Tout d'abord, oui, j'ai découvert ce forum au hasard... d'une discussion avec un camarade. J'avoue avoir peu de temps à consacrer à ces forums, mais enfin, après des années de calomnies ordurières, de magouilles d'appareil, de sabotage systématique de nos actions syndicales, de faux et d'usage de faux, de menaces physiques, de haine sourde ou ouverte, bref après des années de plaisir partagé aux Vignoles, je me retrouve enfin plus serein et, le sourire aux lèvres, j'y vais de mon petit couplet à l'intention des camarades libertaires présents sur ce forum.
Parce que je n'ai strictement aucune intention de convaincre les quelques militants des Vignoles qui viennent ici. Le proverbe dit bien qu'on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif et je ne m'y risquerai pas.
Donc, chère Nyark Nyark, tu me demandes ce que nous apportons de nouveau ? Mais.... des pratiques tout simplement. Nous entendons mettre en oeuvre ce qui n'était que voeux pieux à la CNT Vignoles. Et échapper enfin au climat délicieux que j'ai décrit plus haut.
Les camarades libertaires qui n'appartiennent pas à la CNT auront certainement du mal à imaginer le degré de haine et de violence pas toujours contenue qui régnait dans cette micro organisation. Un tel climat rendait impossible tout travail en commun et avait fini par écoeurer des centaines (je dis bien des centaines !) de militants, certains parmi les mieux formés, les plus actifs. Certains sont partis à SUD, d'autres à la CGT, à la FA, à Alternative Libertaire, d'autres enfin sont rentrés chez eux en jurant qu'on ne les y prendrait plus. Belle réussite en vérité !
Nous sommes partis avant qu'il ne reste plus que ce petit groupe affinitaire qui jouit sans entrave dans l'entre-soi. Nous savons bien que bon an mal an, cette malheureuse CNT va survivre. Il suffit pour cela d'une poignée de bureaucrates, de permanents non rémunérés, toujours les mêmes, et d'une rotation de quelques nouveaux qui finiront par s'en aller à leur tour, après quelques mois ou quelques années. Et l'illusion demeurera. On verra toujours le même petit clan, qui finira par grisonner, entouré de quelques nouveaux, brailler à tue-tête, "Ca va péter, ça va péter !" Ou bien "C-N-T, un syndicat de combat" (sic), ou bien, plus drôle encore, "révo-lu-tion, sociale et libertaire." Car à force, cela finit par devenir comique. Voire attendrissant pour ceux qui ne les ont pas vus de près.
Alors nous sommes partis. Minoritaires en nombre de syndicats et majoritaires en nombre d'adhérents (exactement comme lors de la scission de 1993 qui a vu se séparer les purs et durs de l'AIT et la CNT dite "Vignoles.") Il serait très présomptueux de ma part d'ajouter que nous avons aussi la qualité, mais comme je suis en forme, je m'y risque : ce sont souvent les militants les plus formés politiquement et syndicalement qui sont partis créer la CNT Solidarité Ouvrière.
Non qu'il n'y ait que des imbéciles qui soient restés, nous y avons encore d'excellents camarades, qui, pour des raisons diverses, n'ont pas encore fait le choix de nous rejoindre. Mais qui tôt ou tard sauteront le pas. Et s'ils ne le font pas, ce n'est pas grave.
Car je vais te faire une confidence, Nyark Nyark (mais ne la répète pas, surtout) nous n'avons aucune intention de vous piquer vos rares militants. J'ajouterai même que nous avons la ferme intention de ne pas du tout, mais alors pas du tout nous occuper de vous.
Nous allons, enfin, pouvoir nous consacrer à ce qui nous occupe : la lutte contre le capital et son Etat. Et vois-tu, pour lutter contre le Moloch capitaliste, il nous est venue une idée étrange : il faudrait être plus qu'une poignée.
Ah ! si nous étions léninistes, je ne dis pas : il nous suffirait d'être une avant-garde éclairée, dépositaire de la conscience de classe et de la ligne juste. Mais curieusement, notre héritage n'est pas celui-là. Nous avons la faiblesse de penser que l'abolition du capital, l'abolition du salariat et l'instauration du communisme libertaire seront l'oeuvre de l'immense majorité du prolétariat. Qu'il s'agit là d'un formidable bouleversement qui ne se limite d'ailleurs pas à un changement de mode de production mais doit être également pensé comme un basculement de civilisation. Autant dire que personne parmi nous ne le verra, mais que pour y contribuer, même modestement, même plusieurs générations à l'avance, il convient de peser sur le cours de l'Histoire, sur le cours des luttes.
Et ce n'est pas en pratiquant l'entre-soi qu'on y arrivera.