CNT-f

Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede Pïérô » 10 Juin 2010, 00:17

Pour répondre à une question de Freakers, tout en reprécisant qu'il y a sur ce forum des individus et participant-es qui ne représentent qu'elles et eux mêmes, il y a à AL de plus en plus de militant-es syndiqué-es à la CNT ou/et inversement de plus en plus de syndiqué-es à la CNT qui, ne mélangeant pas l'espace syndical et l'espace de l'organisation spécifique, s'organisent aussi à AL. Et ce que tu dis sur la place faite à la CNT dans les pages du journal est partagé, c'est dit depuis un moment saches le, il n'est dons pas impossible de voir de ce côté une évolution.

Tu parles de la lutte qui se mène à People and baby, il y a d'ailleurs un topic sur cette question sur le forum, viewtopic.php?f=72&t=3865&start=0, et il est clair que pour moi cette lutte est exemplaire, et il y en à d'autres (menées aussi par des sections CGT combatives), mais je pense que c'est plutôt significatif aussi d'un rapport au syndicalisme et aux luttes qui évolue dans le bon sens au sein de la CNT. On le voyait déjà dans le batiment, qui est un peu fer de lance en ce moment, j'ai eu l'occasion de rencontrer très récemment lors d'une manif nationale dans le champ santé-social des camarades de la CNT 69 qui ont fait un gros boulot d'implantation, et tout ceci fait signes significatifs et positifs. La question des coopératives m'interesse aussi, et surtout dans un champ syndical qui se restreint surtout à de la défensive et de la revendication, parce que la question de la socialisation doit aussi se poser en pratiques réelles, en dynamique offensive et de réappropriation collective et autogestionnaire, et en dynamique intermédiaire vers la révolution sociale. Et là aussi il est clair que nous avons beaucoup de choses à partager, et ce forum peut être un des espaces de ce débat et de cette nécessaire réflexion collective à mener, et que nous avions sur ce forum aussi lancé là : viewtopic.php?f=72&t=2552

Je ne suis pas exactement "syndicaliste", mais communiste-libertaire, "conseilliste" au sens historique et libertaire du terme, et me réfère à un certain syndicalisme révolutionnaire quand j'en juge l'utilité, parce que pour moi ce type d'espace ne se suffit pas en lui même, contrairement à ce que beaucoup d'anarchistes et surtout anarcho-syndicalistes ont malheureusement laissé entendre dans l'histoire du mouvement ouvrier. Mais parce que j'ai jugé utile de participer aussi à l'organisation collective sur le terrain du monde du travail, que je partage avec Pouget la formule qu'il applique à sa manière de voir le syndicalisme en "gymnastique révolutionnaire", et que les SUDs offraient un espace qui à mes yeux n'existait pas auparavant, je me suis inscrit dans cette dynamique. Et puisque je parle de dynamique, je peux être très critique vis à vis de certaines positions tenues par mon syndicat et par Solidaires, l'union syndicale, comme vis à vis de la CNT, et évidemment pas pour les mêmes raisons. Pour moi tout est politique et je pense aussi l'espace syndical en espace bien évidemment politique au sens globaliste, anticapitaliste, révolutionnaire et en terme d'appropriation la plus large possible, c'est à dire par le plus grand nombre, de ces questions de choix de société. Je me retrouve dans pas mal de choses déjà dites auparavant par rapport à la CNT, dans ce qui porte justement sur la question de la différenciation des espaces, et donc dans ce qu'en dit aussi Freakers dans ce domaine, et de l'importance de penser espace large, le plus possible, ce qui ne veut pas dire sans contenus révolutionnaires, ce que l'on appelle un espace "syndical" avec un peu de monde quand même, et je pense qu'il est important aussi de penser organisation anarchiste-révolutionnaire et communiste-libertaire aussi en nécessité, et évidemment non pas en avant garde éclairée mais en espace spécifique parmi d'autres et en pluralité. Ceci pour moi fait de la CNT comme des SUDs des espaces à continuer à développer évidemment sans esprit de concurence, et en complémentarité, avec des convergences évidentes non seulement à relever mais aussi à pratiquer, dans ce que berberi appelle un front syndical, mais que je préfère appeller front social, parce qu'il n'y a pas que des syndiqué-es chez celles et ceux qui se bougent et que celà dépasse le monde du travail proprement dit, qu'il nous faut participer à construire, ensemble.
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede Freakers » 11 Juin 2010, 14:29

berneri a écrit:Le problème pour la CNT c'est pas le fait d'avoir un projet de société et une identité idéologique c'est le fait que la CNT est "prise sous le regard et le jugement des anars" en son sein ou au dehors, organisés mais surtout non organisés. Celà ce manifeste par des critiques et des dénonciations de réformismes, des aboiements à la dérive, dès que la CNT cherche à avoir des pratiques qui ne sont pas celles doctrinement plebiscitées dans les textes sacrés de certains anars... La CNT a tout à gagner pourtant à maintenir son projet de société , ses pratiques sans pour autant se priver de concessions qui ne soient pas des compris mais qui lui permettent d'exister et d'être ouverte A TOUS LES TRAVAILLEURS... et contrairement à Solidaires (où je suis) son atout sera le fait que les compromis soient soumis à de réelles débats , à de réelles instances democratiquement contrôlées car de ce côté là SOlidiares a beaucoup de progrès à faire au niveau national.




+10000000000000000


Le truc, c'est que les sr, les as et les libertaires conséquents l'ont compris, peut être que récemment, et le congrès de Lille de la CNT montre bien que ces problématiques n'étaient pas anecdotiques dans notre réflexion.

Perso, je pense même que la loi de 2008 peut nous avantager sur la question de l'implantation, surtout dans les PME-PMI.

A nous de savoir l'utiliser.
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede Freakers » 11 Juin 2010, 14:37

berneri a écrit:Pour moi qui aie été un militant CNT, la fenêtre de tir pour faire une organisation de masse syndicaliste et révolutionnaire me semble passé. Cela dit si la CNT sait être souple en restant elle même, s'adapter au contexte de difficultés pour les luttes aujourd'hui, s'adpater pour s'adresser à tous les travailleurs, accepter les militants dans leurs diversités et leurs imperfections, être un lieu d'émancipation et non d'adhésion idéologique prérequise, ... alors elle pourra être un outil utile pour les travailleurs et pour la lutte contre le capitalisme et son abolition.

Pour ma part je pense qu'aucune organisation ne peut substituer complètement par sa radicalité, la capacité de lutte des travailleurs à un moment T, aussi par exemple malgré toutes les propositions de participations aux luttes locales que nous proposons dans ma section aux travailleurs face à leur difficultés, celles lancées par les salariés eux-mêmes, nous nous trouvons face à beaucoup d'attentisme , de délégation vers les syndicats, de peu de monde dans les AG, voire dans les manifs... et je pense que ce n'est pas parce que ce que nous proposons n'est pas assez radical ... souvent C pas quand on en prend plein la tronche qu'on est le plus radical, sauf quand on ne peut plus faire autrement qu'on va être viré, etc...


Je ne le pense pas bien au contraire. Le mouvement ouvrier est en pleine recomposition depuis 20 ans en France. La période que nous vivons est déterminante et il s'agit d'ouvrir des perspectives.
La façon qu'à la CNT de faire du syndicalisme le permet et c'est de la maturité de ses militant-e-s que dépendra son avenir.

Sur la seconde partie de ton intervention berneri, je suis entièrement d'accord sur ton constat. Je m'interroge donc sur nos activités. Avez vous un local sur ta localité ? si oui est-il ouvert "au public" et qu'elles activités y développez-vous ?
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede Freakers » 11 Juin 2010, 14:47

berneri a écrit:Pour ma part je regarde plus vers la constitution d'un front syndical uni et lutte de classe à la base pour changer la donne, j'espère que la CNT y prendra une part importante sans être freinée par l'emprise de ceux qui pensent que la pureté idéologique est le seul remède a la situation sociale ... pour moi ce dernier terme n'est que le pendant de ceux qui ayant trouvé une communauté qui leur permet d'affimer leur identité, développe une sorte de xénophobie politique pour mieux affirmer leur identité fragile.



Je suis encore une fois d'accord avec toi. La question de l'unité revient sans cesse. La question est de savoir sur quelles bases la réaliser ? Nous avons choisi d'intégrer le collectif unitaire pour la défense des retraites. C'est pas facile mais cela permet de commencer à créer des liens entre les orgas et notamment entre Solidaires et la CNT.
Sur le plus terme, je pense que la recomposition du syndicalisme va entrainer pour notre courant deux possibilités :

- soit des départs massifs des grosses centrales vers Solidaires et la CNT. Voire même de Solidaires vers la CNT au vu de certaines composantes de cette organisation.

- soit la création d'une nouvelle confédération alliant la CNT et des secteurs important de la CGT et de Solidaires.

Cela dépendra, dans les deux cas de notre action sur le terrain et de notre capacité de résistance, même en cas de défaite, sur la contre réforme des retraites; de notre capacité de nous allier et d'apparaître ensemble, dans la rue, dans les actions, dans les boites, dans les quartiers, dans les manifs...
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede Freakers » 11 Juin 2010, 15:08

Pïérô a écrit:Pour répondre à une question de Freakers, tout en reprécisant qu'il y a sur ce forum des individus et participant-es qui ne représentent qu'elles et eux mêmes, il y a à AL de plus en plus de militant-es syndiqué-es à la CNT ou/et inversement de plus en plus de syndiqué-es à la CNT qui, ne mélangeant pas l'espace syndical et l'espace de l'organisation spécifique, s'organisent aussi à AL. Et ce que tu dis sur la place faite à la CNT dans les pages du journal est partagé, c'est dit depuis un moment saches le, il n'est dons pas impossible de voir de ce côté une évolution.

Tu parles de la lutte qui se mène à People and baby, il y a d'ailleurs un topic sur cette question sur le forum, viewtopic.php?f=72&t=3865&start=0, et il est clair que pour moi cette lutte est exemplaire, et il y en à d'autres (menées aussi par des sections CGT combatives), mais je pense que c'est plutôt significatif aussi d'un rapport au syndicalisme et aux luttes qui évolue dans le bon sens au sein de la CNT. On le voyait déjà dans le batiment, qui est un peu fer de lance en ce moment, j'ai eu l'occasion de rencontrer très récemment lors d'une manif nationale dans le champ santé-social des camarades de la CNT 69 qui ont fait un gros boulot d'implantation, et tout ceci fait signes significatifs et positifs. La question des coopératives m'interesse aussi, et surtout dans un champ syndical qui se restreint surtout à de la défensive et de la revendication, parce que la question de la socialisation doit aussi se poser en pratiques réelles, en dynamique offensive et de réappropriation collective et autogestionnaire, et en dynamique intermédiaire vers la révolution sociale. Et là aussi il est clair que nous avons beaucoup de choses à partager, et ce forum peut être un des espaces de ce débat et de cette nécessaire réflexion collective à mener, et que nous avions sur ce forum aussi lancé là : viewtopic.php?f=72&t=2552

Je ne suis pas exactement "syndicaliste", mais communiste-libertaire, "conseilliste" au sens historique et libertaire du terme, et me réfère à un certain syndicalisme révolutionnaire quand j'en juge l'utilité, parce que pour moi ce type d'espace ne se suffit pas en lui même, contrairement à ce que beaucoup d'anarchistes et surtout anarcho-syndicalistes ont malheureusement laissé entendre dans l'histoire du mouvement ouvrier. Mais parce que j'ai jugé utile de participer aussi à l'organisation collective sur le terrain du monde du travail, que je partage avec Pouget la formule qu'il applique à sa manière de voir le syndicalisme en "gymnastique révolutionnaire", et que les SUDs offraient un espace qui à mes yeux n'existait pas auparavant, je me suis inscrit dans cette dynamique. Et puisque je parle de dynamique, je peux être très critique vis à vis de certaines positions tenues par mon syndicat et par Solidaires, l'union syndicale, comme vis à vis de la CNT, et évidemment pas pour les mêmes raisons. Pour moi tout est politique et je pense aussi l'espace syndical en espace bien évidemment politique au sens globaliste, anticapitaliste, révolutionnaire et en terme d'appropriation la plus large possible, c'est à dire par le plus grand nombre, de ces questions de choix de société. Je me retrouve dans pas mal de choses déjà dites auparavant par rapport à la CNT, dans ce qui porte justement sur la question de la différenciation des espaces, et donc dans ce qu'en dit aussi Freakers dans ce domaine, et de l'importance de penser espace large, le plus possible, ce qui ne veut pas dire sans contenus révolutionnaires, ce que l'on appelle un espace "syndical" avec un peu de monde quand même, et je pense qu'il est important aussi de penser organisation anarchiste-révolutionnaire et communiste-libertaire aussi en nécessité, et évidemment non pas en avant garde éclairée mais en espace spécifique parmi d'autres et en pluralité. Ceci pour moi fait de la CNT comme des SUDs des espaces à continuer à développer évidemment sans esprit de concurence, et en complémentarité, avec des convergences évidentes non seulement à relever mais aussi à pratiquer, dans ce que berberi appelle un front syndical, mais que je préfère appeller front social, parce qu'il n'y a pas que des syndiqué-es chez celles et ceux qui se bougent et que celà dépasse le monde du travail proprement dit, qu'il nous faut participer à construire, ensemble.


Sur la question du journal d'AL, j'avoue ne pas très bien comprendre ce mépris à l'égard de la CNT. Le poid de l'histoire peut-être ? J'avais entendu un bruit de couloir comme quoi, en 1995, la CFDT en lutte sort de cette confédération, les cheminots étaient venu voir comment il pourraient faire pour passer chez nous. Mis à part des suppositions, je n'ai jamais eu la réponse à cette question. De la même manière que je n'ai jamais pu vérifier la véracité de cette histoire.

Pour en revenir à Solidaires, organisation que vous avez choisis, j'ai du mal pour plusieurs raisons :

- elle ne veut pas être une confédération. Cela pose de nombreux problèmes organisationnels et stratégiques. Syndicalisme essentiellement centré au sein de l'entreprise, peu de lien interprofessionnels ce qui empêche le syndiqué lambda de trouver un espace de convergences pour développer son analyse, sa conscience de classe et la solidarité.

- elle est essentiellement composée de syndicats de boîtes et non de syndicats d'industries. Cela favorise le repli sur soi, et de fait fixe la conflictualité sur un espace restreint et empêche l'élargissement de la lutte au niveau interpro. On le voit bien sur les retraites, Solidaires a du mal à apparaître (l'intersyndicale et sa participation à celle est à mon avis l'autre raison) malgré son nombre qui lui permettrait des possibilités que la CNT n'a malheureusement pas.

- elle n'arrive pas à proposer un projet de société cohérent et conséquent qui lui permettrait d'avoir des revendications offensives et de ruptures, ce qui pourrait permettre d'entrainer le prolétariat de l'avant. Cela est dû à mon avis à son histoire et aux fortes contradictions internes. Qu'ont à voir des syndicats comme le SNJ et le SNUII avec des syndicats comme Sud rail ou autre ?

- elle n'arrive pas, malgré son côté radical, à toucher et organiser la jeunesse sur ces problématiques (accès au logement, à l'emploi, à la culture). Certes nous non plus mais nous y réfléchissons, crois moi;

Enfin, je ne pense qu'il appartienne à l'organisation spécifique que de répondre à cela mais bel et bien à l'organisation syndicale.
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Messagede Guitoune » 11 Juin 2010, 16:48

Au niveau d'AL, de plus en plus rejoignent la CNT, pour la plus part ce sont des militant-e-s qui n'ont pas connu 1995 (trop jeune peut être) comme tu le site un peu plus haut.
Sur les positions d'AL vis a vis de CNT, ce qui est surement pour moi un problème venant de la région Parisienne au debut, et très peu de province.
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede Kzimir » 11 Juin 2010, 16:58

Perso j'ai pas remarqué une animosité particulière dans le journal AL contre la CNT, mais je lis en vitesse ces articles donc j'ai pu passer à côté. Si il y a une animosité j'espère que ça va s'améliorer.
En ce qui me concerne je suis actuellement à SUD Étudiant, et quand j'entrerais dans le monde du travail je pourrais aller à la CNT si une section est présente, mais j'aurais plutôt tendance à préférer militer dans un syndicat SUD (à condition que celui ci soit un peu combattif). Tout simplement parce qu'à mon avis il y a une différence entre le rôle du syndicat et le rôle de l'organisation politique, que le syndicat doit être un regroupement assez large de gens sur une communauté de pratique tandis que l'organisation politique doit faire avant tout un travail idéologique. Cela parce que le syndicat doit avoir la force de frappe la plus large possible pour défendre au jour le jour les salariés grâce à un rapport de force favorable, tandis que l'orga politique joue à plus long terme et peut donc se permettre d'être assez groupusculaire. Et j'ai l'impression que la CNT fait beaucoup trop de travail politique, et se retrouve donc à être plus un rassemblement d'anarcho-syndicalistes qu'autre choses. A l'inverse au sein de SUD il y a des gens qui viennent d'un peu toutes les origines politiques (de gauche) : anars, cocos, réformistes radicaux, etc.
Au final la CNT me semble être à la fois un petit syndicat et une orga politique respectable. Le problème c'est qu'à mon avis, en restant une orga politique elle ne peut pas devenir un syndicat de masse, car cela reviendrait à abandonner ou à laisser de côté tout un bagage idéologique qui est nécessaire à son existence en tant qu'orga. C'est pourquoi SUD me semble actuellement avoir plus de potentialités.
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede Guitoune » 11 Juin 2010, 18:09

Je dirai pas une animosité d'AL vers la CNT, mais plus d'un oublie dans la description des luttes syndicales en zappant facilement la CNT, ce qui est fort dommage, et qui m'embête un peu, militant dans les 2 orgas, c'est assez frustrant!!
Après de faire de la CNT un syndicat de masse, je pense pas que cela serai bénéfique, mais plus à multiplier les initiatives de création de scop, asso... et d'autre action alternatives, pour vraiment proposer une cassure avec la société capitaliste.
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede barcelone 36 » 12 Juin 2010, 19:20

- elle ne veut pas être une confédération. Cela pose de nombreux problèmes organisationnels et stratégiques. Syndicalisme essentiellement centré au sein de l'entreprise, peu de lien interprofessionnels ce qui empêche le syndiqué lambda de trouver un espace de convergences pour développer son analyse, sa conscience de classe et la solidarité.

- elle est essentiellement composée de syndicats de boîtes et non de syndicats d'industries. Cela favorise le repli sur soi, et de fait fixe la conflictualité sur un espace restreint et empêche l'élargissement de la lutte au niveau interpro. On le voit bien sur les retraites, Solidaires a du mal à apparaître (l'intersyndicale et sa participation à celle est à mon avis l'autre raison) malgré son nombre qui lui permettrait des possibilités que la CNT n'a malheureusement pas.

- elle n'arrive pas à proposer un projet de société cohérent et conséquent qui lui permettrait d'avoir des revendications offensives et de ruptures, ce qui pourrait permettre d'entrainer le prolétariat de l'avant. Cela est dû à mon avis à son histoire et aux fortes contradictions internes. Qu'ont à voir des syndicats comme le SNJ et le SNUII avec des syndicats comme Sud rail ou autre ?

- elle n'arrive pas, malgré son côté radical, à toucher et organiser la jeunesse sur ces problématiques (accès au logement, à l'emploi, à la culture). Certes nous non plus mais nous y réfléchissons, crois moi;


et tu oublies que SUD syndique aussi désormais les flics...

suis aussi à la CNT donc, et ce qui m'interesse c'est cette vision globaliste du syndicalisme, pas seulement les luttes stricto-sensu "syndicales" (au sens d'aujourd'hui, pas au sens de nos glorieux ancêtres...), mais aussi l'extra syndical (ou parasyndical): coopératives, projections, luttes sur le logement, universités populaires (a Nantes)...

mais je suis malgré tout dans une orga politique...en complément on va dire, afin de pouvoir affirmer clairement mon engagement anarchiste, sans honte, cet aspect politique (et cette finalité communiste libertaire) de moins en moins affichée à la CNT...
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede ARTHUR » 13 Juin 2010, 08:58

LES UNIVERSITES POPULAIRES FONT-ELLES PARTIE DU PATRIMOINE SYNDICAL ?

Avec Marcel Martinet nous garderons sans doute du scepticisme sur les « Universités Populaires ».

« Il n’y a rien à dire contre le mouvement d’idéalisme qui avait donné naissance aux premières UP. La petite bourgeoisie intellectuelle sentait la justice sociale comme une nécessité vivante, désirait sincèrement la libération du peuple ; la fraternité a été parfois, aux premières heures de ce temps là mieux qu’un mot. »

« Les universités populaires ne pourraient être sur le plan intellectuel, que des entreprises détournées de conservation sociale et de sournoise collaboration de classes. Y entre qui voudra. Nous ne pensons pas que les révolutionnaires y aient leur place. L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »

Fraternelles Salutations Syndicalistes
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede Nico37 » 26 Juin 2010, 15:04

« Ce qui est préférable c’est une grève générale et illimitée »

Patrick et Benoît sont deux anarchosyndicalistes de la Confédération nationale du travail (CNT) mandatés par l’union locale pour répondre aux questions de Montpellier journal. Quel regard portent-ils sur les journées de grève et de manifestation à répétition de 2009 et 2010 ? Sur les syndicats majoritaires ? La grève des cliniques privées de Montpellier ? Pourquoi prônent-ils la grève générale ? L’action directe ? Première partie de l’entretien (propos recueillis le 29 mai).

Lors de la manifestation du 27 mai, la CNT faisait banderole commune avec la CGA (Coordination des groupes anarchistes), pourquoi ?
Benoît : C’était une opération ponctuelle. Il y a des manifestations où on apparaît seuls, des initiatives qui nous sont propres. Si on veut développer un discours différent – pas forcément contradictoire – on peut apparaître de manière séparée.
Patrick : C’est également une éthique syndicale : la CNT étant un syndicat, elle ne doit être inféodée à aucun parti et à aucune organisation politique. Nous sommes très soucieux, à part quelques accords de manifestations ou réunions communes, d’avoir notre indépendance syndicale.

Le 27 mai, il y avait une chaîne humaine prévue autour de la préfecture, savez-vous pourquoi elle n’a pas eu lieu ?
Benoît : Aucune idée. Nous avons demandé à participer à l’intersyndicale et on nous le refuse. Donc on n’a pas connaissance de ce qui s’y dit et des décisions qui se prennent.

« Par la pression des autres collègues, les autres syndicats sont obligés de nous accepter »

Qui refuse votre participation à l’intersyndicale ?
Patrick : Les autres syndicats. Principalement la CGT.
Benoît : C’est la CGT qui « drive » et c’est aussi le cas dans d’autres départements.
Patrick : Au niveau de la CNT éducation, nous avons réussi à nous imposer dans l’intersyndicale lorsqu’il y a de gros mouvements – alors qu’en temps habituel nous ne sommes absolument pas conviés à l’intersyndicale. Par la pression des autres collègues, les autres syndicats sont obligés de nous accepter.

Comme ce qui s’est passé l’an passé lors du mouvement de l’éducation nationale ?
Patrick : Tout à fait.
Benoît : Au final, on a même réussi à faire péter l’intersyndicale au profit d’un comité de lutte. Du coup, c’étaient les gens en lutte ou en grève qui prenaient les décisions avec les syndicats représentés.

« On demandait même l’effacement du syndicat »

Après, il ne faut quand même pas trop vous étonner qu’ils ne vous invitent plus…
Benoît : Oui. On demandait même l’effacement du syndicat. Finalement on a été sur quelque chose d’intermédiaire où le syndicat était représenté. FO a dit : « Surtout pas. Il n’y a que les syndicats qui peuvent décider. » Le blocage était net. Même sur la forme des assemblées générales : il y avait la table des syndicats qui parlaient et les chaises en face. Nous on a changé la disposition et on s’est mis en cercle. Ils tiraient une gueule pas possible. FO s’est barré. Sur une histoire de forme ! Simplement parce que la parole était distribuée par quelqu’un de l’AG.

Mais la forme implique d’autres choses. Si vous proposez ça, ce n’est pas pour rien…
Benoît : Bien sûr mais quand on le propose aux participants à l’AG, ils trouvent ça tout à fait normal. Et aujourd’hui même, dans les dernières AG, ça se fait comme ça. Naturellement.

« On refuse toute professionnalisation du syndicalisme »

Quels arguments vous sont opposés pour vous écarter des intersyndicales ?
Benoît : L’argument officiel c’est qu’ils ne reçoivent pas les mails. Puis quand on creuse c’est : « Vous n’êtes pas représentatifs. Vous faites combien aux élections ? » Après, en discutant avec des copains anarchistes qui sont à l’Union départementale (UD) CGT – puisque tous les anarchistes ne sont pas à la CNT [et la CNT ne regroupe pas que des anarchistes]- c’est qu’ils ont peur de l’ombre qu’on pourrait leur faire. C’est vraiment ce qu’ils disent dans leurs réunions de l’UD parce qu’ils discutent quand même de nos demandes.
Patrick : C’est plus en terme d’idées, d’étique syndicale qu’ils cherchent à nous écarter au sens où les idées que l’on avance de grève générale, d’autogestion, de rotation des tâches, de refus de salariés à l’intérieur du syndicat, ce sont les origines de la CGT. C’est ce qui avait mis sur pied plus ou moins le courant anarcho-syndicaliste et syndicaliste révolutionnaire aux origines de la CGT. Nous sommes le dernier syndicat à être sur ces bases-là et je crois que c’est plutôt ça qui les effraie. Et en étant un petit peu méchant : ils ont tout simplement peur de perdre leurs places de permanents.
Benoît : Quand on dit « ils », on parle des responsables. Les adhérents de la CGT, parfois, viennent nous voir, sur des manifs, on discute, on pourrait faire plus de boulot ensemble mais on sait que l’UD bloque.
Patrick : C’est un peu la différence essentielle entre les autres syndicats et nous : outre le fait de refuser toute forme de subvention et de vivre uniquement avec l’argent de nos adhérents, c’est également le fait qu’on refuse toute professionnalisation du syndicalisme. Pour nous, il est essentiel que les gens qui sont syndiqués chez nous continuent à être en contact avec le monde du travail.

Mais y-a-t-il beaucoup de permaments à 100 % de leur temps à la CGT ?
Benoît : Oui. Il y en a dans chaque département…

« Bien qu’on soit critiques envers les bureaucraties syndicales, on ne se trompe pas d’ennemis qui sont l’État et la patronat »

Il n’y a pas que la CGT, il y a les autres aussi…
Benoît : Complètement.
Patrick : Oui mais il faut dire que Sud a une règle qui dit qu’ils ne peuvent pas dépasser 50 %.
Benoît : On parle plus de la CGT parce qu’il y a eu beaucoup d’anarcho-syndicalistes en son sein, ça a été un syndicat révolutionnaire. Les structures de la CNT sont les mêmes que celle de la CGT-SR. De plus, les sections les plus combatives sont souvent à la CGT, là où ça peut basculer. Mais bien qu’on soit critiques envers les bureaucraties syndicales, on ne se trompe pas d’ennemis qui sont l’État et la patronat. De plus, dans les luttes, on se retrouve plus souvent au côté de la CGT et de Solidaires que d’autres syndicats (CFDT, CFTC, CGC).

Quel regard portez-vous sur la lutte des cliniques privées ?
Patrick : C’est le constat d’une stratégie syndicale qui n’est pas la nôtre. Il semblerait qu’il ait été décidé, par les instances syndicales majoritaires, que les luttes devaient être éparses et qu’il n’y ait aucune convergence entre les luttes.

« On est sur des luttes purement corporatistes où la synthèse n’est pas possible et donc sur un affaiblissement de ces luttes »

Par exemple ?
Patrick : Le fait qu’il y ait ces cliniques sur Montpellier alors qu’il y a quelque temps c’étaient des laboratoires, ou des usines à Béziers en grève contre les licenciements. On est sur des luttes purement corporatistes où la synthèse n’est pas possible et donc sur un affaiblissement de ces luttes.
Benoît : Ce qui est sûr, c’est que le travail interprofessionnel des syndicats majoritaires n’est pas fait. Volontairement.

Pourquoi, selon vous ?
Patrick : Ils ont peur d’être débordés.
Benoît : Ils sont sur des revendications ponctuelles qui leur permettent de gagner par exemple sur les salaires, le temps de travail et après, une fois que la lutte est « gagnée », ils remballent. C’est comme dans l’éducation : parfois, il y a des suppressions de postes dans un collège, ils débrayent trois heures puis c’est fini. Sauf que c’est le même problème partout et on n’arrive pas à faire une journée collective pour tous les bahuts ou pour le domaine de la santé. La première unité entre professions d’un même secteur n’est pas réunie donc c’est clair qu’on est loin de la grève générale. Du moins en terme de volonté.

Que pensez-vous des manifestations récentes ?
Patrick : ll est évident que ce n’est pas une journée de 24h de grève qui va changer quoi que soit. Ce n’est pas non plus par des petites luttes corporatistes, éparpillées et non convergentes qu’on va arriver à quoi que ce soit. Pour nous, l’objectif est clairement de pouvoir s’incorporer dans un mouvement beaucoup plus général, avec une grève soit illimitée soit générale et avec un « tous ensembles » – comme dit la CGT – qui soit vraiment un « tous ensembles ».

Pourquoi une grève générale ou illimitée ?
Patrick : Déjà, pour nous – ce n’est pas évident que ça fonctionne comme ça pour tout le monde – ce sont les salariés à la base qui le décident en assemblée générale. C’est-à-dire qu’ils doivent pouvoir se réunir dans un lieu où ils décident si la grève continue ou pas. Il semblerait que ce ne soit pas la démarche des syndicats majoritaires.

« Il faut les toucher au niveau économique »

Ça s’est déjà produit ?
Patrick : En 1995 et 2003. C’étaient les syndicats, poussés par la base, qui appelaient à une AG interprofessionnelle après les manifestations. Pour nous, c’est d’autant plus important de déclencher une grève générale ou illimitée – voire les deux parce qu’elles sont relativement proches l’une de l’autre – tout simplement pour gagner parce qu’on a vraiment l’impression qu’on est parti dans un cycle de grèves perdantes. D’ailleurs, depuis 2003, bien peu a été gagné à part le CPE (Contrat première embauche). Mais ce sont les étudiants qui l’ont mis par terre. Eux se sont réellement lancés dans une grève illimitée qui a abouti. Ce ne sont pas les trois ou quatre journées de soi-disant soutien des syndicats majoritaires qui a fait basculé la chose. Pour nous, il est évident qu’il faut les toucher au niveau économique. La seule forme qui permette de remettre en cause le gouvernement, le pouvoir ou cette société, c’est de tenir suffisamment longtemps pour qu’ils commencent à perdre de l’argent puis écoutent les revendications.
Benoît : On parle de grève expropriatrice.
Patrick : A minima, pour nous, ce serait un nouveau mai 68. Vraiment a minima.

Vous dites « ils faut les toucher au niveau économique ». C’est qui « ils » ?
Patrick : Ce sont tous les dirigeants économiques, comme on les appelle maintenant. Et les dirigeants politiques au passage.
Benoît : Le problème c’est que la situation a changé depuis le début du XXe où il y avait des grosses grèves parce qu’il y avait des grosses boîtes aussi. Il y a encore des grèves massives dans certaines grosses entreprises où on est clairement dans une grève expropriatrice : il y a une production, si le patron ne vend pas ou ne produit pas de marchandises pendant deux semaines, il perd réellement de l’argent et du coup il faut qu’il négocie. Nous, dans l’éducation, ce n’est pas le cas parce qu’on est obligé de leur rendre de l’argent quand on est en grève donc on n’est pas sur une expropriation financière. Ceci dit, étant en grève, on peut mettre en place des actions, des discussions permettant de bloquer l’économie, les transports, etc. Et se réunir pour discuter collectivement et mettre en place une future éducation, les germes de la grève générale, etc. La grève permet aussi l’action directe.

Que mettez-vous derrière l’action directe ?
Benoît : Que ce soit clair : cela n’a aucun lien avec le groupe du même nom. L’action directe est un principe syndical – d’ailleurs qui faisait partie des statuts de la CGT à l’époque. Dans l’action directe, il y a le blocage, le sabotage. Qui n’est pas forcément violent. Par exemple dans des entreprises où les salariés ne sont pas en grève mais font en sorte que le produit ne soit pas vendable. C’est aussi un des moyens de jouer sur l’économie.
Patrick : L’action directe c’est aussi les décisions qui se prennent à la base c’est-à-dire sans l’intervention de dirigeants syndicaux ou de personnes qui pourraient bloquer un processus. Directe signifie avant tout sans intermédiaire.
Benoît : L’AG propose, décide, vote et réalise.

Quelle différence entre grève générale et illimitée ?
Patrick : Une grève peut-être générale mais sur 24h. Comme en Grèce ces derniers temps. La grève illimitée, on ne sait pas quand elle s’arrêtera. En général elle est accompagnée de : « Jusqu’à satisfaction des revendications. »
Benoît : Ce qui est préférable c’est une grève générale et illimitée.

« On est critique sur les journées de 24h »

Depuis quand appelez-vous à la grève générale ?
Patrick : Depuis les origine de la CNT. Et précédemment, de la CGT mais elle l’a abandonnée.
Benoît : On est critique sur les journées de 24h. L’an dernier, il y a des journées auxquelles on n’a pas participé et on a communiqué sur les raisons de notre non-participation. C’est quand même rare qu’on ne participe pas à une grève. Même Sud ont appelé à ne pas aller en grève à des moments. Pour des vraies raisons honnêtes (parce que, parfois, il y en a qui disent ça, genre FO, et c’est un moyen de ne rien faire du tout). Après, on y va parce que toutes les grèves générales ou les mouvements longs commencent bien par des journées de 24h. Du coup, on y va et on porte ce discours-là. Parce que si on ne le porte pas, on peut rester dans notre coin et appeler de manière dogmatique à la grève générale. Donc on va en manif, aux AG quand on peut, on distribue des tracts, etc. De plus, la grève générale ne se décrète pas. Elle se construit dans le temps. C’est aussi la raison de notre participation aux journées.

« Très souvent, il est demandé des comptes aux permanents syndicaux sur le pourquoi de ces grèves qui ne mènent nulle part »

Tant qu’il y aura des structures syndicales majoritaires aussi puissantes qu’aujourd’hui, pensez-vous que la grève générale soit possible alors qu’elles semblent ne pas la vouloir ?
Benoît : Individuellement, les gens peuvent complètement les déborder.
Patrick : Ça s’est un peu passé dans l’histoire récente du syndicalisme dans l’Hérault où en 1995, même s’il a fallu que les syndicats majoritaires, notamment dans l’éducation, raccrochent les wagons, en 2000 et 2003 aussi, le mouvement est parti de la base. À un moment, les collègues en AG ont dit aux permanents syndicaux : « Eh dis donc, demain nous on reprend pas le boulot. Faudrait peut-être te bouger parce qu’il va falloir nous couvrir. » Du coup, ça a amené les syndicats à s’aligner sur les positions quand ils ont vu qu’il y avait 800 ou 1000 personnes en AG qui votaient la grève reconductible. Très souvent, il est demandé des comptes aux permanents syndicaux sur le pourquoi de ces grèves qui ne mènent nulle part. Il est vrai que depuis 2003, les syndicats majoritaires, notamment dans l’éducation, ont un nouveau discours qui est de dire : « Ça a coûté tellement cher aux collègues en 2003 qu’ils ne peuvent plus faire ce type de grève. » 7 ans après ! Nous on pense que c’est un argument bien pratique pour ce qui dérange les syndicats (mais pas les collègues). Il est vrai qu’on ne peut pas non plus masquer que les collègues en sont un peu revenus de la grève et ont un peu de mal à rentrer dans les mouvements.

Ça se mort un peu la queue…
Patrick : Oui parce que depuis minimum sept ans, on ne leur a fait faire que des grèves où ils n’ont rien gagné. Ils ont perdu du pognon à cause de cette stratégie bancale adoptée par les majoritaires.
Benoît : On peut aussi attribuer en partie les échecs successifs des mouvements aux salariés syndiqués et non syndiqués eux-mêmes. Il y a aussi un manque de réactivité sinon ils répondraient à nos appels.

Sont-ils ne serait-ce qu’informés, déjà ?
Benoît : On a du mal à faire passer l’information. Malgré tout, en début d’année, on a lancé des AG – sans grève – pour préparer le mouvement de l’année. Il y a eu des réunions où on était quinze. Les gens ne veulent pas. On discute même avec des gens motivés : « Ouais, non mais bon… » Ils ont toujours une bonne excuse pour ne pas faire grève : le crédit de la voiture ou de la piscine, etc. On est quand même dans une société où on s’investit peu. C’est mutuel : les gros syndicats favorisent ça et ils s’appuient sur le fait que les gens sont mous et donc qu’ils ne peuvent rien faire.
Patrick : Après, on s’aperçoit que, sur des grosses luttes (Continental, Lu, Caterpillar), quand les salariés sont réellement déterminés et qu’ils sont dans un mouvement qui incorpore un maximum de personnalités, là, la grève devient gagnante. Mais ce sont souvent des gens qui sont en dissidence avec leurs organisations syndicales.
Benoît : Plus qu’en dissidence !
Patrick : J’ai été gentil. Ils sont carrément en rupture voire à la limite de se faire foutre à la porte de leur syndicat. Parce que les pratiques qu’ils ont adoptées – qui sont les mêmes que les nôtres - déplaisent au syndicat.

La deuxième partie de l’interview sera publiée en début de semaine prochaine.

► Lire aussi :

« La population est dépossédée de son pouvoir » (interview de militants de la CGA)
Présentation de la CNT par la CNT
Annuaire de la CNT en Languedoc-Roussillon
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede ARTHUR » 26 Juin 2010, 16:15

on ne sait jamais bien ce que défend NICO 37 quand il publie ces articles sur la CNT.
Une "information" non commentée est-elle pour autant "objective" ?

Pour ce qui me concerne, en tant qu'adhérent de la CNT, je déplore le confusionnisme qui amène une organisation syndicale à "co-signer" une banderole avec une organisation politique. Mais peut-être que certains regrettent le merveilleux temps de la CGTU, et de la bolchévisation des organisations syndicales.

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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede JPD » 26 Juin 2010, 20:42

Pour ce qui me concerne, en tant qu'adhérent de la CNT, je déplore le confusionnisme qui amène une organisation syndicale à "co-signer" une banderole avec une organisation politique. Mais peut-être que certains regrettent le merveilleux temps de la CGTU, et de la bolchévisation des organisations syndicales.


Et la CNT-FAI c'était quoi ?
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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede ARTHUR » 26 Juin 2010, 22:05

Et la CNT-FAI c'était quoi ?


A toi de me le dire sûrement ...
Un mythe ?
Un particularisme local ?

Une dérive certainement,
une volonté affichée d'une minorité politique au sein de l'organisation syndicale pour en prendre le contrôle,
Un travail de fraction ayant digéré le Leninisme,
Un résultat gouvernemental critiqué en son temps par même la CGT-SR.

Qu'en 1946, Besnard et compagnie aient décidé de nommer ainsi la confédération qu'ils espéraient plus nombreuse que la précédente ne nous oblige cependant pas a reproduire ce que notre mouvement syndical a toujours combattu: l'ingérence d'organisations politiques dans nos syndicats.
Notre syndicalisme porte un projet de société qui se suffit à lui-même, et des pratiques sociales qui le construisent.

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Re: Evolution du syndicalisme- avoir un oeil sur la CNT

Messagede JPD » 27 Juin 2010, 03:37

"Et la CNT-FAI c'était quoi ?" demandais-je ?

Et toi de répondre :

Une dérive certainement,
une volonté affichée d'une minorité politique au sein de l'organisation syndicale pour en prendre le contrôle,
Un travail de fraction ayant digéré le Leninisme,
Un résultat gouvernemental critiqué en son temps par même la CGT-SR.



OK je note et je suppose que tu dois connaître ça qui figure dans la présentation officielle de ton organisation :

" La seconde référence de la CNT, c’est l’anarchosyndicalisme de la CNT espagnole, qui s’affirme, depuis le début du XXe siècle jusqu’à 1936, comme la principale organisation révolutionnaire espagnole. Contrairement à la plupart des pays occidentaux, la bolchevisation des courants révolutionnaires suite à la révolution russe n’est pas parvenue à absorber celui espagnol. La FAI (Fédération anarchiste ibérique) s’est créée pour assurer un contrôle politique de l’organisation syndicale. Le syndicalisme espagnol s’est ainsi affirmé en inventant le projet de société communiste libertaire "

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