Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expre

Re: Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’e

Messagede fabou » 06 Jan 2015, 20:48

Le fait de voir dans les signataires au moins un homophobe/raciste, ça ne rend pas cette pétition plus sympathique ...
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Re: Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’e

Messagede charlelem » 07 Jan 2015, 07:38

Je crois savoir à qui tu fais allusion mais j'attire ton attention sur l'effet web.
Certaines personnes se créent un rôle, un personnage sur le web qui n'a pas de réel rapport avec ce qu'ils sont dans la réalité.
Bon pour lui, malheureusement je crois qu'il y a de moins en moins de doutes.
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Re: Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’e

Messagede berneri » 07 Jan 2015, 19:39

salut je me repete mais je crois que ce topic doit plutot aller dans la partie oranisation politiques ou ailleurs..... :ping:
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Re: Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’e

Messagede Pïérô » 09 Jan 2015, 01:01

C'est fait.

Je suis un peu catastrophé par ce que tu nous pond Samos ici. Si la représentation féministe lyonnaise se réduit au MFPF69, à "super féministe", et ce réseau qui porte la confusion libérale pro-prostitutionnelle et le discours du STRASS, alors j'ai toutes les raisons d'interroger la démarche d'un point de vue pro-féministe libertaire. Cela conforte mon point de vue sur les méthodes déjà bien rodées du côté de ces terroristes anti-féministes et anti-libertaires, et faux-ses radical-es en carton. Il y a dans le camp LGBT et trans de véritables réacs qui portent la confusion dans notre camp, libertaire, et pro-féministe, et j'ai bien peur que cela en soit une expression de plus. On est où là, dans le camps libéral ou libertaire ? Et du coup j'aimerais bien que tu parles du positionnement de la CGA Lyon sur le sujet, elle qui pourtant fait/faisait une figure de proue dans le domaine de l'anarcha-féminisme.

Je rappelle quand même, pour éviter le faux procès, que je ne soutien pas Escudero, et que je m'en sens très éloigné.
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Messagede JPD » 09 Jan 2015, 08:18

A propos des propos de Monsieur Samos99

Pour le coup j’ai envie de revenir sur la digression dont Berneri trouve qu’elle n’a rien à faire dans cette rubrique, celle qui concerne les « pratiques stalinienne » (dont je rappelle en passant que ce n’est pas vraiment « être stalinien » historique et politique que d’en reprendre des pratiques que les laudateurs du socialisme dans un seul pays ont théorisé, structuré et scientificisé). Il s’agit d’une méthode qui consiste à fabriquer l’ennemi avant de l’abattre.
Entendons nous bien, nous parlons ici d’un texte précis et des signataires, pas d’autre chose.

Quelques exemples et il y en a d’autres :

« il court toujours la même rumeur : celle d’une action ultra-violente de quelques gouines/tafioles/trans sectaires censurant le déroulement d’un Salon Libertaire »

''ces hystériques n'ont rien lu, rien compris et nous emmerdent''


Mais où diable Samos a-t-il trouvé ces expressions assorties d’un racisme et d’un mépris plus que suggéré dans la bouche et dans les écrits, 1, du texte 2, des signataires ? Si on n’est pas adepte des méthodes staliniennes, quand on lance de telles accusations, on cite au moins quelques sources. Evidemment, imaginez les cris d’horreur que ne peuvent que pousser des militants révolutionnaires à l’encontre de qui utilise ainsi ces termes !


« 1) d’agresser inutilement les mâles/tribuns/écrivains qui savent par essence (?) assigner les véritables priorités politiques »

Et Marie Jo Bonnet il me semble qu’elle est citée dans le texte non ?


1. elles sont trop connes pour avoir lu (y compris entre les lignes) ce superbe pamphlet d’Escudero, un VRAI mec qui parle des pages durant de la qualité du sperme des gars.
2. elles sont trop connes pour avoir conscience des enjeux que les masculinistes du milieu veulent leur imposer.


Là encore un profil préconstruit à l’usage des niais qui n’ont pas besoin de preuves. Mais où as-tu vu ça dans le texte ou dans les écrits des signataires ?

Ah oui il y a une preuve de sexisme, la réaction d’un père expliquant à son fils : « :
« Ne parles pas de couilles, tu vas te faire frapper !». »


Peut-être, si tu le dis, je te crois. Mais est-ce une preuve qui englobe tous les autres signataires et le texte. Que dirais-tu si j’utilisais des comportement éminemment « macho » venant de camarades de la CGA pour discréditer icelle ?

Et puis il y a les qualificatifs choc. On suggère que les signataires du texte sont des malades, et PMO est réduit à une bande (on n’est pas loin des « hitléro-trotskistes », une bande (sauvage) réduite (groupuscule) bref un langage très très proche de celui mis en forme par les staliniens.

anti-féminisme maladif ont programmé la venue de la bande PMO

Et puis, et puis…. Nécessité de ta démonstration : que les signataires soient majoritairement des mâles (c’est vrai mais ni plus ni moins qu’à la CGA où dans tout autre organisation, c’est dommage en effet).




De deux choses l’une : soit les signataires et leur texte à l’appui sont anti-féministe, lesbophobe, transphobe, masculiniste, etc. puisqu’ils défendent le droit d’Escudero à présenter ses thèses et alors il faut être logique et les dénoncer (ce que tu fais), mais alors ne plus participer à ces salons et regroupements et considérer que ce sont des ennemis, ne plus faire semblant d’être dans cette mouvance au sens large ; ou bien considérer que ce sont des cons et des connes qui n’ont rien compris et que, magie du verbe organisationnel, vous allez les éclairer et diriger dans le bon chemin ; ou bien te mettre un peu à réfléchir en te disant que si tous ces gens ne sont pas forcément des fachos, petits blancs, hétéro, etc. et que tout en les critiquant si tu le désires ils peuvent être pris en considération.
Avec qui feras-tu les « salons » si les signataires n’y participent pas ?

Il y a enfin quelque chose d’assez extraordinaire dans les attaques – pas seulement de toi – contre le texte, c’est que vous ne faite jamais allusion à ce qu’il est et ce qu’il dit réellement. Vous êtes obligés de l’habiller de vos fantasme afin de justifier vos attaques qui, souvent, la tienne en est un exemple, répètent à longueur de texte les mêmes phrases, les même mots de rage comme un moulin à prière. Oui il y a comme une forme d’autisme à ne pas prendre en considération et à toujours répondre en dehors de ce qui est dit
1. Que les signataires ne défendent pas le contenu du livre d’Escudero (on a beau répéter mille fois qu’il y a en qui sont pour d’autres contre et d’autres enfin qui s’en foutent ou ne l’ont pas lu, ça entre dans l’oreille d’un sourd)
2. Que le cas du livre d’Escudero n’est qu’un exemple – le dernier en date, c’est tout . Que la phrase essentielle c’est « nous estimons ne plus pouvoir continuer à nous taire devant ceux qui prétendent nous dicter ce que nous devons manger, boire, lire ou penser ». Ce qui ne signifie nullement qu’équation de contenu est faite entre « tafioles » et « antispécistes » mais seulement entre deux modes d’action menées par DES tafioles et Des antispécistes que nous qualifions d’intégristes.



Enfin sache que si votre action a été
menée par des camarades dûment informé.e.s, ayant LU/décrypté le petit pamphlet, et s’étant organisé.e.s en conséquence...


Merci la CGA de Lyon et au MPFP69 merci d’avoir été « vigilants ». Mais nous aurions aimé pouvoir arriver, ou non, aux mêmes conclusions par nous-mêmes en discutant/polémiquant avec Escudero. Sinon il règnerait sur Lyon comme un vent d’avant-gardisme, chose qu’à défaut de n’avoir, comme les signataires, jamais été prompt à défendre les « minorités sexuelles », j’ai toujours combattu. C’est marrant comme tu inventes la vie de gens (les écrivaillons dis-tu, je crois) dont tu n’as peut-être jamais entendu parlé. Et pourquoi pas leur préférence sexuelle ? Certainement des hétéros petits blancs, n’est-ce pas ? Et les écrivaillonnes, évidemment pas des anarcha féministes, juste des traitresses à leur cause. Ben non, le groupe CGA de Lyon ne représente pas toute la CGA, si j’en juge par les débats internes, ni tous les communistes libertaires, si j’en juge par les signatures et le MPF 69 pas tous les groupes LGBT. C’est comme ça faut t’y faire.

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Messagede Blackwater » 10 Jan 2015, 17:06

JPD a écrit:Merci la CGA de Lyon et au MPFP69 merci d’avoir été « vigilants ». Mais nous aurions aimé pouvoir arriver, ou non, aux mêmes conclusions par nous-mêmes en discutant/polémiquant avec Escudero. Sinon il règnerait sur Lyon comme un vent d’avant-gardisme, chose qu’à défaut de n’avoir, comme les signataires, jamais été prompt à défendre les « minorités sexuelles », j’ai toujours combattu. C’est marrant comme tu inventes la vie de gens (les écrivaillons dis-tu, je crois) dont tu n’as peut-être jamais entendu parlé. Et pourquoi pas leur préférence sexuelle ? Certainement des hétéros petits blancs, n’est-ce pas ? Et les écrivaillonnes, évidemment pas des anarcha féministes, juste des traitresses à leur cause. Ben non, le groupe CGA de Lyon ne représente pas toute la CGA, si j’en juge par les débats internes, ni tous les communistes libertaires, si j’en juge par les signatures et le MPF 69 pas tous les groupes LGBT. C’est comme ça faut t’y faire.

jpd


oui, il ne faut pas perdre de vue cela tout de même. AL est également divisée : il y a des militant-e-s d'AL qui ont participé à l'action et d'autres qui défendent Escudero. Puis d'autres, au "juste milieu" comme Piero ou moi.
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Messagede JPD » 14 Jan 2015, 04:57

oui, c'est important de le reconnaître et ce n'est pas une preuve de faiblesse !

Ça veut dire aussi que les partisans du commando ne peuvent plus traiter les signataires du texte de fascistes masculistes et lesbophobe car ça veut dire qu'il y en a aussi dans leur propre organisation et ce n'est pas tenable. C'est sans doute aussi pour ça que M. Samos ne répond pas.
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Messagede Blackwater » 14 Jan 2015, 10:47

JPD a écrit:
Ça veut dire aussi que les partisans du commando ne peuvent plus traiter les signataires du texte de fascistes masculistes et lesbophobe car ça veut dire qu'il y en a aussi dans leur propre organisation et ce n'est pas tenable.


Exactement, pour ça que je commence à faire gaffe à ce que je dis. A la base, je savais que des gens de mon orga avait participé à l'action, et comme je suis plutôt du côté des anti-Escudero, je me posais pas trop de questions... Puis après j'ai quand même été scotché des énormes divergences qu'il pouvait y avoir... Etant militant libertaire depuis environ 2 ans et demi, c'est donc plutôt récent comparé à d'autres, et donc c'est un peu la première fois que je découvre une grosse polémique comme ça dans le milieu (plus largement que les grosses divergences au sein de ma propre orga : qui il faut bien le dire commence à être drôle, au-delà de la question EScudero : ligne officielle pro-PMA anti-GPA, mais avec plusieurs militants soit pro-PMA pro-GPA, soit anti-PMA anti-GPA ^^)
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Re: Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’e

Messagede JPD » 14 Jan 2015, 15:34

Et bien de deux choses l'une... soit cela révèle que des gens dans la même orga ( et même plus largement dans le "milieu" libertaire révolutionnaires) n'ont rien à faire ensemble, soit que les divergences sur ces questions ne sont pas fondamentales et que si des camarades se positionnent comme s'ils étaient dans une forteresse assiégée c'est parce que les analyses de classe et surtout la lutte des classes sont plutôt en berne. C'est plutôt la manifestation d'une impuissance face à une montée de la réaction qui monte, qui monte... et alors il faut creuser des fossés élever des digues, déceler les infiltrations et bien sûr, quand on en est là l'ennemi devient souvent celui qui est le plus proche de soi, dans ses rangs sous ses fenêtres (il est vrai qu'il est plus facile à abattre que celui qui vous encercle réellement !)
Quant à moi c'est la méthode que je condamne (voir aussi texte de Temps critique) et cette obligation de se prononcer sur un tout, sur un paquet, tout ou rien. Personnellement je suis contre toute interdiction de la PMO/GPA (puisqu'elle existe elle doit être possible librement et gratuitement pour tous et toutes) mais je pense que ce qu'en dit Escudero, surtout sur la marchandisation du vivant) est pertinent.

je poste ici une analyse de ce qui s'est passé à Lyon, un bilan, par le groupe Temps critiques.


Retour sur le Salon des éditions libertaires de novembre 2014
(Temps critiques et les éditions de l'Impliqué)



Pour commencer, une bonne nouvelle, puisqu'il nous a semblé que le Salon a vu sa fréquentation augmenter en nombre comme en diversité. Toutefois nous soutenons toujours qu'un couplage avec le Salon libertaire de Paris sous la forme d’une alternance d’un an sur deux au mois de mai serait une meilleure solution à la fois pour une visibilité périodique plus marquée et une estimation plus raisonnable de nos « forces productives » (éditeurs comme organisateurs). Cela allégerait d'une part la charge logistique pour votre collectif lui permettant peut être de mieux se centrer sur les aspects politiques du salon, nous y revenons de suite, d'autre part cela permettrait aussi de demander aux éditeurs de préciser à l'avance et de mieux présenter leurs propositions de débat. En outre cette alternance des dates marquerait une complémentarité, au moins de fait entre les deux salons que nous pensons bénéfique.

Passons à la mauvaise nouvelle : la censure du débat d’A.Escudero sur le livre La reproduction artificielle de l’humain qui déjà donne un sacré coup de canif pour ne pas dire de poignard à l'idée de diversité que nous avancions plus haut. Notre bilan ne sera donc pas seulement « technique » comme d'habitude mais plus « politique ».
Comment éviter que se reproduise ce genre de situation puisqu'il semble évident que ce n'est pas là une question rhétorique. Comme nous le disions en préambule, il y a un travail et des choix à faire en amont. Soit il vous faut accepter toutes les propositions de débats des éditeurs en leur faisant confiance. Et c'est apparemment ce que vous avez fait présentement et alors il faut en assumer le risque. Soit vous assumez une pré-censure en fonction du contenu d'un livre que vous avez lu préalablement ou alors en fonction de vos préjugés politiques. Il semble en l'occurrence que le livre n'avait été lu que par deux personnes du collectif, d'ailleurs en désaccord sur leur appréciation réciproque mais que les préjugés politiques avaient déjà libre cours (« je ne l'ai pas lu mais j'ai une copine qui me dit que … et je lui fais confiance », sic). Il semble donc que malgré toute cette indécision interne vous ayez finalement fait confiance à l'éditeur … ou alors que vous ayez décidé de privilégier la liberté de débattre. En tout cas, sans ce travail en amont, il s'avérait difficile de savoir si cela valait la peine de maintenir un débat dans un contexte tendu non seulement par la pression de certains groupes militants sur ce thème de la PMA/GPA mais aussi par son orchestration politique et médiatique à partir des manifestations autour du mariage pour tous. Ce travail en amont n'est pas un travail simplement technique puisque de fait, maintenir ce débat était, dans ce contexte justement, une prise de position politique, que vous le vouliez ou non. En tout cas, si vous ne l'avez pas perçue comme telle, les perturbateurs ne se sont pas fait faute de le voir ainsi !
Le descriptif d'annonce d’un débat ne peut pas être une simple accroche pour intéresser le lecteur, une simple formalité technique. Auteurs et éditeurs politiques n'écrivent pas et ne publient pas sans formuler des thèses. Il faut donc que les organisateurs y soient attentifs afin de fixer les limites de la liberté d'expression non pas dans l'absolu mais par rapport au caractère de la manifestation. Il y a un moment où la position de la neutralité n'est plus tenable soit parce que l'éditeur ou le livre ne rentre pas politiquement dans le cadre du salon soit parce qu'une tendance ou un courant se met à imposer son filtre particulier qui va définir de l'extérieur le cadre de la manifestation en question.
Revenons au concrets de l'événement : si certains ont vu dans le descriptif du débat de la provocation, autant savoir qu’il est très proche de la 4ème de couverture du livre et finit sur un slogan (provocateur !?) qui figure bien dans le livre : “la PMA, ni pour les homos, ni pour les hétéros !”. On ne peut pas dire que l’auteur et son éditeur ont caché leur position. Donc les choses étaient claires de leur côté, alors pourquoi faire les étonnés ? En tout cas vous étiez forcément alertés par la rumeur qui courrait déjà depuis quelques jours (nous en avons d'ailleurs nous-mêmes été avertis plusieurs jours à l'avance) d'une possible action contre la tenue du débat d’Escudero. Maintenir le débat envers et contre tout était donc en soi une prise de position politique sur l'intérêt intrinsèque du débat. Elle nous est apparue comme une décision courageuse et cohérente qui aurait peut être nécessité une discussion préalable du collectif et même une discussion avec l'auteur sur ses intentions voire son état d'esprit, afin de savoir si son but principal était de choquer comme la phrase d'annonce le laisse supposer ou de discuter sur le fond et au-delà des slogans à l'emporte-pièce qui caricaturent plus qu'ils ne synthétisent la pensée d'un auteur. Et enfin, le principe du débat étant définitivement retenu, s'assurer que les conditions soient réunies pour que le débat ait bien lieu et garantir l'intégrité physique des personnes mises en cause mais néanmoins invitées. On ne peut certes pas tout prévoir à l'avance et le pire n'est jamais certain mais le fait est que faute de cela vous vous êtes retrouvés dans l'urgence à parer au plus pressé. C’est sous la menace, de la part de la sécurité incendie, d’appeler les flics qu’a été prise, par vous, la décision d’annuler le débat, et ce après à peine ¼ d’heure de blocage vu une intensité de violence dans la salle qui n'avait pas besoin de s'exprimer physiquement pour être remarquée. Forts de ce qu'ils percevaient comme une première victoire facile, les perturbateurs ont alors poursuivi l'invité à la table de son éditeur. Faisant donc la loi dans le salon le groupe s’est montré violent verbalement et physiquement (même si ce dernier aspect a été limité par un barrage protecteur). Il ne manquait que le goudron et les plumes ainsi que l'autodafé pour nous rappeler des souvenirs historiques de sinistre mémoire, souvenirs que les perturbateurs semblent ignorer, eux qui nient l'Histoire en traitant indistinctement tous leurs opposants de fascistes, sans connaître donc le sens du mot et qui pensent que rien (pas même le mouvement féministe et encore moins des figures historiques comme Emma Goldmann ou Alexandra Kollontaï) n'a existé avant eux.
Il a donc fallu, à quelques uns, faire barrage de protection et subir sans trop broncher les insultes provenant de visages déformés par la haine dont les seuls arguments à nous opposer étaient ceux de leur victimisation (« nos vies », « on nous tue ») comme si Escudero et nous étions leurs bourreaux ! Comme si leur souffrance était supérieure ou plus radicale que celle des chômeurs en fin de droit, des sans-papiers, des yézidis ou tout simplement de personnes qui ont perdu un être cher comme l'actualité la plus récente nous le montre encore.
Que se serait-il passé si nous et quelques autres individus décidés plus quelques personnes interloquées dont une de la librairie se fera d'ailleurs traitée de bourgeoise à cause sans doute de son habillement « classique », n'avions pas défendu la table qui faisait rempart ? Il n'y aurait eu que J-Pierre et Gérard pour faire face ?
Et ne parlons pas de certaines interventions à contre-sens prenant complètement J-P et Gérard à contre-pied, l'une demandant l'exclusion des perturbateurs qui devenaient Escudero et ses éditeurs pourtant invités.

L'idée d'une situation où toutes les tendances se disant libertaires peuvent cohabiter a, de fait, volé en éclats. Cela avait déjà été le cas pour les « 20 ans », mais à la différence près que le rapport de force s'est inversé. À l'époque les particularismes radicaux essayaient de pénétrer les milieux et organisations libertaires, aujourd'hui les libertaires « politiques » sont à la remorque d'un milieu multiforme dont le point de convergence est d'ériger le privé au rang de politique, mais contrairement aux années de révolte contre l'ordre établi, (1960-70), c'est aujourd'hui à l'instigation et sous les mots d'ordre des grandes institutions capitalistes comme la Commission européenne que cela s'effectue. Le célèbre « laissez faire, laissez passer » du libéralisme s'est propagé à tout le libertarisme qu'il soit de droite (dans le monde anglo-saxon) ou de gauche (en Europe). Si on redescend des hautes sphères du pouvoir jusqu'au milieu libertaire, la stratégie des particularistes y est claire : le mettre devant le fait accompli. Cela va de tracts ou de textes dont l'orthographe est genrisée sans demander leur avis aux auteurs jusqu'au fait de tracer les nouvelles lignes amis-ennemis et donc de décider qui est libertaire non pas en fonction de références théoriques ou historiques ou encore du parcours militant de telle ou telle personne mais à partir d'un positionnement par rapport à des préférences sexuelles ou d'intérêt ou de goût érigées en marqueurs de la lutte contre les dominations. D'où la peur d'être exclu de la part de ceux qui subissent ça et qui se demandent comment arriver à faire tenir ensemble position politique et militante classique et position post-moderne ; une peur redoublée par la crainte d'une fracture générationnelle souvent mise en avant par les particularistes (« vieux cons d'intellos hétéros », « hommes aux cheveux gris » lit-on sur le défouloir du net, diatribes contre les hommes de plus de 35 ans à une AG à NDDL).
Leur action coup de poing à l’intérieur d’un espace libertaire pour censurer une parole qui n'avait rien de fasciste mais seulement, qu'on soit d'accord avec ou non est une autre histoire, le tort de déplaire à ces nouveaux ayatollahs a montré a contrario les limites de la bienveillance à leur égard qui dure depuis longtemps dans les milieux libertaires. Il faut bien prendre en compte qu’un tel précédent, s'il n'est pas clairement dénoncé, laisse la porte ouverte à toutes les pressions et à d’autres actions coup de poing que va-t-il se passer pour Michéa ou si éventuellement PMO s'invitait ou était invité ? C'est d'ailleurs pour cela que l'on a participé depuis à un appel contre la censure en milieu libertaire.
Déjà, après la tentative de putsch, des 20 ans de la librairie, le collectif a laissé filer la situation, ne voulant pas faire plus de vagues. Il n’empêche : on trouve très facilement les textes des assaillants de l'époque sur internet (http://1libertaire.free.fr/DossierLaGryffe.html) alors qu'il faut chercher au CDL la réponse du collectif de la librairie.
Aujourd’hui, ce n’est pas le propre de la seule Gryffe et du Salon que d'avoir à faire à ce genre de situation. Les libertaires se retrouvent coincés dans leurs propres contradictions. Contradictions consistant à accepter tout et son contraire, de la féministe pro prostitution un jour à celle contre le lendemain, de l’antispéciste d'un côté au mangeur de saucisses de l'autre (voir St Imier), etc. Tous les organisateurs de ces événements pensent cela tenable parce qu'ils sont encore dans la perspective oecuméniste du grand mouvement libertaire. Ils se retrouvent donc à la merci de la bonne volonté des fractionnistes et ces fractionnistes peuvent se démultiplier à partir du moment où toute « victime » peut se présenter comme libertaire ou révolutionnaire sans en avoir la moindre culture ou idéal. En fait, beaucoup de libertaires semblent procèder comme les comptables du PIB qui ajoutent les plus et les moins pour augmenter le taux de croissance ! Plus on engrange de « victimes » plus on est gros et plus on est fort !

Or les divergences sont bien réelles et les incompatibilités ne peuvent être masquées plus longtemps quand finalement c'est au niveau de l'ensemble des rapports sociaux que les débats sont portés et que la marmite bouillonne. Alors l'implosion n'est pas loin comme dans un reflet des problèmes dans la société actuelle. On vient d'en avoir deux exemples avec le départ de la Coordination lesbienne en France (CLF) de l'inter LGBT d'une part et l'impossibilité pour Marie-Jo Bonnet de maintenir sa conférence sur les homosexuelles à Ravensbruck au centre LGBT de Paris.

Nous sommes donc bien à l'heure des confrontations d'idées et des prises de position, sinon la même situation risque de se reproduire mais sous une forme radicalisée.

La riposte à chaud de J-Pierre par rapport à l'attitude de la CGA Lyon nous est apparue comme un premier signe de cette nécessité.


Gzavier et JW pour Temps critiques, le 15/01/2015
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Re: Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’e

Messagede digger » 14 Jan 2015, 17:52

Je suis assez d'accord avec toi et avec le texte ci-dessus.
Mais je me demandais à quoi ressemblerait l'anarchisme si internet et un forum comme celui-ci avait existé à la fin du XIXème siècle. Ou autrement dit, le temps est sans doute fini où des courants de pensées politiques - libertaire qui plus est - restent imperméables à des influences extérieures. (ce qui les condamnerait de toute façon à brève échéance) Cela ne veut pas dire que toutes les lignes doivent être effacées, mais je ne vois pas comment, sur le terrain, éviter ces genres de "collisions".
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Anarchisme, antiautoritarisme et autodestruction ?

Messagede clateuf » 01 Mar 2015, 20:27

Nous souhaitons revenir sur ce qui s’est passé au salon des éditions libertaires à Lyon, dans la journée du samedi autour de la présentation du livre d’Escudero. Nous avons participé à un événement exceptionnel par sa gravité. Non pas que la violence nous effraie, mais parce que cet événement violent (à tous les niveaux) s’est déroulé au sein d’un espace construit et destiné aux pensées libertaires et a amené des individu(e)s qui se croisent, militent ensemble, partagent les mêmes lieux, et œuvrent ensemble et chacun(e) à leur manière à la construction d’une société libertaire, à s’attaquer, s’insulter se battre même comme de vulgaires ennemi(e)s.

Comment avons nous pu « nous anarchistes » en arriver à une situation proche du lynchage? Comment certain(e)s ont pu croire qu’en supprimant ce débat nous pouvions évacuer les questions politiques, humaines, économiques, philosophiques que ce sujet pose? Comment certain(e)s ont pu croire, que ce livre, volontairement provocateur ( au sein des milieux libertaires) pourrait permettre le débat? Comment avons nous pu à ce point nous laisser tenter de part et d’autre par la logique du bouc émissaire, comment certain(e)s ont pu croire qu’en réduisant un individu au silence, en lui interdisant de s’exprimer, nous allions pouvoir annuler, supprimer les questions que posent ce livre?

Ces situations violentes ne sont pas nouvelles mais elles deviennent récurrentes dans les milieux libertaires et mettent en évidence deux problèmes majeurs auxquels nous nous heurtons, que cela soit au sein de la mouvance libertaire qu’au sein des organisations.

Nous pouvons faire deux constats qui eux-mêmes nous amènent à poser un certain nombre de questions.

Premier constat : la pensée libertaire aujourd’hui est traversée par un courant de pensée très actif qui mobilise et rassemble une partie de nos milieux militants mais également rassemble autour de lui des individu(e)s n’ayant jamais participé ( ou refusant de participer) activement à toute activité politique. Cette mouvance, qui peut se décliner de plusieurs manières, dénonce la surconsommation, la technologie, la science et ses dérives, la malbouffe…. et remet au centre de la réflexion l’idée d’une nature qu’il faut « préserver».

C’est au nom de cette nature qui serait première et dans un contexte de désenchantement politique total que l’essentialisme se développe sans entraves. Ce retour au naturel s’accompagne d’un retour à l’ordre moral, et au religieux sous des formes les plus diverses, allant d’une position mystique confuse «il faut honorer la mère nature» aux positions religieuses ouvertes avec un retour en force des intégrismes. Cette idéologie soi disant «apolitique» (enfin des discours qui ne sont pas pourris par la politique pensent certain(e)s!) détourne d’une analyse critique et politique, une prise de conscience salutaire des enjeux écologiques auxquels nous sommes confrontés.

Il ouvre des brèches insidieuses. Là où il faudrait construire une véritable pensée politique nouvelle, on observe un retour vers des idéologies réactionnaires, seuls référentiels prêts à penser.

Au sein des milieux et organisations anarchistes, cette influence (qui puise nous le rappelons, dans un questionnement légitime sur l’évolution de notre société de consommation), qu’on le veuille ou non est présente, elle s’insinue dans la littérature, dans les textes militants, dans les attitudes même. Comment cela pourrait il en être autrement? Le confusionnisme idéologique qui fait des ravages n’épargne pas les milieux d’extrême gauche et libertaire. Que proposons nous? Nous ne pouvons-nous nous satisfaire de positions de refus sans appel, d’avis tranchés, d’interdictions, nous ne pouvons pas non plus garder le silence. Il est urgent d’ouvrir des espaces de réflexion, d’analyse, sans avoir peur des fantômes du passé, mais en rappelant sans cesse ce qui nous fonde, comprendre ce qui sous-tend le mouvement vegan, le végétarisme, la diversité des revendications des milieux LGTBIQ, la stratégie de la décroissance, le refus d’un développement incontrôlé de la science et des techniques, le refus du travail et du monde du travail comme référentiel, le retour au local, la marchandisation de l’humain, le retour au religieux, le port du voile ou autre, le terrorisme religieux etc… il est urgent de débattre, de mettre nos idées et principes anarchistes à l’épreuve en les confrontant à l’évolution sociétale, aux histoires des individu(e)s et à leurs besoins. Il est urgent de leur donner leur place dans ces débats qui, surfant sur la confusion et la profusion de l’information tous azimuts se perdent dans les méandres nauséabonds d’une morale douteuse qui se propose de remettre de l’ordre dans nos pensées laissées sans guide…

Deuxième constat : le milieu et les organisations libertaires et anarchistes sont en difficulté justement parce qu’ils sont antiautoritaires ! Et cela pour deux raisons : parce que ce sont des milieux qui prônent la liberté d’expression et le débat d’idées et qui sont donc « poreux » mais aussi parce qu’ils laissent la place du pouvoir volontairement «vacante» (puisque n’aspirant pas au pouvoir) prenant ainsi le risque que ce pouvoir soit pris de manière arbitraire ou de manière insidieuse au nom des idées anarchistes par celles et ceux qui, à l’intérieur, trouvent là un débouché à leurs propres ambitions ou promotion.

On peut au nom de la liberté d’expression et du « devoir » de débattre, principes anarchistes fondamentaux, tenir des propos, écrire des textes ou livres, qui s’éloignent des principes anarchistes, on peut aussi, décider au nom des idées libertaires de jeter le discrédit sur des camarades considéré(e)s comme «non-conformes», on peut pour conclure, au nom des idées anarchistes s’autoriser à exclure celles et ceux qui veulent faire taire!

Nous sommes donc confronté(e)s à deux problèmes :

La prise de pouvoir autoritaire, de plus en plus fréquente, mode de réponse «économique» qui permet d’exclure le débat en imposant un point de vue (et qui résulte peut être de notre difficulté à penser ces questions de société). Ce positionnement marque un tournant important dans les milieux libertaires. Il montre l’influence majeure du système néo libéral sur nos organisations, la banalisation d’un fonctionnement on off, avec-contre, dedans-dehors… Ce système de pensée fondé sur l’urgence, la pression, l’isolement des individu(e)s, la précarisation, la concurrence, l’exclusion etc…, offre l’avantage de définir en permanence dans quelle case se trouve chaque individu(e). Pas d’espace de pensée, pas de temps de réflexion, pas de doute, pas de progression dans sa pensée et dans son point de vue sur les choses. Les pensées des autres sont intrusives, il faut les combattre, elles menacent mon équilibre en créant dans mon esprit un espace d’incertitude. Pourtant cet espace d’incertitude est aussi un espace de dialogue interne qui est le seul garant d’une vision autogestionnaire et libertaire de la société.

Lorsqu’on commence à « guillotiner », karchériser, exclure, répondre dans l’urgence, refuser de prendre le temps de la réflexion, résumer, reformuler, remettre de l’ordre, assainir, …On finit par… voter et décider de prendre le pouvoir…

Salutations anarchistes !

Graine d’anar, groupe lyonnais de la Fédération Anarchiste
https://grainedanar.wordpress.com/2015/ ... struction/
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Re: Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’e

Messagede luco » 30 Oct 2015, 18:58

Lorsqu’on commence à « guillotiner », karchériser, exclure, répondre dans l’urgence, refuser de prendre le temps de la réflexion, résumer, reformuler, remettre de l’ordre, assainir, …On finit par… voter et décider de prendre le pouvoir…


Heu... non. Quand on commence par "guilotiner" etc... on ne finit pas forcément par voter. On peut aussi prendre le pouvoir en supprimant le droit de vote.
Bolchos ou fachos ou islamos.

Il y a pire que le droit de vote dans le monde... si, si.
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