Quelles propositions syndicalistes libertaires ?

Quelles propositions syndicalistes libertaires ?

Messagede bipbip » 10 Oct 2012, 11:09

Texte de syndicalistes libertaires lyonnais, et appel à débat le 13 octobre.

Quelles propositions syndicalistes libertaires pour lutter contre les licenciements ?

Le licenciement, l'arme des patrons

Pour augmenter leurs profits, les capitalistes licencient. A PSA, Sanofi Rhodia, mais aussi dans bien d'autres boites moins connues, donneurs d'ordre ou sous traitante. En France comme dans le reste du monde.

L'objectif de ces licenciements : tirer les salaires vers le bas en augmentant la peur du chômage, et nous faire payer les pots cassés de la crise. Ils mettent la pression sur ceux qui travaillent pour gagner plus en faisant produire plus, à moins de travailleurs et travailleuses (les « gains de productivité ») pour débourser moins de salaires.

Avec pour résultats des plans de licenciements appelé hypocritement Plan de Sauvegarde de l'Emploi et la misère programmée pour des millions de personnes. La crise actuelle a pour conséquence prévisible des dizaines de milliers de licenciements. Face à cet enjeu crucial, il nous faut réfléchir aux stratégies les plus à même de permettre aux travailleurs et travailleuses de se défendre collectivement, tout en ouvrant des perspectives de transformation de la société qui permettent d'en finir avec ce système générateur de misère.


Quelle stratégie ?

Brandir comme revendication « l'interdiction des licenciements » ? Cette revendication est de nature démagogique parce qu’elle tente de faire croire aux salariés que l'Etat peut les protéger contre les coups tordus des patrons et des actionnaires.

Mais l'Etat est le bras armé des patrons : il envoie les CRS contre les grévistes, liquide toutes les manifestations de solidarité sociale, criminalise l'entraide, prend aux pauvres pour donner aux riches. Les 300 milliards d'euros donnés aux banques à la faveur de la crise et les exonérations de cotisations patronales démontrent une nouvelle fois, s'il est besoin, qu'il ne faut rien attendre d'autre de l'Etat, que son soutien aux patrons. Une telle revendication condamne à l'attentisme, en brandissant l'illusion du « bras protecteur de l'Etat » qui serait un barrage à la politique patronale. Bien au contraire, nous pensons que les travailleuses et les travailleurs ont tout intérêt à agir directement pour lutter contre les licenciements.


Qu'entendons-nous par « agir directement » ?

Les entreprises fonctionnent grâce aux travailleuses et aux travailleurs. C'est pour cela que nous affirmons que l'outil de travail leur appartient, quel que soit les titres de propriétés brandis, et cautionnés par l'Etat.

Dans le cadre d'un plan de licenciement, l'enjeu pour les personnes licenciées, c'est d'échapper à la misère. Pour cela, nous pensons que le premier élément est la construction d'un rapport de force. Occuper l'usine, attaquer les intérêts économiques de la boite donneuse d'ordre ou ceux des entreprises clientes (par exemple par le boycott, l'occupation de filiales, le blocage de l'acheminement des produits de la boite en question...), pour se réapproprier l'outil de travail et disposer d'un moyen de pression. C'est cette utilisation de l’action directe offensive contre le capital qu'il faut promouvoir.

La solution historique du mouvement ouvrier, c'est l'expropriation des patrons et le redémarrage de la production dans le cadre de l'autogestion, c'est à dire par les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes, pour eux mêmes. C'est cette solution que nous devons remettre au goût du jour.

Une telle solution a par exemple été mise en œuvre dans des centaines d'entreprises en Argentine lors de la crise de 2001. Les patrons s'étant enfuis avec la caisse, les ouvriers n'ont pas attendu un hypothétique et illusoire secours de l'Etat. Ils se sont organisés collectivement, sans hiérarchie, pour redémarrer l'activité sous forme coopérative, en reprenant leur outil de travail. On trouve d'autres initiatives autogestionnaires du même genre aujourd'hui ou au cours de l'histoire, comme par exemple récemment les « Strike bike » en Allemagne. En France, l'exemple de LIP nous donne également quelques pistes. Si l'expropriation n'est pas possible, dans le cas d'un plan social partiel, faute de rapport de force, il est intéressant de proposer la mise en commun des indemnités de licenciement pour lancer une coopérative ouvrière, sur la base du principe « à travail égal/salaire égal », et de l'égalité totale entre coopérateurs (en terme de décisions, de gestion de la structure).


Difficultés et pistes de réponses

Dans ce type de luttes, plusieurs difficultés émergent. D'abord une telle perspective ne va pas sans l'instauration d'un rapport de force. L'Etat ne tardera pas à jouer l'auxiliaire et le garant des intérêts du patronat en envoyant la « force publique » pour tenter d'évacuer les salariés en lutte de l'entreprise.

Tous les prétextes seront invoqués : entrave à la « liberté du travail » (sic), dégradations, effraction, non respect de la propriété privée, « trouble à l'ordre public », etc... Le patronat peut aussi faire intervenir des milices, sous formes de boîtes de sécurité privées, voir d'hommes de main. Il est alors indispensable d'organiser la solidarité à l'extérieur de la boîte : en allant voir les autres entreprises aux alentours, en sollicitant les organisations interprofessionnelles des syndicats (UL...), et, si elles font défaut, en allant rencontrer directement la population, les autres travailleuses et travailleurs, sur les quartiers... .

Ensuite, si la forme « coopérative » existe légalement (la loi du 19 juillet 1978, articles 48 à 52, permet la reprise en coopérative d'une entreprise qui dépose le bilan), la loi sur les SCOOP a permis un détournement de l'esprit originel des coopératives. Il faut donc être attentif à la forme choisie, afin d'éviter au maximum de permettre un retour à des logiques capitalistes au sein de la structure coopérative.

Les coopératives peuvent fonctionner de manière très proche des entreprises capitalistes : certaines de celles qui existent reproduisent les inégalités de salaire, le maintien d'une distinction dirigeants/dirigés, d'un encadrement, la dépendance envers un actionnaire (jusqu'à 50% du capital) . Il est important d'affirmer la revendication de l'égalité des salaires, mais aussi celle d'une gestion collective de la coopérative, ainsi que le contrôle de la totalité du « capital » par les salariés.

Le second problème, c'est la pression capitaliste du marché, la logique de la concurrence qui a tendance soit à mettre en difficulté la survie du projet, soit de faire évoluer celui-ci vers les normes capitalistes de rentabilité. C'est en cela que nous ne pouvons considérer la constitution de SCOOP comme autre chose qu'une solution temporaire, un outil de résistance, et que nous devons réaffirmer la nécessité d'un changement révolutionnaire, seul à même de permettre de surmonter cette pression. La forme coopérative telle qu'elle existe légalement est un outil de résistance, mais à terme il n'y a pas de perspective réelle de lutte contre les licenciements sans perspective de transformation révolutionnaire de la société. Il est dès lors impératif que les coopératives ainsi créées soit des appuis aux luttes sociales, puissent faire jouer l'entraide comme contre-société ouvrière.

On peut insister sur la mise en réseau nécessaire des coopératives, sur l'entraide, afin de rompre l'isolement, mais cela ne suffit pas. L'exemple de l'Argentine nous le montre, où la pression capitaliste du /marché a contraint de nombreuses coopératives à la fermeture, où l'/Etat n'a eu de cesse, une fois la vague de révolte affaiblie, de vouloir récupérer les outils de production coopératifs, où les milices patronales ont pu intervenir pour briser la résistance ouvrière, où, plus grave, certaines coopératives ont remis en vigueur les normes de production et d'organisation du travail (inégalités de salaires, distinction dirigeants/dirigés) pour « s'adapter » à la pression capitaliste du marché.

Le seul moyen de rompre avec cette capacité qu'ont le capitalisme et l'Etat à intégrer les structures qui lui sont antagonistes, c'est le développement incessant des luttes, c'est la fédération des structures de résistances coopératives, avec la pratique de la mutualisation directe de la production chaque fois que c'est possible.


Des syndicalistes libertaires lyonnais

Pour nous contacter : tribunesyndicalistelibertaire@gmail.com


VENEZ DEBATTRE AVEC NOUS DES REPONSES SYNDICALES A LA CRISE

CE SAMEDI 13 OCTOBRE à 15 Heures

LIBRAIRIE LA PLUME NOIRE 8 rue DIDEROT LYON 1er

http://tribune-syndicaliste-libertaire. ... 29093.html
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Quelles propositions syndicalistes libertaires ?

Messagede Béatrice » 11 Oct 2012, 17:44

Pour commenter et illustrer cet extrait du texte précédemment cité:

Dans le cadre d'un plan de licenciement, l'enjeu pour les personnes licenciées, c'est d'échapper à la misère. Pour cela, nous pensons que le premier élément est la construction d'un rapport de force. Occuper l'usine, attaquer les intérêts économiques de la boite donneuse d'ordre ou ceux des entreprises clientes (par exemple par le boycott, l'occupation de filiales, le blocage de l'acheminement des produits de la boite en question...), pour se réapproprier l'outil de travail et disposer d'un moyen de pression. C'est cette utilisation de l’action directe offensive contre le capital qu'il faut promouvoir.

La solution historique du mouvement ouvrier, c'est l'expropriation des patrons et le redémarrage de la production dans le cadre de l'autogestion, c'est à dire par les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes, pour eux mêmes. C'est cette solution que nous devons remettre au goût du jour.


A l'instar de leurs camarades en lutte de la société Fralib, les salarié(e)s de l'usine Continental Nutrition ( spécialiste de l'alimentation pour animaux domestiques ), à Vedène (84)
en lutte depuis plus d'un an, occupent leur usine depuis 261 jours :

L’espoir d’un repreneur redonne du souffle aux Conti de Vedène

Une nouvelle réunion sur la situation de Continentale Nutrition à Vedène s’est tenue ce lundi 8 octobre à la Préfecture du Vaucluse. L’horizon semble s’éclaircir : un éventuel repreneur a présenté son projet de reprise du site. Les emplois seraient sauvegardés mais un obstacle persiste toujours : le prix de l’usine, très élevé. Les salariés de l’entreprise d’alimentation pour animaux, qui occupent aujourd’hui leur usine depuis 258 jours malgré l’arrêt de l’activité, espèrent enfin voir le bout du tunnel et surtout, recommencer à travailler.





A la sortie de la réunion, Taieb Hallal, délégué CGT du site, parle de « bonnes avancées même s’il reste encore du chemin ». Et le chemin justement commence à être long : voilà plus d’un an que le PSE, le Plan de Sauvegarde de l’Emploi a été annoncé, le 27 septembre 2011. Plus de huit mois que les Conti occupent jours et nuits leur site. Cet été, ils avaient obtenu la mise en place de groupes de travail préfectoraux, notamment avec l'Agence de Développement Economique de Vaucluse. Une première réunion s’était tenue le 24 juillet dernier et une nouvelle a donc eu lieu, comme prévu, ce 8 octobre. Un rendez-vous attendu par les salariés puisqu’il s’agissait d’évoquer la reprise du site.

Les emplois seraient maintenus

« Un groupe qui propose de la logistique industrielle pourrait rependre le site mais pour l’instant, je préfère rester encore confidentiel sur son nom » nous explique Taieb Hallal, le Conseil Général évoquant de son côté, l’installation d’un « pôle logistique sur le site actuel et de créer ainsi plus de 100 emplois ». Le délégué syndical se félicite que « le projet présenté comprenne le maintien des emplois des salariés de Conti en lutte mais aussi la création d’emplois supplémentaires. C’est un projet sérieux avec reprise du travail mais on a buté aujourd’hui sur la direction de Continentale Nutrition qui ne facilite pas la tâche : toutes les conditions sont réunies, tous les feux sont au vert pour reprendre l’activité avec un projet complet et avancé mais le prix bloque. La direction maintient un prix de vente du site trop élevé, deux fois plus cher que le marché vauclusien, 4,6 millions d’euros ! » Un montant que dénoncent depuis des semaines les anciens salariés du site, qui en appellent dorénavant à l’Etat : « toutes les collectivités locales et la Préfecture montrent de la bonne volonté pour trouver une solution, tous sauf la direction ; on en appelle donc aujourd’hui au ministère du Redressement Productif et au gouvernement pour agir sur la direction et les contraindre à baisser le prix. Si on revient à un tarif équivalent au marché local, là ça sera bon. L’éventuel repreneur ne peut pas acheter le site à ce prix-là. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement ».

Le sénateur et président du Conseil Général du Vaucluse, Claude Haut, s’est d’ailleurs félicité dans un communiqué, des avancées de ce comité de pilotage même s’il est « encore trop tôt pour parler de victoire, les négociations financières devant s’entamer en particulier entre le repreneur et l’actuel propriétaire pour déterminer des conditions appropriées de cession du site ».

Si l’usine change complétement de domaine, ce qui est le plus probable, des changements seront alors à apporter, notamment vis-à-vis des compétences des anciens salariés de Continentale Nutrition. « La Région et le directeur de Pôle Emploi se sont engagés à mettre en place des formations de reconversion pour les salariés, si besoin » nous précise le délégué syndical, ajoutant que « le préfet aussi a pris des engagements, celui de mettre ses service en état d’alerte pour que le processus se fasse le plus rapidement possible. Ça pourrait se faire entre 3 et 5 mois, au lieu d’un an et demi, voire deux ».

Manifestation nationale aujourd'hui pour "la défense de l'emploi et l'industrie"

Si pour l’instant, le redémarrage de l’activité sur Vedène est encore loin d’être sûr, les salariés mobilisés continuent d’y croire, scandant toujours leur fameux « On ne lâche rien ». Aujourd’hui, mardi 9 octobre, ils seront en tête du cortège à Marseille, première journée de manifestation nationale sous le mandat de François Hollande. A leur côté, pour ouvrir la marche, seront présents les Fralib de Gémenos. Deux sites emblématiques du combat des salariés en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour sauver leurs emplois.


http://mlactu.fr/article/l%E2%80%99espo ... 3%A8ne/687


Et de la convergence des luttes entre les salarié(e)s de Fralib et de Continental Nutrition :

http://www.youtube.com/watch?v=izyPBWCccJQ
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 19:58

Re: Quelles propositions syndicalistes libertaires ?

Messagede bipbip » 21 Oct 2015, 00:04

Leurs « réformes » ou la rupture ?

C’est la question posée par F. Hollande à l’occasion de la Conférence sociale. Soit dit en passant, Solidaires (SUD) et CGT ont bien eu raison de ne pas assister à cette mascarade. Ce qu’Hollande et sa bande appellent « réformes », c’est la succession des reculs sociaux imposés aux travailleurs et aux travailleuses, pour que les patrons, les actionnaires et les rentiers se fassent toujours plus d’argent sur notre dos.

Le « dialogue social » entre deux « partenaires » qui seraient à égalité, c’est de la foutaise. Il n'y a ni “dialogue social”, ni “partenaires”. Dans la société capitaliste, il y a des classes sociales aux intérêts opposés et qui n’ont pas les mêmes droits. Dans les entreprises, les représentants de la direction ont le pouvoir : sur nos salaires, sur les embauches et les licenciements, sur nos conditions de travail, etc. Il n’y a pas d’égalité entre patrons et salarié-es.

Leurs « réformes » ou la rupture ? Nous sommes pour une rupture nette avec le système capitaliste qui exploite celles et ceux qui ne vivent que de leur travail. C’est aussi ce que doivent affirmer haut et fort les organisations syndicales qui ont boycotté la Conférence sociale !

http://leraildechaine.org/post/131500982980/leurs-réformes-ou-la-rupture
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05


Retourner vers Syndicats, associations, mouvements sociaux

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 14 invités