Sans surprise, la réforme des retraites a été votée hier lors de son deuxième passage à l'Assemblée Nationale ( avec en outre 21 votes de plus
que lors de son son premier passage à la mi-octobre ! ).
La réforme des retraites votée plus largement qu'en première lecture à l'Assemblée
Par 21 votes de plus qu'à la mi-octobre, les députés français ont adopté mardi 26 novembre en nouvelle lecture le projet de loi réformant les retraites. Les députés étaient appelés à se prononcer par un vote bloqué, c'est-à-dire sans examiner les sous-amendements déposés par tous les groupes parlementaires de gauche, exception faite du PS.
Le groupe socialiste a voté la réforme, présentée par Marisol Touraine, ministre des affaires sociales. Les radicaux de gauche, qui s'étaient abstenus en première lecture, ont cette fois-ci voté le projet de loi. De son côté, le groupe écologiste a maintenu son abstention.
Malgré les gestes du gouvernement en faveur des retraités modestes, les députés du Front de gauche ont annoncé mardi 26 décembre qu'ils voteront contre la réforme des retraites. Leur chef de file, André Chassaigne, a en effet estimé que le « problème reste entier ».
« DÉNI DE DÉMOCRATIE »
Dans la nuit de lundi à mardi, la ministre des affaires sociales, Marisol Touraine, a présenté des mesures visant à compenser pour les retraités modestes un report de la revalorisation annuelle des pensions, report qui avait été supprimé la veille au soir par un vote de cinq des six groupes de l'Assemblée (UMP, UDI, EELV, Radicaux de gauche et Front de gauche).
« Les avancées de cette nuit ne changent pas notre appréciation globale de ce texte », a indiqué en conférence de presse M. Chassaigne, pour qui l'image du gouvernement sort écornée de ces débats et de ces reculs. « N'oublions pas qu'il va repousser de fait l'âge de la retraite à 66 ans pour la grande majorité de ceux qui sont nés après 1973 », a précisé le parlementaire, qualifiant le projet d'« une forme de mèche lente sur un bâton de dynamite ». Le député Front de gauche a également dénoncé le vote bloqué sur l'ensemble du projet de loi de réforme, décidé jeudi 21 novembre par le gouvernement, comme un « déni de démocratie ».
DES MANIFESTATIONS À NANTES ET À PARIS
Plusieurs milliers de manifestants de la Confédération générale du travail (CGT) s'opposant au projet de réforme des retraites et réclamant de meilleures conditions d'emploi et de salaire ont cadenassé portes, tagué les entrées et jeté des œufs sur la façade du Medef mardi à Nantes.
Outre les œufs, plusieurs pétards puissants ont également été jetés vers la façade, sans occasionner de dégâts. Ils ont aussi collé des affiches proclamant « Réforme fiscale : taxer les dividendes, pas les salaires » ou « La crise a bon dos : sur les licenciements, droit de veto », et écrit « CGT » en rouge sur les portails.
A Paris, le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a affirmé mardi que pour contrer le populisme, « l'urgence est de se bagarrer » contre l'austérité, réaffirmant son refus de rejoindre un front de six syndicats pour faire barrage aux idées poujadistes. « Si c'est pour qu'on fasse une photo de tous les secrétaires généraux et que la forme l'emporte sur le fond, on s'abstient », a insisté le syndicaliste, en rappelant les divergences entre syndicats sur l'emploi et les retraites. De son côté, Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, a invité les députés à faire preuve de courage.
LE GOUVERNEMENT VEUT « AMADOUER SON CAMP »
L'Union des démocrates et indépendants s'est lui aussi exprimé contre cette réforme, estimant que le gouvernement est « en train de paniquer », et « cherche à amadouer son propre camp » avec les annonces d'un « coup de pouce » pour les petites retraites. « Ce geste de dernière minute ne trompe personne », souligne son porte-parole, Philippe Vigier, rappelant que la ministre des affaires sociales s'était jusqu'à la nuit dernière opposée deux fois à des mesures de « compensation » pour les petites retraites.
Le 11 novembre, le Sénat avait rejeté le projet de réforme des retraites à l'unanimité, dénonçant un projet qui avait été entièrement transformé au cours du débat. Les sénateurs avaient notamment adopté un amendement centriste créant un système de retraite par points, qui va à l'encontre de la philosophie du gouvernement.
Le Sénat procédera vers la mi-décembre à la nouvelle lecture de ce projet de loi et devrait, en toute logique, le rejeter comme ce fut le cas en première lecture. L'Assemblée, qui a le dernier mot, devrait procéder le 18 décembre à la lecture définitive de cette réforme.
http://www.lemonde.fr/politique/article ... 23448.html
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel