Débat sur la question de la création de la CNT-SO

Re: Débat sur la question de la création de la CNT-SO

Messagede Clovis » 02 Jan 2013, 13:40

Hou... un peu forcé sur le champagne, et même excellent, il tape sur le crâne....

Bon, je découvre les réponses de Pti'Mat et de Piero. Pas de surprise du côté Pti'Mat : je reconnais le discours bien rôdé et la réécriture orientée de l'Histoire et notamment de celle du mouvement ouvrier et syndical. J'éprouve toujours comme une sorte d'indulgence pour les discours du CSR : souvent intéressants, quasi universitaires dans leur description minutieuse du moindre congrès de la CGT avant la bataille de Marignan, imbattables sur les liens entre le syndicat des métaux de la région lyonnaise et le Bagad de Lann Bihoué, mais au milieu de tout cela, un infléchissement très net du gouvernail qui nous amène dans un curieux pays où les CSR sont partout, puissants mais calomniés, souterrains mais déterminants, vaincus mais triomphants.... et la conclusion s'impose : Entrez, messieurs, dames, rejoignez la CGT, la seule, l'unique, la grande CGT, certes dirigée par une bande d'affreux bureaucrates réformistes mais seule structure qui permettra à coup sûr d'arriver au Grrrrand Soir.
Pour le CSR, tout le reste n'est qu'anarchosyndicalisme (autre nom du mal absolu) qui a fourvoyé la classe ouvrière dans les bras de la réaction petite bourgeoise.

Je suis un peu méchant Pti'Mat, mais blague à part, je ne méconnais pas la valeur historique de bien des analyses du CSR. Pour le reste, comme tu le vois, je suis plus réservé. Notamment parce que tu proposes une vision très organisationnelle de la lutte des classes qui fait plutôt l'impasse sur les luttes elles mêmes et sur leurs liens intrinsèques avec les cycles du capital. Et pour cela aussi, je rejoins totalement le long développement de Piero sur la question.

Pour en revenir aux interrogations de Kzimir sur les différences entre anarchosyndicalisme et syndicalisme révolutionnaire, je crois, à la différence du CSR qui a figé, durci dans le béton ces deux étiquettes jusqu'à inventer, comme je l'ai dit plus haut, un univers mythologique où les CSR (et donc le syndicalisme révolutionnaire) trouveraient toujours sur leur route la déviation petite-bourgeoise, née des échecs des luttes et de la désespérance, l'anarchosyndicalisme, source de tous les maux. Sans rire, d'ailleurs, le CSR qualifie les pratiques bureaucratiques de la direction de la CGT d'anarchosyndicalistes ! Bernard Thibaud et sa bande de bureaucrates : des anarchosyndicalistes ! Celle-là, il fallait quand même oser.

A vrai dire, à la différence des CSR, je suis peu amateur d'étiquettes et je crois que d'une part la réalité historique est différente, plus mouvante, moins figée en blocs compacts, et d'autre part pour aujourd'hui, que cela relève plutôt de l'anecdotique.

Le terme d'anarchosyndicalisme a été d'abord utilisé en Russie avant la révolution, sans grand écho, mais à ma connaissance c'est sa première occurrence historique (Pti'Mat, si tu as d'autres informations, je suis preneur.) Mais c'est surtout en Espagne qu'il a connu son emploi le plus répandu, avec la célèbre CNT. Cela tient à des raisons historiques, notamment à la prédominance du courant bakouninien de la Première Internationale en Espagne. Mais à mon sens, au-delà de l'étiquette, ce qui est passionnant dans l'histoire du mouvement ouvrier espagnol, c'est sa radicalité, son inventivité et la façon, parfois tragique, où se sont entrechoqués pragmatisme et idéalisme, lucidité et cécité, exigences immédiates et volonté de dépassement, etc.
Là encore, je ne partage pas du tout les analyses de la CNT espagnole avancées par le CSR où surgissent, comme par magie, des CSR parés de toutes les vertus farouchement opposés à un anarchosyndicalisme chargé, lui, de toutes les tares. Pour qui connaît un peu l'histoire complexe de l'Espagne et de l'anarchosyndicalisme, ces analyses laissent le plus souvent perplexe.

Et aujourd'hui ? Effectivement, la CNT Solidarité ouvrière se réclame à la fois de l'anarchosyndicalisme et du syndicalisme révolutionnaire. A mon sens, mais c'est là un avis tout à fait personnel et avec lequel mes petits camarades seraient peut-être en désaccord, il s'agit là d'une commodité de langage. D'une façon d'élargir, de dire que nous accueillons ces deux traditions du mouvement ouvrier révolutionnaire. Qu'il y a chez nous aussi bien des anarchistes (parfois membres d'organisations spécifiques) que des gens qui se réclament plus particulièrement de la tradition purement syndicaliste révolutionnaire. Car à mon sens, tout cela est plus affaire de culture particulière, d'origine politique des uns et des autres, que de courants de pensée bien définis. Et cela n'en déplaise au CSR.
Rappelons quand même, pour mémoire, que les premiers "syndicalistes révolutionnaires" de la CGT française étaient pour la plupart des... anarchistes. Que la célèbre Charte d'Amiens, est bel et bien un texte de compromis (là aussi, à la différence de ce qu'affirme le CSR) entre divers courants du socialisme de l'époque, mais que c'est incontestablement l'anarchisme qui l'a marquée de son sceau. Par ailleurs, il est un peu vain de brandir cette charte comme le Coran de la vraie foi révolutionnaire quand on sait que FO, par exemple, continue à s'en réclamer ouvertement.

Personnellement, je crois qu'il faut remettre toutes ces étiquettes à leur vraie place : le rayon des accessoires.
Ce qui importe avant tout, me semble-t-il, ce sont les pratiques. On peut se dire anarchiste, anarchosyndicaliste, libertaire ou tout ce qu'on veut et se conduire comme une bande fieffés bureaucrates et de magouilleurs débiles. Cela a d'ailleurs entraîné notre départ de la CNT Vignoles. Inversement, nous connaissons des militants et des équipes syndicales qui font un boulot formidable, aussi bien à Solidaires qu'à la CGT. Voire peut-être à la CFDT et même, qui sait, à la CFTC.

Faut-il que tous ces militants, toutes ces équipes syndicales se regroupent soit à Solidaires (comme semblait le souhaiter Olivier) soit à la CGT (comme le souhaite ouvertement notre ami Pti'Mat), et cela au nom de l'efficacité et de la nécessaire unité du mouvement ouvrier et révolutionnaire ?

Si j'ai choisi, si nous avons choisi de poursuivre l'aventure de la CNT, c'est que nous sommes d'un avis différent. Les conditions de l'unité ne nous semblent pas pour l'instant réunies. Soit parce que nous doutons du caractère véritablement révolutionnaire de l'Union syndicale Solidaires, soit que nous ne doutions pas du caractère véritablement contre-révolutionnaire de la CGT. Et encore une fois, je parle là de l'appareil en son sommet, voire de la fonction occupée par l'appareil CGT, et non de la sincérité et de l'action tout à fait louable de certains militants.
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Re: Débat sur la question de la création de la CNT-SO

Messagede Pti'Mat » 02 Jan 2013, 14:57

:lol: je vois...

Le débat s'arrète là pour moi, pas le temps, et visiblement ça ne sert à pas grand chose.
Bon courage aux camarades de la CNT-f et CNT-SO sur "la question de la création de la CNT-SO". Que cette page négative qu'est la scission du mouvement ouvrier et révolutionnaire se tourne, et vite !
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Messagede Nyark nyark » 02 Jan 2013, 15:21

On peut se dire anarchiste, anarchosyndicaliste, libertaire ou tout ce qu'on veut et se conduire comme une bande fieffés bureaucrates et de magouilleurs débiles

On ne te le fait pas dire : pour une fois, au moins, nous sommes d'accord...
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Messagede Clovis » 02 Jan 2013, 17:13

Que tu n'aies pas envie de poursuivre, Pti'Mat, c'est parfaitement ton droit. Sauf si tu penses, en aparté, "tous des cons, ça ne vaut pas le coup." Ce serait dommage.

Car enfin, même si je comprends tout à fait les arguments du CSR sur l'unité nécessaire au mouvement syndicaliste révolutionnaire, le résultat est là : ni au sein de Solidaires ni au sein de la CNT Solidarité Ouvrière ces appels ne rencontrent de véritable écho. Faut-il, dès lors, s'ignorer superbement en poursuivant son chemin chacun dans son coin ?

Pour ma part, je ne le pense pas. Car si unité il doit y avoir un jour, et je pense qu'elle sera nécessaire à un moment ou à un autre, elle ne pourra se construire que par le bas et pas par des rapprochements d'appareils, aussi vertueux soient-ils. C'est la lutte pour le communisme qui imposera cette unité, au-delà des boutiques, au-delà des appartenances, des traditions politico-syndicales des uns et des autres, au-delà des querelles personnelles et des querelles de chapelles. Elle s'imposera par nécessité. Parce que le capitalisme, lui, sait admirablement pratiquer le front unique entre ses mille et une composantes, hier rivales, lorsqu'il s'agit de mater une révolution. Ce jour-là, bourgeois progressistes et féodaux rétrogrades, proxénètes et puritains, pays et capitaux concurrents sauront s'unir.
Ce jour-là, il faudra bien que nous aussi nous sachions lutter ensemble.

En attendant ces jours bénis qui tardent un peu, reconnaissons-le, il n'y a aucune fatalité à s'ignorer. Marcher séparément et frapper ensemble disent je ne sais quels gauchistes, pour une fois bien inspirés.
De fait, nos militants et nos équipes syndicales se croisent et s'épaulent sur le terrain de la lutte des classes. En renonçant pour l'instant à tout espoir chimérique d'unité organisationnelle à tout prix, on peut en revanche poursuivre et approfondir les liens entre nous. Développer des lieux de rencontre, de débats, de réflexion.

Pour notre part, nous avons créé un tel espace, Autre Futur, qui regroupe déjà des militants de la CNT Solidarité Ouvrière, de Solidaires et de la tendance Emancipation de la FSU. De bons contacts existent également avec des camarades de la CGT. D'autres espaces de convergence existent un peu partout, je crois qu'il convient de les encourager, de les développer.
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Re: Débat sur la question de la création de la CNT-SO

Messagede L . Chopo » 02 Jan 2013, 18:05

Clovis a écrit:Pour notre part, nous avons créé un tel espace, Autre Futur, qui regroupe déjà des militants de la CNT Solidarité Ouvrière, de Solidaires et de la tendance Emancipation de la FSU. De bons contacts existent également avec des camarades de la CGT. D'autres espaces de convergence existent un peu partout, je crois qu'il convient de les encourager, de les développer.


Précision utile pour qu'il n'y ait pas de méprise : Autre Futur a été crée antérieurement à la CNT-Solidarité Ouvrière.
En association Loi 1901, y collaborent des camarades de SUD, de la CNT-f, de la CGT, de la CNT Solidarité Ouvrière, et de la tendance Emancipation-FSU.

Voir http://www.autrefutur.net/AUTRE-FUTUR-Un-espace-une,460

L.Chopo
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Pour la Confédération Nationale des Travailleurs - Solidarité Ouvrière (CNT-SO)
http://www.cnt-so.org


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Re: Débat sur la question de la création de la CNT-SO

Messagede mimosa rouge » 03 Jan 2013, 14:04

salut et bonne année a tout le monde (ça faisait longtemps que j'était pas passé ici) . cette semaine je suis revenu lire (c'est les vacances !) . Bon je vais pas faire de tralala sur les bonnes résolutions et les espoirs pour 2013 ;)

Rappelons quand même, pour mémoire, que les premiers "syndicalistes révolutionnaires" de la CGT française étaient pour la plupart des... anarchistes


c'est faux les premiers syndicalistes révolutionnaires étaient des militants syndicalistes issus des différents courants socialistes. Les anars ont même été les derniers (en tant que courant choisissant la stratégie SR collectivement, et encore pas tous ). Le SR c'est une forme d'unité des révolutionnaires par dessus les divisions idéologiques, dans et grâce à la lutte des classes, et dans la constructions de l'outil "confédéral" permettant l'unité de tout les travailleurs (quelque soit la stratégie, quelque soit les "statuts" ) . il faut aussi voir que l'idée de "confédération" est née dans un contexte de de crise économique quand les syndicats de métiers atomisés se sont sentis plus fort dans les BdT et les fédérations nationale de métiers puis d'industrie . il fallait se coordonner pour lutter contre le chômage des années 1880/90 et dans les décennies suivantes s'adapter aux premiers restructurations du mode production . Le syndicalisme d'industrie national, local mais aussi internationale (débats de l'ISR des années 20) est apparue cohérent pour faire face a l'intensification de l'exploitation et de la domination du capital (qui aboutira par le taylorisme au fordisme) .

l'idée libertaire étaient par contre très présente chez les militants de classe après 1900, on peut penser que le ralliement au syndicalisme des libertaires permettait de se montrer efficace, bon camarade (solidaire quoi) et laisser ses idées libertaires s'épanouir dans un contexte fédéraliste ou on se donne les moyens de l'action directe de masse était la meilleure façon de rendre ces idée pertinentes aux yeux de beaucoup d’exploités (de plus en plus nombreux a reconnaitre la CGT comme un outil de classe ). Ce que je veut dire (et je suis pas libertaire !) c'est que la pratique du syndicalisme s'enrichissait de l'apport libertaire et en échange le mouvement libertaire pouvait s'exprimer dans un mouvement de lutte, autour de structures (syndicats et BdT) stables (a peu près :) ) ou une sociabilité ouvrière cultivait la lutte et la volonté individuelle de s'enrichir "politiquement" .

Mais d'autres courants en ont bénéficié : partout ou les BdT avaient été sérieusement soutenues par des militants "politiques" ces différentes sensibilités, courants ou micro partis était influent dans leur localité.Pourtant le SR était devenue une "culture" ouvrière révolutionnaire autonome (par-dessus les partis) et se proposait d’être la culture de la classe dans son ensemble . Sa chute face a la culture partidaire est a analyser aussi ... mais bon je suis déjà en train de pondre un pavé illisible sur ordi !

penser que ce modèle confédérale de classe est inadéquate et non pertinent est une chose, penser le faire hors de la conf' majoritaire est aussi une idée qui est concevable, mais dire le SR= anarchie c'est pas vrai .

Développer des lieux de rencontre, de débats, de réflexion.

ah oui ...les UL, les syndicats, les comités MOI, chômeurs .... les assoc de quartier .... :siffle:


De fait, nos militants et nos équipes syndicales se croisent et s'épaulent sur le terrain de la lutte des classes


c'est très sincère mon questionnement , mais où ? quand ? comment ? je peut passer des semaines et des mois dans le syndicat auquel j’adhère, dans l'interpro auquel mon syndicat adhère ...et pourtant on ne croise peut de monde, dans mon quartier j'ai pas vraiment pris le temps de voir ce qui se faisait (et c’est un tort !) ... peut être sur ce terrain... a voir . Même beaucoup des militants Cgt d'autres branches (je suis a la cgt) je les voit pas ! alors SUD, FSU ... encore moins ! Le mouvement syndical dans son ensemble est malade et même dans la lutte quotidienne on ne se croise pas. C'est bien de ça qu'il faut discuter surtout dans une période ou on doit répondre a des attaques très dures . Et comment on va mutualiser , analyser , et reprendre l'offensive chacun dans son coin . Je veut bien reconstruire, un parti (allez je fait un effort ...pour la démonstration :) ), ou construire une tendance anticapitaliste dans le syndicalisme de classe ..... mais faut pas que ce soit pour discuter du sexe des anges sans plus de prise sur le réel !
Les problèmes matériels du quotidiens seront toujours un frein avec nos outils actuels (division en X conf' et incapacité a faire vivre des interpro solides et utiles, division à l'intérieur des conf' , la CGT comme Solidaires et la FSU sont dans ce cas là en allant pas plus franchement vers le syndicalisme d'industrie , ...et de toute façons dans un même départements deux syndicats d'industrie sur le même champs de syndicalisation se gênent plus qu'autre chose )

si on ne se posent pas ces question, la seule orientation cohérente envisageable c'est la stratégie hors des syndicats ... parce que vouloir changer la société avec des syndicats d'entreprises, déconnecté des luttes de la classe hors entreprise (et le syndicalisme de boite c'est même pas un outil efficace pour la lutte sur le lieu de travail ! d’ailleurs en 2013 entreprise et lieux de travail ne se confondent pas ), vouloir changer la société avec des interpro bureaucratiques ou inexistantes (ou les deux !), ou encore avec 36 conf' se réclamant du syndicalisme de classe c'est incohérent !

Notamment parce que tu proposes une vision très organisationnelle de la lutte des classes qui fait plutôt l'impasse sur les luttes elles mêmes et sur leurs liens intrinsèques avec les cycles du capital

euh .... on peut en parler des luttes actuelles et ont peut en faire des tartines sur les déjà vieille restructuration du mode de production ou de la tendance actuelle (chaque jour mortelle et inhumaine) a augmenter le taux d'exploitation .... mais en quoi cela se passera d'une réflexion organisationnelle et donc matérielle sur l'offensive que nous devons mener ! disserter sur les défaites du quotidien sans perspective concrète puis aller au taf le lundi .... je vais me tirer une balle en moins d'un an . Normalement c'est a ça que devrait servir le syndicat en lui même . Donc débattre oui, se former oui, (il y a gros de carence actuellement) mais il faut pas que ça soit une façon de se débarrasser de l'effort de restructuration de nos syndicats .
et puis surtout qu'est ce que ça voudrait dire par exemple dans une même branche, dans une même localité d'avoir deux syndicats voir trois ? ne serais ce pas une volonté de sur-évaluer l'organisation (au sens de l'appareil) au détriment de la lutte et de son organisation (au sens de construction et gestion) . En gros chacun maintient son outil malgré la réalité du terrain : luttes et exploitations intensifiée ...

Mais à mon sens, au-delà de l'étiquette, ce qui est passionnant dans l'histoire du mouvement ouvrier espagnol, c'est sa radicalité, son inventivité et la façon, parfois tragique, où se sont entrechoqués pragmatisme et idéalisme, lucidité et cécité, exigences immédiates et volonté de dépassement, etc.

oui bon c'est aussi l'histoire du bureaucratisme et de la division ouvrière. Et cela doit être aussi analysé en tant que défaite . Les héros et les martyrs ne peuvent pas grand chose pour nous aujourd'hui .....leurs erreurs et leurs réussites pratiques ont un plus grand intérêt je te rejoint la dessus par contre

trouveraient toujours sur leur route la déviation petite-bourgeoise

petite bourgeoise non !
bureaucratique oui !

Si j'ai choisi, si nous avons choisi de poursuivre l'aventure de la CNT, c'est que nous sommes d'un avis différent. Les conditions de l'unité ne nous semblent pas pour l'instant réunies. Soit parce que nous doutons du caractère véritablement révolutionnaire de l'Union syndicale Solidaires...............

stop stop stop !
c'est ou le caractère révolutionnaire des revendications ou de l'activités des syndicats CNT ?
je suis allez sur la première page du site de la CNT
puis sur celui de la cnt-so .c'est pas mis en avant énormément ! et c'est même l'argumentation de la nouvelle cnt-so : pendant 20 ans la CNT c'est fait croire que son activité était révolutionnaire et les appels a la gréve générale était très déclamatoires.... je le fait a la grosse !
En gros a part redistribuer les richesses ....
et puis vous allez faire quoi en grossissant , ne syndiquer que des camarades révolutionnaires ?
Et puis dans le modele CNT (en france) Même le bureaucratisme et les luttes d'appareils semblent tellement présente qu'il faut absolument quitter la CNT-F .... je me base sur les textes de la cnt so.
On en revient donc a la seule volonté de faire mieux que pendant 20 ans ! donc faut pas non plus se la raconter, c'est un paris qui repose que sur votre seul confiance en vous même . Pourquoi pas mais c'est pas non plus une logique confédérale . Par exemple les copains cénétiste sur ce forum ont plutôt raison de s'interroger, c'est déroutant et en rupture avec la culture du syndicalisme confédéré .

De toute façon c''est pas les revendications et leur radicalité qui expliquent les faiblesses du syndicalisme de classe ou de ces courants le composant ( a la limite une radicalité relative en plus ou mois en gros ) . Mais c'est bien nos capacités a les transformer en action sur le terrain . Prenons les revendications contre la précarité ou la casse des statuts et conventions collectives . Comment nous sommes nous battus pendant 30 ans : entreprise par entreprise, et nos syndicats qui ne syndiquaient que des travailleurs en CDI ou au statut laissant la sous traitance et l'intérim de coté (puisqu'ils ne syndiquaient qu'a l'echelle de l'entreprise) n'ont jamais su faire mieux que déclamer les revendications en CE et en NAO ou dans les rares prises de paroles publiques . L'action directe des travailleurs sur les lieux de travail était très rare (et il faudrait analyser les quelques victoires , elle seraient éclairante ). Si je prend ce qui se passe actuellement dans la branche ou je taf, la construction, si on n’accélère pas la transformation des syndicats d'entreprises en syndicats d'industrie puissant localement on va perdre nos conventions (et pourtant elle sont pourris, mais les patrons arrivent a trouver plus bas encore !). Même dans un département loin de la frontière et a l'activité plutôt faible, le recours aux travailleurs détachés, dont le travail semi légale (mais couvert par la pref et le procureur) permet des semaines a 50 heure pour 500 gligli et pour des qualifications égales aux travailleurs embauché suivant les conventions (c'est pas des manœuvres). Bref si on n'est pas capable de s'organiser pour faire remonter les infos des différents chantiers (avec des travailleurs partageant la même vie syndicale dans le même syndicat donc !), si on n'est pas capable de tenir des permanences syndicales en ré-apprenant a militer en dehors du temps de travail (casser la culture du syndicat de boite et du militant délégués ne faisant du syndicalisme que payé par le patron) et quelles soient gérée collectivement (ce qui en plus est formateurs pour n'importe quel adhérent et permet que le militantisme ne soit pas un sacerdoce et le métier de quelques uns ) afin d’être un lieu de sociabilité ouvrière et que le syndicat reprenne sa place dans la vie quotidienne (si ça grignote le temps consacré a la conso c'est pas mal non plus !), qu'il soit capable de transmettre l'expérience accumulé par la formation et que cet endroit soit connut petit a petit même des travailleurs étrangers ( cela fonctionne dans certaines régions qui ont fait se taf de réorganisation, et il ne faut pas s’arrêter a la première impression de "mercenaires" que ces travailleurs donnent et que les patrons cultivent, l'histoire de l'immigration le montre depuis 2 siècles).... bref si on n'a que des moyens divisée par le nombre de sigle locaux on ne peut pas lutter et coordonner nos luttes . Des grèves sur le tas de ces travailleurs il y en a tout les jours ... mais seul, sans solidarité ouvrière et c'est le retour au pays sans paye qui les attends ... donc les luttes oui je suis ok faut les prendre en compte et justement y a peut être un problème de coordination et d’unité ouvrière ! Après je suis ok c'est pas l'existence de la CNT qui est a l'origine de cette décomposition de la culture syndicaliste ... c'est bien a l'intérieur de la Cgt qu'a été mis en place ce syndicalisme d'entreprise, la domination d'une fraction pendant plus de 60 ans .... mais c'est la preuve que la conf' majoritaire et historique détermine la forme et l'intensité des luttes de la classe par chez nous !
Et c'est pas en créant deux, trois, quatres, cinqs sigles différents qu'on répond a ces problèmes de plus en plus fort a mesure que les capitalistes se dépatouillent sur notre dos avec la crise de leurs profits . .. j'en profite pour revenir a ça
]Notamment parce que tu proposes une vision très organisationnelle de la lutte des classes qui fait plutôt l'impasse sur les luttes elles mêmes et sur leurs liens intrinsèques avec les cycles du capital
:-D
Le problème c'est pas la cnt, le problème c'est notre organisation et notre préparation a l'offensive (je dirais le problème ça reste la Cgt :lol: ). Voilà de quoi discuter. Mais on est nombreux a penser que la solution ne réside pas dans la création d'une nouvelle conf' en 2013 (ce qui ne veut même pas dire que dans une autre période historique cela ne soit pas envisageable ...)
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Re: Débat sur la question de la création de la CNT-SO

Messagede doctor louarn » 10 Jan 2013, 12:55

Nyark nyark a écrit:
On peut se dire anarchiste, anarchosyndicaliste, libertaire ou tout ce qu'on veut et se conduire comme une bande fieffés bureaucrates et de magouilleurs débiles

On ne te le fait pas dire : pour une fois, au moins, nous sommes d'accord...


d'autant plus avec la petite phrase
Cela a d'ailleurs entraîné notre départ de la CNT Vignoles.



:lol: un grand moment!
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Re: Débat sur la question de la création de la CNT-SO

Messagede bipbip » 14 Fév 2013, 13:18

Article dans Alternative Libertaire de janvier

CNT : Après la scission, quel futur ?

Quel est l’avenir immédiat des deux organisations se réclamant du célèbre sigle CNT ? Cruels déchirements ? Réconciliation inespérée ? Ignorance mutuelle ? Quelques éléments d’explication, et l’avis des protagonistes.

La scission était jusqu’ici morale. Depuis l’automne 2012, elle est effective : il y a à présent deux CNT en France, auxquelles il faut ajouter une poignée de groupes locaux non confédérés mais arborant le sigle [1].

D’un côté, la CNT française (CNT-F) ; de l’autre, la CNT-Solidarité ouvrière (CNT-SO), un nom tiré de la riche histoire de l’anarchisme espagnol [2].

Déjà, le 1er mai 2011, les habitué-e-s de la manifestation parisienne avaient eu la surprise de voir le cortège CNT scindé en deux tronçons arborant chacun ses propres drapeaux. La distribution d’un petit bulletin intitulé Autre Futur confirmait la naissance d’une tendance dissidente au sein de la CNT.

Généalogie d’une rupture

À l’origine de ce divorce : un désaccord remontant au début des années 2000, sur l’opportunité ou non, pour une organisation anarcho-syndicaliste, d’avoir des permanents. « Risque de bureaucratisa-tion » disent les anti ; « nécessité pour se développer » répondent les autres. Le débat est vieux comme le mouvement syndical, d’excellents arguments existent de part et d’autre, et cet article n’est pas le lieu de trancher cette question. Toujours est-il que le désaccord s’est cristallisé autour du syndicat du Nettoyage, dont la confédération CNT a « découvert » qu’il s’était doté d’un conseiller juridique rémunéré à plein temps.

La situation était épineuse, vu le fort symbole que représentait ce syndicat.

Constituée en 1988, la CNT-Nettoyage syndique des centaines d’ouvrières et d’ouvriers issus des couches les plus précarisées du prolétariat, essentiellement immigrés, parfois sans papiers. Combinant suivi juridique et animation de grèves, elle s’est donnée les moyens d’être une des actrices qui compte à Paris dans ce secteur industriel très dur. Et cela, personne ne le conteste.

Ce qui est contesté, c’est le rôle de son conseiller juridique, Étienne Deschamps. Pour les uns, c’est un « manitou » pesant bien plus lourd que les secrétaires réguliers du syndicat. Pour les autres, il joue un rôle nécessaire auprès de migrants possédant mal la langue française. À ce hiatus originel se sont progressivement greffés d’autres griefs. Les défenseurs de la CNT-Nettoyage ont reproché à l’union régionale (UR) parisienne d’être devenue un milieu contre-culturel et affinitaire. En retour, l’UR a déploré une politique du fait accompli et des pratiques fractionnistes. Un contentieux est également né autour de la labellisation CNT ou non d’un syndicat de l’Hôtellerie-restauration en région parisienne.

Le Nettoyage s’en va

Au fil des ans, le clivage a pris des proportions ingérables. Après le 1er mai 2011 et la naissance de la tendance Autre Futur, la Foire à l’autogestion de juin 2012 a été le théâtre d’un règlement de comptes en public, une dizaine de cénétistes venant interdire de parole Étienne Deschamps dans un forum de débat. Malgré la condamnation, par le bureau confédéral, d’« actes malveillants » [3], cet épisode a signé la fin de la cohabitation. Le syndicat du Nettoyage a quitté la CNT-F peu après, bientôt suivi par d’autres syndicats.

Les portes de sortie n’ont cependant pas été les mêmes pour tout le monde.

Si certains sont passés à Sud, la plupart ont choisi de créer une nouvelle confédération : la CNT-SO, officialisée par une déclaration le 12 novembre. Quant à Autre Futur, elle a été transformée en « espace intersyndical » rassemblant des syndicalistes autogestionnaires de Sud, de la CGT et des CNT [4].

Pourquoi créer la CNT-SO plutôt que de rejoindre l’union syndicale Solidaires ? D’abord, explique Bernard, du bureau confédéral provisoire, par fidélité à une histoire, celle de la CNT, que certains scissionnistes estiment avoir « portée à bout de bras pendant des décennies ». Mais surtout par attachement à un syndicalisme porteur d’un « projet révolutionnaire global ». L’action quotidienne, juge-t-il, doit être « le creuset, la matrice d’un mouvement d’émancipation plus vaste qui a pour nom le communisme libertaire ». Ce qui n’est pas la visée de Solidaires.

Où va la CNT-SO à présent ? « Il ne s’agit pas de se développer en “piquant” des adhérents aux syndicats existants, explique Bernard. Nous voulons avant tout mettre en pratique ce qui était resté au stade des pieuses résolutions au sein de la CNT-F et nous comptons essentiellement sur les luttes et un travail de proximité pour assurer notre développement à la base. »

Le congrès enfonce le clou

Du côté de la rue des Vignoles, cette scission est vécue comme un immense gâchis. Fouad, du bureau confédéral, regrette principalement que les gens d’Autre Futur n’aient jamais présenté une « motion d’orientation » ou un « texte de congrès permettant de débattre » avant de commettre l’irréparable.

Ainsi, l’absence des « syndicats fractionnaires » au congrès de début novembre a certes permis à la CNT-F de se retrouver sur des « choix d’orientations clairs, cohérents, et largement majoritaires », mais elle a également privé les congressistes d’explications franches, et cela est ressenti comme un « déni de démocratie ». Quoi qu’il en soit, le congrès a enfoncé le clou, en réaffirmant son « refus des permanents syndicaux » [5].

Que va faire la CNT-F à présent ? « Contrairement à ce qui s’était passé en 1993, on ne va pas rester là-dessus pendant cent sept ans, balaie Fouad. Le constat, c’est qu’aucune fédération n’a quitté la CNT-F, et à présent, nous voulons passer à autre chose, avancer, construire. » Et ne pas couper les ponts, comme le laisse entendre, le récent communiqué qui évoque « la nécessaire unité » de l’anarcho-syndicalisme [6].

Guillaume Davranche (AL Montreuil)

Deux tronçons pour l’anarcho-syndicalisme

CNT française : Siège historique du 33, rue des Vignoles, à Paris 20e. Publie le mensuel Le Combat syndicaliste. Principales fédérations revendiquées : Éducation, Santé-social, BTP, Culture-spectacle. http://www.cnt-f.org

CNT-Solidarité ouvrière : Siège au 4, rue de la Martinique, à Paris 18e. Publie le périodique Solidarité ouvrière. Principales fédérations revendiquées : Nettoyage, Restauration-hôtellerie, Culture-communication. http://www.cnt-so.org


[1] Il s’agit notamment des groupes épars se revendiquant directement de l’Association internationale des travailleurs (AIT, l’internationale anarcho-syndicaliste)

[2] Fondée en 1907, l’organisation syndicale catalane Solidaridad Obrera fut à l’origine de la CNT en 1910

[3] Communiqué confédéral CNT-F du 28 juillet 2012.

[4] http://www.autrefutur.net

[5] Communiqué confédéral CNT-F du 21 décembre 2012.

[6] Communiqué confédéral CNT-F du 21 décembre 2012.

http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5164
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Re: Débat sur la question de la création de la CNT-SO

Messagede Nyark nyark » 18 Fév 2013, 12:17

J'ai divisé le sujet à partir de là.
La suite se trouve dans "Et l'AIT dans tout ça ?"
viewtopic.php?f=12&t=7012
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