RESF

Re: RESF

Messagede kuhing » 05 Juin 2009, 18:24

L'autre facteur a écrit:
kuhing a écrit:Oui sauf que les seules qui existent régulièrement et un peu partout ce sont ces cercles de silence.


Désolé, mais c'est totalement inexact. Je dirais même que les cercles de silence sont peu de chose. Des mobilisations pour les sans-papiers existent dans de très nombreuses villes de France, et il n'y a pas une semaine sans qu'il se passe quelque chose.
Ce n'est peut-être pas la situation sur Nice, et effectivement il est plus intéressant de chercher à faire mieux plutôt que de critiquer leurs initiatives. Mais la situation niçoise est plutôt l'exception que la norme.


Sur ta ville ça prend quelle forme ?
kuhing
 

Re: RESF

Messagede L'autre facteur » 05 Juin 2009, 18:49

Sur ma ville on a régulièrement participé à des collectifs depuis la vague des luttes au moment de St Bernard. Depuis 2007, on a été à l'origine de la création d'une coordination de comité de soutien aux sans-papiers.
On est parti d'un comité de lutte sur une école où on était investi et on a proposé à d'autres écoles où il y avait des luttes pour le refus de l'expulsion d'un éléve, de se rencontrer pour se coordonner. C'était début 2007 et ça existe encore.

Il y a d'abord eu les bagarres sur les écoles à plusieurs comités avec plusieurs régularisations. Puis au bout de quelques mois d'existance, une bagarre autour d'un dépot collectif de 53 sans-papiers a commencé qui a abouti à la régularisation après des mois de lutte d'environ 35 personnes. Depuis il y a eu un nouveau dépôt d'une petite 40aine, avec une grosse quinzaine de régul pour le moment.

Cette coordination a un blog : http://soutienauxsanspapiers.hautetfort.com/

Il y a eu aussi 2 grèves de la faim, une victorieuse en 2007, l'autre défaite en 2008.

Il y a aussi RESF qui ne se réduit pas seulement aux cercles de silence, la cimade, les amoureux au banc, berf y'a l'embara du choix :) .
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Re: RESF

Messagede skankerror » 05 Juin 2009, 22:20

L'autre facteur a écrit:
kuhing a écrit:Oui sauf que les seules qui existent régulièrement et un peu partout ce sont ces cercles de silence.


Désolé, mais c'est totalement inexact. Je dirais même que les cercles de silence sont peu de chose. Des mobilisations pour les sans-papiers existent dans de très nombreuses villes de France, et il n'y a pas une semaine sans qu'il se passe quelque chose.
Ce n'est peut-être pas la situation sur Nice, et effectivement il est plus intéressant de chercher à faire mieux plutôt que de critiquer leurs initiatives. Mais la situation niçoise est plutôt l'exception que la norme.


à Nice pour les sans-papiers il y a le choix entre RESF qui regroupe beaucoup de monde, du secours catho aux anars, sans aucune couleur politique affichée, sans permanents, sans statuts et qui organise des rassemblements toutes les semaines, plus des actions de soutien (occupations sauvages, aides directes aux sans-papiers, etc...) et ... la CGT avec son comitié de sans papiers.

Essayer de faire mieux que RESF, cela n'a je pense aucune chance d'arriver à quelque chose, participer à RESF en pesant dedans pour radicaliser les actions est je pense la meilleure solution dans le contexte niçois pour agir concrètement dans ce domaine. C'est en plus le coeur du réseau de militants qui peuvent être sensibles à nos actions et à nos idées. Socialement les anars niçois se doivent d'y être.
skankerror
 

Re: RESF

Messagede georges » 06 Juin 2009, 22:41

Nico37 a écrit:
Pour le reste, ça demanderait un article tant le réseau est varié :!:


Très varié aussi les communiqués dans le rapport à l'ordre.

En Juillet 2008, RESF Montreuil sanglotte presque sur le sort de ...ces pauvres volontaires de flics
Fort heureusement, en France comme en Espagne il faut l’espérer, les oppositions à cette politique se manifestent, y compris chez celles et ceux qui sont chargés de missions que leur conscience réprouve : il est très possible que les unités chargées de la rafle fassent chou blanc demain. Tant mieux pour les sans papiers mais tant mieux aussi pour les policiers à qui un sale boulot aura été épargné ! http://sarkononmerci.fr/files/tag-sans-papiers.html


En Octobre 2007, RESF Paris veut redonner aux flics leurs "vraies" missions...
Le RESF appelle d’autre part les Parisiens et ceux qui se trouveraient à Paris demain à placer les interventions policières sous le regard de la population, à les encourager quand elles font leur travail de lutte contre la criminalité
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2323
georges
 

Re: RESF

Messagede kuhing » 07 Juin 2009, 18:58

bon en tout cas j'ai reçu ça d'une camarade membre du CAam et de RESF, ce n'est peut-être pas complètement "anarchistement" correct mais ça vaut la peine, je pense, d'en être informé :

Nom : ………………………………

Prénom : ……………………………

Adresse : …………………………...

……………………………………...


Monsieur le PROCUREUR de la République
Parquet de FOIX
Place du Palais de Justice
09 000 FOIX


Monsieur le Procureur,

Vous avez pris la décision de traduire Madame Claudine LOUIS devant le Tribunal correctionnel en séance du 21 juillet 2009, sous le chef d’inculpation « d’aide au séjour d’un étranger en situation irrégulière » article 622-1 du code CESEDA.

D’abord nous tenons à vous rappeler les propos récents tant de l’Elysée que du ministère de l’immigration affirmant haut et fort que les citoyens ordinaires et bénévoles n’étaient pas visés par l’application de cet article qui ne concernerait que les passeurs et les trafics rémunérés et clandestins de personnes.

En second lieu, nous sommes choqués que Madame Louis puisse être poursuivie pour avoir porté secours à Obaïdullah SAMARI, un jeune Afghan de 16 ans et demi en errance depuis plusieurs semaines…

D’autant plus choqués que la Convention internationale des Droits de l’enfant (articles 1 et 20) que le code de l’action sociale (articles L 112-3 et L226-2-1), que le code pénal (article 223-3) lui faisaient obligation de venir en aide à un mineur isolé et égaré.

Nous sommes choqués d’apprendre que les démarches administratives entreprises alors pour mettre cet enfant sous protection de l’Etat n’aient été que très tardivement suivies d’effet. Gendarmerie, préfecture, parquet et ADS n’ont-ils pas été saisis par Madame Louis dès le début de l’année 2009 ?

Nous sommes choqués qu’elle puisse aujourd’hui être inquiétée pour avoir tout simplement fait son devoir de solidarité et tenté de trouver un lieu d’accueil institutionnel pour le jeune Obaï.

Nous vous demandons instamment de mettre un terme à ces poursuites. A défaut nous saurons dire notre profond désaccord avec vos procédures engagées.

Acceptez, Monsieur le Procureur, nos salutations respectueuses.


Fait à ……………………………… le ……………………………


Signature :
kuhing
 

Re: RESF

Messagede Tuxanar » 07 Juin 2009, 20:46

Petit point juridique . Quand bien même le procureur voudrait mettre à terme aux poursuites, il ne pourrait pas, c'est interdit. Seul le décès du prévenu ou une décision définitive peuvent mettre un terme aux poursuites.

Ensuite, le procureur ne fait qu'appliquer la politique pénale du gouvernement. Étant soumis hiérarchiquement à sa ministre, il doit appliquer ce qu'elle veut. S'il ne le fait pas, il détruit sa carrière et se fait muter autre part.

Donc, ce courrier montre que les ministres mentent, mais est-ce une nouvelle ?

@kuhing, j'aimerais bien connaitre la décision du tribunal, tu pourrais mettre des infos sur l'affaire (un lien ou qq chose du genre) ? stp.
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Re: RESF

Messagede edeffi » 08 Juin 2009, 22:35

Pour info, on a essayé (je dis essayé parceque cela a été noyé sous les orages et annulé finalement) d'organiser un concert "militant", comme alternative aux cercles de silence, c'est pas mal (quelques groupes, sonorisateurs, etc... font de gros efforts pour ce type de concert). Il y a surement plein d'autres idées.

Ensuite, RESF s'occupe surtout (uniquement même il me semble) des sans papiers ayant des enfants scolarisés (Pour ceux qui s'intéressent aux problèmes de fichage ou des écoles, le fichier Base élèves a certainement pour vocation première le repérage rapide de ces familles).

Le réseau, si j'en ai bien compris les contours s'occupe plus de gérer l'urgence des famille menacées que de militantisme contre cette politique (enfin celui dont je suis proche c'est plutôt ça). Après quelles associations ou personnes s'investissent dans ce réseau, personnellement je m'en fous complètement, il y a certainement des personnes avec qui je ne suis d'accord sur pas grand chose mais elles s'investissent à fond, sont en général assez proche des familles (donc des enfants), se tapent un boulot de collecte de documents administratif, pétitions, lettres de soutien, contacts avec les avocats, accompagnement au tribunal administratif (si j'ai bonne mémoire), pour au final souvent voir partir ces familles qu'elles ont accompagnées et avec qui elles ont tissé des liens, Bref ces personnes ramassent (faut un sacré moral) et pour ce combat au moins méritent un profond respect.

Merci kuhing pour ce sujet en tous cas :wink:
edeffi
 

Re: RESF

Messagede kuhing » 10 Juin 2009, 14:08

message de RESF reçu à l'instant :

Objet : [Resf75] En ce moment contrôle dans le train

Bonjour,

info d'un passager du train Paris/ Amiens qui vient de me tél pour me

dire que la police des frontières contrôle toutes les pièces d'identité

des voyageurs du train Paris / Amiens . ( Arrivée à Amiens à 12 h 10 )

Il semblerait qu'il y ait déjà des arrestations.

N.
kuhing
 

Re: RESF

Messagede Nico37 » 22 Juin 2009, 19:54

Interview d’une ex-militante de RESF Réalisée le 18 avril 2009 à Avignon.
 
Peux-tu te présenter ?
 
Je m’appelle Estelle, j’étais militante à RESF mais j’me casse. A la suite de la réunion nationale à laquelle je suis allée, ya beaucoup de choses qui ne m’ont pas plu. Du coup je préfère militer pour les sans-papiers d’une autre manière et aller ailleurs.
 
Pour quelles raisons es-tu entrée à RESF ?
 
Il y a un an et demi j’avais aidé à organiser le concert de soutien à Youness1. Quand j’ai emménagé sur Avignon il y a un an, je me suis rapprochée d’eux.
Sur Avignon, c’est pas vraiment le même fonctionnement que sur le national, donc je vais pas trop leur casser du sucre sur le dos. Mais rien que le fait qu’on dise « RESF national » alors que c’est censé être un réseau, y a déjà un souci.
 
Quelles étaient tes attentes en entrant à RESF ?
 
Soutenir et aider des personnes sans papiers. J’avais un ami sans-papiers, expulsé maintenant, alors forcément j’étais un peu plus sensible sur ces sujets-là. Après, faire des actions, des rassemblements devant la préfecture, faire que les choses changent. Mais, vue la politique actuelle, faire changer les choses c’est assez improbable.
 
Est-ce que tu peux nous décrire les activités auxquelles tu participais à travers RESF, au niveau local ?
 
Il y a les cercles de silence, mais RESF les arrête. Parce qu’à l’origine, ce sont les franciscains de Toulouse qui les ont mis en place. On n’avait pas du tout envie que les gens croient qu’on était attaché sous quelques formes que ce soit à la religion catho.
Au niveau des actions c’était surtout du cas par cas. Quand Nabil a été menacé d’expulsion, on a été devant la préfecture, on a essayé de faire bouger les choses. Faire signer des pétitions, monter les dossiers.
Y a deux jeunes qui ont obtenu leurs papiers comme ça, une cubaine et un marocain. C’est les points positifs.
Mais à part descendre à Marseille devant le CRA pour untel ou untel, y a pas énormément d’actions qui ont été très porteuses. Quand on veut faire des actions plus radicales, y’en a à qui ça fait peur.
 
Y’a-t-il des sans-papiers à RESF ?
 
Non. Les sans papiers sont pas intégrés à RESF, ils sont à part. Généralement ils montent des collectifs en parallèle, qui sont soutenus par RESF.
Nous ici on est en réseau, mais ailleurs, certains sont en association, c’est plus compliqué. Quand je suis rentrée le fonctionnement était complètement horizontal. Chacun s’organise comme il veut.
 
Quels sont les liens avec les sans-papiers et avec les collectifs de sans-papiers ?
 
Dans le Vaucluse, y a pas de collectif. Donc le problème est vite réglé.
Ici, les liens avec les sans-papiers, c’est surtout les tracts qu’on a distribués, avec un numéro de téléphone. Donc s’ils appellent, ils ont des conseils. Après ici, personne n’est trop spécialisé, donc on les renvoie plus facilement vers le MRAP ou la CIMADE qui ne nous font pas de retours. Après on en connait quelques uns, y a aussi pas mal de parrainages. Mais les liens sont difficiles à établir.
 
Un parrainage, c’est quoi ?
 
Un parrainage, c’est censé leur donner des personnes qui vont les aider et les soutenir dans les démarches administratives. Parce que quand t’es sans-papiers, si tu vas retirer ton dossier à la préfecture tout seul, il y a quand même une probabilité que tu partes en CRA. Donc c’est vrai qu’avoir une personne qui est là, ou qui peut retirer le dossier à ta place, c’est rassurant. Les autorités ne s’octroient pas les mêmes droits. Ils vont hésiter à t’arrêter sous les yeux d’une personne qui peut passer trois coups de téléphone, et ramener du monde. Parce qu’à l’heure actuelle, en préfecture, c’est la chasse, la loi des quotas.
Mais c’est vrai que il y a beaucoup de parrains qui sont surtout là pour le folklore, ils font « ah moi je parraine quelqu’un », mais ils ne prennent pas de nouvelles.
 
Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’essayer d’empêcher une expulsion ?
 
Oui. A l’aéroport. Mais c’est toujours sur des cas particuliers, ponctuellement. C’est pas de la sensibilisation au niveau du personnel de l’aéroport, pour qu’ils mettent en place un système. On prévoit des tracts disant « untel, (en racontant un peu sa vie) va être expulsé à bord de cet avion. Demandez au pilote qu’il soit débarqué ». Ça marche pas toujours. Généralement, tu peux pas descendre, ni avoir accès aux avions, donc tu le vois se faire massacrer sur le tarmac en bas. T’es impuissant2.
 
Quand est-ce que tu as commencé à te poser des questions sur cette organisation ?
 
Déjà en septembre-octobre, quand une nouvelle personne a intégré le réseau. Elle était sur les positions du national, et elle a commencé à dire « il faut défendre que les enfants ». Alors que nous, c’est RESF-UCIJ3 84, avec une banderole « des papiers pour tous ».
Sur les actions, par exemple pour Nabil, elle a jamais pointé son nez. C’était un gars de trente ans, qui était en instance de divorce avec une française, pour elle, il avait donc plus rien à foutre sur le territoire français.
Elle a fait du harcèlement sur internet. Elle inondait de mails les gens quand ils n’étaient pas d’accord. Du coup à la fin tu craques tu dis « Ecoute ma belle hystérique tu fais ce que tu veux mais nous on s’arrache ».
 
Au niveau local, tu veux dire qu’une seule personne a pourri tout le truc ?
 
Elle a été suivie par quelques autres, forcément. Mais y a des personnes qui sont dedans depuis longtemps et qui se font pourrir. Quand elles écrivent un mail ou un tract elles se font insulter et tout. Au bout d’un moment, elles ont des trucs en parallèle. Donc elles préfèrent se barrer. Sur ce qu’on décidait en réunion, après elle avait tendance à appeler les gens et faire des choses par derrière. Au niveau local elle a réussi à tuer le groupe. On est vraiment beaucoup à quitter RESF, mais c’est pour monter autre chose.
 
Il y a des projets ?
 
Ouais. Si un comité de sans-papiers se crée, les soutenir. Mais pas pour agir et prendre les décisions à leur place.
Et quand on voit en plus comment s’est déroulée la réunion nationale, ça donne pas envie de rester à RESF. C’est quelques personnes qui avaient pris quasiment toutes les décisions avant.
 
Justement, comment c’est passée cette réunion nationale ? Pourquoi t’as été te fourrer là-bas ?
 
Bon moi, j’avais pas spécialement envie d’y aller parce que ça faisait déjà un moment que je voulais me barrer de RESF, mais finalement, j’ai accompagné des amis.
Quand on est arrivés, je suis allée dans les ateliers pour les Jeunes majeurs, l’atelier travail/apprentissage.
 
C’est quoi les Jeunes majeurs ?
 
Les sans-papiers entre 18 et 25 ans. Donc en théorie ça englobe tous les jeunes. Mais au début, ils ne voulaient soutenir que les Jeunes majeurs scolarisés. C’est après la réunion d’Orléans en janvier, qu’ils ont ajouté « éventuellement les déscolarisé ». Mais ils n’apportent aucunes réponses à leur questions, y’a zéro suivi.
Dans les ateliers, on leur donne vraiment peu d’échappatoire, c’est « surtout, ne sortez jamais du cursus scolaire et faites des études pour les métiers en tension ». Ça limite beaucoup les choix, et leur solution c’est « tant que vous faites des études vous pouvez avoir éventuellement une carte de séjour, et si vous travaillez bien vous vous ferez peut-être embaucher pour peut-être avoir une régularisation ». Je trouve que c’est très réducteur et je l’ai pas bien vécu.
En plus y a des jeunes qui se sont déjà barrés du système scolaire parce que ça les a saoulés et ils bossent au black. Ceux-là, quand ils sont intervenus dans l’atelier, on leur a répondu « mais pourquoi vous êtes sortis du système scolaire, voyons qu’est ce qui vous est passé par la tête ? ». C’était un peu violent pour eux, mine de rien.
 
Il y avait plusieurs ateliers ?
 
Oui, il y en avait quatre. Après, mise en commun des ateliers. Chacun a donné un peu son expérience, a échangé. Mais pour tout ce qui était « alors qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse après derrière ? », c’était ceux du national qui avaient bien tout organisé, bien tout ficelé. Je suis pas sûre que les sans-papiers avaient réellement la parole.
Ça a était comique parce que tous les ateliers ont fait un compte rendu, mais par contre ceux qui faisaient la réunion nationale en parallèle n’ont fait aucun compte-rendu de ce que eux avaient fait pendant la journée. Ce qui avait été décidé au niveau du budget, ce genre de chose, rien. On sait pas de quoi ils ont parlé, on doit être trop bêtes et ça nous regarde pas. C’était gênant quand même. RESF c’est censé être fait pour les sans-papiers, et si on veut qu’ils s’investissent un peu, ils ont peut-être le droit de savoir ce qu’il se passe dans ces réunions.
 
C’était quoi le but annoncé ?
 
Le but annoncé, c’était rencontrer les jeunes, échanger, créer un projet. Mais c’était aussi de lancer une campagne pour les Jeunes majeurs avec de jolies affiches Ce qu’il en est sorti, c’est l’organisation d’une manif le 13 mai. Une manifestation de lycée en lycée. Beaucoup de jeunes voulaient la faire un jour de cours, que ça foute vraiment la merde, que ça soit en période pré-examens, donc que ça aie vraiment un sens. Soit le mardi soit le jeudi. Des gens leur ont répondu clairement que non. Un gros con de CGTiste a dit que de toutes façons, aucun prof n’allait poser un préavis de grève pour les soutenir. Du coup, le mercredi restait.
 
C’est juste une manif pour les scolarisés ?
 
Pour RESF il faut greffer le cas des déscolarisés sur ceux qui sont scolarisés.
Ils partent du principe que quand tu es scolarisé, il faut que tu fasses ton « coming-out » de sans-papiers. Du coup il va y avoir un grand mouvement de solidarité autour de toi, parce que les gens sont profondément enclins à l’amour, « vite tu as besoin d’aide, tu as besoin de soutien, on sera là pour toi, on va te soutenir ! ». Et tout le lycée va se sentir solidaire. Du coup, ceux qui sont déscolarisé et qui ont moins la capacité de soulever cet énorme élan de solidarité, vont devoir se greffer sur ces personnes là qui vont entrainer des masses, pour faire une manifestation. Et si il y a pas de scolarisés, y a pas de soutien pour les déscolarisés. Mais nous, ici on n’a pas de cas connus dans les lycées donc vous êtes bien gentils ! Et puis les lycéens on a déjà essayé de les sensibiliser, mais ils s’en foutent complètement des sans-papiers.
Donc là va y avoir les superbes affiches qui étaient censées être débattues à la réunion nationale, mais qui étaient déjà imprimées : « jeunesse sans-papiers, jeunesse volée » et puis le slogan en bas : « la loi doit changer ». La loi doit changer pourquoi ? Y a beaucoup de légalistes à RESF ; pour eux, on est dans un état de droit, il faut faire changer les choses de l’intérieur, faire voter des lois, il faut un Etat, des chefs, des règles. On rentre dans le jeu du gouvernement, et puis on change la loi pour que de nouveaux critères un peu plus souples soient mis en place. Mais y’en a toujours qui vont être écartés, donc c’est ridicule de marquer ça.
 
Mais est-ce que c’est pas la logique même de RESF de ne soutenir que les scolarisés et les « bons sans-papiers » ?
 
En fait, très sincèrement je pense maintenant que oui, au niveau du national, c’est complètement ça. C’est vraiment les familles et ceux qui sont à l’école. Mais ici, nous on réagissait pas comme ça.
 
En gros l’école sert à former les futurs travailleurs qui manquent aujourd’hui sur le marché ?
 
Oui mais il y a que 4 ou 5 métiers qui sont en tension sur le national, après ça change selon les régions. Donc si tu te formes pour un métier en tension dans une région, si il est pas en tension dans la région d’à côté, pour déménager ça devient problématique. Eventuellement dans une région tu peux avoir tes papiers, mais pas dans l’autre ! Faut bien consulter les listes en préfecture. C’est des métiers très spécialisés la plupart du temps, (ingénieur en BTP, ingénieur informaticien, etc.) qui demandent des hauts niveaux d’études, alors on leur dit « faites des études le plus longtemps possible ». C’est quand même des métiers qui sont très chiants, je comprends qu’ils soient en tension. Et puis sinon c’est des boulots de merde, c’est technicien de surface, la restauration et le bâtiment.
Dans le Vaucluse, c’est principalement agricole. Y a pas si longtemps, y avait des sans-pap qui étaient logés sur une exploitation agricole sous une grande buse de tunnel. Il y a aussi un jeune qui fait 3 marchés par semaine, il bosse 24 h sur les trois marchés, et il touche 75 euros par semaine. C’est des jeunes qui sont exploités.
Après dans les revendications qui ont été proposées à la réunion, ils ont fait « pour les patrons, il faut comprendre, ça leur coute trop cher de faire une promesse d’embauche à un sans-papiers, ils doivent payer une taxe de 2000 €. Du coup, il faudrait supprimer cette taxe, voyons ! ».
Et puis leur gros cheval de bataille c’est d’arriver à « éveiller les consciences de la France entière » pour que « la ménagère qui regarde TF1 » se pose des questions sur le cas des sans-papiers, pour qu’il y ait plus de monde dans les manifs. L’éveil des consciences, ils sont bien gentils, mais moi, j’y crois pas. Les gens sont bien assez grands pour trouver l’info quand ils en ont envie et faire leur chemin par eux-mêmes.
Y a eu à un moment un débat monstre pour savoir « est-ce qu’on va au congrès du PS ou pas ? ». Et au final, ils y sont allés, et après, ils ont fait celui du NPA, du PC… Pour eux c’est très important, d’attirer du monde de partout.
 
Pour la visibilité ?
 
Oui. Ça les dérange pas de manifester à côté de personnes qui disent « les enfants et les Jeunes Majeurs, moi je veux bien qu’ils soient régularisés, mais les vieux et compagnie, là, ceux qui nous font chier, ils rentrent chez eux ». Ça fait des personnes en plus dans les manifs.
A la réunion du national, ils disaient « les partis, ils nous rejoignent qu’à nos conditions, voyons ! ». Bien sûr ! Ils en tirent pas du tout profit, et ils te font pas marcher sur la tête. Moi je trouve qu’ils fricottent beaucoup trop, avec des choses qui mine de rien les dépassent. Chercher l’appui des partis politiques, ils savent pas du tout ce que ça peut leur apporter derrière. Il faut quand même pas oublier que les premiers charters ont été faits par les socialistes. Ils promettent des régularisations de masse au moment des élections et après plus rien ! Que dalle ! RESF, ils ont envie de leur faire confiance. Sachant que ceux qui disent ça, ils ont plus de 50 piges généralement, si ils font encore confiance aux partis à cet âge-là, je pense qu’ils sont un peu dans l’utopie.
 
Mais tu dis que ça a provoqué un gros débat à RESF, il y avait donc des gens qui n’étaient pas d’accord ?
 
Oui, nous sur le Vaucluse, on a envoyé une réponse négative, disant que RESF ne devait rien faire avec les partis politiques. Mais après, y a un noyau, un peu sur Lyon, un peu sur Paris… quelques uns à avoir fondé RESF, qui prennent des décisions. Ils disent, « on va faire une concertation ». Ils envoient un mail à chaque collectif. Nous on demande l’avis de tout le monde et puis on envoie une réponse. Par contre on ne sait jamais combien de départements ont répondu ou ce qu’ils ont dit, ils disent simplement « ah ben ça a été positif donc on y va ».
C’est comme pour l’argent. Y a des gars qui sont allés à « Qui veut gagner des millions ? » et qui ont remporté 72 000 € pour RESF. Une sacrée cagnotte ! On a demandé des milliers de fois où passait cet argent, à quoi il servait. Y a quasiment jamais eu de réponse. Et après, les badges on les achète à 1€ au national !
Ce qu’ils disent, c’est qu’y a eu les défraiements pour la réunion Jeunes Majeurs, que les jeunes qui avaient pas les moyens n’ont rien payé…
 
Tu parlais des liens avec les partis politiques ? Comment ça se passe ça au niveau local ? J’imagine qu’il y a des gens qui sont membres de partis, d’associations, de syndicats ?
 
Oui, mais il y a quand même une indépendance. Certes y avait des signataires (pour des tracts), Sud, la CNT, et même la CGT à un moment donné, mais bon la CGT était signataire pour être signataire, parce que quand on leur a demandé de faire des photocopies, ils nous ont toujours envoyés bouler. Y a la FCPE aussi, celle qu’a foutu la merde est de la FCPE.
 
Mais quand ces orgas sont signataires, est-ce que ça entraine des concessions dans les prises de décision ?
 
Au début non… enfin celle de le FCPE a un peu tendance à penser que de toutes façons elle « représente » plus de monde que nous tous réunis. C’est vrai qu’à la fin, les tracts s’étaient un peu ramollis, y avait plus trop marqué « des papiers pour tous ».
Les tracts étaient faits pour rejoindre les positions du national, du coup c’était forcément plus mouligas.
 
Est-ce qu’il est arrivé que des élus ou des membres de partis apportent leur soutien à RESF ?
 
Pour Youness oui, y en a eu un. Après de temps en temps y en a quelques uns qui viennent. Mais c’est surtout pour se faire voir. C’est clair qu’avec les européennes qui se préparent, avoir des partis en poche, c’est pas compliqué.
Mais le PS est quand même pour l’immigration choisie. Après le NPA, ils sont un peu moins mous mais bon ça reste quand même un parti, ils sont nouveaux, ils ont besoin de racler de partout pour trouver de nouveaux adhérents. Ça reste des politiques, purement intéressés. Après y en a peut-être de bonne foi là-dedans, mais à partir du moment où c’est un parti, où y a une étiquette… je suis assez sceptique.
 
Est-il possible d’avoir un positionnement et des réflexions politiques au sein de RESF ?
 
Au niveau local chacun peut bien avoir ses idées. Mais au niveau national c’est plus compliqué. Quand on a dit « Vu qu’ici dans cette salle on est d’accord pour la régularisation de tout le monde, pourquoi on l’affirme pas clairement ? ». Ils ont répondu « ça c’est le problème de l’UCIJ » et ils ont gueulé très fort tous en même temps, donc on s’est barrés. Ils sont fermés à toute discussion. Il faut que ça s’inscrive dans les règles, que tout soit légal. « Les manifs sauvages, non, non, non ! ».
 
Au niveau local, l’objectif « des papiers pour tous », ça fait débat aussi ?
 
Avec certaines personnes, même avec la CGT, on a eu quelques accrochages. Parce que au niveau national leur position c’est « régulariser tous ceux qui sont régularisables ». C’est comme le MRAP et la CIMADE, quand ils ont aucun espoir pour un sans-papiers ils disent « ton cas, il est pas régularisable donc je le traite pas ».
 
La CGT eux, ce qu’ils veulent vraiment c’est pouvoir faire des coups de pub comme y a eu à Paris.
 
A propos des manifs sauvages, vous avez discuté de celle de Nîmes ?
 
Pas en réunion, mais en dehors. Je leur ai dit que RESF-Nîmes avait refusé d’y participer. Ils ont répondu « oui, mais quand même, c’est pas notre mode d’action, c’est pas légal, c’est pas des manifs déclarées, on peut pas faire ça. Nous on a une légitimité au niveau du national, donc il faut qu’on conserve cette image là de faire les choses bien et dans les règles. Les autres, c’est très bien ce qu’ils font mais nous on peut pas y adhérer ». Ils préfèrent majoritairement avoir l’appui de partis, de personnes bien dans les rangs, bien dans les cases, plutôt que de se rapprocher de personnes beaucoup plus radicales qui leur font peur. Faut surtout pas copiner avec eux.
 
Mais y en a quand même certains qui sont allés à cette manif ?
 
Oui, mais à titre personnel. RESF Vaucluse ne voulait pas spécialement qu’ils y aillent. Certains étaient vraiment contre.
Après, il y a eu des discussions. Certains, qui parlent beaucoup mais qui sont pas dans l’action, ont fait « ah mais j’y serais bien allé en fait ça aurait pu être bien… ». Ben t’avais eu l’info donc tu pouvais bouger ton cul. Mais, si c’était parti en live ou je ne sais pas trop quoi, ils auraient dit « ah mais non, bien sûr, nous on y aurait jamais mis les pieds ».
 
Est-ce que RESF entretient aussi des liens avec des collectifs plus radicaux, ou pas du tout ?
 
Non pas trop. Mais il faut quand même savoir que une ou deux semaines après Sète, le blocage et le débarquement des 3 sans papiers, y a eu une autre expulsion. Au niveau national, ils voulaient pas se charger de ça et ils ont demandé « Qui est-ce qui a le contact de ceux qui y sont allés la dernière fois, on pourrait pas les rappeler ? » Y en a quand même un qui leur a fait « je pense que ce ne sont pas des prestataires de services ».
 
Est-ce qu’à cette action à Sète, il y a avait des gens de RESF ?
 
Deux ou trois à ce qu’il parait, mais en bas, pour dire au revoir aux sans-papiers. Leur rendez vous c’était 19 h, heure de départ du bateau. Donc je sais pas ce qu’ils comptaient faire pour faire débarquer qui que ce soit.
 
Ceux qui sont favorables à la régularisation de tous les sans-papiers, majoritaires au niveau local, comment ils espéraient lutter à travers RESF qui se centre uniquement sur les scolarisés ?
 
Je crois qu’on pensait que le sigle RESF était plus parlant. Mais moi j’ai porté le badge pendant quasiment 1 an et partout où j’allais les gens demandaient « ça veut dire quoi RESF ? ». Et ici on a toujours voulu que ce soit plus UCIJ que RESF. Mais c’est vrai qu’après, RESF est plus présent sur le national, ça parle à un peu plus de monde, ça a une certaine légitimité. Ça aurait pu ouvrir à plus de possibilités, mais vu comment ça fonctionne, c’est pas possible.

Dans le cadre d’un soutien au cas par cas, est-ce qu’il peut y avoir un discours, une critique plus large ?
 
Oui, ça on l’a fait, pour Youness, on a essayé de sensibiliser au niveau de son cas, qui était certes un cas particulier, mais qui concernait beaucoup de jeunes. Dans le Vaucluse la plupart des jeunes sans-papiers sont déscolarisés, c’est des gamins d’immigrés qui sont venus bosser et se faire exploiter en tant qu’ouvriers agricoles. Ils ont ramené un de leurs gamins lors d’un voyage, généralement un mec, qui avait plus de treize ans (ou dix ans si c’est des algériens)4. Arrivé à 18 ans il se retrouve sous le coup d’une OQTF.
Mais même si on essaie parfois de généraliser des trucs, le cas par cas c’est rarement porteur.
 
Même si le soutien au cas par cas parait inévitable, tu penses pas que ça amène un discours intégrationniste ? Que ça met en valeur des critères de bon immigré, de bon sans-papiers ?
 
Le cas par cas, moi je suis complètement contre. Après quand il y en a un qui se retrouve en CRA et qui va être expulsé, ben on va faire du cas par cas, parce qu’on a pas trop d’autre choix.
Et après quand on veut faire des manifs avec « des papiers pour tous », on se retrouve à quelques pélots ici. Ça semble un peu ridicule. Il faudrait vraiment passer à des actions plus dures mais elles entrent pas dans le cadre de RESF, elles seraient pas soutenues. Mais on a déjà des idées !
 
Et que penses-tu de « plus de papiers du tout » ?
 
Ben ça c’est… très bien. Mais je peux t’assurer que si tu vas dans mon village natal, tu trouveras un paquet de papis et de mamies qui te diront que le village d’à côté c’est des étrangers, alors leur dire « plus de papiers du tout » c’est pas possible. Mais bon, quand on aura réussi la révolution la question se posera plus.
 
Le mot de la fin ?
 
Ben, RESF, ils ont réussi une chose, c’est qu’à être trop légaliste et à vouloir absolument être ami avec tout le monde, ils vont perdre les militants qui sont vraiment convaincus. Je leur souhaite bon vent et j’espère que le réveil ne sera pas trop dur le jour où seuls les militants de l’immigration choisie rempliront les jolis amphis de leurs jolies réunions, dans lesquelles toutes les décisions sont prises à l’avance.
 
Tous les prénoms ont été changés.
 
1 Voir « Concert de soutien à un bon sans-papiers », Incendo, n° 2, mai 2008.
2 S’il est vrai que la machine à expulser se durcit sans cesse, qu’elle se renforce souvent de ses erreurs commises, cela n’empêche pas ces rouages de toujours comporter des failles, où il est possible de s’engouffrer afin de les enrayer. Bloquer un avion, un bateau, un train, etc., fera toujours parti des possibles.
3 Unis Contre l’Immigration Jetable.
4 Un jeune majeur peut être régularisé si il est arrivé en France avant l’âge de 13 ans (avant l’âge de 10 ans pour les algériens).
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Re: RESF

Messagede sebiseb » 14 Fév 2010, 00:46

Juste pour dire que j'ai participé aujourd'hui à une manif' à Bourges avec RESF en soutien à un couple d'origine Arménienne et Azerbaïdjanaise, qui ont deux enfants (nés à Vierzon). Après cinq ans de vie à Vierzon, ils ont été incarcérés dans un centre de rétention, elle a été libérée, mais lui reste en détention.
C'est donc pour réclamer sa libération, la non-séparation de la famille, et la régularisation que l'appel de RESF 18 a été lancé !

Je n'étais pas au courant, mais étant présent à Bourges cet après-midi, je me suis joins spontanément au regroupement.

Nous étions une quarantaine, encadré par 2 bagnoles de police. Et la préfecture qui devait recevoir, a priori, des responsables du réseau 18 n'a pas ouvert la porte.
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Re: RESF

Messagede Parpalhon » 16 Fév 2010, 20:05

j'aime bien le témoignage de la nana d'Avignon ... c'est ça, ce sont des légalistes point barre. Et RUSF c'est pareil.
En plus dans ce genre de trucs je trouve qu'il y a très souvent une sorte de paternalisme, ou un truc du genre qui me dérange vachement.
Mais bon, au moins eux, contrairement à la Croix Rouge et la CIMADE, ils collaborent pas avec le gouvernement pour virer des gens ...

Ah et le " légalisation de tous les sans papiers", ça commence sèrieusement à me gonfler quand ces âmes charitables ne réfléchissent même pas aux raisons de devenir sans papiers ...
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Re: RESF

Messagede Pïérô » 30 Déc 2010, 18:14

Une réponse à relever et à saluer pour sa pertinence,
RESF refuse de rencontrer le Ministre de l’Intérieur :

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Ministre, vous avez souhaité rencontrer le Réseau Éducation Sans Frontières, RESF. Le Réseau dans sa diversité aussi bien géographique que philosophique, politique, spirituelle, refuse de désigner en son sein quels que représentants que ce soit pour venir au ministère.

Le gouvernement que vous servez et vous-même avez pris le parti d’une politique du rejet de l’étranger, non pas celle d’un accueil des familles et des jeunes présents en France par la délivrance d’un titre de séjour pérenne, mais celle de l’expulsion à tout prix avec des objectifs précis fixés préfecture par préfecture, prime de résultat à l’appui. Le nombre d’expulsions a été de plus en plus important d’une année sur l’autre. Vous avez choisi de devenir ce que nous appellerons « ministre de la Rafle et du Drapeau », vous l’avez fait, avez-vous dit, « sans état d’âme ». Vous avez rempli vos objectifs.

Bien sûr, pour rassurer les bonnes consciences, vous avez dans le même temps affirmé que votre politique était « ferme mais humaine », vous déclarant « fiers de nos valeurs », », de notre pays qui est à l’origine de la Déclaration des Droits de l‘Homme, qui a ratifié la Convention européenne, la Convention internationale des droits de l’enfant. Ces grands textes qui défendent et protègent les droits fondamentaux de chacun, quel qu’il soit, d’où qu’il soit, vous en usurpez le prestige dans le même temps que vous les bafouez en menant une politique qu’il faut bien qualifier de xénophobie d’Etat.. La multitude de cas inhumains que vous avez assumée est trop longue pour qu’il soit possible d’en faire la liste. Enfants en rétention, familles brisées par l’expulsion d’un ou de plusieurs des leurs, lycéens expulsés en cours d’études sont hélas des démentis vivants et désespérants de vos paroles. Ni les expulsés, ni leurs proches, ni leur entourage, ceux qui les rencontrent tous les jours à l’école, au travail, ne peuvent croire que ce soit cela une politique humaine. Ils savent en outre que vous avez été alerté sur chacun de ces cas et que votre humanité ne s’est pas manifestée.

Après l’intermède de Monsieur Besson qui a poursuivi sans faiblir votre politique, vous retrouvez aujourd’hui la charge de l’immigration au sein du ministère de l’Intérieur. Police et immigration ! Tout un programme. Après les évènements de cet été, les Roms, citoyens européens, nommément désignés comme devant être chassés de leurs habitats précaires pour être expulsés, nous voyons bien que si votre politique s’est modifiée, c’est pour le pire, le renforcement de la xénophobie et la banalisation de la plus grande brutalité en paroles et en actes. Nous n’en prendrons qu’un seul exemple concret, celui d’Ardi, jeune garçon de 15 ans très lourdement handicapé, que la police est allée chercher dans un centre de soins spécialisés et qui a été expulsé par le ministre Besson. Mais, à notre connaissance, vous n’envisagez pas son retour en France, bien que l’état de santé de ce jeune se dégrade de jour en jour.

Vous allez défendre la loi concoctée par votre prédécesseur car, dites vous, « vous vous inscrivez dans ses pas ». Vous n’hésitez donc pas à franchir un seuil très grave en restreignant très fortement le contrôle judiciaire sur l’administration. Ce projet de loi renforce les pouvoirs arbitraires de l’administration au détriment de ceux du juge pourtant garant selon la Constitution des libertés individuelles. Il bafoue la notion d’accès équitable à la justice garantie par la Convention européenne des droits de l’Homme. Il utilise le prétexte de directives européennes pour banaliser et aggraver l’enfermement, il construit une société fondée sur la peur et le rejet de l’autre stigmatisant les étrangers et les français d’origine étrangère.

Vous le savez déjà, et vous pouvez le constater tous les jours, RESF n’est pas d’accord avec la politique d’immigration que vous poursuivez avec acharnement depuis de longues années. Vos protestations d’humanité, vos engagements ou ceux de Monsieur Besson sont constamment démentis par vos actes. Que pourrions-nous donc nous dire ?

Fort de votre majorité au Parlement, vous allez faire passer une loi inique, vous expulsez chaque jour, mais vous le faites contre l’assentiment d’une grande partie de la population de ce pays. Et nous, RESF, nous n’existons que parce que nous avons le soutien et l’aide des citoyens ordinaires que votre politique révulse. Vous pouvez poursuivre des hommes et des femmes pour délit de solidarité, mais vous ne pouvez pas en brider l’expression journalière. Vous refusez de l’entendre, mais tous ceux qui attendent la délivrance d’un titre de séjour par décision administrative sont au cœur de la population, ils en font partie intégrante, ils sont des nôtres. Et si, nous qui avons des « papiers », nous les défendons, c’est parce que nous défendons l’idée d’une société humaine, solidaire et juste, où les considérations pour les êtres humains que nous sommes tous, sont premières et non pas secondaires.

Monsieur le ministre, votre politique est insoutenable car nous, citoyens, nous sommes nombreux, conjoints, enfants ou petits enfants de migrants. Nous avons des conjoints, qui sont des migrants. Le président de la République lui-même est enfant de migrant. C’est cela la population de la France aujourd’hui et vous n’y pouvez rien changer.

Nous voulons, quant à nous, que les jeunes de toutes origines puissent étudier, travailler, aimer, vivre leur vie sans craindre une expulsion qui anéantisse leur avenir, nous voulons que cessent la chasse aux « sans papiers », l’enfermement de parents et trop souvent d’enfants dans les centre de rétention, la négation quotidienne de droits fondamentaux comme l’asile, le logement, le travail, l’accès aux soins... Nous voulons que cessent les poursuites contre tous les militants de la solidarité et ceux qui dénoncent le caractère inhumain et régressif de votre politique.

C’est pour toutes ces raisons que nous ne donnerons pas suite à votre demande. Nous n’irons pas faire semblant d’être consultés alors que votre politique, déjà tracée et bien connue, va à l’inverse de ce que nous réclamons.

Pour RESF : Mireille Peloux (RESF Rhône), Brigitte Wieser (RESF Paris), Jean-Michel Bavard (RESF Oise)

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Re: RESF

Messagede Pïérô » 21 Fév 2012, 12:50

RESF dans le colimateur

communiqué du MRAP 35 et d'RESF 35

PAF : Tentative d’intimidation sur des militants

Le MRAP 35 et RESF 35 s’élèvent contre la tentative d’intimidation dont a fait l’objet notre camarade Carole Bohanne.

A 7h30 jeudi 16 février, 3 policiers de la Police Aux Frontière (PAF) ont fait irruption dans son domicile sans y être autorisés et ont inspecté toutes les pièces de la maison.

Ils prétendaient rechercher un ressortissant étranger domicilié - mais non hébergé- chez notre camarade.

Carole Bohanne a ensuite été entendue dans les locaux de la PAF sur les circonstances dans lesquelles elle avait effectué cette domiciliation et plus largement sur son aide auprès des personnes étrangères. Son conjoint a également été interrogé ce jour sur l’hébergement des personnes sans-papiers à leur domicile.

De telles intrusions ont pour seul but l’intimidation, celle-ci n’est pas la seule, des militants à Paris et à Marseille ont subi de telles pratiques policières ces derniers jours.

Le pouvoir se trompe en pensant mettre ainsi un terme à nos activités de protection et de soutien d’étrangers victimes de ses politiques d’immigration iniques et inhumaines.

La solidarité, n’est pas un délit !

MRAP 35, RESF 35.

A Rennes,
le 20 février 2012.

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Re: RESF

Messagede bipbip » 24 Fév 2012, 03:10

et encore...et soutien.

Nous sommes toutes et tous opposés aux rafles et aux contrôles au faciès

Deux ans jour pour jour après une perquisition et une garde à vue de plus de 13 heures dans les locaux de la BCRI, classée sans suite, Hélène, membre du Réseau RESF, a été de nouveau convoquée, le mardi 15 février 2012, dans un commissariat pour les mêmes raisons : le fait qu¹elle répercute, par SMS, les informations sur les rafles et les contrôles au faciès quotidiens dans les rues de Paris.

Nous, signataires de ce texte, appelons chacun et chacune à signaler, par téléphone, par mail ou de visu, ces rafles et ces contrôles au faciès à toutes les personnes potentiellement visées par ces méthodes.

Nous affirmons notre solidarité avec celles et ceux poursuivis ou inquiétés pour ces faits.

Le fait d'avoir une « tête d'étranger » ou de ne pas « être en situation régulière » ne constitue pas pour nous un délit.

Par contre, contrôler, arrêter, garder à vue, emprisonner dans un centre de rétention et expulser des hommes et des femmes sur la base de leur apparence physique, et/ou de leur prétendue « clandestinité », est pour nous inadmissible.

Et nous continuerons à nous opposer à ces méthodes, ces comportements policiers, à le faire savoir, à en informer toutes celles et tous ceux qui en sont la cible, et ce quel que soit le gouvernement.

Signataires
Alternative libertaire Paris Nord Est, CNT Education 75, CNT Santé Social Collectivités Territoriales RP, Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE) , GISTI, LDH Paris 8/17, RESF Paris Nord Ouest, Stéphane Lavignotte directeur et Pasteur de la Maison Verte>, Sud Culture
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Re: RESF

Messagede Béatrice » 24 Déc 2012, 11:52

Le délit de solidarité, ça continue ?

Le délit de solidarité, ça continue ?

Mardi 18 décembre, Journée Internationale des Migrants, était également la journée qu’avait choisie la préfecture de l’Ardèche pour convoquer au commissariat de Guilherand-Granges un jeune couple français. Leur délit ? Avoir établi une attestation d’hébergement pour un jeune lycéen algérien sans papiers qui souhaite continuer ses études en France.

Image


Photo manifestation du 24 octobre 2012 à Privas


Le mardi 18 décembre était célébrée la Journée Internationale des Migrants. C’était l’occasion, dans le monde entier, de réaffirmer et de promouvoir les droits des migrants. C’est également la journée qu’a choisie la préfecture de l’Ardèche, dont l’hôte, Dominique Lacroix, a été nommé par le gouvernement Sarkozy en 2011, pour convoquer au commissariat de Guilherand-Granges un jeune couple français, parents de trois enfants. Le motif ? Avoir établi une attestation d’hébergement pour un jeune lycéen algérien sans papiers qui souhaite pouvoir continuer ses études en France.

Que les services du préfet cherchent à se voir confirmer une attestation signée et accompagnée d’une photocopie de pièce d’identité pourquoi pas.
Qu’ils le fassent en convoquant les personnes au commissariat est déjà moins naturel et s’apparente fort à une tentative d’intimidation.
Que cette convocation ait lieu plus d’une semaine après le refus préfectoral de l’autorisation de séjour du jeune lycéen est la démonstration d’une volonté de pression sur des citoyens accomplissant cette ancienne tradition ardéchoise et drômoise d’accueil et de solidarité.
Nos organisations condamnent fermement cette initiative préfectorale à l’heure où le « délit d’hébergement » de sans papiers a été condamné par la justice et alors qu’un projet de loi est en cours d’examen afin d’officialiser cette démarche citoyenne.
Nous réclamons la régularisation du jeune lycéen et affirmons notre soutien à ce jeune couple qui fait honneur à tous les ardéchois-es et drômois-es.

Mouvement des Objecteurs de Croissance (MOC), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Parti Communiste Français 26 (PCF), Parti de Gauche 26 et 07 (PG), Alternatifs 26 et 07, Europe Ecologie Les Verts 26 et 07 (EELV), Marche Mondiale des femmes 26/07, Union Syndicale Solidaires 26/07, Unions Départementales CGT 26 et 07, collectif 26/07 de Solidarité avec les sans papiers et les sans droits, Asti Valence, Jean Claude Amara (Droits Devant), RESF 07.
dimanche 23 décembre 2012.


http://www.educationsansfrontieres.org/ ... 45522.html
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
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