Berckman, je suis assez étonné que tu fasses une distinction aussi artificielle entre "dénoncer comme traître" et constater que les directions sont des "obstacles aux luttes et des fossoyeurs" uniquement pour trier le bon grain anarchiste de l'ivraie trotskyste.
Dénoncer comme traitre, c'est entretenir l'illusion que les bureaucraties syndicales aient pu un seul instant aller dans le sens de l'intérêt des syndiqué-e-s, et des travailleurs-euses.
La trahison, cela suppose la confiance préalable. Cette rhétorique c'est celle qui fait de la "crise de direction du mouvement révolutionnaire/ouvrier" le principal problème, alors que c'est, si on veut utiliser le terme "crise", "la crise organisationnelle" du mouvement ouvrier liée au passage du fédéralisme au centralisme, de la logique égalitaire à la logique hiérarchique qui est à l'origine du problème.
Bref :
Une direction "fossoyeur" d'un mouvement est une direction qui "trahit" les intérêts de la classe. Non ?
Cette rhétorique suppose qu'une direction puisse "porter" les intérêts de la classe, ce qui est IMPOSSIBLE, puisqu'en tant que direction, elle se distingue du prolétariat, et donc défend ses propres intérêts.
Dire que la bureaucratie s'oppose aux luttes et aux syndiqués : c'est un constat. Dire qu'elle "trahit", c'est en fait ajouter un présupposé, qu'lle puisse faire autre chose que briser les luttes.
Il ne s'agit pas de "trier" le bon grain de l'ivraie, mais de ne pas faire comme si miraculeusement la question fédéralisme ou centralisme, distinction dirigeant/dirigé ou mandatement contrôlable et révocable était résolue entre MR et anars.
Il n'y a pas d'laternative : pour ou contre la hiérarchie syndicale et non pour une "bonne" hiérarchie syndicale.
Mais les trots ne passent pas leur temps à utiliser la "réthorique" de la trahison (pas plus que les anars en tous cas). Ils sont même parfois trop timides dans leur dénonciations.
Si tu mets derrière "les trots" le NPA, évidemment. Mais si tu y met le courant trotskystes dans son ensemble (POI, LO, et autres chappelles) alors bien au contraire.
C'est même un Leit motiv' de LO dans leurs interventions dans les coordinations de lutte (même si par ailleurs ils sont très peu critique de l'appareil DANS le cadre syndical)
Ensuite, le reste de ce que tu dis est pratiqué par les trots (liens directs entre sections syndicales, grévistes, bagarre idéologique en période de creux...).
Bref, inutile de chercher les divergences où il n'y en a pas quand il y a suffisament de bonnes raisons de contester les présupposés "léninistes" de la majorité des MR.
Ce que tu appelles "lien direct" entre sections syndicales" se résume, de mon expérience, dans la plupart des cas, aux liens entre délégués syndicaux.
C'est en tout les cas loin d'être une politique systématique, mais cela dépend effectivement des orgas trotskystes.
Encore une fois le NPA fait figure d'exception, mais bon, "trotskyste" ????
Bien évidemment ils mènent une "bagarre" idéologique, mais pas du tout sur le même plan que ce dont je parle :
Ils ne remettent pas en cause la hiérarchie syndicale comme mode organisationnel, puisque d'ailleurs ils prennent des places dans les appareils syndicaux, se contentant de parler "d'orientation" en les déconnectant de la question du respect du fédéralisme syndical. De la question du contrôle et de la révocabilité des mandats.
On a pu voir par exemple le peu de cas que les trots ont fait de la question du cogitiel qui pourtant donnait les moyens à la CGT de museler l'opposition.
Sur ce point :
C'est une très bonne chose que le NPA ait critiqué publiquement la stratégie jaune des directions syndicales pendant les mobilisations du premier semestre 2009.
Je suis d'accord. Il n'en reste pas moins que la critique sans alternative sur le plan de l'organisation des luttes, cela n'entame guère la réalité du pouvoir bureaucratique.
Si l'énergie que mettent les militant-e-s du NPA dans les combinaisons politiciennes était investie dans la constitution de comité de luttes territoriaux regroupants des sections syndicales, des syndiqué-e-s et des non syndiqué-e-s, cela ferait encore plus de bien à la lutte. Bien évidemment les militant-e-s du NPA sont aussi nombreux-euses à faire ce boulot, mais pas à 100 % puisqu'une grande partie de l'énergie militante est affectée aux combinaisons électorales.
C'est la discussion que j'ai (et je ne suis pas le seul à avoir ) avec des militant-e-s, collègues, travailleurs et travailleuses du NPA que je cotoie dans les luttes. Et je ne pense pas que c'est en mettant dans notre poche cette "critique" et ce constat qu'on fera avancer le débat.
C'est une très bonne chose que le NPA n'aie pas reculé devant la tentative d'intimidation de la direction de la CGT pour les faire taire à l'avenir, en invitant des militants CGT reconnus pour leurs luttes à l'UE de Port Leucate.
C'est bien d'inviter des militant-e-s CGT. Mais c'est pour proposer quoi comme perspectives ? La construction du parti ?
Je n'ai aucun problème pour travailler avec des militant-e-s du NPA sur des dynamiques qui ne sont pas politiciennes, dans la construction de luttes syndicales. Je ne suis pas sur que ce que tu soulignes soit positif à moyen terme, car cela finalement rentre aussi dans le costar tressé par la bureaucratie aux "oppositionnels" : des militant-e-s d'extrême gauche.
en gros c'est la préparation de la chasse aux "coucous" comme à la grande époque CFDT Edmond Maire.
Alors que plein de syndiqué-e-s et militant-e-s syndicalistes de luttes ne se reconnaissent pas dans cette étiquette ou dans une étiquette politique, ce qui ne les empêche pas de construire une dynamique de lutte.
A mon avis, les propos de Xavier MAthieu, justement parce qu'il n'est pas relié à un parti politique, ont bien plus dimpact que tous les communiqués du NPA en la matière.