Révolte populaire, gilets jaunes

Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 21 Nov 2018, 02:54

La colère est là, et maintenant ?

Dans une grande partie de la France, ce week-end des 17 et 18 novembre, on n’a parlé que des fameux « gilets jaunes ». Mouvement né d’une colère contre la hausse des taxes, il est complexe, multiple et il faut tenter de le comprendre. Une chose est sûre, la colère majoritaire qui s’exprime là ne va pas faiblir tant qu’elle sera totalement méprisée par le gouvernement. Mais il faut maintenant construire sur la base de ce qu’a été ce 17 novembre : construire des revendications, virer les fachos, et s’organiser démocratiquement.
Une forte mobilisation

Des blocages d’autoroutes, de ronds-points, de supermarchés, de stations essence ont eu lieu dans énormément de lieux. 2 000 à 3 000 blocages, par plus 300 000 personnes le 17 novembre (et ce sont les chiffres du gouvernement !). Beaucoup reconduits le 18 novembre, et certain encore le lundi 19. Ce chiffre est comparable à celui des manifestations nationales appelées par les syndicats de lutte, mais on trouvait ce week-end sur les blocages beaucoup de personnes éloignées du syndicalisme, des reconductions spontanées et auto-organisées, des petites villes où les mobilisations sont rares, des villages même.

Quelques chiffres, pour prendre la mesure de l’événement : 2 000 personnes dans le département rural de l’Aveyron, avec des barrages dans des villages. Dans la région toulousaine, 300 personnes étaient mobilisées à Villefranche-de-Lauragais et 200 à Montgiscard.

Il était impossible d’entrer dans Toulouse de 7h à 19h samedi. A Dreux, circulation automobile bloquée tout le week-end. L’autoroute de Normandie, bloquée une bonne partie du dimanche. Et à Fougères, en Ille-et-Vilaine, ville de 20 000 habitant.es, 200 personnes filtraient toujours l’entrée dans la ville lundi matin, tandis qu’à Montpellier, l’autoroute était bloquée lundi, menaçant l’approvisionnement des supermarchés !

Sur la forme des mouvements, ce fut très hétérogène. Des blocages de ronds-points bon-enfants, familiaux et revendicatifs, mais aussi des personnes beaucoup plus agressives, brandissant le drapeau bleu-blanc-rouge comme un étendard. Par exemple, si Fauville-en-Caux (76), bloquait quelques minutes les automobilistes, avec les enfants rigolant en gilet jaunes sur le bas-côté, sur les ronds-points autour de Dreux (28), c’est des dizaines de drapeaux bleu-blanc-rouge qu’on pouvait voir, et des bloqueurs beaucoup plus agressifs forçant les automobilistes à placer un gilet jaune sur leur pare-brise.

Des actes intolérables

Comme à chaque mouvement social, la répression policière s’est abattue sur les manifestant.es, avec son lot d’interpellations, de gardes-à-vue et de violences en tous genres. Mais ce n’est pas tout. Des actes racistes on été commis de la part de certain.es manifestant.es : une femme portant le voile a été forcée de se dévoiler, et des insultes racistes envers des personnes noires ou arabes ont été prononcées. Des actes homophobes également : des injures et des blocages plus longs pour des personnes reconnues, à tort ou à raison, comme homosexuelles.

L’extrême-droite est en effet une des composantes du mouvement, et ces agressions lui sont sans doute en partie attribuables. Mais ce mouvement ne s’y réduit pas. A plusieurs endroits, des tentatives d’auto-organisations, des revendications sociales et écologiques qui vont bien au-delà des taxes sur le gasoil, des fachos virés des points de rendez-vous.

Évidemment, la situation est bien différente suivant les localités. Mais à l’heure où des porte-parole auto-proclamés s’expriment dans les médias – parfois des patrons, parfois des militants de droite ou d’extrême-droite ! – à l’heure où différentes forces veulent récupérer cette colère pour engraisser leur haine, à l’heure aussi où des personnes qui n’ont jamais fait une manif bloquent le rond-point du coin pendant 3 jours, il faut redire des idées fortes, il faut, là où c’est possible, participer à cette colère.

Porter de nouvelles idées

Sur des bases sociales et écologiques, tout d’abord. N’oublions pas que ce gouvernement, qui prétend prendre une mesure écolo en taxant ceux et celles qui ont besoin de leur voiture, ne taxe pas le kérosène des avions et des jets privés, ni le carburant des paquebots de croisière ! Ce même gouvernement ferme des lignes SNCF, nous mettant dans l’obligation d’utiliser la voiture ! Il ferme aussi des services publics de proximité, nous obligeant à faire des dizaines de kilomètres pour trouver un hôpital, une maternité, un centre des impôts ou un bureau de poste.

Pendant ce temps, rien n’est fait pour que l’on puisse vivre décemment ! Le SMIC reste désespérément bas, et les autres salaires suivent. Le point d’indice des fonctionnaires est gelé, rien à attendre de ce côté-là. Les retraité.e.s vivent pour beaucoup sous le seuil de pauvreté pendant que les actionnaires et les plus riches se gavent. Il faut exiger des hausses de salaires généralisées. Et là-dessus, soyons bien certain-es que ce ne sont pas les patrons, ni les « petits », ni les grands, qui vont nous aider ! D’ailleurs, le MEDEF et des organisations de patrons de PME commencent déjà à appeler à l’arrêt des blocages ! C’est nous, tout seul-es, par l’action, qui obtiendrons cela.

C’est pourquoi il faut, partout où c’est possible, que les décisions du mouvement soient prises de la manière la plus démocratique, dans des comités de base auxquels tous les travailleurs et les travailleuses, tous les chômeurs et les chômeuses, les retraité.e.s et les jeunes peuvent participer. Pour cela, il faudra bien être capables de virer les fachos et les patrons de nos luttes. Nous sommes légitimes à le faire.

Alternative libertaire , le 20 novembre 2018


http://www.alternativelibertaire.org/?L ... maintenant
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 22 Nov 2018, 09:58

Coup de tonnerre 5 jours après le début du mouvement des Gilets jaunes

Nouvelle étape dans la crise à La Réunion. 5 jours après le début du mouvement des Gilets jaunes, un message envoyé dans la nuit par le président de la République annonce l’intervention de l’armée à La Réunion « pour rétablir l’ordre public ».

... https://www.temoignages.re/social/lutte ... rdre,94426
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 25 Nov 2018, 18:58

Témoignage et analyse FB, Hedi Taleb :

Alors non, définitivement ce n'était pas l'ultra-droite sur les Champs, c'est de la grossière propagande (je suis resté toute la journée et j'ai parlé à beaucoup de monde).
Déjà c'était vraiment de toutes tendances identifiables (gauche comme droite), mais surtout c'était en fait totalement a-partisan, AUCUN drapeau ou signe de parti politique, la plupart des slogans (qui n'étaient que très rarement sur des pancartes, mais étaient écrits sur les gilets) tournaient autour du clivage peuple/salariés/pauvres vs élites/Macron/patrons.

L'ultra-droite qui met des keffiehs, qui porte des dreads, qui signe "ACAB", qui écrit "mort aux riches", j'ai même lu "non aux racistes" ou encore le "fâché pas facho", et par ailleurs une partie de Noirs/Arabes (pas beaucoup mais pas rien non plus), j'en veux tous les jours - après il y avait aussi des gens d'extrême-droite c'est vrai, j'ai vu un drapeau avec le Sacré cœur vendéen par exemple, mais ce n'était pas la dominante, ni en terme de participants ni dans la coloration politique qui se dégageait de l'ensemble.

A mon avis s'il y a une tendance majoritaire c'est celle de l'abstentionnisme, des gens avec peu de capitaux politiques, qui expriment un sentiment d'inégalité avant tout et enragé, de ras-le-bol, des saoulés du système en fait (bien qu'ils ne soient pas les plus pauvres, plus des petites classes moyennes et le haut des classes populaires). Le seul mot d'ordre c'était "Macron démission". Je n'ai pas lu une seule fois un truc en rapport avec le FN ou Le Pen.

Et au passage ce n'était pas vraiment une manif, c'était au mieux une manif insurrectionnelle, sinon une émeute franchement, toute la journée a consisté à défier les keufs pour essayer d'aller à l’Élysée, non avec une poignée de jeunes excités comme en fin de manif de gauche, mais avec des gens de tout âge dont beaucoup n'en avaient pas l'habitude.

Et une bonne ambiance ma foi, un sentiment de solidarité, de "faire peuple", ce n'est pas ordinaire, pas de cortèges ou de chapelles (syndicales, partisanes ou autres) qui scindent voire clivent, tout le monde au même niveau, des soulés qui se rassemblement en fait - sur un mode populiste transpartisan, en miroir du macronisme qui génère cela car il en est l'exact opposé, un rassemblement "élitiste" gauche-droite.

Et puis des barricades (avec tout ce qu'on trouvait sur place), des feux à tout-va, les Champs complètement défoncés, les pavés enlevés comme en 68, c'était un mood insurrectionnel. S'il y avait eu plus de gens de gauche et les quartiers populaires en masse, c'était la révolution.


https://www.facebook.com/hedi.donk/post ... 6620350399

Les photos qu’il y a prises :
https://www.facebook.com/hedi.donk/post ... 4333676961

Jeudi
Les travailleurs syndiqués du Havre rejoignent les gilets jaunes
Gilets jaunes et gilets rouges se retrouvaient pour une action commune de barrage filtrant . L'action a eu lieu ce matin à la Brèque, près du stade Océane, lieu bien connu des grévistes traditionnels du Havre, puisque point stratégique de blocage de l’économie havraise.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Les- ... ets-jaunes

Une émission sur le sujet sur Radio Libertaire (ce 25 novembre):
https://media.radio-libertaire.org/back ... _10-00.mp3

Gilets Jaunes. Quand les masses entrent en action
Si la journée du 17 novembre a levé les doutes sur la profondeur du processus en cours autour des Gilets Jaunes, celle du 24 novembre encore davantage. Ecrit la veille de cette seconde journée, cet article fait le point sur la situation.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Gile ... -en-action
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 26 Nov 2018, 17:23

Les dockers de Calais soutiennent les gilets jaunes
Ce jeudi soir, à Calais la fédération nationale des ports et docks CGT s'est mis d'accord et a voté d'apporter leur soutien aux gilets jaunes. Ils se sont dit prêts à venir en renfort dans les actions, car les salariés sont aussi concernés par certaines revendications des gilets jaunes.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Les- ... ets-jaunes

La colère gronde dans les tôles
96% des ouvriers de PSA Valenciennes favorable aux gilets jaunes. 55% pour un appel à la grève
Une enquête de la CGT de PSA Valenciennes au sein de l'usine ne laisse place à aucun doute : les ouvriers sont massivement favorables au mouvement des gilets jaunes et plus de 50% estiment que la CGT doit appeler à la grève sur le site.
... http://www.revolutionpermanente.fr/96-d ... a-la-greve

Normandie : les lycéens de Saint-Lô bloquent un rond point en soutien aux gilets jaunes
Le mouvement lycéen va-t-il s’embraser avec la mobilisation des gilets jaunes ? Après les lycées de Perpignan qui ont été bloqués par les élèves, c’est au tour de lycéens normands de bloquer leur lycée.
Il y a trois jours, de nombreux lycéens du Sud de la France (Perpignan, à Canet-en-Roussilon, à Narbonne, à Prades, à Salon-de-Provence) avaient manifesté en soutien aux Gilets Jaunes, suivis par leurs homologues du Nord de la France. Cette fois ci, ce sont les lycéens normands qui ont décidé d’arrêter les cours et bloquer les axes routiers en protestant contre la vie chère et le coût des études.
... https://www.revolutionpermanente.fr/Nor ... ets-jaunes

8 français sur 10 trouvent le mouvement des Gilets Jaunes justifié
Un sondage du 22 novembre pour France info et le Figaro révèlent l'ampleur du soutien que suscitent les Gilets Jaunes. Une majorité écrasante de français se reconnaissent dans cette colère, 2 sur 3 se prononçant en faveur d'une poursuite du mouvement. Les Gilets Jaunes connaissent même une dynamique positive : le pourcentage de personnes trouvant le mouvement justifié est passé de 75 % à 77 % entre le 17 et le 22 novembre.
... http://www.revolutionpermanente.fr/8-fr ... s-justifie

Châtellerault: des habitants préparent un couscous pour les gilets jaunes
A Châtellerault dans la Vienne, des habitants d’un des quartiers de la ville ont préparé un couscous et l’on apporté sur les barrages des gilets jaunes. Initiative très bien accueillie.
https://tendanceclaire.org/breve.php?id=31267

DOSSIER :
Mouvement des "gilets jaunes"
Spontané, protéiforme et non encadré, le mouvement des "gilets jaunes" est né du mécontentement face à la hausse des taxes sur le prix des carburants. Barrages, blocages, opérations coup de poing : depuis le 17 novembre, ils sont mobilisés dans toute la France.
... https://www.francebleu.fr/infos/societe ... ets-jaunes

Gilets jaunes : défilé à Bordeaux, les manifestants repoussés devant l’hôtel de ville
Plusieurs centaines de "gilets jaunes" ont défilé samedi après-midi, malgré l’interdiction de la préfecture, dans le centre de Bordeaux et ont tenté sans succès d’entrer dans l’Hôtel de ville protégé par un important dispositif de sécurité.
... https://www.sudouest.fr/2018/11/24/gile ... 4-2780.php

Les Gilets jaunes sur les Champs-Elysées : « Pourquoi on ne taxe pas les riches ? »
Samedi 24 novembre, des milliers de « Gilets jaunes » ont manifesté sur les Champs-Elysées. Leurs revendications ne sont pas tant contre les mesures écologiques que contre l’injustice fiscale. Reportage.
Paris, reportage
... https://reporterre.net/Les-Gilets-jaune ... les-riches

"Gilets jaunes" sur les Champs-Élysées : qui sont les casseurs ?
La plupart de la centaine de personnes placées en garde à vue après les violences à Paris samedi seraient des "suiveurs", sans antécédents judiciaires, selon RTL et Le Parisien.
... https://actu.orange.fr/france/gilets-ja ... 9Z38c.html

Champs Elysées : Des cheminots au contact des Gilets Jaunes
Une expérience qui devrait interroger dans les rangs du mouvement ouvrier : Jeter les Gilets jaunes dans les bras des fachos ou faire entendre une autre voix… ?
... http://www.revolutionpermanente.fr/Cham ... ets-Jaunes

ÇA A PÉTÉ (et on était là) !

Nous portions, pour notre part, le chasuble violet de notre Union Syndicale Solidaires ce qui n'a pas manqué d'attirer l'attention et des remarques de la part de ceux en jaune : beaucoup de propos peu amènes sur les syndicats mais toujours en faisant la différence entre leurs dirigeants, accusés d'inaction voir de compromission avec le pouvoir, et nous la base mais aussi des remerciements d'être venus et des demandes d'éclaircissements telles que " Sud-Solidaires ou un syndicat, c'est quoi ? " ou bien " Vous aussi, vous êtes contre Macron ? " Si d'autres camarades de Solidaires ainsi que de la CGT Confédération Générale du Travail avaient fait de même, cela aurait un poids plus conséquent et aurait été remarqué.

Sinon, si extrême-droite il y avait, nous n'en avons pas vu des masses ou alors le seul fait d'entonner la Marseillaise ou d'arborer un drapeau français signifie qu'on fait partie de cette famille politique... Peu de racisés cependant, pas de bris de vitrines hormis en fin d'après-midi par des jeunes venus de banlieue (Vuitton a mangé autant que son propriétaire, Bernard Arnault, lui se gave) et une grande détermination des manifestants (les nombreux chantiers sur l'avenue ont été mis à profit), parfois venus de loin, avec " Macron, démission ! " comme leitmotiv.

Je tire de ces plus de 4 heures passées à différents points de l'avenue la certitude que nous sommes au début d'une explosion sociale d'ampleur et que crier depuis des lustres " ça va péter ! " dans les manifestations et ne pas être là le jour où ça arrive, c'est plus que paradoxal, c'est irresponsable car si ce mouvement plie sous le poids de la répression, dont beaucoup aujourd'hui ont fait pour la première fois l'expérience, nous aurons doit à notre tour à notre Orban ou à notre Bolsonaro.

Aussi, point de répugnance, allons rencontrer les gilets jaunes sur leurs points de blocages, posons la question dès lundi dans les boites et les services de comment cette mobilisation doit impacter les entreprises et les administrations, non plus de l'extérieur mais de l'intérieur, en y portant aussi bien un gilet, en demandant l'ouverture de la négociation salariale ou, encore mieux, en appelant à la grève. Et le mouvement syndical, plutôt que de servir de planche de salut à Macron, qui veut convoquer les organisations dès mardi, doit clairement prendre des initiatives au lieu de continuer à minorer, voir mépriser ce qui se passe car, pour citer Auguste Blanqui, " L'essentiel, c'est de s'organiser. Plus de ces soulèvements tumultueux, à dix mille têtes isolées, agissant au hasard, en désordre, sans nulle pensée d'ensemble, chacun dans son coin et selon sa fantaisie ! Plus de ces barricades à tort et à travers, qui gaspillent le temps, encombrent les rues, et entravent la circulation, nécessaire à un parti comme à l'autre ! " C'est nécessaire pour gagner !


https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/ ... t-etait-la

24 NOVEMBRE : RÉVOLTE À PARIS, CONVERGENCE À NANTES

Le pays est entré dans une situation de crise politique inédite. Après une semaine de blocages de centres commerciaux, d'occupations d'axes routiers jour et nuit, d'incendies de péages, de manifestations et d'affrontements, de nombreuses mobilisations ont eu lieu samedi 24 novembre. Nos reporters étaient présents à Paris et à Nantes. Retour sur une journée de révolte.

A Paris, les « gilets jaunes » avaient refusé le compromis avec les autorités. Le mouvement annonçait son intention de bloquer la capitale, et d'atteindre l’Élysée. Une réponse logique au président qui avait demandé qu'on « vienne le chercher ».

Dans un cœur de Paris quadrillé par les forces de l'ordre, les premiers affrontements éclatent avant même la fin de matinée, à l'entrée des Champs Élysées, dont l'accès est barré par une ligne de forces de l'ordre. L'émeute va durer 10 heures, sur l'une des avenues les plus célèbre du monde. Des barricades et des pavés sur l'artère qui sert de vitrine au pays.

Lors de cette folle après-midi, la brume persistante des gaz masque les décorations de Noël et envahit les boutiques de luxe. L'ambiance évoque bien plus 1789 que 1934. Les sans-culottes et la Révolution française plutôt que les ligues fascistes. Des manifestants de tous horizons forment des vagues qui avancent et refluent sans cesse face aux charges des forces de l'ordre. La scène se répète au même moment partout sur les Champs Élysées comme dans les rues environnantes. Il y a un nombre incalculable de barricades de toutes les tailles, perdues puis reconstruites.

La composition de la foule est d'une extraordinaire diversité, de ces cinquantenaires venus de province affichant le numéro de leur département sur leur chasuble jaune, à ces jeunes de banlieue parisienne qui masquent leur visage avec le gilet fluo, jusqu'au kways noirs des cortèges de tête et aux jeunes femmes qui s'avancent face aux gendarmes. Il y a sans doute plus de diversité dans cette révolte plébéienne que dans les cortèges d'extrême gauche. Et l'affrontement est assumé par le plus grand nombre. L'immense majorité des participants, n'a pas l'expérience de la confrontation, et fait preuve d'un grand courage, qui frôle parfois l'inconscience, sous les salves de grenades.

En plusieurs heures, nous n'avons pas entendu un seul slogan d'extrême droite, pas vu un acte douteux. Mais des centaines de voix criant le célèbre « CRS SS » de Mai 68, « Paris debout soulève toi » ou encore des injures graveleuses contre le président. A deux ou trois reprises, des groupes entament les premières strophes de la Marseillaise. Chant cocardier ou référence à la révolution française selon les interprétations, les paroles de l'hymne national ne semblent pas maîtrisées par les manifestants. Ce qui aurait été le cas s'ils avaient été militants de droite. «On est chez nous » est aussi crié par un grand nombre de personnes de toutes les couleurs, sur le mode « la rue elle est à qui ? Elle est à nous ». Ce qui fait sens sur les Champs Élysées, artère du luxe et de la puissance.

Pourtant la présence de l'extrême droite est incontestable. Par exemple, une bande de 4 royalistes, perdus dans cette masse émeutière hétéroclite, vient agiter un drapeau sous l’œil des caméras qui alimenteront la com' du gouvernement. Personne ne les calcule, ils paraissent insignifiants alors qu'à côté, une rue est prise d'assaut par un canon à eau.

A la tombée de la nuit, plusieurs barricades érigées sur toute la largeur de l'avenue sont en flammes. Une bouche à incendie crache un geyser d'eau. On entend chanter l'Internationale. L'auvent d'un restaurant de luxe prend feu. Des décorations de Noël se consument. La voiture d'un commissaire est incendiée. Le bruit de l'hélicoptère. Les Champs Élysées font penser à la Place Maïdan lors de l'insurrection de Kiev.

La répression est d'une extrême brutalité. En plus des centaines de cartouches de gaz lacrymogène et des tirs de balles en caoutchouc, les tristement célèbres grenades GLI F4, contenant du TNT, potentiellement mortelles, sont jetées par dizaines en direction de la foule. Les détonations terrifiantes entendues dans les champs de Notre-Dame-des-Landes résonnent dans les rues les plus luxueuses de la capitale. Il y a des traces de sang sur un trottoir. Un homme âgé court, le visage entaillé par un coup de matraque. La main d'un manifestant est dévastée par une grenade. Un jeune tire dans une munition qui explose immédiatement après. A une seconde près, il perdait son pied. Ce genre de scène se reproduira, la plupart des manifestants n'ayant absolument pas conscience de la dangerosité de l'arsenal du maintien de l'ordre. Prétendre que la police épargnerait les gilets jaunes est factuellement faux. Les nouveaux fusils qui permettent d'envoyer en rafale des munitions lacrymogènes seront d'ailleurs abondamment utilisées. Les affrontements finissent par s'estomper après une charge particulièrement violente qui disperse la foule hors de l'avenue.

A Nantes, la journée commence avec le blocage du périphérique par des centaines de gilets jaunes, au niveau du centre commercial d'Atlantis. En une semaine, le rond point de la porte d'Ar Mor est devenu un véritable quartier général du mouvement, avec des cabanes bricolées, un stock de nourriture, de la peinture et des banderoles. Une allure de ZAD règne au bord de la 4 voies.

Au sein du mouvement, on hésite sur le déroulé de la journée. Certains hésitent à se rendre dans le centre-ville et préfèrent continuer les blocages économiques. D'autres iront manifester devant la préfecture.

Le cœur de Nantes sera l'objet d'une convergence des colères. A 14H, environ 800 personnes défilent contre les violences sexistes, à l'appel du collectif « Nous Toutes ». A la surprise générale, les organisatrices ont mis en place un service d'ordre très masculin, qui travaille avec la police et cherche à pacifier la parole des manifestantes. Ce service d'ordre ira jusqu'à protéger un commissariat. Un cortège de tête s'organise, festif et offensif.

Finalement, alors que les organisatrices officielles appellent à la dispersion de la manifestation, une partie de la marche décide de se joindre aux 200 gilets jaunes réunis devant la Préfecture, qui leur réservent un accueil chaleureux. Cette rencontre inattendue se transforme en manifestation sauvage dans le centre-ville, très fortement encadrée et menacée par un dispositif policier empêchant toute initiative. La banderole de tête proclame : « pour une vie riche, pas une vie de riches ». Contre toute attente, les gilets jaunes n'ont pas invisibilisé la marche féministe, en prolongeant une action commune.

A Saint-Nazaire au même moment, c'est la sous-préfecture qui est occupée. Les gilets jaunes décident d'en faire un lieu d'organisation de la lutte, avec une salle de réunion, une radio, une cantine pour préparer repas collectif. Le mouvement s'enracine et se donne les moyens d'imposer un rapport de force durable face à un gouvernement aussi autoritaire qu'impopulaire.

Après ce 24 novembre hors normes, les jours à venir seront cruciaux. Multiplions les initiatives !


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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 26 Nov 2018, 18:53

Conscience de classe des Gilets jaunes

Si la France périphérique pensée par le géographe Christophe Guilluy correspond à ce que le marxisme appelait une "classe", alors le mouvement des Gilets jaunes correspond à un phénomène dont la formation a été étudiée pendant un siècle par les penseurs marxistes : celui de la conscience de classe.

France périphérique

En 2004, le géographe Christophe Guilluy publiait, avec Christophe Noyé, Atlas des nouvelles fractures sociales aux éditions Autrement.

Permettez-moi de vous lire un extrait de la présentation que leurs auteurs faisaient de ce livre, il y a 14 ans : « Le phénomène marquant de ces dernières années, ce n'est pas tant la paupérisation de certaines cités que l'embourgeoisement des centres. Les couches supérieures de la société se concentrent au coeur des villes, colonisant même les anciens quartiers populaires. Dans ces zones économiquement en pointe, tout est pensé en fonction des besoins de cette population aisée : environnement, place de la voiture (je souligne), fiscalité, etc. Cette "ghettoïsation par le haut" dessine dans le même temps une "France périphérique", ignorée de la sphère politique et culturelle, alors qu'elle est largement majoritaire. Elle unit des catégories sociales autrefois opposées l'ouvrier en milieu rural, le petit paysan, l'employé d'un lotissement pavillonnaire bas de gamme et le chômeur de banlieue subissent aujourd'hui le même sentiment de relégation. »
C’était l’entrée en scène d’une notion, celle de France périphérique, promise à un grand succès.
Leurs auteurs parlaient de « nouvelles fractures sociales » : il fallait comprendre que le clivage qu’ils dessinaient, entre des métropoles mondialisées et une France périphérique, leur semblait plus structurant que celui que nous avait légué le marxisme, entre capitalistes et prolétaires. Dans la nouvelle lutte des classes qui leur apparaissait, un petit commerçant de Rouen n’appartenait plus au camp des dominants, et un artiste précaire vivant dans le 20e arrondissement n’appartenait plus au camp des dominés.

Une classe qui se conscientise

Si l’on garde à l’esprit que cette France périphérique correspond peu ou prou à ce que le marxisme appelait une « classe », alors le mouvement des Gilets jaunes correspond à un phénomène dont la formation a été étudiée pendant un siècle par les penseurs marxistes : celui de la conscience de classe. En effet, une classe peut exister de manière objective, aux yeux de l’économiste, du sociologue ou de l’historien. Elle est déterminée par des données objectives, par exemple une place dans le processus de production, un niveau de revenu, un type d’habitation. Mais une classe a beau exister de manière objective, elle ne devient un acteur politique que quand elle se vit subjectivement comme une classe, c’est-à-dire quand elle acquiert la conscience de classe. A ce moment-là elle se reconnaît elle-même, elle se rassemble, elle s’organise, elle lutte, elle prend des Bastilles ou des Palais d’Hiver, et la lutte des classes a lieu, avec son cortège de gloires et de souffrances.

Série, groupe, organisation

L’une des oeuvres les plus instructives sur la constitution d’une classe et l’accession à la conscience de soi est la Critique de la Raison dialectique de Sartre, parue en 1961. Sartre distingue trois niveaux de constitution : la série, le groupe, l’organisation. Une série est un rassemblement d’hommes isolés, anonymes, socialement inertes, par exemple, propose Sartre, une foule d’anonymes qui attend sans se parler à un arrêt de bus. La série disparaît avec l’arrivée du bus à l’arrêt, ou du salaire à l’usine. Mais si à un moment donné, la série devient insupportable, si le bus a du retard par exemple, les gens commencent à se plaindre, puis à parler entre eux, à se reconnaître mutuellement. Ils s’organisent, leur solidarité devient active. De la série, explique Sartre, on passe au groupe, et même au groupe en fusion, celui de l’émeute, de l’insurrection, de la prise de la Bastille. Mais le groupe ne peut pas rester éternellement en fusion. La foule à l’arrêt de bus s’est révoltée mais la révolte n’a qu’un temps. Alors, de même qu’on était passé de la série au groupe en fusion, explique Sartre, on passe du groupe à l’organisation. On désigne des dirigeants, des instances, des porte-paroles. On prévoit des réunions. C’est à ce moment-là qu’une classe sociale devient effectivement agissante dans le domaine de la politique. Mais, comme nous le savons tous, l’organisation est menacée par la sclérose bureaucratique. A partir du moment où une classe est arrivée à la conscience d’elle-même dans le groupe en fusion, sa lutte risque d’être confisquée par l’organisation qu’elle est obligée de mettre en place pour agir. Autrement dit, pour les Gilets jaunes, les ennuis ne font que commencer.


Emission à écouter : https://www.franceculture.fr/emissions/ ... embre-2018
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 27 Nov 2018, 01:08

La bataille de Tourville : Victoire des Gilets Jaunes
Si plusieurs actions ont eu lieu aujourd’hui autour de Rouen, celle des gilets jaunes de Tourville La Rivière a le mérite d’être d’une efficacité redoutable. Pour la 3e fois depuis le début de la mobilisation, le centre commercial Carrefour, sa galerie commerciale et la quasi totalité des grandes enseignes du site : IKEA, Leroy Merlin, Décathlon, Darty, a été totalement fermée dans la journée.
Jamais un mouvement n’aura pris autant au sérieux la question du blocage économique et de mémoire de manifestants, jamais ce site n’aura été contraint de fermer ses portes deux samedis de suite, dont celui du tant attendu Black Friday. Comment 200 personnes qui, pour la plupart, n’ont jamais manifesté ou bloqué quoi que ce soit de leur vie, ont malicieusement déjoué un dispositif de 70 gendarmes mobiles et d’une trentaine de flics du coin ?
... https://a-louest.info/La-bataille-de-To ... Jaunes-602

Gilets jaunes acte II : lacrymos et barricades à Dijon
Après une première manifestation massive le 17 novembre, les gilets jaunes se réunissaient à nouveau en centre-ville de Dijon ce samedi. Le cortège a rapidement été attaqué par des forces de l’ordre débordées.
... https://dijoncter.info/gilets-jaunes-ac ... -dijon-692

Les gilets jaunes toujours mobilisés à Montpellier ce dimanche 25 novembre
Le Poing fait le point sur la mobilisation des gilets jaunes à Montpellier ce dimanche 25 novembre :
Blocage filtrant à Prés d’Arènes
Une vingtaine de gilets jaunes étaient encore présents ce midi au rond-point de Prés d’Arènes. Rassemblés autour d’un couscous, ils ont ralenti la circulation et informé les automobilistes sur les raisons de la mobilisation. Selon nos informations, les gilets jaunes seraient toujours présents ce soir à Prés d’Arènes.
Péage gratuit non-stop à Saint-Jean-de-Védas
Depuis hier matin, les gilets jaunes se relaient au niveau du péage de Saint-Jean-de-Védas pour laisser passer gratuitement les véhicules. Ils ont été rejoints en fin d’après-midi par les quelques gilets jaunes qui s’étaient donnés rendez-vous à un autre endroit pour préparer d’autres actions, mais qui ont préféré rejoindre le péage de Saint-Jean-de-Védas, faute d’affluence à cette dite réunion.
... http://www.lepoing.net/les-gilets-jaune ... -novembre/

Les policiers ont dégagé les gilets jaunes qui bloquaient l’accès au dépôt pétrolier de Frontignan
Entre 100 et 150 gilets jaunes se sont donnés rendez-vous dans la nuit de dimanche à lundi pour rebloquer l’accès au dépôt pétrolier de Frontignan. Certains étaient sur place dès 19h hier soir. Plusieurs barrages ont été enflammés, mais cela n’a pas empêché les policiers, casqués et munis de boucliers et de LBD40 (version moderne du flashball), de dégager les 50 à 60 gilets jaunes qui leur faisaient face, notamment en utilisant des gaz lacrymogènes.
http://www.lepoing.net/les-policiers-on ... rontignan/

ALÈS/SAINT-CHRISTOL-LES-ALÈS Le lycée et la sous-préfecture bloqués ce matin
Des lycéens empêchaient, ce lundi matin, l'accès à l'établissement scolaire Jacques Prévert de Saint-Christol-lès-Alès.
Un mouvement déclenché en solidarité avec les gilets jaunes.
... http://www.objectifgard.com/2018/11/26/ ... -ce-matin/

Gilets jaunes : regards sur une semaine d’actions à travers le réseau d’information Mutu
Une semaine après la journée du 17 novembre, qui a marqué la naissance officielle du mouvement des gilets jaunes, les débats ne cessent de s’amplifier. Petit tour du réseau d’information Mutu pour mieux percevoir comment se sont déroulés les derniers jours.
... https://manif-est.info/Gilets-jaunes-re ... d-832.html

« Gilets jaunes » : une compilation d’articles
Depuis l’apparition du mouvement des « Gilets jaunes », les débats sont houleux autour de la question au sein du milieu révolutionnaire et plus largement au sein de l’extrème gauche. Ce mouvement spontanné et surprenant qui déroge aux codes et aux préocuppations (ou à la façon de les exprimer) des mouvements sociaux traditionnels de gauche effraye certain.es ou semble la source d’un espoir démesuré pour d’autres en manque de mouvement, prêt.e.s à se jeter dans n’importe quoi pour peu que ça bouge.
... https://bourrasque-info.org/spip.php?article1261

« GILETS JAUNES », ACTE 2 / ET MAINTENANT, C’EST QUI LES CASSEURS ?
Dans un morceau intitulé « Sous les Pavés », sorti en 2016 en pleine mobilisation contre la Loi Travail, le rappeur Tekilla écrivait « S’te plaît prends pas ton p’tit air / D’vos leaders j’suis pas solidaire / J’ai vu nos têtes dans leurs viseurs / J’ai vu des gosses jetés en pâture aux bavures policières / Crois-moi j’suis pas sûr qu’les p’tites enflures comme Macron passeront l’hiver ! » Était-ce d’actualité, ou était-il alors en avance sur son temps ? Il demeure que ses mots résonnent de toute leur force avec la mobilisation des « Gilets Jaunes », ce 24 novembre 2018, sur Paris.
... https://www.facebook.com/notes/lameute/ ... 860572814/
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 27 Nov 2018, 17:11

Sur les champs des gilets
Après avoir longtemps hésité à rejoindre le mouvement des Gilets Jaunes à Paris en ce 24 novembre, j'ai fait le choix d'aller sur le terrain pour toucher au plus près cette réalité si complexe et mouvante.
... https://blogs.mediapart.fr/samizdat/blo ... r=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20181126&M_BT=1181239064418

Mouvements sociaux : Qui sont et que veulent les « gilets jaunes » ?
Se fondant sur ses recherches antérieures et sur une enquête en cours, Benoît Coquard se propose dans cet entretien de décrire et d’interpréter sociologiquement le mouvement des « gilets jaunes », dont le prochain temps fort aura lieu demain 24 novembre.
Il donne en particulier à voir l’ancrage du mouvement dans les classes et les sociabilités populaires, les raisons d’agir et les logiques d’action des participant·e·s, et plus généralement le caractère éminemment politique de la contestation en cours, non dans un sens restreint – c’est-à-dire partisan – du mot, mais au sens où elle exprime publiquement – à partir de la question des taxes sur le carburant – une fronde généralisée contre la dégradation des conditions de travail et d’existence de la majorité de la population.
... http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article46955

Contre la récupération
Les gilets jaunes toulousains virent un auto-proclamé « porte-parole » d’extrême-droite
« Ils ne souhaitent pas que je continue à parler au nom des gilets jaunes » a expliqué ce matin le porte-parole auto-proclamé de la mobilisation toulousaine. En cause ? Son profil politique très marqué à l’extrême-droite.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Les- ... eme-droite

Benjamin Cauchy : qui est ce "gilet jaune" devenu "citron" ?
Devenu en quelques jours l'un des interlocuteurs privilégiés des médias, ce "gilet jaune" est aujourd'hui écarté du mouvement de Haute-Garonne. Il annonce la création d'une nouvelle association, "Les Citrons".
... https://www.rtl.fr/actu/politique/benja ... 7795706494

Manosque – La Provence titre: La « révolution » est en marche sur le rond point
https://www.anti-k.org/2018/11/26/manos ... ond-point/

« Gilets jaunes » : les conséquences économiques prennent de l'ampleur
Après les baisses de chiffres d'affaires de l'ordre de 35 % enregistrées par la grande distribution le week-end du 17-18 novembre, Bercy organise une réunion de crise avec les secteurs impactés par le mouvement des « gilets jaunes » ce lundi. L'industrie pourrait être concernée si le mouvement s'installait.
... https://www.lesechos.fr/economie-france ... 224565.php

Le mouvement des "gilets jaunes" a eu un "impact sévère" sur l'économie, affirme Bruno Le Maire
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est exprimé ce lundi à l'issue d'une rencontre avec les représentants des organisations professionnelles qui se disent affectées par les blocages.
... https://www.francebleu.fr/infos/economi ... 1543258774

Gilets jaunes : Français et Allemands réunis sur le pont de l'amitié à Grosbliederstroff
Les gilets jaunes de Grosbliederstroff ont trouvé la solution pour étendre la mobilisation. Ce dimanche, ils ont impliqué leurs voisins allemands avec lesquels ils ont formé une chaîne humaine sur le pont de l'amitié. Il y avait 160 manifestants dont une trentaine d'Allemands.
... https://www.francebleu.fr/infos/societe ... 1543174900
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 27 Nov 2018, 18:51

les enjeux d’une mobilisation populaire

«Gilets jaunes»: les enjeux d’une mobilisation populaire

Depuis près d’un mois, se développe en France un mouvement sans précédent dans le pays

Le 17 novembre ont eu lieu, dans toutes les régions, au moins 2500 blocages de carrefours routiers, de péages d’autoroutes, rassemblant, d’après la police, au moins 300’000 «gilets jaunes», les manifestant·e-s étant vêtus d’un gilet de sécurité, obligatoire dans les véhicules. Toute la semaine suivante, de nombreux blocages se sont maintenus autour des villes secondaires et en zone rurale. Samedi dernier 24 novembre, de nouveau, de nombreuses actions ont eu lieu: plus de 100’000 participants, dont 8000 au moins à Paris sur les Champs Elysées, avec 1600 blocages recensés dans les régions.

Ce mouvement n’a été initié par aucun parti, aucun syndicat. Il s’est entièrement construit à partir des réseaux sociaux, autour du refus d’une nouvelle augmentation de la taxe carbone sur les carburants par le biais de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) prévue au 1er janvier 2019: +6,5 cts sur le litre de gazole et de 2,9 cts sur le litre de SP95. En 2018, la taxe sur le gazole avait déjà augmenté de 7,6 cts. Sur 1 litre de gazole payé 1,45€, l’Etat perçoit aujourd’hui environ 60% de taxes, soit 85,4 cts. Le gouvernement prévoit en 2020 et 2021 de l’augmenter encore chaque année de 6,5 cts. C’est le pourcentage de taxe sur le gazole le plus important en Europe après le Royaume-Uni et l’Italie. Mais, en France, à la différence de la plupart des autres pays d’Europe, Le gazole est très largement majoritaire et représente 80% de la consommation de carburant. Le prix du gazole a augmenté de 23% depuis un an.

Une pétition en ligne contre ces augmentations de taxe, citée dans un article du principal quotidien populaire du pays, Le Parisien, rassembla en quelques jours des centaines de milliers de signatures mi-octobre, puis plus d’un million début novembre. A partir de là, des centaines de groupes Facebook se mirent sur pied dans tout le pays, des vidéos contre la taxe furent visionnées des millions de fois sur internet (dont une faite par un représentant local du groupe d’extrême-droite Debout la France). Un chauffeur routier lança un appel pour bloquer le boulevard périphérique parisien le 17 novembre. Dès lors la date du 17 devint la date choisie par tous les groupes pour des milliers d’initiatives locales de blocage de routes, de ronds-points, recensées sur un site mis sur pied pour l’occasion par deux gilets jaunes internautes. Les grands médias d’information quotidiens (en tête BFM TV) prirent le relais amplifiant le phénomène.

Parti de la simple signature d’une pétition, le mouvement s’est répandu comme une traînée de poudre.

Quel type de mouvement?

Ce mouvement a heurté de plein fouet le gouvernement, mais aussi les responsables syndicaux et politiques! Le contraste a été saisissant entre son extension dans les classes populaires, la large sympathie, notamment dans les entreprises, le soutien massif de la population (70% de soutien la veille du 17 novembre) et la caricature qui en a été faite dans beaucoup de cercles de gauche, en décriant, pêle-mêle, la main du patronat du transport routier et celle de l’extrême-droite. Pourtant, l’ensemble des syndicats patronaux du transport routier a condamné les blocages, demandant au gouvernement de faire dégager les barrages; quant à l’extrême-droite, il est vrai que Nicolas Dupont Aignan, dirigeant du mouvement Debout la France s’est époumoné depuis la mi-octobre s’exhibant sur les médias son gilet jaune. De même, le Rassemblement national de Marine Le Pen a manifesté son soutien, tout en désavouant les blocages des routes… La plupart des organisateurs des «gilets jaunes» ont clairement tenu à marquer leur distance avec ce soutien encombrant. Discrètement, les Républicains et le Parti socialiste ont exprimé leur sympathie avec le mouvement. Par contre, si des responsables de la France insoumise, comme J.-L. Mélenchon ou François Ruffin, tout comme Olivier Besancenot dans plusieurs interventions télévisées ont tenu à marquer leur soutien au mouvement, toutes les grandes organisations syndicales, non seulement la CFDT et FO mais aussi la CGT et Solidaires ont refusé de soutenir les manifestations, insistant sur les manipulations de l’extrême-droite et du patronat routier.

La réalité est que les gilets jaunes traduisent un mouvement profond dans les classes populaires. Tous les jours 17 millions de personnes vont travailler hors de leur commune de résidence, soit les 2/3 des actifs. Sur ces 2/3, 80% utilisent leur véhicule personnel.

La préoccupation du coût du carburant est donc bien une préoccupation populaire, en grande région parisienne et dans les régions notamment (même en région parisienne, seulement un-e salarié-e sur deux utilise les transports collectifs pour aller au travail).

La question de la taxe supplémentaire concerne donc la grande majorité des salarié-e-s!

Les salariés, et notamment les familles, sont obligés de vivre de plus en plus loin des centres urbains, la précarité accentue l’éloignement du lieu de travail. En région parisienne, les 50% des salarié-e-s qui prennent une voiture pour aller travailler sont le plus souvent ceux et celles qui sont obligé-e-s de vivre en grande périphérie ou travaillent en horaires décalés.

Le coût du transport voiture, et notamment le diesel a explosé dans un contexte où le niveau officiel de l’inflation a servi de prétexte pour ne pas augmenter les salaires.

Les gilets jaunes polarisent une exaspération populaire, au caractère de classe évident concernant le pouvoir d’achat, les salaires et les pensions.

Mais cette exaspération catalyse aussi la colère diffuse due au discrédit du gouvernement, à l’accumulation des attaques contre le pouvoir d’achat, les retraites, face aux multiples cadeaux faits aux riches, aux capitalistes. Le discrédit aussi des partis politiques qui ayant tous géré tour à tour le pays sont responsables de cette situation sociale. Macron avait bénéficié de ce discrédit pour se faire élire et subit aujourd’hui un effet boomerang.

Grâce aux réformes fiscales du gouvernement – suppression de l’ISF, flat taxe sur les revenus du capital – les 1% les plus riches verront leurs revenus grimper de 6% en 2019, les 0,4% les plus riches verront leur pouvoir d’achat augmenter de 28’300€, les 0,1% les plus riches de 86’290€. Pendant ce temps-là, les 20% les moins riches verront leurs revenus baisser, avec l’absence d’augmentation des prestations sociales, la réforme des allocations logements, la baisse des retraites, alors que les prix sont en augmentation.

Impopularité et crise de gouvernement

Par une très grande partie de la population, Macron est vécu comme le président des riches, des très riches. L’augmentation des taxes sur les carburants, frappant les salariés aux plus bas salaires, après de tels cadeaux aux classes les plus riches a été vécue comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

De plus, par sa politique de classe et son discrédit, le gouvernement Macron est entré dans une crise accélérée depuis l’été. L’affaire Benalla a été le scandale de l’été. Alexandre Benalla, agent de sécurité personnel de Macron, reconnu coupable d’agression contre des manifestants le 1er mai dernier a été le révélateur des pratiques présidentielles usant des services de l’Etat selon ses besoins personnels avec des passe-droits pour ses collaborateurs, rappelant de façon différente le scandale Fillon à la veille de l’élection présidentielle. Ce scandale Benalla fut suivi de la démission de Nicolas Hulot, caution écologiste de Macron, après nombre de reniements des engagements écologistes. Dans la foulée, Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur et soutien de la première heure du président, a aussi démissionné au début de l’automne. Ces crises internes successives témoignent de l’usure accélérée de ce gouvernement, et de la faiblesse de sa base politique et sociale.

Tous les sondages donnent Macron à un niveau de popularité inférieur à celui de François Hollande après un temps identique de mandat.

Les revendications des gilets jaunes

Dans tous les messages des gilets jaunes sur les réseaux sociaux, sur les blocages, se mêlaient l’exigence de retrait des taxes carburant, mais au-delà le ras l’bol de la vie chère, la demande du rétablissement de l’impôt sur la fortune… et souvent purement et simplement la démission de Macron.

Pour justifier sa taxe carburant et gagner un soutien populaire, le gouvernement a évoqué la nécessité de combattre le réchauffement climatique et de lutter en même temps contre les émissions de gaz à effet de serre et les particules fines. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, a cru s’attacher un soutien de la gauche écologiste en dénonçant «ceux qui fument des clopes et qui roulent au diesel». Mais, même dans l’électorat écologiste, l’augmentation de la taxe n’a pas rencontré un écho favorable et la morgue méprisante du gouvernement n’a pas fait mouche.

La raison fondamentale en est que toute la politique du gouvernement comme de ses prédécesseurs tourne le dos aux impératifs écologiques de l’heure: après avoir favorisé le tout-voiture et le diesel, rien n’est fait pour développer les transports collectifs, en zone rurale et dans la périphérie des grandes villes, alors que les classes laborieuses subissent l’éloignement toujours plus grand de leur lieu de travail et des centres urbains. Il y a une arrogance gouvernementale insupportable à faire payer davantage des populations qui ne pourront pas changer de mode de déplacement… ni de véhicule! Avec les attaques contre la SNCF, le gouvernement compte supprimer encore plus de 11’000 km de voies ferrées et le fret ferroviaire a été largement sacrifié au profit de la route. Parallèlement, Total est exonéré de toute contribution fiscale et a les mains libres pour continuer les explorations d’extraction. De plus, les débats sur la loi de finances 2019 ont révélé que plus de 500 millions de la taxe carburant vont servir, non pas à la transition écologique, mais à renflouer le déficit du budget 2019, pour compenser la suppression de l’impôt sur la fortune.

Pendant des semaines, le gouvernement et les médias ont essayé de discréditer, avec un mépris condescendent, le mouvement, comme celui de «la France de la périphérie», des «territoires oubliés , d’en faire une «jacquerie» de gens incultes, inconscients des changements climatiques (voir l’analyse de Gérard Noiriel) [1].

Et le mouvement ouvrier organisé?

Le mouvement ouvrier et ses organisations n’est pas à l’initiative de ce mouvement des gilets jaunes. Cela traduit à la fois sa perte d’influence dans nombre de régions et de collectifs de travail. C’est aussi, comme le disent des responsables d’ATTAC et de Copernic dans une tribune dans Le Monde [2] le résultat des échecs cumulés des mouvements sociaux de ces dernières années. La volonté de faire des blocages, de mener des actions directes vient aussi du rejet des formes traditionnelles de manifestations, mais se situe dans le prolongement des actions de blocages menées ces dernières années par les secteurs sociaux combatifs.

De plus, la politique pratiquée par les directions syndicales, la faiblesse des relais d’un tel mouvement populaire posent problème. Cette politique a pris comme prétexte les manœuvres de l’extrême-droite ou la volonté «d’apolitisme» des gilets jaunes. Mais comme le disent des responsables d’ATTAC et de Copernic dans cette même tribune publiée dans Le Monde: «On ne combattra pas cette défiance, ni l’instrumentalisation par l’extrême droite, ni le risque d’antifiscalisme, en pratiquant la politique de la chaise vide ou en culpabilisant les manifestants. Il s’agit bien au contraire de se donner les moyens de peser en son sein et de gagner la bataille culturelle et politique de l’intérieur de ce mouvement contre l’extrême droite et les forces patronales qui veulent l’assujettir.»

Beaucoup de structures syndicales, de militant-e-s n’ont pas hésité, eux, à apporter leur soutien et à appeler à participer aux actions des gilets jaunes : il a en été ainsi notamment de la CGT métallurgie, de Sud industrie, de FO Transports notamment, de plusieurs appels unitaires départementaux qui ont avancé une plate-forme revendicative pour les augmentations de salaires, contre la fiscalité indirecte qui frappent les classes populaires et pour une fiscalité des revenus progressive. Souvent, ces appels refusaient clairement les taxes carburant tout en mettant en avant la nécessité d’une véritable politique écologique frappant Total, développant les transports collectifs et le fret ferroviaire face au transport routier.

Dans les réseaux militants, même dans la presse, tous les comptes rendus témoignent de la réalité populaire de ce mouvement, composé essentiellement de salarié·e·s, de retraité·e·s, à côté de travailleurs indépendants ou de petits entrepreneurs, tous ceux et toutes celles qui, avec de faibles revenus, subissent de plein fouet les attaques du gouvernement. Les militants du NPA qui ont participé aux blocages ou même diffusé des tracts témoignent aussi d’un bon accueil et surtout de l’accord avec des exigences visant au rétablissement de l’ISF [Impôt sur la fortune] et à la fin des cadeaux fiscaux pour les plus riches.

Les enjeux du mouvement

Il y a donc des enjeux politiques majeurs dans ce mouvement, quelles qu’en soient les suites. Un enjeu pour, sans le chapeauter, faire qu’il se structure démocratiquement et converge avec les organisations du mouvement ouvrier qui veulent mener un combat commun, par une confrontation générale avec le pouvoir. Le gouvernement espère ne voir dans les gilets jaunes qu’une parenthèse perturbante avant un retour à la vie politique et sociale «normale». Après le 17, tous les médias insistaient lourdement sur les affrontements, les blessés sur les barrages et la mort d’une gilet jaune, écrasée par une automobiliste. Ils insistaient aussi sur des actes racistes, homophobes inacceptables mais très marginaux, commis sur des barrages, cherchant à discréditer l’ensemble du mouvement. Même s’il est plus prudent qu’avec les manifestations du mouvement social, le pouvoir a durement réprimé les blocages de ces deniers jours, et notamment la manifestation des Champs-Elysées samedi dernier.

Peu habitués aux manifestations de rue et encore moins aux affrontements, beaucoup de gilets jaunes ont été choqués d’une telle violence, mais elle n’entame pas la détermination et la volonté de réaliser de nouveaux blocages. Le pouvoir lui espère que les images des affrontements et l’approche des fêtes de fin d’année vont amener à l’extinction de ce mouvement. Si le mouvement ouvrier pensait la même chose, cela serait une lourde erreur.

Même marginale, l’extrême droite est en embuscade dans ce mouvement et espère bien qu’aucune perspective anticapitaliste ne surgira pour lui donner des perspectives. L’épisode des «Forconi» en 2013 en Italie [3], avec lequel les gilets jaunes ont des points de comparaisons doit alerter notamment les anticapitalistes qui veulent que la colère populaire, l’exaspération sociale, non seulement se tourne contre ce gouvernement des riches. mais ouvre la voie à une offensive anticapitaliste, porteuse d’émancipation. (25 novembre 2018)

Léon Crémieux

[1] https://noiriel.wordpress.com/2018/11/2 ... lhistoire/

[2] http://www.fondation-copernic.org/index ... mouvement/

[3] https://www.courrierinternational.com/a ... -en-italie


https://alencontre.org/europe/france/fr ... laire.html

Premières leçons politiques de ce 24 novembre

En affichant l’ « épuisement » du mouvement dit des gilets jaunes, le ministère de l’Intérieur et plusieurs médias mentent. Qu’au bout d’une semaine des centaines de milliers de gens bloquent des routes, des dépôts de carburants, des magasins, avec l’approbation explicite de la majorité de la population, n’est pas un épuisement. On cherche évidemment à les fatiguer, par manque de perspective. Mais nous avons bel et bien affaire à une déferlante des couches les moins organisées du prolétariat et de couches paupérisées de la petite-bourgeoisie, depuis maintenant une semaine.

Il n’est de même pas crédible que seulement « 8000 » manifestants sur les Champs Élysée aient pu défier la police et polariser les chaînes d’information continue pendant toute la journée, en indiquant clairement une direction : l’Élysée, l’affrontement avec l’exécutif, pour en découdre. Même s’ils n’étaient pas des dizaines de milliers, ils étaient les émissaires de centaines de milliers qui les avaient pour ainsi dire propulsés jusque là !

L’ « élément de langage » n°1 de M. Castaner, chef de l’exécutif chaque samedi, a consisté à réduire la manifestation non autorisée des Champs Élysée et, implicitement, l’ensemble de la déferlante actuelle, à « l’extrême-droite », allant jusqu’à raconter qu’il « connaît » les « 200 casseurs d’ultra-droite », et à faire croire que Marine Le Pen avait appelé à cette manifestation.

En réalité, l’extrême-droite ne contrôle rien du tout et si des provocateurs, policiers autant que d’extrême-droite (une partie sont les deux à la fois), étaient bien présents en nombre, ils ne sont pas à l’origine de la direction spontanément prise par le mouvement social : l’Élysée.

Déjà, celles des manifestations intersyndicales du 9 octobre dernier qui avaient un peu de vie ont scandé « Macron démission ». La mobilisation massive de la population marseillaise contre l’abandon des pauvres aux logements insalubres et à la mort sous les gravats portait une même radicalité, ainsi que la mobilisation de toute une région pour la maternité du Blanc, dans l’Indre.

Ce mot d’ordre ne vient pas de l’extrême-droite comme veulent le faire croire tous les protecteurs politiques ou syndicaux de Macron – qui font ainsi le jeu de l’extrême-droite. Il vient des profondeurs de la société, de ces masses qui, d’habitude, se taisent, et qui commencent à faire irruption sur le terrain où se règle leur propre destinée.

Cette irruption a atteint le niveau révolutionnaire à la Réunion, où comités de quartier, assemblées populaires de manifestants, ont déjà imposé un premier recul sur les prix des carburants et tiennent leur île contre la répression et les déprédations. L’explosion et l’auto-organisation populaire à la Réunion, contre lesquelles le pouvoir métropolitain a instauré le couvre-feu, mal appliqué, sont le produit direct de l’impulsion donnée par les Gilets jaunes. A qui fera-t-on croire que Marine Le Pen voulait cela ?

Il faut le dire clairement : en ciblant l’Élysée, les Gilets jaunes ont raison et tous les exploités et opprimés le ressentent !

Et la chute de Macron ne serait pas la victoire de l’ « extrême-droite », du RN qui, institution de la V° République depuis toujours, a toujours voulu prospérer dans le cadre de ce régime et éventuellement arriver au pouvoir par son institution présidentielle, antidémocratique et bonapartiste. La chute de Macron que veulent les Gilets jaunes et avec eux la grande majorité, serait la fin de la V° République.

Elle ouvrirait la voie à la démocratie, à un processus constituant pour avoir un gouvernement, un régime, une société au service de la majorité et pas du capital ! – ce qui serait du coup le seul régime capable d’engager la fameuse transition écologique si vitale, sur la base de la justice sociale, sans impôts indirects !

C’est pour cela qu’aucune direction des organisations syndicales nationales, et des partis et courants issus du mouvement ouvrier ou de la crise des anciens partis, du PS à la FI en passant par les dirigeants confédéraux CGT, CFDT et FO, ne veut entendre parler de la grève unie, tous ensemble, de la grève générale, car sa réalisation, possible lorsque les millions de salariés des petites entreprises entrent en mouvement sous la forme inattendue des « gilets jaunes », poserait la question du pouvoir et même, vu ce qui se passe déjà, commencerait à la régler en chassant Macron.

C’est pour cela qu’il leur faut faire peur dans les chaumières, et dans les permanences syndicales, en martelant que le fascisme serait soi-disant à nos portes, en diffusant en boucle les images répugnantes de petits-bourgeois racistes en gilets jaunes s’en prenant à des migrants, tout en se gardant bien de publier les milliers d’images opposées. Il faut empêcher la jonction !

Or, le vrai mouvement qui monte est celui du prolétariat.

Ni celui du « peuple » contre « l’oligarchie », confusionniste, ni celui du « dialogue social pour infléchir Macron », tout aussi confusionniste.

C’est de lutte de classe et seulement de lutte de classe qu’il s’agit !

Sur le terrain, la jonction a commencé. Dans toute la France des milliers de militants syndicaux sont allés sur les barrages, y apportant parfois leur expérience. Plus : les fédérations CGT des Produits chimiques et FO des Transports posent la question du Tous ensemble. Les raffineries entrent en grève. A Grandpuits, Donges, La Mède, Feyzin, Fos, gilets jaunes et gilets rouges CGT sont ensemble devant les raffineries en grève. A Calais, depuis trois jours, dockers du port en grève et gilets jaunes bloquent ensemble l’autoroute A 16. La CGT du CHU de Toulouse appelle les hospitaliers à rejoindre les Gilets jaunes. L’ébranlement est profond et a commencé.

De plus, ce samedi 24 novembre 2018, les manifestations féministes contre les violences faites aux femmes, appelées de longue date, n’ont pas pâti de la mobilisation des gilets jaunes, au contraire ! On sentait pourtant bien que pas mal de chefs syndicaux se targuaient d’être dans cette seule manifestation parisienne aujourd’hui. Mais elles et ils furent 80 000 dans toute la France.

Et, au moins à Montpellier et à Nice à notre connaissance, les Gilets jaunes avaient décidé de les attendre ou des les accueillir, pour les applaudir et se joindre à elles !

Ces images circulent et doivent circuler, elles montrent des centaines de « gilets jaunes » et pas le petit groupe de racistes de la Somme que beaucoup de responsables et de militants utilisent pour refuser la jonction, la belle jonction !

SALARIES, FEMMES, GILETS JAUNES, JONCTION !

LA JONCTION, C’EST LA GRÉVE !

LES SYNDICATS DOIVENT JOUER LEUR RÔLE : PRÉAVIS, ASSEMBLÉES, INTERSYNDICALES !

NI TIPP NI CSG, MAIS ISF !

UNITE CONTRE MACRON :

par la grève unie, la grève ensemble, la grève générale, on peut gagner,

et ouvrir la voie à un nouveau régime.


https://aplutsoc.org/2018/11/24/premier ... -novembre/
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 27 Nov 2018, 19:53

Gilets jaunes: renaissance de notre classe

C'est une révolte ? Non sire, c'est une révolution. Macron sait très bien que s'il cède sur les taxes sur les carburants, non seulement il devra reculer sur les retraites, les chômeurs, le statut des fonctionnaires mais il risque de déclencher un mouvement généralisé contre le système.

Ampleur et durée du mouvement

Pour se faire une idée de la profondeur de la mobilisation du 17 novembre 2018, de ce qu'elle signifie, de sa durée et de son évolution, il faut commencer par se sortir de la tête les estimations du ministère de l'Intérieur, les seuls chiffres disponibles, qui aurait, pour sa part, compté 282 710 manifestants.

Les gilets jaunes étaient probablement bien plus nombreux.

Mélenchon et quelques autres ont dénoncé la sous-estimation de la police. Parfois cette dénonciation par les gilets jaunes eux-mêmes s'est faite avec fantaisie comme le Fake-News des 2 millions de manifestants soit- disant comptés par CNN. La grande presse s'est aussitôt précipitée en épinglant plusieurs de ces Fake pour légitimer les chiffres de la police.

On ne saura donc jamais combien ils étaient... mais pas plus qu'on ne saura jamais comment la police a compté les manifestants. Elle n'a pas voulu s'expliquer sur sa méthode alors que ce type de manifestation était inédit et que la grande presse moutonnière n'a pas voulu interroger sa méthode de comptage toute empressée à légitimer l'énorme Fake policier.

La police comme la presse locale ont probablement compté le nombre de manifestants à un moment T car on n'imagine pas des policiers ou les journalistes rester toute la journée pour estimer le turn-over qui de plus est très difficile à comptabiliser. Or là où des militants étaient présents de longues heures, parfois toute la journée, ils ont estimé qu'il fallait multiplier les chiffres de la presse par trois pour avoir une idée réelle de la participation.

La méthode de comptage de la presse et probablement celle de la police sous-estime encore plus le nombre de manifestants que dans les défilés traditionnels. En comptage syndical le double habituel du chiffre de la police donnerait 562 000 manifestants, voire le triple 846 000 avec une participation réelle peut-être encore plus élevée.

Ces chiffres ajoutés à l'ampleur des violences – 560 blessés et deux morts, 450 gardes à vue - ont une signification sociale et politique énorme car même si on en reste à la fourchette 562 000-846000, cette ampleur rendue publique aurait eu un effet psychologique et politique extrêmement important sur la population, les militants, l'opinion et les gilets jaunes eux-mêmes, sur la prise de conscience du mouvement lui-même de sa force.

Le 17.11 a, en effet, été une des plus grosses manifestations de ces derniers temps alors qu'il n'a pas d'organisateur. Il a révélé ainsi plus qu'un puissant mouvement de colère populaire, et par delà son expression d'espèce de printemps arabe à la française au travers des réseaux sociaux, une véritable lame de fond sociale témoignant bien plus que l'échec du gouvernement et des directions politiques et syndicales incapables d'exprimer cette colère, mais l'émergence d'une classe sociale qui cherche à monter sur la scène politique.

L’opiniâtreté de la police, de la grande presse mais aussi des directions syndicales a dissimuler l'ampleur de cette manifestation et à se moquer des sentiments des gilets jaunes sur le sujet n'est pas liée à une banale querelle de chiffres mais à la signification historique de cette ampleur : les invisibles, les petits, les pauvres, les humiliés, les méprisés et exploités se sont rendus visibles. Ce phénomène destiné à durer va avoir une portée considérable.

Si les chiffres n'ont pas pu dire publiquement la profondeur de ce qui se passe, la durée du mouvement et encore plus son évolution le disent et font prendre conscience peu à peu aux militants qu'il se passe quelque chose d'inhabituel.

Le 17.11 n'était pas une manifestation comme les autres, ce n'était même pas une manifestation, et même pas encore une marche vers le "tous ensemble" comme notre vocabulaire traditionnel militant peut l'exprimer de manière courante pour toutes ces dernières années, c'était bien au delà, la première apparition politique depuis longtemps de la classe ouvrière.

Elle existe donc et elle a montré son visage, ce qu'elle est aujourd'hui, en 2018.

Pour tenter d'empêcher cette prise de conscience, pour maintenir la confusion, le brouillard, qu'il ne s'établisse pas de lien entre cette lame de fond sociale et les militants syndicaux et politiques de gauche, il était vital pour le gouvernement et les directions syndicales d'utiliser plusieurs contre-feux pour minimiser ou déformer ce qui se passe. Il n'y a pas de plan machiavélique la-derrière, simplement un instinct – de classe – qui leur fait haïr, craindre et mépriser tout ce qui vient d'en bas.

Échec de la politique du RN, du patronat, manœuvres de Macron et de Martinez

Le fait qu'aucune organisation syndicale ou politique de gauche n'ait vraiment appelé à ce mouvement des gilets jaunes sinon du bout des lèvres, tardivement ou par un soutien platonique distant ou récupérateur a permis à l'extrême-droite de combler ce vide et à Marine Le Pen, Dupont Aignan et quelques autres d'y appeler.

Cela a été facilité parce qu'à l'origine, le mouvement a démarré dans un esprit patronal de lutte contre les taxes avec des patrons en particulier du BTP qui ont cru, comme ils l'ont déjà fait plusieurs fois, qu'ils pourraient exercer une pression sur le pouvoir afin de le faire reculer sur sa volonté de leur retirer l'avantage qu'ils ont sur le prix du gazole qu'ils paient à un euro le litre pour leurs engins de chantier. Ainsi a-t-on vu des manifestations de patrons routiers sur ce sujet qui accompagnaient les premières manifestations contre les taxes sur le carburant.

Le vide laissé par les organisations syndicales et politiques partagées entre le dialogue social et les élections européennes a permis cette irruption de la colère sur les taxes et les tentatives de récupération par l'extrême-droite.

Cela a permis à Macron puis à Martinez de salir ce mouvement et de s'en démarquer parce qu'il était sans leader ni organisation, donc selon eux manipulé par l'extrême droite. Ce qui rappelle les déclarations du PCF ou de Marchais au début de mai 68 ou l'attitude de la direction de la CGT dans les élections professionnelles opposée aux candidatures libres sous prétexte qu'elles ne peuvent être que patronales ou fascistes.

Pas question a donc déclaré la direction de la CGT de manifester aux côtés du RN : argument pour tenter de couper sa propre base des gilets jaunes, d'empêcher la jonction. Argument aussi pour défendre ce que la direction de la CGT ne cesse de répéter pour assurer sa survie : si elle échoue dans ses mobilisations ce n'est pas tant que sa politique soit mauvaise mais que les salariés, les pauvres ne se mobilisent pas, ne se battent pas. Aussi, face à la véritable claque que sont les gilets jaunes contre cette argumentation qui est à la base de l'existence de la bureaucratie syndicale, la direction de la CGT n'a pas trouvé mieux que de dire et redire que cette mobilisation populaire se fait sous influence d'extrême-droite.

Or, s'il y a bien quelque chose d'extraordinaire dans ce mouvement qui montre sa nature mais aussi l'état de santé global de la société française, c'est que cette tentative de récupération par l'extrême-droite a totalement échoué pour le moment.

Bien sûr, on pouvait au début douter, craindre cette récupération vues les tentatives, le succès même sur internet d'un appel d'un militant de Debout la France, et la présence de groupuscules policiers d'extrême-droite. Beaucoup de militants l'ont exprimé en dénonçant au départ le mouvement des gilets jaunes non seulement parce qu'ils étaient inquiets mais aussi parce qu'ils se font l'écho par leur inquiétude d'une surestimation de la prégnance de l'extrême droite sur la société, sur les élections, etc, etc... qui est de fait bien plus présente dans les sommets de la société qu'à sa base.

L'aspect apparemment anti-politique et anti-syndical du mouvement lui-même les a confortés dans ce sentiment et les a empêchés d'aller voir et de constater au contraire combien les militants étaient bien accueillis, recherchés même et que toutes les idées pouvaient s'y exprimer à défaut des étiquettes d'organisation. Cette attitude anti-politique et anti-syndicale n'était pas la couverture de l'extrême-droite, mais la volonté de ne pas se faire récupérer par l'extrême droite ou tout autre parti ou syndicat qui les trahissent depuis des années.

Aussi au lieu de montrer combien la politique de récupération du RN a échoué, a été rejetée par le mouvement, y compris physiquement, Wauquiez et quelques autres en ont été pour leurs frais. Macron, la grande presse et la direction de la CGT qui auraient du se réjouir de l'échec du RN, se sont au contraire acharnés à mettre l'accent sur quelques incidents racistes, sexistes ou homophobes, certes indignes et condamnables, pour signifier implicitement ou explicitement que ces incidents étaient significatifs de l'ensemble du mouvement. Or ces incidents le plus souvent à l'origine de quelques individus, avaient, pourtant, été aussitôt dénoncés par les gilets jaunes dans leur majorité,.

Ainsi la CGT des Douanes a été jusqu'à porter plainte contre le racisme de quelques gilets jaunes à Flixecourt afin de dénoncer leur appel à la police pour leur livrer des migrants cachés dans un camion plutôt que d'appeler des associations humanitaires. Cette plainte a eu un large écho dans les rangs de militants sincères. Mais, c'est aussi à la police que fait appel, dans son communiqué, la CGT Douanes pour faire respecter le droit dans l'ensemble des blocages des gilets jaunes, celle-la même qui matraque au même moment des exploités qui se luttent contre la vie chère.

De la même manière, chaque drapeau bleu blanc rouge brandi fussent-ils par des migrants, chaque Marseillaise entonnée n'interrogeaient pas sur ce que ça signifie aujourd'hui de l'éveil des classes populaires et donc d'un éveil confus du prolétariat mais était compris et désigné comme le signe d'une vague réactionnaire, d'un fascisme rampant, d'une extrême droite sous-jacente à ce mouvement en cours. Ainsi trouve-t-on encore sur les réseaux sociaux des militants de gauche partageant en boucle tout fait censé attester du caractère « poujadiste » ou « raciste » du mouvement, parce qu'il doit à tout prix être pour eux le contenu de ce mouvement et coller à leur vision générale du monde actuel sous la seule pression de la réaction et du recul.

Cette politique de Macron et Martinez (et d'autres bien sûr mais moins influents) a coupé un certain nombre de militants du mouvement, les empêchant ne serait-ce que d'aller voir, empêchant le mouvement de prendre conscience de lui-même.

Du coup, alors qu'une bonne partie de la base syndicale y était favorable, seules quelques structures syndicales ont osé s'affranchir de la calomnie de complices du RN et ont donc appelé à y participer.

Cela dit, globalement cette pression sur la base a échoué et n'a pas empêché bien des militants et en nombre de rejoindre bien qu'anonymement et discrètement, les manifestations et les blocages, sentant qu'il y avait là leur classe qui commençait à s'ébrouer.

Gilets jaunes : le visage d'un mouvement social massif aujourd'hui

Rappelons-le, il y a 8% de syndiqués en France aujourd'hui dont la majorité dans la fonction publique. Il y a une abstention massive aux élections et un succès électoral constant de Le Pen avec la montée des idées réactionnaires depuis trente ans en particulier dans les sommets de la société. Ce sont les directions politiques de gauche qui sont à l'origine, une fois au gouvernement, des pires attaques contre les travailleurs. Ce sont des directions syndicales institutionnalisées, intégrées, bureaucratisées qui co-organisent le recul social avec le gouvernement et qui ne cherchent plus à donner une voix à la colère. De ce fait, leurs manifestations saute-moutons ou corporatistes n'entraînent plus grand monde alors qu'il n'y a jamais eu autant de luttes qu'aujourd'hui, mais dispersées.

On pourra toujours souligner l'arriération du mouvement, mais c'est l'insécurité sociale se généralisant qui est en son centre plus que l'insécurité des incivilités ou celle supposée des migrants chères à l'extrême droite.

Beaucoup aujourd'hui vivent de petits boulots à la limite du salariat, de travail gratuit, de l'intérim, de chômage, et pour ceux qui ne sont pas directement plongés dans ce recul, connaissent toutefois tel voisin chômeur, tel cas de licenciement, telle famille appauvrie, ceux qui n’arrivent tout simplement pas à joindre les deux bouts, qui n'arrivent pas à se loger et tous avec des fins de mois difficiles, et puis ils sont tout particulièrement inquiets pour leurs enfants ou petits-enfants, d'autant qu'ils mesurent combien l’ascenseur social est en panne, connaissent la fille ou le fils rejetés par ParcourSup avec une jeunesse scolarisée ou étudiante qui est obligée de travailler à côté et qui vivra moins bien que ses parents. Ainsi une masse importante est plongée dans les drames de la misère ou aux tensions et violences grandissantes au travail et ceux qui ne le sont pas encore peuvent s'imaginer facilement que ce sera le quotidien des leurs ou de leurs enfants si rien ne change.

Ce qui est frappant, c'est que le noyau de ce mouvement que l'on voit dans les mobilisations en semaine, est celui des chômeurs, des précaires, des auto-entrepreneurs, des uberisés, de ceux qui n'ont que le RSA ou qui sont exclus de tout avec une forte présence de migrants ou issus de l'immigration, voire de sans papiers, de retraités pauvres... dont beaucoup vivent d'aides, rejoints le soir ou le week end par des salariés venant après le travail.

Ce qui est lié, c'est que si le mouvement a commencé contre les taxes il est apparu rapidement qu'il n'était pas contre moins d’État mais au contraire plus. Cela peut paraître contradictoire pour un regard superficiel, ça ne l'est pas. En effet ça se résume à pourquoi continuer à payer des taxes (ou des impôts) si on ne reçoit pas d'aides, car la plupart des familles en sont réduites à vivre d'aides tout autant que de ce qui reste de la relative gratuité des services publics.

Confrontés à la destruction des services publics, au détournement de l'argent public par les grands patrons et les banques dans les paradis fiscaux encouragés par l'Etat, ils se demandent pourquoi, eux seuls, continueraient à payer. Ce n'est plus la revendication traditionnelle du patronat et de l'extrême droite contre les charges et les taxes, c'est le combat pour le maintien de la démocratie économique du pauvre, c'est un combat anticapitaliste.

La conscience de classe générale est à l'état zéro ou presque mais en même temps il y a une combativité des couches les plus pauvres du prolétariat très forte avec des milliers et des milliers de grèves émiettées, des mouvements très importants en soutien aux migrants, des luttes de migrants salariés ou femmes salariées au plus bas de l'échelle qui jouent un rôle important dans la permanence et la relance constante de large mouvements sociaux depuis trois ans, des mouvements féministes qui émergent, des luttes de zadistes déterminées pour un autre monde, une autre planète qui montrent, avec les jeunes de quartier en lutte contre les discriminations et les violences policières et des étudiants qui refusent la sélection sociale, une jeunesse qui ne se résigne pas.

En ce sens, le mouvement des «gilets jaunes» témoigne d'un combat contre la précarité qui se rapproche bien plus des luttes de la jeunesse précarisée en 2016 du mouvement #onméritemieuxqueça contre la loi travail ou des luttes aujourd'hui des livreurs Deliveroo, des femmes de ménages des grands hôtels, des agents de nettoyage des gares, des sous prolétaires des ehpad, des migrants non déclarés, que des manifestations antiparlementaires de l'extrême droite.

Mais il manque une force fédératrice, des perspectives sociales et une boussole politique, liées à l'histoire des grands combats passés et de leurs idées.

Or c'est cette possibilité qui germe là ; la possibilité de réunir tous ces combats nombreux mais diffus autour d'une force capable et à même d'aller jusqu'au bout, c'est-à-dire renverser le capitalisme, la classe ouvrière consciente d'elle même.

Or cette conscience de classe ne peut que s'amplifier clairement si les militants comprennent qu'ils sont les bienvenus dans le mouvement des gilets jaunes pour peu qu'ils ne viennent pas avec tout leur attirail de badges, drapeaux et sigles et de certitudes sectaires mais qu'ils cherchent simplement à donner une expression à l'anticapitalisme qui sourd de ce mouvement par des pancartes, banderoles, des cahiers de revendications, et pour peu qu'ils viennent avec leur savoir faire en matière d'Assemblées Générales et de discussions comme de coordination régionale ou nationale.

Cette organisation de la démocratie directe spontanée manque encore mais commence à poindre car si le mouvement, d'abord dans un souci de réussite immédiate a cherché l'efficacité des blocages spectaculaires et a cultivé la méfiance des appareils, il est maintenant confronté à sa durée, à l'opposition ferme du gouvernement, à la violence de la police et se pose la question de sa continuation.

Évolution du mouvement et quelle politique pour les anticapitalistes

Ce qui se discute actuellement chez les gilets jaunes c'est comment ne pas gêner les gens comme eux et en même temps s'attaquer aux vrais responsables de leurs situation, bref comment passer du blocage des automobilistes à celui de l'économie.

On parle alors de bloquer les raffineries, les centres d'impôts, de cibler le gouvernement, ses préfectures et sous préfectures... les centres économiques et politiques. Avec ce débat naît la nécessité d'Assemblées Générales pour discuter et décider, la nécessité de se coordonner pour agir plus efficacement.

En même temps, les gilets jaunes cherchent des alliés.

Ainsi on en a vu s'adresser à des structures locales de la CGT pour agir ensemble comme à Perpignan, demander leur aide tandis qu'en même temps sous la pression de la base, des structures syndicales plus nombreuses et influentes se mettaient à appeler à la lutte dans la continuation de celle des gilets jaunes et avec eux ou au moins pas contre eux.

Ainsi la CGT Chimie appelle à la grève dans tous ses métiers et témoignage de la pression des gilets jaunes sur l'ambiance générale chez les salariés. La quasi totalité des raffineries sont bloquées. De son côté, la CGT des Ports et Docks appelle à participer à toutes les initiatives pour apporter leur aide et leur savoir faire, FO transports apporte son soutien et demande aux routiers de participer aux initiatives tandis que Sud Commerce et Sud industrie appellent à rejoindre la lutte dans son ensemble et de lui donner un caractère plus général.

De fait, la rencontre entre gilets jaunes et gilets rouges commence à se faire malgré ou contre les directions syndicales et politiques, la jonction entre grèves et blocages s'amorce sur le terrain.

Amplifions cette tendance en participant pleinement au mouvement, à commencer par participer à la manifestation nationale à Paris ou aux manifestations locales des gilets jaunes le 24 novembre pour se faire l'expression de toutes les revendications des gilets jaunes comme de la dimension politique du mouvement dans son ensemble pour chasser Macron et le système qu'il défend.

L'union entre le mouvement populaire des salariés et des « sans » est nécessaire. Ne nous laissons pas piéger !

En même temps qu'elle continue à refuser de s'associer aux gilets jaunes par refus de manifester aux côtés du RN, la direction de la CGT essaie aussi de couper gilets jaunes et gilets rouges en se centrant exclusivement sur les augmentations de salaires et en ignorant toutes les autres conséquences de la politique capitaliste sur les différents aspects de la vie des travailleurs, le chômage, le prix du logement, la mobilité, l'environnement, les problèmes des indépendants forcés, la désertification des campagnes, la misère des petits patrons et des paysans, etc.

Or si les revenus sont au point de départ de la mobilisation des gilets jaunes, les chômeurs, les RSistes, les auto-entrepreneurs, les travailleurs indépendants, les artisans, les sans papiers, les contrats aidés licenciés, les sans logis, les femmes, les précaires et des lycéens maintenant s'associant au mouvement qui tiennent les barrages en semaine, ne sont pour la plupart pas salariés ou aux marges du salariat. Le salariat et les salaires sont l'apanage de travailleurs qui leur paraissent « privilégiés » en CDI, une denrée en voie de disparition mais bien présente dans les bastions organisés des syndicats.

Cette lutte centrée exclusivement sur le salaires entrave la convergence avec ce mouvement populaire en utilisant la mobilisation des plus pauvres sans salaire ni travail fixe ou des jeunes sans encore d'emploi au profit de ceux qui bénéficient encore d'emplois fixes et de salaires. Et cette lutte pour les salaires se complète par le fait que la CGT parle seulement de pression, « d'infléchir » la politique de Macron pour obtenir des concessions sur les salaires alors que les gilets jaunes scandent à s'époumoner « Macron démission ». Bref, la direction de la CGT tente de désamorcer ce qu'il y a de plus subversif dans le mouvement des gilets jaunes qui s'attaquent à l'ensemble du système capitaliste et son représentant politique en tentant de faire rentrer ce mouvement général politique dans celui d'une simple revendication salariale syndicale où les salariés ne deviennent que la masse de manœuvre nécessaire à faire pression sur les négociations.

Or aujourd'hui, il ne peut pas y avoir de lutte syndicale sur les salaires ou autre chose si on ne veut pas renverser Macron et son système.

Macron sait très bien que s'il cède sur les taxes sur les carburants, non seulement il devra reculer sur les retraites, les chômeurs, le statut des fonctionnaires mais il risque de déclencher un mouvement généralisé contre le système.

Si la grève sur les salaires qui démarre peut-être aujourd'hui s'amplifie, elle prendra automatiquement ce caractère général et subversif . Si elle ne généralise pas elle ne pourrait gagner que grâce au mouvement des gilets jaunes qui a, lui, ce caractère éruptif et général. Et c'est là que s'inscrirait la proposition de Laurent Berger d'un Grenelle, d'une négociation syndicats-gouvernements autour des salaires sur le dos des gilets jaunes.

Aussi les militants anticapitalistes, syndicalistes, révolutionnaires doivent s'investir à fond dans le mouvement des gilets jaunes pour y défendre un axe "lutte de classe" contre le système capitaliste et l'ensemble des reculs qu'il fait subir aux travailleurs et à l'humanité. Pour lutter contre l'extrême-droite, pour obtenir l'égalité hommes-femmes, pour éradiquer les violences faites aux femmes, aux migrants, aux jeunes, pour gagner sur les revendications, il faut viser à renverser Macron et le système qu'il défend, il faut embrasser la cause des gilets jaunes, organiser ou s'engager dans leurs débats, proposer et mettre au point des Assemblées Générales, avancer sur des coordinations, établir des cahiers de revendications, élaborer un calendrier de luttes, bref donner une voix aux invisibles, aux abstentionnistes, aux luttes dispersées en cours aujourd'hui, à la classe ouvrière au sens politique, qui émerge là.

Jacques Chastaing


https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/ ... -chastaing


QUI SONT LES GILETS JAUNES ? - Un entretien avec Vincent Jarousseau, photographe et et documentariste

Dans l'Entretien Libre, le photographe et documentariste Vincent Jarousseau, co-auteur de « l’Illusion nationale », roman-photo qui nous entraînait début 2017 à la rencontre des électeurs de l'ex-Front National, nouveau Rassemblement National, et de leurs opposants. Avec l’historienne Valérie Igounet, il avait su trouver la distance idéale vis-à-vis de ses interlocuteurs: ni complaisance qui exonèrerait ceux-ci de voter pour un parti xénophobe, ni dégoût surplombant face à des monstres incompréhensibles. Depuis, Vincent Jarousseau est parti vers d’autres terrains d’explorations, dans la région de Valenciennes, pour un nouveau projet photographique, le "Denain Project", toujours à la recherche des classes populaires. C'est dans ce cadre qu'il a suivi sur place le mouvement des gilets jaunes. Il nous livre ses premières réflexions à ce sujet.




SPÉCIALE GILETS JAUNES : AU COEUR DES ÉMEUTES, PAROLES DE GILETS JAUNES, L'ENTRETIEN LIBRE
Serge Faubert était sur les Champs-Élysées samedi 24 novembre. Récit en images d'une journée de colère.

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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 28 Nov 2018, 01:52

De quelle couleur sont les «gilets jaunes» ?
Les mouvements de protestation ne naissent jamais dans une pureté immaculée. Les traiter avec dédain et les disqualifier en bloc est une position sans doute satisfaisante sur le plan intellectuel. Politiquement, c'est une impasse.
... https://blogs.mediapart.fr/rafik-chekka ... ets-jaunes

Plus politiques que dans les journaux : les gilets jaunes dans le miroir de Facebook
Quatre chercheurs d'un labo toulousain en sciences sociales ont décortiqué des milliers de tweets, posts Facebook et commentaires des Gilets jaunes. Ils les ont comparés au traitement du mouvement par la presse écrite. Leur verdict : de l'Huma au Figaro en passant par le Monde, les journaux dépeignent des automobilistes fâchés, parfois racistes, et indifférents aux enjeux climatiques. Sur les réseaux sociaux, les chercheurs, dans ce rapport révélé par ASI, ont vu au contraire l'affirmation croissante et argumentée d'une citoyenneté.
... https://www.arretsurimages.net/articles ... e-facebook

Montpellier. Des militants du mouvement social appellent à rejoindre les gilets jaunes
Une réunion portant sur le mouvement des « gilets jaunes » a réuni hier soir une cinquantaine de personnes au local associatif « Le Barricade », à Montpellier, sur la base d’un appel s’adressant à « ceux et celles qui sont régulièrement dans les luttes, du côté des exploités ». Les débats ont porté sur deux questions majeures : comment comprendre ce mouvement, et comment y intervenir ?
... http://www.lepoing.net/montpellier-des- ... ts-jaunes/

« Le fond du fond, c’est la question des salaires »
Entre tours de passe-passe et inégalités croissantes, le président des riches ne trompe plus grand monde. Si la colère s’est enclenchée au sujet des taxes sur le carburant, c’est bien, derrière, des salaires dont il est question.
... https://www.humanite.fr/article-sans-titre-663932

Micro-trottoir
Vidéo. Paroles de Gilets Jaunes : qui sont-ils et quelles sont les raisons de la colère ?
Alors que la désinformation va bon train dans les grands médias, nous sommes allés au contact des "gilets jaunes" qui manifestaient par milliers dans toute la France ce samedi, pour comprendre les raisons de la colère
... http://www.revolutionpermanente.fr/Vide ... -la-colere

Tribune libre
Une « Gilet Jaune » à Macron : « Votre Noël sera fait de paillettes, le nôtre de désespoir »
Une manifestante en gilet jaune nous a envoyé sa lettre au président, où elle évoque sa colère et son quotidien. Nous la relayons ci-dessous.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Une- ... -desespoir


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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 28 Nov 2018, 02:48

Des Gilets jaunes interpellent les directions syndicales
"Le rôle des syndicats, c’est de défendre ceux qui ont une carte, ou tous les travailleurs ?"
[VIDÉO] Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, on ne peut que constater que les directions syndicales ne répondent pas présentes. La CGT a juste appelé, sans les nommer, les gilets jaunes à se joindre à la manifestation du 1er décembre. Pourtant localement, des syndicats et des syndiqués ont apporté leur soutien au mouvement. Un peu partout, on constate que les gilets jaunes, appellent les syndicats à les rejoindre, et à un mouvement d’ensemble pour imposer un rapport de force au gouvernement de Macron.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Le-r ... availleurs

"POURQUOI LES SYNDICATS NE VIENNENT PAS AVEC NOUS ?"
"Pourquoi les syndicats ne viennent pas avec nous ? Épaulez les Français monsieur Martinez !"



Lettre aux syndicalistes pour la réunir gilets jaunes et rouges – Contre la division des exploités face à l’unité des exploitants
Le mouvement des « gilets jaunes » comme cela était prévisible, a bouleversé complètement la situation politique et sociale du quinquennat et mis à nu la macronie, son monde et son petit roi. Cette mobilisation populaire se poursuit encore avec une combativité qui surprend, une réjouissante impertinence populaire, une convivialité sympathique et une radicalisation des slogans avancés, « Macron démission » est chanté sur tous les tons.
La prise de position des directions syndicales, de la CGT et de Solidaires en particulier, ont beaucoup fait pour que la réalité mouvante d’un mouvement naissant ne soit jamais abordée autrement qu’avec suspicion, l’abandonnant ainsi aux dangers de la récupération.
... https://www.anti-k.org/2018/11/24/lettr ... et-rouges/

Des écologistes proclament « leur soutien total aux gilets jaunes »
Dans un texte daté du 22 novembre, des écologistes associatifs affirment leur soutien aux gilets jaunes :
... https://reporterre.net/Des-ecologistes- ... ets-jaunes

Gilets jaunes. Pour faire plier Macron il faudra élargir le mouvement et le structurer par en bas
Le deuxième acte de la mobilisation des Gilets Jaunes a montré la persistance et la détermination du mouvement, mais aussi la nécessité de l’élargir et de le structurer par en bas, de façon démocratique et aux côtés des travailleurs et étudiants des grandes villes si l’on veut faire reculer le gouvernement.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Gile ... par-en-bas

Des porte-paroles auto-proclamés... choisis par 30 personnes (!) autant auto-proclamées.
Pour de vrais représentants, rien de tel que des Assemblées Generales organisées par les points de blocages choisissant des revendications et élisant des représentants locaux puis des coordinations...
https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video ... R2VjfjxWj4

Discours présidentiel
Macron entend la colère des Gilets jaunes… mais il s’en fiche
Ce 27 novembre, Emmanuel Macron prenait la parole, 10 jours après le début du mouvement des Gilets Jaunes. Un discours creux, qui n’apporte aucune réponse de fond à la colère sociale.
... http://www.revolutionpermanente.fr/Macr ... s-en-fiche
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 29 Nov 2018, 11:18

Journée des barricades à Paris : récit à chaud
Ce samedi, la classe ouvrière dans toute sa complexité et ses contradictions a pris la rue. Face à un dispositif policier délirant, la réponse a été à la hauteur du mépris macronien : barricades tous les 200 mètres sur les champs élysée, mobilier urbain ravagé, objets en flammes. Récit à chaud, écrit le 24 au soir de cette journée des barricades.
... https://paris-luttes.info/journee-des-b ... aris-11112

Jour de Colère à Paris !
Pas de « casseurs de l’extrême » (…Ni droite ni gauche!) sur les Champs Élysées ce Samedi 24 Novembre 2018, mais simplement une foule venue manifester son raz-le-bol aux portes du « Palais » de la Macronie. Ce droit lui étant refusé, la manifestation prévue au Champ de Mars a été un échec total, il faut bien le reconnaître, car l’heure n’était pas encore au débat constructif pour une alternative, mais juste à l’expression de la colère contre la classe politique dans son ensemble, droite et gauche confondue, et sans parler non plus des syndicats qui semblent avoir définitivement perdu toute capacité d’intervention sociale, à moins d’un improbable réveil, et éventuellement poussé par une partie de la base.
... https://nousnesommesriensoyonstout.word ... e-a-paris/

Emeute sur les Champs-Elysées, 101 garde à vue, des blessé.e.s graves
L’idée de cet article n’est pas d’analyser le mouvement des gilets jaunes, d’autres articles le feront sûrement, mais de donner quelques faits sur la manifestation de samedi.
... https://paris-luttes.info/emeute-sur-le ... -101-11125

Les gilets jaunes enflamment le bitume parisien
Dès la fin de la première journée de mobilisation de samedi, le rendez-vous était lancé : « Acte 2, tous à Paris » ! Plusieurs milliers d’entre eux ont convergé dans les rues de la capitale. Que n’a-t-on pas entendu, « manifestation d’extrême-droite », « casseurs », « scènes de guerre »… Radio Parleur y était, et vous raconte cette incroyable journée de mobilisation du 24 novembre sur les Champs-Élysées.
... https://radioparleur.net/2018/11/27/gil ... nif-paris/

Appel à témoignages pour saisir le mouvement des gilets jaunes
Faut être clair : rien n’est clair dans le mouvement des gilets jaunes. Personne n’arrive à saisir les composantes complexes et l’ensemble des motivations des gens qui y participent. Beaucoup de camarades sont partis voir la grosse émeute sur les Champs-Élysées mais peu de témoignages, de ressentis et d’analyses nous sont revenus. Ceci est donc un appel à témoigner. Pour comprendre et intervenir.
... https://paris-luttes.info/apel-a-temoig ... r-le-11123

La feuille d'impôt, le rond-point et Facebook : huit sociologues décryptent les gilets jaunes
Il est trop tôt (et encore plus hasardeux) pour tenter un portrait-robot des gilets jaunes, après deux journées d'intense mobilisation. Pourtant les premiers décryptages publiés depuis les débuts du mouvement montrent que l'image des gilets jaunes qui circule dans les médias est largement déformée.
Même s'ils soulignent tous la nécessité d'une étude sur le temps long, des sociologues ont cherché à analyser l'émergence des gilets jaunes et ce qu'ils expriment, depuis la première journée de mobilisation, le 17 novembre.
Qu'ils arriment leur analyse de la mobilisation à une observation sur le terrain ou qu'ils passent les mots des gilets jaunes sur les réseaux sociaux à la moulinette, qu'ils fassent un détour par l'histoire et Pierre Poujade ou qu'ils comparent la carte de la mobilisation et celle du vote d'extrême-droite, huit sociologues montrent ainsi un décalage édifiant entre ce qu'ils décryptent, eux, du mouvement, et l'image que les médias en projettent.
... https://www.franceculture.fr/sociologie ... A2BPvxCgFw

Transition énergétique et « gilets jaunes » : ce qu’il faut retenir du discours de Macron
https://www.anti-k.org/2018/11/27/trans ... de-macron/

Vent de colère et écrans de fumée

Premiers effets de la mobilisation des gilets jaunes ? La présentation du projet de « loi d’orientation des mobilités » s’est faite sous le signe de la volonté affichée de « sortir du tout-voiture » et de « désenclaver la France périphérique ».

Mais à y regarder de plus près, on se rend compte, une fois de plus, que le gouvernement tente, au moyen de quelques écrans de fumée verte (et jaune ?), de dissimuler la nature profonde de sa politique : destructrice sur les plans social et environnemental.

En effet, au-delà de quelques mesures symboliques (et peu ou pas financées), l’essentiel demeure, avec entre autres le maintien de projets routiers qui vont accroître le trafic, les nuisances et la pollution, entre autres les contournements à Strasbourg, Arles ou Rouen. À noter également, comme le souligne le Réseau action climat, le report de la vignette poids lourds « alors que le transport routier bénéficie d’une concurrence déloyale face au fret fluvial et ferroviaire », ainsi que le maintien des avantages fiscaux sur le kérosène pour le transport aérien et sur le gazole pour le transport routier.

Et que penser des annonces concernant le ferroviaire, dans lequel l’État promet d’investir massivement ? Le « en-même-tempisme » macronien pourrait faire sourire si la situation s’y prêtait, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Ainsi, les déclarations de la ministre des Transports Élisabeth Borne, qui promet que « l’État va aussi investir à hauteur de 2,6 milliards pour augmenter l’offre de trains au quotidien, là où il y a le plus de besoins » sont une véritable provocation contre toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés contre la loi ferroviaire porté par ce même gouvernement au printemps dernier, et qui constatent l’accélération des fermetures de « petites lignes », des Hautes-Alpes aux Cévennes en passant par l’Auvergne.

On remarquera, enfin, l’usage désormais coutumier d’une novlangue destinée à rendre plus séduisant le projet de société rétrograde que l’on veut nous imposer. Pourquoi parler de « mobilités » et non de « transports » ? Comme si le fait de devoir se déplacer toujours plus pour se rendre au boulot (quand on en a un), pour accéder aux services publics ou, tout simplement, faire ses courses, était synonyme de dynamisme et de liberté…

À chacune de ses annonces, la Macronie semble se complaire un peu plus dans une posture où l’hypocrisie le dispute au mépris. À n’en pas douter, cette attitude alimente le vent de colère qui souffle dans le pays et qui pourrait, dans les semaines qui viennent, se transformer en tempête.

Julien Salingue


https://npa2009.org/actualite/politique ... s-de-fumee
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 29 Nov 2018, 13:28

Mickael Wamen: Unissons nous et là ils vont chier dans leur fric !

"Unissons-nous, faisons péter cette connerie de barrière des couleurs ... Car LEUR MÉPRIS ET LEUR HAINE DE CLASSE N’A AUCUNE COULEUR MAIS NOUS BROIENT TOUTES ET TOUS !!!!

LA FINANCE TIENT BON ...

La finance a été claire aujourd’hui rien ne va changer ..

La fin du monde contre les fins de mois ...

Fallait la trouver celle-là, les mecs sont balaises ..

Des millions de gens crèvent et la seule chose qu’ils savent dire c’est : « on va vous aider à changer vos fenêtres ..... mettre en place un numéro de tel pour vous expliquer le chèque énergie ... »

PUTAIN LA, C’EST DU MÉPRIS GOÛT INTENSE !!!!

Par contre la finance annonce dans la foulée vouloir faire participer les gens, Bin oui pas con :

MAIS ...

Une personne qui change des fenêtres ça existe déjà manu ...

Une autre qui décroche un téléphone pour donner des renseignements aussi ...

PAS FACILE D’ÊTRE LA MARIONNETTE DU CAC 40 !!!

Si certains veulent jouer le rôle de pompier lui préfère celui de pyromane .....

Sinon si tu as pas 10€ à mettre dans ton réservoir, BIN achète un bagnole à 20.000 boules !!!

ILS VONT TENTER LA DIVISION ...

Comme à chaque fois ils vont tenter la divisions, essayer de semer le bordel entre les gens, LA VIGILANCE MAXIMUM S’IMPOSE !!!

Unissons nous, faisons péter cette connerie de barrière des couleurs ...

Car LEUR MÉPRIS ET LEUR HAINE DE CLASSE N’A AUCUNE COULEUR MAIS NOUS BROIENT TOUTES ET TOUS !!!!

Cela fait des années que nous poussons pour que la base secoue la structure, les lignes avancent mais c’est loin d’être le top !!!

Les syndicats ont oublié par leurs sommets hélas que ceux que nous representons ne sont pas dans les bureaux des négos !!!!I

Il n’est jamais trop tard, alors exigeons TOUTES ET TOUS, que le 1 décembre soit une première journée nationale de l’unité des couleurs !!!!

Mot d’ordre précis et appel précis pour cliver avec ce que nous faisons depuis au moins 2016 !!!!

Bravo à toutes les bases, syndicats ou même UD et UL, qui appellent à l’unité la plus large !!!

NOS ENNEMIS SONT UNIS POUR NOUS BROYER ...

UNISSONS NOUS ET LA ILS VONT CHIER DANS LEUR FRIC !!!!!


https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/ ... -leur-fric


Contre la vie chère, l’injustice fiscale, les inégalités : TouTEs ensemble !

Mardi, lors d’un discours devant le Haut conseil à l’action climatique, Macron a tenté de désamorcer la colère qui s’est encore largement exprimée dans les rues et sur les routes samedi dernier. Peine perdue : ce long blabla ne va certainement pas éteindre un mouvement né des injustices sociales et fiscales que nourrit sa politique.

Le discours de Macron consacré à la politique énergétique a commencé par un terrible aveu de sa part : « Nous avons fait trop peu ». Si le Président entend parler de sa politique en direction des classes populaires, on pourrait même rajouter que dire cela, c’est déjà trop…

Du fric pour les uns, des mots pour les autres

Ce discours censé répondre au mouvement des gilets jaunes a été une belle fin de non-recevoir de la colère populaire. D’abord parce que Macron le dit et le répète : le cap ne changera pas, car il est « juste et nécessaire »… En matière énergétique, cela veut d’abord dire qu’au-delà des mots ronflants sur les énergies renouvelables, l’essentiel reste. Et Macron de réaffirmer sa foi dans l’énergie nucléaire, l’EPR, etc.

Neuf milliards sont mis sur la table pour la transition énergétique, essentiellement on s’en doute pour les caisses des grandes entreprises du secteur… Ceux d’en bas, eux, devront se contenter de belles paroles et d’explications un brin condescendantes... avec pour commencer l’annonce d’un débat national de trois mois sur la transition énergétique. Une heure de blabla… pour répondre au mouvement social qu’il est temps de débattre !

Les gilets jaunes ont encore du carburant

Pourtant, quelques jours plus tôt, le mécontentement s’était encore massivement exprimé. Les politiciens à la solde du macronisme et les médias aux ordres ont largement relayé ce qui s’est passé sur les Champs-Élysées samedi dernier, mais ils se sont peu attardés – et pour cause – sur le fait qu’à travers tout le pays, à l’image de ce qui s’était passé le 17 novembre, des blocages et barrages avaient lieu, avec plus de 100 000 personnes samedi.

La présence de l’ultra-droite dans les affrontements à Paris, le pédigrée de certains « porte-paroles » et la confusion dans certaines revendications et certains mots d’ordre montrent que l’extrême droite continue d’essayer d’être à l’offensive. Pourtant, le mouvement, populaire dans sa composition et légitime dans ses revendications, ne doit pas être réduit à cela. Et dans plusieurs endroits, des forces de gauche sociale et politique, des cortèges de salariéEs, ont su converger avec les gilets jaunes.

Fédérer les colères, c’est le moment !

L’action des gilets jaunes continue, et le mouvement ouvrier, la gauche sociale et politique, seraient bien inspirés d’être à l’offensive. Cela veut dire prendre des initiatives pour amplifier le mouvement contre la vie chère et défendre les revendications du monde du travail : contre l’injustice fiscale, pour des augmentations de tous les revenus du travail, pensions, allocations, embaucher massivement pour développer les services publics, investir dans les transports publics, financer la transition énergétique et pas le capitalisme relooké en vert… Pour cela, nous avons besoin de toutes les forces afin de bloquer l’activité économique, par la grève.

Contre toutes les inerties, c’est donc le moment de rentrer dans la contestation, pour faire que partout où c’est possible s’exprime la nécessité de fédérer les colères, et se construisent concrètement les convergences contre la politique d’un gouvernement des riches résolument droit dans ses bottes et terriblement méprisant.


https://npa2009.org/agir/politique/cont ... s-ensemble

CONTRE MACRON ET LA CLASSE CAPITALISTE PRÉPARONS LE RASSEMBLEMENT DU MONDE DU TRAVAIL

Avec plus de 100.000 manifestants samedi dernier, la journée de mobilisation des « Gilets jaunes » a été un succès. Très loin de « l’essoufflement » que prétend constater une presse quasi unanime.

Et ce n’est pas le choix du gouvernement de faire intervenir dès le matin les CRS sur les Champs Elysées, réprimant les manifestants à travers de violents affrontements, qui atténuera leur détermination. Pas plus que les provocations d’un Castaner ou d’un Darmanin, qualifiant les manifestants de « peste brune » ou de « séditieux », sous prétexte qu’une minorité de voyous d’extrême droite s’étaient effectivement joints aux manifestants.

UN GOUVERNEMENT SOURD A LA COLERE POPULAIRE

Samedi, Macron a remercié « les forces de l’ordre pour leur courage et leur professionnalisme », prétendant faire « honte à ceux qui les ont agressées », concluant par un pathétique « pas de place pour ces violences dans la République ». Comme si la première des violences, ce n’était pas celle des profondes injustices sociales contre lesquelles s’insurge, depuis le 17 novembre, l’écrasante majorité des gilets jaunes, ici comme à la Réunion !

Et ce mardi, au-delà de déclarations ronflantes sur le fait que « tout sera mis en œuvre pour que l’écologie à la française puisse être une écologie populaire », il n’a rien cédé sur la principale revendication : la suppression de la hausse de la taxe carbone, qui frappe d’abord les classes populaires.

Les mesurettes déjà annoncées, comme l’extension aux chaudières au fioul de la prime à la casse, la mise en place de micro crédits pour l’achat de nouveaux véhicules ou la création d’un « Haut Conseil » pour contrôler l’exécutif en matière de transition écologique ne changent rien à l’affaire.

RIEN POUR TAXER LE CAPITAL ET LES PROFITS

En revanche, aucune annonce concernant le rétablissement de l’Impôt sur la Fortune (ISF), dont la suppression est compensée par la hausse de la taxe carbone, de l’aveu même du ministère de l’Économie. Pas question non plus de taxer les profits colossaux engrangés par les compagnies pétrolières comme Total. Et le gouvernement vient de ponctionner de 577 millions d’euros le budget prévu en 2018 pour cette soi-disant « transition écologique ». C’est dire si la défense de l’environnement a bon dos pour cogner sur les classes populaires !

LA TAXE DE TROP

Mais ces contre-feux pseudo-écologiques n’éteindront pas l’incendie social en train de se propager : car parmi les milliers de travailleurs pauvres qui se mobilisent, souvent pour la première fois, découvrant la puissance de l’action collective, la question des carburants n’est que « la goutte qui fait déborder le réservoir de la colère », comme l’a déclaré un manifestant.

Sur les gilets comme sur les pancartes, les slogans parlent désormais du chômage, de la précarité généralisée, des salaires, des retraites et des allocations de misère, qui ne permettent pas de tenir jusqu’à la fin du mois, des conditions de travail de plus en plus dégradées, etc. Comme le résume une manifestante de l’Eure : « On veut que ça s’arrête, on veut pouvoir manger et vivre correctement. »

LA PEUR DE L’EXTENSION

En quelques jours, c’est toute une partie des classes populaires, celle qui est la moins organisée et qui était jusqu’alors la moins visible, qui vient de prendre l’initiative. A un moment où les directions des grandes organisations syndicales ne proposaient plus aucune perspective pour arrêter le rouleau compresseur des attaques de ce gouvernement.

Cette lutte, c’est l’ensemble du monde du travail qui a intérêt à la rejoindre, en se préparant à bloquer les entreprises par la grève pour construire une riposte d’ensemble contre la vie chère, pour en finir avec la TVA, pour l’augmentation des salaires, des retraites et des allocations.

LE BLOG DU SECTEUR AUTOMOBILE DU NPA

http://www.npa-auto-critique.org


https://www.anti-k.org/2018/11/28/226502/
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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 29 Nov 2018, 23:24

Image

SUD-PTT
Gilets jaunes, rouges, verts, violets...

Rassemblons nos colères, soyons à l’offensive


Depuis le 17 novembre, plusieurs milliers de personnes se retrouvent quotidiennement pour effectuer des blocages, notamment à la périphérie des agglomérations.
La revendication de départ sur les taxes sur les carburants s’est élargie : contre l’injustice fiscale, la baisse générale du pouvoir d’achat, les cadeaux faits aux plus riches, les inégalités...

Au-delà, le climat social se réchauffe : des secteurs mettent la grève à l’ordre du jour ; la mobilisation du 24 novembre contre les violences sexistes et sexuelles a eu une ampleur jamais vue.

L’enjeu du moment : passer à l’offensive généralisée contre le président des riches, son gouvernement et sa politique.


deux tracts sur la situation sociale : http://www.sudptt.org/Gilets-jaunes-rou ... ts-violets

Solidaires Finances Publiques
Solidaires Finances Publiques, les Gilets jaunes et les enjeux fiscaux et sociaux

Le mouvement des « Gilets jaunes » exprime une colère multiple qui s’exprime à nouveau ce jour.

Il révèle une défiance envers le pouvoir dont les ressorts sont liés et nombreux :

sentiment d’abandon profond dans certains territoires et quartiers,
dénonciation de l’injustice fiscale et sociale exprimée dans un premier temps contre l’augmentation des taxes sur le diesel et le fioul mais très vite élargie aux impôts et taxes supportés par la classe moyenne,
dégradation des conditions de vie et du pouvoir d’achat…

Le contournement systématique des organisations syndicales et le piétinement des demandes des salarié.e.s et des retraité.e.s (un grand nombre se retrouve de bonne foi dans le mouvement actuel faute d’avancée sociale…) qu’elles expriment constituent une autre raison de ce mouvement inédit : le gouvernement aurait été inspiré de ne pas mépriser les représentants des personnels dans les différents secteurs d’activité, dans leurs expressions et de mieux les écouter...

Pour le syndicat national Solidaires Finances Publiques, 1er syndicat de l’administration des finances publiques :

le mouvement syndical et social ne peut ignorer cette colère : les organisations syndicales comme la nôtre en expriment d’ailleurs souvent une large part dans leur champ d’intervention, qu’il s’agisse du pouvoir d’achat et des conditions de vie et de travail ou de la nécessité de procéder à une réforme fiscale plus juste,
il faut éviter que cette colère réelle ne soit récupérée par des mouvements violents (comme certains veulent le faire ce jour) et ne devienne un mouvement « anti-fiscal » de plus qui se retournerait contre les fonctionnaires et les agent.e.s des services publics.

Solidaires Finances Publiques est en alerte sur ce point : nos collègues connaissent les mêmes difficultés, ils et elles exercent leurs missions avec une grande conscience professionnelle et un immense sens du service public, ils et elles ne sont pas les responsables des choix gouvernementaux !

Le syndicat Solidaires Finances Publiques s’est exprimé sur les enjeux de la période pour porter ses positions dans le débat public avec :

une [expression publique sous forme de tract6>https://solidairesfinancespubliques.org/le-syndicat/actions/1916-les-agent-e-s-des-finances-publiques-ne-sont-pas-responsables-des-choix-gouvernementaux.html] visant à alerter les pouvoirs publics et l’opinion des enjeux posés par ce mouvement et des risques qu’il peut receler,
un [communiqué de presse suite à l’enquête d’opinion sur les français et l’impôt6>https://solidairesfinancespubliques.org/le-syndicat/media/presse/1931-les-francais-et-l-impot-un-mecontentement-synonyme-de-besoin-de-justice-fiscale-et-sociale.html#g-mainbar] qui révèle que le besoin de justice fiscale est profond,
deux tracts destinés au public portant sur les enjeux : [l’un montrant en quoi il faut des impôts pour un service public de qualité6>https://solidairesfinancespubliques.org/le-syndicat/actions/1934-justice-fiscale-justice-sociale-des-impots-justes-pour-un-service-public-de-qualite.html#g-mainbar], et [l’autre, plus court6>https://solidairesfinancespubliques.org/le-syndicat/actions/1935-justice-fiscale-et-justice-sociale-pour-toutes-et-tous.html#g-mainbar], portant également sur les mêmes sujets.

La justice fiscale et sociale n’est plus une option, c’est une nécessité. Faute de quoi ce « ras-le-bol global » aura de graves répercussions : ce n’est plus une question de politique économique et sociale (celles menées actuellement sont en échec et décrédibilisées) mais un enjeu démocratique.


https://solidaires.org/Solidaires-Finan ... fiscaux-et

SUD Rail
Jaunes, vertes ou rouges... et si les colères convergeaient ?

Les capitalistes nous coûtent cher !

Médias et « réseaux sociaux » font état du fort mécontentement lié à la hausse des prix du carburant.
La colère populaire est justifiée, d’autant que cette augmentation s’ajoute à de nombreuses autres. Mais dans les rues, à Paris ou sur les barrages en région, on ne
parle pas que du prix de l’essence ou des taxes : l’augmentation des salaires, pensions et minimas sociaux, est revendiquée, les inégalités sont dénoncées, la scandaleuse répartition des richesses et les privilèges de celles et ceux qui exploitent le travail d’autrui sont décriés.

Parmi les « têtes de gondole » du 17 novembre, on trouve un certain nombre de personnes qui sont totalement opposées aux véritables intérêts des « gilets jaunes ». Mais dans les 3 000 rassemblements recensés, parmi les centaines de milliers de personnes présentes dans ce mouvement, combien de salarié-e-s, de retraité-e-s, de chômeur(se)s ou de jeunes en formation, de paysans aux petites exploitations ? Bien plus ! Certes, c’est un mouvement disparate ; d’ailleurs, sa réalité est très différente, entre l’Ile-de-France et le reste du territoire où il a un ancrage populaire indiscutable.

Tout le monde a remarqué que les syndicats n’ont pas appelé à ces blocages. Pour SUD-Rail et son Union syndicale Solidaires, nos valeurs sont incompatibles avec les mots d’ordre racistes, sexistes et homophobes, avec l’extrême droite. Nous sommes opposés au néo-libéralisme et nous refusons toute récupération politique des mobilisations ; nous sommes là pour aider à la construction d’un mouvement qui doit garder son autonomie, construire sa démocratie. Dans les zones rurales et la périphérie des grandes villes, ce sont « celles et ceux d’en bas » qui se révoltent. Celles et ceux qui n’en peuvent plus d’entendre Macron expliquer qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du boulot.

Notre Union syndicale Solidaires propose aux autres organisations syndicales nationales de discuter ensemble en urgence de celles et ceux qui se mobilisent aujourd’hui et de travailler ensemble à l’élaboration de revendications communes.

Pas de hausse des prix ! Augmentation des salaires, des pensions et des minimas sociaux ! Prenons aux riches (comme les Le Pen ou Dupont-Aignan)


https://sudrail.fr/Jaunes-vertes-ou-rou ... vergeaient

Image

SUD éducation
Battons-nous pour le partage des richesses, la transition écologique et la transformation sociale

Nul ne peut nier aujourd’hui l’ampleur de la mobilisation des gilets jaunes, qui depuis samedi 17 novembre ont multiplié les blocages d’axes routiers. La mobilisation est partie de l’augmentation du prix de l’essence.

L’exaspération exprimée dépasse aujourd’hui largement ce point de départ. Une partie des mots d’ordre remet dorénavant en cause le mépris du pouvoir en place, les privilèges des plus riches, la faiblesse des salaires. En tant que syndicat ayant combattu les réformes des gouvernements successifs au service du patronat, les deux lois Travail, les budgets d’austérité, les contre-réformes du système éducatif, ces mots d’ordre nous parlent.

Extrême-droite dehors !

Bien évidemment, les comportements et invectives sexistes, racistes, islamophobes, lgbtqiphobes vus sur des blocages sont inacceptables. Pour nous, la lutte contre toutes les formes de discriminations et contre l’extrême-droite est une priorité. Il est urgent d’écarter l’extrême-droite de la mobilisation en cours.
Dans l’éducation nationale, nous sommes concerné-e-s

Sur nos lieux de travail, la mobilisation des gilets jaunes est sur toutes les lèvres. Et pour cause, les mots d’ordre concernent directement les personnels.
D’une part, toute une partie de la profession est amenée à faire un trajet long pour se rendre sur son lieu de travail : remplaçant-e-s dans le premier et dans le second degré notamment. Dans l’éducation nationale, les personnels pâtissent également du coût de l’essence, mais aussi et surtout de la destruction des transports en commun consécutive aux privatisations. La précarisation des emplois, y compris dans les services publics, éloigne les personnels de leur lieu de vie et amplifie les effets d’une mobilité quotidienne imposée.

D’autre part, le gel du point d’indice et la faiblesse des salaires en particulier en catégorie B et C concerne directement les personnels de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Tout le système éducatif est frappé par la destruction des services publics et des solidarités mis en œuvre par ce gouvernement.
Le gouvernement aux ordres du capital

SUD éducation, avec son Union syndicale Solidaires, a des revendications pour lutter contre le réchauffement climatique, la dégradation de l’environnement et pour la transition écologique. Mais ce qui est sûr, c’est que le gouvernement, lui, ne s’attaque pas aux véritables responsables : il privatise et ferme les lignes de chemins de fer, promeut le transport en autocar, ne touche pas aux dividendes du fret maritime, des patrons-ne-s de la route, des entreprises les plus polluantes.
Contre ce gouvernement au service du patronat et certainement pas de l’environnement, SUD éducation revendique l’augmentation générale des salaires et des prestations sociales avec un passage immédiat du salaire minimum à 1700 euros et l’intégration des primes et indemnités aux salaires.
S’attaquer aux vrais responsables

Pour SUD éducation, il faut s’attaquer aux responsables du désastre :
– en taxant les revenus du capital, le transport aérien et maritime, les véhicules de luxe polluants, le transport poids lourd routier,
– par la création d’emplois non délocalisables,
la reconversion des transports polluants,
– une vraie politique du transport public accompagnée d’une vraie réflexion sur leur accessibilité par toutes et tous, notamment par un coût réduit des billets,
– la transformation des industries et de l’agriculture polluantes avec des aides pour les salarié-es et riverain-es concernées.

Transformer la société

Nous voulons une transformation profonde de la société. SUD éducation se bat pour une société plus juste, solidaire, égalitaire, autogestionnaire, et écologique,débarrassée du sexisme et des lgbtphobies, du racisme, de l’exploitation capitaliste. SUD éducation sera au côté de celles et ceux qui luttent dans ces combats.


https://www.sudeducation.org/Battons-no ... et-la.html

SUD Commerces & Services
Solidaires des revendications des gilets jaunes

Le 27 novembre 2018 Cela fait plusieurs semaines qu’une mobilisation née sur internet, avant tout contre la vie chère, a lieu. Elle met le gouvernement en difficulté et les annonces technocratiques ce jour du Président de la République sont loin de répondre aux attentes des centaines de milliers de personnes qui se mobilisent.

Cela fait des années que nous avertissons nos interlocuteurs politiques que " Ça va péter ! " et aujourd’hui, ça pète ! Syndicalistes, nous combattons sur le terrain la politique de régression sociale menée par le patronat que Macron incarne sans fard. C’est pourquoi nous soutenons les revendications des gilets jaunes telles que l’augmentation immédiate des salaires, des pensions et des minimas sociaux, une écologie non-punitive à travers par exemple la mise en place de transports publics gratuits ainsi qu’une véritable démocratie dans la cité comme dans l’entreprise. Dans le même temps, nous condamnons tout agissement raciste, sexiste ou homophobe qui peuvent exister parmi eux.

Dans nos secteurs, le temps partiel imposé, la smicardisation de nos professions, la remise en cause des primes et des augmentations collectives auxquelles vient s’ajouter l’extension du travail dominical et nocturne, que les député-es LREM veulent généraliser l’an prochain, génèrent une paupérisation accrue : nous voulons vivre de notre travail, pas en survivre !

Aussi, nous participerons à nouveau avec nos chasubles syndicales à la manifestation des gilets jaunes prévue ce samedi à Paris car nous pensons que la place des militant-es est à côté de ceux qui luttent. Par le présent appel à la grève, nous couvrons les salarié-es du commerce et des services qui souhaitent y participer, avec ou sans gilet.


https://solidaires.org/Solidaires-des-r ... ets-jaunes

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Re: Révolte populaire, gilets jaunes

Messagede bipbip » 30 Nov 2018, 01:34

Syndicalistes contre la vie chère: agir maintenant !

De nombreux syndicalistes veulent s’engager collectivement dans le mouvement des «gilets jaunes». «Comme cela a déjà commencé dans plusieurs endroits, c’est dès maintenant que nos structures syndicales, à tous les niveaux, doivent débattre elles aussi des initiatives articulant lutte contre la vie chère, justice fiscale et développement des services publics – en particulier de transports collectifs – et revendications salariales.»

Le mouvement des « gilets jaunes », son développement dans les zones rurales et à la périphérie des grandes villes, témoigne d’une colère profonde contre la politique de Macron, une politique au service d’un patronat qui ne recherche que ses profits. Une politique qui se conjugue aux bas salaires, à l’explosion du chômage et de la précarité.

Extrêmement variée dans sa composition, dans ses mots d’ordre et dans ses modes d’actions, cette mobilisation est marquée par la colère contre les attaques subies par les classes populaires. Nous ne pouvons pas la négliger, ni la mépriser. Les nouvelles taxes injustes sur le prix des carburants pénalisent un peu plus celles et ceux qui n’ont pas d’autre choix que de prendre leurs voitures pour se déplacer.

Dans les entreprises, dans les services comme dans les territoires, le mouvement ouvrier et syndical se bat tous les jours contre la politique de classe de ce gouvernement. Nous ne découvrons pas ni ne sommes surpris·es par cette colère.

Syndicalistes, nous pensons qu’il est possible de s’engager collectivement dans cette bataille. Comme cela a déjà commencé dans plusieurs endroits, c’est dès maintenant que nos structures syndicales, à tous les niveaux, doivent débattre elles aussi des initiatives articulant lutte contre la vie chère, justice fiscale et développement des services publics – en particulier de transports collectifs – et revendications salariales.

Dans les jours qui viennent, c’est autour de ces revendications que nous proposons de soutenir, d’impulser des débrayages, des grèves, dans les entreprises, dans les services, mais aussi des blocages pour paralyser l’activité économique et mettre en cause les politiques gouvernementales. La construction d’une grève générale reste notre ordre du jour.

C’est une révolte contre la politique antisociale de Macron, massive et populaire, qui peut s’incarner aujourd’hui. Ni l’extrême droite ou la droite extrême, ni les organisations patronales n’y ont leur place et nous participerons activement à les en écarter.

Aucune agression, aucune violence raciste, sexiste ou homophobe n’est tolérable, qu’elle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne.

Quant à l’imposture écologique d’un gouvernement qui a imposé la réforme de la SNCF pour supprimer des lignes de trains, elle ne peut en aucun cas faire illusion.

Il n’y a que les classes populaires qui peuvent changer la société et répondre à l’urgence climatique. Pour la justice sociale et écologique, pour que ce soient l’égalité et la solidarité qui gagnent !

Signataires :

Laurianne Alluchon, Snuipp-FSU Somme

Jean-Luc Barrière, Union départementale CGT Côte-d’Or

Jean-Marie Battini, Union locale CGT Marseille 11e-12e

Benjamin Bauné, SUD éducation Paris

Maxime Besselièvre, CGT éduc’action

Dominique Blivet, SUD Rural Angers

Jean Brunacci, Solidaires Pays de la Loire

Nicolas Brusadeli, SUD éducation Somme

Gérard Chaouat, SNCS-FSU

Sébastien Chatillon, Solidaires Paris

Nara Cladera, Union locale Solidaires Comminges

Amel Dahmani, SUD Collectivités Territoriales 93

Soraya Dahmani, CGT Commerce Marseille

Hendrik Davi, CGT INRA

Gaëlle Differ, Union locale SUD-Solidaires Saint-Denis

Laurent Degousée, SUD Commerce

Veronique Dolot, CGT Marseille Métropole

Bertrand Dubs, CGT PSA Mulhouse

Vincent Duse, CGT PSA Mulhouse

Olivier Flandrin, CGT Cheminots Marseille

Guillaume Floris, CGT Ville de Paris

André Garçon, Solidaires Finistère

Edouard Gloanec, SUD Santé-sociaux Gard

Florent Grimaldi, CGT Renault Lardy

Morgane Guessant, SUD PTT

Rémi Hamon, Union locale CGT Lorient

Floriane Hédé, SUD PTT

Christophe Hélou, syndicaliste FSU

Elisabeth Hervouet, syndicaliste FSU

Anasse Kazib, SUD-Rail Paris Nord

Pablo Krasnopolski, FERC CGT

Gérald Le Corre, CGT Inspection du travail Seine-Maritime

Serge Le Quéau, Solidaires Côtes d’Armor

Philippe Lebrun, CGT Paris 11e

Jean-Yves Lesage, Livre CGT

Christian Mahieux, Solidaires Val-de-Marne

Adrien Martinez, syndicaliste FSU

Alain Mathieu, CGT TEFP 75

Thibaut Michoux, FSU Grenoble

Noël Morel, ASSO 75

Grégoire Nadin, SNTRS-CGT

Alice Pelletier, CGT Métallurgie Grenoble

Adrien Pettré, CGT Métallurgie Île-de-France

Thomas Philips, CGT Monoprix, Nantes

Bruno Poncet, Fédération SUD-Rail

Basile Pot, SUD-Rail Gare de l’Est

Philippe Poutou, CGT Ford Blanquefort

Evelyne Propos, CGT Santé Publique Bouches-du-Rhône

Gaël Quirante, SUD Poste 92

Alain Remoiville, CGT Chimie Gironde

Julien Rodrigues, CGT Territoriaux de l'Hérault

Théo Roumier, SUD éducation Loiret

Pauline Salingue, CGT CHU Toulouse

Pascal Tailleux, CGT Chimie

Eddy Talbot, SUD PTT

Éric Tchakourian, CGT Santé Bouches-du-Rhône

Julien Troccaz, Solidaires Savoie

Rémi Virgili, CGT Finances publiques Loiret

Guillermo Wolf, Solidaires Maine-et-Loire

Fredéric Yermia, Snesup-FSU


Pour signer cette tribune : syndicalistesagirmaintenant@gmail.com

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