Mouvement contre réforme des retraites 2010

Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 04 Déc 2010, 13:51

Nico, tu as dû repiquer çà sur un forum, mais c'est un article de journal, dont j'avais d'ailleurs mis le lien là : http://7septembre2010.forumactif.net/mi ... 9.htm#2264

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http://www.sudouest.fr/2010/11/30/actio ... 8-2277.php
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 05 Déc 2010, 15:15

Présentation et perspectives pour l'AG 44 qu'il me semble interessant à partager :

Mardi 7/12, à B17 : http://bellamy17.free.fr/trouverB17.htm

A 17h : réunion de préparation de l’action du 14/12

A 18h : assemblée générale, consacrée aux discussions d’organisation

A Nantes, en parallèle de l'intersyndical, s'est constitué pendant le mouvement contre les retraites, l’Assemblée générale interprofessionnelle (AGIP) qui se réunit pour s’organiser à la base, collectivement, et coordonner des actions.
Elle regroupe des salariés (avec ou sans emploi, syndiqués et non syndiqués, du privé comme du public), des étudiants, des lycéens, des précaires, des retraités, etc. Diverses actions, à l’initiative de l’AG interprofessionnelle ou de l’intersyndicale ont permis notamment :

● des blocages économiques (MIN, aéroport de Nantes, péage d'autoroute, centre de tri postal d’Orvault, dépôts Tan, PointP, Chronopost…)
● le débrayage des travailleurs de la SOPITRA (transporteur privé à Thouaré). Depuis le mois de mars, le patron ne leur payait plus leurs heures supplémentaires.
● la réembauche immédiate d’un intérimaire licencié pour fait de grève sur le chantier de la cité sanitaire de Saint Nazaire.
● le maintien sur la ville d’un cadre transversal et unitaire d’organisation de la lutte.


Réunion technique de préparation de l’action mardi 7, 17h à B17

L’Agip44 s’inscrit dans l’appel hexagonal des Ags interpro issu de la rencontre du 27/11 : https://nantes.indymedia.org/article/22397

Nous avons décidé de tenir, le mardi 14 décembre au soir, une cabane des luttes / mini maison de la grève, sur les lieux de la foire commerciale des marchés de Noël.

Nous y discuterons :

* du mouvement contre la pwofitasion en Guadeloupe
* de la grève générale
* de l’Agip

Nous y servirons une soupe de solidarité, et peut-être un grog pour se réchauffer.

L’idée est de construire cette cabane de manière à pouvoir la déplier/replier rapidement, et donc de pouvoir, selon nos forces, réitérer cette action sur la période des fêtes de fin d’année.


Quelques éléments de discussion de la précédente AG au sujet du fonctionnement de l'AGIP 44 :

Il faudra discuter du fonctionnement, des lieux, de la fréquence de réunion, du sens, du contenu politique, du fonctionnement du site (centralisé).
Comment fonctionne-t-on pour discuter, pour prendre des décisions ? Au vote ou au consensus. Cette question en entraîne une autre : dans quel but ?
Nous ne voulons ni un syndicat, ni un parti politique.
Cette « structure » ne peut pas fonctionner de la même façon si nous voulons juste maintenir un « fil rouge » jusqu’au prochain mouvement (avec par exemple une réunion par mois) ou si nous voulons agir dans la continuité du mouvement de cet automne, avec des actions.
En fait il faudrait définir un contenu politique pour donner un sens à l’Agip qui rassemble beaucoup de sensibilités diverses, ce qui apparait difficile.
L’Agip est d’abord un outil au service de la lutte, et ce sont nos actions qui nous définiront.
Nous sommes toujours orientés vers les salariés, il ne faudrait pas oublier la question des précaires et du pôle emploi.
Mardi 7/12, 18h à B17, on prend deux heures pour discuter du fonctionnement de l’Agip.
Peut-être qu’un échange de textes – relatifs à l’Agip et son fonctionnement possible ou sur la discussion collective – pourrait faire avancer les choses plus rapidement avec le temps de réfléchir à tête reposée et de développer des idées. En même temps, l’écrit est un problème pour certain-e-s.
On se met d’accord pour commencer la discussion mardi prochain, et on devra sans doute remettre ça ensuite. Des rencontres informelles pour travailler sur le relationnel sont aussi possibles.
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14 déc, journée d'action auto-organisée

Messagede Pïérô » 06 Déc 2010, 14:55

Ce 27 novembre, les délégués de 23 ags interpro et autres collectifs de lutte,
réunis à Nantes, appellent :

 A se saisir du mardi 14 décembre, où la grève générale est annoncée en
Guadeloupe, pour une journée d’action.


Nantes :

L’Agip44 s’inscrit dans l’appel hexagonal des Ags interpro issu de la rencontre du 27/11 : https://nantes.indymedia.org/article/22397

Nous avons décidé de tenir, le mardi 14 décembre au soir, une cabane des luttes / mini maison de la grève, sur les lieux de la foire commerciale des marchés de Noël.

Nous y discuterons :

* du mouvement contre la pwofitasion en Guadeloupe
* de la grève générale
* de l’Agip

Nous y servirons une soupe de solidarité, et peut-être un grog pour se réchauffer.

L’idée est de construire cette cabane de manière à pouvoir la déplier/replier rapidement, et donc de pouvoir, selon nos forces, réitérer cette action sur la période des fêtes de fin d’année.


Angers :
Manif au flambeau à partir de la place du ralliement à 18h


Lorient :
Pot de soutien au LKP (mouvement de Grève Générale en Guadeloupe) - Journée d'action organisée par l'AG des AGs (coordination, des collectifs pour le retrait de la réforme des retraites)- Initiative relayée par Résistance 56 - de 18h à 19h - Place Paul Bert, au sein du marché de Noël
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 09 Déc 2010, 09:29

Nantes, appel à soutien :

Appel à dons pour soutenir Fabrice contre la répression exercée par la justice de classe suite aux événements des maniestations nazairiennes pour les retraites.

Lors de la manifestation du 12 octobre contre la réforme des retraites à Saint-Nazaire, Fabrice a été interpelé et placé en garde à vue pendant 24 heures. Il a été inculpé pour violences envers les forces de l'ordre. Il a réfusé la comparution immédiate et a été placé en mandat de dépôt à la maison d'arrêt de Nantes pendant plus d'un mois. Le 16 novembre, le Tribunal Correctionnel de Saint-Nazaire l'a condamné à un mois de prison ferme et à payer 1400 euros d'indemnités aux policiers. Fabrice a décidé de faire appel de cette décision. Il sera jugé d'ici 6 à 9 mois à la cour d'appel de Rennes. Afin de pourvoir en partie aux frais de justice et d'avocat, nous lançons un appel à souscription auprès des militants et autres. Merci de bien vouloir adresser vos dons, à l'ordre du SINR (précisez soutien Fabrice au dos du chèque) à l'adresse suivante : CNT Nantes c/o B17, 17 rue Paul Bellamy, 44000 Nantes.
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 13 Déc 2010, 14:04

des initiatives en soutien :

Angers, soutien aux grèvistes :

Image


Nantes, solidarité avec les inculpés de St Nazaire :

En solidarité avec les inculpés de St Nazaire, suite aux manifestations de cette fin d'année, un concert de soutien est organisé pour les aider financièrement.

Le concert aura lieu au KRAN, 3 rue de Bitche, à Nantes, le samedi 18 décembre à 19h 00.

-Insolite (rap/Nantes)
-Vent d'ale (rap/Nantes)
-Death or glory (punk-rock/Rennes)
+ surprises

Entrée à prix libre, bouffe à prix libre, boissons à prix fixe.

contact : sumday85@hotmail.fr



Paris, Soirée de soutien aux inculpés de Nanterre :

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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 17 Déc 2010, 02:28

un texte d'analyse reçu par mail, et que je mets là, avec l'accord de l'auteur, parce qu'il y a des éléments d'analyse intéressants (c'est peut être long pour un format forum, mais bon, il y aura bien quelques courageux-euses ) :

Anatomie d'une défaite porteuse d'espérances.


Le travail reprenant dans la totalité des raffineries en grèves depuis plusieurs semaines, les lycéens et les étudiants retournant à leur quotidien scolaire après un engagement massif et inattendu, le nombre de manifestants s'effilochant irrémédiablement, la contre réforme des retraites promulguée s'institutionnalisant définitivement : après huit semaines de désordre social, qui ont fait entrer le pays dans une temporalité conflictuelle intense, la normalité quotidienne est redevenue à nouveau hégémonique dans la vie sociale.
Un retour à la normal donc, qui marque, au moins à court terme, la victoire de Nicolas Sarkozy sur un mouvement social défait dans ses revendications initiales.
En effet, malgré une large unité syndicale, des manifestations de masses répétées dans un espace temps relativement court, un soutien de l'opinion publique constant, des liaisons façonnées entre personnes n'ayant pas l'habitude de se côtoyer dans la vie ordinaire, la protéiforme des modes d'actions articulant classicisme et délinquance politique, une réforme cristallisant le ressentiment accumulé ces dernières années à l'encontre du pouvoir en place, le mouvement social n'est pas parvenu à conférer un débouché positif à la revendication négative, unifiant la grande majorité des contestataires ordinaires, c'est à dire le nécessaire retrait total et définitif d'une contre réforme des retraites, fruit du consensus réactionnaire du « travailler toujours plus longtemps », ayant comme mesure centrale l'abolition du droit de pouvoir partir à la retraite à 60 ans.
Cette défaite se doit aujourd'hui d'être examinée, disséquée pour être comprise, car bien que faisant depuis le début parti du champ des possibles, estimée objectivement par certains comme le dénouement le plus probable, celle-ci n'était en aucun cas l'issu obligée, dont le peuple en se mettant en mouvement n'aurait fait que repousser courageusement l'avènement fatal. Un mouvement n'est pas un flux linéaire, dont la fin serait déjà connu à l'avance. Il porte la marque de l'incertitude, des bifurcations possibles le traversant et si son futur peut être soumis à des hypothèses plus ou moins fortes, il reste imprévisible, dépendant largement des choix effectués par ceux le composant et par ceux s'en opposant.


La plupart des organisations syndicales insistent sur la bataille de l'opinion qu'elles ont remporté, comme pour tenter de minimiser le constat d'échec du mouvement du point de vue de la non satisfaction de l'objectif qu'elles s'étaient fixées, c'est à dire la non application en l'état de la réforme des retraites. Sarkozy semble pourtant bien être le véritable vainqueur de ce conflit, au moins à court terme ?

Les organisations syndicales ont le droit légitimement de se satisfaire de cette bataille idéologique remportée, du fait qu'elles soient parvenues à conférer au mouvement une assise populaire majoritaire et ce de manière constante, ce qui est toujours le préalable nécessaire à la construction d'un mouvement pouvant prétendre renverser le rapport de force en sa faveur. Elles ont réussi à convaincre une majorité des français que cette réforme des retraites, contrairement à ce qui pouvait être raconté en boucle par la propagande gouvernementale et une éditocratie la relayant servilement, n'était pas un mal nécessaire, la seule voie possible, et que d'autres énonciations refusant de souscrire au consensus idéologique du « travailler toujours plus longtemps » avaient effectivement le droit cité et pouvaient prétendre incarner une alternative positive.
Elles sont ainsi parvenues à imposer aux géniteurs de la réforme et à ses partisans un débat démocratique qui laissaient la place aux énoncés refusant de se rallier aux mesures censées relever du réalisme libéral. Contredisant ainsi les plans d'une majorité présidentielle qui mettait alors tout en œuvre pour rendre inutile toute discussion, considérant qu'il n'y avait pas d'alternative possible à sa réforme, que le champ des solutions possibles pour assurer la pérennité du système des retraites par répartition se réduisait à ses seules solutions.

Cependant, cette victoire idéologique, remportée par les organisations syndicales et d'une manière plus général par le mouvement social, ne doit pas être l'arbre qui cache la foret. Les organisations syndicales ne peuvent aujourd'hui que constater, comme tout à chacun, qu'elles ont échoué dans leur volonté de ne pas voir s' institutionnaliser en l'état la réforme des retraites.
En effet, le mouvement social n'est pas parvenu à faire du Nicolas Sarkozy de 2010 , le Dominique de Villepin de 2006 et cela malgré une référence constante de la part des personnes mobilisées au mouvement anti-CPE, dernière victoire du mouvement social sur un gouvernement de droite. L'histoire ne s'est pas répétée. La majorité présidentielle est restée groupé, unie, solidaire, derrière son chef et la réforme des retraites n'a pas eu besoin contrairement en contrat premier embauche d'être sacrifiée pour que le gouvernement puisse acheter au mouvement social une paix sociale provisoire.
La droite est parvenue à la mener à son terme, sans avoir été obligée pour faire rentrer le mouvement dans son lit, à la dénaturer, à l'édulcorer, en faisant des concessions importantes qui auraient effectivement vidé de sa substance la réforme des retraites et par conséquent irrémédiablement endommagé la stature de réformateur conséquent que veut assumer Nicolas Sarkozy depuis le début de son quinquennat. Cette réforme des retraites, présentée comme « la mère des réformes », devait être la preuve paroxystique de sa capacité à faire bouger les lignes, même les plus engluées dans ce que la droite se plait à nommer « la passion française du conservatisme social ».
En effet, la philosophie générale de la réforme, le fameux « travailler toujours plus longtemps », dont les mesures d'âges, rehaussant l'âge légal de départ la retraite de 60 à 62 ans et l'âge où l'on peut prétendre au taux plein même si l'on n'a pas suffisamment cotisé de 65 à 67 ans, ne sont que la traduction concrète, a été préservée jusqu'au bout.
Cela nous amène à dire que, malgré une opposition sociale extrêmement puissante qui a su rallier une majorité de la population à sa négation collective de la réforme, le président de la République a remporté sur le plan des objectifs contraires de chacune des parties aux prises, la bataille des retraites de manière pleine et entière.


Certains partisans du mouvement ont défini la victoire de la droite comme étant une victoire à la Pyrruhs, autrement dit une victoire au coût dévastateur pour le vainqueur.
La droite en décidant délibérément d'imposer cette réforme contre l'avis majoritaire du peuple se serait elle réellement condamnée en grande partie pour les échéances futures, notamment électorales ?


Invoqué à la fin du mouvement, certains en sont venus à considérer que le président de la République allait payer au prix fort dans un futur proche, notamment au moment de la présidentielle, cette victoire acquise sur le mouvement social, tellement celle-ci aurait généré au sein de la société civile rancœur et frustration. Cependant cette idée se veut avant tout un pari ayant pour but premier de se rassurer et de relativiser la défaite que le mouvement social vient de subir. Ce pari, par définition incertain, mise sur la capacité du ressentiment qui s'est accumulé à l'encontre de Nicolas Sarkozy, au cours de cette période conflictuelle, à se transformer en débouché positif sur le plan électoral pour la gauche gouvernante.

Déjà en 2006, certains en étaient venus à interpréter les résultats de la séquence sociale, qui avaient vu le mouvement social défaire la droite au pouvoir, comme les futurs résultats de la présidentielle devant se dérouler un an plus tard et proclamer la fatale victoire de la gauche.
L'un des slogans à la fin du mouvement CPE était d'ailleurs « 2006 dans la rue, 2007 dans les urnes », comme si ce qui pouvait se produire au cours d'une séquence de lutte donnée pouvait être transposé pour une séquence électorale, encore plus pour une séquence présidentielle qui, étant la rencontre entre un candidat et un peuple, reste largement insaisissable. L'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, un an après la déroute de la droite que d'aucun voulait voir condamner à la défaite, est ici pour rappeler que si des victoires ou des batailles sociales peuvent effectivement peser sur le futur, il faut toujours se garder de tout automatisme en politique. Il est ainsi faux d'affirmer catégoriquement que la victoire remportée aujourd'hui par le président porte en elle sa défaite future comme la nuée porte l'orage.

Dès lors, on peut trouver plus nuancé, et de facto plus juste, l'énoncé déclaré par certains leaders acteurs du mouvement, qui pour justifier la nécessité de se mobiliser ici et maintenant contre la réforme des retraites sans attendre une hypothétique victoire d'une gauche qui aurait cette fois-ci su défaire ce qui aurait été accompli par la droite, insistait sur le fait que la force du pouvoir en place jusqu'à la fin du quinquennat ne serait pas le même en cas de victoire ou cas de défaite de sa part.
Battre effectivement Sarkozy en tuant dans l'œuf sa réforme s'était certes à court terme le condamner à l'impuissance, le décrédibiliser peut être irrémédiablement aux yeux de son camp, mais sans que cela en vienne à conditionner absolument les futurs résultats de l'élection présidentielle.


Quelle rôle a joué l'intersyndicale dans ce mouvement ? Son caractère très composite n'a t-il pas été une limite à son efficacité ?

Depuis 2009 et la mobilisation des travailleurs et d'une partie de la jeunesse contre les effets sociaux-économiques de la crise du capitalisme, ( une telle unité avait déjà vu le jour en 2006 lors du mouvement contre le contrat première embauche ), l'exigence de travailler de concert, en se dotant d'une structure commune pour marcher ensemble au delà des divergences, s'est imposée aux directions syndicales. L'unité syndicale large ,qui a existé lors de ce mouvement des retraites, s'inscrit dans la continuité des journées de mobilisations unitaires du premier semestre 2009.

Il faut d'abord souligner que cette exigence d'unité a joué le rôle de garde fou en prévenant chez les organisations syndicales, même plus timorées et pressées de trouver une sortie de crise rapide, toute volonté d'aller négocier solitairement les conditions de la défaite, comme cela avait été le cas en 2003 avec la CFDT qui avait dû subir comme sanction une hémorragie militante historique se chiffrant à plusieurs dizaines de milliers de départs. Les organisations ont compris qu'une sortie prématurée de l'intersyndical aurait un coût politique trop important à court et à moyen terme pour être assumée. Aucune organisation ne voulait revivre le scénario de 2003, endosser l'étiquette infamante de diviseur et donc de fossoyeur du mouvement. Il fut ainsi jugé indispensable de rester ensemble dans la maison commune jusqu'au bout.
Cependant, si la peur partagée de pouvoir apparaitre comme démissionnaire en cas de sortie solitaire du conflit et d'en payer ensuite le prix, a effectivement nourri la démarche unitaire des syndicats engagés dans le mouvement, c'est surtout l'intransigeance continue du pouvoir en place, sa volonté de mener à bien son entreprise, en se refusant à toutes concessions susceptibles de séparer les organisations réformistes des organisations les plus radicales, qui a contribué à cimenter l'unité syndicale, aider à son affermissement et à sa pérennisation.
En effet, en présentant dès le départ les mesures d'âges, formant la colonne vertébrale de sa réforme et cristallisant les principales tensions, comme des énoncés ne pouvant pas être remis en cause, en faisant ainsi comprendre qu'il n'y avait rien à négocier et que c'est le seulement le rapport de force entre la rue et le pouvoir qui trancherait le conflit dans un sens ou dans un autre, le gouvernement a rendu improbable toute sécession négociatrice.

Ce qui caractérise en premier lieu cette intersyndicale, c'est l'hétérogénéité des forces la composant . Elle réunie, en effet, au sein d'une structure commune des organisations aux positions très contrastées, voire antagonistes. Certaines, comme Solidaires, la FSU, assument un syndicalisme de luttes des classes, promeuvent un projet de société de transcendance sociale, tandis que d'autres, comme la CFDT, la CFTC, la CGE-CGC et une majorité de la CGT inscrivent clairement leurs énoncés dans le consensus capitaliste et peuvent être identifiées à des syndicats d'accompagnements.
Cette intersyndicale a eu un rôle ambivalent pour le mouvement car elle s'est révélée être à la fois un amplificateur quantitatif, tout en étant un frein qualitatif. En d'autre termes, l'unité syndical, qui fit la force numérique de la mobilisation, interdisait sa radicalisation.
En effet, d'un côté le caractère plurielle de cette intersyndicale, associant syndicats de transformation sociale et syndicats dits « réformiste », est bien ce qui a permis au plus grand nombre de salariés et de jeunes de pouvoir s'identifier au mouvement et de vouloir en réaction y apporter leur concours en rendant visible leur opposition à la réforme des retraites, notamment lors des journées d'action nationale. Sans ce front unitaire élargi, le mouvement n'aurait de toute évidence pas pu prétendre jouir d'une assise numérique aussi conséquente, plusieurs fois plusieurs millions de manifestants, sur une période aussi longue et d'un soutien majoritaire et constant de la population. En cela l'unité syndicale élargie s'est révélé payante quantitativement.
A l'inverse, le caractère réellement composite de l'intersyndicale a fait que l'unité s'est structurée en terme de revendication centrale et commune sur un dénominateur commun réellement faible, vu que les syndicats ne se sont à aucun moment accordés sur un énoncé exprimant l'exigence de retrait plein et entier du projet de réforme, comme ils avaient su le faire en 2006 avec le CPE. En absence d'un mot d'ordre partagé et claire, certaines organisations ont pu entretenir le flou concernant leurs intentions véritables en parlant par exemple de « réécriture », « d'aménagement conséquent » « de demande de véritable négociation ». Cependant il faut reconnaître que si l'exigence de retrait n'était pas assumer collectivement par l'intersyndicale, le mot d'ordre a lui été repris, revendiqué très majoritairement par ceux qui s'étaient mis en mouvement contre le projet de réforme.
Il faut également noter que si les syndicats étaient unanime, à des degrés divers, pour dénoncer le projet de réforme des retraites et se mobiliser contre lui, ils n'ont pas essayé, au vu de leurs divergences, d'élaborer ensemble un contre projet, qui aurait pu d'apparaitre comme une véritable alternative au projet du gouvernement. Cette absence de volonté de dépasser ensemble le stade de la seule dénonciation pour embrasser celui de l'énonciation commune, illustre bien les limites de l'unité syndicale élargi, en témoignant de l'impossibilité de conférer à une intersyndicale aussi large une positivité énonciative réelle.
Comment en effet mettre d'accord autour de même revendications, une CFDT aspirant à une refonte systémique du système des retraites, (souhaitant le voir évoluer vers un système par point), ayant acté lors de son derniers congrès le nécessaire allongement progressif de la durée de cotisation en fonction de l'allongement de l'espérance de vie et une organisations comme Solidaires revendiquant encore les 37,5 annuités pour tous et n'ayant toujours pas renoncé à voir refermer la parenthèse réactionnaire ouverte en 1993 par la réforme Balladur.
Cette incapacité à surmonter les divergences des organisations composant l'intersyndicale, en structurant l'unité autour de dénominateurs communs suffisamment forts avec des propositions communes défendant autre chose que la seule, bien évidemment nécessaire, conservation des acquis, va se faire à nouveau sentir lorsqu'il s'agira de s'accorder sur une stratégie d'action commune.

Comme vous l'avez dit, la CGT et la CFDT, piliers de cette intersyndicale, se sont constamment gardées d'appeler au retrait du texte. Mais elles ont également mollement soutenu, pour ne pas dire moins, les grèves reconductibles qui ont vu le jour dans certains secteurs d'activités, notamment dans celui des raffineries. A la base, certains militants, syndicaux ou non, ont pu avoir le sentiment de ne pas être soutenus dans leur volonté de remettre en cause durablement la normalité quotidienne. Ce choix de la modération dans les revendications et dans la stratégie a t-il vraiment payé ?

Lors du dernier passage du président à la télé, celui-ci n'a pas manqué de rendre publiquement hommage aux syndicats en soulignant leur sens des responsabilités au cours de ce conflit : « Je tiens à dire que les syndicats ont fait preuve de responsabilités au cours de ce mouvement des retraites. ». Cela n'est pas la première fois que la droite prend la peine de louer cyniquement l'attitude de ceux censés être ses adversaires. En effet, lors de la séquence mobilisatrice du premier semestre 2009, François Fillon en état déjà venu à saluer l'évolution réformiste des organisations syndicales qui s'étaient bien gardées de s'inspirer, pour la métropole, de la stratégie de remise en cause durable de la normalité quotidienne, articulant grèves reconductibles, blocages économique et manifestations de masses, qui était alors mise en œuvre en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion. Ces déclarations, qui sont bien évidemment un brin provocateur, ne sont pas pour autant le fruit néant.. Elles révèlent un certain nombres d'inconséquences de la part de ceux dont la fonction est de combattre les politiques remettant en cause les intérêts des travailleurs présent et à venir. En effet, lorsque les adversaires viennent, après une défaite, à féliciter publiquement leurs opposants pour rendre hommage à ce qu'ils nomment euphémiquement « leur sens des responsabilités », cela démontre que la stratégie choisie par ces mêmes opposants a pu concourir, malgré elle, de fait de sa non adaptation au niveau de détermination du pouvoir en place, à la victoire finale de ceux dont ils s'étaient engagés à combattre la politique.

L'intersyndicale n'a jamais voulu consentir à la grève générale, au blocage du pays, à la rupture durable, prolongé avec la normalité quotidienne. Elle n'a ainsi jamais fait de la cessation d'activité reconductible de secteurs au potentiel paralysant un horizon à atteindre, considérant que la paralysie progressive du pays était désormais, au vu de l'intransigeance du pouvoir en place, la seule stratégie responsable, pouvant prétendre créer les conditions d'un possible renversement du rapport de force en faveur de ceux réclamant le retrait de la réforme des retraites. Au contraire, elle l'a toujours rejetée du champs des registres possibles et souhaitables. Bernard Thibault a déclaré ainsi, lorsque la grève générale commençait à être inscrite à l'ordre du jour dans certains secteurs, que celle-ci n'était " qu'un slogan abstrait" qui "ne correspond pas aux pratiques par lesquelles on parvient à élever un niveau de rapport de force". Interrogé sur son souhait d'une grève générale, il avait fermement répondu "non".
L'intersyndicale, sans bien évidemment dire explicitement, « manifestons en masse mais défense d'aller plus loin », a toujours souhaité que la stratégie « des temps forts », correspondant à des journées nationales de manifestations séparées dans le temps les unes des autres, demeure la stratégie hégémonique du mouvement. Les organisations syndicales n'ont cessé de faire du nombre de manifestants présents lors de ces journées de mobilisation successives, le seul critère de réussite du mouvement, alors que très rapidement il a semblé évident que ces manifestations de rues, aussi massives soit elles, ne parviendraient pas, à elles seules, à contraindre le pouvoir en place à renoncer à son projet de réforme, lui qui ne cessait de répéter qu'il ne reculerait pas, indépendamment du nombre de manifestants usant les pavés.
Cette stratégie faisant le pari d'un accroissement continu du nombre de manifestants, et faisant de la force du nombre le seul moyen permettant de mettre Nicolas Sarkozy dans une situation intenable, s'est révélée être totalement inadaptée à la situation présente et notamment au type de pouvoir auquel le mouvement social avait à faire face. Ainsi, la tendance réformiste de l'intersyndical, majoritaire tout au long du mouvement, n'a pas souhaité que le mouvement subisse à un moment donné une quelconque transformation qualitative et adapte réalistement sa stratégie au degré de résistance du pouvoir en place.
Cette volonté d'exclure définitivement la grève reconductible du champs des possibles apparaît au grand jour lors de la semaine du 12 au 19 octobre, qui a amené le mouvement à la croisée des chemins, « au bord du gouffre », et qui aurait pu le faire basculer dans une temporalité conflictuelle supérieure et peut être décisive. En effet, lors de cette semaine, alors que depuis le 7 septembre des manifestations de masses se succédaient sans aucun résultat tangible, le mouvement a franchi un saut qualitatif en décidant d'élargir son répertoire d'action. On assista ainsi dans différents secteurs à des appels locaux et nationaux à la grève reconductible. Ceux-ci ne restèrent pas lettre morte et débouchèrent notamment sur la paralysie prolongée de l'ensemble des raffineries du pays provoquant le début d'un processus d'assèchement des pompes à essence. En parallèle, de ces grèves reconduites, on fut confronté à la multiplication d'actions de blocages économique menés un peu partout sur le territoire, frappant en priorité des voies de locomotions, des cites stratégiques et ayant pour dessein de contribuer au processus visant à parasiter le plus possible le quotidien ordinaire et à faire ainsi ressentir le mouvement de façon plus ou moins permanente par la population. Le but par ces actions protéiformes, que se soit les grèves reconductibles dans des secteurs au potentiel paralysant et les actions de blocages, étaient bien que la tension conflictuelle ne retombe pas entre deux journées de manifestations appelées par l'intersyndicale, que chacun puisse avoir le sentiment d'une permanence de la lutte.
Cette séquence inédite ne fut pas le résultat d'un quelconque aventurisme, fuite en avant désespéré par une minorité jusqu'au boutiste, mais bien le fruit d'un pragmatisme militant qui, actant la détermination du pouvoir en place à mener son entreprise réformatrice à son terme indépendamment du nombre de manifestants, jugea de plus en plus impératif le dépassement de la stratégie « des temps forts », qui, à elle seule, ne permettrait pas de renverser le rapport de force en faveur des forces populaires. Les manifestations avaient fait le plein à plusieurs reprises sans que cela contraigne le pouvoir à un quelconque renoncement conséquent quant au contenu de sa réforme. Aussi, certains ont souhaité à un moment donné que ne soit plus opposé, mais bien articuler, la force du nombre, exprimée lors des journées de grandes manifestations, avec la force paralysante des grèves reconductibles des secteurs clés et des actions de blocages économiques.
A cette séquence inédite élevant enfin le degré conflictuelle du mouvement, répond un communiqué de l'intersyndical, le 21 octobre, extrêmement modéré et même relativement déconnecté de la réalité qui se présentait alors. En effet, le communiqué commun, auquel seul les organisations syndicales réformistes ont souscris, réussit l'exploit de ne faire aucune allusion aux grèves reconductibles qui sévissaient pourtant déjà depuis une semaine dans la totalité des raffineries et qui faisaient surgir le spectre d'une pénurie progressive d'essence à l'échelle du pays. Ce silence délibéré a pu être interprété par certains comme une désapprobation tacite de la part de l'intersyndical de ceux ayant décidé d'assumer une stratégie de reconduction de la grève sur un temps indéterminé. A l'instar des grèves reconductibles, les actions de blocages économiques furent également condamnées de manière détournée par l'intersyndical lorsque celle-ci évoqua dans le même communiqué son soucis du « respect des biens et des personnes ».
Pourquoi les organisations syndicales, notamment la CGT et la CFDT n'ont elles pas à ce moment précis osé apporter un soutien plein et entier aux grèves des raffineries, en faisant d'elles des exemples à suivre pour les autres secteurs toujours en activité ?
Pourquoi, au lieu de faire le pari de la paralysie progressive du pays en essayant de convaincre les salariés de la nécessité de recourir à la grève reconductible pour que le mur de l'inflexibilité érigé par le gouvernement sur la route du mouvement social ait une chance se fissurer effectivement, l'intersyndical a t-elle fait le choix de préférer que jamais ce scénario de paralysie du pays puisse se réaliser effectivement, excluant d'abord en amont systématiquement cette perspective du champ des possibles et une fois celle-ci quand même advenue ne rien faire pour aider à sa généralisation ?

Une des raisons pouvant être avancée pour comprendre cette attitude, que d'aucun ont pu trouvé irresponsable, réside dans le rapport que l'on peut qualifier de fétichiste qu'ont pu entretenir les organisations réformistes, majoritaires au sein de l'intersyndical, avec la notion d'opinion publique. De cette focalisation permanente découle la peur phobique que cette opinion publique puisse se retourner et en vienne à retirer majoritairement son soutien le mouvement si celui-ci prenait une direction jugé trop radical. Ainsi, elle considérait que les grèves reconductibles et autres actions de blocages généreraient trop de dénigrements, trop de nuisances pour que cela n'amène pas le mouvement à se couper de la majorité de l'opinion salariale, supposée fatalement ne pas pouvoir supporter un telle situation de paralysie.
De cela deux erreurs peuvent être soulignées. D'abord le fait que l'intersyndical, faisant de l'opinion publique une boussole pour façonner ses orientations stratégiques, l'est considéré comme si elle était un fossile ayant une opinion figée, ne pouvant évoluer avec le temps, au lieu d'essayer au contraire de partir de son niveau de conscience pour essayer de l'élever qualitativement et l'amener à embrasser les énoncés, qu'ils soient politiques ou tactique du mouvement.
Puis, les syndicats réformistes majoritaires ont fait l'erreur de considérer la prétendue modération de la très grande majorité des salariés comme une donné fatale, fixé une fois pour toute, interdisant de facto toute volonté de construire un niveau d'affrontement supérieur. Or, quiconque a vécu de l'intérieur un mouvement sait que le niveau d'acceptabilité vis à vis de telles ou telle stratégie radical assumant pratiquement des formes de délinquance politiques, peut évoluer, se modifier avec le temps. Ce qui est à un moment donné considéré par une majorité de la population comme inacceptable peut finir par être regardé comme quelque chose d'acceptable et de légitime par le plus grand nombre. Par exemple, la multiplication d'actions de blocages à la base isolés, vu comme des agissements minoritaires, inefficace, aide à leur banalisation, à leur normalisation et donc à leur légitimation progressive au prêt du plus grand nombre.
Pour conclure, on pourrait dire que les animateurs de l'intersyndical ont été très majoritairement sur une ligne social démocrate. Cette ligne, n'ayant enfanté ni le retrait de la réforme, ni des concessions significatives, s'est révélé être une nouvelle fois, comme cela avait déjà été le cas lors de la séquence du premier semestre 2009, totalement inadaptée au type de pouvoir en place. L'échec du mouvement dans ses revendications immédiates consacre, à mon sens, la faillite de la stratégie « responsable » de la majorité de l'intersyndicale.


Appelé à la grève générale, soutenir publiquement les salariés qui avaient décidé de suspendre le travail pour une durée indéterminé, cela aurait il suffit à rendre la grève générale effective ? A partir du moment où la grève franche était resté cantonner à un seul vrai secteur, celui des raffineries, le destin du mouvement n'était il pas étroitement lié au destin de ce secteur-ci ?

La grève générale ne doit pas être considérée comme une loi systématique qu'on appliquerait mécaniquement, comme une recette miracle, en la déconnectant de l'analyse concrète de la situation concrète.
Elle est un pari stratégique, fruit d'un pragmatisme radical. A un moment donné, on en vient à considérer que le pari de la rupture durable avec la normalité quotidienne se doit d'être tenté, en jugeant son recours indispensable pour que puisse être atteint le niveau de conflictualité nécessaire au possible renversement du rapport de force en faveur des forces populaires. Comme tout pari, il n'y a aucune garantie de succès, aucune assurance quant à un possible retour sur investissement.

La grève générale était elle possible lors de ce mouvement ? La réalité sociale et politique est aujourd'hui façonnée par le chômage de masse, par les formes particulières d'emplois, par le blocage des salaire, par l'éclatement du salariat, par l'absence d'une idéologie transcendantale comme pouvait l'être l'hypothèse communiste. Aussi il est certain qu'en l'état, elle n'est pas un terreau fertile pour le développement d'un engagement durable des travailleurs. Pourtant des solutions existaient, et elles ont été mises en œuvre dans ce mouvement, pour contrevenir à cette réalité peu favorable à la grève générale et palier à la dépendance économique des travailleurs. On pense notamment à l'organisation de la solidarité à la base pour les aider à bénéficier de revenus de substitution, en cas de suspension prolongée du salaire, pour limiter au maximum le coût de la grève et créer ainsi les conditions de sa reconduction dans le temps par le plus grand nombres de travailleurs possibles.
Dès lors, stigmatiser les appels à la grève générale comme vœux pieux et aspirations chimérique, rate l'enjeu du débat. La vraie question , pour reprendre une expression de Sophie Beroud et Karel Yon dans leur « anatomie d'un grand mouvement social, était « moins de savoir si la grève générale la grève générale était réalisable ou pas que de s'interroger sur le niveau d'affrontement nécessaire pour triompher du gouvernement ». Ainsi, si un appel à la grève générale n'était bien évidemment pas certain d'être suivis effectivement par une majorité de salariés, le faire aurait témoigner de la volonté de l'intersyndical d'exploiter toute les potentialités du mouvement. Les syndicats, dans leur majorité ont fait un autre choix, peut être plus « responsable » aux yeux à leurs yeux et celui du gouvernement mais condamnant le mouvement à une défaite certaine.

Quand à la dépendance qui s'est progressivement créer entre les raffineries en grève et le reste du mouvement, elle semble réelle. En effet, la perspective de victoire pour le mouvement est devenue totalement et définitivement chimérique à partir du moment où la grève a été levé et que le travail dans les raffineries à reprit. Le déclin rapide du mouvement dans les semaines qui ont suivi en témoigne largement.
Ainsi, la reprise du travail effectuée dans un laps de temps très court dans les 12 raffineries en grève depuis plus de deux semaines et le déblocage des terminaux pétroliers n'ont pas été des faits anodins, dont on peut minorer les conséquences sur le rapport de force global. Ils constituent bel et bien dans l'histoire de ce conflit à la fois le tournant négatif pour le camp de la résistance sociale et le tournant positif attendu, souhaité par les partisans de la réforme.
En effet, vu que la grève ne s'était pas étendue à d'autres secteurs d'activités de manière aussi massive et durable, vu que trop peu de salariés, hormis une minorité de cheminots et d'éboueurs de manière très localisé, n'ont pu ou voulu allumer d'autres foyers de résistance prolongés, le maintien de la conflictualité du mouvement à un niveau suffisamment conséquent, permettant d'entretenir l'espoir de victoire, dépendait étroitement de la capacité des ouvriers des raffineries à tenir en perpétuant dans le temps leur stratégie «exemplaire ».
Dès lors, la fin de la grève prolongée dans ce secteur, devenu le fer de lance, symbole du peuple en lutte et dont la cessation d'activité avait engendré un processus d'assèchement des pompes et menacé le pays d'une pénurie d'essence, a fait perdre aux acteurs de cette lutte un point d'appui essentiel, une référence indispensable, qui par sa seule existence et par le seul niveau de pression qu'il émettait entretenait la foi du plus grand nombre dans la lutte et dans un possible dénouement positif de celle-ci et nourrissait ainsi l'engagement. Pour beaucoup, la reprise du travail dans les raffineries, alors que rien de conséquent au niveau des revendications avait été obtenu, symbolisa l'incapacité défective du mouvement à pouvoir faire plier le pouvoir en place.


Le mouvement s'est caractérisé par des pratiques de liaisons à la base, notamment dans le cadre des actions de blocages qui se sont multipliés en parallèle des grèves reconductibles. Ces jonctions entre personnes qui d'ordinaire ne se côtoient pas, doivent elle être considérés comme la véritable originalité positive de ce mouvement ?

Le risque était de voir un mouvement segmenté dans lequel chaque secteur particulier, chaque génération particulière marcheraient séparément sans chercher à s'unir politiquement pour frapper ensemble. Un mouvement qui ne soit en réalité que le simple miroir de la réalité sociale quotidienne, c'est à dire frappé de la même atomisation, de la même division sociale.
Contrairement à ses funestes prédécesseurs qui fruit de la stratégie du saucissonage s'étaient attaqués successivement aux salariés du privé et du public, la réforme cette fois-ci concernait l'ensemble du salariat présent et venir et ne pouvait donc ressembler à une lutte de salariés d'un secteur particulier luttant solitairement pour défendre des intérêts corporatistes. Il ne pouvait donc s'agir que d'un mouvement général, total, qui transcenderait les classes d'âges et les catégories sociales.
A une réforme réactionnaire frappant les salariés présent et à venir indistinctement et exprimant la volonté politique de l'oligarchie de faire payer une seconde fois la crise du capitalisme au peuple, il a fallu organiser en réaction un mouvement parvenant à dépasser effectivement les frontières, les barrières sociales ordinaire qui tendent à enfermer les personnes dans un destin solitaire.
Cette exigence d'unité sociale et politique s'est réalisée principalement dans le cadre des actions de blocages qui ont été menées un peu partout sur le territoire. La véritable originalité n'est pas tant ici le fait que des acteurs du mouvement social ont à un moment donné jugé indispensable le recours aux actions de blocages économiques . La même stratégie de parasitage de la vie quotidienne s'était déjà largement développée lors du mouvement anti-CPE.
Ce qui est davantage inédit, c'est la composition sociologique de ces actions de blocages. C'est le fait que des salariés, des étudiants et des chômeurs se sont rejoints à un endroit donné pour aller bloquer ensemble un cite stratégique ou une voie de locomotion au potentiel paralysant. Durant le mouvement Cpe, seul la jeunesse engagée avait solitairement entrepris ces blocages.
Ces jonctions de personnes, qui ne se côtoient pas ordinairement dans la vie quotidienne, peuvent être vu comme des solidarités de transcendance sociale. Elles auront permis d'éviter un mouvement atomisé, balkanisé, miroir de la division social du travail dans la société capitaliste, dans lequel chacun lutterait dans son coin avec les siens, c'est à dire ceux avec qui il partagerait une normalité quotidienne commune.
Il faut cependant souligner que ces actions de blocages ont été d'abord vus, par ceux qu'ils les ont entreprises, comme une tentative minoritaire pour ne pas se résigner au constat que la paralysie du pays ne serait intervenir grâce à un développement généralisée de la grève. Les très fortes réticences de l'intersyndical et le phénomène constaté de grève par délégation en étaient les principales explications.
Par définition, ces actions de blocages, menées par quelques dizaines, voire quelques centaines de personnes d'horizons différentes, à des endroits dit stratégiques, ne pouvaient bien évidemment pas prétendre à la même efficacité qu'une grève prolongée dans une majorité des secteurs d'activité. Ces actions ont été menées dans le but d'essayer à la fois de compenser au maximum, en sachant pertinemment la faiblesse de ses forces, cette absence de grève prolongée, qui est restée largement cantonnée aux raffineurs, à une minorité de cheminots et d'éboueurs, et de participer modestement, par des actions d'éclats, à la permanence de la lutte, au maintien d'une situation quotidienne conflictuel, tendue. Cette stratégie de blocages fut donc une stratégie essentiellement par défaut, qui même si elle pouvait paraître vaine, répondait aux exigences qu'imposaient la résistance du pouvoir en place.
Au final, on peut dire que ce mouvement a connu ce que l'on peut définir comme un début de crise du fonctionnalisme, c'est à dire une situation dans laquelle chacun cesse d'assumer la seule fonction sociale qui lui est associé ordinairement ( étudiants, salariés du publique, salariés du privé, retraités, lycéens, chômeurs...) et en vient à embrasser la fonction sociale commune de ceux engagés dans le mouvement, celui d'acteur de la lutte en cours.
C'est un des grands acquis de ce mouvement.


Est ce que la défiance ressentie aujourd'hui par de plus en plus de salariés présent ou à venir à l'égard du travail salarié, a t-elle pu affermir le refus de devoir travailler deux années supplémentaires avant d'avoir le droit de partir en retraite ?

Ce mouvement, qui s'éleva contre l'impératif du travailler toujours plus longtemps, présenté comme la seule solution pouvant assurer la pérennité du système de retraite par répartition, fut effectivement pétri de défiance à l'encontre du travail salarié et de sa violence, tel qu'elle est vécue aujourd'hui par des millions de travailleurs au quotidien.
Si l'allongement forcé de la durée de vie au travail a été vécu comme une véritable peine insupportable par une majorité de la population, ce n'est pas seulement parce que celle-ci compris que le rehaussement de l'âge légal de départ à la retraite et l'augmentation de la durée de cotisation engendreraient fatalement à moyen terme une nouvelle baisse des pensions des futurs retraités, créant ainsi les conditions d'un développement de la marchandisation des retraites via le développement de la capitalisation. C'est aussi, et peut être surtout, parce que ces deux années de travail supplémentaires furent perçues comme deux années de souffrance, d'aliénation, de mutilation en plus et par la même deux années de temps libéré, insubordonné, de vivre en moins !
Oui," libérer le travail des rapports de production capitaliste pour qu'il redevienne un besoin, une source de réalisation, d'accomplissement " a été un mot d'ordre qui, sans être scandé dans les cortèges, imprégna incontestablement l'esprit de contestation commun.


La capacité d'une partie de la jeunesse à se mobiliser effectivement contre cette réforme des retraites était un des grand enjeux de cette séquence de lutte.

La réforme des retraites, si on en croit ses géniteurs, a été décidée et entreprise au nom des jeunes générations, afin que puisse être garantie le financement de leurs futures retraites.
Réformer une nouvelle fois le système des retraites pour sauvegarder les retraites des jeunes, noble et juste cause semble t-il; encore fallait il que les solutions que le gouvernement tentait d'imposer à la jeunesse et aux salariés n'en viennent pas à rimer avec baisse programmée des futures pensions et aggravation des difficultés pour les jeunes à entrer de façon pérenne sur le marché du travail.
Avec cette baisse insidieuse des pensions, le gouvernement voulait créer un climat de défiance à l'encontre du système de répartition chez les jeunes générations, alimenter sa crise de crédibilité en nourrissant délibérément l'idée désespérante que « de toute façon, nous les jeunes on n'aura pas retraite », afin de les persuader que leur salut ne pourra passer que par l'épargne individuel, le chacun pour soi, la construction solitaire de sa retraire. Face à un système par répartition permettant, du fait des réformes réactionnaires successives, de moins en moins d'espérer jouir d'une pension décente, les partisans de la réformes souhaitent que les jeunes en viennent en réaction à se tourner vers des canaux de financements complémentaires, tels que les fameux fonds de pension. Le dessein étant bien évidemment qu'à terme l'argent des retraites, aujourd'hui encore très largement socialisé, cesse d'échapper aux lois du marché et devienne une marchandise comme une autre pouvant être une source de profil.
De plus, les jeunes ont très vite compris que l'exigence réclamée aux anciennes générations de consentir à deux années de travail supplémentaires, pour ceux qui pourront le faire, allait avoir pour principal conséquence d'entretenir le chômage déjà de masse des nouvelles générations, en retardant la possibilité de jouir de ces postes devant être libérés.
La mobilisation de la jeunesse lors de ces semaines de luttes revête un caractère inédit. En effet, c'est bien la première fois que la jeunesse scolarisée s'engage de manière aussi visible pour la défense d'une certaine idée de la retraite, qui, apparaissant logiquement comme un horizon très lointain, aurait pu être considérée par une grande majorité de jeunes comme une abstraction théorique, échappant de facto à leur centre d'intérêt.
La mobilisation des jeunes fut assumée très majoritairement par les lycéens. L'engament étudiant sans bien évidemment être nul, fut relativement faible comparativement à ce qu'il fut les années précédentes, que se soit lors du mouvement contre le contrat premier embauche et contre la loi d'autonomie des universités. Ainsi, on parla davantage de mouvement lycéen, que de mouvement de jeunes. Ceux-ci à partir du mois d'octobre organisèrent, sur un espace temps que l'on peut estimé à au moins trois semaines, le blocage de leurs lycées respectifs et essayèrent de construire une mobilisation jeune que si voulait à la fois autonome et solidaire du mouvement salariés. Cette demande d'apparition propre se concrétisa par l'adoption d'un calendrier de manifestations et d'actions décentralisées à destination de la jeunesse, qui chevaucha cependant largement celui décidé par l'intersyndical.
Cet engagement d'une partie de la jeunesse scolarisée au côté des autres générations de travailleurs, a suscité moquerie, incompréhension, dédain, stigmatisation et infantilisation chez ceux dont le mépris pour la jeunesse révoltée cachait mal leur crainte de voir un front unitaire de lutte intergénérationnelle se constituer pour demander à ce que la réforme des retraites ne soit pas entérinée.


Au final, pour reprendre le titre de la contribution, en quoi cette nouvelle défaite du mouvement social est elle paradoxalement porteuse d'espoirs pour l'avenir ?

La bourgeoisie européenne essaye, par le biais d'institutions économiques telles que le FMI ou la BCE, de tirer au maximum profit de la crise systémique que nous vivons depuis 2 ans, dont elle est la seule responsable. Elle prend, en effet, prétexte du « problème de la dette publique », conséquence direct de la crise, pour justifier l'adoption urgente par les gouvernements des différents pays européens de plans de rigueurs sans précédent.
La mobilisation exceptionnelle de cet automne contre la réforme des retraites, a permis de démontrer, malgré son issue, que face à cette volonté de faire payer au peuple la crise du capitalisme une seconde fois, le peuple français jouissait encore d'une grande capacité d'indignation et qu'il savait exploiter positivement ce sentiment d'intolérablité en lui donnant une expression collective, une visibilité commune, des objectifs revendicatifs partagés.
Ainsi, comparé à l'absence relative de réaction dans les pays européens, frappés d'une austérité bien plus dévastatrice socialement, l'existence d'une telle mobilisation sociale en France représente déjà une victoire en soit. L'absence totale de réaction de la part des forces populaires, leurs ralliements à l'argument totalisant, car excluant tous les autres du champ des possibles, « nous vivons plus longtemps, il faut travailler plus longtemps » aurait été un traumatisme politique incomparablement plus difficile à digérer, que la défaite que le mouvement social vient de subir, après avoir lutter courageusement.
Cette réaction populaire de masse prouve que les discours relevant du totalitarisme politique « il n'y a pas d'autre réforme possible », les sempiternelles « résignez vous à cette réforme qui est un mal absolument nécessaire », les menaces apocalyptiques « notre réforme ou le chaos », répétés inlassablement par le pouvoir en place et ses relais médiatique tout au long du processus d'adoption de la réforme, ont échoués dans leur volonté de conduire le peuple à se noyer dans l'impuissance. Celui-ci s'est, en effet, montré déterminer à répondre unitairement, par delà les classes d'âges et les secteurs, à cette offensive réactionnaire en essayant de protéger, de la faucheuse libéral, le droit de pouvoir vivre vivant et dignement ses années de retraites.
De même sorte, l'existence d'un tel mouvement, exprimant le courage de dire une nouvelle fois non « au réalisme libéral », fut une source d'espoir, d'inspiration pour les autres peuples européens qui, comme le peuple français, doivent faire face, à des degrés supérieurs, à cette offensive libérale généralisée.
Les solidarités à la base qui se sont développées en parallèles des manifestations de masses et des grèves reconductibles, principalement dans le cadre des actions de blocages économiques, sont un deuxième acquis de ce mouvement. Au caractère transcendantale, ces liaisons ont unis des gens qui, d'ordinaire ne se côtoient pas.
Le dessein fut que ne se reproduise pas, dans le cadre de cette lutte, qui concernait l'ensemble des salariés présent et à venir, la division sociale quotidienne, qui maintient à distance les personnes les unes des autres. On a ainsi voulu que chacun en vienne à dépasser sa fonction sociale particulière pour embrasser une fonction commune, celui d'acteur du mouvement en cours.
Enfin, il ne faut pas oublier la grève reconductible qui, contrairement à la séquence du premier semestre 2009, est bien devenue effective cette fois-ci, bien qu'elle resta seulement cantonnée à un ou deux secteurs d'activité. La possible paralysie progressive du pays n'a plus été un simple slogan incantatoire, il a été un spectre qui hanta réellement le pouvoir en place pendant l'espace de quelques jours où le mouvement aurait pu basculer dans un autre temporalité de lutte.

En clair, cette séquence sociale, malgré son absence de débouché, son issue négative, ne doit pas nourrir la désespérance sociale. Elle doit au contraire être vue comme un moment de lutte, s'inscrivant dans un processus long de résistance face à la volonté politique de l'oligarchie à rendre profitable au maximum pour elle la crise systématique dont elle est la seule responsable. Malgré le sentiment de gâchis, le ressentiment, il faut bien avoir à l'idée que les acquis proposés par ce mouvement serviront aux prochaines luttes et à la nécessaire transformation qualitative de la contestation pour que celle-ci devienne enfin payante !

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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 19 Déc 2010, 16:32

Lyon, collectif anti-répression, "nous ne resterons pas sans réagir ! ", http://www.collectif21octobre.fr/ :

NOUS NE RESTERONS PAS SANS RÉAGIR !

Le Collectif du 21 octobre rassemblant des personnes venues de tous les fronts de la révolte sociale et de nombreuses organisations lyonnaises s’est constitué pour mener une campagne d’ampleur contre la stratégie de criminalisation de la colère des jeunes entrés dans la mobilisation contre la réforme des retraites dès le 14 octobre à Lyon.

Police et justice main dans la main pour réprimer cette révolte

Les opérations policières menées à Lyon contre les « jeunes » venus prêter main forte aux « vieux » dans la mobilisation contre la réforme des retraites de Sarkozy ont culminé avec la séquestration de 600 d’entre eux le 21 octobre sur la place Bellecour pendant plus de 6 heures. Les témoignages affluent pour en dire le caractère illégal, brutal et traumatisant.

Mais la répression avait déjà commencé bien avant sous l’impulsion d’un préfet décidé à généraliser les méthodes utilisées depuis des années contre les habitants les plus jeunes des quartiers populaires. Une justice aux ordres de cette politique de répression s’est en même temps mise en place à Lyon à coups de comparutions immédiates revendiquant son caractère de « justice d’exception ».

Lycéens, collégiens, chômeurs, précaires, ils sont plusieurs centaines à subir cette justice caricaturale. Majeurs, mineurs, ils ont été condamnés ou vont l’être prochainement par des juges qui voient arriver des dossiers vides servis par des procédures plus que douteuses. Des juges qui devraient avoir le courage de les relaxer mais qui pourtant les condamnent. Et un parquet qui fait appel pour que soient appliquées des peines « exceptionnelles »…

Justice d’exception et État policier


Les procureurs prennent leurs ordres chez les préfets. Des préfets qui sont de plus en plus souvent d’anciens flics. Serge Portelli, président du Tribunal de grande instance de Paris, disait lui-même, lors du meeting du 24 novembre à Lyon : « Comment voulez-vous que nous n'entrions pas dans cet État policier alors que ce sont les policiers eux-mêmes qui commencent à peupler, et avec une volonté délibérée du pouvoir, tous les rouages de l'administration ? »

Précarité, boulots de merde, traitements au faciès, « vieux » qui les montrent du doigt et gaz lacrimo quand ils lèvent le poing, c’est l’ordinaire de la jeunesse depuis 10 ans dans notre pays. Contre cette société-là, ils se révoltent et ils ont raison. Nous devons les soutenir, les entendre. Nous devons faire face avec eux à cet état policier qui leur envoie ses flics. A cet état policier qui tente de les broyer dans l’engrenage d’une justice d’abattage. A cet état policier, dont le président n’a dans la bouche que la rhétorique de la peur et de la guerre !

Le collectif mène campagne sur plusieurs fronts

Le Collectif du 21 octobre veut organiser le soutien juridique et social des condamnés et de leurs familles. Il ira jusque dans les salles d’audience apporter sa solidarité avec celles et ceux qui se sont révoltés et qui ont eu raison de le faire !

Nous demandons également l’abandon des poursuites !

Le Collectif du 21 octobre, en étroite coopération avec les magistrats et les avocats qui sont de notre côté, portera cette exigence à son terme.

Nous voulons que ceux qui ont organisé ces opérations de police illégales à bien des égards et totalement illégitimes rendent des comptes devant les tribunaux. Le Collectif du 21 octobre va soutenir tous celles et ceux qui portent plainte, avec la constitution en parties civiles des organisations qui le composent et avec le concours du Syndicat de la Magistrature et du Syndicat des Avocats de France.

.


Projet de lettre à l’intention du procureur de la république près le tribunal de grande instance de Lyon copie au procureur général près la cour d’appel de Lyon

C’est en votre qualité de magistrat du Parquet que les organisations signataires vous adressent la présente lettre, se référant à la constitution du 4 octobre 1958, dont l’article 66 assigne à chaque magistrat la mission de veiller au respect des libertés individuelles, objectif essentiel à la préservation de relations équilibrées et confiantes des parties au contrat social dans la vie démocratique de notre pays : si la loi fondamentale affirme la valeur d’un tel principe, dont les juges et procureurs sont institués garants, il en découle comme corollaire que les lois susceptibles d’apporter des atténuations à l’exercice des libertés, spécialement dans une perspective de répression des infractions qui perturbent la vie sociale, doivent être interprétées et appliquées d’une manière particulièrement stricte, sous le contrôle effectif de ces magistrats.

Aussi, c’est à la lumière de ce principe fondamental qu’elles vous demandent d’examiner et d’analyser un certain nombre de faits préoccupants qu’elles ont constatés, plus précisément à l’occasion d’une manifestation organisée le 21 octobre 2010 contre le projet de réforme des retraites, manifestation régulièrement déclarée à l’autorité administrative : ces faits vous sont dénoncés au soutien de plaintes individuelles déposées par les personnes qui en ont été victimes.

En effet, si elles ont retenu, à la lecture de l’article 78 –2 du code de procédure pénale, que vous même, en qualité de Procureur de la République ayez pu prendre des réquisitions écrites permettant le contrôle de l’identité de toute personne dans les lieux ou pour une période de temps déterminés par vous, aux fins de recherche et de poursuite d’infractions précisées par vos réquisitions , et que par ailleurs, l’identité de toute personne, quel que soit son comportement, peut également être contrôlée pour prévenir une atteinte à l’ordre public, notamment à la sécurité des personnes ou des biens, les organisations soussignées considèrent comme totalement disproportionnées les mesures mises en oeuvre par les forces de police au cours de l’après-midi du 21 octobre 2010, entre 13 h 30 à 19 h 30, mesures qui se sont traduites par des atteintes objectivement excessives apportées aux libertés publiques de manifester et/ou d’aller et de venir, mais aussi aux libertés individuelles de plus de 600 personnes rassemblées et maintenues contre leur gré , place Bellecour, dans cet espace normalement ouvert à la circulation, et ce, pendant six heures au moins.

Sans que les observateurs dont elles ont recueilli les témoignages n’aient constaté, au cours de la période originaire du rassemblement des manifestants, ni la commission d’aucune infraction, ni même des indices permettant de suspecter la préparation d’actions répréhensibles, ni davantage des signes annonciateurs de possibles atteintes à l’ordre public, à la sécurité des personnes ou des biens, de la part des personnes réunies place Bellecour pour prendre part à la manifestation dont le point de départ était fixé place Antonin Poncet,

il leur semble particulièrement injustifiable que les groupes de manifestants qui avaient pu accéder à la première place à travers le filtre du cordon de gendarmes et de CRS, comme les passants arrivés sur les lieux au hasard :

– n’aient pas été informés, pour la plupart, de ce que leur liberté d’aller et venir serait immédiatement restreinte dès le franchissement de ces barrages ;

– se soient vu interdire, après 13 h 30, de rejoindre la manifestation et, plus grave encore, de sortir ensuite de la place Bellecour , dont toutes les issues sont restées fermées hermétiquement par les forces de l’ordre jusqu’à 19 h 30 ;

– aient subi la contrainte d’une immobilisation d’une aussi longue durée, par l’effet du déploiement de moyens exceptionnels, renforcés par l’emploi de véhicules équipés de canons à eau, sous le contrôle d’un hélicoptère survolant les lieux à intervalles réguliers ;

–aient fait l’objet de films ou de clichés photographiques pris depuis l’hélicoptère ou d’une motocyclette se déplaçant régulièrement tout autour de la place, indépendamment de toute procédure véritable de contrôle d’identité à cet instant ;

–n’aient jamais pu recevoir aucune information pendant plusieurs heures sur les motifs, ni sur la durée de cette immobilisation contrainte ;

– n’aient pas davantage pu avoir accès à des points d’approvisionnement en nourriture et en boissons, ni aux toilettes ;

– aient reçu pour toute réponse à une expression plus déterminée d’échapper à cet enfermement inexpliqué et inexplicable, l’utilisation agressive de flashballs , grenades lacrymogènes et jets d’eau froide, utilisation parfois renouvelée sans même qu’aucun mouvement de foule ne se soit dessiné sous l’impulsion de l’angoisse collective qui était somme toute compréhensible dans un tel contexte ;

– aient eu enfin à se soumettre à des contrôles d’identité caractérisés par une discrimination objective, constatée par de nombreux témoins , au détriment des personnes « issues de l’immigration », lesquelles ont été systématiquement photographiées, sans qu’il puisse être certain que les conditions définies par les dispositions du quatrième alinéa de l’article 78-3 du code de procédure pénale aient été préalablement respectées.

C’est pourquoi, l’ouverture d’une enquête sur l’ensemble des faits ainsi dénoncés vous est demandée, dans l’exercice de vos attributions et de vos responsabilités, par le collectif de citoyens membres des organisations de soutien aux personnes victimes de ces mesures pour le moins excessives.

Par ailleurs, et alors que des irrégularités peuvent affecter les procédures éventuellement ouvertes contre certains manifestants à l’issue de la journée du 21 octobre 2010, ces mêmes organisations expriment le voeu que toute poursuite soit abandonnée à l’encontre de ces personnes.

Persuadés que le magistrat que vous êtes sera également soucieux de la préservation de la paix sociale, gravement compromise par la mise en oeuvre de moyens de coercition disproportionnés à l’encontre de personnes, jeunes majeurs ou mineurs pour la plupart, et de restaurer dans l’esprit de ceux-ci un niveau de confiance nécessaire dans la police et la justice de leur pays, elles vous prient d’agréer, Monsieur le Procureur (Général) l’expression de leur grande considération,

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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 21 Déc 2010, 03:41

liste d'alerte anti-repression à Marseille :

MARSEILLE, le mercredi 22 décembre, 18h au Seul Problème, 46 rue Consolat, 13001

Lancement de liste d’alerte SMS


Suite et fin de la réunion du 10 novembre

Ces derniers mois, les luttes entraînent de plus en plus de répression. Les attaques politiciennes ou policières sont tellement nombreuses qu’il est difficile de toutes les relayer. Pourtant être nombreux, lors d’une expulsion du territoire ou locative, lors d’expulsions de terrain, lors de rafles, en fait partout où la violence de l’Etat est exercée, peut faire la différence.

C’est pourquoi même si nous savons qu’il existe déjà à Marseille et dans sa région des réseaux d’alerte, quelques personnes de l’équipe de Mille Bâbords, association militante au service du mouvement social (via sa médiathèque, son local et son site), proposent de créer un outil d’alerte sms étendu à tous les domaines où s’exercent la répression.

Suite à la réunion du 10 novembre, il est maintenant possible de s’inscrire sur le site de Mille bâbords. Toutes personnes désirant participer de façon active à cette liste d’alerte est invitée à venir le mercredi 22 décembre à 18h au Seul Problème, 46 rue Consolat.

http://www.millebabords.org/spip.php?article16072
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Nico37 » 22 Déc 2010, 12:45

Retraites : un mouvement social exceptionnel par l’Union syndicale Solidaires samedi 18 décembre 2010

Ce texte est issu des premières discussions nationales de Solidaires. Il n’a pas la prétention de tirer un bilan exhaustif et définitif d’un mouvement social d’une telle ampleur. Il devra être complété par les bilans tirés dans les secteurs professionnels et au plan local, avec tous ceux et celles qui se sont mobilisés et qui n’ont pas dit leur dernier mot dans la construction de luttes sociales d’ampleur pour imposer d’autres politiques ! Le mouvement contre la « réforme » des retraites a été exceptionnel, par sa durée, par l’ampleur des grèves, par le nombre de manifestations et de manifestant-e-s. Exceptionnel aussi, par les formes d’action mises en oeuvre. Exceptionnel enfin, par l’engagement de forces associatives ou politiques et par l’unité d’action syndicale qui s’est manifestée. Soutenu par une écrasante majorité de la population, il n’a pourtant pas réussi à faire reculer le gouvernement sur les points essentiels de son projet. Ce texte vise à essayer de faire une première analyse de ce mouvement, de comprendre les raisons de son échec et d’en tirer les leçons pour gagner la prochaine fois.

- Un contexte de crise économique et sociale marqué par les affaires

La crise bancaire et financière, née aux Etats-Unis, a rapidement touché l’Europe et s’est transformée en récession.

Entre le deuxième semestre 2008 et le deuxième semestre 2009, le Produit Intérieur Brut (PIB) a reculé de près de 3 %. Les conséquences de cette récession ont été immédiates : licenciements et explosion du chômage, montée de la précarité, baisse de pouvoir d’achat. Cette situation aurait pu entraîner un climat de résignation, une acceptation fataliste de la crise et de ses conséquences. Tel n’a pas été le cas en France. Après le refus du Traité Constitutionnel Européen en 2005 et du Contrat Première Embauche en 2006, la population a confirmé son opposition au libéralisme.

- Résistances sociales

Dans le secteur privé, malgré l’éclatement du salariat, les mouvements de grèves, souvent dures, contre les licenciements se sont multipliés et, la plupart du temps, les salarié-e-s ont réussi à obtenir des indemnités très nettement supérieures à ce que les employeurs prévoyaient d’accorder. Certes, cela n’a pas empêché les licenciements, mais la capacité de résistance des salarié-e-s a limité les dégâts.

De plus, face à la crise, et cela a été un élément décisif, le mouvement syndical est apparu uni. La constitution de l’intersyndicale s’est traduite par un document d’orientation commun adopté en janvier 2009 qui posait la question du partage des richesses comme un élément de réponse à la situation. Sur cette base, deux journées de grèves et de manifestations ont été organisées qui ont regroupé plus de 2 millions de manifestant- e-s le 29 janvier et près de 3 millions le 19 mars 2009. Une dynamique de mobilisation avait été créée. Mais celle-ci s’embourba car les divergences de stratégie au sein de l’intersyndicale n’ont pas permis le rebond rapide qui aurait pu l’amplifier et les échéances suivantes (1er mai, 24 mai et 13 juin 2009), ont été démobilisatrices, car trop lointaines. La question de l’efficacité d’une stratégie syndicale réduite à une suite de journées saute-mouton était posée.

- Contre un gouvernement au service des riches

Au-delà, l’incapacité du gouvernement à répondre aux effets de la crise sur la population, alors même que, sans problème, des liquidités énormes avaient été mobilisées pour sauver le système bancaire, commençait à installer un sentiment de profonde injustice. Les avatars de l’affaire Woerth-Bettencourt qui révélaient au grand jour les liens étroits entre le pouvoir et les plus grandes fortunes de France, l’annonce de plans d’austérité destinés à satisfaire les institutions financières déjà sauvées par de l’argent public, la poursuite des attaques contre les services publics qui garantissent encore un minimum de droits à tous, ancraient dans les esprits le fait que ce gouvernement ne gouvernait que pour les plus riches. Sa légitimité était d’autant plus remise en cause que son projet sur les retraites contrevenait à une affirmation du président de la République qui avait explicitement indiqué, quelque temps auparavant, qu’il n’avait aucun mandat pour remettre en cause la retraite à 60 ans.

- Les caractéristiques du mouvement

Tout mouvement social d’ampleur est porteur de caractéristiques qui lui sont propres et qui ne sont pas réductibles à celles de mouvements antérieurs. Le mouvement de 2010 se situe dans la lignée de ceux de 1995 contre le plan Juppé, de 2003 contre la réforme Fillon des retraites et de 2006 contre le CPE. Il a avec ces mouvements deux points communs. Le premier est l’importance donnée par les salariés au fait de descendre dans la rue. La manifestation est devenue, mouvement après mouvement, le moyen essentiel pour les salariés d’exprimer leur mécontentement et de montrer leur force. D’où l’enjeu de la controverse avec le pouvoir sur le nombre de manifestants, celui-ci devenant le baromètre du rapport de forces. Le second est l’enracinement en profondeur de la mobilisation, phénomène encore plus important cette fois. Plus les villes étaient petites et plus, proportionnellement, les manifestations étaient importantes. L’irrigation du tissu social est en effet plus facile dans des petites villes que dans des grandes métropoles, la région parisienne étant l’exemple emblématique d’une situation où le rapport entre le nombre d’habitant- e-s et le nombre de manifestant-e-s était particulièrement faible.

- Des formes inédites et combinées

Cependant, au-delà de ces caractères traditionnels, le mouvement de 2010 possède des traits inédits qui méritent attention. L’un renvoie à la question de la grève. Lors des journées nationales décidées par l’intersyndicale, les chiffres de grèves n’étaient pas négligeables, alors même qu’une proportion de manifestante- s, qu’il est difficile d’évaluer, n’était pas en grève. Si cette attitude peut s’expliquer par des raisons pragmatiques - pourquoi perdre de l’argent lorsque l’on peut poser une RTT ?-, le relatif faible nombre de grévistes a été un handicap dans la construction des rapports de forces. De plus, les attaques tous azimuts menées par Nicolas Sarkozy depuis 2007 ont donné le sentiment d’un rouleau compresseur très difficile à arrêter ; beaucoup se posaient la question des moyens et de la hauteur du rapport de forces nécessaires pour pouvoir y mettre un coup d’arrêt.

Ce mouvement a connu une dimension intergénérationnelle, avec l’entrée dans le mouvement de lycéens et, dans une moindre mesure, des étudiant-e-s dont les organisations se sont impliquées dans les journées de mobilisation aux côtés de l’intersyndicale. Dans ce cadre, le travail d’explication fait en direction de la jeunesse scolarisée a permis que le pouvoir ne puisse s’appuyer sur un soutien de la jeunesse alors même que cette réforme était présentée au nom « des intérêts des jeunes générations » !

Il faut noter que la question des inégalités entre les femmes et les hommes a été particulièrement présente dans ce mouvement, contrairement à 2003. Les conséquences pour les femmes de l’allongement de la durée de cotisation, ont été un des ressorts de cette mobilisation, avec une présence forte des femmes dans les manifestations.

- De la nécessité de la grève reconductible ...

Au-delà des journées décidées par l’intersyndicale, des grèves reconductibles ont éclaté dans un certain nombre de secteurs (SNCF, raffineries, énergie, collectivités territoriales, culture...) dans la foulée de la journée nationale du 12 octobre, après donc le vote à l’Assemblée nationale, mais avant celui du Sénat. Mais pourquoi si tard ? Sans doute parce que les salarié-e-s ne se lancent jamais de gaîté de coeur dans un mouvement de ce type et qu’ils ont espéré jusqu’au dernier moment pouvoir échapper à cette perspective.

Il a également fallu du temps dans ces secteurs pour convaincre les autres organisations syndicales. De plus, la grève reconductible n’est crédible pour les salarié-e-s qu’à partir du moment où les conditions d’un très haut rapport de forces ont été créées.

Dans les raffineries, les équipes de SUD Chimie Solidaires ont trouvé à leurs côtés des collectifs CGT clairement appuyés par leur fédération, qui avait réellement préparé cette grève reconductible. A la SNCF, SUD-Rail a d’abord privilégié l’unité syndicale, pour créer et faire grandir le rapport de forces : c’est l’appel commun à 24 heures, le 7 septembre. Ensuite, SUDRail a amené toutes les organisations à débattre de la grève reconductible, en menant campagne et posant un préavis illimité à compter du 23 septembre ; c’est ce qui a permis l’appel unitaire avec CGT, UNSA, CFDT, à partir du 12 octobre. Dans les Bouches-du-Rhône ou la Seine-Maritime, la grève reconductible a d’emblée touché plus de secteurs, parce que des appels intersyndicaux départementaux étaient lancés.

Ce mouvement a touché nombre d’entreprises du secteur privé, mais les équipes militantes à l’initiative (Solidaires, mais souvent CGT, parfois CFDT, FO…) n’ont pas pris le risque de l’isolement en constatant que « ça ne prenait pas » dans des secteurs réputés plus facilement mobilisables (Education nationale, La Poste, hôpitaux…).

A cela s’ajoutait, soit la faiblesse de la structure syndicale interprofessionnelle locale, soit le refus de celle-ci d’appuyer réellement les secteurs en grève.

Ces grèves ne se sont pas généralisées.

Il n’y a eu aucune extension de la grèvere conductible, même dans les endroits où des syndicats de Solidaires étaient fortement implantés. Les secteurs en grève reconductible n’ont pas été rejoints par les autres salariés.

… Aux difficultés de sa mise en oeuvre

Une première explication vient immédiatement à l’esprit : en période de crise, avec la menace du chômage, un pouvoir d’achat en berne et un endettement des ménages plus important, il est plus difficile de faire grève. A cela s’ajoute les échecs de ces dernières années dans le secteur public qui ont subit de profonds bouleversements et sont l’objet de démantèlements importants : éducation nationale, santé, poste, télécommunications…

Ces explications ont une part de réalité, mais paraissent trop générales pour être suffisantes, des contre-exemples existent lors de ce mouvement, des grèves dures ont déjà eu lieu dans des périodes similaires et la crise n’a pas, pour le moment, produit de sentiment d’abattement.

Une seconde explication, mettant en cause l’attitude de l’intersyndicale, est quelquefois avancée. Depuis le début, derrière la volonté de refuser le mot d’ordre de retrait, a perduré, pour la majorité de l’intersyndicale, l’idée qu’un affrontement avec le gouvernement pouvait être évité. Certes, si l’intersyndicale avait soutenu les actions en cours et appelé clairement à la grève, les choses auraient, peut-être, été différentes. Toutefois, outre qu’il était illusoire d’attendre ce type de déclaration compte tenu des positionnements des uns et des autres.

Un mouvement de ce type se décide fondamentalement à la base dans les assemblées générales. On ne peut donc rendre responsable l’intersyndicale seule de ce qui ne s’est pas passé. L’échec de l’extension de la grève renvoie à d’autres paramètres.

D’une part, le fait que le blocage de l’économie semblait s’effectuer progressivement sans qu’il y ait besoin que les autres salarié-e-s s’en mêlent. Le caractère stratégique du rail et des raffineries a pu ainsi sembler suffire, quitte à soutenir financièrement ces secteurs pour leur permettre de tenir. Le mouvement syndical a là une réflexion et des actions fortes à mener notamment en termes de formation et information, pour que les notions de mouvement de masse, de force collective, de dynamique propre à un collectif de grévistes, soient réappropriées collectivement et largement.

D’autre part, la hauteur des enjeux a pu aussi être un frein. Pour gagner, il aurait fallu une grève longue et chaque salarié- e rentre difficilement en grève reconductible en sachant qu’il peut partir pour un mois, voire plus, et ce d’autant plus que le caractère tardif du départ en grève reconductible semblait obérer les possibilités de succès.

Dans ce cadre, il faut se poser des questions sur le recours en permanence au mot d’ordre de grève reconductible et de la nécessité d’un conflit dur. Si un tel positionnement s’explique par la nécessité d’indiquer aux salarié-e-s la hauteur des enjeux, Ils ont pu pensé que, tout compte fait, le résultat était trop aléatoire. ? Enfin, la relative proximité des élections présidentielles et la promesse de la gauche de revenir sur les mesures d’âge, même si un scepticisme régnait dans l’opinion à ce sujet, a pu encourager l’idée selon laquelle on pouvait faire l’économie d’un conflit dur… même si c’est au mépris des enseignements du passé !

- Un désir d’auto organisation

Le mouvement a produit des formes nouvelles d’organisations, au travers des Assemblées Générales interprofessionnelles unitaires locales et des pratiques sociales multiformes telles que les opérations de blocages de certains sites et les actions coup de poing, permettant de peser sur le fonctionnement de l’économie.

Certes, il ne faut pas exagérer, ni la diffusion de ces pratiques, ni le nombre de collectifs interprofessionnels locaux qui avaient une réelle surface unitaire et une capacité de mobilisation dépassant les simples réseaux militants.

De plus, de telles pratiques ne peuvent se substituer durablement à la grève qui est le seul moyen pour ancrer l’action dans la durée.

Cependant, même avec ces limites, ces pratiques augurent d’une volonté d’action unitaire, d’un désir d’auto-organisation et d’une détermination à agir de façon efficace qui laisseront des traces pour l’avenir. Elles confirment la nécessité de repenser l’action de manière transversale et interprofessionnelle, de l’articulation salarié-e-s/usagers/citoyens, et donc de l’activité syndicale interprofessionnelle locale.

- Les débats de l’intersyndicale

L’unité syndicale a permis que la mobilisation prenne le tour massif que l’on a connu. Cette unité a donné confiance aux salarié-e-s et a isolé le pouvoir qui, contrairement à ce qui c’était passé en 2003, n’a pu compter sur aucune organisation syndicale pour accompagner son projet. L’attitude du gouvernement, qui a refusé de négocier la moindre mesure significative, a obligé toutes les organisations à considérer que le projet de loi était inacceptable.

Cependant, cette unité n’a pas empêché que s’expriment des divergences plus ou moins importantes.

Plusieurs débats ont traversé l’intersyndicale : le contenu des revendications, la place des retraites dans la mobilisation et la stratégie d’action.

- Un projet alternatif pour un enjeu central

Le premier a porté sur le contenu du dossier des retraites. Si les organisations syndicales étaient opposées au report des âges de départ à la retraite, des divergences importantes existaient sur le reste du dossier. Par exemple, la CFDT est favorable à l’augmentation de durée de cotisation et à une « réforme systémique » visant à transformer le régime actuel en régime par points ou par comptes notionnels. Il a donc été impossible d’élaborer des propositions communes qui auraient pu servir de projet alternatif. Cependant ces divergences importantes ont peu pesé sur les mobilisations.

En effet, le gouvernement refusant de négocier, les points qui auraient pu faire éclater l’intersyndicale sont restés sous le boisseau. De plus, un accord minimum, au moins sur le plan des principes, a pu voir le jour. Ainsi le communiqué CFDT, CGT, FSU, Solidaires, UNSA du 6 mai 2010 affirmait :

« Concernant les retraites, elles rappellent que l’emploi “en quantité, en qualité et qualifié, reconnu et valorisé” doit devenir une priorité dans les entreprises et les administrations pour redonner du sens au travail, à la société toute entière. C’est une source de financement incontournable pour assurer le devenir et la pérennité de notre système de retraites par répartition basé sur la solidarité intergénérationnelle. Une plus juste répartition des richesses, la réduction des inégalités, l’égalité entre les Femmes et les Hommes au travail s’imposent aussi pour garantir à tous un bon niveau de vie à la retraite. L’âge légal de départ en retraite à 60 ans doit être maintenu. La pénibilité du travail doit être reconnue et ouvrir des droits à un départ anticipé à la retraite ».

Un deuxième débat a porté sur la place à donner à la question des retraites dans l’appel aux mobilisations lancées par l’intersyndicale. Alors qu’il était clair que le président de la République en faisait un enjeu central de sa politique et que cette question était au coeur des plans d’austérité dans tous les pays européens, la majorité de l’intersyndicale a longtemps considéré que c’était un sujet parmi d’autres. Le compromis s’est donc fait pour des appels à la mobilisation sur un triptyque emplois/salaires/retraites. Il a fallu attendre le 31 mai 2010, alors que les mesures phares du projet gouvernemental étaient déjà largement connues, pour qu’un communiqué de l’intersyndicale soit enfin centré sur la question des retraites. Une des raisons de cette attitude tient au fait que certaines organisations pensaient qu’il serait possible d’éviter un affrontement, dont elles ne voulaient pas, avec le pouvoir sur ce sujet espérant que le gouvernement se déciderait à ouvrir des négociations.

- Une dynamique de confrontation

Dans le prolongement de ce débat, un troisième a porté sur la stratégie. Solidaires a été la seule organisation nationale à défendre une stratégie de construction d’une grève générale reconductible et interprofessionnelle, la seule qui selon nous était à la hauteur des enjeux pour gagner. Deux points de vue se sont confrontés dans l’intersyndicale. Le premier était porté par Solidaires et la FSU qui sur la base de l’analyse que l’attitude du gouvernement rendait l’affrontement inévitable, visait à en construire les conditions.

Ainsi, nous avons d’abord insisté sur le fait qu’il fallait créer une dynamique de mobilisation en ne répétant pas l’erreur de 2009 qui avait vu l’intersyndicale programmer des journées très espacées. Il fallait au contraire, en s’appuyant sur le succès d’une journée, rebondir très vite pour permettre d’amplifier la mobilisation et créer ainsi, journée après journée, un climat de crise sociale dans le pays.

- De l’importance du rythme

Ce débat s’est cristallisé après le succès historique du 7 septembre. Alors que le gouvernement pensait que cette journée marquerait le début de la fin pour le mouvement, pas loin de 3 millions de personnes manifestaient dans toute la France. Le vote de la loi à l’Assemblée nationale étant prévu pour la mi-septembre, Solidaires proposa qu’une nouvelle journée, le samedi ou en semaine, ait lieu avant cette échéance, pour profiter de la dynamique créée par la réussite du 7 septembre. Bien qu’appuyé par la FSU, cette idée fut refusée par les autres organisations syndicales qui préférèrent la date du 23 septembre, ce qui amena Solidaires à ne pas signer le communiqué commun (accepté au final par la FSU). Il aura fallu attendre l’après 2 octobre, après donc le vote à l’Assemblée nationale, pour que se suive une série de journées de mobilisations rapprochées.

Au-delà du problème du rythme des journées nationales de grèves et de manifestations, une seconde question se posait. Une suite de journées, même massivement suivies, suffiraient-elles à faire céder le président de la République ? Au vu de l’intransigeance affichée et de l’enjeu du dossier, il était clair que la réponse à cette question était négative.

D’où le fait que Solidaires ait mis dans le débat parmi les salarié-e-s la question de la grève reconductible. Celle-ci ne se décrète pas par le haut et doit être décidée directement par les salarié- e-s concernés. Mais il est du rôle des organisations syndicales de poser cette question aux salariés, ce que l’intersyndicale s’est refusée à faire.

- Élargissement et radicalisation

Lors des rares discussions sur ce sujet dans l’intersyndicale, des arguments ont été invoqués, notamment par la CGT, pour refuser cette perspective : celui du refus de la grève par procuration et la mise en avant d’une opposition factice entre élargissement et radicalisation. La CGT indiquait qu’elle était opposée au fait que seuls certains secteurs démarrent en grève reconductible, un départ en grève devant se faire, pour cette organisation, tous en même temps. Cet argument s’appuie sur une crainte qui n’est pas sans fondement, celle que les secteurs les plus avancés restent isolés et s’épuisent. Il méconnaît cependant la logique d’un départ en grève reconductible. Une telle grève diffère fondamentalement d’une grève de 24 heures, non seulement par sa durée, mais par les conditions de son déclenchement. Autant une grève interprofessionnelle de 24 heures n’est concevable que « tous ensemble », autant une grève reconductible ne peut partir que des secteurs les plus organisés et les plus mobilisés.

Ceux-ci, à un moment donné, et parce que les circonstances s’y prêtent, peuvent entraîner les salarié-e-s des autres secteurs d’autant plus facilement qu’une impulsion unitaire y incite, même si évidemment il n’existe aucune garantie absolue en la matière. Toute stratégie contient nécessairement une part d’incertitude et vouloir l’éliminer avant d’agir ne peut que mener à la paralysie. Par ailleurs, si on veut que tout le monde parte en grève en même temps, cela ne peut que se faire par un appel national… que la majorité de l’intersyndicale refusait de lancer.

Enfin un autre point de divergence est apparu alors que se multipliaient les opérations de blocage organisées unitairement au niveau local et les grèves reconductibles dans certains secteurs.

L’intersyndicale a refusé, de soutenir explicitement ces mouvements, ce qui a amené Solidaires à ne pas signer le communiqué du 21 octobre. De plus, ce communiqué parle du « respect des biens et des personnes », ce qui sonnait comme une condamnation des actions de blocages alors que celles-ci se développaient.

Le bilan global de l’intersyndicale est donc contradictoire. D’une part, l’unité syndicale a été la condition indispensable du caractère massif d’un mouvement qui dure. Elle a embarrassé le pouvoir et a fortement redonné de la crédibilité à un syndicalisme historiquement divisé. D’autre part, le refus affirmé de la majorité de l’intersyndicale d’aller vers un affrontement, les divergences entre organisations l’ont empêché de promouvoir une stratégie efficace pour gagner. Cette contradiction, qui risque de perdurer dans l’avenir, pose la question de la stratégie de Solidaires.

- La stratégie de Solidaires

Une stratégie se définit par rapport à ses objectifs, et en fonction de la réalité, dont les moyens dont dispose une organisation pour mettre en oeuvre cette stratégie. L’objectif de Solidaires était double. D’une part, empêcher une nouvelle régression en matière de retraite.

Au vu du contenu du projet de loi, cet objectif s’est traduit pour nous par l’exigence de son retrait. D’autre part, nous ne nous satisfaisons pas de la situation actuelle en matière de retraite, d’où notre exigence d’une véritable réforme des retraites qui passait, entre autres, par revenir sur les mesures Balladur et la loi Fillon de 2003. Il s’agissait donc d’objectifs ambitieux, qui, pour être réalisés, devaient s’appuyer sur une mobilisation de très haut niveau.

Plusieurs obstacles se dressaient devant nous pour la mise en oeuvre de cette perspective. Le premier renvoyait au fond du dossier. Face à la propagande gouvernementale, il fallait être capable d’envoyer un message clair pouvant être porté le plus largement possible. Compte tenu des divisions syndicales sur le sujet, il était impossible qu’un tel message fut porté par l’intersyndicale et ce d’autant plus que pendant toute une période, la question des retraites n’a été pour elle qu’une question parmi d’autres.

- La bataille des idées

L’appel initié par Attac et la fondation Copernic « Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites » a permis de lever en partie cet obstacle. Certes, le nombre de signatures syndicales n’était pas satisfaisant : engagement fort de Solidaires, moindre de la part de la FSU (la secrétaire générale n’a pas signé l’appel), peu de signatures CGT. Cependant, cet appel a été largement signé par des intellectuel- le-s, un grand nombre d’économistes largement reconnus dans leur milieu et par un large éventail de personnalités de forces politiques de gauche et écologistes. La qualité des signataires et leur nombre traduisant la conscience de l’enjeu de société de la bataille sur les retraites.

Cet appel a permis de cadrer d’emblée les axes de notre bataille : le refus de la fatalité démographique et le partage de la richesse produite. Il a représenté un outil utile à la mobilisation en montrant, au moins à une partie de la population, qu’une autre politique était possible.

Le second obstacle résidait dans la nécessité d’engager le plus rapidement possible un travail de mobilisation citoyenne, visant à mettre la question des retraites au centre du débat public. Le rythme et la pluralité des thèmes avancés lors des journées de grèves et de manifestations de l’intersyndicale ne contribuaient que très partiellement à le faire. L’appel Attac- Copernic allait permettre de dépasser en partie ces limites. En effet, sur la base de l’appel, des collectifs unitaires locaux, à géométrie variable, ont commencé à se mettre en place et un travail de mobilisation citoyenne a pu être ainsi engagé qui s’est traduit par des centaines de réunion publiques, commencées dès avant l’été, certaines prenant la forme de meeting unitaires, d’autres de réunions centrées sur l’analyse du projet. Ces éléments ont indéniablement contribué à la prise de conscience des enjeux et à préparer les esprits à la nécessité de la mobilisation, même si ces réunions n’ont en général réuni que la frange militante large. Au plan syndical Solidaires et FSU se sont investis nationalement dans cette campagne, rejointes parfois par la CGT locale.

- Affrontement central avec le pouvoir

Pour Solidaires, il s’agissait de préparer un affrontement central avec le pouvoir. Affrontement que l’intransigeance du président de la République rendait inévitable. Pour cela, nous avons mis en débat, parmi les salarié-e-s, l’idée de grèves reconductibles. De plus, nous avons essayé de faire en sorte que les journées de grèves et de manifestations décidées par l’intersyndicale soient un point d’appui La stratégie de Solidaires pour permettre d’enclencher une dynamique de confrontation.

Malgré leurs limites - rythme trop espacé, pluralité des thèmes abordés -, les trois journées de grèves et de manifestations d’avant les vacances (23 mars, 27 mai, 24 juin), auxquelles il faut rajouter le 1er mai, ont permis une forte montée en puissance du mouvement. Cependant celle ci n’a aucunement ralenti le rythme du gouvernement qui a fait adopter le 13 juillet son projet de loi en Conseil des ministres avec l’objectif d’un vote à la mi-septembre à l’Assemblée nationale.

Avec un appel à une nouvelle journée de grèves et de manifestations dès le 7 septembre, l’intersyndicale semblait prendre conscience que le temps était compté.

Pour Solidaires, il était clair qu’il fallait alors accélérer le rythme des mobilisations pour essayer d’installer un climat de crise sociale avant le vote de l’Assemblée. D’où notre proposition sur la base du succès du 7 septembre, d’une nouvelle journée dans un délai très rapide. Le refus des autres organisations (sauf la FSU) et la décision d’attendre le 23 septembre nous a fait perdre un temps précieux et a permis que l’Assemblée Nationale puisse voter le projet de loi relativement tranquillement. Les rapports de forces au sein de l’intersyndicale ne nous ont donc pas permis d’en dépasser les limites, et ce d’autant plus que, si la question de la grève reconductible commençait à être discutée dans certains secteurs, aucun mouvement significatif n’a eu lieu à cette date. Il a fallu attendre la journée du 12 octobre pour que s’enclenchent des mouvements de grève reconductible, notamment à la SNCF et dans les raffineries et que se mettent en place des opérations de blocage décidées unitairement localement, alors même que le processus législatif touchait à sa fin.

Pour essayer de lever ces obstacles, nous avons participé, autour du 23 septembre, au lancement d’un appel de syndicalistes unitaires pour la grève générale, l’exigence d’une autre répartition des richesses et la nécessité pour les syndicalistes de lutte de s’organiser dans la durée au-delà des appartenances syndicales. Ce premier appel, dans une période où il n’y avait pas encore de mouvement reconductible, est resté trop limité. Cela nous a conduit à reposer la question quelque temps plus tard ; un nouvel appel a été lancé dans la semaine du 12 octobre, centré sur la nécessité d’un mouvement reconductible, et a été plus largement signé. Malgré les centaines de signataires (Solidaires, CGT, FSU, CFDT, FO, CNT, STC, UGTG, CDMT, LAB), ces appels ont été très peu utilisés alors qu’ils auraient pu être utiles pour peser sur la stratégie majoritaire dans l’intersyndicale.

Conclusion

Ce mouvement social a permis de tisser des liens interprofessionnels et intergénérationnels. Il a redonné de la légitimité à la lutte, à la grève, aux manifestations et aux actions de blocage… Cette force du mouvement social devrait se retrouver dans les combats futurs. Ce mouvement a montré que le syndicalisme est un outil indispensable. Mais cet outil doit être amélioré, mieux adapté aux enjeux. Lieu de convergence, de débats et d’unité de l’ensemble des salarié-e-s, le syndicat doit être plus fort dans les entreprises où il existe, et nous devons en créer là où il n’y en a pas ou plus. Ce mouvement montre l’importance du syndicalisme interprofessionnel : coordination de l’information, appui et extension des luttes, connaissance des statuts de chacun pour mieux lutter contre la division qu’instaure le patronat, solidarité, décisions collectives à la base, … Pour permettre à plus de salarié-e-s de s’engager, il faut leur proposer de l’information et de s’investir concrètement dans l’action syndicale et dans les luttes. L’Union syndicale Solidaires voit actuellement la création de nouveaux syndicats, la mise en place de nouvelles structures interprofessionnelles locales. Développer la syndicalisation, c’est contribuer à nos prochaines victoires sociales !

Le mouvement social n’a pas réussi à bloquer la contre-réforme des retraites. En ce sens, le pouvoir a gagné. Mais les conditions de sa victoire font que celle-ci risque fort d’être une victoire à la Pyrrhus.

En effet, le gouvernement ressort totalement isolé et ce n’est pas la caricature de remaniement ministériel qui va changer cette situation. Le mouvement syndical, malgré des divergences est resté uni et son action a été massivement soutenue par la population. Des points fondamentaux ont été installés dans le débat public, comme le partage de la richesse produite, la question des inégalités hommes femmes ou celle de la pénibilité du travail.

Ils ne disparaîtront pas. Au-delà même de la question des retraites, s’est cristallisé un refus global des politiques néolibérales menées depuis des années. Ce mouvement a posé plus fondamentalement la question des alternatives. Il appartiendra au mouvement syndical de participer à leur élaboration.
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Nico37 » 23 Déc 2010, 13:34

Des victoires dans la défaite ? Tirer les enseignements d’une grève trahie in Le Monde libertaire hors-série n°40 (23 décembre 2010-23 février 2011)

Ça devait être la « grande bataille ». Un grand mouvement. Enfin gagner face au gouvernement et au patronat. Une victoire, enfin… L’espoir aussi que dans ce mouvement s’amorce « autre chose » que des manifs traîne-savates et des journées d’action sans lendemain. L’espoir de voir s’ouvrir, comme souvent dans de grands mouvements sociaux ou dans la grève générale, une brèche dans l’aliénation quotidienne. Que tous ceux qui, isolés dans l’exploitation, se retrouvent enfin, discutent, échangent, s’ouvrent à des idées folles d’utopies et de révolutions, se disent que la vie c’est ça, être ensemble et solidaires.

Lors du mouvement social de 1995, on pouvait penser qu’une génération avait découvert le goût du combat social, avait vécu des moments intenses. Comment oublier ces cortèges où les cheminots étaient acclamés comme des héros, ces assemblées générales enflammées et la rue où tant de gens marchaient et parfois se retrouvaient enfin ? Comment oublier ces manifs où le capitalisme commençait à être montré du doigt, et où, en rupture avec la novlangue néolibérale, des travailleurs se ré-identifiaient au prolétariat ?

Je n’ai pas vécu ni ressenti ce souffle, ni cette dimension lors de ce dernier mouvement pour les retraites. Il y a eu pourtant des temps forts, à Marseille notamment, et des grévistes courageux et déterminés dans les transports, les raffineries et d’autres secteurs. Mais il faut bien faire les comptes : des grévistes peu nombreux. Et nous avons pu faire là un état des lieux, grandeur nature, des forces qui étaient prêtes à livrer une lutte d’ampleur. Il y a bien eu des lycéens, des étudiants, quelques émeutiers en banlieue, mais là aussi le nombre n’était pas au rendez-vous.

En 95, les prolos avaient occupé seuls le devant de la scène, exit les politiciens ! Là, au contraire, la gauche occupa le terrain en étant bien présente dans les manifestations. Du coup le mouvement a pris une tournure politique, au sens politicien, au détriment de sa dimension sociale. La présence des partis de gauche signifiait déjà que l’issue du combat n’était pas dans la grève, mais dans les urnes. Un air de défaite avant l’heure, en quelque sorte.

Beaucoup de gens pensent qu’un mouvement social se mesure au nombre de participants aux manifestations. Des manifestations que le gouvernement devra bien entendre… En croyant cela, en participant à une démarche « démocratiste » (nous sommes légitimes donc nous serons écoutés) à côté des partis de gauche, on est dans la logique médiatique des sondages d’opinion et bien loin de la réalité de la lutte des classes et d’un combat fondé sur un rapport de force.
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Nous avons vécu là une cinglante défaite. Pas question – personne n’en a eu l’idée – de crier après cette déroute : « Ce n’est qu’un début continuons le combat ! »

La guerre de classe est bien cruelle… « La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter. » C’est Warren Buffett, l’un des hommes les plus riches du monde, qui s’exprimait ainsi. Cette croyance démocratique est une des causes qui font qu’il y a une classe, la bourgeoisie, qui est une classe au combat, et l’autre, la classe ouvrière, qui est en partie désarmée, impuissante.

Il faut se méfier (je suis tombé dans le piège !) des images hautes en symboles et en couleurs. Derrière le rouge des drapeaux de la CGT et le feu des braseros, la solidarité et la convivialité (bien réelles) sur les blocages et les piquets de grève, il y avait une logique d’appareils syndicaux qui avaient déjà programmé le choix de la défaite. S’il pouvait y avoir une victoire dans la défaite, ce serait de tirer les enseignements de ce mouvement.

Mai 1968, à chaque occasion, est sur toutes les lèvres. Mais mai 1968 entretient l’idée qu’une étincelle peut mettre le feu aux poudres (c’est une possibilité), mais enferme nombre de personnes dans un mythe et la célébration d’un passé en les éloignant d’une autre possibilité toute pragmatique : la grève générale, ça se prépare ! Et, pour la préparer sérieusement, il ne faut pas s’en remettre aux politiciens, aux bureaucrates, aux autoritaires de tout poil, aux chefs et aux spécialistes, mais construire à la base des outils de lutte autogérés et la nécessaire solidarité. Pour être à nouveau une classe au combat, pour ne plus subir.

Laurent, groupe libertaire d’Ivry de la Fédération anarchiste
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 23 Déc 2010, 17:05

Pour avoir participé au mouvement et m'être interessé aux formes d'auto-organisations, je trouve cet article très pauvre. Quant au fait de parler de "trahison" pour les directions syndicales, c'est pas vraiment le mot que j'emploierait parce qu'il n'y a rien eu de surprenant, et çà laisse penser que ces directions syndicales pourraient être autre chose que ce qu'elles sont devenues. Quant au fait que la personne qui écrit n’aie pas vécu ni ressenti de souffle, c'est un peu pareil, parce qu'il se sentait dans les manifs, les secteurs en grève, les blocages, même s'il n'y a pas eu grève générale, pour x raisons, et n'aborde pas la question de l'auto-organisation qui pourtant a été bien réelle, qui ouvre de nouvelles pistes d'organisation collective, et qui a participé à amener comme un souffle nouveau. Et c'est pourtant là que çà se passe, et qu'il y a un enjeu, pas vraiment du côté des appareils syndicaux ou politiques. De ce côté on pourrait juste dire qu'il est important de développer le syndicalisme de lutte et de transformation sociale (SUDs, CNT), tout en portant au sein de Solidaires un débat sur ce qui amène à cautionner ces stratègies syndicales foireuses au sommet.
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 26 Déc 2010, 13:03

Caisses de solidarité, infos de Lyon et Caen :

Quelques informations sur l’activité de la Caisse de Solidarité ces dernières semaines

Petit rappel des faits. Au mois d’octo­bre der­nier, Lyon a connu une de ses révol­tes socia­les les plus fortes depuis plu­sieurs années. Des mani­fes­ta­tions mons­tres et des lycéens et lycéen­nes qui se joi­gnent au mou­ve­ment, et qui lui don­nent un carac­tère réso­lu­ment offen­sif : blo­cage de lycées, débraya­ges, manifs sau­va­ges, casse, affron­te­ments avec les flics. Le direc­teur dépar­te­men­tal de la sécu­rité publi­que, Albert Doutre, ne s’y trompe pas et évoque d’ailleurs, à propos de la jour­née du 19 octo­bre, « un échelon sup­plé­men­taire de fran­chi. Nous avons eu à faire à des com­por­te­ments pro­ches de la gué­rilla urbaine. Les dégra­da­tions des rues étaient sys­té­ma­ti­ques. »

Le pou­voir s’affole et parle « d’exac­tions de près de 1300 cas­seurs » pour la jour­née du 19 octo­bre. Rien que ça. Au fil des manifs, des cen­tai­nes de poli­ciers se met­tent à qua­driller quo­ti­dien­ne­ment la presqu’île, notam­ment la place Bellecour, lieu de ras­sem­ble­ment habi­tuel des lycéens. Sont mobi­li­sés également un héli­co­ptère de la gen­dar­me­rie, le GIPN et des canons à eau.

Selon les chif­fres de la pré­fec­ture, il y a eu 322 inter­pel­la­tions au plus fort du conflit (entre le 14 et le 22 octo­bre). Une soixan­taine de juge­ments sont déjà tombés, à la fois en com­pa­ru­tion immé­diate (une ving­taine) et devant le tri­bu­nal pour enfants (plus de qua­rante selon sa pré­si­dente). Beaucoup de peines de prison ferme (25 selon la pré­fec­ture dont la moitié avec mandat de dépôt [1]) , énormément de sursis et des amen­des exor­bi­tan­tes pour les flics le reste du temps. Les majeurs condam­nés à de la prison ferme ont majo­ri­tai­re­ment été envoyés à la maison d’arrêt de Corbas (un est à Villefranche) tandis que les mineurs condam­nés à du ferme ont été envoyé à l’EPM (Établissement Pénitentiaire pour Mineurs) de Meyzieu. Le pro­cu­reur géné­ral de Lyon, Jean-Olivier Viout, avait par ailleurs annoncé son inten­tion de faire appel des peines de prison avec sursis lors­que les juges n’avaient pas suivi les réqui­si­tions du par­quet qui deman­dait de la prison ferme. C’est chose faite. Les procès en appel ont com­mencé le 30 novem­bre [2] et vont se pour­sui­vre au moins jusqu’au 18 jan­vier [3]... Quand on connaît l’extrême sévé­rité de la Cour d’Appel de Lyon, on peut penser que cer­tains ris­quent de ramas­ser des peines de prison et des amen­des encore plus lour­des qu’en pre­mière audience. Les ver­dicts devraient tomber fin jan­vier-début février. En plus de ça, les enquê­teurs lyon­nais sont sur les dents et recher­chent encore du monde. Des arti­cles du Progrès datant de décem­bre rela­tent que 6 mineurs ont récem­ment été arrê­tés par la direc­tion dépar­te­men­tale de la sécu­rité publi­que. Mieux : les flics affir­ment avoir cons­ti­tué grâce à la vidéo-sur­veillance (ainsi qu’aux vidéos qu’ils ont faites) une soixan­taine de dos­siers avec des gens for­mel­le­ment iden­ti­fiés [4]. On devrait donc s’atten­dre à voir d’autres arres­ta­tions dans les temps qui vien­nent. Pour mettre des noms sur les visa­ges, des flics vont par­le­men­ter dans cer­tains lycées avec les admi­nis­tra­tions en leur deman­dant de reconnaî­tre leurs élèves. Certains accep­tent de col­la­bo­rer, d’autres non.

Il faut bien voir que que si le temps de la révolte est (pro­vi­soi­re­ment) achevé, le temps judi­ciaire, le temps de la peine, lui, n’est pas fini. Certain.e.s inter­pellé.e.s ne sont pas passés en com­pa­ru­tion immé­diate tout de suite mais ont reçu des convo­ca­tions ulté­rieu­res (l’un par exem­ple pour le mois de juin 2011). Sans parler de celles et de ceux qui ont ramassé du sursis et qui pas­sent actuel­le­ment en Cour d’Appel, de tous ceux qui doi­vent main­te­nant effec­tuer leur peine de prison en taule. Le par­quet est allé jusqu’à faire appel pour un jeune de 22 ans, actuel­le­ment encore en déten­tion, qui s’était ramassé 3 mois de prison ferme pour jet de pro­jec­ti­les, esti­mant que la sanc­tion n’était pas assez forte. Ainsi toutes les per­son­nes qui ont vu des arres­ta­tions vio­len­tes et/ou qui peu­vent contre­dire les allé­ga­tions poli­ciè­res sont invi­tées à se faire connaî­tre auprès de la Caisse de Solidarité. Les témoi­gna­ges de mani­fes­tant.e.s, ou de gens qui pas­saient par là, sont en effet cru­ciaux pour les procès en train de se dérou­ler.

Concernant la soli­da­rité finan­cière, elle reste essen­tielle. Les très nom­breux dons sont uti­li­sés pour les frais de jus­tice et l’envoi de man­dats aux pri­son­niers. Pour cette fin d’année 2010, plus de 1200 euros ont déjà été envoyés, sous formes de man­dats, à huit per­son­nes ayant fini en prison (une partie y est encore). Les man­dats envoyés sont géné­ra­le­ment de 80 euros, par­fois un peu plus. Et les avo­cats qui deman­dent 1000 euros d’hono­rai­res lors du pre­mier pas­sage en com­pa­ru­tion immé­diate, et encore plus en appel, ne sont pas si rares que ça. Une dizaine de per­son­nes ont reçus entre 200 et 500 euros pour les frais d’avo­cats.

À la base, la Caisse de Solidarité se veut, sur la région lyon­naise, l’outil ser­vant à sou­te­nir les vic­ti­mes de vio­len­ces poli­ciè­res et tous les inculpé.e.s des mou­ve­ments de lutte. Elle sert concrè­te­ment à s’orga­ni­ser face à la police et à la jus­tice, face aux arres­ta­tions, aux contrô­les d’iden­tité qui finis­sent par des pas­sa­ges à tabac et des accu­sa­tions d’« outrage et rébel­lion ». Parce qu’il est inen­vi­sa­gea­ble de recréer à chaque mou­ve­ment social, à chaque tabas­sage poli­cier un nou­veau col­lec­tif pour pro­tes­ter contre tel ou tel abus, cet outil a vu le jour. Ce qui fait la dif­fé­rence d’avec les comi­tés anti-répres­sion, c’est que la Caisse ne suit pas une affaire en par­ti­cu­lier jusqu’à son dénoue­ment mais qu’elle est une struc­ture pérenne dans le temps dont tout un.e chacun.e peut par­ti­ci­per. Elle accu­mule des savoir-faire, de l’argent, des contacts avec des avo­cats, bref : des pra­ti­ques d’entraide face à la police et à la jus­tice.

L’état des lieux des gestes qui font la Caisse de Solidarité est vaste : ça va de coller des affi­ches, à dif­fu­ser les tracts de conseils en manif, tenir des tables de presse dans les concerts, faire tour­ner le numéro le plus lar­ge­ment pos­si­ble, appe­ler en cas d’arres­ta­tions, récol­ter des thunes, etc.

Qui par­ti­cipe de la Caisse ? C’est aussi bien un bras­seur qui offre un fût de bière pour une soirée, que des étudiant.e.s qui font tour­ner des tracts dans une manif ; aussi bien des gens qui s’orga­ni­sent finan­ciè­re­ment pour récol­ter de l’argent que d’autres qui vont de temps en temps au palais de jus­tice assis­ter aux com­pa­ru­tions immé­dia­tes pour en faire des comp­tes-rendus. Un peu n’importe qui en somme.

Ces der­niè­res semai­nes, l’acti­vité de la Caisse a consisté à sou­te­nir les inculpés du mou­ve­ment d’octo­bre. Le sen­ti­ment diffus qu’il fal­lait dans cette situa­tion, en très peu de temps, récol­ter des sous pour sou­te­nir les inter­pel­lés a trouvé à se concré­ti­ser en de mul­ti­ples façons. La Caisse de Solidarité n’a fait que cen­tra­li­ser toutes ces ini­tia­ti­ves. Que ce soit à l’occa­sion de soi­rées, de bouf­fes, de mani­fes­ta­tions ou de dif­fu­sions de tracts dans la rue, plu­sieurs mil­liers d’euros ont été récol­tés. Cet argent pro­vient d’un peu par­tout : d’ano­ny­mes qui pren­nent l’ini­tia­tive de récol­ter des sous sur un marché ou d’orga­ni­ser des concerts, des bars qui rever­sent l’inté­gra­lité de leur recette d’un soir à la Caisse, des restos qui met­tent en place une caisse de dons pour les inculpés, des établissements d’ensei­gne­ment supé­rieur qui pui­sent dans les cais­ses de grève du der­nier mou­ve­ment, des ventes de soupe en centre-ville, de petits pro­duc­teurs qui offrent leur vin ou leur bière, une sec­tion syn­di­cale qui s’orga­nise pour récol­ter des sous auprès de tra­vailleurs, ou encore un jour­nal de lutte qui redonne son béné­fice, etc. Dans tout ça, la Caisse se veut un outil qui, de par son expé­rience, est à même de faci­li­ter le sou­tien aux inculpés. Rien de plus. Soutenir les inculpés, ça veut dire du sou­tien finan­cier face à la jus­tice : payer en partie ou en tota­lité les frais de jus­tice, les avo­cats. Écrire à ceux qui ont été envoyés en prison. Leur trou­ver des avocat.e.s com­pé­tent.e.s qui accep­tent de pren­dre l’aide juri­dic­tion­nelle [5], qui assu­rent de bonnes défen­ses en pre­nant le temps d’étudier pré­ci­sé­ment les dos­siers [6]. Prendre par­fois contact avec les famil­les, les pro­ches, aller les voir. Ça veut dire également conseiller juri­di­que­ment les inculpé.e.s et leurs pro­ches car bien sou­vent ils ne connais­sent pas grand chose au fonc­tion­ne­ment de la jus­tice. Ça veut dire tout sim­ple­ment se retrou­ver, dis­cu­ter et acter ensem­ble qu’il en faudra plus pour arrê­ter un mou­ve­ment.

La Caisse de Solidarité
06.43.08.50.32
cais­se­de­so­li­da­rite@riseup.net

P.-S.
Dans certains lieux à Lyon, on peut trouver des caisses pour alimenter la Caisse de solidarité : particulièrement à l’Autre Coté du Pont (25 cours Gambetta dans le 3e) et à la Gryffe (5 rue Sébastien Gryphe, dans le 7e).

Notes
[1] C’est-à-dire que la personne part directement en prison.

[2] Ce jour-ci, fait exceptionnel, le président du tribunal accepte de diffuser un enregistrement vidéo de l’hélicoptère datant du 19 octobre – ce qu’avait vivement refusé le juge en première instance. Ce qu’il faut retenir de ça, c’est que l’hélicoptère est capable de suivre dans la foule un individu en particulier sans problèmes et de donner des signalements très précis aux troupes à terre.

[3] Les dates des procès en appel (qui commencent à partir de 13h30) sont le 30 novembre, les 2, 7, 10, 14, 16 décembre et les 4, 6, 11, 13, 18 janvier à la Cour d’appel de Lyon, les 24 colonnes, située quai Romain Rolland, dans le Vieux Lyon

[4] Ils se sont aussi servis d’Internet : blogs, forums et FaceBook, là où certains, se croyant à l’abri, se vantent de leurs exploits.

[5] C’est une aide (250 euros) versée par l’État aux personnes à faibles ressources. Un commis d’office est obligé de l’accepter si la personne y a droit, mais un.e avocat.e choisi.e « volontairement » peut la refuser et exiger une plus grosse somme.

[6] Pendant les comparutions immédiates d’octobre, certains avocats ont plaidé des peines d’emprisonnement et des amendes identiques aux réquisitions du procureur.

http://rebellyon.info/Quelques-informations-sur-l.html


suite à la réunion du collectif retraites du 15/12/2010

Répartition des fonds collectés lors de la soirée de soutien aux grévistes le 05-11-2010

Les présents à la réunion décident de partager la somme de 3836,20€ en 2 parts égales, soit:
- 1918,20€ pour les personnels précaires de l'éducation nationale, somme gérée par Sud éducation en collaboration avec la FSU,
- 1918,20€ pour les grévistes de Plysorol à Lisieux.

Le bénéfice du bar restant à venir servira:
- à aider des intersyndicales d'entreprises ou d'administrations qui se feront connaître pour avoir engagé des gréves reconductibles
- à verser une part aux grévistes des industries pétrolières de la Haute Normandie ,
- éventuellement à servir de réserve , sachant que de nouvelles luttes peuvent survenir (par exemple concernant les décrets d'application de la loi scélérate votée).

La gestion du solde sera confiée à Solidaires ou la FSU

Dans tous les cas, il est bien précisé que ces aides iront à celles et ceux qui ont des problèmes financiers suite à des retenues sur salaire (hors journées de temps forts) et ce qu'ils soient ou non syndiqués.

http://forum.resistances-caen.org/viewt ... 195#p11097
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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 30 Déc 2010, 16:27

appel rassemblement vendredi 7 janvier secteur SNCF, 13h, Paris Place de Budapest, Métro Liège ou Saint-Lazare
texte de SUD-Rail :

Contre le décret « retraite » - SNCF

Tous et toutes au rassemblement vendredi 7 janvier devant le Conseil d'Administration de la CPRP


Le gouvernement et la direction SNCF veulent passer en force le décret de transposition de la réforme des retraites. S'ajoutant aux précédentes contre réformes (mise en place de la décote ; augmentation de la durée de cotisation, etc.), ce décret entérine un recul social sans précédent pour les cheminot-e-s.

Nous ne pouvons laisser passer ça sans rien faire !

Concrètement, ce décret pour les cheminots, ça veut dire quoi ?
Progressivement :

• L'âge d'ouverture des droits à la retraite passerait pour les cheminots de 55 à 57 ans (50 à 52 ans pour les ADC) c'est-à-dire un minimum de 2 années de travail supplémentaires.
• L'âge pivot passerait à 60 ans et 9 mois (55 et 9 mois ans pour les ADC).
• La durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein passerait à 41,25 annuités.
• Le taux de cotisation salariale passerait de 7,85% à 10,55%.
• Actuellement, les cheminots peuvent obtenir le montant minimum de pension (1065€ nets) avec 25 ans de service. Cette disposition ne serait plus possible que pour les cheminot-e-s qui ont une retraite à taux plein (165 trimestres) ou qui atteignent l'âge d'annulation de la décote.

SUD-Rail appelle les cheminots à se mobiliser pour combattre cette régression sociale intolérable et obtenir de véritables négociations sur :

• L'abrogation du système de décote.
• Le retour aux 37,5 annuités de cotisation.
• La péréquation de toutes les mesures salariales sur les pensions.
• La validation de tous les trimestres d'apprentissage.
• La reconnaissance des métiers à pénibilité avérée.
• Le rétablissement dans leurs droits des mères de familles polypensionnées.
• Le montant des pensions et du taux de réversion.

Les Fédérations Syndicales SUD-.Rail, CGT, UNSA, CFDT appellent les cheminot-.e-.s à un rassemblement à Paris (Place de Budapest) le vendredi 07 janvier à 13h00.

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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 02 Jan 2011, 17:34

Appel rassemblement contre repression Chambéry :

Relaxe pour les Six de Savoie ! Rassemblement le 27 janvier à Chambéry

Le 27 janvier, à 8h30, cinq militants syndicaux et un journaliste sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Chambéry : ils risquent jusqu’à 6 mois de prison ferme et une amende conséquente.

Le 2 novembre, à Chambéry, dans le contexte du mouvement de lutte contre la casse des retraites, une délégation de salariés et étudiants en lutte est allée rejoindre l’AG que tenaient les cheminots en grève. Le 6 décembre, cinq militants syndicaux de la CGT et de SUD et un journaliste, présents sur les lieux, ont été convoqués au commissariat où il leur a été annoncé qu’ils avaient été photographiés en train de traverser les voies et qu’ils étaient assignés devant le tribunal correctionnel de Chambéry le jeudi 27 janvier, à la suite d’une plainte de la SNCF pour « entrave à la liberté de circulation des trains ». Ils risquent 6 mois de prison ferme, une amende et 17 000 euros de dommages et intérêts que la SNCF leur réclame.

Le Collectif Chambérien Unitaire Interpro et Citoyen (CCUIC) exige l’arrêt immédiat des poursuites et appelle à un rassemblement de solidarité le jeudi 27 janvier, à 8h30, devant le palais de justice.

Collectif Chambérien Unitaire Interpro et Citoyen (CCUIC), 31 décembre 20

http://www.chambeenlutte.lautre.net/

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Re: Le 7 septembre, et après ?

Messagede Pïérô » 08 Jan 2011, 13:26

Deux initiatives à Lyon contre la repression :

Solidarité contre la répression à Lyon : manifestation & rassemblement

Le mouvement contre la réforme des retraites a connu à Lyon une importante répression policière et judiciaire. La répression est leur arme, la solidarité est la notre !

Manifestation contre la répression samedi 15 janvier 14h Terreaux
Rassemblement au TGI mardi 18 janvier 14h


Appel à mobi­li­sa­tion de sou­tien contre la répres­sion et les procès poli­ti­ques

Le mou­ve­ment contre la réforme des retrai­tes a pris à Lyon, à la fin du mois d’octo­bre, une ampleur sans pré­cé­dent, entre blo­cage économique des gré­vis­tes et mani­fes­ta­tions lycéen­nes. Face à ce phé­no­mène, aux liens se tis­sant entre les dif­fé­rents acteurs/actri­ces de cette lutte et aux des­truc­tions maté­riel­les qu’occa­sion­nè­rent les mani­fes­ta­tions en centre ville (les fameux « cas­seurs » des jour­naux télé­vi­sés), la pré­fec­ture et l’État ont répondu avec un déploie­ment poli­cier iné­galé : 800 CRS et gardes mobi­les, BAC, blin­dés de la police avec lance à eau, héli­co­ptère, GIPN, etc..

La répres­sion a été orches­trée poli­ti­que­ment dans le but de stop­per net le mou­ve­ment. La meilleure preuve de cette évolution reste l’enfer­me­ment le jeudi 21 octo­bre, pen­dant plu­sieurs heures, de plus de 600 per­son­nes sur la place Bellecour, trans­for­mée en prison à ciel ouvert, où pleu­vaient lacry­mos et lance à eau, sans pos­si­bi­lité de répit ou de sortie.

Le bilan de cette répres­sion a de quoi faire peur : plus de 300 arres­ta­tions en moins de deux semai­nes et des dizai­nes de bles­sé‑e-s. Depuis, les condam­na­tions pleu­vent : prison pour beau­coup, dom­ma­ges et inté­rêts pour les poli­ciers, amen­des, etc…

D’autres procès poli­ti­ques sont en cours ! Le mardi 18 jan­vier 2011 trois com­pa­gnons liber­tai­res et anti­fas­cis­tes, pour­sui­vis pour avoir voulu sou­te­nir les piquets de grève alors qu’une mani­fes­ta­tion fas­ciste mena­çait les gré­vis­tes. Ils pas­se­ront en procès au Tribunal de Grand Instance de Lyon. Poursuivis sous le pré­texte fal­la­cieux d’« attrou­pe­ment armé », c’est pour avoir fait preuve de soli­da­rité avec les gré­vis­tes que la jus­tice veut les condam­ner.

Contre cette répres­sion notre arme est la soli­da­rité face à la machine judi­ciaire. Soutenir les nom­breux inculpé-e-s, par notre pré­sence lors des procès ou par notre sou­tien finan­cier et conti­nuer à dif­fu­ser l’infor­ma­tion sur ce qui c’est réel­le­ment passé à Lyon, loin des cari­ca­tu­res média­ti­ques de la presse bour­geoise. Mais aussi pour­sui­vre la lutte, au delà de la simple réforme des retrai­tes, sous les nom­breu­ses formes que celle-ci pren­dra pas la suite, prou­ver que nos luttes ne peu­vent être abat­tus par la répres­sion poli­cière et judi­ciaire.

La soli­da­rité et l’infor­ma­tion sont des armes, nos armes !
Abandon des pour­sui­tes pour tou-te-s les inculpé-e-s !


Manifestation contre la répres­sion
Samedi 15 jan­vier
14h00 Départ place des Terreaux

Rassemblement devant le TGI
mardi 18 jan­vier
14h00 (Point de rendez-vous à 13h30 pour celles et ceux qui sou­hai­tent les sou­te­nir à l’inté­rieur)


Premiers signataires : CGA-Lyon, UD CNT 69, OCL, UPC, FSE, JCML69, ROCML69
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Pïérô
 
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