France. «Le 1er décembre à Paris: ils manifestent tous, mais pas tous ensemble»
L’«acte 3» de la mobilisation des «gilets jaunes» permettra-t-il à ce mouvement sans leader, sans structuration solide et sans mots d’ordre homogènes de franchir un pas décisif? Alors que la réponse d’Emmanuel Macron, mardi 27 novembre, n’a pas convaincu, alors que le ministre de la transition écologique (François de Rugy) a reçu le même soir des représentants du mouvement mais qu’il persiste à affirmer que «la fiscalité écologique n’a pas vocation à résoudre les inégalités», le désormais traditionnel appel au rassemblement sur les Champs-Élysées à Paris a été lancé pour ce samedi 1er décembre.
Un appel dont l’écho, en cette troisième semaine du mouvement, se propage de façon plus profonde au sein du mouvement social, du côté de ses acteurs traditionnels comme de ses strates les plus militantes. Syndicats, mouvements antiracistes ou brassant plus large à gauche, étudiants… semblent déterminés à prendre le train en marche, au moins pour une journée de manifestation.
Impossible pour l’heure de savoir si la multitude d’appels lancés donnera lieu à un agrégat de manifestations, chacune de son côté, ou si au-delà du patchwork militant, un mouvement commun est en train de se consolider. Nul doute que la journée parisienne de samedi apportera un début de réponse.
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https://alencontre.org/europe/france/fr ... emble.htmlCe samedi à Paris, gilet jaune, gilet orange et gilet rouge
Le mouvement des gilets jaunes n’est pas parisien. Ni même francilien. Son avenir, que l’on soit optimiste ou pessimiste, se jouera plus certainement sur les ronds-points, les barrages et les assemblées un peu partout en France que dans les rues de la capitale. Pourtant, c’est bien sur Paris que tous les médias seront focalisés, et il faut bien dire qu’y aura de quoi : manifestation contre le racisme avec les collectifs de sans-papiers, manifestation contre le chômage et la précarité avec les collectifs de chômeurs et la CGT, appels aux cheminots et aux habitant.e.s des quartiers populaires à se joindre à la colère générale.
À ses débuts, le mouvement des gilets jaunes semblait plus se construire sur ceux qui gardent leur gilet fluorescent dans leur boîte à gant pour aller gérer leur boîte que sur celles et ceux qui le portent au travail : travailleurs précaires du BTP éboueurs, intérimaires de la galère (genre compter les voitures qui passent à la sortie d’une bretelle d’autoroute), souvent immigré-es, parfois sans-papiers, ou encore cheminot.e.s qui furent la cible favorite des médias et de la quasi-totalité de la classe politique au printemps dernier...
Mais ce fut plus compliqué.
Est-ce que ce mouvement est un mouvement d’intérimaires, de chômeurs et de bénéficiaires du RSA, ou de petits patrons, d’auto-entrepreneurs, de commerçants et d’artisans ? Ou les deux ? Et si oui, quel lien et quelle alliance entre les deux ? Est-ce que la France blanche-d’en-bas serait légitime, si elle n’était composée que de chômeurs, RSAstes, travailleurs précaires, etc. ? Est-ce qu’il faut travailler pour avoir le droit d’être Français ? Est-ce que le fait d’avoir du mal à remplir son frigo pour nourrir ses enfants, c’est la même chose que critiquer la hausse des taxes et de la CSG ? Est-ce qu’on a un problème avec la CSG quand on n’est pas imposable ? Est-ce que tout le monde a les moyens de se payer une voiture ou une moto ? Est-ce que baisser les taxes sur la propriété foncière va fatalement entraîner une baisse des loyers ? Est-ce qu’on peut à la fois augmenter le SMIC et les minima sociaux et baisser les charges patronales ? Est-ce que la France blanche-d’en-bas et les quartiers peuvent s’allier sans mettre ces questions sur la table, quitte à se foutre sur la gueule ? Est-ce que la France blanche-d’en-bas se sent plus proches des petits patrons qui râlent sur le prix du gas-oil ou des habitants des quartiers ? Pourquoi ce mouvement ne s’est pas développé dans les centres-villes, où il y a des plus riches, ni dans les quartiers, où il y a des plus pauvres ?
extrait de Carbure
Beaucoup d’encre a coulé et de pixels ont grillé pour s’écharper sur telle ou telle position, mais aucune réponse n’a été apporté à ces questions. Tout au plus, on a été attiré ou repoussé par ce sentiment de puissance, qui a fait dire aux un.e.s qu’il fallait en être, qu’il fallait l’influencer, qu’il fallait se tenir à côté avec ces propres raisons, qui a fait que beaucoup y ont participé après l’avoir vu d’un très mauvais œil quand d’autres décomptent les brisures et annoncent le malheur à venir.
Ce samedi, à Paris, on risque de ne pas non plus poser ces questions. Mais les différentes positions seront mises en pratique :
Saint-Lazare, 10h : Les cheminots franciliens de l’Intergare appellent « à la révolte », avec un premier rendez-vous entre cheminots pour continuer la Bataille du rail. Voir sur Demosphère
https://paris.demosphere.net/rv/65859 République, 12h : La traditionnelle et annuelle marche des chômeurs et précaires a pris une autre forme. La CGT appelle à en faire une journée d’action nationale. Les collectifs de chômeurs et de précaires la rejoindront à 14h après une action à Opéra. Voir sur Demosphère
https://paris.demosphere.net/rv/65073 Saint-Lazare, 13h : Le collectif Vérité et Justice pour Adama, l’Action antifasciste et la Plateforme d’enquête militante appellent les habitant.e.s des quartiers populaires à ne pas laisser le terrain à l’extrême-droite et à rejoindre le rassemblement cheminot. Voir sur Paris Luttes
https://paris-luttes.info/les-quartiers ... unes-11122 Nation, 14h : Le collectif Rosa Parks, appelle à une manifestation, prévue de longue date, contre le racisme, pour la justice et l’égalité. Voir sur Demosphère
https://paris.demosphere.net/rv/64533 Champs-Élysées, 14h : C’est le rendez-vous qui tourne sur les réseaux sociaux pour le rassemblement des gilets jaunes. Voir sur Demosphère
https://paris.demosphere.net/rv/65791https://paris-luttes.info/ce-samedi-a-p ... aune-11137