lutter contre les licenciements

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Messagede L'autre facteur » 17 Fév 2009, 13:34

Je ne crois pas qu'on ai déjà mis ce texte de la CGA sur le forum. Et bien voila, l'oubli est réparé.


Quelles propositions anarchistes pour lutter contre les licenciements ?

Le licenciement, l'arme des patrons
Pour augmenter leurs profits, les capitalistes licencient. Ils tirent les salaires vers le bas en augmentant la peur du chômage, et nous font payer les pots cassés de la crise. Ils mettent la pression sur ceux qui travaillent pour gagner plus en faisant produire plus, à moins de travailleurs et travailleuses (les « gains de productivité ») pour débourser moins de salaires.
Cela avec pour résultats des plans de licenciements et la misère programmée pour des millions de personnes. La crise actuelle a pour conséquence prévisible des dizaines de milliers de licenciements. Face à cet enjeu crucial, il nous faut réfléchir aux stratégies les plus à même de permettre aux travailleurs et travailleuses de se défendre, tout en ouvrant des perspectives de transformation de la société qui permettent d'en finir avec ce système générateur de misère.

Quelle stratégie ?
Les léninistes brandissent comme revendication « l'interdiction des licenciements ». Cette revendication est de nature démagogique parce qu’elle tente de faire croire aux salariés que l'Etat peut les protéger contre les coups tordus des patrons et des actionnaires.
Mais l'Etat est le bras armé des patrons : il envoie les CRS contre les grévistes, liquide toutes les manifestations de solidarité sociale en privatisant, criminalise l'entraide, prend aux pauvres pour donner aux riches. Les 300 milliards d'euros donnés aux banques à la faveur de la crise et les exonérations de cotisations patronales démontrent une nouvelle fois, s'il est besoin, qu'il ne faut rien attendre d'autre de l'Etat, que son soutien aux patrons. Une telle revendication condamne à l'attentisme, en brandissant l'illusion du « bras protecteur de l'Etat » qui serait un barrage à la politique patronale. Bien au contraire, nous pensons que les travailleuses et les travailleurs ont tout intérêt à agir directement pour lutter contre les licenciements.

Qu'entendons nous par « agir directement » ?
Les entreprises fonctionnent grâce aux travailleuses et aux travailleurs. C'est pour cela que nous affirmons que l'outil de travail leur appartient, quel que soit les titres propriétés brandis, et cautionnés par l'Etat.
Dans le cadre d'un plan de licenciement, l'enjeu pour les personnes licenciées, c'est d'échapper à la misère. Pour cela, nous pensons que le premier élément est la construction d'un rapport de force. Occuper l'usine, attaquer les intérêts économiques de la boite donneuse d'ordre ou ceux des entreprises clientes (par exemple par le boycott, l'occupation de filiales, le blocage de l'acheminement des produits de la boite en question...), pour se réapproprier l'outil de travail et disposer d'un moyen de pression. C'est cette utilisation de l’action directe offensive contre le capital qu'il faut promouvoir.
La solution historique du mouvement ouvrier, c'est l'expropriation des patrons et le redémarrage de la production dans le cadre de l'autogestion, c'est à dire par les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes, pour eux mêmes. C'est cette solution que nous devons remettre au goût du jour.
Une telle solution a par exemple été mise en œuvre dans des centaines d'entreprises en Argentine lors de la crise de 2001. Les patrons s'étant enfuis avec la caisse, les ouvriers n'ont pas attendu un hypothétique et illusoire secours de l'Etat. Ils se sont organisés collectivement, sans hiérarchie, pour redémarrer l'activité sous forme coopérative, en reprenant leur outil de travail. On trouve d'autres initiatives autogestionnaires du même genre aujourd'hui ou au cours de l'histoire, comme par exemple récemment les « Strike bike » en Allemagne. En France, l'exemple de LIP nous donne également quelques pistes. Si l'expropriation n'est pas possible, dans le cas d'un plan social partiel, faute de rapport de force, il est intéressant de proposer la mise en commun des indemnités de licenciement pour lancer une coopérative ouvrière, sur la base du principe « à travail égal/salaire égal », et de l'égalité totale entre coopérateurs (en terme de décisions, de gestion de la structure).

Difficultés et pistes de réponses
Dans ce type de luttes, plusieurs difficultés émergent. D'abord une telle perspective ne va pas sans l'instauration d'un rapport de force. L'Etat ne tardera pas à jouer l'auxiliaire et le garant des intérêts du patronat en envoyant la « force publique » pour tenter d'évacuer les salariés en lutte de l'entreprise.
Tous les prétextes seront invoqués : entrave à la « liberté du travail »(sic), dégradation, effraction, non respect de la propriété privée, « trouble à l'ordre public », etc... Le patronat peut aussi faire intervenir des milices, sous formes de boîtes de sécurité privées, voir d'hommes de main. Il est alors indispensable d'organiser la solidarité à l'extérieur de la boîte : en allant voir les autres entreprises aux alentours, en sollicitant les organisations interprofessionnelles des syndicats (UL...), et, si elles font défaut, en allant rencontrer directement la population, les autres travailleuses et travailleurs, sur les quartiers... .
Ensuite, si la forme « coopérative » existe légalement (la loi du 19 juillet 1978, articles 48 à 52, permet la reprise en coopérative d'une entreprise qui dépose le bilan), la loi sur les SCOOP a permis un détournement de l'esprit originel des coopératives. Il faut donc être attentif à la forme choisie, afin d'éviter au maximum de permettre un retour à des logiques capitalistes au sein de la structure coopérative.
Les coopératives peuvent fonctionner de manière très proche des entreprises capitalistes : certaines de celles qui existent reproduisent les inégalités de salaire, le maintien d'une distinction dirigeants/dirigés, d'un encadrement, la dépendance envers un actionnaire (jusqu'à 50% du capital) . Il est important d'affirmer la revendication de l'égalité des salaires, mais aussi celle d'une gestion collective de la coopérative, ainsi que le contrôle de la totalité du « capital » par les salariés.
Le second problème, c'est la pression capitaliste du marché, la logique de la concurrence qui a tendance soit à mettre en difficulté la survie du projet, soit de faire évoluer celui-ci vers les normes capitalistes de rentabilité. C'est en cela que nous ne pouvons considérer la constitution de SCOOP comme autre chose qu'une solution temporaire, un outil de résistance, et que nous devons réaffirmer la nécessité d'un changement révolutionnaire, seul à même de permettre de surmonter cette pression. La forme coopérative telle qu'elle existe légalement est un outil de résistance, mais à terme il n'y a pas de perspective réelle de lutte contre les licenciements sans perspective de transformation révolutionnaire de la société. Il est dès lors impératif que les coopératives ainsi créées soit des appuis aux luttes sociales, puissent faire jouer l'entraide comme contre-société ouvrière.
On peut insister sur la mise en réseau nécessaire des coopératives, sur l'entraide, afin de rompre l'isolement, mais cela ne suffit pas. L'exemple de l'Argentine nous le montre, où la pression capitaliste du /marché a contraint de nombreuses coopératives à la fermeture, où l'/Etat n'a eu de cesse, une fois la vague de révolte affaiblie, de vouloir récupérer les outils de production coopératifs, où les milices patronales ont pu intervenir pour briser la résistance ouvrière, où, plus grave, certaines coopératives ont remis en vigueur les normes de production et d'organisation du travail (inégalités de salaires, distinction dirigeants/dirigés) pour « s'adapter » à la pression capitaliste du marché.
Le seul moyen de rompre avec cette capacité qu'ont le capitalisme et l'Etat à intégrer les structures qui lui sont antagonistes, c'est le développement incessant des luttes, c'est la fédération des structures de résistances coopératives, avec la pratique de la mutualisation directe de la production chaque fois que c'est possible.

09/02/2009
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede willio » 17 Fév 2009, 13:44

Pas mal, la fin particulièrement. Reprendre l'outil de travail et autogérer les lieux de production c'est très bien, mais la pression de la logique capitaliste restera toujours un problème tant qu'on ne fera pas ça à grande échelle.
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede Lsd » 17 Fév 2009, 13:53

Voilà, on touche LE point important: se désintoxiquer du capitalisme, à grand échelle j'entends ....
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede fu hsang » 17 Fév 2009, 14:08

oui mais voila ,les gens ne se leverons pas un matin en disant .."ha tiens aujourdhui je vais me desintoxiquer du capitalisme car hier j ai lu un bouquin sur l anarchisme ",la meilleure courroie de transmission de l anarchie c est l exemple ,donc faut bien que certains et certaines experiment et se reapproprient leur vie
je n ai pas du tout les memes positions organisationelle que la cga mais ce tract est bien (ça me fait bizarre de dire ça :D ) claire et concis ,comprehensible par tous et toutes
il y a des reseaux qui se developpent ou qui essayent de developper des exemples non capitaliste ,il suffit qu ils se connectent et se developpent pour que nous soyons autonomes vis a vis de l etat et du capital ...et ce n est jamais facile ...
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede Lsd » 17 Fév 2009, 14:13

l'exemple, tout à fait: "La seule révolution possible, c'est d'essayer de s'améliorer soi-même, en espérant que les autres fassent la même démarche. Le monde ira mieux alors" Georges Brassens :wink:
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede sebiseb » 17 Fév 2009, 21:29

willio a écrit:Pas mal, la fin particulièrement. Reprendre l'outil de travail et autogérer les lieux de production c'est très bien, mais la pression de la logique capitaliste restera toujours un problème tant qu'on ne fera pas ça à grande échelle.

Pas forcément, les scoops fonctionnent très bien, et peuvent s'affranchir de la logique capitaliste pour être auto-suffisantes - Il y a des associations qui s'autosuffisent.. Et il y a maintenant des patrons catho's (sic) qui font cette démarche, où qui cherchent à s'en approcher. En fait, je crois que c'est surtout la lourde machine financière qui maintient la pression capitaliste - Pas forcément les patrons de petites pme parfois font un certain boulot sociale bien mieux que les instituts spécialisés (embauche d'anciens détenus, embauche et hébergement de jeunes..) !
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede willio » 17 Fév 2009, 22:49

sebiseb a écrit:Pas forcément, les scoops fonctionnent très bien, et peuvent s'affranchir de la logique capitaliste pour être auto-suffisantes - Il y a des associations qui s'autosuffisent.. Et il y a maintenant des patrons catho's (sic) qui font cette démarche, où qui cherchent à s'en approcher. En fait, je crois que c'est surtout la lourde machine financière qui maintient la pression capitaliste - Pas forcément les patrons de petites pme parfois font un certain boulot sociale bien mieux que les instituts spécialisés (embauche d'anciens détenus, embauche et hébergement de jeunes..) !


Oui, mais c'est rare les entreprises qui peuvent s'autosuffire. Evidemment que c'est l'idéal et que ça peut marcher. Mais dès que t'es dans un secteur d'activité qui dépend du reste du marché, c'est difficile de sortir des logiques capitalistes. Par exemple, ça marche facilement pour la production agricole (AMAP), mais quand tu bosses dans une entreprise qui fabrique des appareils électroniques, c'est plus dur.
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede sebiseb » 19 Fév 2009, 22:11

Tout dépend de ce que tu vises, si c'est juste maintenir ton activité (cela ne signifiant pas de ne pas évoluer) et donc les emplois plutôt que les profits pour les profits..
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede Berckman » 26 Fév 2009, 11:07

L'expérience du mouvement coopératif montre que la pression du marché conduit assez rapidement la quasi totalité des entreprises coopératives à adopter les normes capitalistes pour survivre, et on entre alors dans une logique d'autoexploitation, qui s'apparente à du capitalisme partagé.
C'est pour cela que la reprise directe en coopérative est avant tout un acte d'autodéfense, mais qu'elle ne peut à mon avis être présenté comme une alternative en soi, parce qu'il y a alors un enjeu : soit que le processus d'expropriation se développe, ce qui signifie un processus révolutionnaire, avec une fédération et des rapports directs entre coopératives (le plus possible sans argent), soit écrasement/intégration du mouvement coopératif au moyen des mécanisme du marché. L'expérience en argentine en 2001 est assez significative à ce sujet...
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede sebiseb » 26 Fév 2009, 11:32

Non, c'est parce que les co- gérants de la société coopérative y voient le moyen de se faire de l'argent en adoptant le fonctionnement capitaliste que cela vire à..
Je ne vois pas une organisation coopérative comme une fin en soi, je veux dire comme le seul élément pour atteindre un système mutualiste et solidaire, mais comme l'un des éléments et c'est totalement différent.

D'ailleurs ta réponse laisse à penser que finalement il n'existe aucune alternative sérieuse à une économie (dans le sens échange entre individu ou groupe d'individus) au système capitaliste !?
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede Berckman » 26 Fév 2009, 12:28

Non, c'est parce que les co- gérants de la société coopérative y voient le moyen de se faire de l'argent en adoptant le fonctionnement capitaliste que cela vire à..

Eh bien, si c'est un des facteurs, je ne crois pas que ce soit le seul : par exemple le prix des matières premières, déterminé par le marché (dans un système de marché), mais aussi le prix de vente, également déterminés par le marché, vont tendanciellement pousser à chercher les gains de productivités, car l'ilot "coopératif" en système capitaliste n'échappe jamais totalement au régime de concurrence. D'où l'intérêt de développer des pratiques d'aides mutuelles entre coopératives, qui ne soient pas des échanges marchands (mutualisation de biens et de services sans passer par la case "monnaie".

Je ne vois pas une organisation coopérative comme une fin en soi, je veux dire comme le seul élément pour atteindre un système mutualiste et solidaire, mais comme l'un des éléments et c'est totalement différent.

Oui, sur ce point on est d'accord.

D'ailleurs ta réponse laisse à penser que finalement il n'existe aucune alternative sérieuse à une économie (dans le sens échange entre individu ou groupe d'individus) au système capitaliste !?

Non, elle insiste simplement que cette alternative n'est pas possible réellement sans rupture révolutionnaire, et sans rupture avec le marché...
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Re: lutter contre les licenciements

Messagede sebiseb » 26 Fév 2009, 19:59

Bon on est d'accord dans l'ensemble.
Je précise juste que toute société pour fonctionner à besoin de créer des systèmes d'échange et que le principe coopératif me paraît pas mal comme organisation pour redistribuer les productions nécessaires à la vie..
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