes « étrangères » devraient se sub­sti­tuer celles du cru, censées être plus sen­si­bles aux reven­di­ca­tions des sala­riés. Les patrons d’ici seraient-ils différents de ceux d’ailleurs ? Mais d’où sont-ils ori­gi­nai­res les Doux, les Pinault, les Bolloré et autres Leclerc ? Créé à Carhaix le 18 octo­bre 2013, à l’issue d’une assem­blée de 600 per­son­nes, le Comité pour le main­tien de l’emploi en Centre Bretagne est la prin­ci­pale source ins­pi­ra­trice des dits Bonnets rouges. Comme dans le Comité, chez les Bonnets, on retrouve des représ­entants du MEDEF local, de l’UDB, de Breizistance (extrême-gauche auto­no­miste) et de la FNSEA.

Les forces socia­les qui se sont coa­gulées sous ces pit­to­res­ques couvre-chefs lar­ge­ment dis­tri­bués gra­tui­te­ment par la société Armorlux lors de la mani­fes­ta­tion du 2 novem­bre à Quimper (le véri­table lan­ce­ment du mou­ve­ment), vont des petits patrons aux pay­sans de toutes extrac­tions (les gros comme les petits), les arti­sans, les trans­por­teurs, des sec­teurs ouvriers et autres usa­gers de la route. Leur pre­mier objec­tif commun est la lutte contre l’écotaxe, déc­rite comme un péage imposé à la Bretagne par l’État jaco­bin cen­tra­li­sa­teur. Toute la pano­plie de lég­endes bre­ton­nan­tes a été res­sor­tie pour l’occa­sion afin de donner de l’emphase à la pro­tes­ta­tion. Mais dès que l’écotaxe a été sus­pen­due par le gou­ver­ne­ment, les trois prin­ci­pa­les orga­ni­sa­tions patro­na­les ont quitté les Bonnets rouges, à savoir, le MEDEF local, le syn­di­cat des trans­por­teurs et « Produits de Bretagne ». Les tra­vailleurs qui se rac­cro­chent à ce char bran­lant se trou­vent une nou­velle fois séparés de leurs autres frères de classe et mani­pulés par ces exploi­teurs locaux et poli­ti­ciens en mal de réél­ection.

LES SYNDICATS COURENT APRÈS LES BONNETS, SANS LES RATTRAPER

FO est le seul syn­di­cat de sala­riés à avoir appelé à la mani­fes­ta­tion des Bonnets Rouges à Quimper, le 2 novem­bre. Les autres cen­tra­les avaient appelé à se réunir le même jour à Carhaix. Ces der­nières, tou­jours sans FO, arrimée aux Bonnets et au Comité, ont rem­pilé dans plu­sieurs villes bre­ton­nes le 23 novem­bre. Objectif : oppo­ser une alter­na­tive aux Bonnets et au Comité qui, le 30 novem­bre, veu­lent réé­diter le succès de Quimper.

Mission ratée : le 2 novem­bre à Carhaix ils ne seront que 3 000 au plus sous les dra­peaux de la CGT, de la FSU et de Solidaires ; le 23, ils ne seront que 5 000 à 7 000 à battre le pavé à l’appel de la CGT et de la CFDT.Les syn­di­cats anti-Bonnets expli­quent qu’ils ne veu­lent pas défiler avec les patrons. Explication qui ne trompe per­sonne car ils sont tou­jours en pre­mière ligne quand il s’agit d’inci­ter les tra­vailleurs à déf­endre les usines et les emplois, plutôt que leurs reve­nus y com­pris quand les patrons les licen­cient. Ce sont eux qui lient les reve­nus à l’emploi, qui font croire que, sans l’emploi, il n’y a pas de salut. Ce sont encore eux qui ont déclaré la mobi­li­sa­tion géné­rale après avoir tenu isolé les der­nières luttes contre les licen­cie­ments. Enfin, ce sont tou­jours eux qui appel­lent à se ras­sem­bler autour des usines en lutte au moment où les prin­ci­paux conflits ont cessé.

POUR UNE ACTION OUVRIÈRE INDÉPENDANTE

Revenons au mot d’ordre de « vivre et tra­vailler au pays » anti­cham­bre du rég­io­nal­isme « vrai », voire de l’indép­end­ance. Qui peut croire séri­eu­sement, que le fait de décider au plus près chan­ge­rait quoi que ce soit à la nature de ce petit État ou de cette région auto­nome ? Qui peut prét­endre que les patrons bre­tons licen­cie­raient moins que les autres ? Qui peut penser que les rap­ports capi­ta­lis­tes puis­sent dis­pa­raître mira­cu­leu­se­ment une fois fran­chie la Vilaine ? Seuls peu­vent y croire ceux qui aspi­rent à des bonnes places au chaud au sein de ce micro-État vir­tuel, pas les ouvriers qui sont licen­ciés par « leurs » patrons qu’ils soient bre­tons, français ou norvégiens.

Faut-il s’accro­cher aux entre­pri­ses et déf­endre le vivre et tra­vailler au pays ? Bien sûr, l’arrêt de l’usine, lieu de souf­france pour la plu­part des tra­vailleurs, c’est tout d’abord la perte de l’emploi et du revenu. Pourtant, c’est bien ce lien entre l’emploi et le revenu qu’il faut tran­cher par l’action col­lec­tive et indép­end­ante des sala­riés avec ou sans tra­vail. Le véri­table enjeu pour les prolét­aires est de ne pas payer deux fois pour que le capi­tal sur­vive : la pre­mière par leur exploi­ta­tion, la seconde par leur expul­sion de la pro­duc­tion et leur plongée dans la misère. Pour ce faire, il ne faut pas que les ouvriers en lutte contre les licen­cie­ments et les fer­me­tu­res d’usines s’ima­gi­nent meilleurs ges­tion­nai­res que les patrons en pro­po­sant des alter­na­ti­ves sur le ter­rain du patron.

Il faut au contraire qu’ils affir­ment fiè­rement « C’est vous qui avez pris la décision, pas nous ; et donc nous n’avons pas à subir les conséqu­ences de vos décisions. Que l’on ait un tra­vail ou que vous l’ayez sup­primé, nous exi­geons notre paye, un point c’est tout. Jusqu’à quand ? C’est tout simple, jusqu’à la retraite. Et cela, on va vous l’impo­ser comme vous nous avez imposé un tra­vail avant de le reti­rer. » Comment y par­ve­nir ? Par une lutte d’ensem­ble de tous les prolét­aires plongés dans la misère par le capi­tal et son État. Une lutte capa­ble de s’arti­cu­ler dans les ter­ri­toi­res pour pren­dre col­lec­ti­ve­ment, par la force si néc­ess­aire, ce qui sert pour vivre : ne plus payer les crédits aux ban­ques ; ne plus payer trans­ports, loyers, élect­ricité, etc. ; aller se servir ensem­ble dans les super­mar­chés.

C’est la condi­tion pour « vivre au pays » quand le tra­vail s’en va. Il n’y a pas d’alter­na­tive réelle à ce type d’action col­lec­tive et indép­end­ante contre le capi­tal et l’État. Les échecs des récents com­bats sont là pour le dém­ontrer. Mais cela n’est pos­si­ble que si le prolé­tariat est fort, capa­ble d’impo­ser ses pers­pec­ti­ves et son agenda comme aiment dire les patrons. Prouvant leur force et leur auto­no­mie de toutes les autres clas­ses de la société, les exploités en lutte devien­dront une référ­ence, un phare dans la nuit pour les tra­vailleurs les plus isolés et les pay­sans pau­vres, vic­ti­mes à leur tour de l’exploi­ta­tion capi­ta­liste de la terre.

PRENDRE COLLECTIVEMENT CE QUI SERT POUR VIVRE

LUTTER POUR LE REVENU GARANTI

S’ORGANISER DE FACON INDÉPENDANTE POUR COMBATTRE LE CAPITAL ET L’ÉTAT
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 06 Déc 2013, 20:20

Cà, c'est de la prose révolutionnaire! :prier: Pas comme à l'OCL où ils se posent des questions. Ces cocos-là ont les réponses. En fait, une ligne aurait suffit.
Prolétaires de tous les pays..." peut-être. Et çà aurait évité de sortir ds conneries.
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 08 Déc 2013, 09:27

"Ce Comité dont les objectifs poliliques rejoignent ceux des autonomistes/indépendantistes bretons, se propose de réunir les Bretons en tant que tels, toutes classes confondues contre le centralisme parisien. L’idée qu’il faille vivre, travailler et, surtout, décider au pays sous-tend qu’aux classes dominantes « étrangères » devraient se substituer celles du cru, censées être plus sensibles aux revendications des salariés. Les patrons d’ici seraient-ils différents de ceux d’ailleurs ?"

C’est une caricature absurde et une variante mélenchoniste. ("Ces bêtises régionalistes ne mènent nulle part"). L’amalgame indépendance/autonomie, (l’autonomie n’est pas bretonne, ni basque, mais applicable à tout territoire, comme alternative à un pouvoir central). Les bretons "en tant que tels", qui laisse supposer une idéologie xénophobe, (fait partie d’un territoire celle/celui qui y vit, quelle que soit son origine). Il n’existe pas d’un coté un "internationalisme prolétarien" et une "autonomie" libérale et capitaliste. Si il existe aujourd’hui un internationalisme, une pensée planétaire, elle est capitaliste. La petite échelle ne l’intéresse plus depuis longtemps et elle est en train de remodeler les territoires comme un tracto-pelle les bretelles d’autoroutes. Ce que l’OCL aborde justement avec la "métropolisation". (voir aussi sur le plan internationale, la réunion de l’OMC à Bali)
L’approche de ce texte "communiste", c’est faire du bricolage et de la micro-chirurgie à la clef de 12. Une seule situation, une seule approche, une seule solution. Ca a le mérite d’être reposant.
Malheureusement, il va falloir avoir une sacrée trousse à outils sur le terrain ; en plus d’un plan un peu plus élaboré pour y voir clair dans les travaux à entreprendre. Chacun a le sien et personne le nombre pour le mener à bien.
Face à cela, la composante la plus conservatrice s’organise vite. "Bonnets rouges : Le Collectif vise 100 comités pour la fin de l'année" http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=32248&title=Bonnets%20rouges%20:%20Le%20Collectif%20vise%20100%20comit%E9s%20pour%20la%20fin%20de%20l%27ann%E9e.
La charte qui vise à ratisser large a clairement une orientation libérale "Libérer les énergies . L’avalanche de normes et de contraintes administratives décourage les initiatives" , on sait ce que ca veut dire.
http://www.agencebretagnepresse.com/pdfs/p/pdf1chartebonnets.pdf
Entre le "Pacte d’avenir" et cette charte, tous les deux vides de réelles perspectives, il y a un gros vide à combler.
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 09 Déc 2013, 09:23

La crétinerie et le racisme n’est pas une propriété d’extrême-droite. Elle existe aussi sur des espaces anarchistes. Le plus triste, c’est que en y allant, je savais ce que j’allais y trouver mais je cherchais les citations exactes. Certain-es diront que c’est "normal" sur ce genre de forum, mais la "normalité" mène à ce degré zéro de la réflexion qui rend la masse con, fut-elle composée de prolétaires.

Tant qu' à être lapidaire, je dirai penser l'affrontement qui se déroule sous nos yeux en bretagne comme celui d'idées identitaires contre l'expression de la lutte de classe et ses perspectives émancipatrices


"Identitaire" Qui a trait à l'identité d'une personne ou d'un groupe.
Comment fait-on d’un seul adjectif banal appliqué à une notion complexe comme "l’identité" un repoussoir et une idée politique absurde ? Certain-es (se réclamant de l’anarchisme, de surcroit) considèrent que l’on ne doit pas affirmer une "identité". Le seul "ciment" admissible serait le sentiment d’appartenance à une classe sociale. Soit le reniement de toute identité effectivement. Quel monde voulons-nous ? Ce monde "prolétaire" uniforme n’est-il pas le négatif inverse de la mondialisation néo-libérale MacDo-Monsanto et consorts ? Un Meilleur des Mondes totalitaire où pour affirmer sa "solidarité" il faut être semblable et gommer ses différences ? (qui seraient artificiellement créées par la classe dirigeante ou tout autre complot)

Il est bien sûr plus difficile de baser les relations humaines sur l’acceptation des différences et aucune idéologie ne parviendra jamais à nous aider totalement à accepter "l’autre". L’autre sera toujours "étranger-e" bien au-dela de sa nationalité administrative, parce qu’il possède justement son identité. Supprimer les frontières en pointillé sur une carte n’en supprimera pas l"étranger-e".

Que des idées nauséabondes se sont appropriées ce terme "identitaire" ne change rien à l’affaire.
Elles sont exactement sur le même plan que ces camarades anarchistes, non pas sur les idées, mais sur leur peur de "l’étranger-e". L’étranger-e est tout ce que nous haïssons.

Que d’efforts pour développer des pseudo-analyses et références historiques pour rendre ce marécage pratiquable:

le breton "unifié " n'est pas né d'une pratique populaire mais d'un idéologie raciste


Dit comme ça, on peut penser que les industriels bretons trouveraient un intérêt au développement d'une langue breton "simplifiée"... une sorte de globish, donc, une langue à visées économiques (et Diwan c'est le Wall Street Institute breton).


le régionalisme puant emportera t il toutes les consciences ?


Et une espèce de conclusion :

De là, toute la pertinence des idées anarchistes pour balançer tout ça aux poubelles de l'histoire.


Ces gens là vous diront qu’ils ne sont pas racistes, ni sexistes, ni homophobes, qu’ils soutiennent les droit des Roms, des homosexuel-les, etc... Le Pen vous dira aussi qu’il n’est pas antisémite.

Mais le langage ne fait pas grand cas de l’idéologie. Il fait toujours apparaitre la fange enfouie sous la (mince) croûte de respectabilité ou d’une prétendue "rationalité". Qu’on lui donne le qualificatif d’anarchiste ne change rien à l’affaire.

Nous avons bien des fractures à soigner au-delà de la simple "classe", bien des différences à prendre en compte, bien des fraternités et sororité a défendre. Laisser faire, laisser dire, et ce sont les silences qui en disent le plus.

Je suis blessé dans mon identité, complexe, pas seulement bretonne, et dans mon humanité qui reconnaît le droit à toutes les différences qu’elles soit culturelles, de sexes, de genres... partout dans le monde et qui fait de leur reconnaissance un combat inséparable de ma vision de l’anarchisme.

Je suis un "étranger" ; comme n’importe qui d’entre nous. Et le fondement, l’élément de base constitutif, de l’anarchisme, y compris social, surtout social, c’est l’"étranger", l’individu "autre", comme égal, non pas dans sa similitude mais dans ses différences , quelles qu’elles soient.
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede altersocial » 09 Déc 2013, 19:40

Intervention de la Mouette Enragée (OCL) sur Radio Vosstanie, avec publication de ma contribution au débat:

http://vosstanie.blogspot.fr/

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La sérénité du débat volant peu à peu en éclat ici j'arrêterai là ma contribution au topic :wink:
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede mimosa rouge » 09 Déc 2013, 19:56

Nous avons bien des fractures à soigner au-delà de la simple "classe", bien des différences à prendre en compte, bien des fraternités et sororité a défendre. Laisser faire, laisser dire, et ce sont les silences qui en disent le plus.


je crois qu'il faut pas opposer une "simplicité" de la "classe" a une complexité sociale . C'est pas un débat très pertinent . ça se saurait d'abord si l'unité de classe était simple ! et cela tient tout d'abord au fait que justement toute les complexités "sociales" générales (dans le sens de toute la société, au dela du prolétariat donc) traversent la classe . Je dis pas que tu a tout faux, mais juste je pense que ça a pas de pertinence de prendre cet angle là ... ce qui veut dire aussi que toute volonté de nier des différences et des dominations et les discriminations a l’intérieur de la classe au nom de l'unité de classe serait catastrophique pour cette unité de classe justement !
Je pense plutôt qu'il faut avoir en tête que la classe est traversé de tout un tas de nuances de conscience anticapitaliste, de tout un tas de philosophie politiques, et de tout un tas de dominations basé sur des critères de sexes ou de races . Là on est réellement dans la construction d'une unité de classe si on prend tout ça en compte ... sinon on aggrave les clivages politiques ou on nie le sexisme et le racisme et en vrai on reproduit la division dans la classe .
Évidemment cela veut bien dire que l'unité ne veut pas dire que tout se vaut, mais au contraire que les seuls choses valables sont les attitudes de classe (permettant de construire l'unité de classe, donc pas de racisme ou de sexisme, pas de sectarisme politique ou d'appareil, pas de philosophies politiques ne respectant pas l'autonomie de classe etc , etc ....).
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 10 Déc 2013, 08:35

La sérénité du débat volant peu à peu en éclat ici j'arrêterai là ma contribution au topic

C’est dommage,d’autant plus que je ne vois pas le manque de sérénité dans ces discussions. J’ai dénoncé plus haut des propos que je juge inadmissibles et qui auraient pu avoir pour exemple le sexisme ou toute autre forme discriminatoire. Et ces propos n’ont pas été tenus dans ce forum.
J’ai hésité à le faire parce que je sais que c’est un sujet sensible. Mais il existe d’autre sujets sensibles dans les milieux militants comme le sexisme, encore une fois, ou l’autoritarisme. Et la plupart du temps, la réaction est de penser que là n’est pas le plus important, que ce sont des questions secondaires et on encaisse sans rien dire (pour l’unité du groupe, pour ne pas se faire coller une étiquette de chieur/euse, etc...)
Considère le précédent post comme une parenthèse, ou/et appelle moi chieur. Mais considère -le aussi sur un plan "politique".
Dans ce qui se passe en Bretagne, comme ailleurs, l’important est la question de l’organisation par le bas pour une transformation radicale de la société. Et donc le comment. Mais le comment se détermine par l’analyse et la connaissance du contexte et non par de vagues slogans ou solutions immuables. Et si l’on regarde l’histoire du mouvement anarchiste, ses divisions proviennent du "comment" et non du "pour quoi".
Je suis d’accord avec Mimosa Rouge (c’est dire la sérénité du débat :) ) . Il ne peut y avoir solidarité de classe que si la classe est envisagée dans sa complexité et sa diversité et non comme un bloc monolithique, naturel. En niant une dimension "bretonne", quelle que soit la validité qu’on lui accorde, on se condamne à l’échec. Elle est là, et elle s’affirme d’autant plus qu’elle est niée.
La préoccupation première n’est pas l’identité bretonne, c’est de garder son boulot. Mais l’unité, le symbole collectif, c’est d’un côté le bonnet rouge, initié par les leaders, et de l’autre le Gwen ha du.
L’erreur est de penser que lutte des classes et drapeau breton sont incompatibles. Ils font partie de la même réalité et doivent être reconnus comme tels.
Mais pris séparément, aucun ne mène nulle part. Ce qui mène quelque part, c’est l’organisation populaire, de classe, dans la diversité de ses conditions et de ses aspirations. Ce que n’ont pas su faire les syndicats. Ce que ne veulent pas faire les Troadec, Merret, Le Bras et consorts qui veulent leur petit duché capitaliste au sein d’une Europe capitaliste.
Ou autrement dit, pour réaliser l’unité, il faut reconnaitre la diversité et non pas la voir comme un obstacle. Et la revendication de la différence, de l’autre côté, n’a de sens que si elle vise à l’unité, que nous l’appelons de classe, socialisme ou communisme libertaire. Et nous avons ce modèle fédératif qui s’appliquerait si bien à ces diversités.
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede mimosa rouge » 11 Déc 2013, 17:58

Gwen ha du

késessé ? :gratte:
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede SchwàrzLucks » 12 Déc 2013, 00:45

Le drapeau breton ;)
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede mimosa rouge » 12 Déc 2013, 10:11

aaahhh ..... merci !
donc rien a voir a vec le gars dans Ice Show ? :-D
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede digger » 01 Fév 2014, 08:51

Une action du Pôle ouvrier des Bonnets rouges à la préfecture de Quimper
Quimper—Vendredi matin 31 janvier 2014, en début de matinée, des ouvriers de Marine Harvest, à Poullaouen, dont l'usine de conditionnement de saumon va être fermée sur décision de l'actionnaire norvégien, sont entrés dans le hall de la Préfecture de Quimper, coiffés de bonnets rouges, pour l'occuper. Il s'agissait d'une action symbolique et non-violente pour demander à l'État des explications sur les discussions, obscures à leurs yeux, entre le député socialiste de Carhaix, Richard Ferrand et le ministre chargé de l'agro-alimentaire, Guillaume Garot, dans les locaux de l'Assemblée nationale, la veille. Il était reproché que les personnes conviées (des dirigeants de Marine Harvest) n'avaient aucune représentativité par rapport à l'établissement concerné.
Vers 11 heures 20, la police est intervenue pour évacuer les manifestants, dont certains ont été emmenés sans résistance. Mathieu Guillemot, responsable du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) du Kreiz Breizh (autour de Carhaix), s'était adressé par une des fenêtres à la presse et demandé à Richard Ferrand de venir s'expliquer sur cette réunion «tenue dans le dos de la population». Il a estimé qu'une société faisant 511 millions de bénéfices, «n'a pas le droit de licencier».
Sorti de force, il a été allongé sur le sol et bloqué par trois policiers, l'un d'entre s'asseyant sur ses jambes. Il confiera plus tard qu'il en avait gardé des douleurs. Emmené au commissariat de police, il a été retenu plus de 4 heures et il lui a été reproché une tentative de rébellion sous la forme d'une intention de porter un coup à l'un des fonctionnaires. Il a fallu rechercher lequel des policiers aurait été « victime » de cette intention.
Un pneu incendié avait été mis à l'entrée de la rue, attirant une remarque chagrine de Daniel Le Bigot, adjoint au maire de Quimper, qui passait par là, juché sur son habituel vélo.
Une fois de plus, les réseaux sociaux ont joué leur rôle de diffusion de l'information, car, des appels à se rassembler pacifiquement devant la Préfecture ont été lancés et ont été suivis. Une délégation de 7 ou 8 employés de Tilly-Sabco (abattoir de poulets, à Guerlesquin) est venue en début d'aprés-midi, avec la déléguée CGT, Corinne Nicolle, le délégué CFDT et d'autres personnes coiffées du célèbre bonnet.
L'une des ouvrières de Guerlesquin expliquait que tous étaient très inquiets, parce qu'il ne resterait plus de travail que pour un mois, car, les aides exceptionnelles pour assurer la transition vers un poulet export non subventionné, qui ont été promises par le gouvernement et l'Union européenne ne sont pas parvenues.
Au fil du temps, d'autres Bonnets rouges sont venus stationner sous la pluie au coin de la préfecture formant un groupe permanent de 15 à 20 personnes, venues de Brest, de Bannalec et d'ailleurs. A 14 heures 45 est arrivé Christian Troadec, conseiller général et maire de Carhaix, ayant quitté la séance du Conseil général, et qui est l'un des porte-paroles du « Collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne ». Il nous confiait, qu'à son avis, les Bonnets rouges influençait, indirectement, les propositions et postures du gouvernement depuis 2 mois. Plus tard, lui-même et trois autres personnes entamaient avec le capitaine de police, un dialogue très enjoué, qui n'était marqué d'aucune tension ou agressivité.
Vers 15 heures 35, les policiers empêchaient l'installation de pneus que certains voulaient installer sur le rue pour les brûler.
Mathieu Guillemot, libéré vers 15 heures 45, rejoignait le groupe de manifestants et échangeait longuement avec Christian Troadec perché sur l'escalier d'angle de la préfecture. Il a dénoncé, ce qu'il estime être les connivences entre la finance et le gouvernement
Le Pôle ouvrier des Bonnets rouges, qui avait fait son défilé propre à Carhaix, le 30 novembre, est donc une réalité et semble prêt à se manifester dans d'autres occasions, sur le thème du maintien de l'emploi en Bretagne. Cette action avait été décidée indépendamment du Collectif, mais a obtenu un soutien de participation des plusieurs des comités locaux.
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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede Pïérô » 18 Avr 2014, 01:16

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Re: Bretagne: contre-manifestation ouvrière syndicale

Messagede Pïérô » 31 Aoû 2015, 10:51

Le retour des bonnets rouges : les chemises brunes du fascisme vert

Nous avions déjà, à l'époque du mouvement dit des "Bonnets Rouges" dénoncé la collusion entre une partie de l'extrême gauche opportuniste et le patronat fascisant du mouvement réactionnaire antifiscal breton. D'une part nous avions rédigé et diffusé le texte Autonomie ouvrière ou confusion régionaliste ? et reproduit également un texte sur le sujet dans L'hiver de la colère en chemise brune : une réaction contre la question ouvrière. Les collusions entre les briseurs de grèves du patronat Bonnets Rouges et certaines organisations sociales à la périphérie de l'ultra-droite avait alors déjà été démontrée. NPA, OCL et autres organisations gauchistes jouaient alors également des coudes, opportunistes, pour tenter de récupérer un semblant de contestation réellement réactionnaire. Pour enfoncer le clou, voici sous une autre forme le retour de leurs amis Bonnets rouges, véritables bruns du capitalisme vert.

L'un des animateurs des Bonnets Rouges n'est autre que Jean-François Jacob, président de la société d'intérêt collectif agricole (SICA) de Saint-Pol-de-Léon, société en même temps actionnaire de la compagnie Britanny Ferries et qui s'est illustré récemment en constituant un commando fasciste pour briser la grève des dockers de la compagnie ! Le fondateur de la SICA, Alexis Gouvernec ... est également le fondateur-patron historique de Britanny Ferries. Selon les témoins le commando était d'ailleurs mené par l'actuel patron, également membre de la SICA, Jean-Marc Roué. La boucle est bouclée.

... http://contrecapital.blogspot.fr/2015/0 ... s-les.html
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Re: Bretagne, Bonnets rouges

Messagede Pïérô » 05 Nov 2015, 01:30

Pathétique

Que reste-t-il des « bonnets rouges » ?

« En sommeil », « au placard », « un volcan au repos »… Dans le Finistère, chacun a sa métaphore pour décrire la situation des « bonnets rouges ». Le soulèvement breton, qui a fédéré ouvriers dont l’emploi était menacé, agriculteurs, petits et grands patrons contre l’écotaxe en Bretagne fête ce mois-ci ses deux ans. Le 26 octobre 2013 exactement, les couvre-chefs fournis par la société Armor-Lux apparaissaient pour la première fois sur les têtes présentes au pied du portique écotaxe de Pont-de-Buis-lès-Quimerch dans le Finistère, pour en réclamer le démontage. Les arches blanches et leurs caméras de surveillances étaient alors devenues l’épouvantail d’une Bretagne agricole et agroalimentaire en crise, pour qui la nouvelle taxe avait été « la goutte d’eau » faisant déborder leur colère.

... http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... xABtzRl.99
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