Une quarantaine de participant-es issu-es d’une trentaine de structures (à titre individuel ou mandaté) ont participé le 15 octobre dernier à la Bourse du travail de Paris à la première rencontre destinée à dresser le bilan de l’appel « On bloque tout ! » (OBT) : section SUD PTT Paris 15, CGT 94 , SUD PTT Bourgogne, FSU-Emancipation, SUD PTT 92, SUD Rail, InfoCOM CGT, FERC-CGT, SUD Education 45, CGT Energie 91, UL Solidaires St-Denis, CGT Correcteurs, CGT Valenciennes, On bloque tout Grenoble, Solidaires 59, Confédération CNT-SO, Fédération SUD Education, CGT Mulhouse, SUD Education 93, Solidaires Paris, SUD Commerces et services, Fédération SUD PTT, SNES-FSU, SNUEP-FSU.
La réunion s’est tenue en deux temps : tout d’abord un bilan et un point sur la mobilisation puis une discussion sur les perspectives du réseau On bloque tout.
De la loi travail à son application : discussion sur un bilanPrésentation : Nous n’avons pas gagné contre la loi « travail », c’est une évidence, et nous devons travailler sur nos insuffisances qui ont conduit à cette situation. Mais il y a des aspects positifs de la moblisation du printemps. Premièrement parce qu’il y a eu des grèves dans beaucoup de secteurs (certes, pas partout et le plus souvent non reconduites) qui montrent un rejet certain de la loi travail de beaucoup de salarié-es. Des centaines d’équipes syndicales sont allées sur le terrain afin de discuter avec les salarié-es et organiser la mobilisation. Les nombreuses manifestations et grèves qui ont jalonné le printemps et le début de l’été 2016 ont montré qu’il y avait des potentiels de mobilisation, y compris sur des sujets interprofessionnels. Surtout si plusieurs cadres de mobilisation ont existé tout au long des quatre mois de lutte, c’est bien l’action syndicale qui a vertébré le mouvement de part en part.
Lors des interventions qui ont suivi la présentation, il ressort que la colère contre le gouvernement est toujours présente (rappel du 15 septembre qui était loin d’être ridicule au vu du contexte et du peu de préparation). La prise de conscience chez les salarié-es que la loi travail est néfaste est bien réelle, avec toutefois des difficultés à faire des liens entre celle-ci et leur quotidien. A certains endroits, la signature de l’appel a pu faciliter la tenue d’actions intersyndicales, même là où c’était difficile précédemment. Des travailleuses et travailleurs précaires, malgré leur statut, ont également pris part au mouvement.
Il est également pointé que dans la situation actuelle, les réseaux unitaires (dont on bloque tout) sont les bienvenus, encore plus maintenant que l’intersyndicale nationale s’est dissoute, laissant les salarié-es sans perspective immédiate.
La loi travail va se traduire par une dégradation des droits des salarié-es, secteur par secteur, entreprise par entreprise. Cela va générer automatiquement de nombreux conflits. Si nous ne nous organisons pas, nous risquons d’être piégé.e.s par des luttes localistes ou des batailles juridiques sans perspective syndicale plus large : la défense et la conquête des droits pour toutes et tous les salarié.e.s.
Nous avons des difficultés à construire nos propres réseaux pour faire circuler l’information. Cet aspect a été repris par plusieurs intervenant-es, regrettant un manque de réactivité des structures syndicales à relayer les informations (notamment quand il y a des grèves ou des actions de blocage).
A été soulignée l’importance pour les militant.e.s et structures se reconnaissant dans OBT de participer et d’appeler à participer au deux journée de soutien aux 8 de Goodyear (procès en appel les 19 et 20 octobre à Amiens) qui risquent de la prison ferme. Sans attendre le verdict, il faudrait commencer à mettre en perspective une riposte nationale (manif par exemple) en cas de condamnation des camarades.
La question de l’élargissement des revendications et actions contre les violences policières et patronales ainsi qu’à la politique gouvernementale anti-migrants est posée.
Le but d’OBT n’a jamais été, et n’est pas, de tirer sur les « directions » syndicales ou les exécutifs nationaux de nos organisations mais de construire un outil unitaire, utile et réactif en termes de réflexion, de mobilisation et d’action.
Et maintenant ? L’idée de maintenir nos liens dans le cadre d’un réseau de syndicalistes a fait l’unanimité parmi les présent.e.s. Il reste à vérifier parmi les signataires de l’appel, particulièrement les structures, l’intérêt pour un tel projet. Les discussions ont porté sur les suites à donner à cette idée de réseau et ses utilités futures.
Il a été rappelé que le but n’était pas de se substituer aux organisations syndicales mais bien d’avoir un cadre unitaire large sur l’ensemble du territoire et intersectoriel.
La première tâche du collectif d’animation (appelé à se renforcer) est la rédaction d’un communiqué appelant à particper au soutien des 8 de Goodyear et apparition à Amiens (diff de tracts et d’autocollants). Mandat est également donné pour la rédaction d’un compte rendu qui pourrait être le n°0 d’un bulletin régulier d’information sur les luttes et actions.
De l’avis de plusieurs participant-es, OBT doit être avant tout un relai et un vecteur d’information. Cela afin une meilleure réactivité quand il se passe quelque chose dans une entreprise / une ville / un quartier. Très souvent des actions ont lieu sans que d’autres syndicalistes qui voudraient soutenir ne soient au courant. En cause notamment, l’absence d’intersyndicales régulières. OBT doit permettre de visibiliser et de populariser les luttes, quelque soient les secteurs. C’est un véritable réseau intersyndical de luttes qu’il s’agit de construire.
Des questions en suspendSi l’idée est reprise de créer des collectifs OBT, plusieurs questions seraient à soumettre dans un premier temps, sans fermer la construction et les questionnements futurs :
1) Pour permettre plus d’efficacité et de sens à donner à OBT, l’idée est lancée d’appeler à la constitution de collectifs OBT locaux (à l’image de ce qui existe en Isère par exemple).
2) Cela pourrait permettre de coordonner localement les résistances aux applications de la loi travail, mais aussi à la répressions anti-syndicals. Nous pourrons également relayer les mobilisations afin d’organiser rapidement les solidarités aux échelles locales et nationales.
3) La réflexion est également posée autour de la constitution d’une caisse de grève pour aider les grévistes à tenir. Mais cela passe nécessairement par des débats approfondis autour des aspects positifs (aider à tenir sur la durée) et négatifs d’une telle démarche (risque de substitution)… et cela suppose une trésorerie et donc la création d’une association. Cela devra être étudié et réfléchi par la suite puiqu’une telle décision implique qui plus est obligatoirement des modalités en matière de versement des dons aux grévistes.
4) La proposition est également faite d’organiser des formations où des syndicalistes d’horizons divers seraient amener à débattre et à réfléchir ensemble sur des sujets donnés. Une première piste serait sur l’intervention syndicale et la question de la lutte en pleine mutation du travail (nouvelles formes de travail ; salarié-es isolé-es).
L’intervention dans les quartiers populaires notamment devra être discutée.
5) Reste la question des modes de décisions. En effet OBT est un réseau de plus de 1600 signataires – dont des structures syndicales qui regroupent plusieurs milliers d’adhérent.e.s – et la question démocratique doit être au cœur de nos préoccupations. Il semble difficile d’arrêter des décisions fermes au nom de toutes les personnes et structures qui ont rejoint l’appel initial.
La décision est donc prise d’un nouveau rendez-vous en fin d’année : la date proposée par le Collectif danimation est le samedi 10 décembre 2016. D’ici là, le compte rendu sera envoyé à tous-tes les signataires fin qu’ils/elles puisent en prendre connaissance et donner leur avis. Et toutes les contributions au débat, de signataires individuels comme de structures sont les bienvenues. Pour cela, ne pas hésiter à écrire à contact@onbloquetout.org