Mayotte en lutte

Mayotte en lutte

Messagede Pïérô » 09 Oct 2011, 14:32

mouvement social d'ampleur et manifestations contre la vie chère

La tension est vive sur les deux îles qui composent Mayotte, le 101e département français. Depuis une dizaine de jours un fort mouvement social s'élève contre la vie chère. Au point d'avoir obligé le PS à annuler l'organisation de la primaire socialiste, ce dimanche 9 octobre 2011.

Au cours de la dernière manifestation du 8 octobre -après une deuxième modification d’itinéraire- les protestataires ont décidé de se rendre à la grande surface située à la sortie de la ville pour la faire fermer. Par précaution, les gendarmes mobiles ont essayé de se frayer un passage à travers la foule pour empêcher tout dérapage.

Mais, quelques coups de matraque après, les maires et les protestataires bloquent les gendarmes par un sit-in et manifestent leur mécontentement à l'encontre de Thomas Degos, préfet de Mayotte. Ibrahim Aboubacar, vice-président du Conseil général : « Le préfet doit partir. On va demander son départ ».

Les maires de Ouangani et Sada font la même demande. Ali Ahmed-Combo, maire de Ouangani : « On avait prévu une marche pacifique. On avait prévu de partir jusqu’à Cora et de retourner. Là, aujourd’hui, j’ai compris que le préfet doit partir ». Même propos d'Ahmada Ben Ali, maire de Sada : « La population est dans la rue. Nous, on est venus pour soutenir la population pour justement faire en sorte que les choses se passent bien. Et on nous envoie des CRS, on nous envoie des camions de CRS pour nous bousculer, pour nous écraser. Nous trouvons cela inadmissible ! Ce que nous demandons tout simplement, c’est le départ du préfet. Que le préfet parte parce qu’on a constaté par nous-même que la population avait raison depuis des jours. Elle se fait massacrer par les CRS et nous, on est venus constater et on demande le départ du préfet purement et simplement ».

Au final, les manifestants arrivent sous bonne escorte à la grande surface où l’on fait évacuer les clients apeurés : « Je ne suis pas bien là ». Un autre Mahorais : « On flippe mais on n’a pas le choix ». Les syndicalistes ont promis de revenir.


http://www.rfi.fr/france/20111009-mayot ... socialiste
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Re: Mayotte en lutte

Messagede Pïérô » 12 Oct 2011, 07:43

Mayotte
La lutte contre la vie chère s’intensifie

La situation reste tendue à Mayotte. Un collectif de syndicats et de con­sommateurs décide de reconduire le mouvement jusqu’à jeudi.

Faute d’accord avec le patronat et les représentants de la grande distribution, le collectif de syndicats et de consommateurs à l’origine du mouvement a décidé, samedi soir, de poursuivre son action jusqu’à jeudi prochain (13 octobre).
Jeudi dernier, des barrages routiers avaient été le théâtre d’affrontements entre jeunes et gendarmes mobiles. Pour la première fois à Mayotte, des cocktails Molotov ont été confectionnés, puis lancés sur les forces de l’ordre. Plusieurs casseurs interpellés ont été condamnés, selon la procédure de comparution immédiate, à de la prison ferme. Vendredi, à Longoni, la cité portuaire de Mayotte, une fillette de 9 ans a été blessée par un projectile de flash-ball tiré par un gendarme. La fillette a été hospitalisée sans que ses jours soient en danger.
Le mouvement contre la vie chère avait débuté le 27 septembre, à l’initiative des deux syndicats CGT Mayotte et CFDT, rejoints par FO et la CFE-CGC. Le front s’est vite élargi à trois associations de consommateurs. 
Alignement et égalité
Leur revendication est unique. Baisse des prix des produits de consommation courante, avec alignement sur ceux pratiqués à La Réunion, l’autre département français de l’océan Indien, situé à 1 700 km au sud-est de Mayotte.
Après l’accession de Mayotte au statut de département, le 1er avril 2011, les Mahorais ont revendiqué davantage d’égalité en matière de coût de la vie. 
« C’est pour cela que nous avons lancé l’appel à la grève », a expliqué à l’AFP Ousseni Balahachi, un responsable CFDT. En réalité, il s’agit d’un boycott des commerces que le durcissement du conflit, la semaine dernière, a contraint à la fermeture.
Si la plupart des barrages routiers étaient levés, dimanche, les magasins étaient tous fermés, de même que les banques où les distributeurs de billets sont hors service.
Les négociations entre délégués du collectif d’une part, et représentants du Medef, de la grande distribution et des chambres consulaires d’autre part, ont enregistré quelques avancées.
http://www.lexpressmada.com/mayotte-mad ... sifie.html


Communiqué du LKP :

En soutien aux Travailleurs et au Peuple de MAYOTTE
11 octobre 2011

Le LKP condamne fermement et sans réserve la féroce répression qui frappe les femmes, les hommes, les jeunes qui osent lever la tête pour dire NON à la pwofitasyon ; pwofitasyon organisée avec l’entière approbation de l’Etat Français.

Ce schéma, nous le connaissons bien car c’est le même en Guadeloupe : la mainmise sur l’économie par deux ou trois familles ou groupes qui pillent et spolient en toute impunité.

LKP tient le MEDEF et l’Etat Français, singulièrement Marie-Luce PENCHARD comme responsables de la dégradation de la situation à MAYOTTE. Tout comme en Guadeloupe, au lieu de négocier et de faire de réelles propositions, l’Etat colonial a fait le choix du mépris, de l’arrogance et préfère lancer les forces de répression pour « mater » les travailleurs et le peuple de MAYOTTE qui demandent respect, dignité et justice sociale.

Tout comme en Guadeloupe, le refus de la négociation, le désengagement, le non respect des accords ne peuvent que renforcer le mécontentement.

LKP adresse son soutien militant aux travailleurs et au Peuple de MAYOTTE en lutte contre la pwofitasyon.

NON AU MEPRIS

MAYOTTE – GWADLOUP MENM KONBA,

ANSANM NOU KA LITÉ, ANSAMN NOU KÉ GANNYÉ,

Pou LIYANNAJ KONT PWOFITASYON

Elie DOMOTA

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LES MAHORAIS VEULENT L’EGALITE SOCIALE !

Messagede barcelone 36 » 19 Oct 2011, 12:54

http://federation-anarchiste.org/spip.php?article1018

LES MAHORAIS VEULENT L’EGALITE SOCIALE !
mardi 18 octobre 2011

Depuis le fin du mois de septembre, Mayotte vit à l’heure de la grève générale contre la vie chère, et ce dans l’indifférence totale. Devenue département français en avril 2011, l’île fait l’expérience de l’hypocrisie de la prétendue égalité républicaine, qui en définitive ne profite qu’aux possédants : elle est l’endroit de ce pays où la chasse aux migrants est la plus poussée : traques en pleine rue, rafles, naufrages de bateaux surchargés constituent le quotidien des mahorais, elle est le lieu où le revenu par habitant est le plus bas, et où la vie est la plus chère ; comme dans les Antilles dites françaises, l’économie est confisquée à Mayotte par des groupes monopolistiques de distribution. Face à la légitime révolte des habitants de l’île, la répression policière ne fait pas dans la demi-mesure : le jeune Nassur, 9 ans a perdu l’usage de son œil droit à la suite d’un tir de flash-ball et les forces de l’ordre capitaliste se déchaînent avec leur brutalité coutumière. La Fédération anarchiste apporte son soutien plein et entier à la lutte des Mahorais contre l’exploitation, elle salue les méthodes employées par le mouvement : gratuité de certains trajets de transports, redistribution des marchandises stockées dans les magasins, solidarité des non-grévistes avec les grévistes, manifestations massives, contrôle des organisations syndicales par la base. A l’heure où le monde entier souffre de l’insatiable appétit de profit du capitalisme, la lutte des Mahorais montre la voie.

Fédération anarchiste, secrétariat aux Relations extérieures, le 18 octobre 2011.
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Re: Mayotte en lutte

Messagede barcelone 36 » 19 Oct 2011, 15:34

Mayotte: mort d'un manifestant, apparemment d'un malaise cardiaque
(AFP) – Il y a 5 heures
MAMOUDZOU — Un manifestant de 39 ans est mort mercredi à Mamoudzou, préfecture de Mayotte, apparemment d'un malaise cardiaque, a annoncé à l'AFP le préfet de cette île française de l'Océan indien en proie à des troubles sociaux depuis plus de trois semaines.
Ce manifestant a été relevé par les secours qui ont tenté en vain de le ranimer après une échauffourée entre protestataires et policiers en plein centre de la ville, a précisé le préfet. Il ne présentait, selon les médecins que le préfet a interrogés, aucune trace d'impact de grenade lacrymogène ou de flashball.
Un autre manifestant a été atteint par un tir de flashball et hospitalisé. Ses jours ne sont pas en danger, a affirmé le préfet.
Selon le préfet Thomas Degos, une dizaine de fonctionnaires de la PAF (police aux frontières) en tenue étaient affectés à la sécurisation du secteur, lorsqu'ils ont été la cible de galets, vers 10 heures (locales).
"Pour se dégager, ils ont fait usage de grenades lacrymogènes et de flashball", indique le préfet.
C'est à cette occasion qu'un manifestant a été légèrement blessé par un projectile, qui l'a atteint au thorax.
Dans le même temps selon le préfet, "un autre manifestant s'est écroulé au sol, et les secours intervenus lui ont prodigué un long massage cardiaque avant de le transporter à l'hôpital. Les soins qui lui ont été dispensés ont été vains", a précisé le préfet.
Selon les médecins qui ont accueilli Ali El Anziz (BIEN EL ANZIZ), 39 ans, il ne présentait aucune trace d'impact sur le corps. Les médecins du centre hospitalier de Mamoudzou ont privilégié l'hypothèse d'une crise cardiaque.
Une enquête a été ouverte.
Lorsque la rumeur du décès a circulé dans Mamoudzou, un groupe d'environ deux cents personnes s'est constitué en centre-ville, qui a ensuite pris la direction de Kaweni, un quartier populaire du chef-lieu.
Depuis le 27 septembre, Mayotte est le théâtre d'un important mouvement social contre la vie chère, ponctué de manifestations et de grèves.
Des débordements ont eu lieu à plusieurs reprises dans cette île de l'archipel des Comores, qui a accédé au statut de département le 1er avril 2011: pillages de magasins, racket d'usagers de la route, affrontements avec les forces de l'ordre.
Le mouvement social, initié par les syndicats CGT Mayotte, CFDT, FO et CFE-CGC, rejoints par trois associations de consommateurs, revendique la baisse des prix des produits de première nécessité.
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Re: Mayotte en lutte

Messagede spleenlancien » 20 Oct 2011, 12:07

Près de quatre semaines d'émeutes et de confrontation sociale à Mayotte, dans l'indifférence de la « métropole ». Mayotte est pourtant le 101ème département français. Nos riverains sur place témoignent et tentent d'expliquer ces événements graves.

rue89 a écrit:amal nous écrit (extraits) :

« Je suis un m'zungu (blanc) habitant à Mayotte depuis 4 semaines. A peine arrivé j'ai subi les conflits sociaux de plein fouet. Grèves, manifestations légitimes contre la vie chère...

En fait le schéma est le même qu'en métropole. Une inter-syndicale veut négocier avec les patrons des grandes enseignes, le préfet local se présente comme un facilitateur, mais par derrière il fait preuve d'une grande répression
envers les manifestants (preuve de son incompétence)....

Bien souvent des groupes de femmes qui manifestent avec le sourire et en dansant.... Les négociations portent sur huit produits de première nécessité... Gaz, riz, huile, lait, viande, que l'on souhaite indexés par rapport aux prix de la
Réunion...

Une urgence, face à la précarité d'une majorité de Mahorais, qui ne bénéficient pas encore du chomage et du RSA (qui serait selon toute vraisemblance à 25% du RSA métropolitain, mais suffisant pour apporter une “sécurité alimentaire” pour toutes les familles).

Les Mahorais sont pauvres mais ne sont pas des mendiants, ne veulent en aucun être des assistés, comme sur certaines îles d'outre-mer ! Chose que Marie Luce Penchard, venue in extremis vendredi dernier, n'a toujours pas compris...

Vendredi dernier, les négociations semblaient trouver une issue mais la Ministre des DOM-TOM a fait interrompre les négociations en cours pour faire ses propositions à elle (proposer des bons de réductions de 5 euros sur les produits de première nécessité, pour les 16500 familles les plus pauvres). Sauf qu'à Mayotte nous sommes 200000 habitants, et nous avons besoin de baisses de prix profitables à TOUS....

Parlons politique... Avant son élection Sarkozy avait promis la départementalisation de Mayotte par référendum local... Les Mahorais ont voté pour à 95%. Mayotte est par conséquent devenu le 101ème département français depuis avril 2011.

Mais ce que Sarkozy n'avait pas précisé, c'est que Mayotte sera un département au rabais. Les Mahorais se sentent floués. L'île à basculé de la droite, vers le centre-gauche... Est-ce pour cette raison que le gouvernement délaisse Mayotte ?

Depuis le départ de M-L Penchard, les émeutes se sont intensifiées, comme
si tout ceci était volontaire... Barrages, caillassages, émeutes, et les casseurs (des jeunes de 10 à 18 ans) qu'on met sur le tapis pour diviser la population....

(...) Mayotte est française, l'est depuis 1841, (avant même Nice et la Savoie).... Mayotte a besoin d'être écoutée, considérée.... Et non pas méprisée par les flics mal-formés, par ce préfet incompétent qui devrait être viré sur le champ, et ce gouvernement qui n'en a rien à foutre de “ce peuple noir et musulman bouffeur de bananes”...

B.C.B, une habitante de Mayotte, nous écrit (extraits) :

“La majorité de la population attend une possible (pas encore probable) solution qui nous sortira de cette situation gravissime. Dans la rue, on a l'impression que forces de l'ordre, manifestants et casseurs sont en roue libre, cette anarchie est plutôt inquiétante.

Il y a beau y avoir des appels au calme, le Préfet mercredi soir à la TV est apparu pitoyable, démuni et manifestement lâché par sa hiérarchie.

Quant à la Ministre, sa réponse aux accents d'autosatisfaction à l'Assemblée est tout simplement ahurissante de légèreté. (...)

A Longoni, port de Mamoudzou, des containers renferment de la nourriture pourrissante qui attend d'être déchargée... Quasiment tous les supérettes de l'île on été pillées et saccagées. D'ici 2 à 3 jours cela va vraiment commencer à être difficile de se nourrir si les marchands de rue ne sortent plus pour vendre les légumes... sans parler de 1 h. de queue pour avoir - ou pas - du pain faute de farine... Des pharmacies ont mis en rayon leurs derniers stocks de lait…

Des gens traînent, l'ambiance est tendue... La nuit a été agitée, voire violente (pillages, incendies de magasins, vandalisme tous azimuts) dans beaucoup d'endroits de l'île (Combani, Dzoumogné, Kaweni, Passamainti, Sada..etc).

(...) Le Vice Recteur, dans un déni total de réalité, engage les personnels à ‘assurer la continuité du Service public’ tandis que certains personnels de directions demandent à leurs personnels de rester chez eux : ils craignent -avec raison- un saccage et pillage en règle des établissements et de toutes façons, les quelques établissements proposant une restauration scolaire ont des réserves pour 2 ou 3 jours ; dans les autres, les ‘collations’, déjà bien maigres n'étaient déjà plus fournies depuis hier...

Les transports scolaires sont ‘suspendus jusqu'à nouvel ordre’ sur la demande du Conseil Général, les écoles sont évidement fermées.

Hier (mercredi) la mort d'un homme de 39 ans (semble-t-il dûe à une crise cardiaque, ndlr) a fait basculer dans le chaos un 101ème département français dont la situation réelle et la grande misère d'une majorité de la population sont méconnues en Métropole.

La nouvelle de cette mort saura-t-elle atteindre des média indifférents ?

Aujourd'hui une Marche Blanche a rassemblé de très nombreux participants et s'est déroulée dans le calme et la dignité en mémoire de Ali El Anziz...

Une terrible parenthèse de recueillement qui, on l'espère, débouchera sur
un retour à la normalité.”

Olivier nous écrit (extraits) :

“Pour cette 4ème semaine de blocage, la situation est absolument
catastrophique ; jamais on n'a connu ça. La panique gagne :

Tous les supermarchés (ouverts de force sur ordre du préfet avec des escadrons de CRS ) ont été pillés, certains brûlés entièrement (cette nuit à Pamandzi) ;
le président du Conseil général tabassé par un CRS (Il ne l'avait pas reconnu ! ),
le Préfet caillassé hier en sortant des studios de Mayotte 1ère, elle même saccagée ;
la gendarmerie attaquée ;
un mort hier à la manif soit disant d'une crise cardiaque (mais flashball+lacrymo dans la tronche ne l'ont pas aidé), nombreux blessés ;

La situation est devenue incontrôlable ; les CRS sont hyper violents et tiennent des propos racistes et du coup les Mahorais aussi ; ça monte...

Mercredi, on a voulu faire une AG de crise pour l'école qu'on a dû fermer, mais les maîtresse n'ont pas pu venir car, toute la Rampe s'est calfeutrée après des menaces d'invasion du quartier des blancs ; A Bandrélé, pas une nuit sans un viol et des agressions violentes sur les m'zoungous (blancs), beaucoup cherchent à partir par tous les moyens, même si l'accès à l'aéroport est quasi
impossible, à cause des barrages et de la barge qui ne fonctionne quasiment
pas. Les gens ont faim et sont hyper nerveux. Les jeunes sont incontrôlables ;

On regarde nos réserves de nourriture s'amincir (comme nous), mais on ne
mourra pas de faim grâce aux fruits à pain, manioc et bananes ; hier un
copain a pêché un gros poisson, que l'on s'est partagé. On est très
solidaires, on se soutient, c'est indispensable.

Dans notre village, c'est calme, les gens restent gentils, on ne sent aucune
animosité pour l'instant, ils n'ont même plus de riz... c'est raide.

Et le pire dans tout ça, c'est la désinformation voulue par le gouvernement
français ; depuis la métropole, vous ne savez rien à part quelques secondes qui
annoncent des manifs” ! Même ici, le Préfet fait comme si ne rien n'était, Mayotte 1ère semble avoir reçu des “consignes”, reste la radio Kwézi FM »
qui est sur le terrain en permanence ; On est écœurés ! On a besoin de
soutien, SVP ...

On essaie de ne pas se laisser gagner par la panique, car on n'a pas le
choix, on ne pourra pas s'enfuir à la nage...

Pensez à nous, svp, on se sent seuls dans ce chaos. »

Yves nous écrit (extraits) :

« Habitant un village du nord de l'île, nous n'avons plus accès à la route puisque tout est bloqué (barrages de poubelles, de pierres, d'arbres. De plus faire des photos est dangereux, si vous êtes pris en train de le faire, notamment si vous êtes m'zungu (blanc) de surcroît, vous êtes soupçonné de vouloir transmettre ces données à la gendarmerie pour dénonciation de personnes faisant les barricades et autres mouvements allant à l'encontre de la loi.

Sachez tout de même, que si certains magasins ont été ouverts sous le couvert des forces de l'ordre comme à Mamoudzou ou d'autres communes par ci, par là, ce n'est aucunement le cas de la plupart des villages. Notons d'ailleurs que certaines personnes qui ont pu se ravitailler se sont vues littéralement pillées à leur sortie de magasin ou dans leurs véhicules.

De ce fait, nous n'avons plus grand chose à manger. Depuis presque 4
semaines que dure le conflit, les quelques provisions de base sont pour la
plupart d'entre nous insignifiantes.

Les barrages sont hélas trop souvent tenus par des enfants et des jeunes
qui trouvent un malin plaisir à considérer cela comme un jeu, voire le
nouveau sport départemental.

(...) Les entreprises sont sur les genoux et les quelques organismes qui
fonctionnaient bon an mal an dans ce département vont être tenus de fermer
définitivement ou de se retirer. Cette grève nous mène vers un constat
d'échec, quelle qu'en soit l'issue (enfin, c'est le sentiment que l'on a
lorsque l'on est sur place quand on s'aperçoit que nous sommes dans un autre
monde tout à fait différent de notre culture et que la mayonnaise ne prend
pas).

(...) Nous avons quelques jours futurs à vivre qui s'annoncent particulièrement difficiles et délicats, surtout quand on se sent autant oubliés. »


Article original :
http://www.rue89.com/2011/10/20/vos-tem ... ble-225752
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Re: Mayotte en lutte

Messagede spleenlancien » 25 Oct 2011, 22:45

Secours Rouge a écrit:Nouveaux affrontements à Mayotte

Depuis près d’un mois, la population de l’île de Mayotte dénonce la vie chère par de multiples grèves générales et autres manifestations. Aujourd’hui, des dizaines de jeunes de Dzoumogné, dans le nord de l’île, ont bloqué la circulation en érigeant des barrages avec des troncs d’arbres sur diverses routes de la ville. Des affrontements se sont déclenchés lorsque les gendarmes sont arrivés pour lever ces barrages. Les 150 gendarmes ont répliqué aux jets de galets et de cocktails molotov par des jets de gaz lacrymogènes.


http://www.secoursrouge.org/France-Nouv ... ntements-a
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Re: Mayotte en lutte

Messagede bipbip » 27 Oct 2011, 13:40

Communiqué d'Alternative libertaire :

Halte à la répression coloniale de l'Etat français à Mayotte

Depuis maintenant près de trois semaines, un mouvement social populaire contre la vie chère secoue l’île. Une grève générale bloque l’économie du pays et des manifestations ont lieu tous les jours depuis le 27 septembre. Ce mouvement fait suite à la départementalisation de l’île pour laquelle la population avait majoritairement voté croyant ainsi améliorer son niveau de vie. Or ces réformes n'ont pas amélioré les salaires, ni l'accès aux prestations sociales, puisqu'en réalité le gouvernement compte étaler son plan de mise à niveau sur une bonne dizaine d'années. Elles n'ont pas non plus remédié à la hausse des prix (60% entre 2007 et 2011), organisée par une poignées de leaders de la distribution en situation de quasi monopole. En revanche, la départementalisation a permis un déploiement sécuritaire massif et coûteux visant à empêcher tout déplacement du reste des Comores vers Mayotte.

Face aux revendications du peuple mahorais, l’Etat français a répondu par la violence et le mépris en renforçant les troupes de gendarmes mobiles et le nombre des blindés. L’envoi d’un médiateur pour rencontrer l’intersyndicale s’est soldé par un échec le 24 octobre. Le mercredi 19 octobre, un manifestant est mort après avoir reçu un tir de flash Ball et un enfant de 9 ans a été grièvement blessé.

Alternative libertaire soutient le mouvement social de Mayotte face à la politique coloniale du gouvernement français et au silence presque total des médias.

Alternative libertaire, le 27 octobre 2011
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Re: Mayotte en lutte

Messagede bipbip » 29 Oct 2011, 13:42

çà continue à Mayotte. Infos en revue de presse sur Jura libertaire : http://juralib.noblogs.org/2011/10/29/r ... a-mayotte/
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Re: Mayotte en lutte

Messagede barcelone 36 » 01 Mar 2012, 15:59

extrait du Monde Libertaire n°1662 (1er-7 mars 2012)

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Mayotte : quand la liberté et l’humanité font naufrage...

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« Je fais la navette entre Anjouan et Mayotte à bord de kwasas 1 depuis 2003. J’ai ma famille là-bas [Mayotte] et c’est là-bas que j’ai construit ma vie. À chaque fois je suis reconduit et à chaque fois j’y retourne. C’est dire que ce n’est pas ma dernière traversée ! » 2, racontait Fayad Halidi, un des rescapés du naufrage d’une embarcation de migrants, le 16 janvier dernier sur les côtes nord de Mayotte. Un drame au bilan très lourd puisqu’il a fait plus de douze morts et disparus, dont un nourrisson de quelques mois. Douze jours plus tard, un nouveau naufrage de kwassa-kwassa, toujours au nord de l’île, faisait cinq morts et des dizaines de disparus. Deux nouveaux drames venant s’ajouter à la trop longue liste de naufrages et de victimes en mer dans ce bras de mer large de 70 kilomètres. Une bande de mer qui sépare le tout nouveau 101e département français des trois îles voisines de l’archipel des Comores. Un nouveau DOM français que la communauté internationale ne reconnaît pas et que les Comores et la communauté internationale ne cessent de dénoncer comme étant occupé illégalement par la France depuis trente-sept ans. En effet, en 1975, l’archipel des Comores, dans l’océan Indien, au beau milieu du canal du Mozambique, proclamait son indépendance. Mais dans un scrutin plutôt obscur manipulé par la France, Mayotte restait sous le joug de la France qui l’occupe depuis. Malgré les injonctions et condamnations régulières de l’Onu (la dernière de l’assemblée générale de l’Onu interviendra en 1992), de l’OUA (Organisation de l’unité africaine) et de la Ligue arabe (dont les Comores sont membres), la France maintient depuis cette date sa présence, arguant du principe d’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes (affirmé notamment par la Charte des Nations unies de 1945). La France en défenseur des droits et des libertés ? C’est ironique lorsque l’on sait qu’en 2010 la France n’a pas ratifié la convention 169 relative aux peuples indigènes et tribaux de l’Organisation internationale du Travail. La France se réfugie quant à elle derrière des scrutins à répétition, dont le référendum du 29 mars 2009 sur la départementalisation ; des votes illégaux selon l’Onu et ce, depuis 1975. Des suffrages pour le moins contestables lorsque l’on sait également que la France a mis en place en 2001 la CREC (Commission de révision de l’État civil) pour rattraper un État civil pas du tout fiable… Trouver des électeurs et établir des listes électorales alors que l’on ne possède pas d’état civil, ça tient du miracle…
En 1995, la France décide d’accélérer le mouvement de développement de l’île et prend un certain nombre de mesures qu’elle juge « utiles » afin d’arriver à ces fins. C’est ainsi que le 1er janvier 1995, le tandem Balladur-Pasqua, respectivement Premier ministre et ministre de l’Intérieur, instaure un visa pour réglementer la circulation entre Mayotte et les trois autres îles sœurs de l’archipel. Une fermeture des frontières qui intervient après des siècles de libre circulation entre les îles, mouvement tellement ancien qu’il n’est pas une famille qui ne soit dispersée sur l’ensemble des îles de l’archipel. Ce mur de 1995 sépare durablement des hommes et des femmes qui traditionnellement se déplaçaient librement dans l’archipel. Un verrouillage des frontières qui s’applique aux hommes, mais également aux marchandises avec l’instauration de barrières douanières sur les échanges dits « traditionnels » entre les îles des Comores et Madagascar. C’est cette situation qui, combinée à la politique du chiffre instaurée par Sarkozy dans la nouvelle politique d’immigration au début des années 2000, favorise le développement de la « question » ou plutôt du « problème migratoire » à Mayotte. Un blocage qui sédentarise une partie des populations des Comores d’un côté ou de l’autre de ce mur… Le durcissement des contrôles frontaliers et l’augmentation exponentielle des reconduites à la frontière poussent les migrants à prendre la mer via des passeurs prêts à prendre tous les risques pour gagner les côtes de Mayotte, comme le soulignait Fayad… C’est ainsi que Mayotte totalise un triste record de reconduites avec pas moins de 21 762 reconduites, dont plus de 5 000 enfants mineurs en 2011 (soit plus de 12 % de la population totale de l’île) contre quelque 4 000 en 2004. Une situation désastreuse qui transforme ce bras de mer en l’un des plus vastes cimetières marins du monde avec la Méditerranée, dans une indifférence quasi générale de la France métropolitaine : pas un gros titre de la presse nationale, pas une une consacrée à Mayotte, si ce n’est l’affaire du centre de rétention en 2008. À tel point que Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, de passage quatre jours à Mayotte le 28 janvier 2012 dernier, soulignait ainsi que « Mayotte, c’est la honte pour Paris : avouer qu’aux yeux de tous, des gens meurent dans des eaux françaises… Si ça s’était passé à Lampedusa, ça aurait fait les gros titres ! » (Malango du 1er février 2012). Et effectivement ces drames sont loin de faire les gros titres des médias métropolitains mais aussi, et c’est sans nul doute plus inquiétant, de la presse locale, qui ne consacre que quelques lignes dans la rubrique faits divers à ces drames si révélateurs d’une situation et de politiques mortifères.
Tristes constats qui révèlent que cette guerre aux migrants menée aussi de l’autre côté de la planète reste dans un silence assourdissant. L’argument du développement au bénéfice de tous qu’a accompagné cette politique de fermeture des frontières, a volé en éclat au dernier semestre de 2011 lors des grèves « contre la vie chère » qui ont bloqué l’île durant plus de quarante-six jours. Parmi les revendications, les grévistes fustigeaient la quasi-absence d’échanges « légaux » et anciennement traditionnels avec les Comores, mais aussi avec Madagascar. Même si le prétexte de l’immigration responsable des maux de la société mahoraise a tenté d’être mis sur le devant de la scène par les autorités et la bourgeoisie locale lors de ces mobilisations, cet épouvantail n’a guère fait recette et ne satisfaisait en rien une population exténuée par une situation ubuesque : celle qui les avait conduits à rendre vulnérables leurs proches à la violence de la politique de lutte contre l’immigration clandestine portée comme condition au développement. On estime que la moitié des 200 000 habitants de ces 350 km2 de territoire français au beau milieu de l’océan Indien est d’origine « étrangère ». Sur ces 100 000 personnes, pas moins de 60 000 seraient sans-papier, soit près d’un tiers de l’île ! Comment ne pas croire qu’une guerre qui persécute un tiers de l’île ne peut avoir de conséquences sur l’ensemble de la population. Une anthropologue soulignée ainsi que Mayotte est le seul « département » français où la population est contrainte de sortir avec ses papiers sous peine de garde à vue et/ou de reconduites express.

Nul doute que la politique de lutte contre l’immigration développée depuis la fin des années 1990 revêt à certains égards des accents terrifiants, faisant de ce territoire une terre de non-droit. Ainsi le 25 janvier dernier, le tribunal correctionnel de Mamoudzou condamnait deux policiers de la police aux frontières (PAF) à six mois de prison avec sursis adjoints de six mois de mise à pied et 500 euros d’amendes. On peut aussi noter le cas de ces chasseurs assermentés qui ont tabassé une femme sans papier retenue au centre de rétention administrative de Dzaoudzi, qui avait dû être hospitalisée avec cinq jours d’ITT (interruption temporaire de travail). Une situation loin d’être une exception tant les affaires de maltraitance et de violence policière sont courantes sur ce territoire de la République bananière une et indivisible 3… Des faits qui ont poussé la vice-procureure de la République Hélène Bigot à s’exprimer ainsi lors de l’audience du 25 janvier : « Je n’ose imaginer que qui que ce soit dans cette salle puisse sous-entendre qu’un quelconque comportement puisse justifier la violence des coups portés » (propos recueillis le 26 janvier 2012 par l’hebdomadaire Mayotte Hebdo). Faut-il voir dans ces comportements des forces de l’ordre une illustration des accusations régulièrement portées par les rescapés de naufrages ? Celles des associations et militants locaux des droits de l’Homme et de la justice sociale qui accusent de violences les autorités coloniales dans les secours à ces naufrages sur les côtes nord de l’île de Mayotte ? Violences aggravées par des secours jugés très tardifs par les rescapés et ces mêmes militants… Fayad Halidi (un rescapé du naufrage du 16 janvier 2012) soulignait ainsi dans Al Watan : « Il faisait sombre quand les secours se sont décidés à venir nous aider. […] Après le naufrage, vers 16 heures, deux pêcheurs ont été les premiers à venir sur les lieux. Une heure après, un hélicoptère de la police est venu survoler l’endroit, sans rien faire de plus. Il est reparti, pour revenir une heure après, quand le crépuscule était déjà tombé. Un des leurs, un blanc, a été particulièrement brutal avec nous. » Un sauvetage pour le moins particulier qui s’est soldé par des reconduites expéditives vers les Comores. Dans un communiqué, la Cimade de Mayotte (cimade.org) indiquait ainsi que « le lendemain midi, après un très bref passage au centre de rétention, une partie [des rescapés] était expulsée. Les autres le seront le lendemain ». Une reconduite express qui souligne une fois encore les difficultés pour les migrants de faire valoir leurs droits, car dans ce 101e département français, c’est toujours la législation d’exception, des réminiscences du Code de l’indigénat français qui prédomine… Une situation pour le moins préoccupante, voire révoltante dans cette « verrue de la République » (comme le titrait Libération en 2008) pour les associations et les militants et une partie de la population qui refuse de plus en plus ces violences et ces « incidents » liés à une politique d’immigration faite d’objectifs chiffrés, et qui semble avoir atteint des paroxysmes de violence et d’inhumanité.

Dans cette terre de non-droit, la résistance s’organise. Les différentes mobilisations et le bras de fer des Comores entamé contre la France au mois d’avril 2011 ont permis de baisser sensiblement le nombre des reconduites en 2011. En 2011, Mayotte « comptabilisait » ainsi 21 762 reconduites, dont plus de 5 000 mineurs contre 26 405 expulsions, dont 6 000 mineurs en 2010. Le mouvement social du dernier semestre 2011 a bloqué pour quelques semaines la machine à expulser, mais ce n’est qu’une bataille et la lutte contre ces politiques racistes et criminelles, et pour la justice sociale, est encore loin d’être finie. La première bataille étant sans nul doute celle contre l’oubli et l’indifférence devant les exactions de la France dans ce confetti de l’empire.

Thibaut Lemiere

1. Barque traditionnelle de 6 à 9 mètres transportant marchandises et reconvertie pour l’occasion en bateau de transport de migrants…
2. Témoignage recueilli et publié par Al Watan du lundi 23 janvier 2012.
3. Pas moins d’une dizaine d’affaires visent directement les forces de l’ordre, dont quatre concernent des violences à l’encontre de migrants.
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Re: Mayotte en lutte

Messagede bipbip » 25 Déc 2012, 12:11

Mayotte : Le colonialisme français tue toujours

La situation de Mayotte reste marquée par le colonialisme français, une situation qui risque bien de durer, du fait du renouveau des intérêts économiques que représente la région pour la France et ses multinationales.

Le 8 octobre dernier un énième naufrage est survenu sur les côtes de Mayotte dans l’Océan Indien, la quatrième île de l’archipel des Comores devenue – illégalement – le 101e département français le 1er avril 2011… Un naufrage qui une nouvelle fois n’a pas suscité le moindre émoi,malgré un bilan extrêmement lourd : plus de 16 morts et disparus pour les migrantes et migrants qui s’apprêtaient à débarquer. Une hécatombe dans ces eaux françaises avec plus de 108 morts et disparu-e-s dont au moins 9 enfants depuis le début de l’année. Un massacre organisé autour d’une occupation coloniale française depuis 1841… Bien sûr les Mahoraises et Mahorais se défendent de cet état de fait et clament haut et fort que c’est le fruit de leur choix. Choix survenu à l’issue d’un référendum plus que contestable en 1974 où une majorité s’est dégagée en faveur des partisans du maintien de Mayotte dans le giron français. C’est en vertu de ce résultat que la France a invoqué le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » pour justifier la poursuite de l’occupation coloniale sur l’île. Un droit international qui reste un outil à géométrie variable : les Comores invoquent « l’intégrité territoriale » pour le retour de Mayotte dans le giron comorien. Or, une intégrité territoriale est préconisée par la France pour justifier le bienfondé d’une intervention internationale armée au Mali.

C’est en 1995 que la France décide d’établir une frontière plus restrictive entre les trois autres îles comoriennes et Mayotte en instaurant un visa – baptisé « visa Balladur » – destiné à réglementer la circulation entre les îles. La même année survenait une tentative de coup d’État aux Comores et plus précisément en Grande Comore pilotée par des mercenaires français dont le fameux Bob Denard. Des mercenaires qui devaient sans nul doute rendre compte à la France. Toujours est-il que cette crise est intervenue à point nommé et a permis d’appuyer la décision française de fermeture de frontière, une barrière venue « protéger » ce territoire français face à un risque fantasmé de contagion de l’instabilité.

Le terrain de jeu de l’extrême droite

Une instabilité contrôlée par la France et qui s’est traduite par au moins 28 coups d’État depuis 1975 au Comores dont la plupart sont le fait de Bob Denard, proche des milieux d’extrême droite qui deviendra même vice-roi des Comores. Au sein des barbouzes qui officient dans la région on trouve aussi un certain François-Xavier Sidos, ancien cadre du FN et responsable de la division Protection sécurité du FN. Ce dernier sera fait prisonnier lors du coup d’État de 1995 alors qu’il était conseiller municipal d’Epinay-sur Seine [1]. Il est indéniable que cet archipel fut l’un des terrains de jeu favoris de l’extrême droite française tant on peut multiplier les exemples. Les fameuses « chatouilleuses », l’un des groupes de choc des pro-rattachements à la France en 1975, et l’unique parti de l’île jusque dans les années 1990, le MPM (Mouvement populaire mahorais) ont été appuyés et organisés par l’Action française, une des principales formations d’extrême droite de l’époque. N’oublions pas que les Comores et l’île de Mayotte ont une situation stratégique car proche de l’Afrique du Sud gouvernée pendant plusieurs décennies par un gouvernement d’apartheid soutenu par l’extrême droite française. Un régime qui malgré un embargo international continuait de recevoir armement et soutien technique de la France et qui transitait via les Comores et Mayotte.

Ce territoire reste stratégique pour la France : un gisement d’hydrocarbure immense, parmi les plus importants du monde, a été découvert récemment au large des îles Éparses, possessions françaises à quelques encablures des côtes malgaches et de Mayotte [2]]. Les investissements de la multinationale Bolloré, dont une grande partie dans les infrastructures portuaires, tels que ceux du port de Dar El Salam en Tanzanie, montrent un regain d’intérêts pour la France. Rappelons que la construction d’une voie ferrée reliant le port de Dar El Salam avec les principaux sites d’exploitations miniers de l’Est de la République rémocratique du Congo et de la région des Grands Lacs, où l’on trouve les principales ressources utiles au développement occidental (or, diamant, cobalt, coltan, etc.), laisse entrevoir des gains énormes pour les entreprises privées françaises… L’augmentation de la piraterie dans le Golfe d’Aden est un des révélateurs de l’enjeu stratégique de la région. Mayotte et La Réunion offrent ainsi des bases précieuses pour les opérations françaises et les investissements des entreprises dans la région.

Pas de légitimité sans persécution

La question qui s’est posée pour la France, c’est comment maintenir la présence coloniale française sur l’île face à toutes les velléités que cette dernière suscite ? Pour ce faire la France a joué sur deux tableaux : – l’instabilité politique de l’archipel a permis de lever les sanctions contre la France mises en place par l’Onu (pas moins de 22 résolutions ont été prises contre la France) ; – en second lieu, la mise en place du visa Balladur et des politiques de lutte contre l’immigration sur l’île ont favorisé le développement de sentiments xénophobes et racistes parmi une population pourtant liée avec les autres îles de l’archipel, toutes les familles étant dispatchées sur les quatre îles. Une stigmatisation qui permet d’attirer l’attention sur d’autres problèmes que sur les inégalités chroniques liées à la colonisation. Des stratégies efficaces qui vont transformer cette lutte contre l’immigration en véritable chasse à l’homme : plus de 21 000 expulsions en 2011 dont encore 5 000 mineurs !

Quand l’UE devient complice

En juillet dernier l’Union européenne dont bon nombre de pays ont condamné la présence française à Mayotte à l’Assemblée générale de l’Onu, a pourtant accepté la demande française d’intégrer Mayotte aux Régions ultra-périphériques (RUP) de l’UE, rejoignant ainsi la Guadeloupe, la Réunion, la Guyane, la Martinique, Saint-Martin, les Açores, les îles Canaries et Madère. Une décision lourde de conséquences puisque l’UE décide d’entériner une occupation coloniale qui recueille les foudres internationales [3]. Une UE qui se drape pourtant depuis le 12 octobre 2012 dans les oripeaux d’un pacifisme distingué par le prix Nobel. La schizophrénie française, gagne donc l’Union européenne… Mais cette situation semble loin de s’arrêter, tant l’indifférence de l’opinion publique et d’une bonne partie des réseaux militants autour des questions coloniales est grande, alors que ces questions mettent en lumière un impérialisme et une colonisation française qui perdurent pour le bonheur du système capitaliste.

Tibo, syndicaliste Mahorais


[1] Voir « Que fait l’armée française en Afrique ? » de Raphaël Granvaud.

[2] Raphaël de Benito, « Les îles Eparses, un trésor bien gardé »,4/9/2012, , sur le site de l’association Survie : [http://survie.org/billets-d-afrique->http://survie.org/billets-d-afrique

[3] À l’Assemblée générale de l’Onu de septembre dernier le président de la Fédération des Comores a une nouvelle fois réclamé à la France le retour de Mayotte aux Comores au nom de l’intégrité territoriale de l’archipel. Droit international à l’intégrité territoriale défendue par un Hollande va-t’en-guerre au Mali à cette même Assemblée de l’Onu quelques heures plus tôt… Un deux poids, deux mesures français bien connu dans les relations françafricaines.

http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5038
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Re: Mayotte en lutte

Messagede bipbip » 19 Avr 2014, 14:35

Mayotte, une zone de non-droit

Dans l’archipel des Comores, pour empêcher les supposés étrangers de se rendre et de séjourner sur l’île de Mayotte, département français d’outre-mer, le droit qui s’applique en métropole est estimé inadapté par les gouvernements successifs et un régime dérogatoire a été mis en place dans l’île, cautionnant de nombreuses violations des droits fondamentaux. Avec pour toile de fond la contestation permanente des actes d’état civil, aucun recours n’est possible en cas d’expulsion et les procédures expéditives sont de règle, notamment à l’égard des enfants, principale cible du pouvoir.

... http://www.gisti.org/spip.php?article3841
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Re: Mayotte en lutte

Messagede bipbip » 13 Aoû 2015, 12:24

Justice pour les grévistes de Mayotte !

En grève depuis le 27 juillet !

Une majorité des 46 salarié-es de droit privé d’Orange à Mayotte sont en grève reconductible depuis lundi 27 juillet. Avec le soutien de Sud Réunion Mayotte et celui de la fédération, nos collègues réclament justice et le respect de la parole donnée. Mayotte devenu département français depuis 2011, les salarié-es de Mayotte réclament notamment une prime de vie chère attribuée depuis 2009 à tous les départements d’outre-mer. Elle est largement justifiée par un coût de la vie dans les DOM largement supérieur à celui de la métropole, et plus encore à Mayotte.

Un compromis trahi par la direction

Le 5 mai 2015, un compromis était trouvé entre les syndicats et les représentant- es de la direction d’Orange pour que les salarié-es de Mayotte obtiennent enfin cette prime en tenant compte des spécificités de la vie à Mayotte. Depuis, le directeur métropolitain de la région a piétiné cet accord et propose une prime d’un montant réduit d’un tiers à la moitié sans autre justification qu’un caprice de la direction.

Des cacahuètes pour les grévistes

Malgré la détermination des grévistes et nos nombreuses interventions, la direction locale s’en tient à un comportement hautain et arbitraire. Mr Bouquillon, directeur de la Région, sans doute convaincu « qu’une poignée de cacahuètes » suffirait à satisfaire les attentes locales, a reproduit, après 15 jours de grève, les mêmes propositions minimalistes assorties d’une prime de rétroactivité conditionnée à la reprise du travail.

L’été ne sera pas celui des colonies

L’été 2015 ne sera pas celui des anciennes colonies. Orange prétend aujourd’hui amener toute la modernité du monde des communications sur le continent africain, à l’image du déploiement de la 3G à Mayotte depuis ce mois d’août. Cette ambition passe aussi par le respect des femmes et des hommes qui rendent possible la présence d’Orange.

Justice !

Après 2 semaines d’une grève massivement suivie pendant lesquelles Sud n’a pas ménagé ses peines pour permettre une négociation, la direction porte la responsabilité de ce conflit et de sa durée. Sud exige l’ouverture de vraies négociations sans renoncer au compromis conclu le 5 mai 2015. Les salarié-es de Mayotte revendiquent des droits dont ils devraient disposer depuis la départementalisation. Justice doit leur être rendue, vite !

Fédération SUD PTT

http://iphonespip.sudptt.org/spip.php?article22
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Re: Mayotte en lutte

Messagede bipbip » 19 Aoû 2015, 00:54

Une majorité des 35 salariés de droit privé d’Orange Mayotte entame leur 4ème semaine de grève.
La direction locale d’Orange reste bloquée. Elle ne veut toujours pas appliquer le compromis conclu le 5 mai entre elle-même et les syndicats.
Il s’agissait de permettre aux salarié-es de droit privé de Mayotte d’enfin obtenir une compensation vie chère. Les départements d’outre-mer en disposent depuis 2009 en fonction du surcoût de la vie de chacun d’eux.
Malgré une grève reconduite quotidiennement depuis le 27 juillet par une majorité des salarié-es concerné-es, la direction ne veut rien entendre.
La fédération Sud soutient ce combat pour la justice et a interpellé la Direction pour qu’enfin des négociations loyales et sincères puissent enfin commencer.
http://www.sudptt.org/spip.php?article102158

Justice pour les grévistes de Mayotte !
PDF : http://www.sudptt.org/IMG/pdf/tract_mayotte.pdf
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Re: Mayotte en lutte

Messagede bipbip » 20 Aoû 2015, 12:43

Le climat reste à la grève

Alors que les conflits sociaux à la Somaco et chez Orange se sont enlisés, Bourbon distribution (Score, SNIE, Douka Be) est concerné à son tour. Sous l’impulsion de la CGT Ma, cette nouvelle grève annonce une rentrée sociale chargée.

... http://lejournaldemayotte.com/une/le-cl ... -la-greve/
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Re: Mayotte en lutte

Messagede bipbip » 29 Aoû 2015, 10:31

Les salarié-es d’Orange Mayotte en sont à la 5ème semaine de grève

La guerre des nerfs n’aura pas lieu, tract PDF : http://www.sudptt.org/IMG/pdf/tract_mayotte_sem5vd.pdf
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