Hier, lundi 2 Mars, les ouvriers de Caterpillar s’étaient donné rendez-vous devant les deux usines (Echirolles et Grenoble) à 6 heures du mat.
Quand j’arrive sur le site de Grenoble, vers 6 heures du mat, des barrages de pneus enflammés barrent déja la route des deux cotés de Caterpillar. C’est pareil sur le site d’Echirolles. J’apprend que la direction ayant essayé de prévenir ses employés zélés pour qu’ils viennent travailler plus tot, certains grévistes sont là depuis presque 4 heures.
Il y a là des ouvriers, quelques femmes travaillant chez Caterpillar (ouvrière ou pas ?) et pas mal de personnes venues en soutien. Des étudiant-es notamment sont là avec un réchau, du thé et du café. Il fait encore nuit, l’ambiance est plutot sympa, les ouvriers sont contents de recevoir du soutien. Ca échange ça et là sur la situation de Cater, sur la crise, sur le fait qu’on va tou-te-s la subir de plein fouet...
C’est dommage, ils laissent rentrer les gens qui travaillent. A priori l’intersyndicale veut pas bloquer completement (ça entrainerait la venue des keufs), ce qui semble énerver une bonne partie des ouvriers. A Echirolles, c’est la même. On en entends pas mal qui disent qu’ils faut arreter d’écouter les syndicalistes, qu’on en a marre de rester calme. Vers 8 heures, les gens d’Echirolles rejoignent le site de Grenoble. Du coup y’a autour de 300-400 personnes qui sont là. Les gens qui rentrent pour bosser se font huer, et prendre à parti par les grévistes. "Vous avez pas honte ? Nous aussi on a une famille !" "On est tous concernés par les licenciements !"... Ils se font lancer des pétards dessus aussi.
A midi, des étudiant-e-s et des jeunes débarquent et installent une cantine. Ils installent une table, des gamelles, et des repas gratuits (une centaine) sont distribués aux ouvriers. C’est un succés. Les ouvriers ont vraiment apprécié cette initiative, et les personnes qui ont cuisiné sont vivement remerciées. (Et les ouvriers ne cessent d’insister pour payer le repas. Avec les sous, on achetera des bières qui seront distribué l’aprem devant l’usine) Pendant ce temps là, les pneus crament toujours, parfois de manière assez impressionante, conférant au tableau une ambiance assez chaotique. Toute la journée, la tension monte, puis redescend, puis remonte... A chaque fois, des personnes sont pretes à investir l’usine, à bloquer les cadres dans l’usine, mais à chaque fois, l’intersyndicale arrive à les contenir, en parlant de négociation...
Vers 15 heures, de nombreux cadres sortent sur le parking et font face aux ouvriers. Ils en prennent plein la gueule. Fruits pourris, pétards, fumigènes... Tiens voila ce qu’il en coute d’être méprisant et de ne pas se solidariser des gens en lutte.
Au moment ou ils partent, on investit le parking. C’est tendu. Un feu d’artifice lancé de la route atterit dans une vitre de l’usine. La direction en profite pour dit qu’elle interrompt les négociations. Quelques personnes se font entendre en disant qu’il est plus temps de négocier, mais encore une fois, des syndicalistes réussissent à calmer le jeu, et demandent à tout le monde d’évacuer le parking, pour que la direction accepte de reprendre les négociations. Tout le monde sort. Mais il y en a qui l’ont vraiment mauvaise. J’ai du partir à ce moment là, mais il ne se passe plus grand chose de mieux aprés. Les négociation n’ont aboutit à rien, si ce n’est à du foutage de gueule.
Aujourd’hui, les ouvriers ont repris le travail pour la plupart (enfin, ceux qui ne sont pas au chomage technique, et pas quelques irréductibles). A priori la majorité de ceux qui ont repris, travaillent au ralenti ou refusent de travailler... 4 mecs de Cater sont allé à l’AG étudiante ce matin, et une intervention a été faite par un ouvrier qui a remercier les étudiants pour leur soutien, et a surtout rappelé que la lutte ne pourra pas se mener chacun dans son coin. (On a aimé les applaudissements des personnes qui se sont pas bougé le cul pour les soutenir jeudi dernier aprés la manif...) D’aprés eux, ça risque de rebouger chez Cater dès jeudi. Et une chose est sure, on sera la !
De toute cette journée, en plus de la solidarité et des liens qui se mettent en place, on retiendra la phrase, prononcée par un ouvrier qui déchargeait des pneus d’un camion, pour les mettre au feu : "On est ptetre pas bien payé, mais qu’est-ce qu’on se marre !"
La lutte continue, avec rage et joie !
Commentaire suite à cet article sur indy gre :
Daubé du 3 Mars : "Les négociations ont été plusieurs fois interrompues au cours de la journée par quelques débordements de manifestants, dont un jet de fumigène dans un bâtiment administratif. Selon la police, cinq véhicules appartenant à des employés non-grévistes auraient aussi été vandalisés « par des anarchistes mêlés aux salariés"
A mon avis, les ouvriers de Cater sont loin d’avoir besoin des "anarchistes" pour niquer les caisses des cadres et des jaunes...